[LeX 8.2.2bis] A day at the races

... Jolène, Alban et John Six pouvaient observer les changements drastiques que subissait la pièce : les murs tombèrent un à un, le sol devint sable, un vent marin commença à pénétrer dans ce qui avait été une pièce richement meublées, les meubles s'enfoncèrent petit à petit dans les eaux qui venaient d'apparaître.... Et finalement...


Ils étaient au bout d'un tout petit couloir de sable au beau milieu des eaux. Devant eux se tenait une île paradisiaque, à une centaine de mètres.

Ils remarquèrent en regardant à droite et à gauche que deux individus, trop éloignés pour être décrits ou reconnus, se tenaient sur des couloirs de terre similaires à l'ouest et à l'est. Il semblait, par ailleurs, que tous les chemins convergent sur l'île.

John Six un imposteur? Impossible. Et puis ce sourire...il ne présageait rien de bon. Il devait savoir quelque chose. Jolène aurait appris que quelqu'un utilisait son nom, elle se serait inquiété plus que cela. Définitivement, quelque chose n'allait pas avec lui.

"Pourtant je n'ai aucun mal à croire celui que j'ai croisé, pour plusieurs raisons. Si vous êtes réellement John Six, vous devriez pouvoir me convaincre relativement facilement en me racontant votre vie."

Elle espérait de cette manière pouvoir confondre l'individu si il ne savait pas répondre. Et si il savait répondre...Et bien il aurait put avoir les informations sur internet, tout comme elle. Et pas de réponse de Caremus sur ce qu'il avait bien pu vouloir dire. En même temps, venant de quelqu'un qui souhaitait sa mort ce n'était pas très étonnant. Alban avait tenté de destabiliser l'homme mais ça n'avait pas eu l'air de porter ses fruits. Pour autant, et ne pas laisser son camarade tout seul, elle répondit à sa question.

"Je suis heureuse de pouvoir répondre par la négative à ta question sans même avoir à réfléchir, mon cher Alban."

Elle vit les gens sortir de la pièce. Les encouragements de ses camarades lui firent chaud au coeur. Elle leva le pouce en l'air en faisant un faible sourire, en effet, elle n'avait aucun doute sur le fait qu'elle ne pourrait pas participer aux autres épreuves.
Il ne restait plus qu'elle, Alban et "John Six". Peu à peu, le décor changea. Pour faire apparaitre un endroit qui ne ressemblait en rien à ce qu'il se trouvait avant. C'était peu être une illusion du bonhomme qui avait annoncé le jeu. Ou alors une machine comme celle qui se trouvait dans la salle des dangers. C'était étrange mais ce rationalisme lui déplaisait. Elle aurait préféré être encore émerveillée par ce qu'elle voyait. Le bon côté de la chose était que son esprit n'était plus détourné de ce qui allait se passer. Cela valait mieux pour tout le monde. Surtout que l'un d'entre eux risquait d'être éliminé. Enfin, c'est ce qu'avait laissé entendre la présentation de l'épreuve.

"Nous discuterons de cela plus tard, "Monsieur John Six" si vous le voulez bien. Je crois que nous avons quelque chose de plus important à faire pour le moment. Et Je m'en voudrais si l'on ratait cette épreuve à cause de cela."

Il fallait savoir mettre les choses de côté parfois. Elle n'était pas souriante, plutôt concentrée, mais son ton n'était pas froid. Elle aurait le temps de se le mettre à dos plus tard, quand tout serait fini, ce n'était plus la priorité.
Elle se tourna vers Alban.

"Ça va?"

Il ne fallait pas oublier que c'était non seulement sa première mission mais qu'il était jeté au centre de l'action dès le départ. C'était pas forcément super simple.
Elle regarda le nouveau décor. L'objectif à atteindre n'était pas très difficile à déterminer.

"Bon. Je pense que la première chose que nous avons à faire est assez claire. Après, ce que nous aurons à faire sur cette île..."

Marquant une pause, elle en profita pour retirer ses chaussures, peu pratiques pour marcher sur le sable, et en faire un paquet comme elle pouvait avec son écharpe pour pouvoir les transporter rapidement. Elle se retourne vers le seul adulte de la compagnie.

"Au fait...nous serions surement plus efficaces si vous connaissez aussi nos compétences. Pour ma part, je peux impulser des spasmes dans le corps des gens que je touche. Je crains que cela ne nous soit pas très utile ici cependant."

Elle regarda au loin les silhouettes. Sans aucun doute les deux autres candidats. Il allait y avoir du sport vu que tous les coups avaient l'air permis.

"Mieux vaut ne pas perdre trop de temps."

Six opina du chef et répliqua :

"Pour ma part, je peux aplatir et plier mon corps à l'extrême. Un peu à la façon d'un origami vivant... Voilà, le pouvoir de John Six..."

N'ajoutant rien d'autres, il emboita le pas à la petite écossaise...

