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Une exposition surexposée Empty Une exposition surexposée

Dim 7 Mar 2010 - 4:15
A en juger par le Viconomètre lorsque l'Algérien avait proposé à la Finnoise de l'accompagner à l'exposition Cybersphère, Forrest Pieszecki n'était pas n'importe qui. Yanis avait probablement sous-estimé la préciosité des billets que le professeur Kroll lui avait offerts durant les jurys de l'école d'art. Le nom lui était vaguement familier, mais ce n'était certainement pas dans sa lointaine Algérie qu'il aurait pu voir son travail. D'après Viconia, ou plutôt l'excitation qu'il avait cru déceler chez elle, ce type était une pointure, un maître de l'interplan qu'ils étaient forcés d'aller voir, en bons explorateurs des multiplans d'existence. Un tel enthousiasme avait intrigué le mutant. Il devrait vérifier par lui-même si la légende de cet artiste était fondée. Un enchaînement d'événements improbables avait conduits ces billets cotés à atterrir dans sa main. C'était comme une invitation à entrer dans une pièce.
S'agissant d'un vernissage, et en soirée qui plus est, Yanis réalisa non sans désarroi qu'il y avait un prix à payer. Journalistes, artistes, mécènes... Il lui fallait élaborer une parade pour affronter la guerrilla mondaine. Le plan A consista rapidement à se fondre dans la masse, chose relativement difficile lorsqu'on ne pouvait pas ouvrir la bouche sans provoquer un larsen. A l'instar de Volkov, qui portait souvent des treillis de camouflage comme s'il espérait passer inaperçu, Yanis décida d'adopter un modèle vestimentaire d'apparat, qui l'identifierait à la population indigène. Il avait bien un pantalon de grand standing, donné par Viconia d'ailleurs, qui bien que trop grand, aurait pu faire l'affaire. Feuilletant avec ruse un magazine féminin abandonné dans le foyer, par Annaëlle ou une autre, il s'était vite aperçu qu'il ne pouvait pas coupler le pantalon à un T-shirt. Ce nouveau dilemme le contraignit à visiter une obscure friperie de la rue commerçante, dans laquelle il trouva une chemise de seconde main, de vieilles bretelles et un feutre élimé : la parfaite panoplie antédiluvienne. C'était là l'image qu'il avait eue de l'élégance durant son enfance au bled. Les hommes, âgés le plus souvent, s'affublaient de vestes à carreaux déformées par l'usure, de pantalons de toile qu'ils croyaient classieux, tout en gardant leurs tatanes de tous les jours. Une mode qui ne valait que pour chez lui, mais qui restait sa seule référence en la matière.

C'est donc avec un air d'inspecteur tout droit sorti d'un classique éculé du polar que Cobalt attendit Mirage dans le hall de l'Institut, se croyant naïvement paré pour passer inaperçu. C'était sans compter sur la mode passée de son accoutrement, dont le pantalon était trop large et qui débouchait sur ses habituelles tongs.

Spoiler:

Ils se rendirent à pied jusqu'à la galerie Arsène, qu'ils reconnurent plus par le nombre de personnes qui se pressaient sur le seuil qu'à son enseigne. Devant le bourdonnement de la jetset locale, dont un certain nombre de New Yorkais, Yanis s'arrêta à une vingtaine de mètres, hésitant. Il lorgna derrière eux en silence, puis interrogea Viconia du regard. Il était encore temps de faire marche arrière. Si les jurys avaient pu être éprouvants pour elle, l'épreuve avait été toute autre pour lui. Il estimait s'en être pas trop mal sorti, mais la frénésie qui régnait dans ce genre de congrégation lui était difficilement supportable. C'était pire qu'en mission. Malgré le tumulte, au moins il pouvait réfléchir et analyser sereinement. Il fut soudain pris d'un doute, qu'il formula, de façon relativement absconse à la jeune fille.

"Au fait... Myrtille, elle a de bonnes notes ?" s'enquit-il le visage aussi désespérément neutre que d'habitude à l'ombre de son couvre-chef. Si Kroll distribuait des tickets aux élèves qu'il voulait amadouer, ils ne seraient peut-être pas les seuls présents ce soir...
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Dim 7 Mar 2010 - 11:58
Ra-vie. Viconia était simplement ravie. Se faire inviter au vernissage de Pieszecki était un privilège auquel ni son actuel niveau artistique ni sa bourse d'expatriée n'auraient pu lui permettre d'accéder.
Explorer les plans en compagnie d'autres voyageurs qui s'intéressaient à la même chose était une aubaine. C'était comme si soudain Yanis et elle se retrouvaient promus compagnons au sein d'une expédition d'exploration d'un autre siècle, machette en main et Pieszecki sur leurs talons, prêts à entailler l'indifférence et l'étroitesse d'esprit.

Seulement, qui disait vernissage, disait « en scène Mesdames et Messieurs ». Et cela nécessitait un minimum d'équipement.
Les malles de Viconia étant arrivées depuis quelques mois, elle n'eût pas à refaire comme à l'anniversaire de l'Institut et emprunter une de ses superbes tenues à Claire, colocataire protégée. Elle pu donc s'habiller selon ses propres goûts d'une tenue de soirée (sans chapeau) dans laquelle elle se trouvait à l'aise et qui lui permettrait de parler d'égal à égal avec ceux qu'elle croiserait. Autrement dit, une tenue qui affichait clairement « je suis artiste, autorisation à utiliser un vocabulaire improbable. »

Spoiler:

Viconia ne prit même pas le temps de se regarder dans le miroir plus que le temps nécessaire à la sacro-sainte pratique du maquillage-ce-soir-je-sors-et-me-vends. Telle une pile électrique, elle rejoignit un Yanis sur son 31 dans le hall.

Encore à quelques mètres du jeune homme, alors qu'elle le voyait par-dessus la rambarde, elle haussa deux sourcils surpris. Certes, c'était d'un autre siècle, mais on ne pouvait nier que l'accoutrement était tout à fait classe.
Pour le coup, elle se sentit parfaitement secondée dans son entreprise. Le jeune homme s'était également mis en tenue de combat, et cela reflétait un sacré investissement de la part de l'Algérien, surtout lorsque l'on connaissait son équipement de base.
Viconia n'accordait que peu d'attention aux tenues ordinaires, dans le sens où elles se devaient d'être avant tout soit pratiques, soit le reflet d'une appartenance quelconque (salopette de travail, blouse de médecin, tenue d'école privée, tenue de soirée). Mais ce soir, elle devait avouer que...

Son regard tomba sur les orteils de Yanis émergeant difficilement des revers de pantalons trop large. Son visage se fendit d'un large sourire amusé et conforté. En fait, Yanis restait Yanis.
Elle éleva son pouce vers le haut à l'intention du jeune homme, et ajouta d'un ton sans appel :
« -Excellent choix de tenue, Yanis. , cela te va très bien

Sur ces mots, elle enfila un long manteau noir qui couvrait sa robe, et elle le suivit.
De l'extérieur, l'expo ne faisait pas étalage inutile du génie qu'elle pouvait abriter... Et cela lui convint tout à fait. Au fur et à mesure qu'ils approchaient, la jeune fille sentait monter en elle un sentiment comparable à celui de la découverte du sapin de Noël un 25 décembre. Aussi, lorsque Yanis se stoppa, elle mit quelques secondes à s'arrêter et se retourner vers lui avec une mine interrogative.
« -Myrt...? »
Son sourcil gauche s'était envolé tandis qu'une mine frustrée ne pût s'empêcher de se coller de manière gluante à son visage.
Il y eut deux secondes de silence, puis l'expression de la jeune fille se relâcha.
Un sourire réconfortant pointa, tandis qu'elle s'approchait du jeune homme pour lui attraper le bras en passant le sien dedans. De son autre main, elle vint verrouiller sa prise.
Simplement, elle lui chuchota :
« -Ca va aller. Tu n'es pas obligé de parler. Après tout, nous sommes là pour observer, apprendre, et tenter de comprendre. »
Ceci dit, elle avança d'un pas certain vers l'entrée du bâtiment, sa démarche ne laissant pas de place aux doutes Yanisiens. Ils iraient à cette expo, point.

