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Mopti, au bord du Niger
Dim 6 Sep 2009 - 22:04
Le Soleil n'était pas encore levé que, déjà, Keyah avait sorti ses quinze bêtes de leur étable branlante pour les mener vers le grand fleuve. La veille, elle avait repéré une pâture très engageante lors de son retour au crépuscule, mais elle était occupée par un concurrent, et elle n'envisageait pas de se faire griller la politesse. L'herbe y était abondante, et la tranquillité du lieu n'était brisée que par le passage lent d'une pirogue qui descendait le fleuve. En prime, l'accès au cours d'eau se faisait par une petite plage de galets secs. Non seulement Keyah ne craindrait pas de se mouiller, mais en plus, elle trouverait certainement de parfaits cailloux à ricochets.
Avant de lâcher Perlè, la meneuse du petit troupeau, dont il suffisait de la tirer pour que les autres chèvres suivent, elle fouilla dans sa poche pour vérifier qu'elle n'avait pas oublié son précieux hameçon près de son lit. Le précédent s'était cassé quelques jours plus tôt, et Keyah avait profité du marché pour en racheter un de meilleure qualité. Elle n'emmenait que l'hameçon et le fil, la préparation de sa canne faisant partie intégrante de son planning. Elle avait largement assez de temps pour se permettre le gaspillage quotidien d'une branche souple, et les arbres du bord du Niger étaient abondants.
Une fois que les animaux eurent commencé à paître, elle s'approcha à pas lents du fleuve et de cet élément qu'elle craignait tant. On était en plein été, mais elle appréhendait la prochaine saison des pluies. L'année précédente, elle était sortie chaque jour sous trois épaisseurs de tissu pour se protéger des violentes averses.
Keyah finit par arriver sur la petite plage, qui semblait plutôt être un lieu artificiellement créé pour permettre aux pirogues et aux barques d'accéder plus facilement à la berge. Elle commença tranquillement à ramasser les pierres les plus oblongues et légères qu'elle trouvait. L'eau était très calme, et elle se sentait capable de battre son record de rebonds qui commençait à dater.
Elle se plaça à trois mètres du bord de l'eau, et commença ses ricochets, tout en se retournant régulièrement pour s'assurer qu'aucune bête ne manquait à l'appel. Pour cela, il lui suffisait de regarder Perlè, la doyenne, reconnaissable entre toutes par ses tâches sur le flanc. Tant que celle-ci ne s'enfuyait pas...certains bergers disaient que les moutons étaient les plus stupides, mais les chèvres n'avaient pas grand chose à leur envier. Malgré tout, Keyah aimait ses animaux cornus. Dans sa vie, elle avait presque passé autant de temps avec des chèvres qu'avec des humains.
Avant de lâcher Perlè, la meneuse du petit troupeau, dont il suffisait de la tirer pour que les autres chèvres suivent, elle fouilla dans sa poche pour vérifier qu'elle n'avait pas oublié son précieux hameçon près de son lit. Le précédent s'était cassé quelques jours plus tôt, et Keyah avait profité du marché pour en racheter un de meilleure qualité. Elle n'emmenait que l'hameçon et le fil, la préparation de sa canne faisant partie intégrante de son planning. Elle avait largement assez de temps pour se permettre le gaspillage quotidien d'une branche souple, et les arbres du bord du Niger étaient abondants.
Une fois que les animaux eurent commencé à paître, elle s'approcha à pas lents du fleuve et de cet élément qu'elle craignait tant. On était en plein été, mais elle appréhendait la prochaine saison des pluies. L'année précédente, elle était sortie chaque jour sous trois épaisseurs de tissu pour se protéger des violentes averses.
Keyah finit par arriver sur la petite plage, qui semblait plutôt être un lieu artificiellement créé pour permettre aux pirogues et aux barques d'accéder plus facilement à la berge. Elle commença tranquillement à ramasser les pierres les plus oblongues et légères qu'elle trouvait. L'eau était très calme, et elle se sentait capable de battre son record de rebonds qui commençait à dater.
Elle se plaça à trois mètres du bord de l'eau, et commença ses ricochets, tout en se retournant régulièrement pour s'assurer qu'aucune bête ne manquait à l'appel. Pour cela, il lui suffisait de regarder Perlè, la doyenne, reconnaissable entre toutes par ses tâches sur le flanc. Tant que celle-ci ne s'enfuyait pas...certains bergers disaient que les moutons étaient les plus stupides, mais les chèvres n'avaient pas grand chose à leur envier. Malgré tout, Keyah aimait ses animaux cornus. Dans sa vie, elle avait presque passé autant de temps avec des chèvres qu'avec des humains.
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Re: Mopti, au bord du Niger
Dim 6 Sep 2009 - 22:51
Il s'était bien passé une bonne demi-heure lorsque Keyah remarqua poindre au loin la silhouette de trois pirogues sur le Niger. Il lui fallut attendre quelques minutes pour qu'elles soient suffisamment à sa hauteur, et qu'elle puisse mieux voir leurs passagers. Il s'agissait d'un groupe d'hommes hétéroclites, dont les traits étaient maghrébins pour certains, et plus centre-africains pour d'autres. Ils étaient pour la plupart vêtus de façon moderne, assez paramilitaire, à en juger par les gilets à poches qu'ils portaient à même la peau, leurs treillis et les bottes renforcées.
Ils transportaient des caisses et de gros sacs de toile avec eux. En passant au niveau de la jeune fille, ils parurent la dévisager un moment, tout en se laissant glisser au fil de l'eau.
Ils transportaient des caisses et de gros sacs de toile avec eux. En passant au niveau de la jeune fille, ils parurent la dévisager un moment, tout en se laissant glisser au fil de l'eau.
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Re: Mopti, au bord du Niger
Lun 7 Sep 2009 - 0:18
Le temps passa tranquillement, les pensées de la jeune fille vagabondant sans jamais réellement poser leurs valises. Elle ne voulait pas se retrouver absorbée dans un souvenir précis, non seulement pour ne pas perdre le rythme de ses ricochets, mais aussi et surtout pour éviter d'oublier les bêtes, et que celles-ci ne profitent de son inattention pour jouer les chèvres de l'air.
Sa concentration toute relative fut seulement interrompue par l'arrivée d'un groupe étonnant d'embarcations. Ce n'étaient pas les pirogues qui étaient surprenantes, elles se ressemblaient toutes pour la néophyte qu'était Keyah, mais leurs passagers, assez différents des pêcheurs ou marchands qui passaient généralement par ici. Le contenu mystérieux des diverses caisses l'intrigua, mais pas suffisamment, loin s'en faut, pour l'amener à enfreindre sa phobie et à plonger dans le fleuve.
De toute façon, leurs habits montraient bien qu'ils n'étaient pas commerçants. Peut-être des militaires, ou des rangers, en tout cas, ils n'avaient certainement rien à faire d'une pauvre bergère touarègue chez les dogons.
Mais comme Keyah ne voulait pas pouvoir être traitée d'impolie, y compris par de parfaits inconnus, elle les salua d'un vigoureux signe de la main ponctué d'un petit "Bonjour !" prononcé en français. Il y'en aurait au moins un à bord des barques pour comprendre et indiquer aux autres qu'il ne s'agissait pas d'une insulte.
Sa concentration toute relative fut seulement interrompue par l'arrivée d'un groupe étonnant d'embarcations. Ce n'étaient pas les pirogues qui étaient surprenantes, elles se ressemblaient toutes pour la néophyte qu'était Keyah, mais leurs passagers, assez différents des pêcheurs ou marchands qui passaient généralement par ici. Le contenu mystérieux des diverses caisses l'intrigua, mais pas suffisamment, loin s'en faut, pour l'amener à enfreindre sa phobie et à plonger dans le fleuve.
De toute façon, leurs habits montraient bien qu'ils n'étaient pas commerçants. Peut-être des militaires, ou des rangers, en tout cas, ils n'avaient certainement rien à faire d'une pauvre bergère touarègue chez les dogons.
