[X-Rays 2.5 mode jeu] 1st William IV Street

Après un voyage en avion sans encombres, animé de conversations sur la pluie et le beau temps ; après un petit tour dans le métro londonien, les X-Rays parvinrent à la station Charing Cross.

C'est en sortant de l'endroit qu'ils tombèrent face à l'imposant bâtiment qu'ils avaient vu en hologramme. C'était nettement plus imposant en vrai. Une architecture vieille de plusieurs siècles, qui était visiblement parfaitement entretenue. Une sorte d'anachronisme dans un monde où ce type de construction et d'enluminure sur pierre n'existait plus que dans les villas de quelque riche mégalo.

"Nous y voilà. Le QG de la police mutante britannique. Et les anciens locaux du club des damnés. Même si l'extérieur est ancien, quasiment tout l'intérieur a été remis à neuf et aux normes. Sauf une aile qui a été préservée. Elle renferme quelques bureaux, quelques livres, et ne sert pratiquement plus qu'à être visitée par les touristes." expliquait-il tout en se dirigeant vers l'entrée, d'où sortait un homme assez jeune, blond, et ayant l'air vaguement nonchalant bien que son oeil brillait d'une lueur d'un intérêt non dissimulé pour la petite troupe de mutants qui venait visiter.



"Bonjour à vous. Je suis le chef adjoint Josh Garrisson. Je dois dire que vous avez vraiment piqué ma curiosité quand vous m'avez expliqué de quoi il retournait. Venez avec moi, entrez, je vais vous emmener à l'endroit que vous m'avez indiqué."

Il tourna prestement les talons, faisant sonner les clés qu'il avait dans les poches, suivi par Adam et son équipe.
En effet, l'intérieur n'avait rien d'ancien : tout était moderne et propre. Ils suivirent quelques couloirs, déserts à cette heure-ci, traversèrent quelques salles avant d'arriver à un large escalier en bois sentant l'encaustique et l'ancien.
Ils montèrent l'escalier grinçant pour réaliser une sorte de voyage temporel. Arrivés en haut, tout n'était que tapis, tentures, boiseries, dorures, ferroneries d'art... Garrisson expliqua alors, sur un ton de guide touristique.

"C'est la seule partie de l'intérieur du bâtiment qui a été préservée telle que. Tout ce que vous voyez ici date du XIXe siècle. ça nous sert pour les réceptions officielles, ou pour l'apparât. Il y a quatre bureaux, cinq suites, une salle de billard, un grand salon de réception, une salle à manger, une bibliothèque. Des cheminées partout, du parquet partout. Pour cet étage en tout cas. Si vous suivez le couloir, vous arriverez à un escalier monumental qui donne sur le hall de réception, et quelques autres vestibules et trucs du genre... Comment est-ce qu'on s'organise pour les recherches ? Vous avez amenés des engins ultra-sophistiqués ?"

Adam se contenta de sourire et de se tourner vers ses élèves, les sourcils haussés. A leur tour de se vendre un peu.

Si Tim avait fait attention à tout écouter sur leur mission lorsqu'ils s'étaient rendus en Sibérie, s'il était allé de l'un à l'autre de ses équipiers durant tout le voyage, il n'en avait rien fait cette fois-ci. Un tas de pensées s'étaient bousculées dans sa tête pendant le trajet. Il n'avait donc été que très peu bavard avec ses coéquipiers et était resté plongé dans un bouquin, rattrapé le plus souvent par les sombres idées qui l'agitait : Adam avait-il raison ? allaient-ils réellement être bien accueillis dans cette police de surveillance des mutants ? allaient-ils encore croiser Hope et Derek ? saurait-il protéger les siens si c'était le cas ?

Bref, le leader des X-rays était inquiet et la décontraction de son professeur n'était pas sans l'inquiéter un peu plus. Mais, petit à petit, à grands renforts de *Calme-toi !*, de regards amicaux de ses camarades, le jeune homme s'était peu à peu calmé.

Lorsqu'ils se posèrent à Londres, le français était plus ou moins fermé. Il était bien moins excité que lorsque son équipe et lui avaient débarqué sur le site de l'astéroïde, mais le sérieux qu'il affichait n'était peut-être pas malvenu. Sérieux qu'il poussa d'ailleurs jusqu'à l'indifférence devant le batiment londonien de la police mutante. Non pas qu'il ne fut pas impressionné par le contraste qu'il créait dans ces avenues beaucoup plus modernes, mais l'idée que cet immeuble abritait des policiers chargés de les surveiller, eux...

" Bonjour." marmonna-t'il en hochant la tête à l'attention du policier qui, malgré ses faux airs de top-model, n'attirait pas la confiance du jeune homme.

* Piqué sa curiosité ??* tiqua le français, de plus en plus méfiant.

Il chercha encore une fois un soutien amical dans les yeux de Jenifer, de Nan et de Wind avant de suivre son professeur et ce Garrisson. Mais, toujours mu par l'idée d'en finir rapidement avec cette mission étrange, il ne prêta qu'une attention modérée aux décors qui les entouraient et aux explications qui les accompagnaient.

Un brin sur la défensive, le jeune homme avança d'un pas et répondit au chef adjoint avec froideur :

" On fait plutôt appel à nos dispositions naturelles."

Il se tourna vers ses coéquipiers et leur adressa un sourire complice qui détendit singulièrement les traits de son visage.

" Ca ira ?"

Il se retourna de nouveau vers le policier et continua :

" Nous avons des experts en sons, en lumières et en espace. Malgré leur âge, ils sont très efficaces." récita-t'il pour plaider un peu leur cause devant des oreilles a priori attentives. " Nous sommes assez polyvalents..."

Il se retourna vers sa plus jeune coéquipière et lança :

" Jen, tu peux voir si tu peux faire quelque chose dans cette pièce ??"

Charing Cross.
Wind semblait nostalgique depuis qu'ils étaient arrivés en Angleterre, et de fait, elle l'était réellement. Ca ne faisait pourtant pas si longtemps qu'elle était arrivée à l'institut, mais les événements s'étaient tellement bousculés qu'elle avait l'impression de redécouvrir sa ville maintenant qu'elle y remettait les pieds. L'imposante bâtisse qu'ils avaient vu en hologramme, d'ailleurs, lui semblait autant connue qu'étrangère à cet instant, et pourtant, elle était passée par ici un nombre incalculable de fois... Adam avait confirmé leur arrivée au QG de la police mutante britannique, et elle avait hoché la tête, quelque peu anxieuse. Ils allaient pénétrer dans l'immeuble, allaient entrer dans l'aile réservée aux touristes pour y dénicher - tout au moins l'espéraient-ils - des reliques du passé, et elle ne pouvait pas s'empêcher de songer à ses petits tracas familiaux, autrement plus insignifiants en réalité que l'histoire des mutants. Mais elle n'y pouvait rien, c'était plus fort qu'elle.

