Une autre vie.

Allongé sur son lit, Oscar cherchait désespérément une solution à son problème. Le "problème mutants" passait déjà à la télé, mais lui n'était pas certain d'en être un. Il fallait être sur. Il fallait faire quelque chose. Oscar soupiré, se leva, et chercha dans une armoire un sac à dos. Une fois son sac à dos bleu marine, aux motifs étranges, en main, il se mordit la lèvre.

*Je devrais peut être en parler avec mes parents.*

Il soupira de nouveau, mit quelques affaires de rechange dans le sac, et chercha son ordinateur portable tactile, qu'il mit aussi dans le sac. Oscar referma le sac, et sortit de sa chambre. Il descendit les escaliers, et se dirigea vers la porte, sans chercher à savoir si quelqu'un était dans le salon. Il ouvrit la bouche avant de quitter la maison, juste au cas où.

"Je sors."

Comme si ce n'était pas déjà assez clair... En sortant, il se dirigea vers le Nord, sans se retourner. Il pénétra dans un petit bois, et se mit à trottiner, changeant de direction pour aller vers le Nord-Ouest. Il courut un moment, et finit par sortir du bois. Il s'arrêta de courir, pour reprendre la marche. Il faisait encore jour, et ses parents, de toute façon, ne s'inquièteraient pas de ne pas le voir arriver aussitôt la nuit tombée. Quelques minutes plus tard, il arriva devant un grand lac, et s'arrêta. Un petit sourire se dessina sur son visage. C'était l'endroit qu'il préférait à Westby.

Il inspira un grand coup, et s'assit. Il sortit son ordinateur tactile de son sac, et l'alluma. Oscar eût un moment d'hésitation. Il soupira, et commença ses recherches sur les mutants. Il chercha tout ce qu'il pût. Moyen d'être sur si on est bien mutant, que faire si c'est le cas, où aller, à qui parler, est-ce que c'est une maladie... Il avait entendu plusieurs choses à la télé, mais Oscar aimait faire ses recherches par lui même.

Oscar put commencer ses recherches en toute quiétude dans la nature. Le signal wifi était assez faible à cet endroit, ce qui lui fit perdre un peu de temps, mais au bout de quelques clics, il finit par aboutir à quelques résultats.
Les sites sur lesquels il tombait étaient très mitigés concernant les différentes questions que l'adolescent se posait. Oscar put comprendre rapidement que le phénomène mutant partageait la population humaine et déchaînait les passions. Certains prétendaient qu'il s'agissait d'une maladie, voire d'une dégénérescence reléguant les mutants au rang de sous-espèce impure. D'autres au contraire, y voyaient là les signes de la prochaine étape de l'évolution. Apparemment, à moins d'être témoin direct d'une manifestation de pouvoir évidente, le seul moyen "humain" pour déceler la mutation était une prise de sang, suivie d'un examen ADN.

Au fil de ses recherches, il remarqua qu'un certain nombre de noms revenaient fréquemment : Génosha, Institut Xavier, Olivier Fleury, John Jacobs, Jeff Gordon, Komodo... Il trouva également quelques sites publiant d'anciennes parutions journalistiques, notamment plusieurs bulletins et articles traitant de la fameuse île mutante Génosha.

Toute ces réponses avaient troublé Oscar. Il s'attendait à tout ça, mais il était quand même troublé. Il posa son écran d'ordinateur tactile au sol, près de son sac, et se leva sans faire attention à la poussière sur ses vêtements. Il fit un pas en direction du lac, se baissa, et ramassa un petit caillou. Oscar le regarda, et le fit tourner entre ses doigts, avant de le jeter férocement dans l'eau. Il était maintenant dans un monde où il ne comprenait pas grand chose.

*L'Institut Xavier... Je devrais peut être y aller.*

Oscar réfléchit quelques minutes avant de lever les yeux au ciel. Il faisait nuit maintenant. Il n'avait que deux choix : rentrer chez lui, ou partir pour aller... Ailleurs. Il fit la moue, se retourna, reprit son ordinateur, et chercha l'adresse de l'Institut Xavier. Oscar pensa à envoyer un e-mail à ses parents, mais le faire plus tard, une fois qu'il serait loin d'ici était une meilleur solution. Il rangea son ordinateur tactile dans son sac, mit son sac sur son dos, et se mit en marche. Il ne savait pas comment il allait se rendre à l'Institut, mais il devait y arriver. Oscar se dirigea vers la route la plus proche, en espérant qu'une de ces vieilles voitures écologiques passerait pour l'emmener à destination.

