Isolement et camping de l'ermite serbe

Infirmerie Ruines chambres des garçons(ellipse narrative)



Iacobo frémit au contact du froid en sortant de l'Institut, s'enfonçant peu à peu dans la neige épaisse. Emmitouflé dans un manteau à la texture étrange pillé dans la chambre de son camarade mort Lyu et trainant un gigantesque sac en toile tant bien que mal, il s'approchait de la piscine qui paraissait avoir été nettoyée mais déjà quasiment recouverte.

Le petit Louis était mort écrasé par un pan de mur, c'était regrettable mais il pouvait être satisfait, la haut au Paradis des enfants ou en enfer ou même nulle part que son héritage n'atterrissait pas entre de mauvaises mains : le prostitué était parti faire un petit tour dans ce qu'il restait de sa chambre, escaladant les deux niveaux en ruine de l'aile des garçons pour trouver de quoi former son nouvel abri. A lui sa couette moelleuse et surtout la tente de camping encore intacte qu'il trouva à sa plus grand surprise.

Il longea le bord de la piscine jusqu'à l'orée d'un petit bosquet, jeta son baluchon et s'affaira à l'ouverture de la tente et le plantage de piquets qu'il enfonça faiblement dans la neige grâce à son pied. Très vite son nouvel habitat se mit en place : c'était une petite tente deux places grise et rouge sans prétention.

Spoiler:

Il rentra à l'intérieur : il faisait encore très froid. Il déplia une large couverture qu'il utilisa comme tapis pour se couper du contact direct avec le sol neigeux. Il sortit du sac une pile de livres récupérés dans la chambre de feu Michel dont il avait appris la mort une demi heure plus tôt : leur contenu d'un niveau intellectuel assez élevé surprit Iacobo ne soupçonnant pas une telle culture de la part de ce garçon qu'il considérait comme un brave type un peu benêt. Il lui avait aussi pris ses haltères qui lui seraient peut-être utiles dans les jours à venir.

Il fourra ses quelques vêtements retrouvés et ceux pillés dans un coin de la tente, plaça à son entrée deux statuettes asiatiques fort comiques aux yeux du serbe trouvés dans les ruines de la chambre de Lyu puis la ferma.

Fourrant sa main dans sa poche afin d'y retirer son paquet de cigarettes, il en alluma une tout en s'allongeant sur la couverture. Il se releva à moitié , ouvra un petit peu la fente pour laisser évacuer la fumée.

Il ne manquait qu'une bonne bouteille et un petit feu, peut être une peau de léopard pour se mettre dans l'ambiance mais elle n'était pas nécessaire.

Centre commercial (ellipse narrative) Ballade dans le jardin qui atterrit à la piscine

Joachim était revenu du supermarché avec son super manteau long, donc le super-pouvoir qui le rendait super, était tout simplement qu'il avait de longues poches. Chacune ayant la capacité de contenir de façon discrète environ une bouteille de vodka d'un litre. Plus aurait pu déchirer la poche et cela aurait été dommage. Ses économies avaient un peu sentit cet achat, son haleine pas trop encore, mais elle risquait de bien y gouter alors qu'il se baladait tranquillement dans le jardin à la recherche de quelque chose. Quelque chose d'intéressant, ce qui se traduisait souvent chez lui par inattendu et apparemment inintéressant. Cette chose se matérialisa près de la piscine par la présence d'une superbe tente de campeur amateur grise et rouge, il ne savait pas qui se trouvait dedans ni d'où elle sortait, mais cela ajoutait, il fallait le dire, grandement à l'intérêt de la chose.

Il s'approcha donc nonchalamment de la tente avec un air curieux et intrigué par l'objet. Faire du camping l'hiver était une idée particulière. Et il se doutait que ce devait être un garçon, et parmi eux, peu d'entre eux auraient eu une idée si saugrenue, surtout que tous s'amusaient diversement à se balader allègrement en jouant aux apprentis docteurs. Il se retrouva devant l'entrée. La légère fumée qui ressortait par certaines aérations lui faisait penser que soit l'élève était fumeur, soit il faisait un feu de camp, la dernière hypothèse pouvait paraître absurde, mais finalement rien que la tente était absurde. Finalement il n'entendait pas de bruit et ouvrit donc la toile qui servait d'entrée pour se retrouver nez-à-nez avec Iacobo.

"Oh ! Salut Iacobo ! Je... me demandais qui c'était... euh... je voulais pas déranger."

