Event: Reprise de conscience

Foyer

Carrie s'était empressé de venir porter Paolo dans le salon suite à sa chute. Elle n'avait pas vraiment vérifié son état lorsqu'elle le transportait, mais il devait sans doute voir des étoiles. Elle l'étendit sur le divan et le laissa seul quelques minutes. Elle se rendit le plus vite qu'elle le put jusqu'à son bureau où elle trouva un contenant d'aspirines. Elle revint auprès de Paolo avec les comprimés et un grand verre d'eau dans la main. Elle déposa le tout sur la petite table en face du divan où elle avait installé son collègue et se cala dans le fauteuil tout près en attendant. Elle enleva ses sandales et ramena ses jambes sous elle.

La femme déposa son coude sur le fauteuil et laissa sa tête tomber dans sa main. Elle repensa à son expérience d'adolescente: la danse, le coeur qui battait comme si il voulait lui sortir de la poitrine, les papillons dans le ventre, son envie de cajoler une immense peluche, son esprit embrouillé qui s'était complètement vidé pour s'emplir que de sa présence...De son beau visage, de sa bouche, sa machoire, de ses yeux qui l'avaient capturés.

Woah!

Carrie se redressa rapidement. Elle regarda autour d'elle, évitant soigneusement de tomber sur Paolo. Elle ferma les yeux et secoua la tête vivement. À quoi pensait-elle? Qu'est-ce qu'elle espèrait au juste? Rien! Elle ne devait rien penser, rien espèrer. Elle se redressa, gardant toutefois ses jambes sous elle comme une petite fille assise près d'un feu de camp. Elle leva la tête haute et soupira. Elle passa une main sur ses cheveux coiffés et se frotta les yeux, à la fois avec fatigue, mais aussi avec une certaine appréhension. Si elle retombait en adolescence pour lui, elle retomberait dans tout ce qui lui avait fait tant de peine lorsqu'elle était jeune et qui l'avait poussé à sauter cette période de la vie.

D'un autre côté...Elle ne désirait pas finir comme sa Tante Emma, seule avec ses chats. Elle fit lentement glisser son regard vers le professeur et grimaca.

Foyer (EVENT)

Le choc...

Comme si on lui avait passé la tête au lave-linge en mode essorage, ou comme si on avait fait un Home Run avec son cerveau. Il n'avait pas eu le temps d'amortir sa chute avec les bras, trop occupé à ne pas entraîner sa cavalière dans sa chute. Tout s'était passé si vite...

Il avait terminé dans la brume, se sentant vaguement emmené hors de la fête mais incapable de mettre en ordre ses idées. Il avait mal au crâne et l'impression qu'on lui envoyait une décharge dans le cou toutes les 2 secondes. Il réussit à revoir progressivement ce qu'il s'était passé : la danse, comme dans un rêve, une bousculade, Carrie, son invraisemblable acrobatie, se sacrifiant dans un geste chevaleresque, le choc... et le vide.

Ce fut le résultat de ses premiers efforts. Il lui en fallut d'autres pour réussir à ouvrir les yeux. Grognant alors qu'il prenait la mesure du contre-coup de sa chute, Paolo commença à ouvrir les yeux, ayant d'abord du mal à faire la mise au point, il distingua de manière floue la pièce où il était : le salon. Il monta lentement sa main au niveau de sa tête, sentit une bosse douloureuse et se massa doucement la nuque. C'est alors qu'il balaya la salle des yeux.

Elle était là.

Il en oublia presque la douleur. Ce fut comme une bouffée de douceur. Il avait pensé à l'infirmerie, s'était demandé qui l'avait transporté ainsi, peut-être Vadim, dont la vue n'aurait certainement pas été aussi agréable et aurait donné lieu à des question comme "suis-je mort et en enfer ?"...

Le rêve continuait...

Il resta figé, la regardant comme on regarde un ciel étoilé. Un léger sourire vint naturellement à ses lèvres alors qu'il s'avouait être un homme chanceux de revenir à lui en présence d'un ange. Mais la douleur le rattrapa et il eut l'impression qu'on lui enfonçait un couteau derrière la tête. Il grogna de nouveau en plissant les yeux.