Mais comme Keyah ne voulait pas pouvoir être traitée d'impolie, y compris par de parfaits inconnus, elle les salua d'un vigoureux signe de la main ponctué d'un petit "Bonjour !" prononcé en français. Il y'en aurait au moins un à bord des barques pour comprendre et indiquer aux autres qu'il ne s'agissait pas d'une insulte.
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Re: Mopti, au bord du Niger
Lun 7 Sep 2009 - 17:56
Le groupe observa Keyah sans réagir, et poursuivit son chemin sans même un signe de main, dans une impolitesse peu commune pour cette région du globe.
Les pirogues continuèrent ainsi une vingtaine de mètre, puis accostèrent sur la même rive que Keyah. Les hommes descendirent promptement de leurs embarcations, et entreprirent de décharger leur cargaison dans la lumière matinale.
L'un des hommes déchargea l'un des gros sacs de toile, puis un deuxième. A la grande surprise de Keyah, ce dernier se mit à remuer, à se tortiller comme un mille-patte sur le sable. L'homme qui l'avait posé là s'en approcha rapidement et donna trois coups de pieds dans le sac, qui s'il continua de bouger, le fit avec beaucoup d'ardeur.
Les pirogues continuèrent ainsi une vingtaine de mètre, puis accostèrent sur la même rive que Keyah. Les hommes descendirent promptement de leurs embarcations, et entreprirent de décharger leur cargaison dans la lumière matinale.
L'un des hommes déchargea l'un des gros sacs de toile, puis un deuxième. A la grande surprise de Keyah, ce dernier se mit à remuer, à se tortiller comme un mille-patte sur le sable. L'homme qui l'avait posé là s'en approcha rapidement et donna trois coups de pieds dans le sac, qui s'il continua de bouger, le fit avec beaucoup d'ardeur.
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Re: Mopti, au bord du Niger
Lun 7 Sep 2009 - 22:14
Keyah subit avec stoïcisme le vent absolu que lui infligeaient les navigateurs malappris. Son bras resta figé en l'air pendant plusieurs secondes, ses yeux incrédules suivant l'avancée tranquille des embarcations. Ils étaient nombreux, mais pas un ne lui avait répondu, pas un seul ! A croire qu'ils venaient du bout du monde où les saluts ne sont pas les mêmes, ou qu'ils méprisaient totalement les petites bergères. Ce qui eut le don de la vexer, et elle commença à chercher du regard de nouvelles pierres à ricochets qui lui permettraient d'évacuer sa petite frustration. Et si elle touchait une de leurs pirogues, elle feindrait l'innocence.
Elle n'eut de toute façon pas le temps de mettre son projet machiavélique à exécution, car les hommes accostèrent non loin de sa pâture, près de ses chèvres, alors qu'elle était arrivée la première. Elle savait bien que leurs paquets ne contenaient pas des bêtes qui rivaliseraient avec les siennes en matière de tonte de l'herbe grasse, mais un tel manque de savoir-vivre choqua encore un peu plus la jeune Malienne, qui décida d'aller les voir pour leur exposer ses idées de la bienséance.
En s'approchant, elle put constater que l'un des sacs semblait doué d'une vie propre, et qu'il remuait comme une grosse limace. Keyah s'arrêta à cette vision, le temps pour un des hommes de tataner le tout, qui se mit à bouger encore plus.
De là où elle était, la jeune fille pouvait difficilement savoir ce qu'ils contenaient, mais elle était à peu près certaine que ce n'étaient pas des esprits, car aucun homme n'oserait lever la main, et encore moins le pied, sur des esprits. C'était de toute façon une troisième preuve pour elle que ces types étaient indésirables sur sa pâture.
Elle s'arrêta à une petite dizaine de mètre d'eux. S'ils continuaient, ils allaient effrayer Perlè, et elle passerait la journée à rassembler ses chèvres en vadrouille.
- Dites, c'est mon champ ! Vous allez faire peur aux chèvres ! Alors vos...vos...
Elle s'arrêta un instant, ne sachant pas comment décrire le sac qui bouge.
- Vos trucs qui s'agitent, emmenez-les autre part !
Son oeil s'arrêta sur l'étrange forme de toile.
- D'ailleurs, c'est quoi dedans qui bouge comme ça ?
Elle parlait d'une voix calme, mais qui montrait clairement sa désapprobation face aux agissements de ces malpolis.
Elle n'eut de toute façon pas le temps de mettre son projet machiavélique à exécution, car les hommes accostèrent non loin de sa pâture, près de ses chèvres, alors qu'elle était arrivée la première. Elle savait bien que leurs paquets ne contenaient pas des bêtes qui rivaliseraient avec les siennes en matière de tonte de l'herbe grasse, mais un tel manque de savoir-vivre choqua encore un peu plus la jeune Malienne, qui décida d'aller les voir pour leur exposer ses idées de la bienséance.
En s'approchant, elle put constater que l'un des sacs semblait doué d'une vie propre, et qu'il remuait comme une grosse limace. Keyah s'arrêta à cette vision, le temps pour un des hommes de tataner le tout, qui se mit à bouger encore plus.
De là où elle était, la jeune fille pouvait difficilement savoir ce qu'ils contenaient, mais elle était à peu près certaine que ce n'étaient pas des esprits, car aucun homme n'oserait lever la main, et encore moins le pied, sur des esprits. C'était de toute façon une troisième preuve pour elle que ces types étaient indésirables sur sa pâture.
Elle s'arrêta à une petite dizaine de mètre d'eux. S'ils continuaient, ils allaient effrayer Perlè, et elle passerait la journée à rassembler ses chèvres en vadrouille.
- Dites, c'est mon champ ! Vous allez faire peur aux chèvres ! Alors vos...vos...
Elle s'arrêta un instant, ne sachant pas comment décrire le sac qui bouge.
- Vos trucs qui s'agitent, emmenez-les autre part !
Son oeil s'arrêta sur l'étrange forme de toile.
- D'ailleurs, c'est quoi dedans qui bouge comme ça ?
Elle parlait d'une voix calme, mais qui montrait clairement sa désapprobation face aux agissements de ces malpolis.
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Re: Mopti, au bord du Niger
Mar 8 Sep 2009 - 13:05
Les hommes étaient sept. Quatre continuèrent leur besogne, mais trois d'entre eux s'en détournèrent lorsque Keyah les interpella. Ils dévisagèrent à nouveau la jeune fille, la mine patibulaire, puis se jetèrent des regards goguenards.
L'un des trois s'avança vers elle.
Le visage dur, l'allure intimidante, l'homme posa nonchalamment la main sur un petit fourreau attaché à sa hanche, qui contenait un couteau de chasse, avant de s'arrêter à environ 5 mètres de Keyah.
"On s'y emploie, va ton chemin. Quant à ce que contiennent nos sacs, ça nous regarde... bergère." répondit-il en donnant un petit coup de pied dans le sable en direction de la mutante. Il n'était vraisemblablement pas destiné à la salir, mais plutôt à lui dire de décamper, car le sable ne pouvait l'atteindre de là.
C'était difficile à dire de cette distance, mais Keyah crut entendre des gémissements ou des pleurs en provenance du groupe.
L'un des trois s'avança vers elle.
Le visage dur, l'allure intimidante, l'homme posa nonchalamment la main sur un petit fourreau attaché à sa hanche, qui contenait un couteau de chasse, avant de s'arrêter à environ 5 mètres de Keyah.
"On s'y emploie, va ton chemin. Quant à ce que contiennent nos sacs, ça nous regarde... bergère." répondit-il en donnant un petit coup de pied dans le sable en direction de la mutante. Il n'était vraisemblablement pas destiné à la salir, mais plutôt à lui dire de décamper, car le sable ne pouvait l'atteindre de là.
C'était difficile à dire de cette distance, mais Keyah crut entendre des gémissements ou des pleurs en provenance du groupe.