Il sourit de manière gênée et sortit pourtant de a manière la plus naturelle et discrète du monde une des deux bouteilles de ses poches et la montra bien en évidence pour quiconque se trouvant à l'intérieur de la tente et quasi-invisible pour quiconque d'extérieur.

"Ca te dérange si je m'installe avec toi ? Les apprentis docteur ne m'intéressent pas trop là..."

Il regardait son ex-collocataire avec un sourire confiant et pourtant si habituel.

La fameuse boutade chère aux élèves de l'Institut était donc vraie : on n'était jamais seul dans cette école, tous ces adolescents étaient donc des ogres de sociabilité, toujours prêts à pousser la discussion, se mêler, se toucher, s'agresser, se désirer peut-être même s'aimer.

Sa cigarette ne se laissait donc pas faire, elle appelait à l'aide un inconnu qui vint se présenter à sa porte, ou plutôt à sa toile d'entrée. Qui était donc assez taré pour franchir les épais murs de neige qui le séparaient de l'institut?

Il reconnut très vite la voix : son colocataire gothique et demi-alcoolique au teint si blême, on pouvait le croire pris du tifus à tout instant, portant sur son visage cet inquiétant sourire pervers qui présageait plus du pire que du meilleur aux personnes qui ne le connaissaient pas.

Il ouvrit à moitié la toile, passant sa tête au dehors.

"Tiens... Joe. Tu n'es pas mort? étonnant cela, je te croyais aux cotés du Petit Louis écrasé sous une baignoire"

Il vit le jeune homme sortir une agréable petite bouteille de vodka.

"Ha enfin quelqu'un qui me connait, tu tombes à pic et tu sers à quelque chose contrairement à tous ces petits crevards faussement infirmiers.Ils vont tous crever, je monterai un bordel sur les ruines de cet institut puis je me suiciderai, ça, c'est du plan !"

Il le fit entrer tout en refermant derrière lui, laissant à nouveau une légère ouverture. Il lui prit la bouteille tranquillement et scruta l'étiquetage.

"Oui, pas mal tu n'as pas pris le bas de gamme, et ça c'est un bon point, tu remontes dans mon estime manteau noir"

Il dévissa habilement le bouchon puis fit cogner la bouteille contre celle qu'il avait aperçu dans la poche de Joachim.

"A la santé du petit Louis, mort bravement au combat !"

La pensée qu'il avait bu juste avant l'assaut lui vint futilement à l'esprit, légitimant son grave alcoolisme par l'effort qu'il avait produit aujourd'hui, on ne grillait pas un Richard tous les jours.

-Je ne suis pas certain que ça ne peut plus recommencer, qu'ils ne se feront pas posséder leur esprit une nouvelle fois? Il faudrait...

Le message coupa. Les piles du communicateurs de Nan' étaient mortes et ça risquait de ne pas tarder pour les autres aussi...

Iacobo ne fit que peu attention aux messages diffusés sur son communicateur, se contentant seulement de retenir l'essentiel : Wind s'inquiétait comme d'habitude, Niko allait crever dans un commissariat et il le méritait et Nan était plongé dans une intense crise de paranoïa.


Plongé dans les méandres de son esprit tout en avalant une première gorgée de vodka qui lui réchauffa les entrailles, il synthétisa tous les événements récents tout en considérant le fait que les professeurs ne soient pas opérationnels.

Il sourit : il n'allait finalement pas se laisser aller dans son profond alcoolisme jusqu'à un coma relativement glauque dans sa tente. Non, l'occasion se présentait peut-être pour développer ses idées personnelles et ses ambitions non formulées. Il fallait au moins essayer car le plan l'excitait, beaucoup plus que la boisson.

Une forte tête tentait surement d'organiser l'institut, mais il lui en fallait une qu'il considérait comme véritablement intelligente : il ne vit que Georgia. Il lui fallait la trouver.

Il se leva soudainement, posa la bouteille à coté de Joachim et raffermit la position de son épais manteau volé.

"Je me serai bien déchiré mais j'ai finalement à faire, reste ici si tu le souhaites, ne vomis pas, ne t'évanouis pas ici, je veux que cela reste propre"

Il referma la porte en tissu derrière lui, le froid lui mordait la peau.

Dans l'Institut

[ Débris de la cuisine...]