Après environ 15 minutes à faire du stop, un poids lourd s'arrêta sur le bas côté. Le chauffeur, un homme barbu d'une cinquantaine d'années gratifia Oscar d'un sourire jovial.

"Oh là, petit, tu trouveras personne pour t'emmener aussi loin, le monorail est nettement plus rapide pour les longues distances ! Je peux t'emmener jusqu'à Ekala, dans le comté de Carter. C'est à la frontière de l'état."

Il souleva sa casquette pour se gratter la tête, puis ajouta, après une courte réflexion.

"Je crois bien qu'ils ont une gare de monorail bien desservie là-bas, ça t'intéresse ?"

Oscar, qui vit arriver le chauffeur, fut immédiatement soulagé. Il s'attendait à des heures d'attente sur le coté de la route, mais ce vieil homme était arrivé bien vite. Il écouta le chauffeur parler, avant de jeter un coup d'œil à son poids lourd. Oscar n'était pas sur de vouloir monter dans pareil engin, mais il devait arriver à l'Institut. Il fit un sourire timide au vieil homme.

"Oui... Oui c'est très gentil. Merci beaucoup."

Il contourna le camion pour ouvrir la portière du coté passager, et monter s'assoir près du vieil homme. Oscar regarda tout autour de lui, pour inspecter le mauvais état du poids lourd, mais ne fit aucune remarque. Le silence finit tout de même par devenir pesant, et il prit la parole.

"Dites... C'est payant le monorail? Je... Je suis jamais partis de chez moi."

Il n'avait pas penser à ça... Bah! Il devait bien y avoir deux-trois personnes assez gentilles pour lui donner de quoi se payer sa place... Enfin, il l'espérait.

Observant la cabine, Oscar constata que le poids lourd était plutôt bien entretenu, si l'on faisait exception des quelques images coquines scotchées çà et là.
L'homme reprit la route, fredonnant sur l'air qui passait à la radio. Il s'esclaffa à la question naïve d'Oscar.

"Ah ! Pour sûr que c'est payant, fiston ! Tout se paie de nos jours ! Enfin presque, rassure-toi, je te ferai pas payer le voyage. En fait, je suis plutôt content d'avoir de la compagnie." répondit-il.

"Je m'appelle Rupert." se présenta-t-il ensuite. "En tout cas, le ticket doit pas être donné jusqu'à New York."

Il jeta un petit coup d'oeil à Oscar pour le détailler avec un peu plus d'attention.

"Mais dis-moi, quel âge tu as ?"

Oscar pencha la tête sur le coté, après avoir entendu le chauffeur lui dire que tout se payer. Ca n'allait pas arranger les choses ça... Il fallait qu'il trouve un peu d'argent pour payer le monorail... Et puis pour se nourrir. Il ne voulait pas vraiment mourir de faim. Il ouvrit la bouche, et quelques secondes s'écoulèrent avant qu'un son ne sorte.

"Oui, je me disais bien que ce ne serait pas gratuit..."

Il sourit quand le chauffeur se présenta, et il donna lui aussi son prénom.

"Enfin bon, je trouverai bien un moyen pour payer le monorail. Ou pour y aller d'une autre façon."

Oscar n'était vraiment pas certain de pouvoir se rendre jusqu'à New York, à présent. Il allait se perdre dans ses pensées quand le vieil homme lui demanda son âge. Il se rappela soudain que son anniversaire était tout proche. Il répondit tristement.

"J'ai seize ans. Et dans deux jours... J'en aurai dix-sept. Je fêterai peut être mon anniversaire à New York...

Il eût un petit sourire en coin, mais il ne se faisait pas d'illusions. Il regarda par la vitre le paysage défiler. Il repensa au fait qu'il devait envoyer un e-mail à ses parents, mais avant de pouvoir prendre son ordinateur tactile, il s'endormit, la tête contre la vitre.

