[JustiX 4.4] Enquête JustiX

Luther avait eu une nuit particulièrement agitée. Non qu'il avait eu du mal à dormir, mais simplement qu'il avait ramené son beau surfeur avec lui, et qu'ils avaient décidé de ne pas perdre leur temps en dormant. Ils n'avaient d'ailleurs pas cherché à particulièrement être discrets...

En tout cas, le lendemain matin, Luther sauta sur son surfeur pour le recouvrir de sa couverture, histoire que Carrie ne le jette pas par la fenêtre. Lorsque la furie fut partie, Luther récupéra rapidement ses sous-vêtements, ainsi que ceux de son compagnon, puis lui conseilla de se sauver rapidement.

Ils rejoignirent la salle à manger tous les deux, Luther, toujours tenue légère, donna un croissant à son ami, puis le raccompagna dehors, pour se joindre à la réunion qui semblait promettre d'être morose, vu la tronche de Carrie. Luther choisit d'afficher son plus beau sourire. Après tout, il n'y avait pas de raisons : il était en voyage, dans un beau pays où c'était l'été, et il venait de se taper un beau mec. Que rêver de mieux ?

Bien sûr, il y avait toute cette histoire d'équipe... Et voilà que Carrie se mettait à parler toute seule. Luther se sentit un besoin irrépressible de l'aider.

"Oh ben tout ça c'est donc plate en tabarouette : Le guy du stand là, si y savait, c'est qu'il voulait participer. Mais y vous a parlé, faque ya cru que vous étiez dans le coup, faque soit y vous connaît, soit vous ressemblez à quelqu'un qu'il connaît.

Après, y'a quand même eu un mort, faque je gage qu'ils voulaient juste tuer ou foutre le caillon dans toute c't'affaire là."

Face à ces considérations teintées de bon sens, Luther alla se servir un café.

"Il est dans l'hôtel."

Ken arriva dans la pièce, et il s'était coupé les cheveux - et un peu de manière barbare. Il avait logiquement peu dormi ; ce qu'il s'était passé hier soir l'avait trop retourné pour qu'il puisse s'apaiser. Il avait passé une grande partie de ces heures à réfléchir et à élaborer plans sur plans, mais aucun ne lui semblait parfait. Jadis, il aurait été énervé contre lui-même de ne pas être à la hauteur mais il s'évita ça. Il était énervé, oui, mais pas contre lui-même ; il allait juste faire payer ceux qui leur avaient fait ça.

Bien sûr, il s'en voulait d'avoir été frappé par une vague de tristesse qui lui avait rappelé la mort de son père, le poids qui pesait sur ses épaules, la faiblesse de sa mère et comment il avait fait du mal aux gens quand ses pouvoirs étaient apparus, mais il allait mieux...maintenant.
Depuis qu'il était avec Rachel, il était parvenu à dépasser tout ça. Oui, son père était mort ; oui, sa mère n'était pas toujours bien et avait du mal à gérer le commerce familial ; et oui, il avait mal agi lors de cette première fois. Mais c'était ainsi : il aidait sa mère dès qu'il le pouvait et il n'avait pas à avoir de remords sur le reste. Il devait aller de l'avant et faire son mieux.

Et là, ça voulait dire retrouver ces types et se les faire. Ca sonnait comme un plan et ça lui plaisait.

"Je l'ai vu quand nous sommes rentrés mais je n'ai fait le lien que maintenant. Ce type semble nous avoir tourné autour durant toute la journée d'hier et c'était soit pour avoir des informations sur nous, soit pour tenter de nous protéger...mais je n'y crois."

Depuis l'attaque de l'Institut, O'Connell n'avait plus envie de se faire des faux espoirs : le monde était moche et les gens aussi. Il devait juste faire en sorte que ça change un peu et stopper ceux qui allaient trop loin. Là, encore une fois, c'était le cas ; et c'était proche de l'attaque terrible. Trop pour qu'il puisse l'oublier et calmer sa rage.

