[LeX 8.4.1] Les cendres du temps

Matéo était resté silencieux, l'effort effectué pour bouger cette foutue plateforme l'avait vidé de son énergie. Il espérait juste que Half et Aza Chorn n'avait rien remarqué. Du coup, il avait fait mine de rester sur ses garde avec un air de défi envers Aza. Il ne pouvait pas encore se défendre avec ses pouvoirs, mais il pouvait toujours mettre des coups de boule.

Il resta donc un peu en retrait en observant et en réfléchissant. Half se jouait d'eux depuis le début. Il jouait sur les apparences et leur semé le doute. Plus il y pensait, plus le Captain Lloyd lui faisait penser à cet enfant dont avait parler Alf.

Il fallait être fou pour venir ici sans pouvoir... et la courge bleu était aussi dérangé qu'Half. En le voyant rater Aza Chorn, il ne put s’empêcher de ce dire qu'il l'avait fait exprès. il en déduit qu'il y avait surement plus de deux robots sur cette plateforme.

Mina proposa de laisser Aza se chargeait d'Half. Le Satyre n'aimait pas cette idée. Ils serait capable de fusionner ou de leur jouer un tour

" Non! Joléne balance ça dans le vide! Aza reste loin de lui ou tu prends rafale cailloux dans face!"

Il ne s'en sentait pas encore capable mais il espérait que ça ne se voit pas sur son visage. Il se tourna vers Captain Lloyd et John six. Il voulait être sûr qu'ils n'étaient pas aussi des robots. Ils les pointa d'un doigt menaçant et dit.

" Je ai plus confiance! Quelqu'un a couteau? Je veux vous fasse entaille la main gauche pour vérifier vous c'est bien humain et pas robot!"

Pour Mina et Joléne la question ne se posait pas. Il leur faisait totalement confiance... enfin pour l'instant.
Ce lieu, Half et la fatigue commençait vraiment à lui taper sur le système.

Mina envoya Lloyd au casse-pipe. Une perte nécessaire surement...Mais à son grand étonnement, Aza, au lieu de le tailler en pièce, l'esquiva tout simplement. Caremus rigolait. Quelque chose n'allait pas mais la petite écossaise était incapable de dire quoi.
Mina réussit à toucher l'albinos, laissant apparaître câbles et fils électriques. Caremus n'avait pas mentit pour cette fois mais...La réaction d'Aza éclaira la bizarrerie de la situation, partiellement. Il ne semblait pas savoir qu'il était un robot. Il voulait simplement tuer Caremus. Ce dernier se mit à rire de nouveau. Ainsi, ses doubles pouvaient refuser l'héritage de leur créateur? Qu'importait...en fait...Jolène était sous le choc. Sous le choc...car elle venait de comprendre quelque chose...elle craignait de comprendre quelque chose. Elle resta la bouche entrouverte, quasiment insensible à ce qu'il s'était dit. Les clones partageaient les sentiments? Comment...comment savait-il que Six avait peur de mourir? C'est un clone. Pourquoi le savait-il uniquement pour lui? Pourquoi...pourquoi ce "Mektoub"? Une seule réponse venait et tournait dans sa tête. C'est un clone. C'est un clone. C'est un clone.

"Non...je...je ne le tuerais pas..."

C'est un clone. Et si elle s'était trompée? Si ils s'étaient tous trompés? C'est un clone. Ils étaient tous là avec leurs certitudes. Mais...si il y avait autre chose? C'est un clone. C'était peut-être la larme de Cornélius qui avait fait cela. Larme qu'elle avait surement été la seule à voir.

"Quels sont vos liens avec Six?"

Pour la première fois, sa voix semblait dénuée de colère. Elle était atone. Atone, parce que tout s'écroulait. C'est un clone. Parce qu'elle avait eu l'impression de ressentir quelque chose. De comprendre quelque chose. Elle parlait doucement, elle ne voulait pas que quelqu'un d'autre les entende. Surtout pas Six.

"C'est un clone aussi, n'est-ce pas?"

Elle regarda celui qui n'était plus qu'un tronc dans les yeux. Il n'y avait pas de haine. Juste de la tristesse. Ca expliquerait pourquoi il n'était pas "mort" finalement, pourquoi il n'avait pas été "tué" cette nuit là.

"Vous auriez aimé ne jamais faire ce que vous avez fait. Quelles sont vos erreurs? C'est cette fille?"

A ce niveau là, elle ne voulait plus tuer. Parce que ça ne servait plus à rien. Parce qu'il n'était plus que l'ombre de cette parcelle qui restait de lui.

