[15 Mai] Des retrouvailles attendues.

Il y avait du soleil. C'était déjà ça. Au moins le temps semblait au rendez-vous pour accueillir l'Abeille. Appuyée contre le mur, devant les grilles, Charis consulta pour la sixième fois ne moins d'une minute la montre qu'elle avait au poignet. Elle était un peu en avance quand même. En même temps, elle n'arrivait plus vraiment à s'occuper l'esprit. Elle avait essayé, pourtant. Silencieusement aussi. Kalalli dormait tranquillement, alors elle avait terminé de ranger la chambre sans faire de bruit pour ne pas le réveiller. Il paraissait tellement calme dans son sommeil que ça aurait été un crime de l'en tirer. Puis elle avait un peu potasser sur son ordinateur portable. Les examens de son école par correspondance allait bientôt arriver et elle voulait s'assurer de les réussir aussi bien que les dernier. Mais rien à faire. La perspective de revoir son Abeille après autant d'absence l'empêchait de se concentrer. Ne pouvant plus y tenir, elle était sortie, refermant la porte tout en douceur derrière elle pour ne pas réveiller l'Inuit. Qu'il lui ait pardonné son comportement du mois précédent l'avait rassurée. Elle ne voulait surtout pas troubler le peu de repos qu'il pouvait avoir, surtout après les derniers événements à Génosha.

Et sans attendre d'avantage, elle avait dévalé les escaliers, marché d'un pas pressé vers la sortie, et s'était contenue pour ne pas courir jusqu'aux grilles. Les messages téléphoniques, les appels, ça avait été peu. Un peu trop peu. Elle rêvait de pouvoir serrer sa belle dans ses bras, lui dire qu'elle lui avait manqué, qu'elle était heureuse de la revoir. Pour la peine, elle avait fait un effort. Une pointe de maquillage, un petit haut au décolleté modéré, un jeans un peu plus moulant que d'ordinaire, et une petite blouse par-dessus les épaules, les cheveux coiffés mais libres. Elle glissa ses mains dans ses poches, se refusant à regarder sa montre une fois encore. Il lui fallait être patiente, point barre.

Depuis le retour de Génosha, elle n'avait l'impression d'avoir fait que ça. Attendre. Attendre encore. Deux ou trois bricoles avaient changé la donne. Sahari avait annoncé qu'elle ne s'occuperait plus d'eux, mais que l'équipe n'allait pas être dissoute pour autant. Qu'allaient devenir les OryX? Attendre, encore pour savoir. Puis ça lui avait parut secondaire finalement. de toute manière ils auront toujours les occasions de défendre la cause mutante. Et dans l'immédiat, une seule autre chose était placée en tête de liste de ses priorité. Cette chose si précieuse qui ne devrait plus tarder. Sans faire attention, ses mains sortirent de ses poches, et elle se mit à tripoter la bague qu'Abaigh lui avait offert à Noël. Et enfin, quand la forme d'un véhicule se profila au loin, elle se mit à sourire. Le seul sourire purement sincère et spontané qu'elle lâcha depuis presque un mois.

Tandis que Charis se languissait de voir arriver sa belle et que le coeur de la jeune fille s'accélérait au fur et à mesure que le véhicule sensé contenir Abaigh s'approcher, une drôle de lueur apparut devant elle. Ce flash de lumière pâle se dissipa quelque peu, laissant apparaître devant la jeune hydrokinésiste la silhouette...


... d'une jeune femme. Elle ne souriait pas. N'avait pas l'air surprise ni effrayée. Elle observa la suissesse quelques instants avant de lancer :

"Dites à Mathurin ou à Jason qu'Amélie du Collège Invisible est ici'

Le ton était froid et sec. Et sans appel. Amélie cligna de l'oeil puis ajouta :

"S'il vous plait"

C'était quoi ça? Charis se redressa quelque peu, fronçant les sourcils quand une silhouette apparu subitement devant elle. Par réflexe, elle recula, avant de se rappeler stupidement qu'avec le mur derrière elle, elle n'irait pas bien loin. Cette fille venue de nulle part paraissait aussi sympathique qu'une porte de prison! Un sourire inexistant, une tête pas avenante pour un sou et un ton froid et sec, comme si elle donnait un ordre. Déjà qu'en règle général la plupart des inconnus qui se pointaient à l'Institut ne venaient pas vraiment pour profiter du décor et saluer une ou deux personnes... Charis pinça les lèvres, plissa les yeux. Elle faisait quoi maintenait? Elle appelait un prof? Hurlait à l'invasion? Tentait une approche par l'uppercut?

