En attente d'un vol...

" Salem Center "

…

A l'entente du nom de la destination de la jeune fille, le visage du guichetier changea inexorablement.
Les quelques événements qui s'étaient déroulés dans cette ville plusieurs mois auparavant étaient encore dans les esprits de tout le monde.
Il dévisagea la jeune fille avec l'idée de transmettre du dégoût si elle était l'un des ces mutants dont on parlait en ce moment.

" Quand est-ce que vous voulez partir? " Lâcha-t-il froidement avant de replonger ses yeux dans l'écran d'ordinateur.

" Vous savez ce qu'il y a là-bas? Peut-être que vous en êtes….? "

Il avait laissé planer le doute avec sa dernière question. Elle état lourde de sens. Il semblait cependant attendre une réponse.

L’homme derrière le comptoir mit plusieurs secondes avant de répéter la destination. Comme s’il lui fallait du temps pour que son cerveau imprime les paroles de la jeune fille. Chloé ne le quittait toujours pas des yeux et au vu du regard hébété que lui lança l’homme, elle répéta en prenant soin de parler distinctement :

« Salem Center, oui. Vous avez bien entendu »

Bien mal lui en prit. A peine se tut-elle que le guichetier se mit à la dévisager d’un œil malveillant. A croire qu’elle venait de commettre un sacrilège.

* ben quoi… on peut plus voyager maintenant ?* pensa-t-elle légèrement sur la défensive.

Finalement, l’homme se décida à faire autre chose que de la regarder. Il lui demanda quand elle voulait partir.

*si je suis ici, mon gars, c’est que je voudrais partir avant la semaine prochaine, tu sais…*

Elle fut tentée de lui lancer cette flèche en pleine figure, mais cela ne se faisait pas. Le fait que cet homme soit froid était peut-être dans sa nature. Après tout, il était de notoriété publique que les portes de prison étaient encore plus aimables que certains guichetiers ! Chloé ne voyait pas d’autres raisons d’être désagréable…

« Le plus vite possible serait le mieux » répondit-elle alors en toute innocence.

Seulement, la raison pour laquelle l’homme en face de la jeune fille se montrait antipathique à souhait, Chloé en eut bientôt connaissance.

" Vous savez ce qu'il y a là-bas? Peut-être que vous en êtes….? "

C’était donc ça, le problème… Les mutants…

Il la soupçonnait d’en être une ! Sans l’avoir dit directement, le sous-entendu était très clair !Et il n’avait pas tort ! Mais cela, il l’ignorait et il valait mieux qu’il ne le sache pas !

La jeune fille feignit la surprise un instant avant de faire rapidement place à son sourire habituel, accompagné d’un air d’innocence qu’elle seule était capable de faire. Au début, cela fut un peu difficile car on pouvait dire ce qu’on voulait, cet homme venait de l’insulter. Non pas parce qu’il venait de la soupçonner d’être une mutante, mais parce qu’elle en était bien une et que sa façon de parler des gens comme elle était plus que désobligeante !

« Ah… vous voulez dire les mutants ? enchaîna-t-elle finalement tout naturellement au bout d’in moment. Oui, je suis au courant, mentit-elle (en effet, si elle se rendait là-bas, c’était précisément pour avoir des informations !), c’est d’ailleurs pour ça que je me rends là-bas… »

Elle laissa un temps d’attente. Juste suffisant pour que le guichetier pense qu’elle en soit une, puis elle ajouta :

« Ma tante m’a supplié de lui rendre visite pour la rassurer un peu. Elle était toute chamboulée à cause de ces évènements dont vous avez fait mention… Si vous l’aviez entendue au téléphone ! La pauvre !»

La jeune fille mima le geste de terreur qu’avait sûrement du faire sa tante alors qu’elle lui téléphonait avant de conclure :

« Mais je vais arrêter de vous embêtez avec mes affaires de famille ! Alors… vous avez encore de la place ? »

A son grand regret, Chloé manipulait le mensonge avec une dextérité sans pareille. A son grand regret car elle ne supportait pas ce genre de comportements. Mais il est des situations où il devient parfois nécessaire, pour s’en sortir sans trop de dégâts !