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Re: Mopti, au bord du Niger
Mar 8 Sep 2009 - 18:09
L'intimidation de Keyah eut des conséquences mitigées. D'un côté, l'homme qui avait parlé disait qu'ils quitteraient les lieux, point positif. De l'autre, elle ressentit tellement de mépris dans la manière dont il énonça le mot "bergère" que son visage se ferma instantanément. Elle ne supportait pas d'être prise de haut, que ce soit par des collègues ou des types plus aisés.
Néanmoins, il était bien plus fort qu'elle, ce qui la poussa à ne pas aller plus loin dans la provocation verbale. Des fois qu'il soit violent...il avait l'air de l'être, en tous cas. Violent, méprisant, malpoli, le gendre idéal.
D'autant que les bruits qu'elle crut entendre venant de ceux qui étaient restés en retrait ne ressemblaient pas aux souffles d'hommes en plein labeur. Plutôt des signes de tristesse, assez étranges venant de types de ce genre. A moins qu'ils ne proviennent des sacs eux-mêmes ? Est-ce qu'ils avaient enlevé des gens ? Des enfants ? Des personnes comme elle ? Elle se dit illico qu'il était inutile de céder à la paranoïa : ce serait une coïncidence un peu grosse. Il n'empêche que les choses dans les sacs n'y étaient à priori pas entrées de leur plein gré.
Keyah s'éloigna de la rive qu'elle avait longée, par prudence, au cas où le gars au couteau ait une réaction violente et n'essaie de la pousser. Il fallait qu'elle prévienne des gens, mais qui ? Et puis, il fallait peut-être qu'elle s'assure du contenu des sacs avant de déclencher une alerte. Elle décrivit un arc de cercle afin de rester à la même distance de l'homme menaçant, avant de s'arrêter après avoir jugé qu'elle ne risquait pas de basculer malencontreusement dans le fleuve.
- Ca vous regarde, mais ça doit aussi regarder ceux qui y sont enfermés, j'imagine ?
C'était un semi-bluff : peut-être qu'il se moquerait d'elle et lui prouverait qu'elle affabulait. Et cela l'arrangerait, il s'agirait d'une fausse alerte, et elle pourrait tranquillement retourner à ses chèvres. Mais plus la situation avançait, plus elle doutait de se tromper.
Néanmoins, il était bien plus fort qu'elle, ce qui la poussa à ne pas aller plus loin dans la provocation verbale. Des fois qu'il soit violent...il avait l'air de l'être, en tous cas. Violent, méprisant, malpoli, le gendre idéal.
D'autant que les bruits qu'elle crut entendre venant de ceux qui étaient restés en retrait ne ressemblaient pas aux souffles d'hommes en plein labeur. Plutôt des signes de tristesse, assez étranges venant de types de ce genre. A moins qu'ils ne proviennent des sacs eux-mêmes ? Est-ce qu'ils avaient enlevé des gens ? Des enfants ? Des personnes comme elle ? Elle se dit illico qu'il était inutile de céder à la paranoïa : ce serait une coïncidence un peu grosse. Il n'empêche que les choses dans les sacs n'y étaient à priori pas entrées de leur plein gré.
Keyah s'éloigna de la rive qu'elle avait longée, par prudence, au cas où le gars au couteau ait une réaction violente et n'essaie de la pousser. Il fallait qu'elle prévienne des gens, mais qui ? Et puis, il fallait peut-être qu'elle s'assure du contenu des sacs avant de déclencher une alerte. Elle décrivit un arc de cercle afin de rester à la même distance de l'homme menaçant, avant de s'arrêter après avoir jugé qu'elle ne risquait pas de basculer malencontreusement dans le fleuve.
- Ca vous regarde, mais ça doit aussi regarder ceux qui y sont enfermés, j'imagine ?
C'était un semi-bluff : peut-être qu'il se moquerait d'elle et lui prouverait qu'elle affabulait. Et cela l'arrangerait, il s'agirait d'une fausse alerte, et elle pourrait tranquillement retourner à ses chèvres. Mais plus la situation avançait, plus elle doutait de se tromper.
- Le courtier temporelConscience collective
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Re: Mopti, au bord du Niger
Mer 9 Sep 2009 - 18:45
L'homme, qui s'apprêtait à rejoindre ses camarades pendant que Keyah se déplaçait, s'arrêta, et se retourna lentement. Il fusilla la jeune fille du regard et fit quelques pas vers elle.
"Ecoute-moi bien, petite, parce que je ne le répèterai pas deux fois : tu vas retourner bien sagement auprès de tes chèvres et t'occuper de tes affaires, c'est bien compris ?" dit-il en appuyant chacun de ses mots.
Ses compagnons avaient quant à eux terminé de décharger les pirogues. Au loin, le bruit d'un moteur se fit entendre. Pas d'un, mais deux, en réalité, comme la mutante put le remarquer lorsque deux jeeps déboulèrent par un sentier en contrebas. Elles remontaient la plage à contre-courant du fleuve, en direction du groupe.
"Ecoute-moi bien, petite, parce que je ne le répèterai pas deux fois : tu vas retourner bien sagement auprès de tes chèvres et t'occuper de tes affaires, c'est bien compris ?" dit-il en appuyant chacun de ses mots.
Ses compagnons avaient quant à eux terminé de décharger les pirogues. Au loin, le bruit d'un moteur se fit entendre. Pas d'un, mais deux, en réalité, comme la mutante put le remarquer lorsque deux jeeps déboulèrent par un sentier en contrebas. Elles remontaient la plage à contre-courant du fleuve, en direction du groupe.
- InvitéInvité
Re: Mopti, au bord du Niger
Jeu 10 Sep 2009 - 12:44
Keyah n'avait pas des connaissances littéraires suffisantes pour énoncer un "Qui ne dit mot consent", mais son raisonnement l'amena à une conclusion identique : il y'avait bien des gens dans ces sacs, qui ne participaient certainement pas à une distraction farfelue pour touristes. La question qui se posait maintenant était : comment les aider ? Sachant que la jeune fille était seule, évidemment désarmée, et dans un lieu éloigné de tout qui la privait de tout espoir de renfort.
Puis un vrombissement se fit entendre, et deux véhicules apparurent, ne laissant pas croire un instant à Keyah qu'il s'agissait de renforts : peu de gens avaient les moyens de s'offrir un engin pareil, alors deux... Ils s'approchaient des ravisseurs, elle devait donc avoir emmené paître ses bêtes exactement au lieu de rendez-vous convenu par deux bandes de criminels.
Sa conscience lui dictait de ne pas s'en mêler, qu'elle ne récolterait que des ennuis à s'interposer entre les brutes qu'elle avait en face d'elle et celles qu'elle ne manquerait pas de découvrir. Mais elle avait des scrupules à laisser des innocents sans aide aucune. Elle-même avait été abandonnée...
Keyah devait cependant agir avec tact. Elle choisit de se faire oublier le temps d'en apprendre un peu plus sur cette douteuse rencontre, et battit en retraite de quelques pas, l'air apeuré - elle n'eut pas à se forcer excessivement pour l'imiter.
- Désolée...je ne voulais pas.
Puis elle battit en retraite sur quelques mètres, s'assit, et sortit trois cailloux de ses poches, puis commença à s'entrainer au jonglage tout en prêtant une oreille très attentive aux échanges qui ne manqueraient pas de survenir entre les malfrats.
Puis un vrombissement se fit entendre, et deux véhicules apparurent, ne laissant pas croire un instant à Keyah qu'il s'agissait de renforts : peu de gens avaient les moyens de s'offrir un engin pareil, alors deux... Ils s'approchaient des ravisseurs, elle devait donc avoir emmené paître ses bêtes exactement au lieu de rendez-vous convenu par deux bandes de criminels.