Et si jamais une Myrtille hystérique pointait ; il était fort, il venait de réussir à lui mettre le doute... Eh bien elle s'arrangerait d'une manière ou d'une autre pour que rien ne vienne perturber Yanis et son observation des interprétations interplaniques.
Tout ça uniquement pour éviter que son équipier soit troublé, bien évidemment...

« -Je dois t'avouer que je ne sais pas si Myrtille ou d'autres de la fac viennent... »
Elle ne put s'empêcher de penser très fort : « et pourvu que non. ».
Le prénom de la demoiselle venait de créer une brèche dans la bonne humeur de Viconia. Elle ne savait pas pourquoi cela l'énervait à ce point, mais il allait falloir qu'elle s'acquitte de son devoir à un moment ou un autre.
Plus ou moins subtilement, elle se racla la gorge et demanda d'un air particulièrement peu travaillé à son tandem :
« -D'ailleurs en parlant de Myrtille... Il me semble qu'elle n'est pas mauvaise du tout. (Nouvelle pensée irrationnelle et négative : art pictural basique mais expressif et pertinent). Tu lui a parlé aux jurys ? Car elle m'a chargé de te transmettre un message... »
Ok, petit décompte, trois de ses orteils étaient complètement crispés. Bon, du moment que le reste restait na-tu-rel...
Jason Redclif
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Dim 7 Mar 2010 - 13:28
Le cœur battant la chamade, Jason avait pris la décision qui pourrait conduire à une grosse catastrophe ou au contraire à une soirée inoubliable. Pieszecki n’était pas à prendre à la légère, et encore moins tout le gratin qui allait graviter autour. Le truc, c’est que Jason avait besoin de voir plus loin, de changer de perspective, de réfléchir en globalité ses installations. Bien que ce vers quoi il s’orientait ne fût pas lié à la sculpture proprement dite, il avait envie de parfaire ses installations vidéo, et le maître donnant un vernissage, chose qui ne se produisait que très rarement, il lui fallait être présent. Point. Ayant passé un bon moment à la faculté des arts à chercher par tous les moyens à se faire inviter, il du se rendre à l’évidence, le clivage arts visuels / arts scénographiques (incluant la sculpture) était encore bien encré, et lui, élève en motion design, holoart appliqué n’était pas le bienvenue parmi les sculpteurs et autres maitres de l’happening. Et pourtant il lui semblait être à la frontière des deux tendances, justement, en faisant des installations vidéonumériques…

Bref, plan B. D’abord, parfaire son look. Il fallait qu’il soit élégant, chic, hautain. Il était allé donc faire quelques frais vestimentaires pour ressembler à un artiste chic. Pour cela il était partit d’une base de costume sobre, et il avait fait quelques retouches de couleurs, et mélanges de genre. L’ensemble restait assez élégant, mais avec des couleurs étonnantes, dans les pourpres, violine dé saturé et noir. Il compléta l’ensemble avec une paire de lunette noire auto polarisante, à bordure argenté, et pris la peine d’emmener son portable.

Spoiler:

Arrivé devant la galerie, le stress monta encore d’un cran. Il prit une grande inspiration et se lança. Décrochant son portable, il imita alors une conversation téléphonique, tout en foulant le sol de grandes enjambées, le visage fermé. « Non ! il est hors de question de revoir la signalétique ! Je vous ai déjà expliqué qu’il était primordial d’inclure un parcours giratoire en adéquation avec les aspirations de l’artiste ! JE ME FOU DE SAVOIR QUE VOUS ALLEZ DEVOIR BOSSER CETTE NUIT POUR REFAIRE LA SIGNALETIQUE ! Je vous ai donné une charte de couleurs et un parcours, respectez les ! » Tout en parlant, il fendait la foule comme si elle n’existait pas, et lorsqu’il arriva devant l’entrée, plusieurs commentaires chuchotés lui indiqua que pour le moment, ça se passait bien « tu sais qui c’est ? il m’a bousculé » « ça doit être un artiste ! » « Quel grossier personnage » « il a l’air de gérer une galerie »…. Le dernier barrage pris la forme attendue d’une main tendue, celle du portier, en costume sobre, et qui lui demanda, un pad à la main, pour vérifier la liste des invités « monsieur ? ».

Jason lui jeta donc son manteau sur le bras, comme prévu, en gardant son air hautain, et franchis sans plus de cérémonie et sans un seul regard au portier la porte de l’entrée de la galerie. Son veston élégant dégrafé, il enleva ses lunettes, et porta un regard circulaire sur l’exposition. Son cœur menaçait de se rompre, et il s’accorda donc le temps de se reprendre, en s’éloignant du pauvre portier qui devait maintenant être bien embarrassé avec son manteau, et sortis son propre mini pad, pour se donner une contenance, l’air très professionnel. De deux choses l’une, soit tout se passait comme prévu et son manteau finirait au vestiaire, soit il se faisait jeter comme un malpropre et il rentrerait à l’académie, espérant que ça ne s’ébruiterait pas trop…


Dernière édition par Jason Redclif le Lun 8 Mar 2010 - 1:57, édité 1 fois
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Dim 7 Mar 2010 - 13:46
A l'arrivée de Viconia, Yanis s'était senti immédiatement moins bête dans son costume de Dick Tracy. La mutante n'était pas en reste niveau tactique de combat : elle avait revêtu une robe de couleur sobre, contrairement à ses habitudes colorées, mais néanmoins dotée d'un petit plus, en l'occurrence la superposition de petits volants de tule, qui donnaient un cachet à la fois retro et festif. De quoi se mêler aux mondains sans trop attirer l'attention. Finalement, ils avaient abouti à un résultat plus ou moins équilibré avec des moyens différents, comme s'ils sortaient tous deux de la même pellicule stockées aux archives du centre de cinématographie national. S'il y avait un after, ils pourraient même danser légitimement le charleston. Le mutant s'était préparé à voir toute sorte de gens, étant donné le cyber-thème de l'expo. Des artistes underground portés sur les nouvelles technologies, percés et tatoués de toutes parts, par exemple. Ils constituaient des diversions vivantes particulièrement stratégiques pour leur tranquillité. Il avait d'ailleurs prévu de repérer quelques membres de ces tribus next gen pour couvrir leurs propres faits et gestes une fois à l'intérieur. C'était dire à quel point la perspective de se mêler à cette foule était considérée comme une menace pour lui.
"C'est ma tenue de camouflage." expliqua-t-il à l'appréciation de Viconia, sans sembler saisir qu'il s'agissait d'un compliment plus que d'un assentiment. Un silence maladroit s'était installé. Il devait probablement dire quelque chose pour équilibrer la donne.
"Hum. La tienne a aussi un taux de pénétrabilité de l'environnement satisfaisant." avait-il donc ajouté. Il s'était bien gardé d'analyser leur tenue sous un angle sportif en cas de retraite anticipée. Auquel cas, il était clair que leurs costumes respectifs handicaperaient leur fuite, en particulier l'atout volant de tule et escarpins.