Sans en demander plus et sans doute parcequ'il s'était fait royalement mouché, le guichetier replongea son nez dans l'ordinateur et ne releva la tête que pour souhaiter un "bon voyage" a la jeune fille.


Le voyage se passa sans encombre et l'avion arriva quelques temps plus tard a l'aéroport de Salem Center. le monde y était danse et l'on pouvait des groupes militants anti mutants proclamer haut et fort que "Les mutants n'étaient pas des humains."

Un homme s'vança vers Chloé un tract à la main.

" Mademoiselle, Salem Center est une ville dangereuse ne rester pas la, les monstrese sont partout! "

" Vous devez etre au courant !! "

L'homme était visiblement hysterique et malheureusement contre les mutants.

Il cherchait a convertir les gens.

" Vous ne comprenez pas mademoiselle?? Les mutants sont l'aberation de notre société. Ils sont les revelateurs des maux du monde actuel. En quoi est-ce "normal" de faire ce qu'ils sont capable de faire." Il avait accompagné le mot "normal" d'un mouvement des bras vers le ciel!

" Et pourquoi, pourquoi Ô mon Dieu ont-ils choisi leur terrain de chasse ici, chez nous? A salem Center!! "

Plus l'homme parlait plus il s'enflammait. L'attitude ahuri et hébété de Chloé ne l'aida pas a se calmer. Il ne comprenait pas qu'on ne puisse réagir face a un tel " probleme"

Il n'y avait rien à faire, le vieux n'en démordait pas! Pire encore, il insistait! Chloé devait faire un effort monumental pour continuer de jouer les idiotes. C'était un miracle qu'aucune fissure dans le sol ne soit déjà apparues car la colère montait en Chloé au fur et à mesure que cet espèce de curé profanait insulte sur insulte à son égard et aux gens de son espèce.

Tant bien que mal, elle feignit encore un air innocent et tenta:

"Eh bien... en fait, non. Je... je ne suis pas au courant. Je viens d'arriver"

Chloé jeta un coup d'oeil autour d'elle et vit une centaine de personnes tout aussi enragée que son bonhomme. Toutes brandissaient des pancartes antimutantes, peinturlurées de mots aussi grossiers les uns que les autres.

Elle fit son possible pour ne pas y faire attention car si le sol se mettait à trembler, elle pouvait dire adieu à sa petite vie!

"Mais peut-être que... que vous pourriez m'éclairer sur ce qu'il s'est passé ici?" demanda-t-elle alors rapidement en se tournant à nouveau vers le curé fou.

Il ne fallait pas que celui-ci se doute un instant de sa véritable nature. Il fallait qu'elle évite de lancer des regards légèrement paniqués un peu partout. Plus facile à dire qu'à faire! Quand vous êtes entourée d'une bande de dingues, prêts à vous lyncher s'ils venaient à apprendre ce que vous êtes vraiment!

Même si son attitude était toutefois assez paradoxale. Elle s'obligeait à rester près d'un individu qu'elle désirait fuir plus que tout!

"Et... me dire que faire si... si je me retrouve face à une de ces créatures"

La fin de sa phrase lui fut douloureuse mais elle n'en montra rien. Elle ne devait surtout pas!

Cependant, elle était venue ici pour trouver des réponses. Alors autant commencer tout de suite. Même si cela débutait par une confrontation avec le 'camp' adverse...

" Vous ne lisez pas les journaux mademoiselle?? Ils ont ouvert une "école" pour ces monstres. Vous vous rendez compte? Comme si il pouvait être eduquer. Ce sont des abominations capable de faire des choses horribles. Il y a d'enormes degats a cause d'eux et on peut penser qu'il y en aura encore beaucoup. Ils nous apportent que des problemes. Vous rendez-vous compte??? "

Le ton avait changé et se voulait plus enervé. L'homme prit même Chloé par les épaules pour tenter de la convaincre.