Prenant son baluchon dans la main, elle se mit à s'avancer d'un pas ferme mais méfiant vers l'île, regardant à droite à gauche la moindre chose suspecte. Elle s'attendait à tout sur le chemin, de la trappe au serpent de mer géant. Mieux valait prévenir que guérir. Le sable ne semblait pas piéger et Jolène put progresser facilement et rapidement. Observant les candidats de gauche et de droite, elle put constater que le premier venait de s'envoler dans les airs et fonçait telle une fusée vers le centre de l'île. Quant à l'autre... Il était parti avant elle en courant. Il avait bien parcouru la moitié du chemin quand il s'effondra en arrière, comme victime d'un choc invisible...

... Jolène n'eut guère plus le loisir de s'interroger sur le pourquoi de cette situation. Alors qu'elle fonçait, elle aussi, vers le centre de l'île, elle fut frappée au visage et tomba à terre. Devant, elle des traces de pas. Avant qu'elle ne puisse se relever, elle constata que les traces de son adversaire, invisible, se déplaçaient vers l'eau, certainement pour masquer sa présence.

L'action du pouvoir d'Alban eut pour effet de geler l'eau présente à proximité directe des pieds de l'homme invisible. Si cela ne fut pas suffisant pour l'immobiliser, cela permis néanmoins de déstabiliser leur assaillant qui tomba les mains sur le sable, comme en témoignèrent les traces laissées au sol. John Six en profita pour bondir sur lui et lui décocher un coup de pied à l'endroit supposé de son visage.

Jolène et Alban entendirent l'étrange créature jurer dans une langue inconnue puis plus rien. John commenta sobrement :

"Le mythique peuple invisible. Un grand classique pour nos amis australiens. Pas très coriaces mais assez déstabilisant. Ne vous faites pas d'illusions, le gros de l'épreuve reste à venir... Il s'agissait plus de nous ralentir que de nous arrêter"

La troupe ainsi put se remettre en route aussi vite qu'elle le put. L'un des deux autres concurrents était déjà arrivé au centre de l'île et l'autre était au même niveau qu'eux.

Le reste de la traversée ne posa aucun problème et le trio put, après avoir être passé au delà de quelques éléments de végétation tropicale, se retrouver au centre de l'île.

Là, l'un des deux autres candidats les attendait.


Il s'agissait d'une sorte de... rabbin karatéka. Il était en position de combat et d'ores et déjà Jolène, Alban et Six savaient qu'il pouvait se déplacer en volant. Il lança en guise de présentations :

"Allez-vous en chiens ! Je maîtrise la puissance du Tétragrammaton et j'ai une mission à accomplir!"

Le ton n'était ni courtois ni susceptible de la moindre contestation.

C'est à peu près à ce moment là que le dernier opposant choisi pour faire son entrée.


Les deux de l'Institut le reconnurent sans difficulté aucune : il s'agissait de l'avocat médiatique Lloyd Llewellyn habillé d'un accoutrement ridicule mais qui semblait lui conférer des muscles artificiels. Moins hostile que le rabbin, il dit tout de même :

"Tremblez mortels car je ne suis plus le Débilmentalist mais bel et bien l'incroyable Cap'tain Lloyd !"


Et au beau milieu de ce fatras se tenait dans le sable... un trou juste assez large pour permettre le passage d'un humain de taille raisonnable.

Alban, Jolène et John Six était arrivés sur l'île centrale et, apparemment, ils n'étaient pas les seuls. Ils furent très vite appréhendés par super rabbin et Captain Loyd qu'Alban reconnut instantanément. Son visage faisait partie de ceux qui l'avaient hanté pendant des mois. Un trou s'ouvrait devant eux et il fallait essayer de s'y aventurer au plus vite.

Les deux personnages semblaient inflexibles et Alban ne savait pas trop comment ils allaient se sortir de cette situation. A priori il s'agissait de deux combattants expérimentés et il ne savait pas pour Jolène et Six, mais il imaginait que, un peu comme lui, ils ne seraient pas les combattants les plus efficaces du lot. Un instant il regretta presque de ne pas être accompagné par Mina ou l'assassin qui accompagnait le groupe à la régence. Il fallait composer, tant pis ! Alban regarda tour-à-tour le rabbin et Loyd.

"N'est-il pas étrange que cohabite un représentant d'un peuple opprimé par la discrimination dit-il en pointant le rabbin du doigt et un défenseurs notable des oppresseurs. L'histoire voudrait que vous ne coopériez pas, non ? Peut-être même que vous vous haïssiez..."

Alban espérait que ça passait tout en se demandant ce qu'était le Tétragrammaton. Il se prépara à se défendre en cas d'attaque. Il matérialiserait de la glace sur la surface de sa peau afin de protéger l'endroit où il serait attaqué.

Soufflée par le coup de l'homme invisible, Jolène se releva aussi vite qu'elle le put. Trop tard pour réagir cependant. Heureusement, Alban eu l'instinct de geler l'eau et John Six fini l'inopportun d'un coup bien senti. Effectivement, c'était perturbant.