Et elle ajouta un "s'il vous plait". A croire que la politesse lui écorchait la langue. Ou qu'elle était en train d'apprendre le concept. Une seule chose était sûre. Si elle venait chercher des noises, ça se passerait mal. Charis reprit contenance, dévia un instant les yeux plus loin, en voyant le taxi prendre un peu de distance avant de s'arrêter. ça commençait bien pour le retour d'Abaigh. Elle revint à l'inconnue.

"C'est demandé si poliment..."

Elle leva une main vers son oreille, contre le communicateur, régla la fréquence, et lança un appel.

"Jason? C'est Charis. Une certaine Amélie du collège invisible te réclame près des grilles."

Elle aurait tôt fait de savoir s'il y avait erreur ou pas sur la personne. De toute manière, elle ne connaissait pas de Mathurin. Ne restait que le seul Jason qu'elle connaissait. Soit il venait spontanément et la demoiselle ne serait pas une menace, soit... Elle verra bien à ce moment-là. Mais déjà Abaigh entrait dans son champs de vision. Difficile de retenir une oeillade appréciatrice. Cette jupe lui allait à merveille! Et la casquette sublimait le tout. Rah! Un peu de sérieux, c'était pas le moment de flancher. Elle devait tenir à l'oeil l'inconnue. Mais c'était difficile. Surtout après un manque si long. Oh et puis zut! Charis ne retint pas son sourire de soulagement et de bonheur en voyant Abaigh se diriger vers elles. Et... Serait-ce une pointe de jalousie dans ces quelques mots? Elle était vraiment trop craquante! Elle ne se gêna pas pour venir lui prendre la main, entremêler leurs doigts et répondre simplement.

"Tu m'as manqué. Je suis contente de te savoir de retour!"

Elle ne pouvait qu'imaginer à quel point. Mais puisqu'il y avait intruse pour le moment...

"Voici Amélie. Elle vient voir Jason. Il ne devrait plus tarder, d'ailleurs."

Elle n'avait rien à lui cacher après tout, hein? Et l'inconnue non plus.

"Merci je vais attendre ici" lâcha sèchement Amélie. Elle jugea bon de préciser : "Jason est un vieil ami. Quant à Mathurin, j'ai fait en sorte qu'il vienne jusqu'ici, parmi vous. Peut-être que vous ne le connaissez pas sous ce sobriquet. Il était venu à moi sous le nom d'Alban"

La jeune femme observa le petit jeu entre Charis et Abaigh et ajouta :

"Vous pouvez-vous embrasser, ne faites pas attention à moi. Et quand bien même, cela fait tellement longtemps que vous ne vous êtes pas vues..."

Cette fille était atrocement gênante. Et pas que par son air glacial. Non seulement elle répondait subitement à des interrogations que Charis n'avait même pas posé à haute voix, mais en plus, elle se mêlait de leurs histoires de couple comme si elle les connaissait, elle et Abaigh. Télépathe? Il y avait des chances. Charis se demanda subitement si sous forme aquatique son cerveau allait être aussi facilement lisible qu'il semblait l'être à l'instant même. Les télépathe, ça la rendait nerveuse. Elle n'aimait pas ça. D'ailleurs, en temps normal, elle avait même tendance à les éviter. Sauf ceux de l'Institut qui eux respectaient l'esprit des autres... La plupart du temps. Néanmoins, les réponses apportées soulevaient aussi des questions.

Mathurin... Pourquoi diable Mathurin? Alban était un moine? Elle dévia un instant son regard sur Abaigh alors qu'elle répondait que ce ne serait pas très poli de s'exposer ainsi. ça, c'était bien vrai. Certaines choses ne devaient rester que dans l'intimité. Un peu comme ses pensée, bordel! Elle revint sur la dénommée Amélie, et afficha sans autre la même expression qu'elle. Indifférente et froide, alors qu'Abaigh posait sans ambages la question qui lui brûlait les lèvres. Soit elle était télépathe, soit elle était vraiment une excellente amie de Jason. Mais même, elle voyait mal Jason raconter les petites histoires de couple de ses co-pensionnaires à qui que ce soit, dans ou à l'extérieur de l'Institut. Il n'avait rien d'une commère.

A ce stade, elles pouvaient très bien passer pour parano. Mais après avoir pu constater que tout ce qui se pointait à l'Institut, mutant ou pas, à part des nouvelles recrues, avait tendance à attaquer les élèves, il y avait largement de quoi devenir parano. Depuis qu'Halloween avait vu arriver son lot d'emmerdeurs notoires manipulés, le message avait été très clair: la sécurité au sein de l'Institut n'existait pour ainsi dire pas. Preuve en était aussi de cette histoire qu'on lui avait raconté, sur la manière dont les professeurs eux-mêmes s'étaient mis à attaquer les élèves. Alors non. Charis ne considérait pas ça comme de la paranoïa. Si elle avait été parano, elle aurait commencé par attaquer l'intruse et, si l'occasion lui en était donné, à la réduire à l'état de momie pour ensuite seulement, envisager les raison de sa venue. Là, elle était juste méfiante.