Une homme plutôt jeune, à la chevelure blonde vint les accueillir, et il était difficile de ne pas réaliser l'intérêt qu'il leur portait, bien qu'elle ne s'expliquât pas vraiment pourquoi. D'accord, ils étaient des curiosités de l'évolution humaine, d'accord, Adam avait sans doute piqué sa curiosité avec ce qu'il lui avait annoncé, mais tout de même... Il se présenta, et Wind hocha la tête en guise de salut. Comme il les invitait à entrer, l'anglaise suivit le groupe, sans un mot, avec cependant un regard qui cherchait un peu d'assurance autant qu'il voulait en donner à l'attention de Tim.

L'intérieur contrastait drastiquement avec l'apparence extérieure du bâtiment, et la blonde resta un moment à observer les murs, le mobilier. Elle n'aurait jamais imaginé l'agencement, la décoration intérieure ainsi. Evidemment, c'était logique que l'immeuble ait été réhabilité, s'il devait servir de centre administratif à cette branche si particulière de la police britannique, mais ça l'avait pourtant surprise. Observant les couloirs pourtant vides, elle suivit encore la petite troupe jusqu'au large escalier, plus semblable à ce que son imagination avait prévu pour l'édifice.

Curieusement, les marches grinçantes la rassurèrent quelque peu, comme ils entamaient l'ascencion. Peut-être était-ce l'impression de sortir des locaux trop administratifs... Tapis, tentures, boiseries, dorures, ferroneries d'art habillaient les pièces dans lesquelles ils pénétrèrent, et les prunelles de la jeune femme semblèrent briller d'intérêt tandis que Garrisson leur expliquait que c'était la seule partie de l'intérieur du bâtiment qui avait été préservée telle que. Elle hocha la tête lorsqu'il data les oeuvres d'art, précisa la présence de parquet et cheminées dans toutes les pièces de l'étage.

Elle suivit la direction qu'il indiquait du regard, lorsqu'il évoqua le hall de réceptions et autres vestibules accessibles par un escalier colossal, comme si elle avait pu y déceler quoi que ce soit, et resta silencieuse bien qu'il ait clairement posé une question à leur attention et qu'Adam se soit tourné vers eux. En théorie, elle devait pouvoir entendre ce que d'autres ne pourraient déceler. Et puis ? Ca marchait tellement souvent qu'elle n'avait pas vraiment envie de faire de la publicité mensongère. Jen et Enzo, notamment, seraient plus à même de "vendre la marchandise", ou Tim, puisqu'il était leur leader. D'ailleurs, ses pupilles vert pâle se posèrent sur Fahrenheit... Sa réponse n'avait pas vraiment de quoi rassurer la jeune femme, et pourtant, lorsqu'il leur sourit, elle esquissa elle-même un sourire en retour.

"Ca ira ?" demandait-il. Elle hocha la tête par réflexe. Il le fallait bien de toute façon, même si elle ne se considérait pas vraiment comme experte en sons. Et elle fut bien soulagée qu'il se tourne en premier lieu vers Jen.

Le voyage fut... long. Certes moins que celui vers la Sibérie mais la longueur ne venait pas tant de la distance mais plutôt de l'ambiance et surtout leur leader qui semblait s'être enterré dans un mutisme à la raison inconnue. Heureusement elle trouva un peu de réconfort auprès de Nan, un calme reposant et plus léger que pesant, elle s'amusa à lui demander une petite brise légère venant jouer dans ses cheveux.

Les rues de Londres toutes... britanniques du moins on ne peut plus britanniques. Si les X-Rays étaient toujours aussi tendus, la destination approchait. Jen s'imaginait le policier comme un vieux bonhomme aux cheveux gris et à barbe... un genre de père noël british en quelque sortes. La vue du jeune homme d'un charme mystérieux n'était pas sans surprendre voire attirer l'attention de la jeune adolescente qui ne put s'empêcher de sourire en jetant un coup d'oeil furtif à son équipier algonquin.

Le bâtiment était impressionnant, et l'extérieur trancha énormément avec les fournitures modernes qu'ils traversèrent d'abord. Puis ce fut le voyage temporel avec l'arrivée dans l'aile non rénovée. Une chaleur toute singulière, assez proche du manoir de l'institut en définitive, et Jenifer faisait voler son regard tout autour comme pour ne rien manquer. Elle aurait bien sorti son appareil photo mais ça n'aurait peut-être pas été très apprécié par le maitre des lieux. Les questions de Garrisson ramenèrent la jeune fille à la dure réalité de la mission.

"Comment est-ce qu'on s'organise pour les recherches ? Vous avez amenés des engins ultra-sophistiqués ?"

Bonne question et... mauvaise question. L'organisation c'était l'affaire de leur leader, Adam y mettrait peut-être la main mais s'il avait nommé Tim c'était pour une bonne raison qu'il ne remettrait pas en cause sans une raison encore meilleure. Pour la seconde question... non ce n'était pas une bande d'agents secrets, tout juste avaient-ils un secret pour beaucoup, de moins en moins d'ailleurs, mais pas une technologie à s'en défriser les couettes... non ça non.

Effectivement, Tim prit les rênes sur un regard du professeur. Et il se débrouillait plutôt bien, un brin d'humour à la française et un clin d'oeil à ses équipier... un bon leader.

" Jen, tu peux voir si tu peux faire quelque chose dans cette pièce ??"

Elle sentit son regard et comprit qu'il attendait qu'elle fasse une petite démonstration. C'était sympathique de penser qu'il comptait sur elle, la cadette de l'équipe. Un sourire plus tard, Jenifer lança en réponse :

- Un petit spectacle privé ? Nova à votre service !

Les yeux de Jen brillèrent un bref instant en prémices au feu d'artifice. Levant les deux bras, Jenifer se concentra rapidement et ils se mirent à scintiller avant de briller comme deux lampes. Puis elle dirigea la lumière et, effectuant un arc de cercle avec ses bras, elle balaya la salle de deux faisceaux lumineux avant de finir dans un petit flash... pour le plaisir.

- Au moins vous voyez mieux ce qu'il voulait dire par "expert en lumière" ! dit-elle avec un air malicieux et un certain aplomb, se dandinant les mains dans le dos.

Jen pencha la tête vers son leader et lui rendit un sourire complice.

Dans l'avion ça allait, même si Enzo redoutait toujours un crash quand il survolai la mer si dangeureuse pour lui, mais une fois à Londres, il n'en fut pour autant pas rassuré. En effet laisser son professeur lui donner un aspect normal pour le monde le contraignait également et l'inquiètait, non pas pour lui mais pour la vie de Zachary.

Dans l'ancien club des Damnés, Enzo ressentit aussitôt une atmosphère oppressante, il voulait quitter les lieux au plus vite. Etait-ce l'histoire des lieux ou ce qu'ils représentaient aujourd'hui?