"Je pense qu'il faut aller parler à ce type. Comme l'a dit Daedalion, ces hommes en noir sont des extrêmistes...des vrais tarés. Et vu le genre, ils doivent être secrets. On ne doit pas perdre trop de temps : Kitty, Eun Jeung et les autres doivent être en danger. Et j'ai trop envie de régler leurs comptes à ceux qui ont fait ça pour attendre."

Il se rappelait le centre où lui et quelques autres avaient "récupéré" Adam Zachary et perdu un professeur et un élève. Il ne voulait pas que ses coéquipiers subissent les horreurs qu'il avait imaginées en voyant certains "ustensiles".
Il s'assit en face de Carrie, ayant retournée la chaise pour coller le dossier à son torse. Il portait une chemise blanche et avait un peu de barbe autour du menton et de la bouche, ainsi que sur les joues. Ca faisait presque un bouc.

"Pour moi, on trouve ce type, on lui fait cracher ce qu'il sait et on agit après. Je pense que Kitty et Eun Jeung ont encore leurs communicateurs : ils ont peut-être été détruits mais peut-être pas, avec de la chance. On peut tous communiquer avec ça, ça fonctionne sur une fréquence précise...je ne suis pas un spécialiste des machines mais je peux essayer de bidouiller quelque chose pour les retrouver. Je ne suis pas sûr que ça fonctionne mais je peux essayer."

Fury attendit alors les réponses de Carrie avant de se tourner vers ses camarades. Daedalion semblait concerné et calme, et Luther s'était détendu la veille et était encore peu habillé. Il esquissa un petit sourire et parla en français à son coéquipier, pour tenter de "souder" le peu de liens entre eux.

"Je ne suis pas sûr qu'utiliser ta plastique pour convaincre ce type soit une bonne idée. Et je ne suis pas sûr que vu sa tête, tu veuilles t'avancer sur ce terrain."

"Ressembler à quelqu'un? Ce n'est pas bête."

Carrie soupira et secoua la tête. L'homme était sans doute myope! Elle ne ressemblait même pas à ses parents et ses soeurs. Mais c'était possible...Mais disons qu'elle n'avait pas des traits peu communs. Elle était grande, mince, les cheveux noirs, dans la 30 aine. Elle se tourna vers Luther et finit par hocher la tête. En soupirant, elle eut un petit rire avant d'ajouter d'une voix remplie de sarcasmes:

"Nous devons donc rechercher une femme dans la 30 aine qui a des cheveux noirs. On vient d'éliminer environ 6,4 milliards de personnes...Reste à fouiller parmis le 0,1 miliard qui pourrait correspondre."

Elle soupira et se frotta les yeux. Elle se tourna alors vers Daedalion qui venait d'arriver dans la cuisine et commenter à propos des hommes en noir. Ahh oui! L'article dans la sentinelle! Comment avait-elle pu oublier ça? Carrie ne savait pas trop à quoi ca menait si elle n'avait pas l'article avec elle. Elle pourrait sans doute retrouver une copie de la sentinelle en ligne...Elle allait chercher son ordinateur portable et l'ouvrit. Pendant qu'il chargeait, Ken confirma que l'homme de tout à l'heure se trouvait dans le même hotel qu'eux. Pour la première fois, elle se sentit remplie d'espoir de retrouver ses élèves. Elle trouva rapidement l'article concernant les hommes en noirs.

Spoiler:

Carrie se leva, très satisfaite et hocha la tête. Elle aimait la tournure des évènements. Elle se tourna vers Ken et lui demanda:

"Il est dans quelle chambre? Est-elle près? J'aurais besoin de vous pour essayer de trouver le plus d'informations dans sa suite. Je vous aiderai en le tenant occuper. J'ai quelques contacts qui pourraient sans doute nous donner un coup de main."