Ce qui ne l'empêcha pas d'accorder le bénéfice du doute. Jason n'était pas encore arrivé, mais il restait aussi Alban, puisqu'il devait logiquement connaître Amélie. Charis leva sa main libre à son communicateur une fois de plus, changea sensiblement la fréquence, et s'adressa à son camarade.

"Alban? C'est Charis. Une amie à toi, Amélie, se trouve près des grilles. Si tu veux la saluer, c'est le moment."

Voilà. Elle sera vite mise au clair sur cette histoire. En attendant, elle ne lâcha pas un seul instant la main d'Abaigh.

Alban s'était réveillé le poil hirsute et avait pris le temps de bien se préparer. Il s'était habillé sobrement, pantalon et veston gris sur fond de chemise noire et cravate rouge. Gris sombre pour le gris, un peu de goût tout de même. Il s'était aussi rasé et toiletté comme à son habitude en bon coquet. Puis avait repris un peu son ouvrage pour Mina et, comme d'habitude, il n'eut pas le temps d'y travailler correctement, il fut trop rapidement dérangé par le grésillement de son communicateur. Il marqua une pause en entendant le nom d'Amélie. Puis se leva en hâte de sa chambre et se précipita à travers l'institut pour arriver devant les grilles.

Il arriva haletant devant l'entrée de l'institut pour retrouver Charis et Abeigh d'un côté et Amélie de l'autre.

"Huuu huuu Bonj... huuu"

Il tendit la main vers les trois filles. Comme pour leur demander de s'arrêter ou d'attendre.Il posa ensuite ses mains sur ses genoux.Ses poumons étaient vides et son cerveau ne fonctionnait plus... genre rien ne passait. Le fait de poser ses mains sur ses genoux sembla permettre un redémarrage de son système d'exploitation. Twouuuuuuuuuuh AlbanOS 2109 ! Il se releva après quelques secondes encore un peu haletant mais se sentant beaucoup mieux. Il sourit à ses collègues de l'institut.

"Bonjour Abeigh, bonjour Charis, merci de m'avoir alerté." Il se tourna ensuite vers Amélie avec un air beaucoup plus neutre. "Bonjour Amélie, je m'en suis posé des questions vous savez? J'ai sûrement trouvé quelques réponses aussi mais va falloir finir de développer quand même maintenant que vous êtes là... A commencer par une question primordiale..."

Il marqua une autre pause en faisant peser un regard lourd sur Amélie, chose qui ne devait sûrement pas la mettre mal à l'aise d'ailleurs. Puis il se remit à sourire.

"Comment ça va vous, Babel, Agatha et compagnie depuis le temps ?"

De toutes les questions qu'il s'était posé pendant des mois, c'était celle par laquelle il avait décidé de commencer, quelques semaines auparavant, quand il la reverrait.

"Je suis effectivement télépathe. Et pour vos questions non exprimées, non, je ne suis pas venue pour me battre. Vous n'avez pas à vous méfier de moi-même ou de la personne que je représente"

Voyant arriver Alban, Amélie se décrispa quelque peu et commenta :

"En tout cas je vous remercie, Charis, d'avoir contacté Jason et Ma... Alban. Je vous souhaite une belle vie à vous et à votre compagne..."

La télépathe reporta son attention sur Alban.

"Bonjour Mathurin. Nous nous portons plutôt bien. Si tout se déroule comme prévu Babel devrait venir un de ces prochains jours ici. Quant à Agatha, elle se débrouille plutôt bien avec l'enfant. Pour le reste..."

Amélie fouilla dans sa poche et en sortit une carte à jouer qu'elle brandit à bout de bras.


"Cette chose nous préoccupe toujours. Nos ennemis, grâce à l'Institut Xavier, sont en sa possession et Sir Dennis Archer, selon nos sources, va bientôt commencer à l'étudier. Inutile de préciser qu'il ne lui faudra guère de temps pour en dévoiler le potentiel. Nous devons agir. Mais notre Ordre est divisé sur cette question..."

Lucas avait vu passer une vraie tornade lorsqu’il avait quitté sa chambre. À tel point qu’il s’était demandé si Robin n’était pas en train de s’entraîner au marathon dans les couloirs. En réalité, il ne s’agissait que d’Alban, qui s’élançait vivement dans les escaliers pour descendre au rez-de-chaussée. Amusé par cette course folle, et curieux d’en connaître la raison, Lucas l’avait suivi en marchant, et l’avait vu quitter la bâtisse alors qu’il arrivait au dessus des marches. C’était de plus en plus étrange… Le suédois augmenta un peu le pas pour le suivre, au cas où il sprinterait de la sorte jusqu’à Salem Center, où il avait peut-être un rencard mystère que Lucas se devait de connaître pour le partager avec sa ragoteuse de petite amie : pour une fois, c’est lui qui aurait un scoop à lui narrer ! Et pour une fois, il ne serait pas le centre dudit ragot.