Tim avait-il compris qu'Enzo ne serait pas très utile? Contrairement à leur professeur, le leader des X-Rays n'attribua pas l'eau comme spécialité des ses membres et heureseument car Enzo n'était pas très à l'aise.

*QUant est-ce que Garrisson va partir que je puisse être moi-même?*

"Professeur, est-ce que j epeux avoir une apparence normale maintenant, nous ne sommes plus dans la rue?"

Silencieux et sans attendre de réponses claires, Enzo fixa les murs comme s'il voulait voir au travers tout autour de lui à la recherche de points d'eau dans le batiment.

Il retrouva quelques points d'eau eparpillés mais il ne savait pas si ceux-ci était connus ou non, peut être était-ce juste les toilettes de l'étage. Il repéra également les canalisations courant dans les murs : eau chaude, eau froide, juste derrière les cloisons. Enzo fit néanmoons son rapport en espérant que Garrisson pourrait leur indiquer le vrai du faux.

[Désolé pour le retard]

Garrisson applaudit légèrement face à la démonstration de Jen, et haussa un sourcil interrogateur en direction d'Adam au vu de la question d'Enzo : une apparence normale ? Qu'est-ce qui n'était pas normal chez lui ? se demanda-t-il. Un hydrokinésique. Intéressant.

Garrisson répondit simplement :

"Il ne servira à rien de parcourir l'endroit si nous ne savons pas exactement ce que nous cherchons. Le hic, c'est que nous ne savons pas exactement ce que nous cherchons. Mais nous pouvons avoir quelques idées : j'ai consulté les plans d'architete de l'aile dans laquelle nous nous trouvons : toutes les pièces sont inventoriées, ce qui signifie qu'il n'y a pas la place pour mettre une grande salle dans ces niveaux. Tout au plus, un placard... Quelque chose du genre. Un escalier, un ascenseur... Une entrée quelconque vers quelque chose de plus gros qui se trouverait, vraisemblablement, sous terre."

Il alla frapper au mur.

"Le sondage des murs indique qu'ils sont tous pleins. Du moins, avec nos moyens à nous. Mais vous avez, je pense, des moyens de touver des murs creux. Ou des canalisations qui dévient à un endroit où une porte pourrait s'ouvrir... Si on cherche un ascenseur, il y a probablement de l'électronique, ou du mécanique dedans. Si on cherche des escaliers, un endroit creux..."

Adam hocha la tête aux affirmations de Garrisson.

"Nous allons nous séparer. Tim, Jen et Nan, vous restez avec le chef adjoint et vous couvrez cet étage. Moi, Enzo Wind et Gaël, nous allons à l'étage inférieur.

Ne cherchez pas ~quelque chose~, mais une absence de quelque chose : un creux, un vide, une absence, un blanc. Quelque chose qui devrait être là et qui n'y est pas. C'est notre meilleure chance."

Il fit signe à ses élèves de le suivre, et sortit de la pièce, se dirigeant vers les escaliers descendants. En chemin, il dit à Enzo qu'il pouvait retirer son costume. Arrivé dans le hall, il entra dans le premier couloir venu, et alla dans la pièce la plus au fond de celui-ci, puis plaqua une main sur le mur, diffusant ses fils à l'intérieur.

"On va commencer par là, et suivre les pièces jusqu'au hall. Essayez de corroborer vos découvertes entre vous, ce serait malheureux qu'un mur soit détruit pour rien."

dit-il de vive voix aux élèves présents, et par le communicateur pour ceux au dessus.

Tim avait regardé avec plaisir la prestation de Jen, rassuré de voir qu'il avait choisi la bonne personne - la plus à l'aise du groupe, assurément - pour faire une démonstration. Le jeune homme aurait eu un peu honte de l'avouer, mais, bien qu'il eut pour règle de vie de ne demander aux autres que ce qu'il serait lui-même prêt à faire, il était loin d'être d'accord pour se montrer sous un jour un peu trop "enflammé" devant un humain normal membre d'une police de surveillance du phénomène mutant.

Un signe de tête et un léger clin d'oeil à sa coéquipière pour lui faire comprendre qu'il était fier de sa prestation et il se retourna pour faire face aux deux "adultes" du lieu : Adam et le policier. Avec un léger air de défi, il lança, en même temps qu'un petit coup de tête :

" Experte en lumières."

Il avait beau rester méfiant au possible à l'égard du chef adjoint Garrisson, Tim n'en demeura pas moins poli et écouta attentivement toutes ses remarques qui, il devait le reconnaitre, n'étaient pas dénuées de tout sens logique. Il hocha brièvement la tête et commenta :

" Nous ne sommes pas non plus des magiciens. Mais on va voir ce qu'on peut faire..."

Il fut bien vite rattrapé par son professeur qui proposait une scission du groupe en deux, pour couvrir plus de terrain. Tim aussi, bien sur, avait pensé à cette stratégie mais bien plus pour éloigner l'agent Garrisson que pour autre chose. Aussi, quand il se rendit compte qu'il se retrouvait dans le groupe dudit policier, il dégluttit bruyamment et regarda son professeur avec des yeux ronds :

" Je...."

Il regarda par terre pour retrouver son calme et, un poil trop hypocrite quand il releva la tête, il lança :

" Je serai ravi d'aider le chef Garrisson."

L'objectif numéro un de leur prestation, hormis bien sur celui de ramener quelquechose à l'Institut, était de faire un peu de pub pour leur école. De démystifier la gent mutante, en quelque sorte. Quitte à passer outre les craintes et ressentiments personnels.

Fermé malgré tout, avec en principale ligne de mire de rester vigilant pour protéger ses deux cadets si le besoin s'en faisait sentir, le leader s'approcha doucement de Garrisson pour lui glisser :

" Je suis comme vous, je ne sers pas à grand chose dans cette pièce. Je vous propose qu'on les aide quand même. Même si vous avez déjà utilisé vos appareils."

Il s'écarta un peu pour rejoindre Nan et Jen. Délaissant volontairement le policier pour prendre à part ses équipiers, le leader des X-rays leur glissa, à demi-voix :

" Jen, peut-être que tu pourrais passer au zoom les murs de la pièce, histoire de déceler des anomalies... Et Nan, peut-être que tu pourrais... je sais pas, voir si tu sens pas quelque chose de vieux et renfermé. Moi je m'occupe de le faire regarder ailleurs. Parce que sinon, à part cramer le papier-peint..."

Une petite tape sur l'épaule de son colocataire et ami avant de lui demander :

" Ca va aller, Nan' ?"

Il avait bien remarqué les regards impressionnés de l'algonquin lors de leur arrivée à Londres et, en bon paternaliste refoulé, il ne pouvait s'empêcher d'avoir ce genre d'attentions.