La douleur calmée pour un temps, il releva les yeux vers sa collègue. Fallait-il rompre le silence ? Risquer d'effrayer l'oiseau posé si près de lui et gâcher cet instant ? Il se souvint de leurs mains jointes et de son visage si proche. Carrie Marcin est une femme forte et pourtant il aurait voulut la prendre dans ses bras et lui servir de bouclier contre tout ce qui pouvait lui arriver de mauvais. Pas parce qu'il se croyait plus fort mais parce qu'il se serait sacrifié pour qu'il ne lui arrive rien.

Cela arriva comme une évidence. Et Paolo n'était pas du genre à se poser des questions là où il n'y en avait pas besoin. Cette danse avait été une révélation. Il savait que Carrie s'était forgée une coquille pour se protéger, mais il ne se doutait pas qu'elle l'aurait entrouverte ce soir et qu'il aurait été envoûté par ce qu'elle protégeait.

- J'aurais donné n'importe quoi pour que cette danse n'en finisse pas... furent les mots qu'il finit par prononcer.

Elle était si près et pourtant si loin. Il aurait tellement voulut pouvoir plonger son regard dans le sien. Ca ne pouvait pas s'arrêter ainsi...

D'autres efforts.

Il essaya de se lever. Peu importait du moment qu'il s'approchait un peu d'elle. Ce fut un effort presque surhumain, aucun pouvoir ne pouvait l'aider dans cette épreuve de volonté, et il le voulait de toutes ses forces. Mais alors qu'il essayait de se dresser sur ses jambes, le sol se déroba sous lui et il posa un genou à terre juste devant le fauteuil où elle était assise. Il leva son visage et croisa le regard de Carrie. Son coeur se mit à battre la chamade, ses jambes tremblaient mais pas de vertige.

Paolo se sentait terriblement stupide en cet instant. Et le pire c'est qu'elle pensait qu'il voulait "juste" danser encore. Mais les mots de sa collègue n'étaient pas tombés dans l'oreille d'un sourd. Alors qu'elle l'aidait à se relever, il répondit :

- Je vous réserve donc ma prochaine danse...

Un petit sourire se dessina se transformant rapidement en rictus d'effort pour se relever, comme un enfant que l'on aide à tenir debout pour ses premiers pas. Mais il ne se serait pas permis de regretter ce contact avec elle. Puis elle le regarda... Etait-ce le choc qui lui faisait de nouveau voir des étoiles ou ...? Il devait avoir l'air stupide, les yeux d'une truite sur l'étale du poissonnier et la bouche bêtement entrouverte. Mais il était incapable de bouger. Son regard glissa lentement des yeux de l'avocate, caressant ses joues et effleurant ses lèvres quand elle tourna la tête pour l'entrainer vers le divan.

Il se serait presque cru comme un enfant, fraichement évadé de son parc et que l'on y remettait. Frustré d'avoir été si loin pour être ramené à la case départ, sauf que cette fois-ci... elle s'installa près de lui. Elle lui tendit des cachets et un verre d'eau qu'il avait vaguement aperçu sans les voir vraiment, trop absorbé par la présence de sa collègue.

Une once de scrupules s'éveilla.
* Comment peux-tu te laisser embarquer ainsi ? Tu sais bien que ça ne risque que de rendre les choses plus difficiles ! Vous prenez tous les deux des risques constamment, comment crois-tu que tu vas supporter la prochaine mission ? *
Et pourtant il les balaya rapidement.

Paolo prit délicatement les cachets, lorsqu'il vint pour attraper le verre, il assura sa prise mais ses doigts frôlèrent la main de Carrie, lui rappelant le frisson de la danse où leurs mains étaient jointes. Il se perdit un instant dans ses yeux puis mit les cachets en bouche et, montrant son profil, avala le verre d'eau, tendant son cou, sa pomme d'adam bougeant à chaque déglutition.

- Merci... souffla-t-il en baissant le verre.

