[JustiX + LeX : 6.1] Derniers préparatifs

[Ce sujet ne se déroule bien entendu pas en même temps que le mode vie en cours]

Assise sur sa grosse valise, les pieds en canard et la mine boudeuse, l'israélienne était un peu perdue : son besoin de tabac se faisait mordant. Mais elle ne voulait pas sortir : il pleuvait des hallebardes à l'extérieur. Et en griller une à l'intérieur des bâtiments l'exposerait à se prendre une douche forcée : Cérébra risquait de ne pas apprécier une telle violation du règlement.

Aussi Esther jouait machinalement et compulsivement avec son paquet de cigarettes... Et puis... Et puis...

Il n'y avait bien entendu pas que ça.

Parce qu'au fond qu'est ce qu'elle allait faire à Paris ? Voir un vieil ami et parler chiffons ? Après tout, ils auraient pu discuter par téléphone, cela aurait été aussi simple... Alors ?

Pourquoi Robert n'avait-il jamais pu rien faire comme tous les autres ? N'aurait-il pu se contenter de léguer sa bibliothèque à la NYCU et de réserver une pièce ou deux de collection pour son élève préférée ? Ainsi, elle aurait fait l'économie de ce voyage...

Mais Robert avait toujours été différent. Et c'est certainement pour cela qu'elle l'avait aimé. Alors... Alors, il fallait que pour assister à la lecture de l'acte testamentaire, elle traverse l'Atlantique pour se rendre dans une ville qui ne paraissait pas, a priori, avoir le moindre lien avec son ancien professeur.

Sans parler de la surprise que John lui avait annoncé !

Esther soupira pour elle-même. Elle attendait maintenant les élèves ainsi que Carrie. Pour se rendre tous ensemble à l'aéroport de New York. Et s'envoler dans la foulée...

Au moins, les élèves, eux, s'amuseraient... Mais une petite voix dans la tête de l'israélienne lui rappela que jamais rien n'était aussi simple que ça à l'Institut...

Carrie arriva en troisième vitesse. Marchant à une vitesse alarmante sur ses talons hauts incroyablement élevés, elle se dirigea trop vers Esther. Tel un boulet de canon, elle fonça vers la psychologue. Elle tourna la tête vers Lucas, le saluant légèrement et s'arrêta aux côtés de sa collègue. Elle déposa sa petite valise noire et déposa un cintre avec une robe noire sur son épaule. Elle soupira et dit:

"Désolée du retard...Il faut que mes pieds se fassent à ses maudits souliers. Mieux vaut maintenant que pendant les funérailles..."

Elle observa longuement le visage ennuyé d'Esther et vit qu'elle jouait avec son paquet de cigarettes. Carrie haussa un sourcils et la regarda avec une surprise teinté d'un certain sarcasme.

"Allons allons, chère collègue...Ne rechignez pas sur un voyage à Paris! Le temps ne peut qu'y être meilleur qu'ici."

Jade avait passé une bonne partie de la soirée d’avant à faire son sac, ne sachant pas réellement ce qu’elle devait emmener. A la base, il fallait bien garder en vue qu’ils accompagnaient Carrie dans un esprit de recueillement tout à fait humble et Jade serait la première à lui prendre la main en soutien, ou au cas où les émotions la ferait tomber dans les pommes. Seulement, la jeune fille espérait tout de même que le voyage n’allait pas se résumer à regarder un macchabée dans le jaune des yeux… Surtout que, eux n’allaient pas le regarder puisque seule Carrie avait l’intention d’aller aux funérailles. Conclusion, ils allaient bien devoir faire autre chose en attendant. Il fallait donc tout prévoir, vêtements de pluie, de beau temps, de soirée, au cas où Carrie souhaite noyer son chagrin en boite de nuit, et d’enquête, puisque d’après ce que Carrie ce que Carrie avait pu insinuer, il était possible que son ami soit impliqué dans quelque chose…

En tout cas, elle retournait en France pour la première fois depuis 9 mois, et n’avait eu de nouvelles de sa famille que depuis quelques jours, par l’intermédiaire de son frère. Même si Montpellier était loin de paris, elle ne pouvait s’empêcher de s’imaginer croiser sa mère. Fallait elle qu’elle emmène aussi un fusil, alors?

