Térébentine and Co - Magasin d'art

[saut temporel]

*Ou bien du vert... Peut-être que Claire préfère le naturel...*

Plantée au milieu du magasin, hantant le rayon pots de peinture, Viconia jeta un enième coup d'oeil à sa liste.

Sa colocataire et elle-même, fraichement arrivées la veille au soir à l'Institut, avaient décidé de fêter leur équivalent de pendaison de crémaillère la nuit même.
Malheureusement, ce qu'elles avaient envisagé nécéssitait un minimum de préparation, aussi étaient-elles parties en exploration, chacune de son côté, afin de se retrouver plus tard... Et de laisser libre cours à leur projet.

Viconia avait choisit cette partie de la liste, non seulement parceque les matériaux artistiques étaient son rayon, mais également parcequ'elle était dévorée de curiosité à l'idée de découvrir ce que Salem Center avait à lui offrir.

Certes, elle ne roulait pas sur l'or... C'était le moins que l'on puisse dire.
Elle avait fuit la Finlande avec rien de plus que les habits qu'elle portait sur elle lors du massacre et son sac à main... Autrement dit, pas grand chose.
L'agent qui s'était occupé de son évasion lui avait donné un peu d'argent liquide, qu'elle allait présentement utiliser, et elle devrait ensuite négocier avec l'Institut pour voir s'ils prenaient en compte un petit peu de la charge pécunière...

Mais avec peu de moyens, une touche d'imagination et quelques mélanges, on pouvait arriver à beaucoup de choses très interessantes.

Tendant la main vers un gros pot bleu de deux litres, elle en lut rapidement la composition et le prix, et le souleva de l'étagère pour le poser à ses côtés.
Au moment où elle allait tergiverser sur l'utilité d'acheter un pot de deux litres de peinture jaune canari, son regard fut attiré par le mur de pinceaux qui se trouvait à quelques mètres de là.

Son visage s'illumina, tandis qu'elle laissait son pot en plein milieu de l'allée, et rejoignit le mur de pinceaux tel un papillon de nuit attiré par une lanterne.
Elle avait du mal à retenir son émotion. Son regard parcourant avec gourmandise les poils d'écureuils, de renard, de panda (cher!), les 4, 6 ou calibre 47 -spécial fresque-. Du bout des doigts, elle ne pouvait s'empêcher de les triturer en jubilant et, oui, presque en gloussant.

Pour lors, l'esprit de Viconia était loin, très loin, du simple rayon aux prix prohibitifs dans un anonyme magasin d'art.

Non, il gambadait joyeusement dans les vastes plaines poilues qui dévoraient son horizon extatique. Elle se glissait agilement entre les poils de poney et de chèvre, pour aller se rouler avec extase au milieu des fourrures soyeuses de putois et autres blaireaux.

Autrement dire que Viconia était toute à son euphorie, et bien loin des réalités de ce monde, telles que le statut mutant, l'art et la manière de projeter des illusions où encore les milles et une manières de repeindre sa toute nouvelle chambre.

Aussi, lorsqu'un parasite s'introduisit par effraction dans son oreille, le retour sur terre fut brutal... Très brutal.
Faisant un bond qui devait friser le bond trente centimètres, Viconia poussa un petit cri de surprise suraigu et alla buter dans le rayon, faisant par là tomber une bonne vingtaine de pinceaux épars sur le sol.

Il était même possible que, dans sa panique, son esprit ait provoqué une illusion dans l'esprit de Claire. Celle d'un gros putois vorace autour du cou duquel se trouvait un gros pot de peinture bleu en guise de pendentif. Illusion brève, mais intense.

Les yeux affolés de Viconia se mirent alors à chercher frénétiquement l'origine de cette intrusion perturbante, et ils tombèrent, comme si de rien n'était, sur la gentille Claire.

"-ClCl... Claire ! Tu..."
Prenant une grande inspiration, Viconia tenta de retrouver un minimum de consistance. A priori, cela marcha moins piteusement que ce qu'elle avait prévu.

"-Tu m'a fais peur !... Mais...Comment cela ce fait-il que tu sois déjà ici ? Tu as déjà tout ?"
Avec une légère panique et un poil de honte, les yeux de Viconia se posa sur les paquets de Claire.

*Oups...*Etait-il possible qu'elle ait laissé filer l'heure de la sorte ??