Il aurait aimé lui dire que ce dont il avait besoin ce n'était pas tant de l'aspirine que sa main sur sa joue, mais ce n'était probablement le moment. Il n'avait jamais été si chamboulé. Paolo jouait un rôle, confiant, sûr de lui... mais il n'avait encore jamais passé le pas. Peut-être par malchance, peut-être par manque de lucidité, mais il n'avait jamais été... "avec" quelqu'un. En cet instant, il était partagé entre la passion et la terreur.

Il baissa sa main libre sans regarder. Elle caressa la jambe de la professeure. Tournant la tête rapidement et retirant sa main vivement, il s'exclama, le visage désemparé :

- Pardon ! Je... c'était pas...

Pas voulut ?! Si il le voulait et son corps avait peut-être parlé pour lui inconsciemment. Et dans le court instant où sa main avait effleuré sa jambe, un frisson l'avait parcouru comme une décharge d'adrénaline. Il plongeait son regard sombre dans celui de sa collègue, inquiet de sa réaction, perdu comme un enfant après une maladresse, craignant la sanction d'un accident.

Il ne put retenir son regard de glisser de nouveau. Ses lèvres fines... une partie de lui se demandait quel goût elles auraient. Son coeur battait à tout rompre.

Carrie était étonnée qu'autant de maladresse puisse provenir d'un corps adulte. Et elle ne parlait pas là de Paolo qui ne donnait pas sa part de maladresse, mais de ses réactions intuitives à chaque fois qu'elle le sentait la toucher ou lui parler. Elle parlait des mots ridicules qu'elle prononçait, des sourires timides qu'elle ne pouvait réprimer, ses frissons et des tremblements de son corps. L'avocate avait bien vu la réaction de Paolo lorsqu'elle lui avait dit de ne pas danser tout de suite. Il pensait qu'elle était idiote. Et elle l'était sans doute...La jeune femme soupira de soulagement légèrement lorsqu'il lui offrit de lui réserver la prochaine danse. Elle voulut répondre à son sourire, mais lorsqu'elle vit la douleur sur son visage, elle ne réussit pas, trop inquiète.

"La prochaine...Je ne crois pas que vous soyez en état de danser ce soir, Monsieur Santero."

Elle sentit à nouveau les doigts de Paolo frôler la main. Contrairement à la première fois, sur la piste de danse, elle ne se figea pas et ne retira pas sa main rapidement. Après tout, c'était normal que leurs mains se frôlent si il prenait le verre qu'elle tenait et en plus le contact était loin de lui déplaire. Carrie regarda Paolo vider son verre d'eau et ingérer les cachets avec satisfaction. Voila. Il se sentirait mieux après. Et c'était le plus important dans tout cela. Il aurait toujours le feeling "lendemain de veille" mais il serait sans doute capable de faire sa journée sans trop de problèmes. Elle sourit avec satisfaction devant son diagnostic. L'avocate lui prit le verre des main pour le déposer lentement sur la table basse.

"Vous vous sentirez mieux maintenant..."

Elle continuait toujours son mouvement pour déposer le verre sur la table lorsqu'elle sentit quelque chose toucher sa jambe. Elle sursauta sur le coup, pensant que...Elle ne savait pas trop ce qu'elle pensait en fait. C'était surtout une question de réflexes. Carrie se tourna rapidement vers Paolo, le regardant avec surprise. Peut-être aurait-il une réponse...Lorsqu'elle le fit se fondre en excuses, disant qu'il n'avait pas fait exprès, elle le regarda, impassible. Elle regarda la main qui l'avait caressé inconsciemment avec un air glacial.

"Ce n'est rien."

En quelques secondes, elle s'était redressée très droite et regardait Paolo avec un regard froid, comme elle le faisait avec ses élèves. Puis, elle détourna le regard.
Carrie s'en voulut horriblement d'avoir réagit ainsi. Après tout, il s'était cogné la tête. Elle se doutait bien qu'il n'aurait pas fait exprès. Ce n'était pas comme au cours de la dernière soirée costumée lorsque Georgia lui avait délibérément touché la poitrine...Elle resta quelques secondes immobile, se retenant de prendre sa tête dans ses mains, ou de la fracasser contre la table basse. Elle prit une grande respiration et regarda Paolo avec un regard plutôt bouleversé. Elle souffla:

"Pardonnez ma réaction. Elle était démesurée face cet accident."