Ajustant sa chemise grise avant de descendre en trottinant les escaliers, il soupira d’aise en apercevant par la fenêtre le temps radieux qu’il faisait aujourd’hui. Il aimait ces journées de printemps, au grand soleil et à la température pas encore assez élevée pour en attraper des boutons et des brulures. UN soleil doux, qui n’était pas sans lui rappeler certains étés en Suède, lorsqu’il était enfant.

Il poussa la porte et vit qu’Alban était déjà arrivé aux grilles de l’institut. Heureusement, il s’y était arrêté et reprenait son souffle. Visiblement, il n’avait pas l’intention d’aller plus loin. Peut-être son rencard était-il là ? Pas Charis ni son abeille, bien sûr, mais la demoiselle inconnue présente là avait-elle un lien croustillant avec le cryogéniste ? Toujours aussi curieux, Lucas s’approcha en continuant à trottiner, et lorsqu’il fut à portée de voix, et assez proche pour ne pas devoir crier, il les salua tous.

« Bonjour les gens ! Comment ça v… »

Il s’était arrêté de parler en plein milieu de sa phrase. L’inconnue venait de sortir de sa poche ce qui semblait être une carte de jeu. Banal en soi, sauf que la carte en question comportait un titre et un dessin qui firent pâlir le mutant-rocher. La main de gloire. Le truc verdâtre et fluorescent qu’ils avaient récupérés en Alaska, et qu’il avait remis au louche Capitaine O’Neil, elle-même en lien avec le diabolique Général Friday, dont Alban – et là était le lien, sans doute – avait vu les rêves chaotiques et destructeurs.

Les paroles de la jeune femme qui accompagnaient sa démonstration étaient préoccupantes, et confirmaient les hypothèses qu’ils avaient émises, lors de leur voyage au Canada, à l’occasion du Nouvel-An. C’était un peu de sa faute, entre autre, si le dénommé Dennis Archer était en la possession de cet artefact dangereux qui avait reposé un instant dans son pantalon, chose dont il ne se remettait toujours pas.

Blême et nerveux, il avala bruyamment avant de reparler, directement à l’inconnue, sur un ton un peu perturbé, et sur la défensive.

« Heu… C’est qui Sir Dennis Archer ? Un type du gouvernement américain ? Non parce que quand j’ai donné la main à O’Neil, c’était sensé faire partie d’un projet ultrasecret d’une faction de l’armée américaine. »

Ce qui ne collait pas avec la présence de l’objet sur une carte de jeu, de toute évidence…

« Et… pourquoi elle est sur cette carte ? »

(désolé du retard sur mon post, c’est très compliqué pour moi en ce moment)

Jason n’était pas spécialement des plus avenants en ce moment. Grâce à l’intervention de ses camarades amy et Alex, au soutient de Luther et aux conseils judicieux d’Adam, il arrivait à contenir ses crises de transformations intempestives, mais ça le laissait la plupart du temps sur le carreau. Parfois au sens propre. De plus, il n’avait pas envie de se balader systématiquement avec sa tenue de mission, hors, si il ne le faisait pas et qu’une crise arrivait, il finissait systématiquement à poil à des endroits incongrus. Même si ça amusait Luther, et que l’irlandais était grâce ou à cause de lui beaucoup moins pudique qu’avant, il n’avait pas pour autant envie de se retrouver régulièrement exhibitionniste…

Il était plus ou moins perdu dans ses pensées et sa concentration, pour tenter de déclencher le phénomène consciemment, lorsqu’il reçu le message de Charis.
Amélie ! Amélie était la. Elle était venue le voir, et l’avait même demandé. Une foultitude de souvenirs remonta à la surface, certains merveilleux, d’autres douloureux, car forcément associés à Joshua. Qu’importe, elle était venue, et c’est tout ce qui importait. Il se rua dans les couloirs, dévala quatre à quatre les marches de l’escalier, sans même prévenir Charis qu’il arrivait, tellement chamboulé par la nouvelle qu’il n’avait aucune place dans son comportement pour les usages conventionnels. Malheur à celui ou celle qui se trouvait sur son passage à ce moment la, car il avait tout d’un pachyderme dans un magasin de porcelaine. C’est donc essoufflé et excité comme un gamin qu’il arriva devant un attroupement. Autant pour les retrouvailles intimes avec une vieille amie.

