ROUMANIE - Bucarest

La nuit froide avait pris possession de la ville que l'on surnommait le petit Paris de l'Est, la circulation s'affaiblissait au fur et à mesure que l'heure tardive se faisait annoncer.

Mina profita de ce calme relatif pour se poser sur le toit du Palais du Parlement, loin de tout regard, de toutes persécutions. Elle avait besoin de repos, de chaleur et de soins. Cela faisait plusieurs semaines qu'elle jouait au chat et à la souris avec ses poursuivants, un groupe de chasseurs fanatiques mené par un homme-lige du pope de son ancienne communauté religieuse. Mina n'en revenait pas, elle faisait l'objet d'une "chasse aux sorcières" en bonne et due forme, c'est vrai que son apparence était quelque peu effrayante, très teintée démoniaque mais elle restait quand même une jeune fille apeurée de 16 ans.

Mina avait pris goût au vol et à la liberté ainsi qu'aux sensations que cela lui procurait, même si parfois elle avait quelques difficultés. Notamment la dernière fois qu'elle avait réchappé à ses poursuivants et que l'un d'entre eux avait réussi à la blesser au bras. Tant bien que mal celle-ci avait fait un pansement compressif d'appoint avec le reste d'un de ses vêtements, mais cela lui faisait mal et elle arrivait à peine à le bouger et les doigts de sa mains étaient tous ankylosés.

Perdu dans ces courtes réflexions, mais vite ramenée à la réalité par le froid et la douleur, elle se surprit à se comparer aux deux trois chimères présentes sur le toit du palais.

Il fallait qu'elle essaye de voir sa soeur, en espérant qu'elle soit au courant de ce qu'il lui arrivait et qu'elle accepte de l'aider.

Le froid tenaillait Mina, mais une sorte de chaleur était venue embrumer son esprit. Elle pouvait sentir la plaie de son bras pulser soudement à travers son bandage dans une douleur étouffée et lancinante. La tête lui tournait de plus en plus, si bien que la fièvreuse créature de la nuit tomba de son perchoir, inconsciente.
Un choc violent s'en suivit lorsqu'elle traversa la verrière du parlement...

Lorsqu'elle se réveilla, Mina était dans un lit. Une odeur d'humidité lui chatouillait les narines. Elle était dans une pièce au papier peint à fleurs défraîchi, sous les combles d'un vieux bâtiment d'après l'architecture de la pièce.
Les haillons de la mutante étaient posés sur une chaise non loin. Elle semblait seule dans la chambre. Une porte donnait visiblement sur une petite salle de bain. Une arcade en face du lit (surplombé d'un crucifix) était couverte d'un rideau kitch aux couleurs passées. Le bruit d'un couteau sur une planche à découper attira l'attention de la mutante affamée.
Mina remarqua également que son pansement avait été refait, et si sa blessure lui faisait toujours mal, elle ne la lançait plus.

Mina se demandait ce qu'il s'était passé. Elle essayait de se remémorer les derniers instants qu'elle avait vécu avant de perdre connaissance. La douleur, les pensées, l'intention de voir sa soeur et puis la faiblesse, une impression de chaleur et puis plus rien, le vide.

Vu la position qu'elle avait sur le toit du bâtiment elle aurait du faire une chute mortelle. Que s'était-il passé et qui était la personne dans l'autre pièce?

Mina était inquiète et rassurée à la fois par les marques d'attention qu'on lui avait dispensées, elle décida de prendre les devants, après tout son bienfaiteur n'avait pas eu peur d'elle? Elle allait essayer de se lever pour voir si elle y arrivait et tenter de s'approcher de l'autre pièce d'où lui parvenait les sons réconfortant d'un diner qui se prépare.

Après tout les fanatiques qui la pourchassait ne l'aurait pas recueillis et soignée, et cela aurait été elle qui aurait été sur la planche à découper si elle était tombée entre leurs mains.