C'était la douche froide...

Le regard qu'elle lui avait adressé l'avait transpercé sur place. Il s'attendait déjà à un explosion quand elle répondit "Ce n'est rien" d'un ton glacial. Mais il fallait être aveugle pour voir que ce contact imprévu avait eu l'effet d'un électrochoc et qu'elle était passée sur la défensive, comme s'il s'apprêtait à lui sauter dessus.

Sur le coup, il voyait presque déjà la suite. Elle se lèverait et partirait, jetant un regard noir sur le goujat qu'il était. Et pourtant c'était totalement involontaire ! Mais il commençait déjà à maudire ce destin qui voulait qu'à chaque fois il fallait que quelque chose rompe le charme, que même ici et avec elle il fallait qu'une telle maladresse arrive.

Et là il fut arrêté dans son mélodrame. Carrie lui jeta un regard tellement désespéré... Elle se sentait coupable ?! De quoi ?! Il ne put retenir une exclamation :

- Pardonner quoi ?! C'est moi qui ne fait rien correctement ce soir... j'ai gâché ce moment...

Il poussa un soupir à fendre l'âme avant de continuer :

- J'ai tout gâché... Je passe un si bon moment avec vous, mais à chaque fois il faut que je ruine tout... vous êtes parfaite, je suis nul...

Paolo regardait devant lui, à ses pieds, les yeux dans le vide. Il semblait si triste, perdu. Comment en était-il arrivé là ? Elle était plutôt joyeuse, avait même fait un trait d'humour... et il s'était passé quelque chose... un peu de magie sans doute. Et voilà qu'ils étaient là tous les deux, prenant chacun son tour le fardeau de ce fiasco.

- Vous devriez passer du bon temps ce soir, je... j'aurais juste aimé y être pour quelque chose...

Cela venait du fond du coeur et ça se sentait. Le géologue se sentait pris à la gorge, il mourrait d'envie de sentir de nouveau le contact de sa peau et pourtant, peut-être en guise de punition, il se forcerait à la laisser aller pour qu'elle ne gâche pas totalement sa soirée.

"Ay ! Vous voilà enfin !"

La voix familière de M. Pollender se fit entendre provenant de l'encadrement de la porte. Quelque part, on pouvait presque entendre le bruit d'une corde à violon qui cassait au milieu de son beau solo. Visiblement, Luther avait l'air inquiet.

"J'té inquiet pour M. Santero là... Yavait pas l'air d'être ben d'aplomb après être tombé, faque j'ai checké un peu partout. Chu même rendu à l'infirmerie ! Enfin... ça a l'air d'être okay là..."

Il se mit alors à sourire.

"Oye ! Et sinon, vous avez manqué Chris qui s'est obstiné avec Heike là... Yont failli se battre sur le sol là, mais on a réussi à les séparer. Moi j'dis, y sont ben poche des fois. Y savent pantoute pas faire la fête."

Visiblement, il avait décidé de prendre racine.

La première exclamation ne le sortit pas de sa réflexion. Le latino s'en voulait, bêtement, mais sa chute avait tout gâché, ils étaient si bien, Carie semblait s'amuser et... lui aussi. Et la voir ainsi à son chevet... même si cela lui mettait du baume au coeur, il se disait qu'elle aurait peut-être continué de s'amuser si elle n'était pas là avec lui... foutaises probablement mais il ne pouvait penser autrement. La seconde phrase le tira du cauchemar.

Elle l'avait appelé par son prénom !
C'était très certainement la première fois, tout du moins cela lui semblait tout comme. Et le ton employé tranchait tellement en comparaison du regard tendre qu'il croisa en relevant la tête. Ainsi, elle avait passé du bon temps avec lui. Sa pudeur et la peur de gâcher encore ce moment l'empêcha de dire une fois de plus qu'il avait apprécié également.

Elle fit de nouveau un trait d'humour, son sourire et la petite étoile qui brillait dans ses yeux était tellement craquants...