Il ne reconnut pas Jason, trop perturbé par sa propre hésitation à poursuivre l'aventure. Prenant littéralement les choses en main, Viconia le traîna par le coude sur un mètre, avant que le mutant ne se remette vraiment à sa hauteur pour éviter une luxation de l'épaule. Un incident mécanique était plus dommageable que les invasions barbares. La jeune fille semblait décidée, suffisamment décidée pour deux. Yanis finit donc par se laisser mener, l'air légèrement sur ses gardes comme s'il s'apprêtait à descendre dans la fosse aux lions. La Finnoise avait marqué un point : il n'était pas spécialement censé piailler comme les autres invités, auxquels ils se mêlèrent dans la file.
Un jeune homme empressé et vêtu d'une veste sanguine coupa la foule, à la Moïse face à la mer Rouge. Du point de vue fonctionnel du nano-mutant, c'était plutôt à la manière d'une ambulance en plein bouchon, toutes sirènes hurlantes. C'était une occasion en or de couper court aux bousculades. Saisissant Viconia par la main, il se faufila lestement entre un homme occupé à débarrasser sa compagne de son imposante fourrure, évita un loulou de Poméranie hargneux visiblement plus pressés qu'eux d'entrer dans la galerie, et emboîta le pas de l'homme à la veste rouge, profitant de son sillage pour progresser jusqu'au portier. Ce dernier se retrouvait avec le manteau du type sur les bras. Attirant Viconia à lui pour s'assurer que rien ne viendrait se mettre entre l'expo et leur entrée simultanée, Yanis lui tendit les deux cartons d'invitation sans mot dire. Le type parut hésiter, se tourna vers le propriétaire du manteau, visiblement occupé, puis appela une collègue placée au vestiaire pour se défausser du vêtement.
"Merci, bonne soirée." grommela-t-il finalement, avant de remarquer le toutou, qui ne cessait d'aboyer hystériquement derrière eux. Le gorille se désintéressa bien vite des deux élèves, et entreprit d'expliquer à sa maîtresse que les animaux n'étaient pas autorisés à l'intérieur. Yanis jeta un regard entendu à Viconia, façon "la voie est libre jusqu'à la tête nucléaire à désamorcer".

C'est ainsi que le duo, ou plutôt le trio puisque Jason n'avait pas été plus importuné dans l'agitation ambiante, pénétra dans la salle d'exposition. La galerie avait les dimensions d'une vaste salle d'entrepôt. Ils remarquèrent immédiatement une sorte d'immense structure luminescente qui chapeautait la salle, suspendue au plafond. Des diodes de couleur pulsaient le long des câbles qui la composaient, évoquant une sorte de flux lumineux. La sculpture s'abaissait çà et là, délimitant des sections dans la salle, à la manière de cloisons amovibles.
Spoiler:

Contemplant le plafond, le visage baigné par la lueur violacée qu'il émettait, Yanis en oublia presque la question posée par sa camarade. Il haussa les épaules avec indifférence.
"Pas vraiment. Elle voulait que je lui parle pour ne rien dire." [/color][/b] expliqua le mutant, se remémorant l'effet bête de foire qu'il avait suscité auprès de certains élèves en arts, qui tenaient absolument à l'entendre parler. Finalement, que ce soit avec admiration ou moquerie, le résultat était le même, il restait une curiosité. L'insistance de Myrtille en la matière l'avait gêné, d'une part parce qu'il ne pouvait se l'expliquer, et d'autre part parce qu'il n'était pas une poupée parlante que l'on pouvait remonter à volonté. Parler pour parler ne présentait pas grand intérêt pour lui.
"Un message ?" releva-t-il, apparemment surpris de cette nouvelle information. Le seul point commun qu'ils avaient était la pratique de l'art. La jeune fille avait peut-être besoin de ses lumières suite à sa collaboration sur la sculpture de Viconia. Si chacun de ses coups de main lui ouvrait la porte de vernissages, la motion pouvait valoir la peine d'être considérée.

Sur une estrade au centre de la salle, Forrest Pieszecki en personne s'échinait sur une harpe laser, accompagnant son oeuvre plastique d'un improvisation musicale plutôt que d'un long discours pompeux.
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Une atmosphère irréelle flottait dans la salle, comme s'ils venaient de pénétrer dans un autre monde.
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Dim 7 Mar 2010 - 14:52
Faisant jouer de manière inconsciente la capacité de pénétrabilité de sa tenue, Viconia évoluait dans la foule de manière tout à fait rassérénée et avec de grands yeux curieux. Attachée à Yanis comme à une bouée de survie, elle s'accordait le plaisir de scanner la foule.
Partout autour le milieu artistique mondial à la mode se faisait du coude à coude. Ici, un peintre numérique aux idées révolutionnaires, ici une couturière aux goût douteux perdue au milieu d'une robe franfreluchoide et là le discret photographe de guerre qui avait eut la facheuse idée d'épouser une riche héritière branchée.
Toute à son observation et aux mille et une questions qui pointaient dans son esprit, Viconia ne remarqua ni Jason, ni son entreprise culottée. Aussi, lorsqu'elle leva la main pour désigner quelqu'un avec un « Hey, mais ce ne serait pas... » elle ne comprit pas pourquoi son épaule s'envola en sens inverse, entraîné sans ménagement par Yanis. Alors que ses pieds s'envolaient presque du sol et qu'elle était emmenée à contre courant, son intervention se résuma à « Loezaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa... ».

Lorsque Yanis se stoppa brusquement, elle faillit percuter le pauvre vigile déjà malmené et se faire mordre par un molosse-puce. Tentant de se reconstituer et de faire bonne figure, elle ne capta même pas la manœuvre de Yanis qui signifiait « Package de deux, laissez passer ».

En définitive, sans avoir vraiment compris comment, ils se retrouvèrent à l'intérieur, et la jeune fille oublia tout ce qui avait pu la mener là... Excepté Myrtille.
Avant de détailler quoi que ce soit du décor, elle répondit à Yanis avec un sourire :
« -Elle t'aime beaucoup... Je crois d'ailleurs qu'elle aimerait te revoir pour que vous fassiez plus « ample connaissance ». »
Elle jeta un regard éloquent à Yanis, puis ne pût s'empêcher de se dire ensuite qu'il n'avait peut-être pas saisit ce à quoi elle faisait allusion. Avait-il déjà été courtisé ? … Et, plus important, pourquoi était-il violet ?

Ses yeux se levèrent et percutèrent la structure arciforme. Tout d'abord, elle eut une moue ébahie. Mais bien vite, son visage se referma, et elle ne pût s'empêcher de se murmurer : « Un rien démagogique. « Faire du beau » est une chose mais... »

Elle n'eut pas le temps d'étayer sa théorie qu'une musique vint frapper ses oreilles. Une musique qui appelait quelque chose... Qui appelait la vue. Une sorte de lien sans appel entre les sens, immuable.
Lâchant la main de Yanis, elle fut irrésistiblement attirée vers l'estrade comme un petit rat à la flûte du joueur.
Ses yeux analysèrent chaque corde, sautant d'une note à l'autre avec volubilité. Si un jour elle pouvait faire halluciner quelqu'un avec cette classe, alors elle n'aurait qu'à se lever et saluer.