Ecarquillant les yeux, Viconia observa avec stupeur Claire descendre d'un étage. Elle tendit les mains devant elle, réflexe totalement inutile, (comme la plupart des réflexes), mais irrépressible.

Avec un air désolé, elle se mit à croupis devant la jeune fille, tentant de rassembler les pinceaux épars, afin d'éviter un deuxième accident. Relevant les yeux de sa tache, elle fixa les yeux bleus de Claire qui étaient, il fallait le dire, totalement hallucinés.
"-Claire, ça va ? Tu ne t'ais pas fait trop mal?"

Selon Viconia, l'expression de Claire n'était pas vraiment celle de quelqun qui avait le coccyx en morceaux. Mais après tout, peut-être que chez les muets (plus expressifs par définition) et acteurs qui plus est, ce regard de droguée voulait dire "AIE".

Se relevant avec les pinceaux dans une main, la finlandaise tendis l'autre à Claire pour l'aider à se relever.
"-Je... Je... hem, J'avais pensé à du bleu pour la chambre..." Du menton, elle désigna le pot de peinture abandonné au milieu de son rayon un peu plus loin. Le même pot qui servait de pendentif au putois, par ailleurs...

Oui oui, elle réfléchissait aux couleurs pour repeindre au rayon "pinceaux précis relevant du millimètre" avec une expression d'extase infinie.. Normal.

Le nez baissé, elle ragea les pinceaux à leur place dans le rayon avec l'agilité d'une machine automatique classant les pommes de terre par taille.

Une fois les pinceaux triés, Viconia posa à nouveau son regard sur sa colocataire... Et celle-ci faisait peur à voir.
Elle fronça les sourcils, se demandant si la chute avait été si violente que la douleur provoquait des réactions nerveuses chez Claire.

"-Heu, Claire, tu..."

Avec un oeil on ne pouvait plus curieux, elle déchiffra l'écriture agitée de sa camarade, et eut un nouveau froncement de sourcil, en fixant le pot de peinture, puis Claire, puis le pot de peinture, puis Claire...

D'une main ferme, elle pris la main qui écrivait de la jeune muette, d'une part pour qu'elle arrête d'ajouter des points d'exclamation à sa phrase (elle allait finir par s'écrire dessus), et d'autre part pour la rassurer.

Un putois géant, ce pot de peinture... Quand elle y repensait, il semblait que son esprit avait vaguement (c'est à dire quelques dizaines de secondes) visualisé cette créature comme potentiel attaquant vis à vis de son oreille. Mais comment se pouvait-il que...

"-Mais enfin qu'elle idiote!" s'exclama Viconia.

Puis, immédiatement, elle se tourna vers Claire avec un regard d'excuse :
"-Non non, je ne parle pas de toi, désolée, je parle de moi !"

Se raclant la gorge, comme pour prendre son élan, elle serra un peut plus la main de Claire et se lança :
"-Tu sais, si on est à l'Institut, c'est pour une bonne raison... La mienne est que je peux faire apparaitre des putois géants... Ou des éléphants roses, à l'occasion... Sisi, c'est déjà arrivé, je t'assure..."

Avec un air peu fière d'elle, elle regarda Claire dans les yeux, de regard vert pâle à regard bleu clair :
"-Je suis désolée, sous le coup d'une émotion forte, il se peut que cela parte tout seul... Mais ils disparaissent après, je t'assure!!!"

C'est en soupirant profondément que Claire se calma. Après les explications de Viconia, elle ferma les yeux quelques instants. Elle n'était donc pas folle, c'était une bonne nouvelle... Et elle savait maintenant le pouvoir de sa collocataire. C'était toujours cela. Mais, alors que ses paupières étaient closes, Claire revit passer dans son esprit le putois géant, puis imagina son visage et la scène de sa chute. Un grand sourire se dessina sur ses lèvres et ses épaules se mirent à trembler sous un rire muet.

La muette rouvrit les yeux pour les poser sur Viconia. Elle ne put s'empêcher de penser que jamais une situation amusante comme celle-là aurait pu arriver avec Bobby et Patricia, ses deux amis de Sunbury. Certes, Claire adorait jouer des tours à ses amis, et elle se faisait prendre au piège quelques fois. Mais jamais à cause d'un animal alixtidien géant.