Par chance pour Oscar, Rupert n'était apparemment ni un maniaque sexuel, ni un voleur, ni un serial killer. Le mutant fut réveillé quelques heures plus tard par le soubresaut du camion qui s'arrêtait sur un parking peu engageant, devant une série de baraques en périphérie d'Ekala. Des bouges, bars à strip-tease, motels crasseux... Le genre de tripots que l'on trouvait dans ce genre d'aires de stationnement.

"Eh voilà, petit, terminus !" lança Rupert lorsqu'il remarqua qu'Oscar ouvrait les yeux. "Je vais me prendre une chambre. Je repars demain en sens inverse après avoir livré mon chargement. Fais gaffe à toi, petit, bonne chance pour la suite !" lança-t-il, avant de prendre la direction du motel.

Des éclats de musique provenaient d'un bar à vue, dont le néon criard affichait "Cock Pit". Une affiche était placardée sur la porte. Elle indiquait "Lutteurs recherchés, cash à la clé".

Un groupe de durs à cuire devisaient bruyamment non loin de l'entrée.

Réveillé par le chauffeur, Oscar fit un petit sourire au vieil homme quand il vit qu'il était enfin arrivé. Les longs voyage, il ne connaissait pas. Il fut réellement soulagé d'être enfin à destination, mais ce fût de courte durée quand il put examiner l'endroit où il avait atterrit. Avant que le chauffeur ne s'en aille, il lui adressa un grand sourire.

"Merci beaucoup monsieur Rupert. C'est très gentil à vous de m'avoir emmener jusqu'ici... Et sans me faire payer."

Il regarda l'homme s'en aller vers le motel, et une fois Rupert dans sa chambre, Oscar tourna la tête pour examiner plus attentivement les lieux. Son regard s'attarda sur la fiche où était écrit "Lutteurs recherchés, cash à la clé", mais aussi sur la bande de mecs près de l'entrée. Il remit son sac sur son dos, et se dirigea vers eux en se grattant la nuque.

"Euh... Excusez moi... Bonjour, est-ce que vous connaissez le prix d'une place de monorail?" Il regarda rapidement la fiche, et ajouta. "Et... Combien on gagne si on remporte un de ces matchs de lutte?"

Il se demanda soudain ce qu'il faisait là, à parler à ces gens. Il y avait d'autres gens ici... Et puis il aurait pu simplement se rapprocher de la fiche pour lire les petites écritures. Quoi que maintenant ça n'avait plus d'importance, il n'allait pas s'enfuir en courant. Il regarda les quelques hommes, et leur adressa un petit sourire timide, en attendant une réponse...

*Et puis si ça se trouve, ils vont vouloir me fouiller, et prendre mon ordinateur tactile... Mince...*

L'affiche était écrite grossièrement à la main avec un feutre épais, le tout sur ce qui semblait être une enveloppe grand format convertie en feuille. En plus petit était griffonné "Demander Franky au bar." C'était tout.

Les types devant le bar, bière à la main, étaient plongés dans une vive discussion sur le football américain. Ils ne semblaient pas éméchés pour autant, simplement peu discrets.
Ils dévisagèrent l'adolescent des pieds à la tête. Apparemment, il ne devait pas être courant de voir des jeunes sans histoire se promener dans ce quartier.

"Ca dépend où tu veux aller petit, plus tu vas loin, plus tu casques." répondit l'homme le plus proche de lui en haussant les épaules, ce qui eut pour effet de projeter un peu de bière hors de sa bouteille.

La seconde question en revanche, suscita plus de réactions : le groupe de gaillards explosa de rire. L'homme reprit la parole, contenant son hilarité, mais l'air toujours goguenard.

"C'est pour ton papa ?" dit-il, ce qui fit de nouveau rire ses comparses.

"Tout dépend de qui tu affrontes. En ce moment, le challenger c'est Child of Chaos, je crois. Détrôner un challenger, ça ça rapporte bonbon. Pour les cotes, faut voir avec Franky, c'est lui qui s'occupe de ça."