Toute à son immersion, elle ne se rendit pas compte qu'elle continuait d'avancer... Et c'est ainsi que ses genoux percutèrent un socle. Une légère exclamation discordante (qui devait être un juron finnois) plus tard et le temps d'un dur retour à la réalité, son regard bascula....Et la jeune fille fit un bond en arrière, percutant un jeune homme vêtu de rouge.
Sans même se retourna, elle détailla la jeune femme qui lui faisait face, immobile, telle une statue, sur son socle :
WEB

Une exposition surexposée Austinkyle

Son regard alla du socle au titre, du titre au socle. D'abord rapide, frénétique, empressé. Puis plus lentement, comme une lecture calme, une évidence.
Un sourire en coin fit son apparition alors qu'elle saluait le modèle avec courtoisie : 
« -Ce n'est pas faux... Il faut savoir emprunter les bons fils et jouer le funambule en essayant de ne pas se faire attraper... »
Jason Redclif
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Lun 8 Mar 2010 - 2:00
Jason s’accorda le droit à un micro coma supplémentaire, avant de réaliser que ça avait marché ! Il était entré, à lui la joie de la découverte de l’expo en avant première. Il était resté carrément scotché devant l’ensemble, qui dépassait de loin la sculpture « traditionnelle ». La toile, la sphère, ménageait un parcours pour les visiteurs, tout en les piégeant tels des insectes curieux en quelque sorte. Par quoi allaient-ils être dévorés ? Tout d’un coup, son « cube » lui paraissait bien petit et manquant d’envergure, de distanciation, de surprise… Justement, il était venu en partie pour ça : s’ouvrir l’esprit, gommer les frontières entre l’art visuel et l’art conceptuel… Et pourtant les critiques d’arts abondaient, tels des prédateurs prêt à fondre sur une proie pas si innocente que ça, puisque artiste ou groupie, ce qui parfois revenait au même. Contre toute attente, outre le côté totalement jouissif d'avoir joué un personnage, il se trouvait pas si mal que ça, en costume trois pieces. Il envisageait même de reporter comme à présent le veston, la cravate, le tout légèrement défait, la décontractitude formelle, en quelque sorte...

Il observait une œuvre qui l’intriguait, une sorte de sculpture de lumière changeante. Elle semblait presque vivante, les lumières parcourant une chape invisible, sculptait quelque chose de massif et pourtant diaphane, dont les reflets se complétaient de ceux, plus vaste, de la grande sphère.

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Prenant un peu de recul pour mieux la voir, il se fit alors violemment bousculer, et ne compris pas un traitre mot des jurons qui allaient avec le coude savamment placé dans ses côtes. S’apprêtant à reprendre son rôle et à être totalement ignoble avec le ou la propriétaire du coude, il se retourna et reconnu Viconia !
« Vic ? Ben ça alors ? » Un ton plus bas, il ajouta « t’as pu rentrer toi aussi ? C’est chouette ça ! » Il s’esclaffa alors de rire « on arrive pas à se croiser à la fac, et faut qu’on tombe l’un sur l’autre dans une expo ! C’est dingue, ça ! ». Il la détailla alors « jolie tenue, bravo pour le camouflage », ajouta – t il, avec un sourire charmant. « T’es venue seule ? ».

Il vérifia que personne ne tentait de percer le mystère du personnage qu’il s’était inventé pour l’occasion, puis revint à viconia. « Je suis assez surpris par l’expo, et encore j’en ai pas vu le quart… C’est justement ce genre de trucs qu’il me fallait. J’ai toujours trouvé débile qu’on clive comme ça les spécialités à la fac. J’veux dire, ok, je n’ai pas choisi une spécialité purement artistique, mais elle peut se nourrir des autres domaines, et l’inverse est vrai aussi… Et tout ça » il engloba d’un large geste l’exposition « ça me donne plein d’idées, pour améliorer mon cube et trouver d’autres trucs… ». Il se recula alors un peu, histoire de regarder ce que viconia venait de commenter.
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Lun 8 Mar 2010 - 2:14
Détournant son regard de la sculpture aérienne pour revenir sur terre, il ne put s'empêcher de penser que ce réseau luminescent devait être un gouffre à électricité. Pieszecki était apparemment un avant-gardiste, mais ses matières premières n'étaient pas des plus simples. Cette réflexion en amena une autre quant à la surenchère technologique des artistes de cette vague. Ce genre de fantaisies coûteuses et sophistiquées contribuaient à faire évoluer l'art vers une pratique d'élite. Au pays, il n'avait jamais eu que des outils et supports d'une simplicité enfantine. Cela ne l'avait pas empêché de s'exercer dans l'intimité de sa chambre. Ses conditions de travail s'étaient passablement dégradées une fois à la rue. Il avait appris à faire de la couleur avec ce qu'il avait sous la main, ce qu'il trouvait. Bien souvent, c'était des substances naturelles, de la terre, des herbes, des fleurs, mélangées à de la salive ou de l'oeuf pour gagner en texture. Il n'était pas sculpteur, ni même spécialiste dans cette discipline. Pourtant, Viconia et lui avaient produit ce que l'on pouvait nommer sculpture avec des moyens d'étudiants. Des étudiants mutants, certes, c'était une donnée non négligeable. Mais le jeune homme était convaincu qu'ils seraient arrivés à un résultat assez semblable même sans l'apport oniriques de Viconia, ou l'âpreté de ses propres lames.
L'art devait-il être tributaire d'une débauche de moyens ? Cette interrogation digne d'un sujet d'examen lui trotta dans la tête. Les peintures rupestres étaient considérées comme des formes d'art.
"Je crois qu'il veut nous en mettre plein les yeux." répondit le mutant au commentaire de la jeune fille. C'était plutôt habile de sa part, quoiqu'un peu commercial. Parmi la foule devaient se presser quelques néophytes qui, un peu comme lui, avaient eu leur invitation dans une pochette surprise. Il fallait leur donner de quoi se mettre sous la dent, et ce chapiteau de lumière était l'une des premières choses qui frappait le visiteur à son entrée... et à sa sortie. De quoi laisser une image rémanente au visiteur incrédule bien au-delà du seuil de la porte. Yanis conclut alors que les pièces qui l'intéresseraient le plus se trouveraient fatalement le plus loin possible de l'entrée de l'expo.

La Finnoise lui révéla bientôt le pot-aux-roses. Myrtille l'aimait beaucoup. L'Algérien, le visage impassible, se frotta l'arrière du crâne sous son feutre. Un nouveau mystère à résoudre. La dernière fois qu'il avait entendu ce genre de propos, c'était dans le foyer et dans la bouche d'une New Yorkaise atteinte de diverses pathologies que le Dr Aouni aurait été mieux placé que Yanis pour identifier. Il pouvait dire adieu à son espoir de nouveaux vernissages à l'oeil. L'encombrante Myrtille venait de perdre son intérêt pratique. Une sorte de contradiction dans les termes perturba Yanis dans les paroles rapportées par Viconia. Comment pouvait-elle l'apprécier sans le connaître ? Cela lui rappelait quelque chose. Il mit quelques secondes pour mettre le doigt sur ce dont il s'agissait : Annaëlle. Elle l'avait trouvé sympathique alors qu'ils ne s'étaient jamais parlé, car le mutant était propre sur lui. La propreté avait-elle un pouvoir sur les filles qu'il croisait ? Ou alors il s'agissait d'une ruse pour le faire parler.
Lorsqu'il s'apprêta enfin, après moultes réflexions, à lui poser la question qui importait selon lui, Viconia s'était laissé attirer par l'estrade musicale comme un papillon de nuit autour d'une lampe. Pieszecki ne s'arrêtait pas aux yeux. Il voulait en mettre plein les oreilles. Les spectateurs s'attroupaient, alors que la musique portait dans toute l'expo. Le monde appelait le monde, c'était l'occasion rêvée pour le solitaire qu'il était d'explorer les zones les moins abordables, artistiquement parlant. Gardant Viconia dans son champ de vision, il s'orienta vers le flan gauche de l'expo et se planta devant un piédestal au-dessus duquel était suspendu un moulage de plâtre, sur lequel des faisceaux à motifs électroniques étaient projetés. L'image était diffusée par le socle lui-même.