Une fois cette petite marque d'affection executée, il retourna à ses moutons. Son mouton, en fait, tout blond, bien que pas très frisé.

" On y va ??"

Il invita le policier à le suivre et, sans grande intelligence, il tâta le mur et observa plus particulièrement une bibliothèque dans l'espoir de trouver un bouquin qui activerait un mécanisme secret. Dans ce siècle comme dans un autre, ce système excitait toujours les esprits et nourrissait toujours les légendes les plus folles et les polars les moins inventifs. Malheureusement, cette bibliothèque était on ne peut plus normale. Garrisson lui objecta :

"Il y a une pièce de l'autre coté de ce mur... Je ne pense pas qu'il soit assez épais pour dissimuler quoi que ce soit."

Et Jen s’en tira avec les honneurs. Mais Wind n’en doutait pas, et elle sourit à sa camarade : elle avait déjà vu sa coéquipière à l’œuvre, et la brunette maîtrisait de mieux en mieux ses aptitudes. Contrairement à elle. Elle n’était pas vraiment pressée qu’on s’adresse à l’experte en sons qu’elle était censée être. Censée. C’était bien tout le problème. Tout comme elle, Nan’ et Gaël gardaient le silence, et si elle imaginait que l’un était perdu dans un milieu qui somme toute, devait lui être totalement étranger, elle n’aurait pas pu donner la raison du malaise de l’autre avec certitude. Pourtant, elle-même, outre son intérêt pour la décoration des lieux, n’était guère rassurée de se trouver ici, de par les derniers événements qui la rattachaient à la ville, à savoir le fiasco du centre.

Quand Enzo demanda s’il pouvait revenir à sa forme normale, l’anglaise se tourna vers lui, perplexe. S’il y en avait un dont elle avait bien du mal à appréhender les implications du pouvoir, c’était bien lui. Elle ignorait donc ce qu’il lui en coûtait à cet instant, de sembler humain, ou presque. Elle n’eut guère le temps d’y songer, Garrisson évoquait le sondage des murs, et elle se doutait qu’à un moment ou à un autre, ce serait à elle de jouer. Si tant elle qu’elle fût capable d’abattre ses cartes. Aussi quand Adam divisa l’équipe et qu’elle fut désignée pour venir avec lui, Gaël, et Enzo, fut-elle soulagée : elle restait en terrain si ce n’est connu, moins inconnu toujours, de par les personnes présentes. Ce n’est d’ailleurs que lorsque leur quatuor descendit de fait à l’étage inférieur que l’élémentaire put retrouver sa forme « normale ». Et quand il fut temps de commencer les recherches, la londonienne regarda Adam, puis Gaël, s’atteler à la tâche un instant, puis poussa un soupir.

*Elle est belle, l’experte en sons, tiens*

L’experte en sons, elle n’avait pas vraiment envie d’user de son pouvoir, puisque ça représentait un risque pour les trois autres personnes à cet étage, voire également pour les autres. Et puis de toute façon, elle n’était même pas sûre de parvenir à le déclencher. Pourtant, émettre des ultrasons par quelque interstice que ce soit pour en obtenir le retour auditif et évaluer les distances, en théorie, ça aurait pu être utile. En théorie.

Pour l’heure, elle essayait toujours d’entendre quelque chose, même si elle doutait de pouvoir vraiment obtenir un résultat convainquant sur ce plan là aussi. Et c’est en tapant du poing sur les murs qu’elle se déplaçait, même si, comme Garrisson l’avait dit, leurs instruments n’avaient rien détecté. C’était toujours mieux que ne rien faire, même si elle doutait de l’utilité de la manœuvre.

C'est au milieu de ces doutes qu'elle réalisa qu'elle entendait quelque chose. Des petits retours étouffés. Plus que probablement, il s'agissait des canalisations courant dans les murs, parfaitement parallèles au sol.

Jenifer était fière de sa prestation qui avait, semblait-il, eu un certain succès auprès du policier. La réaction de son leader ne fit que confirmer l'impression que le travail avait été réalisé comme escompté. Mais il ne s'agissait là que d'un échauffement pour impressionner la galerie, les choses sérieuses allaient commencer très bientôt.

Lorsque Adam scinda le groupe, elle fut satisfaite d'être avec Tim mais peut-être bien plus encore avec Nan. Elle ne put réprimer un petit sourire joyeux. Le point un peu plus dérangeant était de se retrouver avec le policier qui, malgré tout, était loin d'avoir sa confiance. Elle en avait trop vu sous le mauvais angle pour faire encore confiance et d'autant moins qu'il s'agissait d'une police spécialisée dans les affaires mutantes. Mais cette mission commençait paisiblement et une certaine gaieté avait gagné Nova alors qu'ils se préparaient à l'inspection des lieux. Elle fit un signe d'aurevoir de la main à l'autre partie des X-Rays alors qu'elle emboitait le pas de son équipe d'exploration.

Farenheit leur donna des indications pour l'investigation à mener. Elle allait donc chercher à déceler une fente ou tout interstice louche dans les murs. Ca semblait être un bon plan, néanmoins il lui faudrait se ménager des temps de repos pour ne pas trop se fatiguer.

- Ok Farenheit, j'essaie de trouver un truc bizarre à la loupe par contre je vais devoir m'économiser sinon je vais être à sec avant la seconde pièce, c'est qu'il y a une bonne longueur de mur au total ! lui glissa-t-elle de manière aussi driscète.

Alors que le leader se mit à chercher avec l'aide de Garrisson, Jen se dirigea vers un autre mur si possible sans trop d'obstacle c'est à dire de mobilier et assez épais pour être suspect. Elle avait décidé de promener son regard à sa hauteur, bien horizontalement, pour chercher principalement une fente verticale qui pourrait délimiter une ouverture. En longeant les murs, elle couvrirait assez rapidement la pièce pour ne pas trop s'épuiser dès le départ. Car la recherche s'annonçait longue et laborieuse, autant chercher une aiguille dans une meule de foin. S'il le fallait, elle ferait une pause pour se recharger du mieux possible.

Aussi Jen se mit face au mur, posant sa main sur la surface comme un guide car sa vue n'allait plus lui donner de repère utilisable. Elle se concentra et le mur sembla comme se rapprocher d'elle, s'était assez déroutant et sa main lui permit de ne pas perdre l'équilibre pendant cette phase. A présent, il lui semblait presque avoir l'oeil collé au mur et même plus encore, elle pouvait nettement distinguer le grain du revêtement et cela suffisait pour trouver une imperfection intrigante. La jeune mutante commença à longer lentement le mur, prenant soin de ne pas passer trop vite sur une zone mais sans perdre un temps précieux pour une tache de poussière ou un clou oublié. Malheureusement, elle ne vit que du lambris et de la tapisserie... visiblement, le camouflage était nettement plus évolué que ça s'il avait tenu plus de 100 ans.