Il s'apprêtait à répondre lorsque son élève arriva. Paolo ne savait pas qu'il s'agissait là du coupable, et d'entendre l'inquiétude qu'avait eu Luther lui arracha un sourcil dubitatif. Regardant de nouveau Carie, il lui souffla, un éclat de rire au coin des lèvres :

- Je comprend mieux l'histoire du cirques... la ménagerie est entrée en commençait par les pachydermes...

Le seul avantage à cette interruption fut qu'elle avait rompu le cercle vicieux dans lequel ils s'étaient lancé. La bonne humeur semblait plus de mise en cet instant.

Au vu de la réaction de Carrie, Luther haussa un sourcil et se campa sur ses pieds, visiblement outré du commentaire de Carrie. Il s'emporta alors contre elle.

"Heye ! Non mais ça se peut-tu de me parler comme ça ? Faque je dérange, c'est ça ? Elle est donc ben plate c'te party là, y'a du monde qui s'obstine à cruiser ! Y'a pantoute pas de monde dans la foyer, sont tous partis placoter ou se faire des bécosses, c'est poche en maudit c't'affaire là."

Visiblement, il était très agacé. Peut-être plus trop contre Carrie, mais vu qu'il était parti, il vidait son sac.

"Et je gage que mon numéro, y me fait passer pour un agace ? Je fais du sport, et chu content du résultat, faque j'ai pas de trouble à le montrer, c'pas pour ça que je vas non plus me coucher avec le premier chum venu là.

Mais c'te party là... à part des chialeux et des bécosses, y'a donc pantoute pas de gens qui veulent juste s'amuser ?"

- Je suis effectivement touché de votre sollicitude monsieur Pollender... sincèrement !

Ses pensées étaient encore parfois un peu floues, il avait du mal à les ordonner. Une bagarre... cela arrive souvent dans les fêtes, certes plutôt à cause de l'alcool en général mais certains esprits échauffés autrement que par l'ivresse peuvent aussi se livrer à ce genre de débordements. Et Paolo connaissait suffisamment Chris pour savoir qu'il pouvait facilement s'attirer les foudre des autres... paratonnerre était une seconde nature chez lui... Le professeur réprima un sourire à cette pensée que l'intéressé n'aurait surement pas apprécié.

Paolo contempla sa collègue lorsque ajusta sa robe et ses cheveux et se surpris à s'interroger sur le parfum qu'il pourrait y sentir si elle se blottissait contre lui. N'étant pas du genre à bloquer son imaginaire, il en retira juste un satisfaction certaine en y pensant.

* Là où il y a de la gêne, il y a des contraintes... *

Le geste de Carrie inquiéta Paolo lorsqu'il vit qu'elle se massait les tempes. Avait-elle mal à la tête ? Probablement... Il fallait agir.

Lorsqu'elle lui demanda s'il pouvait retourner à la fête, il lui sourit simplement et se leva doucement pour éviter le vertige d'il y a peu. Une fois sur ses jambes, il répondit :

- Puisque monsieur Pollender trouve qu'il n'y a plus d'ambiance dans la salle, je pense qu'il est grand temps que nous y retournions pour relever le niveau d'amusement. Par contre, excusez-moi d'avance si j'évite encore un peu les chorégraphies trop gesticulatoires... mais ne vous en faites pas je ferai plus que de seulement bouger mon index en rythme.

Se dirigeant vers la porte en invitant l'avocate d'un geste très élégant, il se tourna vers l'élève en disant :

- Ne vous en faites pas pour votre numéro, je vous aurais bien imité mais j'ai peur de mettre le feu à l'institut.

Le visage du géologue traduisit soudain sa réflexion. Il avait une idée en tête, c'était évident, mais quoi ?! Il se tourna vers Carrie avec le même sourire simple et vrai qu'il s'était découvert avec elle pour lui dire :

- Surtout ne manquez pas le clou du spectacle ! J'espère que ça vous plaira... dit-il, terminant en mimant une fermeture éclair sur sa bouche en signe qu'il ne dirait rien de plus.