Il fut donc assez déçu de voir que visiblement, elle était la aussi, surtout, seulement ? pour parler de la main de gloire, confirmant en cela qu’Alban avait bien eut affaire à elle, ce qui était à peu près tout ce que l’irlandais avait pu tirer de lui. Il avait eut envie d’hurler, de lui dire que c’était sa meilleure amie, il fut un temps, qu’il avait le droit d’avoir des nouvelles, mais ce dernier jouait au secret et Jason avait eut tôt fait de renoncer à avoir des informations sur le seul lien qui lui restait avec son passé.

« je… désolé.. je pensai pas que.. Amelie bordel ! ça fait si longtemps que je me ronge les sangs à savoir ce que tu deviens, comment tu t’en sors… Je savais même pas si mon cadeau t’avais touché ou non.. » a bas les conventions, les secrets, les pauses étudiées, et la patience ! Il se rua sur elle, et tant pis si elle n’était plus LA amélie qu’il connaissait, tant pis si elle avait l’air froide et distante, il l’a pris dans ses bras. A bas la main de gloire, les complots, les questions et les suspissions…

« désolé.. t’es tout ce qui me reste de .. lui.. Même si je suis heureux maintenant, avec Luther, l'école, et les trucs de fou qu'on fait ici, je peux pas l’oublier tu sais… tu sais comment ça n’est ce pas ? Tu sais ce que ça fait, de pas voir le temps faire son putain de travail de temps… On lui en demande pas tellement, pourtant… juste faire oublier des choses… » il l’observa un moment. Puis se rappella qu’ils n’étaient pas seuls.

« scusez vous autres.. c’est.. c’est amélie, quoi… » Haussement d’épaules, ça suffirait comme explication…

Jardins

Adam avait l'aide vaguement maussade quand il arriva au perron. Il avait espéré être un peu seul pour qu'il n'y ait pas trop de témoins du triomphe de la machine, mais tant pis. Il y avait du monde, et pas que des élèves. Se contentant d'un simple bonjour, il fondit sur la boîte aux lettres, et en sortit une grosse pile de journaux, ainsi que ce qui était manifestement un ordinateur portable...

"Euh... Tenez, les journaux... On vient de les recevoir. Ils sont tout frais. Ils sortent du four. Aussi paradoxal que ça puisse paraître."

Il donnaun exemplaire de chaque journal à qui voudrait bien le prendre, puis s'en fut faire sa tournée de courrier, avant de retourner aux jardins.

Jardins

Abaigh avait donc posé la bonne question, de toute évidence. Bien que Charis accepte sans mal la différence, les télépathes avaient quand même tendance à lui hérisser le poil. Ce qu'Amélie venait de faire était la parfait exemple de ce qu'elle n'appréciait pas. Se faufiler dans l'esprit des gens, connaître leurs pensées, et surtout fouiner dans leur intimité... C'était du viol, dans une certaine mesure. Mais au moins, elle avait le mérite d'être honnête. Rien que pour ça, elle ne voulu pas déclencher les hostilité. A plus forte raison avec l'arrivée d'Alban, plus qu'essoufflé, et de la manière dont Amélie se détourna, les laissant elle et Abaigh choisir de s'en aller si le coeur leur en disait. Ce qui était exactement ce que Charis voulu faire, d'ailleurs. Sauf que Lucas arriva sur ses entre-faits, et qu'en prime Amélie sorti un truc atrocement familier à Charis. Lucas aussi a été surpris, à en juger par son silence brusque en cours de phrase. Ses doigts se crispèrent sur ceux d'Abaigh.

Cette foutue mission en Alaska n'allait pas s'arrêter. Elle le supposait déjà à leur retour sur le sol américain. Mais maintenant, c'était devenu une certitude. A plus forte raison avec la remarque d'Amélie. Grâce à l'Institut Xavier? Madame Schenzie aurait-elle omis de leur dire que l'armée américaine ne comptait pas garder cet artefact? Ou juste qu'il n'y avait qu'un ramassis d'incompétents qui se faisaient dérober n'importe quoi au sein de l'armée? C'était frustrant. Surtout avec le nombre de morts qui avait entaché cette mission dans la neige. Encore heureux que même après réflexion, Charis n'en retirait qu'un vague malaise et aucun sentiment de culpabilité à proprement parlé. L'air blasé, Charis se reporta sur Lucas, et décida d'elle-même de répondre à sa question.

"Parce qu'on s'est tout simplement fait avoir... Une fois de plus."