Il faisait toujours aussi froid à l'extérieur, et elle le ressentit aussitôt. Ca ne l'empêcha pas de poursuivre plus avant dans la neige, quitte à ce qu'elle rechute... Dire qu'elle sortait à peine d'une crève, elle se dirigeait vers une nouvelle fièvre, sans doute, mais à cet instant-là, peu lui importait. C'aurait pu être vers n'importe quel autre endroit des jardins de l'institut, à vrai dire, elle n'avait pas vraiment pris garde à la direction que prenait ses pas, mais il s'avéra que ce fut vers la piscine. Elle voulait juste être... loin de la bâtisse délabrée, loin de tout ce qui stigmatisait l'attaque. C'était sans compter une masse sanguinolente qui gisait un peu plus loin et qui lui souleva une nouvelle fois le coeur. Elle s'éloigna rapidement, trébucha et se rattrapa tant bien que mal, histoire de ne pas s'étaler de tout son long dans la neige, et s'arrêta à quelques mètres d'une tente sortie d'elle ne savait trop où, et à vrai dire, à cet instant, elle s'en fichait. Elle se laissa tomber plus qu'elle ne s'assit réellement dans la neige, près de la piscine dont elle n'aurait pas su dire si elle était pleine et gelée ou vide bien que la seconde options eût pu sembler logique en plein hiver, et enfouit son visage entre ses genoux relevés, à défaut de pouvoir les ceindre de ses bras.

Elle avait voulu rester forte, devant les autres, pour ne pas inquiéter davantage ceux qui avaient besoin d'être rassurés, elle avait refusé de montrer à qui que ce soit à quel point elle aussi elle pouvait être perturbée par les événements de la journée. Mais là, maintenant qu'elle se retrouvait seule, elle laissa libre cours à sa propre peine. Elle avait mal, physiquement autant que moralement. Elle n'avait pas pu protéger ceux qui gisaient à présent dans la cuisine, elle n'avait pas eu la présence d'esprit nécessaire pour empêcher Chloé de créer ce désastre, pire encore, elle l'y avait encouragée. Elle n'avait rien pu empêcher, n'avait pas vraiment pu réparer grand chose à l'heure actuelle, et se sentait parfaitement inutile. Son pouvoir, si elle l'avait maîtrisé à un stade bien plus avancé, aurait pourtant peut-être pu sauver les vies de certains : n'y avait-il pas eu d'évoqué la création d'un bouclier sonore ? Non, tout ce qu'elle avait réussi à faire, c'était à vaguement déranger le professeur Fish qui les assaillait de toutes parts... Ses sanglots brisaient quelque peu le silence du jardin, mais elle doutait que qui que ce fût pût l'entendre. Voire même, elle espérait bien que personne, ici ne pût témoigner de sa faiblesse.

Les visages de ceux qu'elle avait vus morts, ou dont elle avait appris la mort se succédèrent dans son esprit, et elle ne put s'empêcher de murmurer, entre deux sanglots.

- C'est moi qui aurait dû être à leur place... Ils n'auraient pas dû mourir... Pas comme ça...

Elle n'eut pas la force d'ajouter les derniers mots qui lui traversèrent l'esprit : "pas à cause de moi".

C'était un euphémisme. Il y avait assez longtemps, en fait, qu'elle n'avait pas été aussi mal. Il y avait eu la mission à laquelle elle n'avait pas pris part, qui lui avait fait ressentir à quel point elle était pour l'heure inutile pour son équipe (et elle ne se sentait pas beaucoup mieux aujourd'hui), et il y avait eu la fugue de Wood, dont elle ne s'était jamais pardonnée. On aurait sans doute pu lui dire qu'elle n'y était pour rien, que c'était son choix à lui, qu'il était maître de ses actes, et c'était aussi ce qu'elle avait dû dire à sa cadette, à l'époque, pour la soulager... Ou était-ce ce que Riv lui avait dit à elle ? En tout état de cause, elle n'avait jamais vraiment adhéré à l'idée : si elle avait été capable d'aider son frère, il ne serait jamais parti. Et aujourd'hui, si elle avait eu un peu plus de jugeote et un peu plus de maîtrise, il y aurait eu moins de morts.

Elle entendit quelques pas avant qu'une boule de neige ne s'abatte sur son crâne, pourtant elle ne réagit pas tout de suite. Elle ne voulait pas montrer son visage, ravagé de larmes. Futile mesure pour paraître ce qu'elle n'était visiblement pas, ses sanglots l'avaient trahie depuis longtemps, et le discours de Joachim le confirma bientôt. Pourtant, son premier réflexe fut de sécher ses larmes, de se forcer, tant bien que mal, à cesser de sangloter lorsqu'elle se redressa. Il lui tendait la main, et la couleur de celle-ci la fit frissonner, comme si elle réalisait seulement à présent le froid ambiant. Il avait raison, évidemment : allonger la liste des morts n'arrangerait rien, et ferait de la peine au moins à Riv... A cet instant, elle ne voyait pas vraiment à qui d'autre elle aurait pu manquer réellement, mais on ne pouvait pas vraiment dire qu'elle était tout à fait objective. Pourtant, elle avait bien failli lui répondre quelque chose du genre "ça évitera peut-être de nouvelles catastrophes". Elle hocha seulement la tête, cependant. Le sourire de son camarade retombait, comme si lui non plus n'arrivait plus à garder le masque souriant qu'on lui connaissait d'habitude, tout comme elle n'arrivait pas à garder celui, neutre, qu'elle avait coutume de porter.