A la mention du fameux Child of Chaos, plusieurs des types levèrent la main, majeur et annulaire repliés sous le pouce. Le lutteur devait être populaire.

"Un conseil gamin : vaut mieux miser sur Child of Chaos plutôt que d'essayer de défier cette légende." ajouta le type.

"Tu déconnes, Sonny ! Child a tellement la cote que tu rafles plus rien en misant dessus ! Je vais te dire, le môme : défie Child of Chaos, on se fera des pépettes en misant sur toi." intervint l'un des hommes.

Nouvelle hilarité.

Quand Oscar fut enfin proche des hommes, l'odeur de l'alcool lui piqua les narines. Il fit l'effort de tenir en apnée plusieurs secondes, mais finit par respirer normalement. Il faisait des grimaces, de temps en temps, pendant que les hommes répondaient.

Le groupe d'hommes parla alors de Child of Chaos, et ce nom intrigua Oscar. Il savait déjà ce qu'il devait faire pour pouvoir payer le monorail et aller à New York, alors il savait qu'il lutterai contre ce Child. Le plus intriguant était quand même le respect qu'avaient ces types pour le fameux lutteur. Oscar avait réellement envie de voir cet homme.

"Bon bah... D'accord... Merci..." dit-il avant de s'écarter un peu, pour pouvoir enfin respirer autre chose que l'odeur de la bière.

Il mit les mains dans ses poches, et se tourna vers le bar. Il n'y avait plus qu'une solution... Oscar contourna les hommes, et marcha vers la porte. Il posa une main sur la poignée, et avant qu'il puisse ouvrir, une idée lui vînt à l'esprit. Les types à coté de lui avaient dit qu'il miseraient sur lui s'il luttait contre Child of Chaos. Il pouvait leur demander de l'argent, pour le monorail... Non, c'était une mauvaise idée. Il ne les connaissait pas.

Oscar inspira un grand coup, et ouvrit la porte. Il se glissa dans le bar, referma la porte, et se dirigea tout droit vers le comptoir. Il retira son sac à dos, le posa au sol, et s'assit sur un tabouret. Oscar s'accouda au comptoir, et chercha Francky, sans vraiment savoir à quoi il pouvait ressemblé.

"Euh... Francky?" demanda-t-il tout doucement, "J'aimerais participer aux combats de lutte..."

Le bar était de ces bouges obscurs et enfumés, que seul venait éclairé des néons criards. La salle principale était plutôt simple : quelques tables, une télé accrochée au-dessus du bar, et deux billards près d'un juke-box. Deux ou trois routards étaient visibles, mais la salle était relativement calme. Cependant, des bruits de musique, des cris et des applaudissements étaient clairement audibles à proximité, comme assourdis. Les vibrations qu'Oscar percevait dans le plancher lui mirent la puce à l'oreille : le Cock Pit devait être pourvu d'une salle souterraine.

Le barman se retourna lorsque le mutant l'appela Franky. C'était un homme grand au teint basané, cheveux mi-longs, moustache et au visage découpé à la serpe. Ce qui frappa surtout le garçon, c'était le cache-oeil qu'il portait. Il dégageait une sorte d'aura d'aventurier avec ce bandeau.


Franky essuyait des verres avec un torchon. Il s'arrêta, jeta nonchalamment le tissu sur son épaule et s'approcha du zinc en boîtant pour examiner Oscar.
Un rictus se dessina sur son visage patibulaire.

"Et puis quoi encore, un lait fraise ?" répondit-il, plus avec incrédulité que rudesse.
A ces mots, il s'accouda au bar et fixa Oscar droit dans les yeux.

"T'es conscient que tu causes de lutter avec des adultes ? Tu m'as l'air d'un poids plume... J'imagine que t'as jamais fait de combats..." lui demanda-t-il néanmoins.

Quand Francky lui répondit, Oscar ne put s'empêcher de sourire, gêné. Il n'aimait vraiment pas cette situation... Pour participer, il était en plus certain de devoir mentir. Il baissa la tête pour voir si son sac était toujours là, et la releva pour regarder le barman dans ses yeux. Son visage avait reprit une expression neutre.

"Oui, je... J'en suis conscient. Mais je veux quand même participer. Contre Child of Chaos." répondit-il doucement.