La jeune fille arriva enfin dans le hangar, habillée d’un chemisier rouge, d’un bustier noir par-dessus et d’une veste de cuir, avec un jean et des bottes à talons haut. Elle pensait être la première, pour une fois, mais c’était bien sur sans compter l’incroyable ponctualité de Lucas. Elle traina derrière elle sa valise à roulettes et approcha du groupe en souriant.

"Bonjour!" Dit elle simplement aux professeurs déjà également présentes. Elle prit un tracé direct vers Lucas, qu’elle salua d’un baiser.

"Toujours le premier!" Lui dit-elle d’un large sourire.

Elle posa sa valise un peu en retrait et revint près de son petit ami en réajustant ses cheveux, puis elle mit les mains dans les poches et posa sa tête contre l’épaule de Lucas.

"J’ai un peu le trac… Et vous mademoiselle, vous allez bien?" Demanda t’elle à Carrie, consciente qu’aller à la sépulture de son meilleur ami devait lourdement peser sur le moral.

Voila quelques temps que Blake était arrivé. Jusqu'à présent, tout c'était plus ou moins bien passé, il n'avait pas eu trop de mal à s'y faire. il y avait dans cet institut beaucoup plus de gens de son âge que ce à quoi il s'attendait. A vrai dire, à part les professeurs qu'il avait rencontré, plus âgés, les autres étaient soit de son âge soit plus jeunes.

D'ailleurs, il avait rencontré l'une des enseignantes qui l'avait finalement amené jusqu'ici. En effet, Esther kofman l'avait invitée à prendre part à une espece de voyage scolaire auquel Blake n'avait pas compris tous les buts ni les enjeux. Quoi qu'il en soit, elle avait appuyée sur le fait qu'il pourrait lors de ce voyage en profiter pour rencontrer davantage de gens au sein de l'institut et lui permettre de mieux s'integrer.
Il n'avait pas été dans un premier temps extremement emballé. Comment se sentir encore plus mal à l'aise quand on ne connait personne et qu'on vous envoie avec un petit groupe restreint.

Mais finalement, au fur et à mesure qu'il apprenait à découvrir l'école et les autres mutants, il avait eu envie de s'y intégrer.
c'est pourquoi ce jour là, il avait réuni quelques affaires dans un sac afin de profiter pleinement du voyage. A vrai dire, ce qui avait penché dans la balance de sa décision c'était également la destination.
Qui refuserait un voyage dans la capitale du Glamour : Paris.

Aussi Blake s'était-il rendu dans le hangar comme lui avait conseillé la jeune femme. Il ne savait pas combien ils allaient être, ni si il en connaitrait certains ou pas.

Voila que son pas se faisait entendre dans le hangar. Un bruit metallique qui resonnait. A sa grand surprise, il remarqua deux jeunes personnes et deux profs. L'une d'entre elle était Esther kofman tandis que l'autre lui évoquait quelque chose, mais son nom lui échappait. Un peu comme avec les deux autres jeunes. ils les avaient croisés, mais n'avait pas encore retenu leurs prénoms.
Tant pis, il s'abstiendrait tout en attendant que quelqu'un finisse par prononcer leur prénom. Et puis qui sait peut-être y allait-il avoir un appel des présents.

c'est donc legerement mal à l'aise que Blake fit son entrée.

" Bonjour tout le monde, bonjour madame Kofman. "

Puis sans rien ajouter, il posa ses affaires et s'adossa contre le mur.

Esther salua les élèves un à un d'un signe de la tête... Puis elle reporta son attention sur Carrie, examinant avec une certaine dose d'incompréhension ses souliers. Il était vrai qu'il était si rare qu'ils quittent l'Institut autrement qu'en tenue de combat. Et si l'israélienne n'avait pas poussé le vice jusqu'à revêtir avant même le départ sa robe de soirée, elle savait pertinemment qu'elle ne pourrait pas mettre de jeans ou de rangers à l'occasion de la soirée à l'hôtel de Jacob...

Rangeant son tabac dans une poche de sa veste, elle se leva et s'approcha de Blake.

"Je suis contente que vous soyez venu, Blake. Comme je vous l'avais dit, j'ai pensé que ce voyage serait l'occasion pour vous de voir un peu de pays et de lier plus connaissance avec vos camarades. Je comprends que cela puisse être... nouveau pour vous. Mais si cela peut vous rassurer, nous ne faisons pas tant de voyage que ça... surtout avec aucune menace à la clé !"