Cependant, alors que Viconia serrait plus sa main, Claire ouvrit la bouche, signe de protestation. Aie! Ca aussi, ca faisait mal! Le crayon lui rentrait dans la main. Une autre chose. Au moins, les moyens de communication étaient moins complexes avec Patricia et Bobby. Bon, peut être un peu plus avec Bobby, mais les deux savaient le langage des mains, au moins. C'était un obstacle à franchir, mais pas impossible.

Posant son autre main sur l'épaule à Viconia, Claire tira doucement pour libérer sa main de l'emprise de cette dernière. Elle lui fit un clin d'oeil, voulant dire; "Hey! Ne t'en fais pas! C'était drôle!". Claire voulait à son tour expliquer son pouvoir à Viconia, mais ne savait pas trop comment. Déjà qu'elle l'avait apprise elle-même que la veille en arrivant à l'institut. Elle prit quelques secondes pour réfléchir à des gestes qui pourraient expliquer, avant de se tourner vers le moyen le plus facile; le papier.

Claire, sur le papier, a écrit:Moi, c'est la gravité.

Avec un sourire, comme s'ils venaient d'avoir la plus simple des discussion, la muette s'empara de ses sacs et se dirigea vers la peinture bleu. Une fois tournée vers Viconia, Claire lui fit un salut militaire avant de soulever le pot de peinture avec un de ses grands sourires. Il ne manquait plus qu'à payer et ils étaient prêts pour attaquer les murs de leur chambre!

Viconia fronça les sourcils d'un air relativement non assuré. D'un coup Claire avait l'air complètement stone, puis elle riait toutes seule, puis elle lui faisait des clins d'oeil du genre "ah ah ah que tout cela est drôle!"...

Avec un regard suspicieux au magasin, Viconia huma l'air, histoire de vérifier qu'aucun solvant n'avait été ouvert ou n'était tombé sur le sol, provoquant chez sa camarade, moults effets secondaires.
A priori elle ne détecta rien d'autre que le parfum de sa camarade de chambre.

Viconia lacha la main de Claire, elle n'avait pas remarqué le crayon, mais vu le sourire béat de sa camarade, peut-être fallait-il être prête à la ramasser en cas de chute dans les pommes express. Pour les néophytes, le monde sans fond de l'art avait peut-être des effets secondaires néfastes... Ou bien était-ce elle...

La finlandaise fut tirée de ses pérégrinations internes par le papier de Claire, lui disant quelque chose. Elle le lut puis regarda Claire avec circonspection : la gravité ?
Mais sa camarade était déjà repartie vers le pot de peinture.

Comment ça, la gravité. Cette affirmation obscure de pouvoir laissa un grand blanc dans l'esprit de Viconia, elle n'arrivait pas à visualiser. Peut-être chantait-elle très grave, manipulait-elle les basses fréquences, jusqu'à en faire trembler les murs... Voir la terre ! (oui, Viconia était en train de faire une association malheureuse gravité-terre-gravité-son). Sa théorie aurait été parfaite... Si tenté que Claire n'eût été muette.

"-Hep, attends une seconde!"

En quelques grandes enjambées, la Filandaise avec rejoint l'Américaine, et lui affirma avec un sourire amusé :
"-Je doute qu'une seule couleur ne suffise... A moins que tu ne préfères que nous passions notre vie dans un univers bleuté, comme au milieu du ciel !"

Ceci dit, elle tendit les mains vers un pot rouge et un pot jaune :
"-Avec ceci en plus, nous pourrons laisser libre cours à notre imagination !"
Attrapant les pots, elle les laissa balancer au bout de ses bras, et entreprit de se diriger vers la caisse.
Mais ayant fait un pas, elle se stoppa et se tourna vers Claire, le sourcil droit suspicieux :
"-Qu'est-ce que tu veux dire par "la gravité" ??"

Tranquillement, Viconia salua la caissière et commença à empiler les pots de peinture.
Lorsque Claire fut de retour après un nouveau trait de génie, elle l'aida à se décharger de ses divers pinceaux (non sans y jeter un coup d'oeil professionnel, juste histoire de vérifier qu'ils n'étaient pas réservés à l'aquarelle..).
"-Tiens, garde ce que tu as déjà ramené, les combis, tout ça, je me charge des pots et pinceaux !"

Avec curisité elle lut la description du pouvoir de Claire et poussa un soupir d'illumination :
"-Aaaah... Tu peux voler !"