Carrie regarda Luther avec un visage neutre et lorsqu'il eut fini sa complainte, elle ferma les yeux quelques secondes. Elle n'avait pas besoin d'un élève qui fait des siennes...Elle avait assez de ses problèmes, de ses interrogations et de son coeur qui battait si fort qu'elle ne s'entendait pas penser. Elle jura intérieurement contre son cœur qui l’empêchait de voir claire, de mettre de l’ordre dans ses idées. Mais bon, qui peut contrôler un cœur ? Elle ouvrit les yeux et les déposa sur Luther. Elle se demandait bien pourquoi il avait grimpé aux rideaux de cette façon. Bien sur, elle s’était mal exprimée. Mais avec une migraine grosse comme le Mont Rushmore, ce n’était pas facile non plus de choisir ses mots de façon à plaire tout le monde. Peut-être avait-il cherché quelqu'un à qui le dire et c'était tombé sur elle. Pas dans le curriculum, mais partie intégrante du rôle de professeur.

« Ne dites pas de sottises Monsieur Pollender. Votre spectacle était proprement renversant. Je me suis même étouffée avec mon gâteau lorsque je l'ai vu. »

Luther parla de sports et de son corps elle approuvant d'un signe de tête bref et sec. L'avocate aussi savait ce que c'était de faire beaucoup de sport et être fière du résultat. Elle en faisait depuis assez longtemps pour savoir. Mais bon, elle ne se mettrait jamais à nu devant une foule…Dans tous les sens du terme. Elle s'approcha de son élève et lui dit;

« Je voudrais quand même souligner que c'est une très bonne chose que vous montriez qu'un mutant peut... donner de sa personne... sans pour autant faire un étalage massif de ses pouvoirs. Et vous féliciter pour votre condition physique remarquable. Je souhaite que votre prestation encourage plusieurs élèves à suivre les cours d'éducation physique avec plus d'assiduité. »

Carrie dirigea alors son attention sur Paolo qui se leva. Elle voulu s'assurer qu'il était capable de tenir debout. Lorsqu’elle vit qu’il tenait plutôt solidement sur ses pieds, elle se retint d’avancer vers lui pour lui donner un coup de main. Elle soupira imperceptiblement, mais resta quand même sur ses gardes. Il l’invita à revenir aux festivités et Carrie lui répondit d’un léger sourire en avançant vers son collègue. Bouger son index en rythme. C’était plutôt tentant… Elle n’avait pas envie le moins du monde d’aller danser sur la piste de danse, personnellement. Mais bon…Elle suivrait Paolo où il l’emmènerait. Ou Luther…si c’était lui qui menait le bal. Elle eut un petit – presque inexistant – rire lorsqu’elle entendit le commentaire de Paolo sur son numéro. Mettre le feu à l’Institut…Oui en effet, c’était un risque probable compte tenu du pouvoir qu’il possédait.C’était vrai ! Elle s’en souvenait maintenant…Le professeur Santero faisait un numéro lui aussi. Et le professeur Zachary aussi, si sa mémoire ne lui faisait pas défaut.

« Je suis curieuse de voir ce que vous nous réservez, Monsieur Santero. Je ne peux m’imaginer ce à quoi il ressemblera. »

Carrie fronça toutefois les sourcils lorsqu’elle vit la mine songeuse de Paolo. Elle essaya de déchiffrer en vain ce qu’il pouvait bien se passer dans son esprit. Peut-être n’y avait-il rien à comprendre. Elle lui renvoya son sourire simple et jeta un furtif coup d’œil aux lèvres de Paolo, maintenant fermée comme la fermeture éclaire qu’il venait de mimer. Elle se tourna vers Luther et lui fit signe de venir avec eux, doucement d’un mouvement de la tête. L’avocate ne sortit toutefois pas immédiatement. Elle remit en place une mèche qui ne cessait de lui retomber dans le visage en se jurant que la prochaine fois, elle la couperait.

Copyright Tom

Au vu de la remarque de Carrie, Luther resta un peu sonné, puis se prit à rire, en imaginant la scène de la redoutable Miss Marcin en train de s'étouffer avec un gateau...