- Comme il vous plaira..., murmura-t-elle, pas vraiment pour lui, pas vraiment pour elle-même.

Les masques tombaient, donc, et elle n'arrivait pas à raccrocher le sien, malgré ses efforts. Des sanglots difficilement réprimés obstruaient toujours sa gorge, secouaient encore ses épaules, mais elle saisit cette main tendue, et suivit son propriétaire vers la tente.

Wind resta un moment interdite face à la réponse froide de Joachim. Ce qu'il disait était lourd de sens, simplement, elle n'y avait pas pensé, d'ailleurs, c'était une phrase qui avait passé ses lèvres par pur réflexe, sans qu'elle y réfléchisse le moins du monde, et elle n'était pas très sûre qu'elle lui fût réellement adressée. Elle murmura un vague "désolée", qui était pourtant sincère, contre toute attente. Elle n'avait pas voulu le blesser, elle n'arrivait juste plus à faire comme d'habitude : à réfléchir aux incidences que tout pouvait avoir sur les autres avant de penser à elle. Il y avait eu trop d'événements en peu de temps pour qu'elle parvienne à passer outre, et malgré ses habitudes - penser d'abord à autrui - occulter ses propres sentiments devenait particulièrement difficile aujourd'hui. Il y avait de quoi, sans doute, mais elle n'était pas habituée à ça, et réagissait un peu de travers... Ou peut-être était-ce seulement aujourd'hui qu'elle réagissait normalement ?

Elle ne tiqua même pas sur le rire étrange de son interlocuteur, ne chercha pas à le retenir lorsqu'il lâcha sa main devant la tente. Si ça n'avait tenu qu'à elle, elle aurait sans doute lâché cette main étrangère à peine relevée, elle n'était pas vraiment très coutumière des contacts physiques. Tout au moins, pas ceux qui semblaient naturels aux yeux des communs... Joachim s'installa, auprès d'une bouteille d'alcool, encore à l'extérieur de la tente, et lui désigna l'intérieur. Ah oui... une couverture lui serait sans doute nécessaire, en effet. Mais en avait-elle vraiment envie ? Il lui déconseillait de toucher à l'alcool. Ca laissait des traces ? Parce que ce qu'ils venaient de vivre n'en laissait pas, peut-être ? Elle haussa les épaules. Il lui donnait un conseil ? Ca n'était pas vraiment ce dont elle avait besoin à l'heure actuelle, et d'ailleurs, elle attrapa la bouteille et en avala une bonne rasade avant de grimacer et de la lui rendre, peu habituée à la force de la vodka. Certes elle n'en boirait pas plus, mais il était évident que dès que la boisson ferait effet, ce qui ne tarderait guère, elle ne serait à l'évidence plus dans son état normal. L'était-elle seulement même avant d'avoir touché à cette bouteille ? Il y a bien des facteurs qui peuvent influer sur le comportement de quelqu'un...

Elle le dépassa, entra dans la tente pour s'enrouler dans la couverture tant qu'un minimum de ses facultés intellectuelles était encore actif et s'installa près de l'entrée, de sorte de rester à l'abri du vent, à défaut de n'être plus sujette au froid extérieur, mais de rester à sa portée.

- Au pire, je m'endors dans cinq minutes ou je pleure davantage, je crois pas qu'il y ait trop de risque... Je suis pas suicidaire ni agressive, je te rassure.

Agressive, certainement pas. Suicidaire, ça pouvait se discuter, elle n'avait jamais vraiment été suffisamment imbibée pour perdre complètement la raison. Déshinibée, oui, même si elle taisait ces épisodes, mais elle se souvenait parfaitement de ce qu'elle avait fait, de ce qu'elle n'aurait jamais osé dans son état normal, et de ce que, en définitive, elle ne regrettait pas vraiment.

- Et si ma soeur te fait la moindre remarque, tu me l'envoies... Enfin... Demain. Plus tard...