Prenant appui sur le lit, elle prit l'un de ses vieux sous-vêtement, l'enfila par pure pudeur juvénile et s'entoura d'une couverture avant d'aller dans l'autre pièce voir son mystérieux hôte...

Passant le rideau, Mina tomba sur une vieille femme ridée à la permanente rococco aussi gonflée que Vahiné. De grosses lunettes ridicules lui barraient le visage. Elle était vêtue d'une blouse capitonnée et d'un vieux chale faisant grandement penser à un naperon.

La kitchenette était vraiment étroite et n'avait sûrement pas été rénovée depuis longtemps, comme le reste de la petite mansarde. La fenêtre de la cuisine donnait sur vieille cathédrale que Mina reconnu pour l'avoir passée le soir de son évanouissement. Il faisait gris, mais il faisait jour. Combien de temps Mina avait-elle dormi ? D'après son estomac qui gargouillait, un certain moment. Mina était fourbue.

La vieille femme se retourna et plissa les yeux derrière ses lunettes-loupes comme si elle n'y voyait tripette.

"Ben ça ! Je commençais à me demander si tu n'allais pas rendre ton dernier soupir dans mon lit, jeune fille ! J'aurais été bien embêtée !" dit-elle pour toute introduction.

Mina retira le rideau de son passage pour découvrir... Une vieille dame toute ridée un peu bizarrement acoutrée, et dotée de grosses lunettes ridicules qui lui déformaient le visage.

Mina regarda également la fenêtre, qui lui laissait entrevoir d'une part la lumière du jour et d'autre part la cathédrale qu'elle avait passé pas plus tard que lors de son entrée dans Bucarest.

Mais au fait quelle heure était-il? La vieille dame se tournait vers elle pas le moins surprise du monde de son apparence qui lui valait tant de déboire et lui dit : "Ben ça ! Je commençais à me demander si tu n'allais pas rendre ton dernier soupir dans mon lit, jeune fille ! J'aurais été bien embêtée !"

Mina était un peu scotchée par cette entrée en matière, une vieille dame, paraissant faible, n'avait pas peur d'elle, l'avait hébergé, soignée et la rassurait par son coté familier. Quelle surprise!!...

"Je... Je... Bonjour... Je... On est quel jour?... Qui êtes vous?"

La petite vieille ne paraissait pas plus surprise que cela. Elle se retourna vers le plan de travail, sur lequel trônait une planche à découper où elle éminçait de légumes.

"On est samedi midi, jeune fille. J'étais justement en train de nous préparer un petit quelque chose à manger. Tu dois avoir faim, non ?" répondit la vieille femme, avant de consentir à se présenter tout en cuisinant, avec la lenteur des personnes âgées.

"Je m'appelle Angelica Razvan. Je suis femme de ménage au parlement. Je t'ai retrouvée pendant mon service. Je me suis dit que c'était une bonne idée que tu ne sois pas là à l'ouverture des locaux..." explica Angelica en poursuivant sa tambouille. L'odeur qui se dégageait d'une marmitte posée sur le feu faisait penser à un pot-au-feu.

C'était clair... La frêle vieille dame lui avait certainement sauvé la vie. L'odeur du plat qui mijotait lui provoquait des crampes d'estomac, lui rappelant qu'elle n'avait pas mangé depuis un bon bout de temps. Par pur réflexe neuro-végétatif sa bouche s'était mise à produire de la salive et son estomac manifestait son état dépressif par des bruits de gargouillements fort peu discrets.

La vieille dame se prénommait Angelica et ne paraissait pas le moins du monde effrayée par son aspect physique. Ou alors, ses lunettes n'étaient vraiment pas faîtes pour elle et elle ne voyait quasiment rien?... Méfiante, elle s'interrogeait quand même sur la façon dont une personne aussi fragile avait pu la ramener jusqu'ici, sans que personne ne la remarque ou ne l'aide pour le transport.