Alors qu'elle sortait du liquide afin de payer (si Feuerestrum avait sû à quoi servait actuellement ses fonds d'aide à l'expatriation, il en aurait certainement avalé son cigare...), son regard tomba sur une jolie rousse qui... Lèchait la vitrine ? Littéralement ??

Plissant les yeux, Viconia tenta de la remettre. Il lui semblait l'avoir déjà vu quelque part...
Avec un sourire malicieux, elle se concentra sur Ivy et projeta sur les pots de peinture qui se trouvaient à la caisse. Si tout se passait bien, Ivy devrait voir les pots de peinture devenir respectivement : un tatoo pour le jaune, un mini éléphant sautillant de 20 cm de haut pour le bleu et un rat obèse mais jovial pour le rouge.

Levant son index, elle fit comme si elle sermonait la joyeuse petite troupe qui allait se faire décoder par la caisse enregistreuse :
"-Tsss tsss, on ne bouscule pas !"

Puis, juste histoire que Claire ne la pense pas sérieusement atteinte, elle désigna du regard la vitre où Ivy était collée, tandis qu'elle rangeait le bestiaire dans des sacs.

Claire regarda Viconia examiner son choix de pinceau avec un petit sourire amusée. Évidemment, l'artiste devait bien regarder si tout était beau! Après tout, Claire pouvait avoir pris un rouleau à pâte et des pinceaux à cuisine à la place. Qui sait? Elle n'était pas artiste, elle!

À ces pensées, Claire étouffa un petit rire, pinçant les lèvres pour éviter qu'il ne paraisse. Très doué avec les mimiques de son visage, rien ne parut de son rire. Mais lorsque Viconia s'exclama à haute voix qu'elle pouvait voler, Claire regarda la caissière, un peu inquiète. Pas très habituée avec tous ses affaires de mutants et de tout, elle préférait ne pas se risque de voir sa "vision" de la veille devenir réalité. Elle ne savait pas encore comment les gens pouvaient réagir à leur situation...

Cette pensée gêna Claire. Elle s'était toujours montrée ouverte a toutes les différences et était la mieux placé pour ne jamais juger les gens. Prévenant le coup, la muette regarda la dame avec un air qui voulait dire, selon l'interprétation; "Que voulez-vous! L'imagination débordante..." ou bien "Elle n'est pas toute bien dans sa tête."

La muette, la voyant sermoner des bestioles invisiblement, décrocha un autre regard à la dame. "Elle est reparti dans un autre de ses délires!". Puis, comme simplement réponse de Viconia, celle-ci montra la vitrine.

Ce qu'elle vit la fit sourire. La jeune femme rousse, qu'elle avait croisé la veille à son arrivée, leur faisait une grimace à travers de la vitrine. Claire lui tira la langue à son tour en éclatant ensuite d'un de ses rires silencieux. Prenant ses sacs et son carnet, Claire se dirigea vers la sortie, sachant que Viconia suivrait à peine quelques secondes après.

Restant de l'autre côté de la vitre, Claire coinca les sacs entre ses jambes et gribouilla rapidement dans son carnet et colla la feuille contre la vitre avec un sourire.

Claire, sur le papier, a écrit:Hello!

Viconia avait trouvé que la dame de la caisse avait l'air d'un mérou. Un authentique mérou. Deux grands yeux à la dévisager, comme ça. Franchement, pas de quoi en faire un kougloff, tout le monde pouvait parler aux pots de peinture, nous étions bien en démocratie, non ?

Evincant ces réflexions sans plus de tergiversations, elle rejoignit bien vite Claire et la rouquine qui semblaient discuter de part et d'autre de la vitre... Sans prendre en compte le fait que contourner ce genre d'obstacle était relativement aisé.
Avec un sourire pour Claire, elle la fit passer devant elle, profitant de cet instant pour détailler Ivy. Rouquine, robe d'été alors que nous étions en Mars et qu'il ne faisait pas spécialement une température à jouer du ukulele, pieds nus... Interessant.
"-Salut !"
Redressant les sacs qu'elle tenait à bout de bras, elle continua avec un sourire qui se voulait de circonstance. Pourquoi le pousser au max de manière non naturelle alors que Claire s'en tirerai certainement bien mieux qu'elle dans ce domaine, et de manière spontanée qui plus est !
"-Tu es de l'Institut, non ? Voici Claire, je suis Viconia. Nous sommes arrivées hier."