Ils arrivèrent sur l'île sans plus de problèmes. Deux autres personnes se trouvaient là: un rabbin à l'attitude étrange, sans aucun doute le candidat de Daniel, et Maître Llewellynn, déguisé en une sorte de gros cafard. Étrangement, cet accoutrement lui correspondait bien. Et puis...un trou...c'était sans nul doute par là que se continuerait leur aventure.
Alban commença en tentant de monter les deux compère les uns contre les autres. Si il n'y avait aucune chance de raisonner le Rabbin, Maître Lewellyn semblait assez stupide et imbu de lui même pour tomber dans le panneau. L'écossaise décida que ce serait pile le bon moment pour que quelqu'un s'éclipse dans le trou. Quelqu'un de petit, fluet et rapide...John Six pouvait se transformer un papier non? Ce serait certainement beaucoup plus simple pour lui d'avancer là-dedans.
Elle fit un petit signe de tête à l'homme moustachu vers le trou pour qu'il comprenne où il devait aller (si il n'avait pas déjà eu l'instinct de le faire), et pour que les deux autres ne remarquent pas tout de suite sa disparition, elle tenta d'attirer le regard sur elle.

"Cela vaut-il vraiment la peine de tenter que son nexus gagne parce qu'on a pas su jouer finement?"

Disant cela, elle se rapprocha doucement de Lloyd, en lui faisant ce qui ressemblait à un sourire. Si la réputation qu'on lui collait était vraie...

John Six serra les poings et s'arcbouta sur ses jambes. Il semblait être sur le point d'effectuer une transformation. D'ailleurs sa peau semblait se racornir, ses membres s'assouplir, sa taille se réduire...

Alban, qui avait entamé lui aussi une métamorphose de glace, eut des mots qui touchèrent le Super-Rabbi.

"Pauvre Goy, tu as bien raison. Je n'ai rien contre les irlandais ou les écossaises mais je hais les américains et les avocats !"

Il s'adressa à Cap'tain Lloyd qui souriait toujours comme un crétin.

"Rappelle-toi le Saint-Louis, chien ! Et n'oublie jamais que ce sont des avocats comme toi qui ont rédigé pour les nazis les lois d'exclusion contre les juifs ! Quand le Tétragrammaton viendra te pulvériser, c'est ce souvenir que je veux que tu emporte dans la tombe !"

Jolène en rajouta une couche pour énerver la courgette bleue et lui décocha son plus beau sourire. Lloyd opina du chef et sourit de plus belle.

"Tu es la beauté même / Pas comme cette face de carême / Et c'est par ton sourire habité / Que je vais me battre pour la liberté !"

Il prit une pause défensive ridicule, comme l'on peut en voir dans les vidéos d'entraînements martiaux à la télévision...

John profita de cet instant de battement pour terminer sa métamorphose. Maintenant il était...


... une sorte de figurine en carton. Levant un pouce pour encourager Jolène et Alban, il bondit dans le trou.

Le Super-Rabbi fit un pas en arrière, joignit les mains et commença à faire un mouvement de va et vient avec. Tout en accomplissant cette gymnastique, il hurla :

"SHLE"

De l'énergie semblait se concentrer dans ses mains.

"MA"

Il alla pour ramener ses bras en direction de Lloyd.

"ZEL !"

Une boule d'énergie s'extirpa de ses mains et fut propulsé en direction du malheureux Cap'tain Lloyd qui ne put rien faire pour l'éviter. Il tomba au sol visiblement protégé par son armure bleue... Il lança à Jolène :

"Oh la la... Je crois bien que je viens de prendre une rouste. Mais ce n'était que la première manche !"

Et l'espoir faisait vivre... Jusqu'à ce que tous entendent un hurlement de douleur provenir du trou... John Six.

La stratégie d'Alban avait marché. Voila le rabin qui affirmait sa haine contre l'américain et ce dernier qui...lui faisait du charme? Elle se promit de laver son honneur d'une manière ou d'une autre quand tout serait fini. Savoir qu'un type comme lui avait...bah...et qu'elle avait du lui offrir un sourire "honnête" pour s'en sortir...Dieu qu'elle détestait cela.
Elle jeta un coup d'oeil en biais à celui qui les accompagnaient. Sa métamorphose était impressionnante. Pas tant pour le résultat final, plutôt incongru, mais par les étapes par lesquelles il était passé. L'écossaise se demanda si cela ne lui était tout de même pas désagréable, de devenir du papier. Enfin, il s'engouffra dans le tunnel.

Pendant ce temps, le combat entre le rabbi et mite-man avait commencé. Ce fut le héros de BD qui porta le premier coup en envoyant...une boule d'énergie? Elle s'attendait à de la télékinésie, pas à une attaque de ce genre. Le combat allait vite être plié. Quoique...l'armure ridicule de l'avocat semblait offrir une protection relativement efficace.

"Je...suis sûre que vous avez des talents cachés."

Et puis un cri dans le tunnel. John Six. Que lui était-il arrivé? Bien qu'elle ai des doutes sur son identité, elle ne pouvait pas le laisser dans le pétrin. Pas alors qui travaillaient pour la même cause, même si temporaire.

"Ho non..."

Elle se mordit les doigts en se demandant ce qu'il fallait faire. Plonger dans le trou et tourner le dos à ceux qui étaient en train de combattre? Lloyd semblait assez buté pour continuer le combat pour lui montrer sa force. Il serait un peu leur garant... Elle lança un regard à Alban avant de foncer dans le trou et de ramper dedans. Tant pis pour la robe, mais il fallait lui venir en aide. Elle avançait à taton, prête à reculer le plus vite possible en cas de danger.