Collant ses mains dans les poches, elle refit face à ses troupes élèves.

"Bon, j'espère que vous serez bientôt tous là... Même s'il ne s'agit pas d'une mission comme vous avez pu en connaître, je compte sur toutes et tous pour faire la meilleure impression aux gens que nous croiserons. Et que vous donnerez une bonne image de ce qu'est l'Institut !"

C'était sans compter la présence d'Alixtide dans un avion de ligne... Chassant cette pensée horrifique de son esprit, elle poursuivit :

"Comme je l'ai expliqué à certains d'entre vous, nous allons à Paris, Carrie et moi, pour diverses affaires personnelles. Notamment, à cette occasion, le Professeur John Jacob, qui est... une sorte de lobbyiste pro-Génosha stationné à Paris, nous invite à passer une soirée en sa compagnie. Il nous présentera également des agents d'une brigade spéciale chargée essentiellement de traquer et d'interpeller les criminels en fuite dit du "13 avril"..."

Elle laissa résonner cette date funeste dans la tête des élèves avant de reprendre :

"Je sais que pour la plupart d'entre vous, vous avez encore en tête les scènes de massacre. Aussi, je vous demande de réserver le meilleur accueil à ces agents de police et de conserver une modération exemplaire dans votre attitude et vos propos"

Esther marqua une pause... Tout en se rappelant "la belle surprise" que lui avait annoncé Jacob lors de leur dernier échange. En plus du testament de Bateson, en plus de la rencontre avec le PISS, en plus du fait que cette brigade détiendrait sous main de justice un témoin clé, en plus de tout au fond... Une belle et bonne surprise. Et Esther haïssait les surprises...

"Donc pas de déballage de vos pouvoirs ou de vos exploits. Vous êtes en représentation. Soyez irréprochables et exemplaires"

Juan était joyeux. En effet, c'était la première fois que le jeune homme partait pour un voyage en Europe. Il avait donc pris soin de bien préparer ses affaires. Le seul point négatif jusqu'à présent, c'était qu'il ne pouvait pas une nouvelle fois, emporter sa moto. Sa moto dont il avait bien profité cet été au demeurant, donc ce n'était pas très grave. Pris d'un gros doute juste avant de se rendre dans le hangar, il mit tout de même son uniforme de Lex dans son sac.
Puis il se dirigea vers le hangar pour rejoindre les autres. Il savait que madame Marcin devait venir avec eux, mais quelle ne fut pas la surprise du jeune mutant, quand il vit Jade dans le hangar.

*Moi qui pensait passer des vacances tranquilles, je viens de pénétrer dans le joyeux pays du cauchemar. Pourquoi tu m'imposes ça toi là haut? qu'est ce que j'ai fais ces derniers temps qui a bien pu te fâcher? Je suppose que j'ai plus qu'à accepter ma croix. Mais y a pas de raison pour que je sois gentil par contre.*

Il se préparait à dire quelque chose quand la Séniorita Koffman prit la parole. Il stoppa donc net son envie de parler et l'écouta avec attention.

*Et voilà, maintenant on y est vraiment dans le pays des cauchemars. Je vais devoir faire le pingouin.*

"Bonjour tout le monde, charmantes vacances en perspective, n'est-ce pas?, c'est comment l'Europe? parce qu'à part le Nouveau-Mexique et ici, j'ai pas visité grand chose dans ma vie jusqu'à présent"

Puis ne résistant pas aux pulsions qui commençait à le démanger depuis son arrivée dans le hangar, il se tourna vers Jade pour lui parler.

"Dis donc Jade, tu as demandé au professeur Zachary de te fabriquer un anti-histaminique? Parce que je me demande comment tu vas pouvoir supporter de te retrouver dans le même avion que moi pendant le voyage."

*Bravo, une nouvelle fois encore, tu te révèles comme étant un champion de la sociabilité et de l'amabilité. Tais-toi maintenant. En tout cas je m'excuserais pas sauf si Madame Kauffman me le demande.*

Kitty avait préparé ses affaires la veille. Elle avait pris des vêtements pour toutes les situation. Des vêtements de mi-saison, des vêtements chaud. La fillette avait glissé la robe noire qu'elle avait porté juste après la mort de Gabriel et River. C'était juste au cas où elle accompagnerait son professeur à l'enterrement de son ami. La benjamine de l'Institut ne savait que trop ce que cela faisait de perdre un être cher. Elle avait aussi pris une robe qui faisait bien habillée, au cas où ils sortiraient dans une soirée.