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Il resta là, pensif, les mains nonchalamment enfoncées dans ses poches, surpris de voir ce visage humain surgir de la matière, ne faisant qu'un avec elle, comme une sorte de réconciliation, d'acceptation de l'existence cybernétique. Lorsqu'il rejeta un coup d'oeil par-dessus son épaule, il constata que Viconia s'était trouvé un compagnon, en la personne de l'ambulance au complet rouge, qui lui tournait le dos. Cela lui rappela le problème Myrtille. Il ne savait pas bien ce qu'il était censé faire. Par chance, Viconia était là pour le conseiller. Après tout, la Finnoise avait été enrôlée de force dans cette histoire de la même façon que lui et Kanata dans le foyer. Cobalt se contenta de s'assurer que la jeune fille n'avait pas de problème depuis sa position.
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Lun 8 Mar 2010 - 3:51
Les yeux grands ouverts, Viconia détailla celui qui lui faisait face, ainsi que son accoutrement si inusuel. Cela lui allait très bien, il avait même l'air d'un jeune artiste gâté par papa-maman et la nature. Par contre, elle flaira l'embrouille lorsqu'il trouva trop fou qu'ils se retrouvent dans une expo de la sorte, « camouflés » et faisant des messes basses.

Avec un sourire amusé, elle se pencha gracieusement en avant et salua dignement : « -Merci, ravie qu'il te plaise .»
Puis, se redressant avec un air de princesse fière, elle souligna un fait simple :
« -J'ai été invitée, et je suis avec Yanis. »

Levant les yeux, elle le chercha dans la foule. Toute à son hypnotisme, elle l'avait laissé derrière. Elle espéra qu'il avait trouvé des œuvres qui l'inspireraient ou lui ferait comprendre comment les étudiants branchés ou les professeurs dernière génération envisageaient l'Art actuellement, dans tout le côté too much du hall.
Elle avait l'intention, néanmoins, d'aller visiter avec son compère le couloir Unplugged, celui des œuvres beaucoup plus réflexives et donc beaucoup moins vendeuses.
L'apercevant, elle lui fit un signe de main, juste histoire de dire « je t'ai vu, je suis là ». Simple, précis, l'assurance que tout allait bien. Elle se doutait que le jeune homme vérifiait toujours que tout allait bien. Elle avait finit par comprendre que c'était sa manière à lui de veiller à ce qu'elle atteigne ses objectifs artistiques. Elle avait finit par s'y faire, même si cela éveillait quelque peut chez elle la démangeaison égocentrique su « je n'ai besoin de personne ».

Reposant ses yeux sur Jason, elle vit les regard suspicieux que celui-ci lançait à la ronde. Consciente de ce qu'était capable de faire un étudiant en art pour pouvoir gratter les restes de création artistique contemporaine ou se faire une idée directe des dernières nouveautés sans passer par le net, elle posa une main ferme sur son épaule et affirma :
« -Ne t'en fais pas, tu es suffisamment voyant pour que personne ne te remarque. »

Ceci dit, elle se tourna vers WEB qui se trouvait à quelques pas, et ajouta à l'intention de Jason :
« -Ne m'en parle pas, depuis que j'ai été mutée en sculpture, c'est comme si je ne pouvais plus savoir ce qu'est un clavier numérique.
Ta... Boite ? »


Elle avait entendu parler du fait que Jason ait traumatisé bon nombre de personnes dans le foyer, seulement, toute aux nouveaux cours et à son anticipation de l'exposition, elle n'avait pas prit le temps d'y passer. Dommageable. Jason était quelqu'un d'intelligent, et elle serait ravie de pouvoir découvrir son domaine créatif un peu plus profondément.

« -Dis, ça te dis de chercher l'Unplugged avec nous ? Trop de too much va finir par me donner la nausée. »
Sur ses mots, elle leva un index éloquent en direction de la masse lumineuse qui ne faisait que survioliniser son interlocuteur.
Jason Redclif
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Lun 8 Mar 2010 - 12:54
Il était véritablement agréablement surpris de voir Vic ici. Du coup, ça lui redonnait du courage. Le courage d’affronter tous ces peigne-culs par exemple. Suite à son amusante révérence, Jason sourit pleinement, et ajouta « Ma chère, si je ne me concentrai pas suffisamment, vous pourriez sans contexte me remettre dans le droit chemin, me guérir de cette tare qui fait que je n’apporterai jamais ma contribution à la pérennité de l’humanité » assortis d’un clin d’œil. A la mention de Yanis, cependant, il perdit bien vite son style ampoulé. « Yanis ? Ici ? Ah oui, vous êtes copains comme cochons maintenant. Il est doué en art lui aussi non ? C’est chouette tout ça. » Il se tournait pour tenter de repérer l’homme nanite. Ce fut finalement Vic qui le repéra, et Jason lui fit signe à son tour, sans grandes effusions, ne sachant pas trop comment aborder Yanis, il est vrai, qui l’impressionnait un peu.

Tout à son tour d’inspection périphérique de sécurité, Jason ne s’aperçu pas à quel point il était stressé. Lorsque Vic posa la main sur son épaule, il sursauta carrément, avant d’éclater de rire. « Oui, c’était l’idée justement. Je te jure que j’ai faillis éclater de rire quand j’ai vu la tête du portier alors que je venais de lui balancer ma veste dessus avec le plus de condescendance possible. J’espère que je pourrai la récupérer, je me suis fais suer à la teindre pour la rendre plus moderne… ». Il n’était effectivement pas mécontent du résultat, il fallait l’avouer. Vic le questionna sur son cube, alors il répondit rapidement. « Ouais, ça a pas trop mal marché, mon installation. Pas beaucoup de participants, mais l’essentiel, c’est que ça marche. Comment expliquer rapidement… En gros, une installation en forme de parcours, en couloirs, dans la semi pénombre. A l'entrée, une camera capte le participant et l'enregistre, sur une petite séquence. Ça déclenche la recherche dans une base de données morphologique et la personne voit sur les murs, des portraits, montages graphiques, et textes liés à son personnage. En tout cas ce que j’en sait ou imagine / fantasme, bien sur, je ne suis pas allé fouiller dans des archives quelconques. Le tout est comme en flottaison. Arrivé en bout de parcours, une vidéo est projetée, de taille humaine, de la captation du début du parcours, avec quelques secondes / minutes de décalage. Le résultat : on croit voir une personne s'avancer vers soi, et on se rend compte que c'est soi même, quand on se rapproche, mais avec des gestes en décalage. Une rencontre avec soi même, en quelque sorte. D'ou le titre de l'installation artistique : "my own personal ghost" » .

Il fit alors une petite pause, avisant Yanis. « j’aurai besoin de l’améliorer, et j’ai plein d’idées pour ça, mais je suis une vraie quiche en informatique.. Tu crois que Yanis pourrait m’aider ? j’aimerai une part de hasard, pour que ça puisse me surprendre moi-même »…
« Je te suis, on va finir par se décoller une rétine si on reste ici »
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Lun 8 Mar 2010 - 13:02
L'ambulance fut bientôt identifée comme étant Jason Redclif. L'Algérien fut quelque peu surpris de reconnaître les traits de mutant. Il le savait étudiant en art, mais c'était surtout l'épisode de l'entrée qui détonnait avec l'impression plutôt tempérée que lui avait jusqu'ici fait le jeune homme à l'Institut. Ils avaient beau vivre ensemble, ils ignoraient tout les uns des autres. Comme Jason, ils menaient peut-être tous une double-vie en dehors la réserve à mutants.