Comme convenu, Gaël suivit Adam dans le bâtiment. Il avait eu beau se rassurer, se dire qu’on ne le mettrait pas en prison dès qu’il mettrait un pied dans l’imposant, il ne sentait pas en sécurité, même avec la présence de son équipe au grand complet. De cela provenait cette désagréable sensation de se jeter dans la gueule du loup, un peu comme si un fugitif recherché pour meurtre aller se servir d’un distributeur dans un commissariat. Cependant, le fait que le guide ne fit pas particulièrement attention au jeune homme le rassura quelque peu, sans pour autant le mettre à l’aise pour de bon.

Aussi, la manière dont l’équipe fut séparée satisfit assez bien le jeune homme, bien qu’il nota un léger détail. En effet, il ne comprit pas pourquoi il était séparé de Jen et de Nan, et de ce fait, se retrouvant le seul « jeune » de son groupe. Il n’y avait sûrement rien à comprendre, le prof ayant agi sans aucune arrière-pensée particulière mais en grand suspicieux qu’il était, Gaël commençait déjà à émettre des hypothèses. Zachary voulait peut-être l’avoir à l’œil parce qu’il était le plus jeune et qu’il ne lui faisait pas confiance à cause de ça. Il le trouvait peut-être trop immature et pas assez malin pour se retrouver tout seul dans une pièce avec des joujou datant déjà d’un certain temps. Eh bien, si il en avait l’occasion, Il lui prouverait le contraire !

Cependant, ce petit challenge personnel n’était pas gagné d’avance. En effet, de tous ses amis, il était sans aucun doute le plus inutile. Dans la situation actuelle, ses pouvoirs ne lui servaient à rien et par conséquent, il ne pouvait compter que sur un peu de chance.

Il commença à promener ses mains sur le premier mur qui lui tomba sous la main, examinant sa façade très minutieusement afin de trouver une possible fissure.

Face aux révélations d'Enzo, il ne fallut pas longtemps à Adam pour donner l'instruction à tout le monde de rejoindre cette fameuse pièce. "Et prévenez Garrisson !" avait-il ressenti le besoin d'ajouter, le policier n'ayant pas de communicateur.

Lui et sa demi-équipe arrivèrent les premiers dans la pièce. une vaste salle voûtée qui avait sans doute du être un peu arrangée : un monstrueux billard de pierre massive trônait en plein milieu. Adossé au mur de gauche, une cheminée monumentale. Face à eux, des fenêtres à ogives donnant sur la cour intérieure, qu'on ne pouvait pas vraiment distinguer du fait de la nuit. A leur droite, un espace ouvert muni de fauteuils et de petites tables rondes, sans doute un ancien fumoir, et au delà de cela, le bar qu'avait détecté Enzo, qui pouvait y déceler, maintenant qu'il était plus proche, un certain nombre de contenant au contenu pouvant contenter les plus incontinents de l'éthanol.

Enzo pouvait détecter l'alimentation en eau du bar, venant de la pièce derrière le mur, les tuyaux contournant soigneusement l'endroit où ils se trouvaient, de même que le circuit de chauffage, contournant soigneusement le sol de cette pièce pour rejoindre les radiateurs.

Garrisson arriva peu de temps après.

"Ah. Vous avez trouvé quelque chose ici ? C'est une vieille salle dont un des murs a été abattu pour l'élargir. Le billard et la cheminée sont d'époques. C'est pas du meilleur goût, mais on a jamais arrivé à les retaper, alors on laisse les choses en plan..."

Lorsqu'Adam leur communiqua les résultats des investigations, Tim s'écarta bien vite de cette bibliothèque où il ne trouvait vraiment rien d'interressant pour regarde ses deux camarades avec des yeux ronds de surprise. Sans dire un mot, Tim se retourna et se rua vers la pièce indiquée par son professeur. Arrivé au pas de la porte, il stoppa net et, suivant les directives de son professeur avec un enthousiasme tout à fait relatif, il se retourna pour hêler le chef Garrisson :

" Par là, ils ont trouvé quelque chose !"

Sans autre forme d'avertissement, Tim s'élança vers la pièce pour rejoindre Adam et le reste de son équipe. Lorsqu'il arriva dans la pièce, il interrogea du regard Adam, puis Wind avant de s'approcher de cette dernière pour lui glisser :

" Qu'est-ce qui se passe ? Vous avez fait vite !"

Il se retourna pour écouter les commentaires de Garrisson sur le billard et la cheminée et se dirigea instinctivement vers le premier des deux pour l'analyser tout en l'effleurant du doigt.

Car Tim n'avait pas conscience d'être ridicule en tripatouillant le mauvais meuble. Mais comment aurait-il pu savoir, lui qui ne voyait rien, qui ne sentait rien de plus que ce que le chef Garrisson lui-même apercevait ? Au bout de quelques instants, il se rapprocha de nouveau de la londonnienne pour continuer, en prenant un ton un peu snob :

" Avez-vous pensé à corroborrer vos recherches, Miss Smith ?"

Il afficha un bref sourire à l'attention de son équipière. C'était sa première véritable mission, et il ne voulait surtout pas qu'elle se sente mal à l'aise, d'autant plus qu'il avait clairement mis en doute ses capacités de controle de ses dons lors de leur briefing. Il n'avait jamais osé s'excuser, mais il s'était fait violemment la remarque :

* Qui tu es pour juger quelqu'un qui perd le controle ?*

Et aujourd'hui, repentant, mais trop timide pour se confondre en excuses embarrassantes, il tenait à afficher son soutien moral - peut être encore plus difficile à assumer pour Wind que les critiques qu'il avait formulées - à son équipière.

Quand Enzo avait repris sa forme originelle, la londonienne avait souri, et récupéré l'étrange cube qu'était redevenu sa combinaison, pour le fourrer dans une sacoche blanche pendue à son épaule. Elle était sur le point de demander à l'élémentaire de suivre les canalisations qu'elle entendait de l'autre côté du mur, se doutant qu'il pouvait plus aisément qu'elle par le son, suivre grâce à son affinité avec elle l'eau qui y circulait. Mais il n'avait pas eu besoin de telles directives et avait très rapidement trouvé la pièce qui restait étrangement parfaitement exempte de tout conduit.

Tim la questionna à mi-voix et elle sourit pour lui répondre tout aussi doucement :

- L'eau n'a aucun secret pour notre "étalon italien", fit-elle dans un sourire, j'entendais des canalisations dans les murs de l'autre pièce, si moi j'ai pu les repérer, évidemment, il les a ressenties, et suivies... En tout cas, ici, il semblerait justement que les tuyaux fassent de jolis détours...