"Merci... Je m'appelle Mina, je suis originaire d'un petit village dans la banlieue de Bucarest, j'ai 16 ans."

Mina regarda ses mains maintenant dotée de "griffes", et son corps si différent.

"J'ai commencé à changer il y a quelques années. Et récémment, des gens mauvais ont découvert mon existence et ont commencé à menacer ma famille, je suis donc partie de chez moi, traquée comme une bête sauvage".

Mina eclata en sanglots...

Angelica versa les légumes qu'elle avait coupés dans sa marmite, comme si Mina n'était pas là. Il semblait pourtant qu'elle avait écouté les paroles de la mutante, puisqu'elle se retourna vers elle lorsqu'elle éclata en sanglots.

"Allons, allons ma petite... Tu n'es pas une bête sauvage, je l'ai vu tout de suite quand je t'ai trouvée. D'ailleurs, j'ai entendu parler de tout un tas de Justes comme toi que notre Seigneur a envoyé sur terre. Vous êtes les Christs de notre siècle ! Sois-en fière !" répliqua la petite bonne femme en ajoutant une cuillère en bois sous le nez de Mina. Elle avait une façon assez personnelle de réconforter les gens.
Elle se retourna vers sa marmite en touilla son contenu.

Au milieu de ses sanglots incontrôlés, la vieille dame se tourna vers elle et lui annonça qu'elle n'était pas la seule à être différente, que le seigneur avait crée d'autres justes comme elle.

Mina n'en croyait pas ses oreilles. Son coeur battait la chamade... Les pleurs étaient oubliés mais donnaient un petit coté étrange aux yeux rougeoiyants de Mina.

"d'autres comme moi??... Ainsi je ne suis pas seule... Où sont-ils?... Vous en connaissez?... Le seigneur me permettra t-il de les rencontrer?..."

Angelica répondit, sans détourner les yeux de son brouet.

"Bien sûr ! Allons ma petite, ton village devait être sacrément coupé du monde pour que tu n'aies jamais entendu parler de tout cela..." dit-elle, avant de remonter ses grosses lunettes sur son nez du bout du doigt.
Elle se retourna vers Mina et sortit deux assiettes creuses d'un placard branlant.

"Moi, je n'en connais pas... Mais je connais quelqu'un qui pourrait t'aider. Il y a pas mal de gens qui cherchent à émigrer pour les Etats-Unis dernièrement. L'ancien petit ami de ma fille les aide à passer clandestinement. Il en voit passer du monde, je suis sûre qu'il pourra t'aider à rencontrer d'autres Justes."

Angelica coupa le feu, puis utilisa une grosse louche pour verser le ragoût dans les assiettes.

"Mais tu dois avoir faim après toutes ces épreuves... Tiens, mange un peu, ça va te remettre sur pieds !" dit-elle avec un entrain qui dénotait avec les larmes qui commençaient à sécher sur le visage de Mina.

La vieille femme s'assit sur un tabouret en plastique et invita Mina à la rejoindre pour partager sa maigre pitance. Au grand désarroi de la mutante, le ragoût ne semblait présenter que quelques légumes maigrichons baignant dans un bouillon.

Mina sécha le reste de ses larmes. Et devant le ton avenant de la vieille dame décida de se laisser aller. Elle tira la chaise qui se trouvait non loin d'elle, fit attention à ses ailes en s'asseyant.

Elle n'avait pas mangé depuis peut-être plusieurs jours si bien, que même le bouillon un peu pauvre qui se trouvait devant elle lui fit chaud au coeur. Elle attendit tout de même que la vieille dame se serve en premier pour ne pas paraître mal élévée.

la Vieille dame fit une courte prière. Mina rajouta quelques mots à l'intention de ses parents, et se jeta littéralement sur l'assiette posée devant elle. La vieille dame lui resservit aussitôt une autre part de soupe que Mina ne put s'empêcher de dévorer de nouveau.