Bon, bah, pour ce qui était de l'introduction, c'était fait. La circulation coupée au niveau des doigts, elle posa ses sacs au sol.

Puis, jugeant soudainement que cela pourrait être utile de le préciser, elle ajouta simplement :
"-Ah, et Claire est muette."
Comme si c'était la chose la plus naturelle au monde.

Claire regarda, amusée, Ivy poser ses yeux sur la feuille qu'elle tenait, puis chercher visiblement sur elle un bout de papier et un crayon pour lui répondre. Elle ne savait pas vraiment où la rouquine aurait pu cacher ce qu'elle cherchait habillée comme elle l'était. La température à l'extérieur était plutot froid, et Claire, avec son manteau en laine et son bonnet, se demandait bien comme la jeune femme pouvait ne pas avoir froid. En y pensant, elle frissonna même. Puis, en souriant à nouveau, elle répondit au signe de Ivy puis, en voyant son geste énergique pour qu'elles sortent dehors la rejoindre, se tourna vers Viconia pour savoir où elle en était.

En se tournant vers elle, Claire remarqua l'air de la caissière et une lueur amusée ainsi qu'un petit sourire en coin apparurent sur son visage. La muette adorait faire des coups et elle avait encore frappée. Silent, but deadly, comme on dit. Elle se laissa trainer vers la sortie par Viconia, attrapant à la dernière secondes ses sacs. En sentant le vent froid sur son visage, en sortant, Claire eut un nouveau frisson. Elle frissonnant encore plus en voyant les pieds nus de Ivy.

Habituellement introvertie, Claire trouvait qu'elle était anormalement énergique avec des personnes qu'elle ne connaissait pratiquement pas. Pour une fille qui venait de quitter sa famille et ses amis pour un endroit qui lui était complètement inconnu avec des gens inconnus, elle devrait normalement avoir une de ses déprimes... Peut être était-ce un mécanisme de défense? Penser à autres choses pour ne pas s'en faire avec ses problèmes.

Et justement, elle venait d'y penser juste pour empirer les choses. Perdue dans ses pensées pour quelques instants, Claire manqua les premiers échanges de la conversation. En entendant Viconia préciser qu'elle était muette, Claire leva son carnet pour confirmer et expliquer pourquoi elle l'avait. Puis, sur le papier, elle inscrivit;

Claire, sur le papier, a écrit:Ravie de te rencontrer. Que fais-tu?

Avec un sourire, Viconia sortit son trousseau de clef de sa poche droite. Le levant à hauteur du regard d'Ivy, elle le fit tinter. Au bout du troisième son, elle imagina une grosse araignée velue qui essayait tant bien que mal de s'accocher à un fil qui bougeait tout le temps. Puis, l'araignée tomba au sol et disparut.

Tranquilement, Viconia souffla sur son trousseau et le rempocha.
"-Je suis désolée, elles ne sont pas adoptables... Ou alors il faudrait surement m'arracher un morceau de cerveau et le mettre dans le package... Mmmm, je me demande si ça marcherait..."

Avec un regard pensif, elle s'imagina offrir un putois baveux à Claire... Avec 6 grammes de substance grise en cadeau bonus... Miam...

Ainsi donc la vahinée avait un nom. Et elle avait des rêves de grandeur..
Bien, docilement, Viconia imprima le nom. En réalité, c'était plus pour ne pas se retrouver comme une abrutie à la douche à lui dire "Hey...toi! Je peux t'emprunter ton savon ... Bio?", plutôt que pour pouvoir dire devant un gratte ciel sur lequel une petite plaque en cuivre était fixée : "Hey... vous! Moi cette Ivy, je la connais ! Tralalalère!"

Viconia se tourna vers Claire avec un sourire :
"-Un autre muet ! Cela pourrait peut-être te relaxer de pouvoir signer un peu, au lieu de gratter sur ce carnet constamment."
Avec un regard appuyé à Ivy, elle lui signifia très clairmement que si, par hasard, il leur arrivait de se croiser dans les couloirs, mais alors, vraiment par hasard, cela pourrait être plutôt amusant...

Lorsqu'Ivy annonça son safari paté, Viconia se contenta de hausser un sourcil. Après tout, chaqun ses goûts. Pour sa part, elle pouvait manger des cagettes d' algues (oui oui, vertes et gluantes) sans même sans rendre compte lorsqu'elle travaillait. Excellent pour le transit !
Mais a priori, un certain "Niko" était le mangeur de paté dommestique d'Ivy.
"-Heu, pourquoi pas des pots de yaourt plutôt, ce serait plus rentable, non?"