Garrison expliquait que billard et cheminée n'avaient jamais pu être remis en état, et restaient donc d'origine. Il semblait donc tout à fait probable que l'entrée soit dissimulée par l'un des deux. Elle imaginait presque les scènes des vieux romans, avec des femmes aux cheveux crantés, portant des robes décolletées, pailletées, pleine de fanfreluches et des talons vertigineux, et des hommes en costume trois pièces fumant un cigare. Dans un tel cadre, on aurait en dévoilé l'entrée d'un passage secret par un bouton sous le billard ou le manteau de la cheminée. Mais si personne ici ne s'était rendu compte de quoi que ce soit, c'était sans doute plus subtil que ça...

Ses pensées se stoppèrent brusquement lorsque la voix de leur leader retentit de nouveau et elle se tourna vers lui, le visage de marbre, ses prunelles pâles semblant scruter un moment le français. Elle comprenait très bien les mots qu'il venait de formuler, mais ne voyait guère où il voulait en venir. Pire encore, après les remarques lors du briefing, elle se demandait s'il n'y voyait pas un moyen de la mettre en garde - comme si elle en avait besoin - contre son pouvoir. D'un autre côté, elle avait bien compris ce jour-là qu'il avait juste été maladroit... Sans doute était-ce tout autant le cas aujourd'hui, parce qu'elle ne voyait pas trop bien quelle était la raison du sourire tout à fait amical qui ponctuait sa question. Sourire qu'elle lui rendit, parce qu'elle ne voulait pas le mettre mal à l'aise à son tour.

- A quoi pensez-vous précisément, Monsieur Lekdo ?

Le ton de sa voix semblait tout ce qu'il y avait de plus naturel et posé, même si elle avait un peu trop insisté sans doute sur le "monsieur" - en français s'il vous plaît, même si son accent "RP" était à tailler à la machette.

Malgré ses propres doutes quant à son utilité sur les lieux, qu'elle n'imaginait même pas partager avec son coéquipier, d'ailleurs, elle s'était approchée à son tour des meubles nommés par le chef de la police. Et tandis que Tim traficotait elle ne savait trop quoi - mais à son sens, c'était aussi bien, toujours mieux que de ne rien tenter toujours - elle tâchait de rester concentrée sur ce qu'elle pouvait entendre, des fois qu'un mécanisme quelconque se mette en route, ou semble bloqué par quelque mauvaise manipulation. L'idée d'utiliser les ultrasons comme le font les chauve-souris lui restait en tête, mais elle refusait toujours aussi catégoriquement de s'y résoudre, trop consciente du risque que les autres pouvaient encourir... Wind eut beau tendre l'oreille, elle n'entendit rien de plus que le chuintement de l'air dans le conduit de la cheminée.

Jenifer avait suivit le mouvement, l'équipe était de nouveau réunie. Elle était quelque part déçue de n'avoir rien trouvé par elle-même, c'était un peu frustrant d'avoir été bredouille sur cette fouille, mais l'important c'était que l'un d'eux ait été plus heureux car, après tout, le principal c'était d'abord l'équipe...

Arrivée sur place et plutôt que de se jeter sur tous les meubles comme ses collègues, Jen resta un moment silencieuse et debout au milieu de la pièce, tournant sur elle et scrutant chaque recoin d'un air pensif, cherchant une idée, une inspiration, même un simple pressentiment avant de lancer :

- Professeur... vous nous avez bien dit qu'il s'agissait d'un groupe de mutants, n'est-ce pas ?! Est-ce que vous pensez que le système d'ouverture puisse demander l'utilisation d'un pouvoir mutant ? Parce que si cette "Emma Frost" en est à l'origine et s'il s'agit d'un interrupteur mental on a pas ce... "matériel" à disposition !

Elle avait prononcé le mot "matériel" sur un ton cynique quelque peu inhabituel pour elle mais sans pour autant être provocateur, cela pouvait tout aussi bien passer pour un saut d'humeur d'une adolescente. D'après ce qu'avait dit Enzo, les canalisations évitaient le bar, il était donc logique que la recherche parte de cet élément, car elles devaient contourner quelque chose, cela n'était surement pas sans raison, aussi Jen se dirigea vers ce coin tout en demandant :

- Qu'est-ce qu'il est censé y avoir sous cette pièce ? On est au-dessus d'une autre pièce ? D'un mur ? Enfin surtout le coin du bar...

Alors qu'elle était toute proche, Jenifer décida d'essayer quelque chose même si c'était loin d'être probant, elle se sentant suffisament capable de maîtriser son don pour tenter l'expérience. Aussi Nova se concentra, fermant les yeux et cherchant à percevoir, main tendue vers le bar, le "chant" des rayons T. Pour s'être intéressé à l'optique et à la lumière depuis quelques temps pour mieux comprendre son don, elle avait appris les particularités de cette lumière qui traverse presque tout sauf les matières chargées comme l'eau, la peau ou le métal. Elle espérait pouvoir distinguer une "zone d'ombre" si un quelconque mécanisme ou une structure métallique se trouvait dissimulée. Cela risquait d'être très imprécis mais aurait au moins le mérite de confirmer s'il y avait quelque chose de louche sous le bar.

Mis à part un bruit de fond diffus et désagréable du à l'agitation thermique, elle ne perçut absolument rien, cette technique étant utilisable en transmission ou en reflexion, et non pas en echo.

(note : même si Garrisson joue maintenant, ça ne dispense naturellement pas Enzo et Gaël de jouer ce tour)

L'attrait du chef de la police mutante s'était accru en entendant parler de cette obscure histoire de tuyau, qui, à son étonnement, n'avait jamais été relevée par aucun architecte ni plombier. Lui s'en foutait : du moment que ça coule en ouvrant le robinet...

Il regarda faire les petits jeunes avec une certaine circonspection. Ils semblaient chercher au pif. Garrisson leva le nez. il y avait une voûte avec une jolie clef pendante au dessus. Il réfléchit et fit mentalement le trajet.

"Au dessus de cette pièce, il y a... euh... des salles de réception encore, je crois."

Il fronça les sourcils.

"Bien que, je ne suis pas sûr que le couloir en question aille aussi loin que là où nous sommes. Peste soit de ces vieilles bâtisses emberlificotées. Sinon, en dessous, ça doit vraisemblablement tomber dans le chais. Même si... La cave à vins est un très grand espace sans couloir avec que des colonnades."

Il s'approcha du billard et passa la main sur sa surface.

"Vous pensez que l'entrée est là ? Dans cette pièce ?"

Gaël avait suivi le reste de son équipe dans ce qui s’avérait être la première piste sérieuse. Chacun de ses partenaires s’était mis au travail avec un certain zèle alors que le jeune homme semblait plutôt faire parti de la décoration. Non pas qu’il était de mauvaise humeur, il était juste quelque peu passif. En effet, Lumen savait que dans cette situation précise, il ne servait à rien contrairement aux autres : Tim était le leader, Enzo détectait l’eau, Wind le son, Nan le vent et Jen … faisait aussi un truc avec ses pouvoirs, même si Gaël n’avait pas compris quoi.