Ca allait mieux, son moral était remonté à bloc. Il fallait qu'elle voit sa soeur et qu'elle trouve les autres personnes qui étaient comme elle. Une fois que le maigre mais très reconfortant repas fut fini, Mina débarrassa la table et fit la vaisselle pour aider la vieille dame.

"... Je vous dois la vie, et maintenant vous m'avez redonné espoir..."

[Hrp : attention, tu ne peux pas faire jouer Angelica.]

Le visage d'Angelica s'assombrit aux paroles de Mina.

"... Si j'avais su aider aussi bien ma fille..."

Elle laissa sa phrase en suspens et détourna la tête. Lorsqu'elle se fit reprise, elle parla de nouveau sereinement.

"Bien, à présent va te reposer, je vais appeler cet homme."

Un rendez-vous fut convenu pour dans deux heures dans la petite église que l'on apercevait depuis chez Angelica. Malheureusement, la vieille dame devait retourner travailler et ne pourrait pas accompagner Mina. Elle prit néanmoins le soin de lui laisser un peu d'argent, le peu qu'elle pouvait se permettre de lui donner, ainsi que de prêter des vêtements à la jeune mutante.

"Il s'appelle Craig, c'est un américain. Il fait passer les Roumains dans son pays. Il n'est pas méchant, mais il reste un filou toujours fourré dans de sales draps. Sois prudente, petite."

Sur ces mots, Mina n'avait plus qu'à se rendre au point de rendez-vous.

[HRP : désolé...]

Mina suivit les conseils de Angelica.
Elle alla essayer de se reposer.

Elle reussit plus ou moins à sommeiller tant bien que mal, en proie à de multiples pensées sur ce qu'elle avait vécu jusqu'à présent. Elle entendait à coté de la chambre Angelica qui s'activait.

Puis, elle vint voir Mina lui disant qu'un rendez vous était pris mais qu'elle ne pouvait pas l'accompagner. Elle lui laissa même un peu d'argent et des vêtements.

Mina remercia encore la vieille dame avant qu'elle s'en aille.

Elle trouva un pantalon qui avait l'air de lui convenir et un grand chale qu'elle put se passer autour du torse et cacher sa féminité. Après plusieurs essais infructueux et avec l'aide de vieilles chaussettes, elle reussit à se fixer les ailes le long du corps. Plus qu'a prendre le vieux raglan qui trainait dans la chambre et elle était paré. Angelica lui avait même laissé une vieille paire de lunette de soleil.

C'était l'heure. Mina se rendait compte qu'elle faisait plutôt dépareillée, voir étrangement baraquée à cause de ses ailes qui faisaient des épaules dignes du plus fort bucheron de son village.

Elle laissa un "merci Angelica, je vous donnerai des nouvelles si j'arrive à croiser le chemin des anges... Signé : Mina" sur un bloc note de papier à coté du frigo, puis elle quitta l'appartement, la larme à l'oeil.

Arrivée en bas du vieille immeuble particulier, elle attendit qu 'il n'y ait pas trop de curieux dehors et traversa avec prudence en direction de l'église...

C'était le milieu de l 'après-midi, mais le quartier d'Angelica n'était pas spécialement fréquenté. Après avoir guetté le moment propice, Mina et son accoutrement purent passer inaperçus jusqu'à la porte de l'église.
L'intérieur était assez austère. Les bancs étaient vides. Il n'y avait pas l'ombre d'un écclésiaste, ce qui accentuait l'atmosphère peu accueillante des lieux. Au loin, malgré ses lunettes, Mina discerna la lueur de cierges sur un autel. La luminosité était telle qu'elle fut contrainte d'abaisser ses lunettes.

Craig avait dit à Angelica qu'il attendrait la jeune fille dans la cabine réservée au prêtre du confessionnal. La cabine était effectivement occupée, et Mina n'eut d'autre choix que d'entrer dans celle qui lui faisait face. Le clapet était cependant fermé. Une voix masculine résonna dans le confessionnal.