Elle ferma un instant les yeux. Manquerait plus que Riv commence à lui faire la morale tiens ! Wind avait toujours mis un point d'honneur à ne pas sauter aux conclusions, mais sa cadette ne partageait visiblement pas son opinion. Et il fallait croire que c'était un des critères qui lui faisait apprécier les gens : que ça horripile sa petite soeur. Evidemment, c'était faux, elle avait juste la conviction que là où l'AtomX ne voyait que les défauts, les points négatifs, il y avait quelque chose de positif, qu'il fallait simplement encourager. D'ailleurs, qu'est-ce qui lui permettait de rejeter Joachim ? Tout ça à cause de son pouvoir, si elle comprenait encore correctement les propos du jeune homme. Est-ce que l'autre londonienne imaginait seulement les applications de la moitié des pouvoirs de l'institut ? Certes, c'était flagrant pour celui de Ceresix, et ? Nombreux parmi eux pouvaient tuer. Elle la première...

- Ca, c'est ce que je n'arriverai jamais à comprendre, reprit-elle dans un ton un peu plus calme, un peu plus amorphe. C'est pas ce que nous sommes ou pouvons faire qui nous définit, mais ce que nous faisons de nos capacités, non ? Toi et moi, on pourrait tuer tout le monde... Mais on le fait pas... Est-ce que c'est pas tout ce qui compte ?

Un silence, et elle ajouta, un ton plus bas encore :

- Enfin... J'utilise pas mon pouvoir pour ça... Je veux pas... Ca n'empêche pas qu'il y a des gens qui meurent par ma faute...

Alors elle baissa la tête, reprenant la posture dans laquelle il l'avait trouvée.

Finalement Wind avait touché à l'alcool. Peut-être aurait-il dû se taire et elle ne l'aurait pas fait ? Bon d'accord il s'en tamponnait le coquillard avec le pinceau de l'indifférence qu'elle boive ou non. Elle partit s'emmitoufler dans la couverture, par contre elle n'avait pas compris le risque de l'alcool.

"Je parlais du risque de devenir dépendant... pas d'autre chose. Mais c'est pas grave au pire tu viendras boire avec Iaco et moi le soir."

Encore un rire étouffé. Puis une lampée de vodka, la tête de Joachim commençait à le taper, il regarda la bouteille et compris pourquoi. La pauvre ne contenait pas plus d'encore une ou deux gorgées. Et il rit encore pour à peu près tout ce qui dit Wind après ça.

"Pour ta soeur je l'enverrais voir ailleurs ou je ferais pourrir une pomme sous son nez. Ca lui passera l'envie de me coller et fera un en-cas pour Alixtide... Ca fait longtemps que je me moque totalement de savoir si on m'aime ou non dans cet institut. Ils doivent être en tain de s'entre-déchirer pour savoir qui fait quoi dans les prochains jours. Un bon petit River vs Georgia, les gentils contre les méchants. J'ai l'impression que depuis quelques mois ça n'arrête pas... Depuis quand ce monde est devenu manichéen ?" Il marqua une pause "Iacobo doit s'amuser comme un petit fou à essayer de mettre du boxon là-dedans..."

Le discours de Wind était amusant vis-à-vis du pouvoir. Amusant et réaliste.

"Mais non voyons ta soeur ne pourrait tuer personne avec son pouvoir. Après tout qui est déjà mort d'une attaque de guêpes, ou d'une morsure de chien. Et imagines une attaque d'oiseaux ce serait ridicule, non ?" Il rit en se tournant vers Wind et la vit dans une situation un peu pitoyable. Joachim avait l'alcool plutôt joyeux, joyeux et cynique souvent. Mais Wind avait plutôt l'air de déprimer. Il rit encore un peu. "En France la plupart des gens t'auraient prise dans leurs bras en te voyant comme ça. Malheureusement je ne crois pas que nous soyons des grands fans du contact physique. Enfin... ce n'est pas que je n'aime pas, c'est que les gens m'évitent en général. Même ceux qui m'aiment... surtout ceux qui m'aiment..."

Joachim repensa à Relena et son rire comme l'esquisse de sourire qu'il avait s'en allèrent encore. Elle était partie sans même passer lui dire au revoir, sans rien. L'avait-elle seulement aimé ne serait-ce qu'un peu ? Carrie aussi n'était pas passée lui dire au revoir. Enfin, Carrie l'appréciait, du moins il le pensait. Deviendrait-il un peu bavard avec l'alcool ?

Message de Iacobo pour Wind sur communicateur :

"Ou es-tu ? Iacobo."