"J'ai besoin d'argent. Il faut que je me rende à New York, en monorail..." poursuivit Oscar.

Il descendit de son tabouret et passa son sac sur son dos. Si ses parents le voyaient, ils ne le laisseraient jamais faire... Mais ses parents n'étaient pas là, ce n'était pas le moment de penser à ça. Maintenant, il fallait trouver de l'argent et se rendre à l'Institut.

Il y avait quand même un problème. Il ne savait pas combien il allait gagné d'argent - s'il gagnait le match - et il ne savait pas combien coûtait une place de monorail. Il aurait surement un moment pour se préparer avant le combat, il en profiterai pour regarder les prix sur son ordinateur.

"Je vous suis, monsieur." dit-il en regardant Francky, prêt à le suivre jusqu'au sous-sol.

Franky arqua les sourcils puis gloussa de rire devant l'aplomb d'Oscar.

"Child of Chaos, hein ?" releva-t-il avec amusement. "On peut dire que t'as pas froid aux yeux, petit."

L'homme sembla hésiter quelques secondes, puis finit par accepter, de mauvaise grâce.

"Et merde, je suis pas ton père, hein !" dit-il, avant de quitter son comptoir pour guider le mutant vers une porte discrète masquée par un poster de musique. Lorsqu'il ouvrit la porte, le bruit se fit un instant plus fort, le temps pour l'organisateur et l'adolescent fugueur de s'introduire dans un escalier étroit menant au sous-sol.

Au bas des marches, Oscar eut une vue assez stupéfiante. Le sous-sol était rempli de monde, des hommes pour la plupart, mais aussi quelques femmes à moitié hystériques. L'ambiance était survoltée, et une odeur désagréable de sueur appesantissait l'atmosphère. Au centre de l'assemblée, un ring de fortune était placé. Il était occupé par deux concurrents en plein combat. Il s'agissait... d'un homme et d'une femme. D'après les manoeuvres pour le moins tordues des deux combattants, tous les coups devaient être permis. La femme effectua un coup de pied magistral qui mit son adversaire au tapis.


Franky entraîna Oscar jusqu'à la table où se trouvait le gong. Il donna quelques instructions au vieil homme qui semblait tenir les inscriptions.

Pendant ce temps, la femme était annoncée vainqueur par l'arbitre, un type à l'allure de docker.

"Et on applaudit bien fort... Child of Chaos !"

A ce nom, la foule rugit de plus belle.

"Alors petit, Franky me dit que t'es le prochain adversaire ?" demanda le vieil homme, une moue réprobatrice sur les traits.


"Occupe-toi de lui, Samuel, je remonte en salle." lança Franky.

Le vieil afro-américain soupira.

"Rassure-moi, t'es majeur ?" demanda-t-il en écrivant quelque chose dans la feuille de match qu'il avait devant lui. Oscar put simplement remarquer l'en-tête de la feuille, qui était estampillée par un logo marqué Skillnet : sûrement un sponsor.

"Tu as quelqu'un à prévenir s'il t'arrive quelque chose ? Je pense qu'on a plutôt intérêt à envisager cette possibilité..." ajouta-t-il avec franchise.

[ Hors jeu : Je sais pas trop comment ça se passe pour les jours... Oscar est né le 21 février, je sais pas trop si son anniversaire est passé et s'il à 17 ans, vu qu'on est le 23. Ca changera pas grand chose de toute façon, c'était juste pour savoir. ]

En entrant dans l'escalier, Oscar résista à l'envie de se boucher les oreilles. Il suivit Francky jusqu'au sous-sol, et quand il vit tout le monde présent dans cette pièce, il eût une grosse boule au ventre. Pendant qu'il marchait derrière le barman, il regardait le combat. Oscar fût étonné de comprendre que Child of Chaos... Mais elle venait de mettre un homme K.O, alors il n'allait pas commencer à chercher des excuses.

Quand il arrivèrent devant Samuel, Oscar lâcha enfin le ring des yeux et tourna la tête vers le vieil homme chargé des inscriptions.

"Oui monsieur."