La situation était donc paradoxale, puisque c’était au moment qu’il voulait le plus impressionner les X-Rays que l’ado s’avérai en être le moins capable. Toutefois, histoire de ne pas perdre totalement la face, ce dernier s’était quand même mis à faire le tour de la pièce pour avoir une vue d’ensemble de celle-ci selon différents points de vue. Il écouta les remarques des uns et des autres jusqu’à la question de Garrisson, à laquelle il répondit avec une petite pointe d’ironie. Cela traduisait le sentiment de jalousie naissant par rapport à ceux qui pouvaient utiliser leur pouvoir.

« C’est marrant, je me posais la même question. On ferait pas mieux de se diviser à nouveau? Apparemment, ya rien ici. »

Sitôt arrivé dans la pièce, Adam avait semblé s'arrimer au sol, et ce n'était pas qu'une impression. Il avait lancé ses fils sous les tapis, à travers le carrelage, dans la pierre.

Tout en progressant, il répondit à Jen

"Ce n'est pas inenvisageable que le système puisse s'ouvrir par un message télépathique, mais je reste convaincu qu'il y a un autre moyen. Une personne prévoyante prévoit toujours deux portes histoire de se ménager un ..."

Il tiqua un instant, puis se déplaça dans la pièce, se rapprochant du massif billard, semblant concentré, à l'écoute de quelque chose, bien que ce n'était pas un son qu'il cherchait. Garrisson se rapprocha de lui d'un air intrigué. Le policier semblait perplexe face aux facultés d'Adam, qui n'avaient rien de visible.

"Le billard... astucieux... Il y a une sorte de mécanisme dedans. Il peut monter. Il y a quatre colonnes dans la cave qui sont comme des vérins. Vu la hauteur, ça monte jusqu'au plafond"

Il leva le nez vers le plafond. D'après Garrisson, il n'était pas sûr qu'il y ait une pièce là au dessus. Sans doute pour éviter que quelqu'un ne s'y téléporte...

"Et tout dans le billard est mécanique... Elle devait se méfier des électroniciens, et compter sur le fait qu'un télékinésique était peu efficace à l'aveuglette."

Adam s'approcha du trou de réception des boules et y introduisit la main. Quelques longues minutes passèrent puis un grondement sourd retentit, et le sol se mit à trembler légèrement. Adam s'écarta vivement alors que le billard se soulevait du sol, la fente émettant force poussière et grincements alors qu'un mécanisme pas huilé depuis plus d'un siècle se remettait en route, quatre colonnes s'élevant lentement pour pousser le meuble vers le haut.

Quand il atteignit le plafond, il y eut le bruit d'un choc sourd, puis à nouveau une série de clics. Les cannelures se mirent à coulisser, puis il descendit du plafond un plateau. Puis deux. Puis trois, et enfin un dernier qui vinrent à la hauteur de l'équipe rassemblée dans la pièce.
Sur chaque plateau étaient disposés une série d'objets : posés tels que, ou dans des écrins, le tout était couvert de poussière. Le plateau le plus en bas contenait des papiers jaunis et craquelés, une clé toute rouillée, et un gros révolver datant du XXe siècle qui ouvrit des yeux ronds de convoitise à Garrisson, des photos, et d'autres objets assez personnels. Le second plateau renfermait une série d'objets étranges aux fonctions mal définies, posés sur un dossier en papier lui aussi couvert de poussière. Il en était de même pour le troisième plateau, qui renfermait nombre d'objets en forme de bandeau, ou de casque. Sur le quatrième plateau, un seul objet se trouvait, posé sur son dossier mais il semblait être plus élaboré que les autres, et ressemblait à un casque bien connu du directeur adjoint.

Adam s'en saisit, et le cala sous son bras, s'emparant du dossier et déclarant d'une voix un peu morne.

"Prenez tout ce que vous pouvez, on s'en va."

Un bref sourire à l'attention de la londonnienne ne parvint pas à dissimuler l'embarras du français. Il avait le chic pour se mettre dans des situations socialement embarrassantes. En manifestant trop ouvertement son soutien à Wind, il avait plus ou moins remis en doute ses capacités et, conséquence logique, il avait mis mal à l'aise la jeune femme. Sentant une certaine tension dans leur échange, il répondit simplement, la tête baissée et l'air un brin penaud :

" Je... euh... c'était juste... euh... une imitation ratée d'Adam."

Le jeune homme n'avait absolument rien d'un scientifique et le sérieux de son professeur, tout comme sa méthodologie avaient interpellés le jeune homme. Manifestement, l'humour français était toujours aussi légendairement étranger aux britanniques.

Après avoir laissé un silence pesant s'installer entre eux, le jeune homme sauta sur la première occasion qu'il trouva pour se soustraire à cette situation gênante. Aussi, quand Nan renversa le verre, le français s'écarta un brin de Larsen tout en faisant mine de chercher à mieux voir ce que l'algonquin avait fait. Mais une fois qu'il eut mis entre elle et lui une distance suffisante, il se détourna de cette petite maladresse de l'amérindien pour se concentrer sur le sergent chef Garrisson.

* Pff, j'ai déjà essayé le billard...* pensa-t'il avec un dédain qui ne lui ressemblait pas.

D'ailleurs, grand bien lui fit de ne faire qu'y penser, et de ne pas se laisser aller à exprimer tout haut se qu'il critiquait tout bas, car leur professeur lui apporta bientôt la preuve qu'il se trompait sur toute la ligne. Les yeux ronds de surprise bientôt remplacés par une mine boudeuse, accompagnés de bras croisés, le pyrokinésiste lança :

" Bah, il fallait vraiment le savoir."

Lui qui avait tapoté pensivement le billard et en était revenu bredouille, se sentait plutôt vexé et un peu ridicule. Décidé à ne pas laisser paraitre plus longtemps cet état contrarié, le jeune homme, contrairement à ses habitudes, prit les devants et annonça sans ménagement :

" Je crois qu'il serait préférable que je prenne pas les papiers."

Il se jeta sur deux petits objets du deuxième plateau, dont il ne cernait pas l'utilité et un bandeau et un casque du troisième plateau. Il s'éloigna et, d'un signe de tête sec, il invita ses camarades à faire de même. Quand il se trouva enfin à distance raisonnable de ses équipiers, il délaissa cette mine froide et indifférente qu'il arborait pour succomber à cet appel que lui sussurait sa curiosité : les yeux brillants, impatients de dévorer du regard son butin, il analysa soigneusement le premier petit objet après avoir posé le reste sur le bord du bar. Il jeta un rapide regard en arrière : il avait encore quelques instants avant que chacun ne se soit saisi de quelquechose.