Son café dans une main, Luther prit le journal et lut les articles en question, tout en écoutant d'une oreille distraite les railleries de Carrie, et les élucubrations de Daedalion. Il jeta un coup d'oeil à Carrie, puis à Daedalion, puis à Ken, puis à nouveau à Carrie. La moue qu'il arborait était teintée de doute, d'incrédulité, et d'un peu de dégoût, il fallait le dire.

"Elles sont ben malades ces vacances... Moi qui attendais à juste du soleil et des chums, je me retrouve entre un enlèvement de la CIA, Ken qui pense qu'à frapper, Daedalion qui jase mais qu'on y pogne rien... C'est quoi ton affaire là ? Les contacter, mais on sait même pas qui c'est. Et l'institut, c'est à l'autre bout du monde. C'est pas facile d'y aller. Et c'est quoi cette histoire de terre promise là ? C'est donc ben bizarre c't'institut là... Et Carrie là, genre, on va dans sa suite, on checke partout, c'est ça ?"

Il poussa un soupir, ainsi que quelques sacres incompréhensibles.

"Je gage que je ferais mieux de caller la police, et de retourner me coucher."

"Depuis quand a-t-on un endroit où être tranquilles ?"

La réponse de Ken n'avait été ni méchante, ni cynique : il ne faisait que déclarer un fait inévitable et évident. Il se servit du café dans une tasse avant de prendre l'ordinateur glissé par Daedalion et de lire l'article. Il réfléchit quelques secondes à ce qu'il devait de survoler et d'entendre avant de parler d'une voix calme et posée.

"Mademoiselle Marcin a des liens avec la France et la précédente équipe a déjà été dans ce pays pour stopper les activités de certaines personnes. Je ne sais pas si ça a un lien avec tout ça, mais ça m'étonnerait que ce type vous ait confondu avec quelqu'un."

Il but une gorgée de café avant de pointer du doigt leur professeur.

"Vous confondre ? Alors que nous sommes en Australie ? Si peu avant le match ? Et alors que le match allait être le théâtre d'un affrontement et d'enlèvements ? J'ai arrêté de croire aux coïncidences depuis que je suis à l'Institut."

O'Connell regarda ensuite Daedalion. Son ton n'était pas, cette fois-ci, autoritaire : il parlait normalement, agissant un peu comme un leader mais sans aucune méchanceté ou agressivité. Il était calme, tout simplement, même si un feu couvait en lui.

"Après, Daedalion a raison : on doit joindre la famille de ce type enlevé et voir s'il n'y a pas eu d'autres cas. Celui-ci a été publié parce qu'il concernait des personnalités : il faudrait éplucher les listes des personnes récemment disparues en France et en Australie, en particulier ceux qui n'ont pas fait l'objet de grandes recherches. Vu le climat anti-mutant, je ne pense pas que la police veuille faire de grands efforts pour les retrouver...surtout si les hommes en noir ont des moyens de pression sur eux."

Il but encore une gorgée avant de déposer sa tasse sur la table.

"L'homme dont nous parlons a une suite juste en face de la nôtre...je crois. Quand nous sommes rentrés, je l'ai vu par là mais je ne suis pas certain : il était tard, j'étais fatigué et atteint par ce que m'avait fait l'autre type. Je suis aussi d'accord avec Daedalion : cette milice cherche d'abord à se faire confiance et à faire apparaître son réseau dans des pays laxistes. Il faut tenter d'en savoir plus maintenant, quand ils ne s'en sont pas encore pris à d'autres Etats."

Luther se mit alors à parler et fut un peu trop détendu et désintéressé. Fury savait que c'était là sa première "crise" et que Pollender était quelqu'un d'assez peu sociable, mais une ombre passa quand même sur son visage. Il prit quelques secondes pour garder pour lui ce qu'il pensait vraiment de l'intervention de son camarade avant de lui parler d'une voix calme, mais un peu plus dure qu'avant.

"Oui, l'Institut est loin mais nous avons la chance d'être dans un siècle nouveau, où les moyens de communication sont extraordinaires : entre les téléconférences ou une chose sublime qui s'appelle le téléphone, je pense qu'on peut s'en sortir pour communiquer avec eux. Sans compter une certaine Rachel, qui peut se téléporter...même si je préférerais éviter son implication ici."