La limite de la folie n'était sans doute pas la ou on le pensait.

Tout d'abord les gens pensèrent a un avion qui etait sur le point d'atterir mais en levant les yeux et en n'en voyant aucun, ils comprirent tres vite que le tremblement du sol n'annoncait rien de bon.

Les visages des personnes présentes changerent instantanement.
Il ne fallut pas longtemps pour entendre quelqu'un crier :

" Au secours!!!!! Un tremblement de terre!!!!!! " semant la panique dans l'assemblée.

Les gens se mirent a courir dans tous les sens, se bousculant, criant....

Chloé s'était enervé et son pouvoir s'etait declenché malgré elle...

Le prêtre fou bien que completement paniqué remarqua lorsque Chloé s'éliogna que l'epicentre en faisait de même donnant l'impression de la suivre.

Il fallut quelques secondes pour que toutes ces idées fassent leur chemin au sein du cerveau quelque peu ambué du vieux...

Alors que Chloé courrait toujours elle put entendre une voix qu'elle ne connaissait que trop bien s'elever au dessus de tout ce brouhaha.

" C'EST DE SA FAUTE!!! C'EST UNE MUTANTE !!! "

Les gens se retournèrent sur Chloé et au bout de quelques secondes, tous les yeux étaient fixés sur elle.

Pourquoi fallait-il que ce vieux crouton aie remarqué ce détail insignifiant? Il aurait pu regardé n'importe où ailleurs. Ou bien pensé à s'enfuir avant qu'un autre mur ne s'écroule sur lui! Non il avait fallu qu'il suive la fuite de Chloé à la trace! Et de cette façon, remarquer que la source du tremblement de terre n'était autre que ses pieds!

Quand la voix du prête s'éleva au dessus du bruit que faisait la terre en cognant ses plaques tectoniques les unes sur les autres, le sang de Chloé se glaça en un seul coup.

La jeune fille se figea immédiatemment et fit demi tour. Elle sentit alors le regard de ces centaines de gens, la plupart des anti-mutants, se poser sur elle et elle crut qu'elle allait mourrir de peur.

Un moment, le séisme s'intensifia encore tandis que le coeur de la mutante redémarra lentement dans sa poitrine. Quelques personnes tombèrent à terre sous la violence du choc mais Chloé ne leur jeta même pas un regard, trop effrayé de voir tous ceux des personnes qui l'entouraient projettés sur elle.

*je... je dois me calmer... trouver ... une solution* pensa-t-elle difficilement, la respiration bloquée par la peur.

Elle tenta d'inspirer à fond, calmement et puis d'expirer. Encore une fois, elle inspira et expira. Et puis encore une fois.

Soudain, le séisme sembla s'atténuer, au rythme de sa respiration. Il n'y avait plus que de faibles secousses de temps en temps et de plus en plus espacées.

Chloé prit son courage à deux mains et regarda la foule dans les yeux:

"Vous n'allez quand même pas le croire, dit-elle en tentant difficilement de sourire, le sol tremblait et ce pauvre homme a eu la berlue! Comme si un mutant pouvait contrôler la terre... Ce serait un peu gros tout de même, non?"

Certes, elle n'était pas très convaincante mais elle faisait tout son possible pour le faire parître. Après tout, si les gens ne pensaient qu'à s'enfuir, ils ne feraient pas plus attention à elle. Surtout que s'ils étaient intelligents ils devaient bien savoir que, lors d'un vrai tremblement de terre, la première secousse est toujours suivie d'une autre. Ils devaient donc encore se mettre à l'abri!

Les gens restaient figés, ne lachant pas des yeux la présumée mutante. Les secousses s'atténuèrent jusqu'a extinction.

Lorsque Chloé voulut se défendre en pretextant l'abberation d'un tel pouvoir, une femme s'interposa.