"Qui es-tu, ma fille ?"

Mina savait que Angelica lui avait dit que le contact "Craig" l'attendrait dans la cabine réservée au prêtre du confessionnal. Il se trouvait justement que la cabine était effectivement occupée, et que Mina n'eut d'autre choix que d'entrer dans celle qui lui faisait face.

Peu rassurée, elle jeta tout de même un bref coup d'oeil alentour avant de pénétrer dans la cabine.

Le clapet du confessionnal était fermé, quand une voix de l'autre côté lui demanda qui elle était.

La voix avait rajouté "ma fille". Ces derniers mots lui rappelèrent le prêtre du village qu'elle voyait lors des messes hebdomadaires avant qu'elle subisse sa "transformation". Elle décida donc d'agir comme s'il s'agissait du responsable spirituel de cette cathédrale

"Je me nomme Mina, je suis venu trouver un peu de réconfort sur les recommandations de mon amie Angelica, qui habite pas très loin d'ici".

Il eut un court silence, puis le clapet du confessionnal s'ouvrit. Le grillage serré empêchait Mina de discerner clairement les traits de son interlocuteur. Cheveux courts, châtains, peau blanche, mâchoire carrée. Ce fut tout ce dont elle fut sûre.

"Dans ce cas j'peux arrêter ma comédie." répondit la voix, avec beaucoup moins de ronds de jambe. L'homme tourna la tête vers Mina et resta silencieux un moment.

"Angelica m'a dit que tu avais des problèmes, je m'attendais pas à... ça. Qu'est-ce que tu attends de moi ?"

Malgré sa remarque, l'homme ne semblait pas effrayé. Angelica prétendait qu'il connaissait d'autres "justes", il avait dû voir des choses... inhabituelles par le passé.

C'était étrange, l'homme n'avait pas peur d'elle, pourtant quand le clapet s'était ouvert, Mina était sûre qu'il avait vu ses yeux "différents". Cela n'avait pas semblé le perturber outre mesure.

Mina ne savait pas trop au juste si elle pouvait lui faire confiance, il fallait tout de même rester méfiant. Quoiqu'il en soit, l'homme l'avait vu au travers du grillage, elle ne pouvait plus reculer. Mina était partagée, la vie de fuyarde était nouvelle pour elle, il ne fallait pas qu'elle réagisse sur un coup de tête.

Elle essaya de mieux voir son interlocuteur et lui dit :

"J'aimerais rejoindre les autres personnes qui comme moi, sont différentes. Angelica les appelait les 'justes', mais je ne sais pas où ils se trouvent... "

Le quadrillage de la fenêtre était trop serré pour permettre à Mina de mieux voir Craig. Ce dernier eut un petit rire nasal.

"C'est du Angelica tout craché ça, des "justes"... Je ne suis même pas sûr qu'elle ait fait le rapprochement entre sa fille et le phénomène mutant ! Mais c'est une autre histoire. Figure-toi que j'ai fait passer pas mal de mutants Européens aux Etats-Unis. Certains pensent qu'ils y seront plus en sécurité... Ils sont bien naïfs, mais tant qu'ils me paient leur choix ne me regarde pas. C'est peut-être à cause de cette école de mutants dont tout le monde parle qu'ils ont tant d'espoir. J'peux te les faire rencontrer, mais ça ne sera pas gratuit. Je suis pas Angelica moi."

Des mutants!!!...

Mina eut une moue de dégoût lors de l'exclamation de Craig. Dans son village l'expression "mutant" était plutôt utilisée de manière péjorative, on nommait ainsi les pauvres gens qui subissaient encore les altérations physiques des vagues expériences nucléaires passées. Enfin, c'est ce que disaient ses parents parfois.

Angelica, cependant, dans son innocence de vieille dame avait employé le mot "juste" à plusieurs reprises, donnant un coté "bénéfique" à tout cela. Et Craig avait l'air de dire que la fille d'Angelica était elle aussi une "mutante", ce qui expliquerait son comportement charitable envers Mina.