Il glissa alors un coup d'oeil vers Daedalion : il savait que le jeune homme, malgré son caractère, tenait aussi à Rachel. Et qu'il ne voulait pas, tout comme lui, qu'elle se mette en danger dans cette zone du monde devenue risquée.

"Tu veux appeler la police ? C'est un genre d'humour que je ne saisis pas ou t'es sérieux ? Depuis quand les flics veulent aider les mutants ? Si tu vas au stade, tu verras que rares sont les flics qui feront leur boulot et qui feront les recherches pour retrouver ces hommes en noir. Les gens ont peur des mutants et l'Australie va étouffer cette affaire. Si on veut retrouver les autres, on devra le faire nous-mêmes. Maintenant."

Ken se leva. Il était fatigué mais avait envie d'en savoir plus sur le sort de leurs coéquipiers. Il regarda alors Carrie et parla à nouveau d'une voix très calme.

"Carrie, vous devriez tenter de joindre l'Institut et couvrir nos arrières. On va voir le type avec qui vous avez parlé : je pense que c'est la seule chose à faire, la seule qu'on puisse faire maintenant. On n'a pas d'autres informations pour l'instant à part que ce type semble louche."

Il attendait l'avis des autres et ne donnait pas vraiment un ordre : il pensait que c'était la seule chose à faire, tout simplement. Et qu'il fallait commencer à faire quelque chose au plus vite pour retrouver leurs coéquipiers. Déjà levé, il fit donc un pas vers la porte, prêt à aller en face pour découvrir ce qu'il se passait.

Luther n'en croyait ni ses yeux ni ses oreilles... Mais dans quel monde vivait-il ? Il y avait eu un enlèvement dans un stade, au vu et au su de tous, des élèves inconscients qui avaient joué à la police, et qui en avaient payé le prix, et maintenant quoi, on lui demandait d'aller jouer les cambrioleurs, et les super-héros. Il en était tout bonnement abasourdi.

Il se leva alors n'ayant entendu Ken que d'une oreille distraite déblatérer ses niaiseries de mec persécuté.

"Je gage que c'est le genre de choses qu'on écrit pas sur la plaquette publicitaire là... Les profs qui jouent les justicières, les faux-intello tellement niais qu'ils ont jamais entendu parler de décalage horaire, et les princesses Saphir tellement pas de classe qui aiment personne.

Maudit caliboire, j'ai donc été ben naïf pour le coup."

Il s'en fut alors vers sa chambre. Il n'avait visiblement ni la tête ni le coeur a faire des blagues.

"Et moi de penser que tu étais quelqu'un d'honorable."

La réplique envers Luther avait été aussi cinglante que sa déception était grande suite au comportement de son coéquipier. Même si Daedalion était spécial et que tout n'était pas rose avec lui, Ken savait qu'il pouvait au moins compter sur une sorte de coopération ou au moins d'aide en cas de souci, comme aujourd'hui ; Luther préférait faire cavalier seul et ne penser qu'à lui. Il méritait une correction mais il n'était pas d'humeur à ça.

Il avait écouté avec attention le plan de Carrie et même s'il se demandait aussi pourquoi eux devaient prendre tous les risques, il gardait ses critiques pour plus tard. Il voulait retrouver leurs camarades avant tout et discuterait avec leur professeur plus tard, si le besoin s'en faisait sentir. L'heure était à l'action, pas à la division et il aurait espéré que d'autres le comprennent aussi.

"Je vais essayer de faire ce que je peux tout seul. Tu as une bonne idée de rester tout seul, avertis-moi dès qu'il y a quelque chose."

O'Connell jeta un coup d'oeil à Luther partant définitivement. Il serra instinctivement les poings.

"Je crois que je hais ce type."