Sa conscience lui dictait de ne pas s'en mêler, qu'elle ne récolterait que des ennuis à s'interposer entre les brutes qu'elle avait en face d'elle et celles qu'elle ne manquerait pas de découvrir. Mais elle avait des scrupules à laisser des innocents sans aide aucune. Elle-même avait été abandonnée...
Keyah devait cependant agir avec tact. Elle choisit de se faire oublier le temps d'en apprendre un peu plus sur cette douteuse rencontre, et battit en retraite de quelques pas, l'air apeuré - elle n'eut pas à se forcer excessivement pour l'imiter.
- Désolée...je ne voulais pas.
Puis elle battit en retraite sur quelques mètres, s'assit, et sortit trois cailloux de ses poches, puis commença à s'entrainer au jonglage tout en prêtant une oreille très attentive aux échanges qui ne manqueraient pas de survenir entre les malfrats.
- Le courtier temporelConscience collective
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Re: Mopti, au bord du Niger
Ven 11 Sep 2009 - 13:13
Les jeeps avaient chacune une seule personne à leur bord. Les deux conducteurs étaient tous deux typés maghrébins, et portaient le même type de vêtements que leurs comparses.
Les véhicules s'arrêtèrent près des pirogues. Les chauffeurs s'entretinrent brièvement en une langue que Keyah ne connaissait pas avec les autres maghrébins du groupe ; probablement de l'arabe, puis s'approchèrent de l'homme qui avait menacé Keyah, et lui parlèrent en français.
De là où elle était, la jeune mutante ne parvint à saisir que des bribes de conversation :
"...quel genre ?"
"... type 1, mais un type 2." répondit l'homme noir.
"...prêt à l'agence. On y va... passer par... louper le bateau."
L'homme noir hocha la tête et fit un signe de main à ses hommes. Ces derniers se mirent à charger la cargaison à bord des jeeps. Les gémissements reprirent de plus belle en provenance des sacs.
Les véhicules s'arrêtèrent près des pirogues. Les chauffeurs s'entretinrent brièvement en une langue que Keyah ne connaissait pas avec les autres maghrébins du groupe ; probablement de l'arabe, puis s'approchèrent de l'homme qui avait menacé Keyah, et lui parlèrent en français.
De là où elle était, la jeune mutante ne parvint à saisir que des bribes de conversation :
"...quel genre ?"
"... type 1, mais un type 2." répondit l'homme noir.
"...prêt à l'agence. On y va... passer par... louper le bateau."
L'homme noir hocha la tête et fit un signe de main à ses hommes. Ces derniers se mirent à charger la cargaison à bord des jeeps. Les gémissements reprirent de plus belle en provenance des sacs.
- InvitéInvité
Re: Mopti, au bord du Niger
Ven 11 Sep 2009 - 13:42
Non seulement Keyah n'entendait pas l'intégralité de la conversation, quand elle ne se faisait pas dans une langue étrangère, mais en prime les rares mots qu'elle saisissait et comprenait n'avaient pas vraiment de sens pour elle. Sortis de leur contexte, ils auraient tout aussi bien pu appartenir à des négociants parfaitement honnêtes. Des types, et une agence, c'étaient de bien maigres résultats, tout à fait insuffisants au cas où il faille prévenir la police, par exemple.
Les jeeps avaient certainement rendez-vous dans un port, au bord de l'océan. Mais les seules mers que connaissait Keyah étaient recouvertes de sable, et la culture des Touaregs ne les poussait pas à transmettre à leurs enfants des cours de géographie côtière. Pour couronner le tout, sa crainte naturelle de l'élément ne l'encourageait pas vouloir en savoir plus.
Le chargement des "colis" la tira de ses pensées, et lui rappela qu'elle était en présence de personnes en détresse, pour lesquelles elle devait faire quelque chose. Elle sentait que ça lui causerait des ennuis, mais elle ne s'imaginait pas passer sa vie à regretter de n'avoir rien fait. Même si selon toute probabilité elle ignorerait tout jusqu'à sa mort du destin qui attendait les prisonniers.
Elle s'allongea sur le ventre, dans l'herbe, en fixant les malfaiteurs. La seule chose qui pouvait vraisemblablement l'aider dans cette situation était son étrange pouvoir, restait à savoir comment. Les types n'avaient pas l'air superstitieux, donc arriver devant eux en montrant clairement ses capacités n'aurait peut-être pas de bonnes conséquences. Mais elle pouvait au moins tenter de perturber un minimum leur sinistre besogne, et peut-être qu'une solution se présenterait d'elle-même.
Keyah tenta donc d'envoyer vers les hommes le nuage de sable le plus épais qu'elle était capable de former, à la fois vers les conducteurs et le chef, et les troufions qui chargeaient la marchandise. S'ils en prenaient suffisamment dans les yeux, ils ne trouveraient sans doute pas ça agréable.
Les jeeps avaient certainement rendez-vous dans un port, au bord de l'océan. Mais les seules mers que connaissait Keyah étaient recouvertes de sable, et la culture des Touaregs ne les poussait pas à transmettre à leurs enfants des cours de géographie côtière. Pour couronner le tout, sa crainte naturelle de l'élément ne l'encourageait pas vouloir en savoir plus.
Le chargement des "colis" la tira de ses pensées, et lui rappela qu'elle était en présence de personnes en détresse, pour lesquelles elle devait faire quelque chose. Elle sentait que ça lui causerait des ennuis, mais elle ne s'imaginait pas passer sa vie à regretter de n'avoir rien fait. Même si selon toute probabilité elle ignorerait tout jusqu'à sa mort du destin qui attendait les prisonniers.
Elle s'allongea sur le ventre, dans l'herbe, en fixant les malfaiteurs. La seule chose qui pouvait vraisemblablement l'aider dans cette situation était son étrange pouvoir, restait à savoir comment. Les types n'avaient pas l'air superstitieux, donc arriver devant eux en montrant clairement ses capacités n'aurait peut-être pas de bonnes conséquences. Mais elle pouvait au moins tenter de perturber un minimum leur sinistre besogne, et peut-être qu'une solution se présenterait d'elle-même.
Keyah tenta donc d'envoyer vers les hommes le nuage de sable le plus épais qu'elle était capable de former, à la fois vers les conducteurs et le chef, et les troufions qui chargeaient la marchandise. S'ils en prenaient suffisamment dans les yeux, ils ne trouveraient sans doute pas ça agréable.
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Re: Mopti, au bord du Niger
Dim 13 Sep 2009 - 22:43
Keyah se fondit en un nuage sablonneux et fondit vers le groupe d'hommes, balayant la zone en une bourrasque. Ce soudain afflux de sable les laissa perplexes. Certains se mirent à tousser un peu, d'autres à se couvrir les yeux ou les voies respiratoires.
"Continuez de charger, on a pas que ça à faire !" lança l'homme noir, qui devait être le chef du groupe venu en pirogues. Il sortit lui-même un mouchoir de sa poche pour se couvrir le nez et la bouche, tout en scrutant, les environs, les yeux plissés, pour comprendre ce qui leur valait cette étrange bourrasque très localisée.
"Continuez de charger, on a pas que ça à faire !" lança l'homme noir, qui devait être le chef du groupe venu en pirogues. Il sortit lui-même un mouchoir de sa poche pour se couvrir le nez et la bouche, tout en scrutant, les environs, les yeux plissés, pour comprendre ce qui leur valait cette étrange bourrasque très localisée.
- InvitéInvité
Re: Mopti, au bord du Niger
Lun 14 Sep 2009 - 1:25
Malgré les efforts de Keyah, les manutentionnaires improvisés ne s'interrompirent pas, en partie parce que leur chef pratiquait la plus ancienne des méthodes de motivation, à savoir l'ordre menaçant. Cela dit, elle les dérangeait, elle s'en rendait compte, sauf que ce ne serait pas suffisant pour aider les enfermés.