La question suivante, sur son âge, le fit sourire. Il devait mentir pour gagner de l'argent. Il avait l'impression d'être dans un de ces vieux films que regardait souvent son père.

"Bien sur. Je... Je viens tout juste d'atteindre la majorité..." répondit-il tout juste assez fort pour couvrir le bruit de la foule.

Oscar se racla la gorge en entendant ce qui suivit.

"Non mais... Il devrait rien m'arriver. Normalement..."

Il prit aussitôt son sac à dos, et le posa sur la table, pour éviter d'autres questions.

"Je commence quand? S'il n'y a pas de moment de préparation... Vous pouvez garder mon sac s'il vous plaît?" demanda-t-il nerveusement.

[Hrp : la date RP du forum est affichée sur la page d'accueil, nous sommes le 17 septembre 2108. Les âges évoluent en fonction de la date RP, non IRL. Mais de toute façon, la majorité est fixée à 21 ans aux USA.]

Le dénommé Samuel jeta un bref coup d'oeil à Oscar à sa réponse, le détaillant de la tête aux pieds de son regard expert, mais n'ajouta rien.

"Tu me parais bien pressé d'aller au casse-pipe..." commenta le vieil homme en plaçant le sac à dos d'Oscar sous son bureau. Il avait l'air consterné de voir le garçon se porter volontaire.

Sur le ring, Child of Chaos chauffait la foule suite à sa victoire éclatante. Samuel se rassit et parla dans un communicateur qui diffusa sa voix dans toute la salle.

"Mesdames et messieurs, quelle victoire ! Child of Chaos vient de mettre KO son 5ème adversaire de la soirée, pour un palmarès de 26 victoires consécutives ! Ce tableau de chasse ne semble pourtant pas avoir effrayé son nouvel adversaire..."

Samuel posa sa main sur le communicateur.

"Comment tu te fais appeler, petit ?" lui demanda-t-il pour terminer sa harangue.

Quand Samuel plaça le sac à dos sous le bureau, Oscar sourit. Il tourna la tête vers la foule, et observa le comportement des personnes présentes. Il les prenait pour des fous. Ils l'étaient surement, d'ailleurs.

"Il faut que je fasse vite..." dit-il froidement.

Oscar écouta ensuite le vieil homme parler dans le communicateur, et le nombre de victoires de la lutteuse lui fit peur. Elle avait gagné 26 combats contre des hommes et des femmes, et lui, il n'avait que 16 ans. C'était peut être lui le fou, après tout.

Perdu dans ses pensées, il n'entendit que vaguement la question de Samuel. Il secoua doucement la tête, tourna la tête vers Samuel. Comment il se faisait appeler? Il n'y avait pas penser. C'était une question idiote. Pourquoi ne pas simplement dire son prénom?

*J'ai peut être une idée...*

Ca n'irai pas à son physique, mais ça irai comme un gant à son pouvoir. C'était le principal.

"Appelez moi Titan."

Il baissa la tête pour vérifier que la partie haute de son corps n'était pas visible. Si on découvrait qu'il était un mutant, et qu'il allait se servir de son pouvoir - s'il y parvenait - pour gagner, Oscar n'aurait pas l'argent, et il devrait trouver un autre moyen pour se faire de l'argent. Il devait faire attention.

"... j'ai nommé, TITANNNNNN !" termina le speaker afro-américain. Malgré le ton enjoué qu'il avait pris pour animer les spectateurs, son visage usé rappelait l'expression tristounette de Droopy.

Les spectateurs se mirent à hurler et siffler, à frapper des mains, à taper des pieds dans le public. Child of Chaos était montée sur les cordes du ring et faisait mine de chercher à débusquer son adversaire de façon théâtrale.

"Allez, "Titan"... En piste. Tous les coups sont permis, et je te conseille de mettre la gomme si tu veux pas te faire allonger au premier round. Tu es le nouveau challenger : ces timbrés vont miser sur le temps que tu tiendras debout sur le ring. Bien sûr, si par miracle tu arrives à mettre cette furie K.O., tu rafleras un petit pactole. Bonne chance..." expliqua l'homme avant de pousser Oscar en avant, sous la huée de la foule.