Mais l'OryX pouvait bien se comporter en riche snobinard, Yanis n'en restait pas moins soulagé intérieurement que Viconia ait rencontré un visage connu dans cette foule d'individus hétéroclite. Vivre à l'Institut était un meilleur gage de confiance pour lui qu'avoir obtenu une invitation à l'expo.
Le nano-mutant remarqua le petit signe de sa compagne, et acquiesça d'un battement de paupières, puis eut un bref mouvement de la tête pour rendre son salut à Jason. Méthode standard de salut chez le mutant taciturne.

Se retournant vers l'oeuvre qu'il examinait, il se pencha un peu en avant et passa sa main dans le faisceau lumineux sous le moulage, avec la curiosité d'un enfant. La réaction était attendue, mais non moins fascinante pour le mutant. Voir ainsi les motifs cybernétiques danser sur son épiderme lui paraissait 100 fois plus naturel, comme si enfin, son apparence extérieure était en adéquation avec son intérieur, et le reflétait aux yeux des autres. L'hybridation dont il souffrait le reléguait dans une interclasse qui le dépossédait de tout repère d'identification. Il n'était ni du lard, ni du cochon, si tant est qu'une telle comparaison soit possible pour un musulman.
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Lun 8 Mar 2010 - 13:05
Viconia eut un haussement de sourcil droit.
Il lui proposait de se dégayiser pour elle et trois frousfrous ? Quel gâchis ! Au moins avec lui, elle était certaine d 'éviter les phénomènes gérogiens,et ça, c'était de l'or en barre ! Qui plus est, un partenaire de travail qui se focalisait trop sur ses émotions n'était pas d'une utilité franche.
Pour ce que Vic connaissait de Jason, il était assez souvent à fleur de peau lorsqu'il s'agissait de sentiments. Cela devait certainement contribuer à ses œuvres... Luther se trouverait certainement surampoulé de savoir qu'il figurait plus ou moins sans le désirer au sein d'oeuvres apportant leur contribution à la panacée artistique mondiale.
Viconia préférait simplement se trouver hors des créations jasonniennes, du moins en tant que destinataire ou muse.

Par contre, la surprise et les commentaires du jeune homme concernant Yanis firent se froncer le visage de Viconia. « Copains comme cochon maintenant... » « il est doué en art, lui aussi... ».
C'était quoi cette remarque ? L'ensemble de l'Institut pensait ce genre de choses ou c'était simplement une observation jasonnienne ?
D'accord, récemment, ils avaient pas mal trainés l'un dans l'hémisphère tellurique de l'autre... Mais quelque chose dans la formulation la dérangeait.
Jason avait-il vu leur oeuvre ? Comment pouvait-il être au courant des capacités de l'Algérien alors que jusque là, la seule création publique de celui-ci semblait être leur sculpture ?

La jeune fille eut une prise de conscience soudaine : on parlait d'elle. Sans sa présence. Au coeur de cet Institut au sein duquel elle n'était pas si ancienne. Soudaine prise de conscience bis : on s'intéressait à elle.
Ciel. Elle faisait à présent partie de l'Institut à part entière. Connue et reconnue comme une élève, dont n'importe qui savait à peu près ce qu'elle faisait et comment.
Alors qu'elle observait pensivement Yanis découvrir progressivement une oeuvre, elle se fit la remarque qu'elle connaissait elle-même bon nombre des autres élèves de l'Institut de vue ou de on-dits. Se rendre compte que la réciproque était valable procurait un effet étrange.
Conclusion : elle était effectivement en train de bâtir une existence personnelle extra-finnoise.

Lorsqu'il fit un bond, Viconia eut un léger rire. Elle connaissait les différentes méthodes d'effraction possibles. Visiblement, si elle avait pu l'observer, celle-ci devait avoir été magistrale et culottée.
« -Tu t'es donné du mal, je suis certaine que tu en seras récompensé ! De toute façon, tu le sais bien, une fois que l'on est dedans, c'est bouclé ! … A moins que tu envisages de débrancher le plafond, bien sûr. »

Elle écouta ensuite Jason conter son oeuvre avec attention. Une idée très interessante, et très ambitieuse. Curieuse, elle demanda :
« -Et quelles réactions as-tu obtenues de la part de ton public ? Des révélations ? »Elle observa de nouveau Yanis et eut un sourire en coin :
« -Pour le hasard, tu ne serais pas déçu. Je ne sais pas ce qu'il en est de l'informatique, je sais qu'il a des facilités cybernétiques et qu'il est souple dans la structure, mais je ne suis pas certaine que cela vaille pour la programmation... Pourquoi ne pas lui demander ? »

Et, puisque Jason avait acquiescé à sa proposition, elle l'entraina d'un pas tranquille vers Yanis afin qu'ils puissent lui proposer d'aller chasser du plus gros poisson.
Jason Redclif
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Lun 8 Mar 2010 - 19:35
Viconia fit une mine comique à sa déclaration, ce qui fit rire Jason. Peu de temps après cependant, elle sembla contrariée par.. Quelque chose. Jason pouvait presque entendre le cliquetis de l’horloge à l’intérieur de son crâne, alors qu’elle rassemblait les morceaux épars des affirmations, fantasmes et projections de l’irlandais. Elle lui demanda cependant si il avait eut des réactions à son installation. « des réactions ? Humm... voyons voir… Lucas était assez enthousiaste, nan très mystique, Jeremiah boudeur et tourneboulé, Jade plutôt effrayée et amusée en même temps, et Kalali aussi curieux en sortant qu’en entrant. Somme toute, rien que de bien normal… Il manque quelque chose à tout ça, mais j’arrive pas à mettre le doigt dessus. C’est pour ça que je suis venu, aussi. Pour prendre du recul, pour analyser mes propres réactions face à des œuvres d’arts. J’veux dire, ça fait trop longtemps que j’ai le nez dans les holoviseurs et les écrans tactiles, ça fait du bien de changer de perspective un peu de temps en temps. ». Viconia, tout en parlant l’entrainait vers Yanis, pour que le trio improbable bifurque vers une partie moins « in » de l’expo.

En chemin, Jason pu apercevoir une sorte de sculpture de lumière, prise sans doute avec un holophotograme à angle large, et reproduit par la projection de faisceaux lumineux. Ça donnait une sorte de luciole en 3d, mouvante uniquement par le déplacement du spectateur. Un peu comme ces vieux portraits à l’huile, dont on avait l’impression d’être suivis par le regard.


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Avisant yanis, maintenant qu’ils s’étaient rapprochés, Jason lui posa donc carrément la question. « dit, yanis, je pourrai te demander un peu de ton temps, et tes conseils ou avis sur mon projet ? J’ai conçu l’ensemble, le cube « personnal Ghost », mais je suis pas forcément très doué en informatique et j’ai mes limites dans ce domaine. J’ai besoin de plus de hasard, de plus de… non prévisibilité… J’veux dire, à l’heure actuelle, c’est presque un sc énario écrit à l’avance… » Et il re décrivis son installation pour que l’algérien comprenne comment c’était agencé à l’intérieur. Ce qui l’embêtait le plus, c’était les déclenchements « prévus ». L’irlandais aurait aimé avoir plus de génération spontanée. Par exemple, si un type rentrait dedans, non prévu à l’avance, que l’on puisse chercher dans une base morphologique, et par interprétation du programme, qu’on lance des générations spontanées de graphismes en mouvements et en projections, associés. Il en fit part à Yanis, espérant ne pas trop le souler avec ça.
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Lun 8 Mar 2010 - 19:48
Surpris qu'on s'adresse directement à lui, Yanis fit instinctivement un pas de côté pour contourner le piédestal de l'holo-moulage qu'il observait, le visage à moitié pris dans le faisceau de puces informatiques que diffusait la sculpture. Viconia et Jason avaient quitté la fosse aux lions pour voler vers des cieux plus cléments, ce qu'il ne pouvait qu'approuver.