Paris, la petite télépathe ne connaissait pas cette ville. Elle espérait juste que cette sortie scolaire ne se terminerait pas comme celle qu'elle avait fais en Australie lors de la coupe du monde de foot soccer. Par précaution, la petite demoiselle prit auss son costume de mission et le mis dans le fond de sa valise. Valait mieux prévoir. Kitty pris aussi son lecteur portable et quelques cd de musique pour le voyage en avion. Elle les mis dans son petit sac dans lequel se trouvait aussi son inhalateur.

La benjamine de l'Institut arriva à son tour dans le hangar tirant sa valise à roulette. Elle était habillée d'un jean violine, d'un chemisier blanc et portait une petite veste violine. Elle avait son petit sac en bandoulière. Kitty regarda les personnes présente dans la salle.

*Ouf je ne suis pas en retard.*

La petite télépathe se dirigea vers le petit groupe d'élèves déjà présent. Lorsqu'elle passa devant les professeurs, elle les salua suivit d'un sourire:

"Bonjour Mlle Marcin, bonjour Mlle Kofman."

Parmi les élèves, il y avait déjà Gilles, Jade, Lucas, Juan et Blake. Kitty ne connaissait pas trop ce dernier. Cela ne faisait pas longtemps qu'il était arrivée à l'Institut Xavier.

"Bonjour tout le monde."

Kitty ne rajouta rien de plus. Elle était heureuse de partir en voyage, mais le départ de Wind l'affectait encore. Peut-être que ce voyage à Paris lui changerait les idées et lui ferait du bien. Enfin, elle l'espérait. La pré-adolescente lâcha sa valise et attendit sagement le moment du départ.

Lorsque le professeur Kofman prit la parole, Blake ne put s'empecher de se sentir mal à l'aise. Comment ne pas l'afficher d'une meilleure manière. Oui il était le nouveau, mais il le savait et eux aussi le savaient. A quoi bon en rajouter une couche. Blake ne lui en voulait pas du tout, mais il n'aimait pas être au centre des discussions et des regards.

heureusement suite à ça, elle enchaina sur l'explication de leur voyage. Chose importante pour Blake qui n'avait pas encore tout compris au but de ce voyage à Paris. Il frissonna à cette idée. Il n'arrivait pas à imaginer que dans quelques heures, il serait dans la capitale française si loin de tout ce qu'il connaissait.

* Après tout, ce sera une bonne occasion pour envoyer une carte aux parents. Mouarf *

L'idée l'avait amusé un instant mais les dires de la jeune femme ne semblait pas mentionnés un quelconque "arrêt carte postale, vous avez une demi heure de shopping. "
Aussi Blake se concentra bien lorsqu'elle expliqua le but de leur visite. Les termes de mission qu'elle utilisa intrigua grandement Blake. Comment une école avec des jeunes pouvait faire des missions et en quoi consistaient-elles exactement. décidemment cet institut était pleins de mysteres.
Bientôt Blake eut des réponses à ses questions. Tout semblait lié à Génosha ou quelques mois plus tot sans doute, la plupart de ses élèves avaient du être présent lors de la terrible bataille. Alors l'insitut était un peu comme une armée? Au vue des autres jeunes, Blake ne put que sourire. Non il ne s'agissait pas d'armées. Du moins pas au sens stricte du terme. Pour le reste il verrait bien sur place.
il nota dans un coin de sa tête toutes les indications que le professeur donnait. Ils ne devaient pas faire usage de leur pouvoir - Blake ne comptait pas s'en servir!
Ils devaient se comporter correctement, Blake n'avait pas l'intention d'aller à Paris pour se prendre une grosse cuite.
Ils devaient être irréprochables, Blake n'avait rien à se reprocher.

C'était plutôt un bon début.
Finalement deux autres personnes firent leur apparition. D'abord une jeune homme au crâne rasé. Blake l'avait déjà croisé et remarqué dans l'institut mais les deux garçons n'avaient pas encore discutés. Du moins Blake n'avait pas osé parlé avec ce jeune homme qu'il trouvait charmant.