"Child va te manger, minus !", "Fais ta prière !", "A mort" furent le genre de commentaires qui accueillirent la montée d'Oscar sur le ring.

Child of Chaos devait mesurer dans les 1m60, avait les cheveux blonds et était maquillée à outrance. Elle ne semblait pas plus musclée qu'une femme de son gabarit et devait avoir dans les 25 ans. Une fois Oscar sur le ring, elle lui tira la langue de façon obscène.

"Amène-toi, mon minet, je vais te déniaiser !" le provoqua-t-elle en se mettant à marcher en crabe pour tourner autour du ring à la manière des boxeurs.

[ HJ EDIT : Je pense que c'est bon :s ]

Oscar eut des frissons quand il vu la réaction des gens, après avoir entendu le mot "Titan". Il croisa les bras, et tourna la tête vers Samuel, qui lui expliquait les quelques règles.

"Un petit pactole, hein..." murmura-t-il pour lui même avant de se faire pousser vers le ring.

Après être monté sur le ring, Oscar observe longuement la femme, qui lui tourne autour. Quand elle lui dit qu'elle va le déniaiser, Oscar lève un sourcil, sans comprendre ce que cela veut dire. Il jeta quelques regards à la foule, qui faisait toujours autant de bruit. Il fallait qu'il frime, pour ne pas passer pour un idiot. Ca, il savait faire, les jeunes de Westby ne faisaient que ça.

Oscar tourna le dos à Child of Chaos, tout en faisant attention à ne pas se faire attaquer par derrière, et leva les bras bien haut, poings serrés. Il se retourna ensuite rapidement, et plaça ses poigns toujours serrés devant son visage, pour se mettre en garde.

*Allez... Approche...*

Après avoir attendu quelques secondes, sans que Child of Chaos s'approche, Oscar finit par baisser légèrement sa garde. Il doutait de perdre, mais il devait finir vite. Il se concentra pour rendre son corps métallique. Le bruit le dérangeais, mais il devait y arriver, pour mettre rapidement la lutteuse K.O.

Etait-ce l'instinct de survie ? C'était fort probable. Toujours est-il qu'Oscar sentit le métal recouvrir son torse sous ses vêtements. Le jeune homme se sentit soudainement très lourd, lent et un peu pataud.

Child continuait de lui tourner autour, tout en l'affublant de noms d'oiseaux très imagés. Puis finalement, la femme, voyant qu'Oscar ne prenait pas l'initiative, finit par lui décocher un violent coup de pied au niveau du plexus solaire.

Malgré son armure, Oscar sentit la force surnaturelle de l'impact, et fut projeté en arrière. Heureusement pour lui, plutôt que de s'étaler par terre, il fut rattrapé par le jeu de trois cordes élastiques qui ceignait le ring, et put se redresser grâce à l'élan qu'il lui procura. Néanmoins la puissante lutteuse n'avait pas dit son dernier mot : sous l'acclamation enragée de la foule, elle s'avançait d'un pas décidé vers Oscar, prête à le frapper à nouveau.

Oscar, envoyé sur les cordes, resta sonné l'espace d'une seconde. Voyant ensuite que Child of Chaos s'avançait vers lui, il remit ses poings à moitié fermés devant son visage, et s'écarta comme il put de la lutteuse, le dos sur les cordes. Il passa sa langue sur ses lèvres, et secoua la tête pour remettre ses idées en place.

*Merde! Elle a frappé en plein dans le métal, et on dirait qu'elle a rien senti...*

Il continua à tourner autour d'elle, pendant qu'il cherchait une solution. S'il prenait un coup comme ça sans son armure, il ne se relèverai pas. C'était ce qu'il devait absolument évité, s'il ne voulait pas finir à l'hôpital...

Une fois qu'il eut bien reprit ses esprits, il serra bien les poings. Il se concentra de nouveau, mais pour rendre ses mains métalliques, cette fois. Il ferma les yeux un instant, et les rouvrit presque aussitôt. Il s'élança vers la femme pour lui envoyer un upercut...