Les missions foireuses, ça devenait une habitude. Même en atteignant le but fixé, il y avait toujours suffisamment de dommages collatéraux pour que tout le monde s'estime lésé et incapable. Génosha, les deux fois, PROSPER, à chaque approche de l'affaire, l'Alaska, et les victimes dont l'armée se foutait royalement. Personne ne leur avait même demandé ce que les hommes sur place étaient devenu. A croire que les savoirs morts et congelés sous la neige fondue et regelée ne les intéressait pas. Qu'avaient-ils raconté aux familles de ces soldats? Et après, il fallait encore rester pacifiste et rempli d'espoir. La bonne blague. Mieux valait s'abstenir d'en remettre une couche. En plus, Jason débarquait aussi, visiblement ravi de retrouver son amie, et offrant une rupture idéale avec ce flot de mauvais souvenirs. Charis dévia un instant son attention sur Abaigh. ça commençait bien, pour son retour. Puis ce fut le tour du professeur Zachary, qui passa plus qu'autre chose. Charis ne se gêna pas pour prendre un exemplaire de chacun des deux journaux. C'était toujours palpitant de voir les deux visions d'un même monde. Passionnant. Jusqu'à-ce que son regard s'arrête sur un des titres. Dans le doute, elle lâcha la main d'Abaigh pour ouvrir le journal. Cette fois-ci, ce n'était plus un air blasé, mais une colère vaguement contenue qui transparu sur ses traits.

Sans dire un mot de plus, elle tendit la Sentinelle ouverte à la page concernant John Jacob à Lucas. Une crise cardiaque... Vu l'énergie et la motivation que les extrémistes mutants avaient mis pour descendre la pacifiste (de l'attentat suicide au char d'assaut), le coup de la triste fin naturelle avait comme un arrière-goût de meurtre. Ou alors Charis était trop frustrée qu'ils se soient tous donné tant de peine pour le maintenir en vie pour qu'il meurt de façon si bête. Vivement que l'Institut Xavier s'en mêle. Même si la prochaine mission devait être foireuse, elle se ferait un plaisir d'en faire baver à ces malades guidés par la haine. En évitant de se dire qu'à ce rythme, elle allait virer comme eux.

Une lueur de tendresse apparut dans les yeux d'Amélie. Son visage se décrispa quelque peu quand Jason s'adressa à elle. Elle marmonna, visiblement émue :

"Tu sais, Jason... Le temps a joué aussi contre moi. J'ai... J'ai vu pas mal de choses que je ne peux oublier et..."

Elle marqua une pause pour avaler sa salive. Inspira profondément et reprit :

"Je ne suis plus la même. J'imagine que toi non plus. La mort de..."

Amélie se mordit les lèvres et secoua la tête.

"Ton cadeau m'a énormément touchée. J'ai pas pu en profiter compte tenu de ce qui s'est passé dans les minutes qui ont suivi l'ouverture du paquet mais... Merci"

Elle se retourna vers les autres :

"La Main est en possession, effectivement, d'une branche ultra-secrète de l'armée américaine. C'est là que nous allons devoir la récupérer. Et ils recrutent. Archer, le Dr. Death... Nous avons fait assassiner Sawada avant qu'ils ne puissent le faire venir sur le sol américain. Mais nous avons bien peu de temps avant qu'ils n'utilisent la Main..."

Amélie fit quelques pas en direction du portail.

"Tout cela ce sont des signes de la fin des temps. Et comme je vous le disais, nous allons avoir besoin de votre aide. Je répondrais à toutes vos questions mais dans un endroit plus..."

Elle cligna de l'oeil à l'attention de Jason.

"...plus approprié aux retrouvailles. Les nôtres. Pour ne pas gâcher celles de vos deux amies que nous allons peut-être laisser vaquer à leurs occupations... Mathurin, Jason... Lucas, par hasard ne connaitriez-vous pas un café ou un bar où nous pourrions discuter tranquillement ? J'ai des révélations à faire et je ne les ferais pas sans avoir un verre de vin blanc à portée de main"

Le moins qu'on pouvait dire, c'était qu'Amélie était plutôt conciliante malgré son air frigide. En plus, elle failli presque se dérider avec les interventions d'Alban et de Jason. Comme quoi... Elle n'était pas aussi robotique qu'elle le laissait penser, et c'était un peu rassurant de constater qu'elle était humaine, et pouvait être troublée. Elle avait dû en voir beaucoup. Peut-être même plus que certains élèves de l'Institut. L'indifférence était une bonne défense, Charis l'avait elle-même adoptée. A ceci prêt qu'elle veillait toujours à avoir l'air parfaitement sociable pour ne pas inquiéter qui que ce soit. De toute évidence, la main était encore en possession de l'armée. Mais à ce stade, elle n'aurait su dire si c'était une bonne chose. Ce truc serait probablement plus à sa place dans un coffre blindé et isolant radioactivement au sein de l'institut. Ou alors si c'était possible, la détruire entièrement serait encore mieux. Mais le départ voulu d'Amélie la laissait sur sa faim. Elle avait participé indirectement au fait d'avoir mis cette fichue main entre de mauvaises... Mains. (Humour lamentable.) Autant dire qu'elle voulait aussi suivre l'histoire. Mais s'incruster dans des retrouvailles alors qu'elle-même appréciait déjà ça assez peu avec Abaigh... Elle jeta un regard à Jason.