* Oh mince et si on se retrouve côte à côte dans l'avion. *

Finalement il repondit assez maladroitement au bonjour de ce dernier. Mais visiblement Juan avait mieux à faire. il semblait taquiner l'une des jeunes filles qui se trouvait avec son copain.

* Aoutch Juan 1- Blake 0 *

Finalement leur comportement ressemblait à celui qu'il avait pu voir lors de son arrivée entre yamina et Alixtide. D'ailleurs il se demanda si l'un d'entre eux ferait parti du voyage. Avec une préférence cette fois pour Yamina. Il n'avait rien contre Alixtide mais se retrouver dans un endroit cloisonné avec lui ne lui disait rien de bon.

Finalement ce fut une jeune fille d'une douzaine d'année qui fit son entrée.

* Whouaw, ils les recrutent vraiment de bonne heure. *

Il restait assez impressionné qu'une aussi jeune fille prenne part au voyage avec eux. Finalement il se dit qu'il n'était pas au bout de ses surprises.

" Heu.. Juste pour savoir Madame Kofman, combien sommes nous en tout à partir? "

L'attente commençait à le stresser et une nouvelle question émergeait en lui. Supporterait-il le voyage en avion. Après tout, il n'avait jamais pris l'avion contrairement aux autres qui semblaient presque blasés.

Alixtide se pressa pour arriver au hangar, à la demande d'Esther. Mais pourquoi au juste ? Le Breton en tout cas avait une idée bien ancrée en tête : dire à Paul Van Paul ce qu'il pensait de son article, et lui intimer d'en publier un autre, exclusivement sur Alixtide Pitre cette fois. Pour le mutant, aller à Paris c'était se rendre dans LA capitale. Celle de la célébrité, de la renommée internationale. Bref il y allait pour affaires, pour les relations publiques.

Ainsi avait-il encombré son sac de diverses lotions lavantes, nettoyantes mais surtout parfumantes. Il avait pris des chemises soigneusement propres. Seuls les sous vêtements restaient ceux de "tous les jours", c'est à dire de tout le temps.

Il arriva donc en pantalon beige en velour, en chemise blanche et en veste noire de gala. A la poche était suspendu une petite rose en carton, servant d'ordinaire à désodoriser les véhicules.

Alixtide s'était copieusement aspergé de déodorant et de parfums, et avait fait un visible effort pour se laver le visage, les mains et le cou. Il grattait sa peau douloureuse quand il arriva sur les lieux, sac sur le dos.

Son regard se porta d'abord sur le mégot de cigarette de l'ethnopsychologue névrosée. Elle semblait déprimée comme toujours, et cela déplaisait fortement à Alixtide. Il vit Lucas, son ex-chef qui se croyait le plus fort et avait tenté, à chaque mission, de faire passer Gargoyle pour un moins que rien stupide...

"Sulat Calus... heu salut Culas !"

Dit-il avec un sourire hypocrite devant le joli couple Lucas Jade. Son regard esquiva Gilles, un garçon ordinaire qui était d'une très grande fadeur à côté de ... Blacke. Que faisait-il ici le nouveau ?? Alixtide se mit bien sûr à ses côtés. N'était-il pas en quelque sorte son chapon ?? Alixtide s'adossa contre le mur dans la même position que Blacke. Il dut donc pour cela retirer son sac à dos. Cette manoeuvre lui permettait d'être près de Madame Kofman.

Quand elle évoqua la nature de la sortie, Alixtide bomba fièrement le torse. Faire bonne impression, c'est ce qu'il savait faire de mieux.

*Une soirée avec le porfesseur Jacrob !!*

Son regard s'illumina. Il avait bien fait de prendre son costume de gala. Aux dernières paroles d'Esther, Alixtide crut bon d'ajouter de sa voix la plus mielleuse :

"Moi j'ai déjà été à la Commission spéciale de l'élection du Persident de la République des Etats-Unis, je voudrais dire. Avec Madame Fouba. Il fallait être des exemplaires, on ne pouvait pas faire maurvaise impression. C'était bien. On a pu parler aux membres supérieurs de la Commission."

Il fit un clin d'œil à Kitty. La présence de Carrie l'intriguait.