Il soupira et entra dans la chambre et se mit alors à se concentrer. Il avait pris ses gants avant de venir au "briefing" et les enfila donc : ils étaient un peu gros mais ils feraient l'affaire. Il savait qu'il n'avait pas énormément de temps, qu'il devait se dépêcher et être intelligent : l'homme à qui ils avaient affaire était intelligent et discipliné. Il avait approché Carrie et était lié aux hommes en noir : il ne devait donc pas s'attendre à trouver un indice sublime et magnifique maintenant ; il devait se concentrer sur les détails, sur les petits éléments et après seulement imaginer des choses.

Fury décida alors de s'occuper d'abord de la pièce où il se trouvait : l'homme ne devait pas être là depuis plus longtemps qu'eux, normalement, et il n'avait sûrement pas eu le temps de cacher des choses. Il chercherait, bien sûr, mais mieux valait regarder ce qu'il avait sous les yeux.
Il chercha donc partout : abajours des lampes, derrière les commodes, dans les commodes, sous elles. Autour de la table, sous elle, en dessous, ainsi que sous les canapés, soulevant les coussins pour vérifier qu'il n'y avait rien en dessous ou dans eux. Il chercha aussi dans les murs, en tapant dessus pour vérifier s'ils étaient creux ou non, tentant de trouver éventuellement un coffre. Il regarda également près de la fenêtre, près des autres portes, près des sièges et même sous les tapis. Ken passa de longues, longues minutes à se concentrer uniquement sur cette recherche, se coupant entièrement du monde pour se fixer seulement sur ça.

"Ne parlons pas d'honneur à la légère, Monsieur O'Connell. Je vous rappelle que Monsieur Pollender est le seul qui ait suivit mes indications de revenir à l'hotel lorsque je l'ai demandé. Être un JustiX c'est aussi suivre les règles! Et ne pas juger sans réfléchir...Il est injuste d'hair quelqu'un qu'on ne connait qu'aussi peu, Monsieur O'Connell."

Carrie se tut. Elle n'avait pas adressé ses reproches avec une voix méchante ou froide. Simplement une constatation. Elle avanca lentement vers Luther et s'adressa directement à lui:

"Je sais que nous ne devrions pas faire ça. Entrer par effraction...Croyez-moi, les lois, je les connais...Mais Mademoi - Kitty et Eun Jung sont en danger. Et le temps presse! Le monde n'est pas comme lorsque vous étiez humain, monsieur Pollender. Il y a des gens qui nous en veulent parce qu'on est différent...Et ces personnes sont peut-être en train de faire du mal à nos coéquipiers."

Carrie se tourna vers Daedalion avec l'ombre d'un sourire sur son visage. Il avait réussit à désarmer la serrure et elle n'aurait pu être plus fière, connaissant la difficulté qu'il avait à utiliser certains aspects de son pouvoir. Il le dévelloppait. Elle retourna dans sa suite, fermant la porte derrière elle, en s'assurant de pouvoir entendre si quelque chose se produisait. Pendant ce temps, elle téléphona à l'Institut, mais n'obtint aucune réponse. À l'heure qu'il était là-bas, c'était plutôt normal...Elle soupira et essaya de fouiller pour trouver le plus d'informations possible sur le dit Daniel...Peut-être que Google serait son ami.

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Pendant ce temps, Ken commenca sa fouille. Il ne trouva à priori, rien de particulier. Jusqu'à temps que, lorsqu'il fouillait près du lit et des bagages de l'homme, un téléphone cellulaire se mit à sonner.

"Pardon, mademoiselle Marcin. Je pensais qu'être un JustiX, c'était privilégier la loyauté et ses coéquipiers. J'ai dû me tromper : j'avais imaginé quelques temps que ça avait été comme ça, et que vous nous avions emmenés dans quelques endroits sans vraiment suivre les "règles". J'ai dû rêver ça."