"Dis... Tu me tiendras au courant, hein? ça me travaille cette histoire de main."

Et elle ne l'obligeait ainsi pas à tout lui raconter, ni à lui imposer sa présence. Surtout qu'il y avait plus important ici-même. Lucas, par exemple, qui changea brusquement de relief, passant d'un minéral à l'autre. Quelle idiote! Elle aurait dû garder le journal sous le bras et attendre avant de le lui montrer. Le coup au sol fit légèrement chanceler Charis qui, par réflexe, se resserra contre Abaigh. Tout se stabilisa à nouveau, et après un regard à sa douce, Charis se décida à lui lâcher la main. Lucas ne devait pas être laissé comme ça, pas dans un état pareil. Elle s'accroupit à côté de lui, posa ses mains sur ses épaules.

"Allez... Viens, on retourne dans le bâtiment."

Elle n'était pas certaine que le laisser dehors prostré soit une bonne idée. Pour encaisser ce genre de choc, il valait mieux être dans un endroit confortable, au chaud, et avec des présences autour, au cas où. Et c'est à ce moment-là qu'une nouvelle arrivante fit son entrée. Il manquait plus que ça. Les événements se succédaient à une vitesse folle. Le "êtes-vous des.." semblait assez gênant quand même. Elle, c'était une mutante? Une nouvelle élève? En tout cas, elle avait sa réponse avec Lucas sous forme diamantine.

"Oui. Vous cherchez quelqu'un? On peut peut-être vous aider."

Enfin "on"... Si quelqu'un pouvait peut-être aider cette inconnue. Charis, elle, se sentait encore assez méfiante envers tout ce qui passait les grilles de l'institut. Du moins tant que ce n'était pas quelqu'un d'agréable ou un mutant cherchant asile.

Alban attendait lui ses réponses et ce fut Lucas qui, suite au propos de l'irlandais ainsi qu'à la lecture des journaux, réagit fortement. Alban le regarda changer de couleurs et se faire tout le panel minéral à sa disposition assez calmement. Il était en train de péter un plomb et si Alban ne saisissait pas toute les causes de l'événement. Avec seulement ce que lui savait sur la main de la gloire, il comprenait. Jason sembla se figer un peu et les gens semblait vraiment dépités.

Amélie voulait continuer cette discussion hors de l'institut, dans un endroit neutre où la consommation d'alcool était coutume locale. Cela, Alban le comprenait aussi. Il avait déjà fait le repérage et se sentait moins abattu. Il avait commencé à voir venir depuis un moment déjà depuis son arrivée à l'institut et les procès de Lahaye il savait que de toutes façons tout allait empirer. Il regarda Amélie d'un air sérieux, sans sourire et le regard droit.

"C'est pas les bars qui manquent. Y a un pub en banlieue, vers le stade. Je pense que ce sera plus tranquille que le centre-ville, je propose qu'on aille là-bas. Sinon y a un bar sympa au centre-ville, mais c'est plus... ambiance des îles toutes ces choses. Comme vous voulez."

Alors qu'Alban devisait avec Amélie en présentant un manque de compassion flagrant à l'égard de Lucas, Charis pour sa part s'était portée au côté du jeune homme. Dans le même mouvement une jeune femme noire de peau, jolie de visage, mais bien trop mince voire plate aux goûts du jeune homme arriva en taxi devant l'institut s'interrogeant timidement quant au fait de savoir s'ils étaient des résidents ou pas. Pour le coup, Alban voulait entendre les révélations d'Amélie et n'avait absolument aucun intérêt primaire pour la jeune femme. Il la regarda et lui tînt à peu près ce langage en indiquant du pouce les autres étudiants.

"Non! Enfin... eux peut-être, mais moi je bois le café." Se retournant vers Amélie. "Banlieue ou centre-ville?"

Alban était toujours aimable quand il était payé pour l'être. Pour le coup il ne l'était pas, il n'était plus serveur et il n'était pas intéressé ou trop concentré sur des sujets qui lui paraissaient important. Tellement important qu'il avait du mal à coudre et à dormir depuis des mois.

Amélie ne fit nullement attention à la nouvelle arrivante ni au trouble de Lucas. A l'alternative posée par Alban, elle se contenta de hausser les épaules.

"Ça m'est indifférent. Dirigeons-nous vers le centre-ville alors... Nous aurons la tranquillité nécessaire, Mathurin. J'ai des choses à révéler et celles-ci ne peuvent attendre... Si tes amis veulent te suivre, ils sont les bienvenus : face à ce que nous allons devoir affronter très bientôt, nous ne serons jamais trop nombreux..."