*Elle va au CIAM, c'est sûr. Elle emmène sûrement Culas...*

Pensa-t-il très fort, guettant avec intérêt la réponse d'Esther à la question de Blacke sur les effectifs...

Yanis avait accepté la proposition de Carrie pour des raisons plutôt égocentriques. C'était avant tout sa propre sécurité qu'il avait en tête, et ce n'était pas en se tournant les pouces qu'il l'assurerait. Faire partie de l'équipe lui permettrait de s'informer de l'actualité mutante, et de se prémunir du mieux qu'il pourrait contre elle.
Le professeur lui avait fait une impression positive. Elle semblait simple, directe, franche et droite. Des qualité de transparence qui laissaient l'esprit libre de se noyer sous d'autres conjectures... En clair, elle semblait fiable. Bien sûr, il en faudrait plus pour gagner la confiance du méfiant jeune homme. Il était d'ailleurs curieux de voir le "devoir de justice" à l'oeuvre. C'était un concept vague qui ne demandait qu'à être appliqué dans le monde réel. Mais plus que la justice, c'était les moyens par lesquels elle était appliquée qui intéressaient l'Algérien. Bien des groupuscules terroristes se revendiquaient bras armé de la justice. Où était la différence ? Quelle ligne de démarcation Carrie avait-elle tracé pour ses élèves ? Et de quelle trempe étaient-ils ?

C'était ce qu'il allait découvrir, du moins lorsqu'il aurait trouvé le hangar. Yanis s'était en effet perdu dans le dédale de l'Institut. Le professeur russe lui avait fait le tour du propriétaire des parties communes, mais le nano-mutant eut un peu de mal à trouver son chemin au sous-sol. Il visita donc méthodiquement les parages, afin de repérer les lieux, et finit par tomber sur une salle qui correspondait à la description du mot "hangar". Il y avait des véhicules, du matériel... et deux appareils. Il les détailla rapidement de son regard scrutateur. L'un semblait plus récent que l'autre, mais ils paraissaient tous deux bien entretenus et fonctionnels, il ne s'agissait sûrement pas là de la collection de petites voitures du directeur, conclut-il. Levant les yeux au plafond, il remarqua qu'il pouvait coulisser, comme une sorte de trappe. Une rapide transposition dans l'espace lui confirma qu'ils devaient se trouver sous le terrain de basket. Décidément, rien n'était fait au hasard dans cette école, ce qui lui confirma la nature réfléchie de ses dirigeants.

Pas mal de monde était présent. Scannant l'assemblée, il ne reconnut que Carrie et Gilles. Il y avait une autre adulte, sûrement la fameuse Esther Kofman qu'elle avait mentionnée. Le reste du groupe était composé de gens de son âge, dont une adolescente particulièrement jeune et chétive. Son regard factuel s'attarda sur elle : visage toujours pourvu des rondeurs de l'enfance, une taille et une corpulence relativement petites pour une adolescente. Carrie avait parlé de la tendance de l'Institut à attirer les ennuis, était-ce bien raisonnable d'emmener une enfant ? En cas de problème, elle deviendrait sûrement un fardeau, à moins que son pouvoir ne pallie sa condition de façon exceptionnelle, ce qui n'était pas exclu.
Yanis détailla les élèves près de Marcin. Les brebis autour de leur bergère. Ce serait sûrement au garçon du jardin et lui de veiller sur les filles en cas de pépin. Le jeune homme préférait se préparer à cette éventualité. Il n'en serait que plus opérationnel si quelque chose venait à arriver.

Une odeur âcre planait dans l'atmosphère. La logique aurait voulu que l'odeur de carburants et autres huiles prédomine ici, mais une sorte de puanteur fleurie régnait là. Il n'aurait su définir d'où cela provenait.

Le taciturne mutant se contenta de se placer derrière Carrie et ses élèves, les bras croisés. Il était toujours vêtu de son T-shirt de la veille, son jean troué, et ses sandales spartiates. La seule différence était qu'il portait maintenant un bonnet, et un sac en bandoulière. Profitant d'une brève accalmie dehors, il était en effet sorti acheter des produits de première nécessité, après avoir accepté l'offre de l'avocate. Produits d'hygiène principalement. Il avait minutieusement calculé la dépense de l'argent alloué par Benkacem à son départ d'Algérie, et avait consenti à s'acheter un jean, deux T-shirts et quelques sous-vêtements de rechange, qu'il avait soigneusement rangé dans sa besace pour optimiser l'espace de rangement. Il avait également reçu une sorte de tenue de sport, dite tenue "de combat" par les professeurs. Il ne l'avait pas dépliée ni essayée, il aurait perdu de la place dans son sac. Il avait juste noté qu'elle était de couleur bleue. Encore et toujours ce bleu qui lui collait littéralement à la peau. Ainsi l'avait-il simplement glissée avec le reste de ses maigres affaires.