Il faisait sombre dans le trou et rapidement le sol devint glissant... Jolène perdit pied et dégringola au fond de l'ouverture en glissant tête la première comme dans un toboggan aquatique. Finalement, de la lumière rougeoyante devant elle indiqua la sortie... Elle déboula les mains les premières au sol... Sa robe déchirée retournée sur sa tête. Jolène perdit son baluchon qui continua sa route tout droit... et fit un drôle de plouf. Il faisait diablement chaud à l'endroit où elle se trouvait. Le sol était brûlant. Dégageant les pans de sa robe de sa tête, l'écossaise vit où elle était...

Elle était... en enfer ou à un endroit semblable. Derrière elle une paroi rocheuse qui ne donnait comme seule issue que le trou dont elle était tombée. Devant elle : le fleuve de lave... Des silhouettes calcinées hurlaient dans le magma en fusion. Et pourtant dans la vapeur, elle aperçut la silhouette d'un homme dans une barque. Il approcha son embarcation du petit monticule de roches sur lequel elle se tenait.

A côté d'elle, John Six redevenu humain se tenait le bras droit... Il était carbonisé et l'homme semblait être sur le point de s'évanouir.

"Le passeur... Le passeur ment... Il ment toujours..."

*
**

A la surface, Super-Rabbi ignora Alban et le Cap'tain Lloyd et s'envola à une bonne dizaine de mètres au dessus de leur position. Stationnaire dans les airs, il joignit ses mains et forma une espèce de carré avec ses doigts. Il commença à hurler tandis que ses mains scintillaient.

"ME"

Il semblait avec ses mains avoir formé un viseur qui délimitait une zone comprenant le trou, Lloyd et Alban.

"CHOU..."

La lumière dégagée par les mains de Super-Rabbi s'intensifia... tandis que Cap'tain Lloyd levait les mains au ciel, juste à côté du trou, souriant comme l'abruti qu'il était...

Alban emprunta in extremis le passage situé dans le trou au moment où le Rabbin volant prononçait la dernière syllabe de sa formule consacrée.

"GA !"

Une gigantesque boule d'énergie vint frapper un Cap'tain Lloyd qui fut projeté dans les airs. Mais Alban n'était déjà plus là... Il suivit le chemin emprunté par Jolène quelques instants plus tôt, précédé de peu par la rafale d'énergie qui détruisait tout sur son passage, élargissant par là même occasion le passage.

Finalement, l'irlandais arriva en bas, aux pieds de Jolène, la tête la première, la boule d'énergie ayant quant à elle continué sa trajectoire toujours plus bas.

Alban vit lui aussi le passeur barrer en leur direction. John Six, grièvement blessé, eut juste le temps de prévenir le jeune homme que le passeur mentait toujours...

Alors que la barque n'était plus qu'à quelques centimètres du rivage de roc basaltique, Alban et Jolène virent passer au dessus d'eux le Rabbin volant. N'ayant cure du paysage infernal ou de ses compétiteurs, l'homme de foi décida de voler au dessus du fleuve magmatique.

Enfin, Cap'tain Lloyd - ou du moins ce qu'il en restait - dégringola sur Alban. Il avait pu - on ne sait trop comment - survivre à l'attaque du Rabbin et retomber dans le trou. Son armure était en piteux état en revanche. Il put tout de même marmonner :

"C'est trop beau pour être vrai mais vos yeux ne vous trompent pas ! Je suis là ! Oui, je suis de retour !"

Se relevant péniblement, Lloyd observa la trajectoire rapide de Super-Rabbi :

"On est en train de se faire un peu devancer là, non ?"

Puis, il la boucla quand le passeur se tourna vers eux. Il s'agissait d'un homme cagoulé dont on ne pouvait espérer voir le visage.


A ses côtés de lui, dans la barque se tenaient 4 petites créatures étranges et remuantes. Ils étaient tous les 5 être installés en rond, autour d'une petite tablette située au beau milieu de la barque.

Le passeur, ainsi que les 4 créatures dirent d'une voix très étrange et sifflante :

"Mes voisins de gauche et de droite sont des menteurs"

Enfin, une voix caverneuse surgie de nulle part tonna dans la grotte :

"LE TRANSPORT SERA GRATUIT POUR CELUI QUI ME DIRA COMBIEN DE MENTEURS SONT ASSIS DANS LA BARQUE. LES AUTRES DEVRONT RÉGLER LEUR PASSAGE A L'ARRIVÉE"

En se sentant partir en avant, Jolène réprima avec une grande difficulté le cri dans sa gorge. Qu'est-ce qu'elle allait bien pouvoir trouver en bas? Des petites larmes se formèrent au niveau de ses yeux, autant parce qu'ils étaient asséchés par la vitesse qu'à cause de la peur.
Une lumière rouge...ça n'annonçait rien de bon. Ses chaussures partirent en premier et atteignirent la sortie avant elle. Il y avait de l'eau en bas? Elle se protégea comme elle pouvait les yeux de la chaleur qui montait de plus en plus. Esther se trouverait-elle en bas?