" Allons, nous sommes a Salem Center! Nous avons vus des choses plus invraisemblables. J'etais aux portes ouvertes de cet..institut. Je les ai vus ces Mutants, ils sont capable de beaucoup de choses!"

Un autre renchérit : " Ca ne m'etonnerait pas du tout. Il est arrivé pleins de catastrophe depuis qu'ils existent. "

Et le brouhaha recommença de plus bel, tout le monde allant de sa petit anecdote.

Le service de sécurité s'approcha du groupe qui s'était regroupé autour de Chloé et deja les premiers pompiers intervenaient pour les premeirs soins.

L'un des hommes de la sécurtié traversa le groupe sans aucune forme de procès et se positionna devant Chloé.

" Mademoiselle, veuillez-nous suivre s'il vous plait. "

Eh ben, ce n'était pas gagné pour essayer de les raisonner. Ce troupeau d'abrutis d'humains... Ils étaient tous là à lancer des regards plus que méfiants sur Chloé. Qui à son tour les regardait pour tenter de prévenir le moindre danger.

Quand une voix de femme s'éleva pour réfuter son argument, ses yeux cherchèrent immédiatemment la source de ce son nasillard. Ils se posèrent alors sur une petite folle, plutôt enrobée. Le prototype de la voisine ultra chiante, toujours prête à mettre son nez partout, en quelque sorte.

Chloé la dévisagea mais n'eut pas le temps de protester car une autre voix se fit entendre et puis une autre. Bientôt, les voix devinrent une véritable cacophonie et Chloé ne sut plus du tout ou donner de la tête. Elle était même à deux doigts de se boucher les oreilles pour atténuer la puissance du bruit.

En plus, le groupe de furieux se rapprochaient dangeureusement d'elle, réduisant à chaque pas, la distance entre elle et eux. Par réflexe, elle se mit à reculer. Tout simplement, elle ne pouvait faire que ça de toute façon. Si elle se mettait à courrir, cela ne ferait qu'aggraver les soupçons!

Innocent tant qu'on a pas de preuves, c'est bien ce qu'on disait, non? Ils devaient quand même bien connaître ce dicton juridique par ici.

Soudain, la jeune mutante vit surgir devant elle un homme d'une carrure assez imposante qui lui ordonna de le suivre. Il était de sorti de nul part et Chloé se demanda ce que ce type lui voulait.

Bien qu'il n'y ait pas beaucoup de possibilités. Soit il était là pour l'arrêter. Soit il était là pour l'aider.

"Et pourquoi est-ce que je..." commença-t-elle avant de s'arrêter brusquement.

Elle jeta encore un autre coup d'oeil à la foule qui était de plus en plus près avant de ramener son regard sur le géant devant elle.

"Euh... réflexion faite, d'accord, je veux bien vous suivre..." dit-elle alors.

A choisir, elle préférait encore affronter un homme seule plutôt qu'une foule enragée. Elle avait plus de chance de s'en sortir face au solitaire...

Chloé fut conduite a travers les débris dont elle était responsable jusqu'a un couloir caché derriere une porte elle-même cachée.

" Veuillez entrer dans cette salle s'il vous plait?" Le ton n'etait pas méchant mais claquait par sa severité. On lui avait posé une question mais visiblement elle n'avait pas le choix.

La salle était petite et pourvu seulement d'une table et de deux chaises. Une salle d'interrogatoire comme on en voit dans les films.

Chloé patienta quelques instants avant qu'un nouvel homme en costume noir entre et s'installe en face d'elle, la porte ayant été soigneusement refermée a clé, comme si elle pouvait representée une menace quelconque.

" Vous êtes responsable de ce qui s'est passé? Vous êtes la cause de cet attentat? "

Deux questions qui dans la bouche de cet homme sonnait plus comme des affirmations.