Lorsque la vahinée leur annonça que leur désir de fresque était dépassé, elle envoya un regard apuyé à Claire. A elle de prendre la "parole" pour les explications. Viconia ne monopoliserai pas l'attention... Excepté pour un détail qui la frappa :
"-Des... Noms de code ?"
En effet, les deux jeunes filles en étaient à leur premier jour, aucun professeur ne leur avait encore fait l'honneur de les rebaptiser... [j'éditerai si ce que je dis n'est qu'inepsie]

Claire écoutait la discussion, amusée. Ivy était visiblement une jeune femme excentrique et assez vive d'esprit. Claire ne comprenait pas tout, non plus, de ce qu'elle disait car les noms qu'elle mentionnait lui étaient inconnus. La jeune femme semblait dire tout ce qui lui passait en tête sans y réfléchir, parlant de la mort de personnes qu'elle connaissait sans émotion visible. Claire écouta le reste de l'éboulement de paroles qui sortaient de la bouche de la rouquine. Son énergie était débordante, cependant, Claire ne pouvait pas le nier.

Le visage de Claire s'éclaira à la pensée qu'il y avait un autre muet à l'institut. Ephram; elle devra se souvenir du nom. Lorsque Viconia lui sourit, enthousiasmée, la muette acquiesça à ses mots; il pourrait s'avérer quelqu'un avec qui il fait bon de parler sans devoir griffonner constamment sur un bout de papier, qui sait?

Alors que le flot de parole continuait, Claire écouta l'histoire des pots de pâtés en souriant. Viconia proposa alors les pots de yaourts, ce qui n'était pas fou comme idée. Et Claire se porterait bien volontaire pour les manger, si c'était réellement nécessaire, bien entendu.

À la mention de leurs achats, Claire griffonna quelques mots dans son carnet;

C'est pour mettre un peu de vie dans notre chambre, en fait. Avec la peinture et les petits bonshommes de Viconia, il y aura probablement assez de vie pour combler mon silence. Si tu veux nous aider, tu es la bienvenue, pour moi du moins.

Mais lorsque Ivy mentionna la mission commando et leurs noms de codes, Claire se tourna avec de grands yeux vers Viconia. Elle n'en savait visiblement pas plus qu'elle, à ce propos. Elle se contenta donc de hausser les épaules à Ivy, re-griffonnant;

Il est probablement trop tôt pour des noms de codes, non? Nous ne sommes ici que depuis hier soir.

Ivy parlait vite, Ivy parlait beaucoup... Et Ivy imageait ses propos. Jeune fille dynamique s'il en était.
Viconia ne rechignerait pas à passer des moments distrayants en sa compagnie... Mais à l'instant même, elle se réjouissait d'avoir eut Claire pour collocataire.

Viconia envoya un regard ravi à celle-ci d'ailleurs : à peine arrivée, elle trouverait un partenaire de conversation. En y pensant, Viconia se sentit d'un coup stupide de ne pas connaitre le language des signes. Surtout maintenant qu'elle allait vivre dans la même pièce qu'une muette. Elle se fit penser à elle-même de demander à Claire de lui apprendre dès qu'elles seraient toutes les deux.

"-Cela te dis de participer, donc ? Parfait. Une recrue de plus ne fera jamais de mal... Par contre, je ne sais pas si on aura assez de protections..."
Bah, qu'importait. Viconia haussa les épaules : elle avait toujours eut les mains, les bras et même le corps entier dans les matières premières, se retrouver multicolore ne la gênait pas plus que ça.

"-Nous devrions y aller... Vu l'état de la chambre, s'y prendre tôt ne sera pas du luxe."
Elle envoya un clin d'oeil entendu à Claire, leur chambre était plutôt pitoyable. Celles qui avaient occupé les lieux avant avaient dû avoir une affection toute particulière pour le gris et... Heu, le gris clair ?

Pour ce qui était des noms de codes, elle restait perplexe : quel pouvait bien être l'intéret pour un institut d'acceuil pour mutants en détresse de donner des noms de code ?
Haussant les épaules avec indécision, Viconia se contenta de dire :
"-Juste les "bébêtes" pour moi... Mais Claire peut voler !"
Elle avait dit cela comme avec fierté, heureuse qu'elle était pour sa muette de colocataire. Oui, elle en était restée à cette évolution de pensée où Claire volait en compagnie des flamands roses en direction du sud lorsque les températures redevenaient fraîches...