Elle se releva avec difficulté de sa chute vertigineuse. Non...Esther n'était pas là mais...elle avait l'impression d'être dans le coeur du volcan. Ou plutôt un proto-enfer vu les gens qui avaient programmé l'endroit. Sa robe était définitivement morte mais ce n'était pas le plus important maintenant. L'endroit n'était vraiment pas rassurant, des corps hurlaient à la mort dans la lave, qui semblait le seul chemin pour avancer...même si une barque semblait se rapprocher peu à peu. C'était malheureux qu'Edéas ne soit pas là. Quoiqu'elle n'était pas sûre qu'il réussisse à faire grand chose vu la fournaise qu'il y avait là. Et John Six qui était en papier...

Elle vit l'usurpateur non loin d'elle. Il avait l'air mal en point. Jolène se précipita vers lui pour l'aider à s'asseoir sur le sol, et pour éviter qu'il se brûle, elle déchira ce qu'il restait du bas de sa robe et l'étala sur les cendres. Elle avait bien fait de mettre ce bermuda.

"Vous allez pouvoir rester éveillé?"

Elle posa sa main sur le bras gauche de l'homme, qui n'avait, par chance, rien eu du tout.

"Attendez, je vais essayer quelque chose..."

Elle tenta de lancer une décharge à l'homme pour calmer la douleur au bras. Ca ne marcherait surement pas et l'effet serait de toute façon court mais...si elle pouvait tenter cela...

"De quoi parlez vous?"

Le passeur ment toujours...ça lui rappelait des énigmes de son enfance...le genre de truc dont on peut toujours attendre un coup vicieux. Ca n'était pas pour la rassurer.

A ce moment là, elle vit Alban arriver à sa suite, faisant un atterrissage tout aussi réussi que le sien. Il fut suivit de près par un rabbin volant qui traversa le lac sans encombres. Et de Cap'tain Lloyd, au grand dam de la petite écossaise. Elle fit un sourire crispé en le voyant. Heureusement pour eux, l'arrivée du passeur le fit taire.

Jo' déglutit en voyant l'homme cagoulé accompagné de petites bestioles visqueuses. une énigme leur fut posée, qui, grâce à l'intervention de John Six pouvait être résolue sans trop de problèmes. Jolène s'avança vers la barque.

"Il y a exactement trois menteurs dans cette barque..."

Elle ferma les yeux. Ce n'était pas elle qui devait avoir le passage gratuit. Ce n'était pas elle qui devait arriver au bout de la course. Elle prit une inspiration profonde.

"Mais je lègue mon passage gratuit à Alban ici présent."

Elle désigna le jeune homme de la main avant de se retourner vers le seul adulte responsable qui se trouvait ici.

"M. Six, Vous devriez peut-être rester ici pour vous reposer, je ne suis pas sûre que vous résistiez à un autre paiement nécessaire."

Elle l'avait appelé par son "nom". Elle l'estimait maintenant. Après tout, n'avait-il pas sacrifié son bras pour eux? Quelque soit sa véritable identité, cet homme ne méritait pas qu'elle continue à le suspecter comme elle l'avait fait.

Elle fit quelques pas en avant pour monter dans la barque.

Six appela Jolène. La décharge sur son bras valide semblait lui avoir fait du bien. Appuyé contre la paroi rocheuse, il lui dit simplement :

"Merci... Je suis un bien piètre accompagnateur mais le chemin s'arrête là pour moi... Mon existence pourrait être compromise si je continuais et... Bon courage. Gardez bien en tête, même si personne ne vous l'a dit que tout ceci n'est peut être pas réel mais... Si vous mourrez ici, vous mourrez réellement"

L'écossaise prit place dans la barque en compagnie d'Alban. Capt'ain Lloyd fit de même.

"Euh... J'ai pas envie de traverser à la nage"

Le passeur observa de son visage encapuchonné la courgette bleue. Puis, haussant les épaules commença à barrer.

S'ensuivit une incroyable traversée sur le fleuve de flammes avec pour seuls compagnons des créatures non humaines et un passeur muet. Cela parut durer une heure, un jour, un an, un siècle...

Finalement, la barque accosta. Alban, Jolène et Lloyd mirent le pied sur de la roche basaltique. Devant eux... Une falaise.

Et au-delà... L'incroyable.

Le paysage était sinistre. Et la tour semblait si lointaine, si inaccessible...

Regardant en bas, Alban et Jolène virent des marches taillées dans la roche qui permettait de descendre sur un plateau rocheux situé quelques dizaines de mètres plus bas. C'était encore bien au dessus de la plaine qui s'étendait sous leurs yeux mais... C'était déjà un bon début !

Sur le plateau, il y avait un lac et un peu de terre ferme. Sur la terre ferme, un homme à l'allure sinistre semblait les attendre. Il souriait.

Et posée sur un roche au beau milieu du lac, il y avait un ange qui semblait triste au possible.

L'homme les héla :

"A en croire ce que j'ai suivi de votre aventure sur le fleuve de lave, la jeune fille a donné son droit de passage au jeune homme ! Ce qui signifie que j'attends le paiement de deux personnes ! La jeune fille et la courgette bleue..."

Il passa sa langue sur ses lèvres et invita d'un signe de la main le trio à se rapprocher de lui.