Elle devait faire mieux, mais ne savait pas comment. D'autant qu'elle ne resterait pas sous cette forme indéfiniment, et qu'elle avait tendance à penser que le type déjà désagréable face à la petite bergère pouvait devenir carrément cruel face à la même version mutante. Elle songea un instant à ne tourner qu'autour de lui, mais il était robuste, et elle était loin d'être certaine de pouvoir lui causer autre chose qu'un rougissement des yeux.
De toute façon, il était maintenant trop tard pour faire marche arrière. Si elle redevenait normale, le chef pigerait d'où était venue la tempête, et ça sentirait mauvais sans qu'elle n'ait rien fait. Tant qu'à faire, quitte à avoir des ennuis, autant que ce soit pour une bonne raison.
Elle songea un instant à ses chèvres qu'elle abandonnait là, et qui ne s'en préoccuperaient sans doute même pas. Sales bêtes. Si elle était intelligente, Perlè aurait déjà massacré le coccyx du grand noir lorsqu'il lui avait parlé méchamment. Un chien aurait réagi comme ça, en tous cas. Sauf qu'elle n'avait jamais eu les moyens de s'offrir un chien de berger.
Avisant le hayon ouvert des jeeps, elle s'engouffra dans le plus proche tout en comprenant que c'était suicidaire et en se maudissant d'être tête brûlée, espérant parvenir à se reformer sur les sièges avant. Elle n'avait jamais conduit de choses pareilles, déjà qu'elle en voyait rarement, mais si par miracle elle parvenait à la faire démarrer, ce serait une diversion qui fonctionnerait à coup sûr.
Elle devait faire mieux, mais ne savait pas comment. D'autant qu'elle ne resterait pas sous cette forme indéfiniment, et qu'elle avait tendance à penser que le type déjà désagréable face à la petite bergère pouvait devenir carrément cruel face à la même version mutante. Elle songea un instant à ne tourner qu'autour de lui, mais il était robuste, et elle était loin d'être certaine de pouvoir lui causer autre chose qu'un rougissement des yeux.
De toute façon, il était maintenant trop tard pour faire marche arrière. Si elle redevenait normale, le chef pigerait d'où était venue la tempête, et ça sentirait mauvais sans qu'elle n'ait rien fait. Tant qu'à faire, quitte à avoir des ennuis, autant que ce soit pour une bonne raison.
Elle songea un instant à ses chèvres qu'elle abandonnait là, et qui ne s'en préoccuperaient sans doute même pas. Sales bêtes. Si elle était intelligente, Perlè aurait déjà massacré le coccyx du grand noir lorsqu'il lui avait parlé méchamment. Un chien aurait réagi comme ça, en tous cas. Sauf qu'elle n'avait jamais eu les moyens de s'offrir un chien de berger.
Avisant le hayon ouvert des jeeps, elle s'engouffra dans le plus proche tout en comprenant que c'était suicidaire et en se maudissant d'être tête brûlée, espérant parvenir à se reformer sur les sièges avant. Elle n'avait jamais conduit de choses pareilles, déjà qu'elle en voyait rarement, mais si par miracle elle parvenait à la faire démarrer, ce serait une diversion qui fonctionnerait à coup sûr.
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Re: Mopti, au bord du Niger
Mar 15 Sep 2009 - 12:59
La "tempête" sembla se dissiper, au grand bonheur des hommes, bien qu'ils n'aient semble-t-il pas comprit ce qui c'était passé. Keyah s'était infiltrée par le hayon de l'une des deux jeeps. Par chance pour elle, les clés étaient toujours sur le contact. La jeune fille lança les moteurs.
Dans les rétroviseurs, elle constata que cela n'affola pas spécialement les hommes, qui terminaient de charger les derniers paquets. N'importe lequel d'entre aurait pu se mettre au volant, ils ne devaient pas avoir remarqué qu'ils étaient tous occupés à l'extérieur, et qu'aucun d'entre eux n'était à bord des voitures.
Dans les rétroviseurs, elle constata que cela n'affola pas spécialement les hommes, qui terminaient de charger les derniers paquets. N'importe lequel d'entre aurait pu se mettre au volant, ils ne devaient pas avoir remarqué qu'ils étaient tous occupés à l'extérieur, et qu'aucun d'entre eux n'était à bord des voitures.
- InvitéInvité
Re: Mopti, au bord du Niger
Mer 16 Sep 2009 - 23:43
A sa grande surprise, Keyah ne vit aucun des hommes se ruer sur elle pour tenter de la mettre hors d'état de nuire. Ils étaient concentrés sur la tâche dictée par leur chef, ce qui prouvait bien que suivre bêtement des ordres n'avait rien de bon pour le développement mental. Et que la menace n'était pas forcément la meilleure des méthodes pour obtenir des résultats efficaces. Leur sens de l'observation n'était pas optimal, mais en cet instant, la jeune Malienne s'en accommodait parfaitement.
Elle se retrouva face au volant, sans la moindre idée de ce qu'il fallait faire si ce n'est tourner les clés. Bon. Elle ne s'était jamais retrouvée dans cette situation, comme à peu près tous les membres de ses familles, d'origine comme adoptive. Du coup, elle devait se fier à son intuition pour savoir comment faire démarrer cette chose énorme. Elle avait déjà réussi à allumer le moteur sans faire de vagues, ce qui était une bataille remportée en attendant la guerre.
Il ne fallait pas qu'elle perde de temps en conjectures. Sentant sous ses pieds des pédales, elle se prépara à appuyer de toutes ses forces dessus en essayant de guider l'engin. Normalement, si la chose était normalement faite, au moins une servirait à avancer, et l'autre à s'arrêter, ou alors le modernisme était passé à côté de quelque chose d'essentiel que les rênes et le mors pourtant bien plus anciens avaient pris en compte.
Elle devait tenter, et si elle appuyait sur la mauvaise, selon ses prévisions, il ne se passerait rien, et elle pourrait essayer l'autre. Mais elle voulait attendre que les hommes aient refermé le hayon pour ce faire : si par miracle elle avançait effectivement, elle n'avait pas envie de semer les prisonniers comme des pierres. Elle était de toute façon tellement crispée sur le volant, ses yeux allant du pare-brise aux rétroviseurs, qu'elle était prête à démarrer à la moindre alerte, coffre ouvert ou pas. Juste pour sauver sa peau.
Elle se retrouva face au volant, sans la moindre idée de ce qu'il fallait faire si ce n'est tourner les clés. Bon. Elle ne s'était jamais retrouvée dans cette situation, comme à peu près tous les membres de ses familles, d'origine comme adoptive. Du coup, elle devait se fier à son intuition pour savoir comment faire démarrer cette chose énorme. Elle avait déjà réussi à allumer le moteur sans faire de vagues, ce qui était une bataille remportée en attendant la guerre.
Il ne fallait pas qu'elle perde de temps en conjectures. Sentant sous ses pieds des pédales, elle se prépara à appuyer de toutes ses forces dessus en essayant de guider l'engin. Normalement, si la chose était normalement faite, au moins une servirait à avancer, et l'autre à s'arrêter, ou alors le modernisme était passé à côté de quelque chose d'essentiel que les rênes et le mors pourtant bien plus anciens avaient pris en compte.
Elle devait tenter, et si elle appuyait sur la mauvaise, selon ses prévisions, il ne se passerait rien, et elle pourrait essayer l'autre. Mais elle voulait attendre que les hommes aient refermé le hayon pour ce faire : si par miracle elle avançait effectivement, elle n'avait pas envie de semer les prisonniers comme des pierres. Elle était de toute façon tellement crispée sur le volant, ses yeux allant du pare-brise aux rétroviseurs, qu'elle était prête à démarrer à la moindre alerte, coffre ouvert ou pas. Juste pour sauver sa peau.
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Re: Mopti, au bord du Niger
Jeu 17 Sep 2009 - 11:50
Le hayon se referma dans un bruit sec. Keyah comprit que le départ des hommes était proche, comme le confirmaient les bribes de mots qu'elle entendait.