A peine eut-elle accepté que Chloé fût conduite, presque sans ménagements dans une petite pièce qui ressemblait à s’y méprendre à une sorte de salle d’interrogatoire ! Vous savez, celles qu’on voit dans les films, aux murs délabrés, recouverts de traces noires dont on ne peut que deviner sans se tromper l’origine… Pas très rassurent tout ça ! Celle-ci naissait à la fin d’un couloir tout aussi sordide que la jeune mutante avait traversé tandis que des frissons lui parcouraient l’échine. Derrière elle, l’espèce de gorille habillé en noirs la talonnait de près. Un peu trop près à son goût même…

Quand ils furent à l’intérieur, l’homme l’invita à s’asseoir. Enfin, inviter était un grand mot. C’était plus une obligation, une injonction déguisée en invitation ! Chloé s’exécuta. Elle n’avait pas trop le choix. Et pendant qu’elle s’installait, son premier gorille disparut pour faire place un autre homme, lui aussi bâtit sur le même modèle d’armoire à glace que le précédent. Il s’installa face à elle et la dévisagea de haut en bas. Chloé elle, était dans ses petits souliers. Vu la situation, il était clair que ces hommes n’étaient pas là pour l’aider. A la limite l’enfermer s’ils la laissaient en vie après l’interrogatoire…

*mais dans quel pétrin je me suis encore mise, moi ?* pensa Chloé tout en adressant un sourire timide au gorille

Sans prévenir, l’homme prit la parole et sa question fit l’effet d’un coup de fouet sur Chloé.

" Vous êtes responsable de ce qui s'est passé? Vous êtes la cause de cet attentat? "

Au moins, ça avait le mérite d'être clair, concis et direct. Même si elle s’y attendait un peu, Chloé eut besoin de quelques secondes pour se remettre du choc ! C’était maintenant qu’elle allait devoir jouer serré et intelligemment.

Plusieurs possibilités s’offraient à elle. Premièrement, leur répondre que oui, elle en était bien la cause et par la même occasion, signer son arrêt de mort. Donc pas question de dire ça. D’autant qu’il y avait un mot dans les paroles de l’homme sur lequel elle était en parfait désaccord avec lui.

*un attentat ? tout de suite les grands mots !*

Ou bien affirmer le contraire, qu’elle était une pauvre petite humaine innocente, victime de la folie du prêtre enragé. Ouais… Elle pouvait tenter… Quoiqu’il lui restait encore une troisième solution, elle était bien la responsable mais en aucun cas le séisme n’avait été volontaire ! Chloé réfléchit quelques instants et il ne fallut pas longtemps pour arriver à la conclusion suivante : si elle leur disait ça, ils ne la croiraient jamais !

Oh là là, tout se mélangeait dans la tête de Chloé ! Pourtant, il fallait qu’elle réponde et sans trop tarder ou cela n’en paraîtrait que d’autant que plus suspect !

Elle prit une grande inspiration et décida de se jeter à l’eau.

"Absolument….pas !" leur lança-t-elle le plus franchement possible.

En dernière minute, l’idée de faire un cocktail de toutes les possibilités lui était venue. Alors, elle avait tenté… Peut-être y avait-il une chance, même infime qu’il existe encore des humains compréhensifs sur cette Terre.

La plaidoirie de Chloé ne semblait pas convaincre l'homme en costume.

" Ecoutez, ca ne tiendrait qu'a moi je ne perdrais pas mon temps avec vous, mais si je me contentais de vous juger sur votre apparence je prendrais des risques pour la securité. Avec tout ce qui se passe ces derniers temps par ici et tous ces mutants, nous sommes vigilants.

Pourquoi cet homme vous à traiter de Mutant? Qu'avez vous dit ou fait? "

Chloé dut se retenir pour ne pas lui envoyer en pleine figure un « eh bien relâchez moi alors » lorsque l’homme lui dit qu’il avait autre chose à faire que de la garder enfermée ici. Elle se contient car elle devait le jouer plus finement. En l’occurrence, il fallait qu’elle arrive à faire penser à cet homme que tout était la faute du prêtre.