Devant les deux visages étiquetés comme familiers, l'Algérien tenta de se défaire de sa posture méfiante, ce qui se traduisit physiquement par un léger redressement de la colonne vertébrale. Rien de fulgurant bien sûr, juste de quoi frotter légèrement ses bretelles contre sa chemise. La question de Jason laissa le jeune homme perplexe. D'une part, il se demandait d'où venait la subite demande de conseil de l'Irlandais. Il y avait une certaine ironie dans cette situation : pourquoi la dénommée Myrtille ne lui avait pas plutôt fait une demande semblable ? Le nano-mutant, bien qu'incapable à première vue de résoudre le problème de Jason, était néanmoins plus adapté pour réfléchir sur ce thème que sur une quelconque question relationnelle, qui échappait totalement aux senseurs cognitifs dont il était doté.

"Tu me peux me demander." confirma-t-il platement, avec un petit coup d'oeil à Viconia. Il ne fallait pas être fin analyste pour déduire qu'elle devait avoir mis la puce à l'oreille de l'OryX, car aucun autre n'élève ne le connaissait ni ne s'intéressait à ce qu'il faisait. Il était nettement moins convaincu cependant, de pouvoir l'aider dans son entreprise, du moins sur l'aspect qui lui posait problème. Tout comme Lucas, Jason semblait penser qu'il jouissait d'une compétence particulièrement en programmation dure. Ce n'était pourtant pas écrit sur son front... Quoiqu'avec le projecteur holographique, ce constat n'était qu'à moitié vrai.

"Je ne sais pas programmer non plus. Pas avec un clavier." dit-il après avoir écouté les spécifications du jeune homme. Avouer de la sorte son impuissance allait ternir son image d'homme à tout faire, apparemment l'unique chose qui le rattrapait parmi la population de l'Institut, et lui valait un rang de plus qu'un mutant comme Alixtide dans la hiérarchie des privilèges. Mais il n'allait pas mentir. En parlant du haut du panier, il lui vint tout de même une idée.

"O'Connell saura peut-être t'aider."
ajouta-t-il laconiquement.

Yanis n'avait jamais réellement eu l'occasion de discuter avec l'ancien leader des JustiX, mais il avait cru comprendre à travers leurs rapports de mission qu'il aimait avoir un clavier entre les mains. Fourrant ses mains dans les poches de son pantalon, le Dick Tracy en babouches se remit à marcher, long l'aile ouest de l'expo pour accéder à un nouvel espace un peu moins agressif pour les yeux. Bien qu'il était curieux de voir comment fonctionnait la boîte à fantômes de Jason, il préférait ne pas y pénétrer, en tout cas pas si elle était active. La dernière des choses qu'il voulait était se retrouver face à lui-même. C'était une situation qu'il subissait tous les jours sans savoir comment s'en extirper. Se voir de l'extérieur avait quelque chose d'angoissant, schizophrénique lorsqu'on ne savait déjà pas qui l'on était.
Le problème que lui avait soumis Viconia le taraudait également. Il marchait silencieusement, retournant le casse-tête dans son esprit. Que devait-il faire de Myrtille ? Peut-être que comme les chiens, elle l'oublierait s'il feignait de ne pas la voir ? Il se tourna finalement vers la Finnoise, sans néanmoins priver Jason de la conversation. De toute évidence, l'intimité liée à cette révélation lui échappait.

"Je suis censé faire quoi de Myrtille ?" demanda-t-il de but-en-blanc à Viconia, le visage aussi neutre que d'habitude. En y réfléchissant bien, l'étrange étudiante en arts avait jeté son dévolu sur un parti médiocre, le Maghrébin en était conscient. Il n'avait rien d'un mâle alpha. Certes, le brassage ethnique était censé fournir une progéniture saine d'une résistance supérieure à la normale, mais elle était de toute façon un peu jeune pour songer à se reproduire. Vu comme elle insistait pour entendre sa voix mutante, elle espérait peut-être engendrer un mutant ?
L'affaire le dépassait un peu.
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Lun 8 Mar 2010 - 22:21
Viconia écouta distraitement ses camarades discuter tandis qu'elle portait son regard tout autour d'elle. Ils se trouvaient à présent dans la Zone Off. La faune autour d'eux était quelque peu différente, composée de journalistes spécialisés, d'étudiants riches et accrochés ou d'artistes marginaux et amis de la star du soir.
Ici deux puces électroniques qui semblaient se chanter la sérénade, ici un hologramme perturbant évoquant un célèbre massacre ayant eut lieu pour une rixe futile... Beaucoup à méditer, analyser, infuser. Si peu de temps.

Loin des préoccupations de Jason ou des regards inquisiteurs de Yanis, la jeune fille ne refit surface dans leur débat que sur un simple mot : « Myrtille ». Amusés, ses yeux couleur marigot quittèrent le Lys ensanglanté fait de pixels grossiers pour aller se poser sur Yanis. Celui-ci était tellement sérieux que l'on aurait dit qu'il était en train de traiter une affaire de coopération mutante internationale.
Désinvolte, la jeune fille haussa les épaules, laissant faire le destin.
« -Si tu es intéressé, que tu la trouves charmante ou que tu souhaites explorer son art en sa compagnie : tu réponds. Tu lui proposes un … Rancard ....? »
Son regard suspicieux se posa sur le jeune homme, comme si elle doutait qu'il comprenne bien ce qu'elle entendait par ce mot obscur. Considérant le couple improbable que pourraient éventuellement former Myrtille et Yanis, elle avait elle-même du mal à déchiffrer ce qu'elle était en train de signifier.
« -Sinon, tu laisses couler. Je veux bien devenir aveugle si elle ose faire une nouvelle demande... Myrtille est comme ça, ne t'en fait pas ; elle passera à son troisième voisin de chevalet sur la droite. »
Oui, Piotr, celui qui léchait son stylet numérique avant de commencer ses travaux.
Jason Redclif
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Mar 9 Mar 2010 - 12:01
Quand ils eurent rejoins Yanis, ce dernier lui indiqua avec son flegme habituel qu’il ne s’y connaissait finalement pas plus que lui en informatique. Jason se trouva bien bête sur le coup. Comme la plupart des gens, sans réfléchir, il avait associé la mutation de Yanis avec une aptitude à la programmation, ce qui était non seulement étonné, mais limite insultant. Se mordant les lèvres, il précisa « désolé, je suis idiot. J’ai pas réfléchis, je pensai que vu ta mutation... Mais c’est débile, scuse… Ouais, j’en parlerai à O’connel, entre lui et Miah, je devrais pouvoir trouver une solution. ». Ils étaient arrivés dans une zone beaucoup moins people, presque intimiste, et Jason goûta à sa juste valeur le changement d’ambiance. « sinon, Yanis, j’aimerai faire une compo avec toi, si tu es d’accord. Un nu, qui deviendrait numérique… D’avoir vu , quand on est arrivé, le marriage entre la matière et ta peau, en dessous, j’ai trouvé ça très beau… J’aimerai... Travailler avec toi la dessus, si tu es ok, et si ça te vexe pas… ».

L’irlandais avait depuis belle lurette cessé d’éprouver la moindre gêne avec sa propre nudité ou celle des autres, à force de dessiner des modèles à l’école, et de poser à l’occasion, mais il pouvait concevoir que ce genre de proposition soit saugrenue. Il avait trouvé très intéressant, et très poétique ce qu’il avait vu, un peu plus tôt, sur la peau de l’homme nanite.
Il fut surpris de comprendre à demi-mot que Yanis, à une occasion quelconque, avait visiblement été carrément dragué par une certaine Myrtille. Il fit un sourire en coin, trouvant la situation amusante… Viconia était très difficile à décrypter. Une vraie énigme ambulante. Il s’esclaffa suite à sa phrase ! Elle, souhaiter devenir aveugle ? Pas pire pour une artiste que de vouloir ça…. Il s’arrêta quelques instants sur la prochaine œuvre. Une bougie, semblant flotter avec quelque chose de dérangeant. S’approchant, il vit que le corps de la bougie était constitué de tube en fibroplastomères, et la flamme une projection numérique… IL fut captivé quelques instants par l’œuvre..