Elle passa devant Charis et Abaigh et parla directement dans leur tête.

*Vivez une belle vie, Mesdemoiselles*

Puis, Amélie quitta l'Institut en compagnie de qui la suivrait...

Centre ville / Chez Valérie

Amelie sembla finalement reparaitre sous le masque de l’autre Amélie, et Jason, bien que sentant sa tristesse évidente, en fut heureux. Seulement ce n’était pas vraiment le bon moment pour des retrouvailles et des effusions sentimentales. En parlant de retrouvaille, l’abeille était revenue, et charis était aux anges, forcément. L’irlandais aimait beaucoup les deux filles, et il sourit en voyant le spectacle qu’elles donnaient, tout de désir contenu.

Mais il y avait beaucoup plus important. La main de gloire. Encore… Les souvenirs de la mission menée en alaska fusèrent, alors que Adam faisait un passage éclair pour déposer les journeaux. Perdu quelques secondes dans ses pensées, Jason ne remarqua pas le manège entre charis et lucas, la première tendant l’article de journal au second. La réaction de se dernier ne se fit pas attendre, et il était visiblement très atteint par ce qu’il venait de lire. Il n’avait vraiment pas l’air dans son assiette, et son pouvoir se manifesta dans toute sa complexité sur lui et autour de lui. Si ce n’avait pas été une sorte d’appel à l’aide, Jason aurait trouvé ça beau, toutes ces variations rocheuses….

Mais amélie, en parallèle, confirma que la main était en possession de l’armée, et qu’il fallait la récupérer… Le fait de s’être fait avoir lors de la mission lui indiquait ipso facto qu’il serait de la partie, ne serait ce que pour atténuer le sentiment de s’être fait empapaouté… Alors qu’elle proposait à qui voudrait bien de venir discuter de la suite dans un pub, Jason approuva du chef. Lucas semblait entre de bonnes mains, même si ça lui faisait un pincement au cœur de le voir comme ça. Il ne comprenait que trop bien ce que ça faisait de subir une perte, ce qui était apparemment le cas, et de perdre, même temporairement, le contrôle de son don.
Sur ces entrefaites, une jolie fille, métisse, était arrivée, demandant visiblement à parler à des mutants, même si elle n’avait osé prononcer le mot.. L’arrivée de la jeune fille piqua la curiosité de l’irlandais, mais Amélie se dirigeait déjà vers le centre ville, pour discutter de la suite avec ceux qui voudraient bien. Il fit un sourire contrit à la jeune femme, et suivit Amélie et les autres.

Centre ville / Chez Valérie

La pauvre nouvelle venue était ignorée de tous ou presque. Décidément, les temps étaient durs du côté de l'Institut Xavier. Était-il possible de justifier ça? Charis n'avait même pas envie d'essayer. Elle se sentait presque abandonnée. Tout le monde mettait les voiles. Elle aurait voulu passer du temps avec Abaigh. Elle ne voulait pas abandonner Lucas dans cet état. Par-dessus le tout, son bon sens le plus élémentaire voulait éviter qu'on ne laisse une parfaite inconnue seule dans cet endroit qu'elle ne connaissait pas. Seule face à trois situations qui exigeaient chacune de l'attention. Super.

Mais au moins peut-être que deux d'entre elles pouvaient se recouper. Bien qu'elle peinait à accorder sa confiance à une nouvelle venue, celle-ci proposait spontanément son aide, sans même chercher à prendre ses distances. Il fallait dire qu'avec un pouvoir comme le sien, Lucas pouvait faire des dérapages impressionnants. Entre le tremblement de terre, la création d'un petit cratère et ses changements de formes successives, il était impressionnant de constater que l'inconnue n'était pas partie en courant et allait même jusqu'à proposer du soutient.

"Je ne sais pas... Vous pouvez guérir les blessures de l'âme?"

Ce dont Lucas souffrait n'était pas physique. Mais si la jeune femme était mutante, possédait un don de guérison moral, ou être juste une psychologue aguerrie, ça pouvait aider. D'ailleurs, la perte de Jacob avait fait nettement moins de mal à Charis en comparaison. Peut-être qu'elle n'avait pas d'âme en fait. Un gain d'énergie sans doute. Elle releva les yeux sur Abaigh quelques instants. Pour elle, elle pouvait avoir une âme, c'était déjà ça. Elle en revint à l'inconnue.

"Vous êtes venue pour rencontrer quelqu'un ou pour une place à l'Institut?"

Un nouveau membre du personnel? Une nouvelle élève? Quelqu'un de passage? Tout était possible. Mais pour lui rendre un service, il fallait déjà savoir ce qu'elle recherchait.