Aussi, quand celui-ci lui demanda :

Pourquoi cet homme vous a traitée de Mutant?

Elle retourna habilement la question à l’armoire en glace en face d’elle. Quand même, elle ne manquait pas de cran, la Chloé. Même quand sa vie ne tenait plus qu’à un fil.

"Faut-il une raison aux cinglés pour s’en prendre aux gens ?"

Non, pensa Chloé. Des fous, il y en avait partout et avec leurs discours de terreur, digne d’une secte, ils entraînaient dans leur sillon de folie, de pauvres âmes innocentes.

Qu'avez vous dit ou fait?

"Rien du tout ! annonça alors bravement Chloé. Je me suis juste trouvée au mauvais endroit, au mauvais moment !"

Sur ce point, elle n’avait pas tout à fait tort. Mince filet de vérité dans un entrelacs de mensonges.

"Vous l’avez quand même bien vu, ce pauvre homme, non ? Il est persuadé que les mutants sont là pour s’en prendre aux hommes et à son Eglise ! C’est n’importe quoi !

Chloé reprit sa respiration et continua :

"J’ai à peine eu le temps de descendre du bus que ce fou s’est jeté sur moi ! Il délirait déjà sur les mutants avant que ne le tremblement de terre ne commence et allez savoir pourquoi, après tout a été de ma faute…"

C’était petit comme défense, mais Chloé parlait au fur et à mesure que les mots lui venaient. Ce qui n’était pas facile. D’une part, elle se sentait responsable car des gens avaient été blessés. Mais d’un autre côté, elle ne sentait pas coupable. Si ce fou ne s’était pas énervé sur elle, elle n’aurait pas perdu le contrôle !

Chloé espéra que toutes ces réflexions intérieures ne se réfléchiraient pas sur son visage. Mais elle en douta l’espace d’un instant.

Au pire, il resterait la simple et pure vérité. Mais les humains étaient-ils encore capables de la voir, la vérité, quand elle était claire comme de l’eau de roche ?

" Ok mademoiselle. Nous le ocnnaissons bien, il est la tous les jours depuis ces " portes ouvertes ". Je vous l'accord il est quelque peu étrange mais jusqu'a aujourd'hui il n'avait encore jamais agressé verbalement quelqu'un. "

Il se gratta le menton avec un air songeur et se leva de sa chaise. Il fit l'aller retour entre le couloir du bout de la pièce et la table. Il finit par poser ses deux mains dessus et regarda a nouveau Chloé.

" Est-ce que vous l'êtes? je veux dire, une mutante? "

Pas possible! Ca avait l'air de marcher! Chloé n'en revenait pas! Le gorille en face d'elle avait l'air de la croire. Mieux encore, il prenait son parti! Lui aussi reconnaissait qu'il manquait plus d'une case à ce vieux prêtre!

Trop contente, Chloé sauta sur l'occasion et renchérit aussitôt:

"Ah! Vous voyez, vous aussi vous le reconnaissez! Il est ... un peu fou ce type"

Elle aurait bien dit cinglé, car c'est ce qu'elle pensait, mais elle s'était abstenue. Inutile d'enveminer les choses au moment où elles semblaient s'améliorer un peu!

L'homme en costume se mit alors à dévisager bizarrement Chloé avant de se lever et de faire les cents pas dans la pièce. Chloé lui jeta un coup d'oeil interrogateur

*quoi encore? qu'est-ce qu'il va encore me sortir?*

La jeune fille commencait à trouver le temps long. Et le sentiment d'oppression qui s'était emparé d'elle quand elle avait franchi les murs de cette pièce ne faisait que s'intensifier!

Soudain, le gorille se planta à nouveau en face d'elle et lui reposa la question fatidique.

*et v'là qu'il remet ça*

Chloé planta son regard dans le sien et lui dit simplement:

"A vous de voir si je ressemble aux affreux préjugés que vous vous faites des mutants!"