"Comment pouvons nous arrêter cette gabegie? Je sais qu'au fond de vous, vous souhaitez que tout cela s'arrête. Vous êtes divisé par ça...et par le relent du vieillard. C'est le seul moyen pour le que mort redevienne enfant. Faire ce qu'il aurait souhaité qu'il fasse."

Ses coéquipiers râleraient surement. Elle les comprenait. Elle pourrait toujours leur rétorquer que vivant il était plus utile que mort. Mais même ça, elle n'y croyait plus. Ils étaient perdus au milieu du néant sans savoir si ils pourraient revenir un jour dans leur dimension. Sans savoir si les autres avaient réussi, ou même si ils étaient encore vivants. Ils pourraient très bien eux-même avoir déjà disparus, n'être plus que des âmes errantes que cela n'aurait rien changé et ne changeraient rien. Après tout, rien ne pouvait leur prouver qu'ils étaient encore en vie. Rien.

Dans la bouche de la Grande Effea, il y avait un univers de légo et des visages connus. Cornie Solo acquiesça : oui, il était bien Cornelius van Damme. Oui, c'était lui-même qui allait terroriser le monde bien des années après... Il lâcha, alors que le monde paraissait se figer autour de Kay, Brieuc et Elisabeth.

"L'innocence, une fois perdue ne peut être retrouvée. Il est loin le temps où avec Robert Bateson et mon épouse nous nous prenions pour des chevaliers. Qu'elle écoutait Elvis Presley tout en se déguisant. L'ésotérisme de Nathanael Cromwell nous a détruit. Et cette destruction personnelle a failli emporter le monde avec... Mais tout ceci est mensonge. Aussi, en souvenir de ce que j'ai été, je dois vous dire... Adieu"

Et Elisabeth et Brieuc sombrèrent dans l'inconscience.

*
**

Partout, sur les plateformes le même phénomène se produisait : Edeas sentit ses jambes défaillir avant que Clark n'est le temps de répondre. Une voix résonnait dans sa tête. Une voix mécanique qui lui disait : "Tout est terminé. Il est maintenant temps de dormir pour pouvoir se réveiller un jour de ce cauchemar. La folie suicidaire d'un homme, lui-même abusé par le passé, va se terminer. Ce ne sera pas une belle fin. Ce sera une fin dans les larmes et le sang. Mais tout ira bien, jeune mutant, tout ira bien..."

*
**

Les derniers êtres vivants encore conscients étaient Jolène, Matéo et Mina. Le face à face entre Aza Chorn et le ventre Caremus avait avoir lieu. L'homme qui n'était plus qu'un tronc robotique lança :

"Il n'y a rien à faire. David vient d'être tué. Et... Tout cela n'a plus aucune espèce d'importance. J'espère juste qu'Effea me pardonnera. J'espère juste que le monde me pardonnera. Je..."

Il jeta son regard vers Aza Chorn et termina en hurlant :

"Maintenant !"

Et l'albinos blanc lui fonça dessus. A grande vitesse. Et lui déchargea son pouvoir de télékinésie tactile sans autre forme de procès. Détruisant la dernière part d'humanité de celui qui avait décidé, un jour, de dompter la mort.

Jolène, Matéo et Mina s'évanouirent instantanément.

Le rêve était terminé.


Puis, tous se réveillèrent dans ce qui semblait être un entrepôt désaffecté et crasseux. Tous se réveillèrent et tous étaient réunis. Lucas et Kanata, Juliette et Abaigh, Jin et Alban, Edeas, Elisabeth et Brieuc, Jolène, Mina et Matéo. Ils étaient vivants et ne portaient plus aucun stigmate du combat.

Autour d'eux, leurs alliés. Mason était en position foetale, pleurant sur l'imposture de son existence. Et Esther...

... Esther était assise, l'air effondrée, aux côtés de la dépouille de David, une épée ensanglantée non loin d'elle.

Ce qui avait pu se passer pendant leur inconscience, les mutants n'en savaient rien. Personne n'en savait rien. Ces minutes de blackout avaient certainement changé le cours de leurs existences mais...

... elles avaient été effacées de leurs souvenirs.

Et le Saint des Saints qu'était-il devenu ? Quel était cet entrepôt ? Est ce que tout cela n'avait été qu'une projection de leurs esprits ? Et les robots, où étaient-ils ?

Mais personne ne voulait parler. Personne ne voulait savoir ou comprendre pour le moment.

Un enfant était mort et une mère anéantie.

Et dans un coin de la pièce, il y avait le corps d'un homme qui n'en était plus un... Un robot désactivé aux traits de Cornelius van Damme...


Esther ne repartit pas avec les LeX. En fait, elle ne dit rien. Elle ramassa son épée et quitta l'entrepôt.

Lo'ann, visiblement traumatisée, ramena les LeX à l'Institut. Là encore, elle ne dit rien...