La jeune fille se mit à appuyer sur les pédales dans l'espoir de faire avancer l'engin. Après un premier essai infructueux, elle trouva la pédale d'accélération. Une chance pour elle que la jeep soit équipée d'une boîte automatique !
Le véhicule fit une embardée vers l'avant, projetant une gerbe de sable sur les hommes dans son sillage. Ces derniers se mirent à crier et courir après la jeep. Keyah avait démarré en trombe, et tressautait maintenant sur la grève inégale. Le décor semblait défiler si vite à ses yeux et le volant n'était pas particulièrement réactif... Elle n'était pourtant pas à une vitesse faramineuse pour le moment.
Dans le rétroviseur, la fuyarde constata qu'une partie des hommes montait à bord de l'autre jeep, dans l'intention assez claire de la poursuivre.
La jeune fille se mit à appuyer sur les pédales dans l'espoir de faire avancer l'engin. Après un premier essai infructueux, elle trouva la pédale d'accélération. Une chance pour elle que la jeep soit équipée d'une boîte automatique !
Le véhicule fit une embardée vers l'avant, projetant une gerbe de sable sur les hommes dans son sillage. Ces derniers se mirent à crier et courir après la jeep. Keyah avait démarré en trombe, et tressautait maintenant sur la grève inégale. Le décor semblait défiler si vite à ses yeux et le volant n'était pas particulièrement réactif... Elle n'était pourtant pas à une vitesse faramineuse pour le moment.
Dans le rétroviseur, la fuyarde constata qu'une partie des hommes montait à bord de l'autre jeep, dans l'intention assez claire de la poursuivre.
- InvitéInvité
Re: Mopti, au bord du Niger
Jeu 17 Sep 2009 - 12:18
Elle avait réussi ! Elle était victorieuse, et elle se congratulerait volontiers si elle n'avait pas les deux mains cramponnées au volant et le regard rivé sur les obstacles qui l'attendaient. Keyah avait démarré aux commandes d'un engin qu'elle ne contrôlait pas, et s'éloignait des ennemis sans savoir par où elle se dirigeait. Derrière chaque bonne chose se cachait une mauvaise nouvelle.
Elle ne chercha pas à prendre une direction guidée par son sens de l'orientation, trop occupée à trouver une piste sur laquelle les risques de renversement de 4x4 ou de passants, ou de basculement dans un fossé, un ravin ou un cours d'eau étaient minimaux. Pas simple aux commandes d'une chose de ce gabarit.
Néanmoins, elle se rappela de la "cargaison", qu'elle soupçonnait être vivante à tendance humaine. Peut-être que c'était le cas ? Qu'ils parlaient sa langue ? Qu'ils sauraient conduire la Jeep ? Qu'ils lui expliqueraient ce qu'elle ne comprenait pas dans cette étrange affaire ?
Ca valait le coup d'essayer. Elle parla à voix haute, en anglais, pour augmenter les chances d'être comprise sans avoir à quitter la route des yeux.
- Y'a quelqu'un dans les sacs ? Qui vous êtes ?
Elle ne savait pas si elle devait trouver la situation exaltante ou désespérée. Les hommes conduiraient sans doute leur machine bien plus efficacement qu'elle.
Elle ne chercha pas à prendre une direction guidée par son sens de l'orientation, trop occupée à trouver une piste sur laquelle les risques de renversement de 4x4 ou de passants, ou de basculement dans un fossé, un ravin ou un cours d'eau étaient minimaux. Pas simple aux commandes d'une chose de ce gabarit.
Néanmoins, elle se rappela de la "cargaison", qu'elle soupçonnait être vivante à tendance humaine. Peut-être que c'était le cas ? Qu'ils parlaient sa langue ? Qu'ils sauraient conduire la Jeep ? Qu'ils lui expliqueraient ce qu'elle ne comprenait pas dans cette étrange affaire ?
Ca valait le coup d'essayer. Elle parla à voix haute, en anglais, pour augmenter les chances d'être comprise sans avoir à quitter la route des yeux.
- Y'a quelqu'un dans les sacs ? Qui vous êtes ?
Elle ne savait pas si elle devait trouver la situation exaltante ou désespérée. Les hommes conduiraient sans doute leur machine bien plus efficacement qu'elle.
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Re: Mopti, au bord du Niger
Ven 18 Sep 2009 - 12:56
Keyah avait passé la petite pente menant à la plage, et s'enfonçait maintenant dans une zone plus plane, jalonnée de quelques arbres, ça et là, et de steppe.
Ses poursuivants ne l'avaient pas lâchée, et gagnaient maintenant du terrain. La mutante remarqua d'ailleurs dans le rétroviseurs que les hommes à bord de la plateforme arrière se tenaient debout et manipulaient des armes à feu... Dans quel pétrin était-elle allée se fourrer ?
Les sacs ne répondirent pas tout de suite, mais elle perçut du mouvement sur la plateforme arrière. Finalement, une voix de jeune homme lui répondit en anglais.
"Qui est là ?! Où vous m'emmenez ?!" cria-t-il, de sa voix étouffée par le sac, sans répondre à la question de Keyah.
"Je m'appelle Aurélie Laffite ! Vous n'avez pas le droit de faire ça !" s'écria une voix de jeune femme cette fois, en provenance d'un autre sac.
Ses poursuivants ne l'avaient pas lâchée, et gagnaient maintenant du terrain. La mutante remarqua d'ailleurs dans le rétroviseurs que les hommes à bord de la plateforme arrière se tenaient debout et manipulaient des armes à feu... Dans quel pétrin était-elle allée se fourrer ?
Les sacs ne répondirent pas tout de suite, mais elle perçut du mouvement sur la plateforme arrière. Finalement, une voix de jeune homme lui répondit en anglais.
"Qui est là ?! Où vous m'emmenez ?!" cria-t-il, de sa voix étouffée par le sac, sans répondre à la question de Keyah.
"Je m'appelle Aurélie Laffite ! Vous n'avez pas le droit de faire ça !" s'écria une voix de jeune femme cette fois, en provenance d'un autre sac.
- InvitéInvité
Re: Mopti, au bord du Niger
Ven 18 Sep 2009 - 14:15
Les yeux de Keyah ne pouvaient pas être plus écarquillés. Elle s'imaginait que plus ils étaient ouverts, plus elle avait de chances de détecter les obstacles sur son chemin, d'autant plus qu'elle était parvenue dans une zone où les arbres se transformaient en redoutables piques de slalom.
Son intuition fut néanmoins récompensée lorsque des voix lui répondirent. Elle avait eu le nez creux, et elle ne s'était pas fourrée dans les ennuis jusqu'au cou pour de la bête marchandise de contrebande. Des gens étaient prisonniers, dont une Aurélie Laffite qui était sans doute française. Forcément, ils étaient inquiets, puisqu'ils avaient tout manqué de l'acte héroïque de la bergère. C'était ingrat, mais elle ne pouvait décemment pas leur en vouloir.
- J'ai volé la voiture aux hommes qui vous emmenaient !
Elle parlait toujours fort pour couvrir les cahots du chassis et le bourdonnement du moteur sans avoir à se retourner, ce qui lui serait fatal, sans le moindre doute.
- Mais là ils sont derrière et ils vont nous tirer dessus. Pourquoi vous avez été attrapés ?
Certes, connaître la raison ne lui apporterait rien sur un plan stratégique, mais elle voulait au moins savoir pour qui elle s'était fourrée dans le pétrin jusqu'au cou. Pour essayer de retarder l'apparition des premiers impacts de balle sur le hayon, elle commença à avancer en slalom géant entre les feuillus, le spécial étant bien au-delà de ses capacités de pilote. Elle voulait que les arbres fassent obstacle entre son engin et les projectiles le plus longtemps possible, le temps qu'elle trouve peut-être une solution à ce bazar.