Il était tout neuf, Viconia venait de l'installer et elle en était très fière (il risquait de servir moultement à l'avenir) : le gigantesque, l'improbable mais néamoins génialissime : Fiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiltre à blabla d'Ivy.

Tout le monde put entendre ce qu'Ivy distilla avec grâce à ses camarades. Pour sa part, Viconia reçut :
*Des protections, pourquoi faire ? / Je vais te la torcher en plantant des baobabs ta piole. / Dommage que Sven ne soit plus là, on aurait pu rajouter du paté par dessus que même la Kofman elle en aurait été jalouse! / Evitons d'inviter Amarenna, elle est tellement pas douée, que même toute la bonne grâce du paté ne réussirait pas à élever son art / Frank la grenouille lui, il aurait été sacrément utile, mais il s'est barré*

A ce télégramme condensé, elle donna une réponse :
"-Safari ? C'est mignon et relativement fidèle, j'adopte."
Le tout accompagné d'un sourire des plus charmant et chaleureux, à la limite de celui que l'on envoyait au morpion de 6 ans qui venait de vous concocter un immonde collier de nouilles vertes dont seul lui avait le secret -puisse-t-il l'emporter dans la tombe- pour votre fête.

Intérieurement, elle nota avec déception que Claire ne pouvait rejoindre par ses propres moyens le Continent des Origines durant la saison froide avec ses amis les flamands roses. Qu'importe, Ivy saurait trouver des applications ingénieuses à son pouvoir.

La finlandaise envoya un sourire d'encouragement à sa colocataire, tendit un sac et un pot de peinture à Ivy, et elles se mirent en route.

Claire regarda, gênée, la réaction des deux jeunes femmes lorsqu'elles apprirent qu'elle ne pouvait pas voler. Avoir sut, elle se serait concentrée pour tenter d'apprendre à voler. Cette pensée fit sursauter Claire d'un rire bref et soudain. Comment aurait-elle pu? Elle savait qu'elle avait un pouvoir que depuis la veille, il ne fallait pas exagérer non plus! La muette se sentait de nouveau étourdie par le flot de paroles ininterromput de la jeune femme rousse. Surprise, elle se laissa pousser dans le dos, saisissant ses sacs rapidement avant de les oublier, pour se mettre en marche.

Elle parla ensuite des surnoms. Enfin du surnom de Viconia. Claire trouvait cela original; Safari. Mais elle pouvait faire bien d'autres illusions, non? Elle allait griffonner quelque chose, lorsque sa colocataire accepta le surnom. Bon d'accord. Claire rangea son carnet de son crayon. Pour sa part, la muette attendrait le meeting. Ils vont surement lui trouver un surnom à cet endroit.

Avec un regard étonné, Claire regarda Ivy parler d'un garçon qui avait le même pouvoir qu'elle. Donc plusieurs personnes pouvaient avoir le même pouvoir? Intéressant à savoir. Ses yeux bleus s'ecartillèrent alors qu'elle dit qu'il n'était peut être pas mort avec autant d'aisance que si elle disait qu'il était peut être sous la douche. La muette avala sa salive, plus très certaine. Elle avait en plus rendez-vous plus tard pour rejoindre une équipe. Est-ce qu'elle s'en allait à sa mort?

Elle écouta attentivement ce qu'elle avait à dire sur le pouvoir de Frank, ce qui pourrait être utile pour la jeune muette. Elle acquiessa à quelques reprises. Ivy leur proposa d'essayer ses produits, et Claire, intriguée, accepta d'un signe de tête. Ce qu'elle regretta presque aussitôt lorsque Ivy parla de pustules. Hmm... Trop tard, il faut dire.

Avec un regard à Viconia, Claire se fit à l'esprit que la discussion allait continuer comme cela tout le long du trajet du retour. Amusée, Claire continua d'écouter Ivy qui passait du coq à l'âne, sans oublier le boeuf. Et tranquillement, petit train va loin, elles se rendirent à l'institut, où la mission allait pouvoir commencer!

(Avant de poster a la chambre (mon message est prêt, mais); Faut-il passer par l'extérieur avant d'entrer, puisqu'il y a des gens dehors?)

Chambre de Claire et Viconia