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« interessant… une part de hasard, la dedans, pour rendre la flamme plus vivante… c’est vers ça qu’il faut que je tende… »
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Mar 9 Mar 2010 - 15:34
Yanis enregistra les conseils de Viconia. La notion de charme lui échappait, tout comme il comprenait difficilement pourquoi sa camarade la plaçait en équilibre avec l'intérêt artistique du travail de Myrtille dans cette équation décisive. Les deux choses étaient-elles liées ?

L'Algérien parut réfléchir longuement tandis que ses deux compagnons observaient les oeuvres alentours.

"... Définis le mot "charme"." demanda-t-il alors. Il était en présence de deux personnes qu'il espérait compétentes pour répondre à cette épineuse question terminologique. Deux spécialistes des plaisirs des sens, à leur façon. Dans son esprit, ce concept brumeux s'apparentait à une force de contrôle exercée sur autrui. Mais il n'avait pas l'impression que Myrtille exerçait un pouvoir coercitif sur lui. Pas de quoi la mettre sur un brancard, comme le suggérait Viconia, bien que l'image lui paraisse particulièrement incongrue.

"Je dois explorer son art en brancard ? Elle est si bouleversante ?" ajouta-t-il, perplexe. Il ne tenait pas à subir un quelconque amoindrissement physique en s'approchant de ses oeuvres, mais Viconia avait eu l'air de dire que ses travaux présentaient un certain intérêt... Le nano-mutant était partagé. En tout cas, il allait de soi pour lui que l'observation de ses travaux était une chose bien séparée de la parade amoureuse.

"Hum... tu crois que je peux demander à voir son travail sans qu'elle soit là ?" alla-t-il d'ailleurs jusqu'à proposer naïvement, plutôt content du rapport nuisance sociale/apport culturel. Sur ces mots, il s'avança vers le coin supérieur gauche de l'expo, qui abritait des oeuvres plus froides et déshumanisées au premier abord.

Spoiler:

Quelques bustes de femmes cybernétiques conceptualisés. Est-ce le genre d'image que les autres voyaient en lui ? Tournant la tête vers Jason, il se contenta de hocher des épaules devant ses excuses, l'air indifférent de l'insulte familière.

"Ne t'excuse pas, tout le monde pense comme toi." expliqua-t-il, sans chercher à contredire sa réputation. Elle était peut-être fondée après tout ? Un robot dans un corps humain et non l'inverse. Il espérait d'ailleurs avoir quelques réponses sur la question à son retour de mission. La proposition de collaboration sembla néanmoins attirer son attention, suffisamment en tout cas, pour qu'il se détourne un moment des toiles qu'il regardait.
L'idée même de pouvoir se vexer lui parut si lointaine... Cela datait de plusieurs années déjà. Il aurait eu l'impression d'être encore humain s'il avait encore pu se vexer de quelque chose. Les autres le piétinaient quotidiennement en vain.

"La nudité est un état naturel, pourquoi je me vexerais ?" répondit-il, se demandant pourquoi Jason bredouillait tant. A l'époque où il pouvait encore se vexer, il aurait probablement trouvé l'idée choquante, conformément à l'éducation austère qu'il avait reçue. Mais il avait bien changé, depuis.

Le corps de Jason était un bel exemple anatomique comparé au sien, mais Yanis comprit à son explication que ce n'était pas un entraînement au nu, mais une oeuvre à part entière.

"Si tu penses tirer quelque chose de mon enveloppe, ça ne me dérange pas."


Il rendait service dès que quelqu'un lui demandait quelque chose, il n'avait pas de raison de refuser celui-ci, surtout s'il s'agissait de créer.

"... mais tu es conscient que toute interaction avec moi risque de t'associer à l'électro-ménager de l'école ? Cette donnée peut avoir un impact sur le traitement que tu recevras à l'Institut ensuite." précisa-t-il de sa voix monotone, l'air détaché, avant de se tourner à nouveau vers les peintures.
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Mar 9 Mar 2010 - 19:34
Viconia s'était éloignée des garçons en pensant avoir résolu (vite et bien) la problématique fruitière.

Elle put ainsi détailler les silhouettes féminines sur l'association de quatre tableaux.
Prisonnières entre le passé et le présent, la présence et l'absence. La capacité de totipotence, tout en étant coincée dans une enveloppe mortelle.
Arpenter les ondes numériques ne permettait pas spécialement d'être plus à l'aise avec sa propre existence, ses problématiques personnelles.
De sa position, elle n'entendit pas la proposition de Jason à Yanis.
Par contre, alors qu'ils s'étaient à nouveau approchés, elle entendit clairement la réponse « si tu penses tirer quelque chose de mon enveloppe, cela ne me dérange pas. ».. Et faillit s'étouffer sur ces mots.
Rapidement, un regard interrogatif appuyé tomba sur son camarade artiste. Regard un rien suspicieux. On ne parlait pas programmation quelques instants plus tôt ?
A présent on nageait plutôt dans les « interactions corporelles ». Luther ne suffisait donc plus ?

La jeune fille leva une main tranquille avec un demi-sourire toujours interrogatif et incrédule vis à vis de ce qu'elle venait d'entendre.
« -Pour les "différences de traitement" , si c'est ce qui doit t'arrêter, ne t'en fait pas. Je n'ai personnellement pas ressenti de différence. »
Sauf peut-être de la part de Jason, une phrase quelques instants plus tôt, rien de plus.
Mais bon, entre bosser dans sa chambre avant Yanis et bosser dans sa chambre après Yanis, il était vrai que sa base de comparaison comportait éventuellement un biais certain.

Moment que prit cette collante Myrtille pour revenir au milieu de la conversation.
Viconia ouvrit grands les yeux lorsqu'elle s'aperçut qu'elle s'apprêtait contre son gré à devoir donner des cours de séduction involontaires.
Le charme... Il y avait débat. Elle-même n'était pas particulièrement certaine de la définition. C'était plus un ressentit qu'une ligne dans le dico.
Elle ouvrit la bouche, incertaine, cherchant toujours sa réponse, tandis que la problématique du brancard fit irruption.
Se retenant de pouffer de rire en imaginant la dernière œuvre odoriférante de Myrtille en gaz moutarde, elle embraya avec sérieux :
« -Le charme c'est... C'est lorsque quelqu'un te plait, et tu ne sais pas pourquoi. Voilà, on va dire ça. »
Regard interrogateur à Jason, comme d'une mère au père s'apprêtant difficilement à expliquer la sexualité à leur enfant.
« -Tu as envie de la, ou le, ( clin d'oeil à Jason) regarder, de passer du temps avec sous un peu importe quel prétexte plus ou moins bancal.
Quant elle n'est pas là, tu penses à elle/lui, et à ce qu'elle/il peut bien fabriquer.
Quelque chose de magnétique, je crois. »


Puis, elle enchaîna, ne souhaitant pas s'enliser ;
« -Myrtille fait de l'art par l'odeur, non nocif, enfin, pas que je sache... Par contre je subodore que si tu lui demandes de te laisser l'explorer sans elle, elle risque de s'en trouver un brin vexée. »
Avec un sourire amusé voire un rien satisfait, elle ajouta, fière de son illustration :
« -Elle trouve que tu as du charme. »
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