Puis il resta plus ou moins abasourdi par son discours sur le sport, et pour une fois, ne sut pas trop quoi répondre à part :

"Ah... oh... cool. Je leur ferai faire des push-ups s'il faut..."

Puis il se tourna vers Santero, et ajouta, en le regardant d'un air faussement condescentant.

"J'y retourne. Mes fans m'appellent."

Naturellement, aucun fan ne l'appelait, mais cela ne l'empêcha pas de tourner les talons, et de rejoindre le foyer.

foyer.

Ils allaient sortir, Paolo avait renvoyé un sourire à Carrie au sujet de son spectacle. La réaction de Luther montrait bien le personnage haut en couleur qu'il était.

Ce fut alors Amarenna qui les arrêta. Que faisait-elle seule à se diriger vers le salon ? Envie d'être seule ?

- Mademoiselle Carpentier... tout va bien, n'est-ce pas ? Vous cherchiez quelqu'un ?

Il lança un regard vers Carrie comme un appel de détresse. Qu'est-ce qu'il devait faire ? Retourner à la fête ? Creuser un peu plus le mystère Carpentier ?

Carrie ne manqua pas de remarquer l'air étonné du jeune Luther. Elle eut un sourire et se dit que finalement, elle allait s'en sortir. Mais décidemment, elle ne sortirait pas du salon. Elle y était presque, elle avait presque franchi la porte avec Paolo lorsque la jeune Carpenter entra dans la pièce. L'avocate s'arrêta avec politesse, plus qu'autre chose. Son envie de quitter le salon l'étonnait elle-même, mais elle ne pouvait attendre de rejoindre les autres sur la piste de danse. Il lui réservait sa prochaine danse et elle mourrait d'envie de sentir le choc électrique qui traversait son corps à chaque fois qu'elle le touchait. Elle savait maintenant ce que les autres adolescents avaient ressentit en expérimentant les drogues...Paolo en était une. Elle suivit la jeune femme du regard et lui envoya un regard qui se voulait gentil:

"Bonsoir Mademoiselle Carpentier. Bonne soirée..."

La professeure se tourna en direction de la porte, mais s'arrêta en voyant que Paolo ne la suivait plus. Elle soupira très silencieusement et redirigea son attention vers la jeune femme et son collègue attentionné. Elle croisa le regard de ce dernier et y découvrit une détresse. Pourquoi était-il en détresse? Carrie interprêta le regard, pensant que lui aussi voulait partir et ne savait pas trop comment laisser la jeune femme. Elle s'approcha de lui et enroula lentement et avec une certaine rigidité son bras autour celui de Paolo. Elle envoya un petit sourire à Amarenna et dit:

"Besoin de calme,, surement. Une fête comme celle là peut monter à la tête."

Elle appuya légèrement sur le bras de Paolo et se tourna vers lui en réaction au commentaire de la jeune femme. Elle lui envoya un regard perçant et ajouta, sa voix plus douce:

"Une manque d'animation sur la scène? Je crois que vous êtes l'homme qu'il nous faut, Monsieur Santero?"

Carrie redirigea son regard vers Amarenna. Elle connaissait pas la raison de la venue de la jeune femme ici et ne se doutait pas que ses paroles puisse la blesser d'une quelconque façon, aussi son regard était simple et non froid comme à l'habitude:

"Prenez quelques minutes pour vous changer les idées. Mais n'oubliez pas de revenir pour la fête."

L'avocate entraina alors Paolo hors du salon en direction de la piste de danse pour avoir la danse promise par son collègue.

Dancefloor

- Alors soufflez un peu, c'est parfois bon de prendre un peu de distance par rapport à la foule surtout lorsque des esprits s'échauffent.

Ce fut quelque part soulagé que Paolo se laissa entrainé par sa collègue en direction du foyer, soulagé que la jeune femme n'ait besoin que de souffler un peu après une insatisfaction, moins par le fait qu'on lui parle de nouveau d'élèves se battant. Un dernier regard chaleureux vers Amarenna avant de disparaître, tiré par une Carrie Marcin qui ne voulait vraisemblablement pas s'éterniser ici.

Foyer Dancefloor