Son intuition fut néanmoins récompensée lorsque des voix lui répondirent. Elle avait eu le nez creux, et elle ne s'était pas fourrée dans les ennuis jusqu'au cou pour de la bête marchandise de contrebande. Des gens étaient prisonniers, dont une Aurélie Laffite qui était sans doute française. Forcément, ils étaient inquiets, puisqu'ils avaient tout manqué de l'acte héroïque de la bergère. C'était ingrat, mais elle ne pouvait décemment pas leur en vouloir.
- J'ai volé la voiture aux hommes qui vous emmenaient !
Elle parlait toujours fort pour couvrir les cahots du chassis et le bourdonnement du moteur sans avoir à se retourner, ce qui lui serait fatal, sans le moindre doute.
- Mais là ils sont derrière et ils vont nous tirer dessus. Pourquoi vous avez été attrapés ?
Certes, connaître la raison ne lui apporterait rien sur un plan stratégique, mais elle voulait au moins savoir pour qui elle s'était fourrée dans le pétrin jusqu'au cou. Pour essayer de retarder l'apparition des premiers impacts de balle sur le hayon, elle commença à avancer en slalom géant entre les feuillus, le spécial étant bien au-delà de ses capacités de pilote. Elle voulait que les arbres fassent obstacle entre son engin et les projectiles le plus longtemps possible, le temps qu'elle trouve peut-être une solution à ce bazar.
- Le courtier temporelConscience collective
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Re: Mopti, au bord du Niger
Sam 19 Sep 2009 - 13:53
Entamant son slalom entre les arbres, Keyah put entendre résonner le bruit de coups de feu dans la steppe. Ses zigzags lui conféraient le statut de cible mouvante, et donc plus difficile à atteindre, néanmoins, ils réduisaient également sa vitesse, et ses poursuivants gagnaient de plus en plus de terrain.
"J-J'en ai pas la moindre idée !" répondit Aurélie après une petite hésitation.
"Ils ont dû me griller !" dit quant à lui le garçon. "Sortez-moi de là !" ajouta-t-il, en se débattant dans son sac comme un beau diable.
"J-J'en ai pas la moindre idée !" répondit Aurélie après une petite hésitation.
"Ils ont dû me griller !" dit quant à lui le garçon. "Sortez-moi de là !" ajouta-t-il, en se débattant dans son sac comme un beau diable.
- InvitéInvité
Re: Mopti, au bord du Niger
Sam 19 Sep 2009 - 17:30
Le stratagème du lièvre ne durerait pas éternellement, Keyah s'en rendait compte. Sûrement pas assez longtemps pour que toutes les munitions des poursuivants soient épuisées. Et les deux cachés dans leur sac qui faisaient un concours de celui qui lui en dirait le moins...elle était bien avancée.
- Je lâche le volant, c'est ce que vous voulez ? Vous entendez pas les balles ?
Elle ne jugea pas nécessaire d'attendre une réponse pour enchaîner. C'était purement oratoire.
- Si je vous libère, on s'arrête. Si on s'arrête, ils nous tirent dessus. A moins que vous sachiez comment éviter les projectiles.
Elle hésita une seconde avant de poursuivre. Après tout, si elle en disait trop, elle se "grillait", elle aussi. Et puis ils avaient le droit d'être stressés, enfermés dans des sacs sans rien voir de ce qui se passe. Déjà qu'avec les yeux ouverts, la Malienne ne comprenait pas tout...
- Moi je peux m'en sortir, j'ai...des moyens pour ça. Mais vous ? Vous sauriez vous défendre ?
S'ils la comprenaient, c'était parfait. Si ce faisant ils l'insultaient, elle se garait et se tirait toute seule. Dans cette histoire, elle n'avait rien à gagner et tout à perdre, elle n'avait donc pas envie de subir trop de remarques désobligeantes. En plus, la fille ne lui avait pas tout dit, elle le sentait. Peut-être que leur faire une semi-confidence leur permettrait de s'ouvrir à leur tour ?
- Je lâche le volant, c'est ce que vous voulez ? Vous entendez pas les balles ?
Elle ne jugea pas nécessaire d'attendre une réponse pour enchaîner. C'était purement oratoire.
- Si je vous libère, on s'arrête. Si on s'arrête, ils nous tirent dessus. A moins que vous sachiez comment éviter les projectiles.
Elle hésita une seconde avant de poursuivre. Après tout, si elle en disait trop, elle se "grillait", elle aussi. Et puis ils avaient le droit d'être stressés, enfermés dans des sacs sans rien voir de ce qui se passe. Déjà qu'avec les yeux ouverts, la Malienne ne comprenait pas tout...
- Moi je peux m'en sortir, j'ai...des moyens pour ça. Mais vous ? Vous sauriez vous défendre ?
S'ils la comprenaient, c'était parfait. Si ce faisant ils l'insultaient, elle se garait et se tirait toute seule. Dans cette histoire, elle n'avait rien à gagner et tout à perdre, elle n'avait donc pas envie de subir trop de remarques désobligeantes. En plus, la fille ne lui avait pas tout dit, elle le sentait. Peut-être que leur faire une semi-confidence leur permettrait de s'ouvrir à leur tour ?
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Re: Mopti, au bord du Niger
Dim 20 Sep 2009 - 13:06
Plusieurs balles touchèrent la jeep, s'abattant tout d'abord sur le hayon, puis de plus en plus ajustées, jusqu'à percer le pare-brise avant. La jeep adverse talonnait maintenant sévèrement Keyah. Seuls ses écarts imprévisibles lui permettaient encore d'éviter les tirs.
Il eut un silence de plusieurs secondes, puis la voix masculine reprit :
"Je dois pouvoir m'en sortir ! Libérez-moi ! Je refuse de crever comme ça !" lança-t-il, mais la voix d'Aurélie suivit rapidement sa déclaration.
"Moi aussi je refuse de crever comme ça ! Si vous lâchez le volant, c'est ce qui arrivera ! Je ne suis pas un ninja, moi !" cria-t-elle, une note d'hystérie dans la voix. Keyah était bien avancée...
Il eut un silence de plusieurs secondes, puis la voix masculine reprit :
"Je dois pouvoir m'en sortir ! Libérez-moi ! Je refuse de crever comme ça !" lança-t-il, mais la voix d'Aurélie suivit rapidement sa déclaration.
"Moi aussi je refuse de crever comme ça ! Si vous lâchez le volant, c'est ce qui arrivera ! Je ne suis pas un ninja, moi !" cria-t-elle, une note d'hystérie dans la voix. Keyah était bien avancée...
- InvitéInvité
Re: Mopti, au bord du Niger
Dim 20 Sep 2009 - 13:57
En écoutant les deux prisonniers incapables de se mettre d'accord sur un point aussi élémentaire malgré la situation, elle eut envie de passer par le hayon et de laisser la Jeep aller vers son destin funeste. Ils avaient l'air de ne pas comprendre qu'elle risquait sa vie pour eux, mais elle passa une seconde fois l'éponge, au vu de leur situation désagréable. La Malienne devait rester concentrée sur la manière de s'en sortir, de plus en plus hypothétique avec le rapprochement du véhicule qui les poursuivait.
Elle devait être logique. Si elle ne lâchait pas le volant, les assaillants finiraient par crever un pneu, elle ferait une embardée et elle partirait dans le décor. Ou bien ils la toucheraient elle et le résultat serait le même. Si elle le lâchait, le 4x4 s'arrêterait à court terme, mais le gars avait dit qu'il pouvait s'en sortir. La fille avait parlé de ninja, terme jamais entendu par Keyah, mais qui désignait certainement son compagnon d'infortune. Et si elle raisonnait par A + B, elle en déduisait qu'un "ninja" pouvait se sortir d'une situation aussi catastrophique. A condition qu'elle ne s'emplafonne pas contre un arbre.