C'était assez osé de sa part, mais elle en avait raz-le-bol de se retrouver dans ce trou à rats. L'air et la lumière lui manquait, elle désirait les retrouver le plus vite possible!

Elle se leva doucement, histoire de gagner un peu de hauteur face au géant et ne cessa pas de le regarder droit dans les yeux.

"Et même si j'en étais une, qu'est-ce que ça changerait? Vous me tueriez? C'est bien joli, ça et vous auriez toute la communauté mutante sur le dos! "

Elle s'arrêta pour reprendre sa respiration et continua prudemment:

"Vous vous plaignez d'avoir les mutants à dos, mais vous interrogez-vous seulement sur la raison de cela? Traqués et tués comme des bêtes, vous réagiriez sûrement comme eux!"

Un silence, le temps que ses paroles s'impriment dans le cerveau du gorille.

"Maintenant, si je n'en suis pas une et que vous me tuez quand même, attendez-vous à recevoir votre C4, dans ce cas! Car je doute que votre patron soit très content, devoir aller annoncer à mes parents la mort de leur fille ne devrait guère le réjouir!"

Elle se rassit et ajouta seulement:

"A votre place, j'analyserais un peu mieux la situation avant de juger... Ca ne vous est jamais venu à l'esprit que les mutants voulaient tout simplement vivre normalement?"

" Vous savez, j'ai vu des kamikazes a qui on aurait vendu la lune si on c'était contenté de les juger d'apres leur apparence physique. Et visiblement les mutants se cachent au milieu d'apparence completement anodine. Alors, vous savez "

L'homme fut interrompu par l'entrée impromptu d'un autre homme de la sécurité.

" Chef, on a un soucis! Il y'a apparement une femme coincée sous des débris, mais on n'est pas en mesure de les bouger. On a besoin de vous."

" Le chef " bondit de sa chaise tel un guépard et se dirigea vers la sortie. Il semblait même avoir oublié Chloé.
Il lui lança avant de quitter la pièce.

" Mademoiselle, je n'en ai pas fini avec vous. Restez ici s'il vous plait. "

Mais la porte resta ouverte...

un oubli? ou un test?

...un tas de débris. d'ailleurs le femme n'était pas visible du point de vue de Chloé. A vrai dire, on l'entendait juste.

"Gorille" prit la température auprès de ses collègues chimpanzés et evalua la situation et la décision a prendre lui revenait.

La jeune femme était blessée et inconsciente, plusieurs débris lui étant tombés dessus. C'est son petit ami qui avait averti le service de sécurité mais il fallait deblayé tout en s'assurant de ne pas la blesser davantage qu'elle ne l'était.

Comme pour rajouter une couche de culpabilité à Chloé, le petit ami sembla vouloir trouver en elle une confidente.

" Vous croyez qu'ils vont la sauver?... " Lui demanda-t-il a demi mots la gorge serrée.

" On doit se fiancer la semaine prochaine... Ca peut pas se finir comme ça. Il faut faire quelque chose! " Il se mordit la levre inférieure avant d'essuyer une larme du revers de la main.

Il serait plus juste de dire que Chloé avait deviné que la femme se trouvait un plus loin devant elle, car il y avait là tout un attroupement de personnes autour d’un tas de débris. Et en tendant l’oreille, on entendait légèrement quelqu’un crier. Cela ne pouvait être qu’elle. Il y eut encore deux ou trois petits bruits avant que les faibles gémissements ne s’éteignent.

Chloé observa d’abord la scène d’un œil externe. Les kilos de briques, de poutre et de ciment ne pourraient décemment pas être déplacés comme ça. Du moins pas dans les temps pour que la victime puisse retrouver l’air libre toujours en vie !

*eh mince !* jura-t-elle.