"Je suis le Maître de ces lieux. Le voyage vers la Tour sans ma permission est absolument illusoire. Votre ami volant a tenté sa chance et... je doute qu'il aille bien loin sans la clochette. Mais au moins, il vole. Quoi qu'il en soit, vous pouvez soit vous résigner et rester captif ici à jamais comme notre amie Angélique... Ou bien offrir quelque chose qui serait utile au Gardien des Enfers"

Souriant à Alban, il ajouta :

"Pour vous le transport sera gratuit. J'ai une clochette à vous remettre, signe que vous êtes digne d'être Prophète. Pour le reste... Débrouillez-vous !"

Le Gardien des Enfers secoua la tête :

"Vous pouvez prendre le temps de la réflexion mais la maison ne fait pas crédit. Si vous n'avez rien à me proposer, eh bien, vous pouvez patienter ici pour le reste de l'éternité !"

Il remit néanmoins une petite clochette à Alban.

"Ceci vous identifie comme l'aspirant prophète que vous êtes. Cet instrument vous permettra de franchir les portes d'ivoire et de passer sans encombre le Gardien du Saint des Saints. Mais comme je vous le disais pour vous rendre à la Tour, débrouillez-vous"

Une grimace sinistre apparut sur le visage du Gardien.

"Mais, jeune homme, votre traversée est déjà réglée. Seule la jeune fille et l'homme costumé sont encore mes débiteurs. Quant à la nature du paiement, c'est au débiteur de décider ce qu'il veut me remettre... et à me voir si le règlement mérite une clochette ou la damnation éternelle !"

Cap'tain Lloyd sursauta à l'évocation de la damnation. Pourtant, il semblait cogiter...

Une voix féminine retentit. Angélique, l'ange triste venait de poser son regard sur le drôle de trio.

"Vous savez, il ne plaisante pas..."

Elle soupira tristement.

"Et la damnation prend parfois de drôles de chemins. Parce que j'avais fait un paiement qui n'avait pas convenu au Gardien de ces lieux il y a de cela fort longtemps, à l'occasion de l'élection d'un autre prophète, j'ai été damnée. Damnée pour une histoire qui n'a pas su divertir le Gardien ! Je..."

Angélique baissa les yeux.

"Le Gardien connait nos faiblesses et nos drames intimes. J'étais une ambitieuse. J'ai même fait un échange avec une autre captive pour obtenir ces ailes dont je ne sais que faire maintenant... mais j'ai échoué dans mon troc avec le Gardien. Le paiement a été refusé et je suis condamnée à demeurer ainsi... inutile et captive"

Le Gardien eut un ricanement sinistre.

"Les règles de cet endroit sont bien particulières, jeunes gens. Tout peut s'échanger avec tout le monde mais une fois le prix déterminé pour un objet celui-ci demeurera inchangé pour l'éternité. Et le Gardien n'a que des clochettes à échanger avec ceux qui n'ont pas répondu à l'énigme. Mais quel est son prix ? C'est une chose que, moi, Gardien des Enfers, ne révélera jamais !"

Cap'tain Lloyd prit les devants à ce moment là. Il s'approcha du rivage et héla la jeune fille :

"Je t'échange tes ailes contre un baiser !"

Angélique soupira et déclina la proposition :

"Ce n'était pas le prix que j'ai payé pour celles-ci. Je dois donc, malheureusement, refuser"

Lloyd se tourna alors vers le Gardien :

"Gardien ! Je te propose... euh... un poème en échange de la clochette ! Ça fait... "Ô toi Gardien des Enfers / Il ne faut pas t'en faire / Car avec Lloyd le joli / Tu pourras toujours faire ami"

Le Gardien sourit à nouveau puis trancha :

"Très bien... Même si vous êtes quelque part dans le vrai avec votre poème, ce dernier ne me convient pas. Le paiement est refusé et la damnation acquise. Vous ne quitterez jamais cet endroit"

Six resta sur le bord. Mieux valait pour lui...par contre Llyod les accompagna. Ça n'était pas étonnant mais l'écossaise fit une petite moue. Elle monta précautionneusement sur la barque, elle n'avait pas vraiment envie d'aller dire bonjour à la lave de plus près. Surtout après que John Six leur ai dit que toute mort ici était définitive.

Pendant le voyage au dessus du lac de feu, Jolène ne put s'empêcher de regarder le paysage qu'elle avait sous le yeux. Tout était...wahou. Ca lui faisait peur, elle avait chaud mais...comment rester de glace face à ce spectacle?

Lorsqu'ils mirent pied à terre,les yeux de Jo' s'agrandirent. Elle avait l'impression d'aller vers des paysages de plus en plus morts, de plus en plus désolés et dévastés. Et pourtant, malgré les frissons qui la parcourait, elle gardait la tête droite. Elle savait qu'il ne s'agissait "que" d'illusions mais...elle ne verrait pas de paysages comme ceux là sur terre.