Mina pensait déjà depuis un certain temps au "livre de Job" depuis qu'elle avait changé, cela faisait certainement parti d'une volonté supérieure, mais pourquoi elle?...

Mina pensait encore à sa soeur mais elle ne voulait pas lui attirer des ennuis.

"Euh... Et combien cela coûte t-il pour rejoindre les Etats-Unis?..." Dit Mina en regardant l'argent que Angelica lui avait laissé.

Craig sembla avoir un petit tic nerveux, puis répondit d'une voix un peu rauque :

"Hum... Ce sera assez risqué... A vue de nez je dirais 2000€, payables d'avance. C'est ça ou y aller à la nage."

Les tarifs aériens étaient à la base prohibitifs, mais Angelica n'avait pu donner que quelques dizaines d'euros à sa jeune protégée, pas de quoi payer la somme astronomique réclamée par le passeur.

A l'extérieur du confessionnal, des bruits de pas sur le carrelage alertèrent Mina que l'église n'était plus aussi vide qu'elle ne l'avait semblé, mais les pas ne s'étaient pas rapproché d'eux.

Mina savait pertinament que sa question allait être inutile.

Les quelques billets qu'elle avait en mains n'étaient pas suffisants malgré toute la bonté d'Angelica. Alors qu'elle réfléchissait à "comment-payer-quand-on-a-rien-en-poche?", Mina entendit des bruits de pas sur le carrelage.

Mina essaya de regarder à travers les fissures du bois, et les jointures des portes pour voir de quoi il s'agissait, commençant à sentir la panique l'envahir à l'idée que ses poursuivants belliqueux aient retrouvé sa trace.

[Hrp : désolée pour le délai.]

Mina colla son oeil à la paroi de la cabine, traquant un interstice qui lui permettrait de voir ce qui se passait dehors. Elle finit par y parvenir : deux hommes cagoulés semblaient scruter l'intérieur de l'église. Leur accoutrement discret détonnait assez radicalement avec celui des "chasseurs" aux trousses de la mutante. Les deux silhouette échangèrent quelques mots que la jeune fille n'entendit pas.
Craig reprit la parole, devant le mutisme de Mina.

"Eh bien ? Tu n'as pas assez ? Tu n'as personne qui pourrait te prêter de l'argent ?"

"chuuuuuuuttttt!!!...."

Mina fixa Craig d'un oeil qui selon elle devait suffire à lui indiquer de ne pas parler. Elle était inquiète et se demandait comment elle allait s'en sortir si jamais il traversait l'esprit des deux hommes cagoulés présents dans l'église de fouiller le confessionnal. En même temps quelque soit son plan, ils étaient peut être plus que ça à l'attendre.

Mina s'attendait au pire et se préparait à une probable confrontation...

Craig sembla prit de court par l'injonction de Mina mais se tut tout de même.
Les bruits de pas reprirent, et Craig sembla les entendre également, comme l'indiquait le tic nerveux qui agitait le coin de sa bouche. Imitant Mina, il tenta de voir quelque chose par la porte du confessionnal.

"Merde..." souffa-t-il. "Décampe d'ici, j'veux pas te mêler à ça, gamine."

Visiblement, le passeur était convaincu que les deux hommes cagoulés étaient là pour lui plutôt que pour chasser la mutante.

Mina ne sut pas trop quoi dire.

Elle regarda Craig et lui dit en chuchotant : "ils sont peut être là pour moi car je suis recherchée par des fanatiques"...

Mina se prépara tout de meme à toute éventualité si les hommes devaient se rapprocher de la porte du confessionnal. Elle se dit que si ils essayaient d'ouvrir la porte, elle la pousserait vers eux avec force pour tenter de s'échapper.

Mina commenca a se positionner de maniere à pouvoir donner de la puissance avec ses jambes pour repousser la porte.

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