Elle ne pouvait s’empêcher de se sentir de plus en plus mal à l’aise. Mais elle n’eut pas le temps de culpabiliser plus longtemps. Bientôt, un jeune homme s’approcha d’elle et lui confia entre deux sanglots :

" Vous croyez qu'ils vont la sauver?... "

Chloé le regarda l’air incrédule. Comment donc le malheureux destin de cette femme pouvait-il l’intéresser ? Avant de comprendre. Ses yeux humides la regardaient l’air complètement anéanti avant que des larmes ne continuent de couler le long de ses joues

"Euh.. mais oui, bien sûr qu’ils vont la sauver !" tenta-t-elle de dire.

Malheureusement elle ne parut pas du tout convaincante. Car tandis qu’elle parlait, une des tentatives pour évacuer la blessée échoua devant ses yeux. Le peu de gravas que les hommes du gorille avait réussi à déplacer retombèrent lamentablement sur les débris, menaçant par là d’écraser la pauvre malheureuse.

*ils ne s’en sortiront jamais comme ça ! ils risquent de faire pire que mieux*pensa-t-elle en observant la scène.

A côté d’elle, l’homme reprit alors difficilement, comme si ces paroles lui déchiraient le cœur :

"On doit se fiancer la semaine prochaine... Ca ne peut pas se finir comme ça. Il faut faire quelque chose! "

Chloé l’écouta et un élan de culpabilité l’envahit. Sans s’en rendre compte, elle se mordit aussi la lèvre inférieure. Elle allait certainement le regretter mais sa décision était prise.

"Quoiqu’il arrive ne criez pas !" lança-t-elle au fiancé éploré avant de prendre du recul. Même si elle se douta fort que cette demande ne soit pas respectée. Des cris il y en auraient sûrement. Avec ce qu'elle allait faire...

Elle s’éloigna et se positionna plus loin derrière mais de manière à se retrouver juste face aux tas de gravas. Quand elle jugea que la distance était bonne, elle donna un bref coup de pied sur le sol et celui-ci s’ouvrit en une petite faille, pas très large, mais l’important c’était qu’elle soit assez profonde.

*pourquoi j’ai l’impression que je vais le regrettez ? oh et puis tanpis, on verra bien après ! pour le moment, il faut la sortir de là*

Elle se mit alors accroupie et retira fébrilement ses gants avant de poser ses mains au dessus de la faille, la gauche d’un côté et la droite de l’autre. Et puis, elle se concentra. Lentement, ses doigts prirent une couleur brune, puis ce furent ses mains et ses avant bras qui changèrent de couleur.

Soudain, une coulée de terre surgit de la faille et s’avança tel un serpent vers les débris. Au fur et à mesure qu’elle s’en approchait, elle grossissait de plus en plus. Bientôt, son diamètre atteignit celui d’un corps d’anaconda. Juste avant d’atteindre le tas, il se divisa en deux. Les deux bras de terre s’engagèrent alors chacun d’un côté du talus et puis ils se divisèrent encore. Pour finir, les débris furent encerclés par toute une arborisation de minuscules coulées de terre. Celles-ci s’agrippèrent alors au moindre petit morceau de briques où de tôle qu’elles rencontrèrent sur leur passage.

Chloé fit alors pression avec ses deux mains sur le sol et toutes les ramifications de terre commencèrent à tirer sur les débris. Ceux-ci s’écartèrent alors lentement pour laisser apparaître à l’air libre le corps de la femme, inconsciente. Le spectacle ressemblait un peu à l’éclosion d’une fleur géante. Quand tous les débris furent quasiment à l’horizontale, ils retombèrent lourdement sur le sol, tels des pétales flétris. Aussitôt, les bras de terre se rétractèrent pour n’en faire à nouveau plus qu’un qui disparut bientôt par où il était apparu.

La jeune mutante remit alors ses gants avec précaution car ses mains lui faisaient mal et se redressa péniblement. Utiliser la terre ainsi lui demandait quand même assez d’énergie. Et puis, elle ne savait plus faire qu’attendre maintenant. Attendre la mort, la lapidation publique ou la vie sauve.

Fuir aurait été de toute façon impossible…