Ils descendirent les marches. Au fond, deux personnes les attendaient: un ange dénudé et un homme peu avenant au premier abord. Cette première impression se confirma lorsqu'il commença à parler. Soit ils payaient, soit ils restaient là pour l'éternité avec l'angèle. Jolène ne devait pas abandonner Alban. Si jamais il lui arrivait quelque chose alors qu'ils étaient sans protection, tout serait fichu. D'ailleurs le tailleur tenta d'acheter leur passage, sans succès. L'angèle commença alors à raconter son histoire, comment elle s'était retrouvée là. Toute chose avait son prix ici.
Lloyd tenta d'acheter et les ailes et la clochette, sans succès. Au moins, ils seraient tranquilles maintenant. Enfin...encore fallait-il qu'elle arrive, elle, à payer. Mais tout d'abord, elle se dit qu'avoir des ailes serait surement une aide profitable à Alban. Il fallait qu'elle essaye de les avoir.

"Et...à quel prix les as-tu achetées? Je suis prête à te les reprendre si je peux payer..."

Angélique leva les yeux vers Jolène. Des yeux pleins d'espoir.

"Un prix dérisoire... J'ai donné tous mes vêtements contre ces ailes. Tout simplement. Mais c'est un cadeau empoisonné... Elles me détruisent le dos et de toutes manières, sans la clochette, je ne peux pas aller bien loin"

Puis, Jolène se retourna vers le maître des enfers. Elle avait bien écouté ce que Lloyd avait dit et seules deux choses lui venaient à l'esprit.

"Je n'ai pas grand chose sur moi à vous offrir mais...en voila deux que je vous donnerais sans hésitations si cela me permettait d'accompagner et de protéger Alban. Je vous offre ma jeunesse, ou mon amitié et ma fidélité. Voila tout ce que je peux vous offrir."

Elle baissa les yeux, en l'attente de son jugement. Son corps était droit, elle n'avait pas peur de ce qu'elle pouvait perdre, sa jeunesse, et avait l'impression qu'au delà de son rôle, le maitre des enfers n'était pas quelqu'un de mauvais. Il faisait son boulot, comme elle en ce moment.

Le Gardien plissa les yeux. Il semblait cogiter sur la proposition de Jolène.

"Je n'ai que faire de la jeunesse mais... L'amitié, qu'est ce donc que cela ? Dites m'en plus, jeune fille, sur ce que votre amitié peut m'apporter..."

Il marqua une nouvelle pause. Quelque chose avait attiré son attention. Il ferma les yeux quelques instants puis quand il les ouvrit à nouveau, il s'adressa à Alban :

"Jeune aspirant prophète, je vous conseillerai d'aller vite. Très vite. Une chose terrible est en train de se produire dans le Saint des Saints et mon homologue, là haut, risque de ne pouvoir repousser les puissances des Ténèbres. Seule la clochette pourrait débloquer la situation..."

Le Gardien parut réfléchir une fois de plus et ajouta :

"Jeune aspirant prophète, vous pouvez me poser trois questions et trois questions seulement, sachant que je ne répondrais pas sur le prix de la clochette pour votre amie. Mais je serai sincère sur toute autre question."

Le Gardien des Enfers sourit aux questions d'Alban. Le jeune homme semblait l'amuser et il se prêta volontiers au jeu des réponses :

"Quelques bricoles pour la suite... Une armée de troll et de nécromants déchainés, des chausses-trappes un peu partout le long du chemin, des sables mouvants, des araignées géantes et... Cela doit être à peu près tout. Il n'y a pas réellement de raccourci mais le vol est une capacité précieuse en cet endroit. Après tout, as-t'on déjà vu un troll volant ?"

Il poussa un petit rire.

"Non pas que vous ayez déjà vu un troll, j'imagine... La clochette vous permettra de passer en outre les portes d'ivoire. Sinon, vous pouvez essayer de grimper la Tour par vos propres moyens mais ce n'est guère conseillé... Le chemin est assez long pour rejoindre le Saint des Saints"

Observant Angélique d'un air lubrique, le Gardien reporta son attention sur les deux jeunes LeX et termina :

"Mais si la jeune fille rate la clochette, elle pourra toujours rester ici. Il n'y a pas beaucoup de distractions en Enfers mais j'essaye de m'occuper comme je peux. Je joue aux échecs, je construit un bateau, je fais du vélo et, bien entendu, je vais boire des canons avec mon ami le passeur... Nous avons donc un petit pub en Enfer, ce qui rend votre dernière question caduque, cher ami..."

La réponse de l'angèle fit tordre le visage de la jeune écossaise. Tous ses habits? L'idée de se déshabiller maintenant lui déplaisait. Mais ce n'était pas le moment de faire la fine bouche. Enfin...encore fallait-il qu'elle réussisse à convaincre le Gardien.

"Je finis avec le gardien et je suis à vous...si une robe déchirée vous suffit."

Un large sourire apparut sur le visage de l'ange.

"Tu sais, ces ailes... J'espère qu'elles t'apporteront plus de bonheur qu'à moi. Car à chaque moment, elles me rappellent ce que j'ai perdu et... Elles m'empêchent de m'envoler pour passer autre chose"

Elle se retourna vers le Gardien. Le regard franc. Étonnamment, son ignorance quand à la signification de l'amitié ne la surprenait pas tellement. Après tout, il avait passé sa vie ici non? Qu'espérait-elle de mieux? Il n'était pas un dieu comme Alban l'avait signalé. Il faisait son boulot et voila tout.