Oscar sentit son plastron métallique s'estomper, tandis qu'il tentait de métamorphoser ses poings. Sûre d'elle, Child of Chaos ne chercha pas à esquiver : pendant qu'Oscar lui assénait son uppercut, elle lui décrocha elle-même un violent coup de poing, qui atteignit le mutant à l'oeil gauche. Une fantastique douleur explosa au point d'impact, mais Oscar sentit néanmoins son coup atteindre le menton de Child of Chaos, qui poussa une sorte de râle de douleur, avant de basculer en arrière, tombant lourdement sur le ring.

Le pseudo-arbitre du duel s'avança pour commencer le décompte. Child of Chaos se tortillait sur le ring comme un poisson hors de l'eau. Du sang s'échappait de sa bouche, et Oscar put même voir, avec son oeil droit car le gauche commençait déjà à enfler, qu'elle crachait quelques-unes de ses dents.

Dans le public, les spectateurs se déchaînaient devant la tournure inattendue du duel. On pouvait même entendre des gens hurler "Titan" dans la foule. La plupart avaient maintenant le pouce tourné vers le bas et hurlaient à Oscar de mettre à mort la malheureuse.

Une fois Child of Chaos au sol, Oscar posa immédiatement sa main gauche, sur son oeil enflé. Avec le coup qu'il avait mis à la lutteuse, il était sur et certain qu'elle ne se relèverai pas. Lui, par contre, sentait encore la douleur que lui avait provoqué le coup au plexus solaire. Il avait eu beaucoup de chance de la toucher.

Il se rapprocha d'elle, et la regarda un instant. Il regarda ensuite la foule, et leva le bras droit vers le ciel, poing fermé, pendant que la main gauche était toujours sur son oeil. Oscar rugit, pour évacué la douleur, et montrer au public qu'il avait gagné. Il baissa ensuite son bras droit, et se retourna vers Samuel. Il s'avança, et se laissa tomber sur les cordes.

"J'ai gagné..." hurla-t-il au vieil homme qui l'avait poussé vers le ring.

Oscar ne rêvait maintenant plus que de deux choses. Son argent, et un bon lit... Il essuya sa sueur avec sa manche, et se tourna la tête pour regarder la lutteuse allongée sur le ring.

Samuel s'approcha du ring, apparemment surpris lui aussi par la tournure des événements, tandis que le gong retentissait pour marquer la fin du duel. Child of Chaos était maintenant inerte et devait avoir sombré dans l'inconscience.

"Eh ben, petit, j'arrive pas à croire que tu aies vaincu Child of Chaos ! Dire qu'elle est... enfin avec tout ce qu'elle avait pour elle !" s'exclama le type en aidant Oscar à descendre du ring.

La foule semblait déçue qu'Oscar n'ait pas achevé son adversaire. Les cris du public oscillaient entre liesse et invectives. Samuel revint quelques instants vers son bureau pour annoncer la victoire d'Oscar, et la défaite de la challenger en titre.

"Maintenant, c'est toi le tenant du titre. N'importe qui est en droit de te défier." expliqua-t-il en sortant une poche de glaçons d'une glacière placée sous son bureau. Il la posa sur l'oeil gauche d'Oscar sans même lui demander son avis.

Oscar regarde Child of Chaos qui était dans les vappes. Il était dangereux. Il devait absolument rejoindre l'Institut Xavier pour apprendre à se contrôler. Il descendit ensuite du ring, aidé de Samuel.

"Chacun ses goûts." dit Oscar, sa main gauche toujours posée sur son oeil.

Le mutant gémit quand Samuel lui posa la poche de glaçons sur l'oeil. Il se mordit la lèvre inférieure, et ferma l'oeil droit. C'était lui le champion maintenant. S'il avait gagné assez d'argent pour prendre le monorail, il ne ferait aucun autre combat. Oscar ré ouvrit son oeil valide, et regarda le vieil homme.

"Je ne ferai aucun autre combat. Je veux juste récupérer l'argent que je viens de gagner, et partir d'ici..." déclara-t-il en faisant une grimace de douleur.

Oscar se fichait complètement de ce qui se passerait ici après son départ. Néanmoins avant de réellement arrêter les combats, il devait regarder sur internet, le prix du monorail pour New-York, et savoir combien il avait gagné.

"Monsieur... Il y a internet ici?"