De toute façon, Keyah n'avait pas le choix, il fallait qu'elle s'arrête par elle-même avant que le stop ne soit provoqué bien plus brusquement par une balle mal placée. C'était très risqué, mais si elle se jetait rapidement à l'arrière, l'aile arrière de la voiture pourrait la protéger des tirs. Peut-être. Le temps qu'elle libère le "ninja". Elle se rendit alors compte qu'elle ne savait pas qui était dans quel sac, et essaya de déterminer de quel côté venait la voix du garçon, pour ne pas se tromper et libérer Aurélie qui avait avoué ne lui être d'aucun secours. Elle les prévint néanmoins avant d'agir, pour qu'ils se préparent psychologiquement.
- Je vais m'arrêter !
Elle prit une grande inspiration, puis pila en appuyant de toutes ses forces sur la pédale de frein, celle qui ne faisait pas avancer, toujours ce raisonnement par élimination. Puis elle se jeta immédiatement entre les deux sièges avant pour tenter d'ouvrir le sac dans lequel elle supposait trouver le mec qui savait comment s'en sortir. Espérant qu'ils crient de surprise, ça la guiderait dans son investigation.
Ils avaient intérêt à valoir les risques qu'elle prenait, ces deux lascars.
Elle devait être logique. Si elle ne lâchait pas le volant, les assaillants finiraient par crever un pneu, elle ferait une embardée et elle partirait dans le décor. Ou bien ils la toucheraient elle et le résultat serait le même. Si elle le lâchait, le 4x4 s'arrêterait à court terme, mais le gars avait dit qu'il pouvait s'en sortir. La fille avait parlé de ninja, terme jamais entendu par Keyah, mais qui désignait certainement son compagnon d'infortune. Et si elle raisonnait par A + B, elle en déduisait qu'un "ninja" pouvait se sortir d'une situation aussi catastrophique. A condition qu'elle ne s'emplafonne pas contre un arbre.
De toute façon, Keyah n'avait pas le choix, il fallait qu'elle s'arrête par elle-même avant que le stop ne soit provoqué bien plus brusquement par une balle mal placée. C'était très risqué, mais si elle se jetait rapidement à l'arrière, l'aile arrière de la voiture pourrait la protéger des tirs. Peut-être. Le temps qu'elle libère le "ninja". Elle se rendit alors compte qu'elle ne savait pas qui était dans quel sac, et essaya de déterminer de quel côté venait la voix du garçon, pour ne pas se tromper et libérer Aurélie qui avait avoué ne lui être d'aucun secours. Elle les prévint néanmoins avant d'agir, pour qu'ils se préparent psychologiquement.
- Je vais m'arrêter !
Elle prit une grande inspiration, puis pila en appuyant de toutes ses forces sur la pédale de frein, celle qui ne faisait pas avancer, toujours ce raisonnement par élimination. Puis elle se jeta immédiatement entre les deux sièges avant pour tenter d'ouvrir le sac dans lequel elle supposait trouver le mec qui savait comment s'en sortir. Espérant qu'ils crient de surprise, ça la guiderait dans son investigation.
Ils avaient intérêt à valoir les risques qu'elle prenait, ces deux lascars.
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Re: Mopti, au bord du Niger
Lun 21 Sep 2009 - 19:05
Lors du freinage, les deux sacs furent projetés contre la paroi qui les séparaient des sièges, et Keyah identifia le sac contenant le garçon.
L'autre jeep continua sur plusieurs mètres pendant que celle de Keyah dérapait dans le sable, puis entama une boucle pour faire demi tour.
Le jeune homme qu'elle trouva dans le sac était passablement amoché, lèvre fendue, oeil droit tuméfié, traces de contusions un peu partout sur son buste sculptural ; car il était torse nu en plus de ça.
Il détailla rapidement Keyah en clignant des yeux, puis se releva d'un bond.
"D'accord..." dit-il avec une certaine incrédulité. Sans plus attendre, il leva la main. La jeep adverse s'envola à plusieurs mètres et se retourna. Les 3 occupants de la plateforme en tombèrent comme des mouches, et s'écrasèrent au sol. Restaient le conducteur et son passager, arrimés grâce à leur ceinture de sécurité.
"Merde !" laissa échapper le jeune homme entre ses dents.
"Qu'est-ce qui se passe, bon sang !?" s'écria la voix d'Aurélie.
L'autre jeep continua sur plusieurs mètres pendant que celle de Keyah dérapait dans le sable, puis entama une boucle pour faire demi tour.
Le jeune homme qu'elle trouva dans le sac était passablement amoché, lèvre fendue, oeil droit tuméfié, traces de contusions un peu partout sur son buste sculptural ; car il était torse nu en plus de ça.
Il détailla rapidement Keyah en clignant des yeux, puis se releva d'un bond.
"D'accord..." dit-il avec une certaine incrédulité. Sans plus attendre, il leva la main. La jeep adverse s'envola à plusieurs mètres et se retourna. Les 3 occupants de la plateforme en tombèrent comme des mouches, et s'écrasèrent au sol. Restaient le conducteur et son passager, arrimés grâce à leur ceinture de sécurité.
"Merde !" laissa échapper le jeune homme entre ses dents.
"Qu'est-ce qui se passe, bon sang !?" s'écria la voix d'Aurélie.
- InvitéInvité
Re: Mopti, au bord du Niger
Mar 22 Sep 2009 - 4:27
Keyah n'eut pas le temps de s'extasier sur l'alignement parfait que formaient les abdominaux du jeune homme qu'elle avait libéré : elle était restée béate devant le spectacle de la jeep transformée pour l'occasion en hélicoptère en perdition. Elle ouvrit grand la bouche sans savoir quoi dire. Elle n'avait pas rêvé, c'était bien ce mec qui l'avait faite voler, ça ne pouvait pas être une coïncidence.
Elle finit par sortir de sa torpeur pour laisser échapper quelques mots.
- Vous...vous aussi...?
Puis, réalisant qu'ils feraient mieux de ne pas perdre de temps à attendre. Les deux passagers avant finiraient par se libérer, et Keyah n'avait pas le coeur à les achever. A bien y réfléchir, elle n'en avait pas non plus les moyens. Elle tenta de répondre à la question posée par la captive.
- Ben...la voiture s'est...envolée.
Elle se résolut donc à libérer aussi Aurélie, afin qu'ils discutent calmement et en toute visibilité de la stratégie à suivre : fuite ou confrontation ? A priori, si le gars était capable de retourner des bagnoles, il devait avoir voix au chapitre. Ce faisant, elle retenta de comprendre ce que des personnes aux pouvoirs étranges, un peu comme elle, faisaient enfermés dans des sacs. En reposant la même question.
- C'est à cause de...ça que vous avez été capturés ?
Elle désigna le 4x4 retourné, puis reprit son entreprise de libération. Avec des pensées pas très rassurantes : elle s'était fourrée dans un pétrin dont elle aurait pu elle-même être la cible ? Ou bien la présence de ce garçon était-elle la coïncidence ?
Elle finit par sortir de sa torpeur pour laisser échapper quelques mots.
- Vous...vous aussi...?
Puis, réalisant qu'ils feraient mieux de ne pas perdre de temps à attendre. Les deux passagers avant finiraient par se libérer, et Keyah n'avait pas le coeur à les achever. A bien y réfléchir, elle n'en avait pas non plus les moyens. Elle tenta de répondre à la question posée par la captive.
- Ben...la voiture s'est...envolée.
Elle se résolut donc à libérer aussi Aurélie, afin qu'ils discutent calmement et en toute visibilité de la stratégie à suivre : fuite ou confrontation ? A priori, si le gars était capable de retourner des bagnoles, il devait avoir voix au chapitre. Ce faisant, elle retenta de comprendre ce que des personnes aux pouvoirs étranges, un peu comme elle, faisaient enfermés dans des sacs. En reposant la même question.
- C'est à cause de...ça que vous avez été capturés ?
Elle désigna le 4x4 retourné, puis reprit son entreprise de libération. Avec des pensées pas très rassurantes : elle s'était fourrée dans un pétrin dont elle aurait pu elle-même être la cible ? Ou bien la présence de ce garçon était-elle la coïncidence ?
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