Faisant tourner dans sa main ce premier trésor d'un temps passé, le jeune homme sourit, fier de sa trouvaille. Trouvaille qui pourtant n'avait rien d'exceptionnel : à première vue, ça ressemblait à une souris informatique, avec des boutons, et il ne se passait malheureusement rien quand on appuyait dessus. Sans doute un problème de batteries...

Ces investigations commençaient mal. Jen n'arrivait à rien malgré son don et cela commençait à la décevoir, elle qui pensait s'être suffisament renseigné sur le sujet... elle allait certainement devoir s'y replonger de plus bel. En plus de cela, Nan avai renversé un verre et une désagréable odeur d'alcool s'était répandue finissant de déranger la jeune mutante alors que le rayonnement qu'elle cherchait à capter n'avait donné qu'un immonde brouhaha de vibrations. Elle glissa à Nan :

- T'embête pas avec les bouts de verre, tout ce que tu risques c'est de te couper. A moins que tu n'aies envie que je joue les infirmières... termina-t-elle sur un ton malicieux et agrémenté d'un large sourire.

Se retournant vers le centre de la pièce alors que son professeur lui répondait, Adam se mit enfin en mouvement, en direction du billard sur lequel Tim s'était acharné sans résultat. Jenifer souleva un sourcil interrogateur aux explications de l'homme ficelle, toujours aussi mystérieux même quant à ses capacités. Ainsi donc ils étaient partis sur une fausse piste avec le bar, il s'agissait du billard servant de coffre-fort aux fameux gadgets tant convoités. Si Jen était vexée de n'avoir pas trouvé, le leader des X-Rays ne devait pas en être bien loin après avoir inspecté le bon endroit sans rien trouvé alors que le professeur, lui, avait identifié tout le mécanisme.

Lorsque ce dernier se mit en branle, Jenifer regarda les yeux écarquillés et la bouffe grande ouverte devant ce spectacle d'ingéniosité. Pas étonnant que ce secret soit resté inviolé pendant une centaine d'année ! Adam attrapa les premiers objets et son ton était sans équivoque : pas de temps à perdre, il fallait tout emmener et repartir sans perdre de temps, on ne savait jamais. Aussi, Jen s'avança vers les plateaux et resta deux trois secondes pour décider ce qu'elle allait prendre. Se laissant guider par son instinct, elle attrapa la clef rouillée, qui devait certainement avoir son importance, ainsi que des objets de taille modeste, bagues ou collier, choses clinquantes, etc... des trucs de fille en quelque sorte. Elle ajouta :

- Enzo, je pense que c'est le moment de remettre ton habit du dimanche.

Rangeant ce qui pouvait l'être, elle n'en avait pas moins l'envie de porter ce qui pouvait l'être... collier ou autre instrument, la curiosité était grande et puis après tout... les piles devaient être vides après autant d'années alors que risquait-elle... Pas grand chose. Toutefois, aucune des bagues qu'elle avait prise était à sa taille, et le fermoir de la rivière de diamants était tout rouillé.

Une moue résignée sur les lèvres, Jen rejoignit Adam.

* J'me disait bien... ç'aurait été trop beau... bah tant pis c'est des vieux machins et en plus c'est pu à la mode ! *

Elle rangea donc tout ce qu'elle avait prit et sourit au professeur d'un air de dire "C'est bon je suis prête !"

Il n'y avait rien dans la cheminée, ou en tout cas, elle n'entendait rien d'intéressant. Tim ne semblait pas avoir plus de succès avec le billard, et Nan encore moins avec le bar, duquel il fit tomber un verre, brisant l'objet et risquant, comme le soulignerait un tout petit peu plus tard Jen, surtout de se couper. Leur leader s'était approché de l'algonquin, et n'avait pu voir le pâle sourire, quelque peu embarrassé, qu'elle lui avait adressé, en réponse à sa justification pour le moins inutile. Elle savait bien qu'il faisait de son mieux. Juste que parfois, le silence valait mieux que des mots maladroits.

Wind délaissa la cheminée, se concentrant sur ce que disait Garrisson, bien que ses propos ne vl'avancent pas le moins du monde. Pour être parfaitement dans l'obscurité, elle était parfaitement dans l'obscurité. Et à en juger par les mines parfois déconfites de ses camarades, elle n'était pas la seule à douter de leur efficacité pour cette mission. Si elle avait écouté la petite voix sarcastique qui retentissait dans son esprit, elle aurait rétorqué que oui, ils pensaient que c'était ici, mais qu'ils n'étaient pas assez doués pour parvenir à trouver où exactement. Mais évoquer tout haut ce qu'elle pensait, et en particulier d'elle-même, ça n'aurait eu pour effet que de déstabiliser ses camarades, et de les décridibiliser tous aux yeux du chef de police. Et ça, c'était tout à fait hors de question.

Elle secoua néanmoins la tête lorsque Gaël proposa de se diviser de nouveau et de quitter cet endroit, certain qu'il était qu'il ne s'y trouvait rien. Ca n'était pas possible. C'était bien trop étrange que les conduits contournent cette pièce, il y avait forcément quelque chose ici. Ca pouvait ne pas être ce qu'ils cherchaient, en effet, mais il devait y avoir quelque chose ici.

Larsen tritura un moment la croix d'or qui pendait à son cou. Pour l'heure, Nova proposait surtout une hypothèse qui la laissa perplexe. Si cette hypothèse était juste, ils n'arriveraient à rien, ils n'avaient pas le "matériel" comme elle disait, aucun d'entre eux ne pouvait jouer avec les ondes psychiques. Mais leur professeur le démentit, supposant à juste titre, qu'il devait y avoir un mécanisme de secours, même si le système fonctionnait par impulsion psychique. C'était trop dangereux de ne pas avoir de porte de sortie.

Et il le confirma par les faits. Evidemment, il avait trouvé, et l'anglaise hocha sobrement la tête. L'instant d'après, ses prunelles vert pâle observaient le mécanisme qui se mettait en route, actionné par les fils si étranges de leur professeur. Elle observa tour à tour les objets posés sur les plateaux, ne jetant qu'à peine un coup d'oeil à l'arme et aux casques, s'attardant davantage sur le dossier dont Adam se saisit, de même qu'il s'était emparé du casque sur le quatrième plateau en leur indiquant de prendre tout ce qu'ils pouvaient.

Les photos et les papiers jaunis attiraient davantage son attention et comme Tim avait jeté son dévolu sur certains objets plus ou moins familiers (plutôt moins que plus d'ailleurs), et Jen sur les bijoux, elle se saisit des documents restants, avec des gestes plus que délicats, consciente de l'âge et de la fragilité de certains d'entre eux, s'attardant sur certaines photographies - comme si elle avait pu y reconnaître quelque chose !

Ce n'est qu'une fois qu'elle eut placé ces papiers à l'abri dans sa sacoche qu'elle se décida à en sortir le cube de polymère, propriété d'Enzo qui le lui avait confié peu avant.