Observant les autres derrière son silence, il écouta ce qui se disait dans l'espoir d'obtenir de plus amples informations sur la suite des événements.

"L'Europe c'est de l'autre côté de l'Atlantique, Juan. Pour le reste, je dois admettre n'être guère plus avancée que vous..." répliqua machinalement Esther. A l'exception de quelques colloques soporifiques où elle n'avait jamais fait plus que quelques mètres à l'extérieur de son hôtel - pour s'adonner à son vice favori - l'israélienne n'avait pas voyagé. Au fond, à part les États-Unis et son pays natal, elle ne connaissait la planète que par les livres...

Elle écouta l'anecdote du breton odorant d'un air distrait, opinant machinalement du chef à ses paroles. Ainsi, elle espérait bien qu'il verrait dans son attitude une marque de confiance, là où, au fond, ce n'était que du désintérêt... Esther adorait Alixtide. Mais la simple idée de passer du temps en avion avec lui l'épuisait par avance... Aussi, il fallait qu'elle se ménage.

Les élèves arrivaient au fur et à mesure... Visiblement l'enthousiasme était de mise. Ils allaient passer un bon séjour. C'est ce qui devait se produire. Inéluctablement. Pour le plaisir et le bonheur de toutes et tous. Non ?

La question de Jade la ramena à la réalité. Ils étaient mutants. Et pas forcément appréciés du plus grand nombre.

"Je ne sais pas, Jade. John Jacob veut que je les rencontre. Nous aviserons sur place. Bien entendu, si nous pouvons les aider en leur donnant des informations, je pense qu'il est de notre devoir de le faire. Mais là n'est pas le but de ce voyage..."

Aleph allait répondre à la jeune Abaigh qu'il restait encore à attendre Yanis... Quand elle remarqua la présence du garçon. Elle fronça du sourcil : l'israélienne ne savait pas trop sur quel pied danser avec Cobalt. Sa mutation avait quelque chose de... déstabilisant.

Néanmoins, ils étaient complets.

"Bon on charge les affaires et direction l'aéroport, mes enfants !"

Le "Mes enfants" lui avait échappé. Deviendrait-elle sensible ?

"Nous serons 11, Monsieur Stone."

Carrie regarda sa montre et attendit tranquillement que tous les élèves arrivent. Bientôt il ne manqua plus que Yanis, qu'elle vit arriver rapidement. Elle salua ses élèves d'un léger sourire. Il était temps qu'ils partent. Ils devaient arriver au moins quelques heures avant le départ de leur avion et à la quantité qu'ils étaient, il allait y avoir des pépins. C'était inévitable. Lorsqu'Esther annonça enfin leur départ, elle s'avança vers la fourgonnette et ouvrit le coffre. Elle chargea en silence les bagages des élèves et s'avança vers Esther à qui elle tendit une main, paume vers le haut.

"Je conduis."

Elle prit les clés et marcha vers la porte conducteur. Ses talons claquant sur le sol, elle prit place derrière le volant de la fourgonette 15 passagers. Elle ouvrit les fenêtres un petit peu en prévision de la présence de Monsieur Pitre dans un endroit clos. Elle savait qu'il ne faisait pas très beau dehors, mais mieux valait la pluie que l'asphixie. Carrie mit le contact et attendit que tout le monde soit installé et attaché avant d'entamer le trajet vers l'aéroport. À la première lumière rouge, Carrie ouvrit la radio de la voiture pour essayer d'enterrer les jacassements, du moins pour ses oreilles. Mais elle ferma rapidement la musique en ce rendant compte du brouhaha qui y passait. Quelle horreur, la musique des jeunes de nos jours...

"Je sens que le voyage sera très long..." murmura Carrie, se résignant à supporter les papotages des élèves.