"Et bien un ami c'est..."

Elle laissa sa phrase en suspension, passant sa main dans ses cheveux. Elle se rendait compte que cette chose, aussi commune soit-elle, était quasiment impossible à définir dans sa totalité. Elle laisserait forcément quelque chose de côté.

"c'est..."

Sans compter qu'elle n'était pas la mieux placer pour parler de cela. Avait-elle vraiment cherché cette amitié avant son arrivée à l'institut? Pas vraiment...elle ne l'avait pas vraiment côtoyé...elle était presque débutante en la matière, mais...il fallait qu'elle se lance. Elle prit une inspiration avant de parler, d'un voix un peu hésitante, elle cherchait ses mots, ses tournures de phrases.

"Un ami c'est quelqu'un pour qui on compte, et qui compte pour vous. Il...comment dire...c'est...une sorte d'entraide permanente entre différentes personnes, mais pas d'entraide mercantile, ou intéressée...uniquement parce qu'on a envie de le faire...je..."

Elle passa sa main dans la nuque. Elle se rendait bien compte que cela ne suffirait pas pour le gardien. Mais en disant cela, elle pensait à Madison et Lenny...Dans ce cas là, des exemples concrets étaient bien plus frappants et puissants que les mots.

"Y a autre chose...l'amitié, ça créé des souvenirs, des souvenirs qu'on garde en soi, et qui aident à avancer...à changer aussi...c'est un soutient contre la solitude...mais...ça prend du temps à se construire...ce serait un peu comme...comme une maison construite à plusieurs, qui serait toujours en construction pour l'améliorer encore et encore, l'agrandir, l'embellir....c'est un remède qui peut guérir de la solitude et de la tristesse..."

Elle se prit les bras. Elle avait fini son argumentation...Que pouvait-elle dire de plus...elle l'ignorait...si cela n'avait pas suffit...elle serait obligée de rester ici...elle se mordit la lèvre à cette idée. Elle ne pouvait pas laisser Alban affronter seul tout ce que le gardien lui avait prédit.

"Je suis désolée...mes explications ne sont pas très claires...mais ce n'est pas quelque chose qui s'explique facilement...et je n'ai jamais été très habile avec les mots...c'est quelque chose qui se vit et qui se ressent..."

Elle se retourna vers le futur prophète, une sorte de sourire triste sur le visage.

"Ha...au fait Alban...si tu pars devant...tu pourrais...me laisser ta chemise? Tu comprends...pour après l'échange..."

Elle faisait référence à son marché avec l'angèle...si jamais celui qu'elle avait en cours avec le gardien arrivait à terme.

Le Gardien des Enfers quitta son éternel sourire grimaçant et répliqua d'une voix étonnamment neutre :

"Pour qu'une telle chose soit aussi difficile à décrire, c'est qu'elle doit être bien précieuse. Je crois comprendre ce que vous voulez dire. En fait, nous ne sommes pas amis et nous ne le serons probablement jamais. Question d'endroit, question de circonstances... Néanmoins, je me souviendrais assez longtemps de ce sourire... Celui que vous venez de faire à votre ami. Votre vrai ami. Et je me plais à penser..."

Il hésita et regarda sa captive, Angélique.

"Nous devons nous plier aux règles. Ceux qui ne réussissent pas sont condamnés. C'est un fait. Mais la damnation doit-elle être une abomination ? Saint Simon, l'un de vos philosophes, se plaisait à imaginer un paradis sur Terre. Pourquoi ne pas alors faire des Enfers un endroit vivable ? Au fond, votre cadeau c'est ce sourire... Et ce même sourire que je viens de voir sur le visage d'Angélique me laisse imaginer que la chose la plus précieuse quand on ne possède rien... C'est peut-être l'espoir qui transforme le monde"

Tendant la main à Jolène, il lui remit la clochette.

"Merci, mon amie..." lança-t-il d'une voix triste.

Tout s'accéléra ensuite. La transaction étant conclue, Jolène n'eut plus qu'à se mettre nue et à remettre ses habits à Angélique. Une fois le dernier vêtement remis à l'ange, les ailes de ce dernier apparurent comme par enchantement dans le dos de la jeune mutante. Les essayant, elle se rendit compte qu'elles n'étaient peut-être pas bien grosses mais en tout cas suffisantes pour voler !

*
**

Et c'est forte de cette merveilleuse capacité que la petite écossaise s'envola, Alban dans ses bras au dessus du sol. Du territoire des morts, l'étrange duo de porteurs de clochettes n'eut qu'une vision du ciel. Des armées de créatures étranges et mystérieuses occupaient l'espace, ne pouvant rien contre eux hormis les admirer depuis la terre... Et oui ! Ils virent même quelques araignées géantes !

Mais la vision qu'ils conservèrent de cette terre aride et dévastée fut celle d'Angélique et du Gardien et de Lloyd. Et tous les trois faisaient des signes de la main alors que Jolène et Alban s'éloignaient en direction de la Tour.

Alors que celle-ci n'était plus qu'à quelques dizaines de mètres, un courant ascendant entraîna Jolène et Alban vers le haut. Plus haut. Toujours plus haut.