La réponse avait été froide et avait claquée dans l'air. Ken savait que ça ne ferait pas plaisir à Carrie mais celle-ci devait aussi comprendre qu'il ne pouvait pas accepter qu'un JustiX se comporte ainsi...qu'un membre de l'Institut agisse ainsi. Luther avait beau avoir suivi les "règles", il n'empêchait qu'il refusait d'aller aider Eun Jeung et Kitty...une petite fille !
Soit il était aveugle, soit il ignorait totalement l'état du monde : les deux possibilités étaient crédibles mais rester là sans rien faire ne pouvait pas être accepté par O'Connell.

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Avant que Ken ne retourne à sa recherche, Luther put voir un sourcil se froncer sur le visage de Carrie. En un mouvement souple et gracieux, elle s'était retournée, et avait fondu sur Ken, et planté son doigt au milieu de la poitrine de Fury, qui s'était instantanément raidi et mis au garde à vous. Ce n'était pas là l'effet du pouvoir de Pulse, mais Ken put voir sur le visage de sa professeur qu'il avait été trop loin, et qu'il allait en payer le prix.

"Être JustiX, M. O'Connell ? Savez-vous vraiment ce qu'est être JustiX ?"

Alors qu'elle parlait, Carrie tapait avec la pointe de son doigt sur le sternum de Ken, et avait ses yeux couleur plomb plantés dans les siens. Il ne pouvait tout simplement pas détourner le regard, et échapper à la sévérité de Mlle Marcin.

"Le sens de l'équipe, M. O'Connell ? Est-ce là être un JustiX que de haïr et rejeter un élève dont le seul tort est de ne pas connaître l'ampleur de la situation parce que j'ai invité parmi nous peu de temps après son arrivée à l'institut ? Est-ce là être un JustiX de ne même pas chercher à faire connaissance, ni à comprendre quelqu'un que vous connaissez depuis moins de 48h ? Vous rendez-vous compte de l'exemple que vous montrez, M. O'Connell ? Vous montrez l'exemple d'une équipe tournée sur le passé et des guerres intestines, totalement fermée à la différence. Vous montrez l'exemple d'une équipe qui n'a que faire de la loi, et qui n'a aucune confiance à la société avec laquelle, pourtant, nous cherchons à cohabiter pacifiquement. Vous montrez l'exemple d'une équipe tellement persuadée de son bon droit qu'elle en vient à ne même plus avoir confiance en mes décisions. Ma propre équipe ! Et pire, vous me faites perdre mon temps, et mettez Kitty et Eun Jung en danger par votre narcissisme."

La voix de Carrie était parfaitement contrôlée, et calme, ce qui ne la rendait que plus effrayante et culpabilisante.

"Les JustiX sont-ils une équipe de mutants qui rejettent les autres ? Êtes-vous donc tellement obsédé par votre guerre personnelle contre le reste du monde ? Faites fonctionner le cerveau dont vous vous vantez tant, M. O'Connell. Que croyez-vous donc qui soit le mieux pour faire accepter les mutants ? Les voir jouer les policiers et les redresseurs de torts ? Laissez-moi éclairer votre lanterne. C'est en étant exemplaires que le monde nous acceptera. Pas en allant détruire ce qui nous déplait, ou nous menace. C'est ce que l'Institut a à vous apprendre. Peut-être n'avez-vous pas été assez attentif en cours."

Elle se rapprocha alors de Ken, qui devait sentir ses jambes trembler.

"Vous allez maintenant ouvrir grandes vos oreilles, M. O'Connell, parce que je ne le répeterai pas. M. Pollender est un JustiX. Tout comme vous. Et à ce titre, il mérite du respect. Il mérite d'autant plus de respect que sa volonté de ne pas intervenir est juste, même si elle est sans doute plus guidée par naïveté que par conviction profonde. Vous prétendez être un JustiX, M. O'Connell. Prouvez-le. Soyez exemplaires dans votre comportement. Et d'ici à ce que vous le deveniez, je ne veux plus entendre un seul son sortir de votre bouche, à moins que cela ne concerne de façon urgente la recherche de Kitty et Eun Jung."

Elle termina son sermon par une phrase dont elle détacha tout les mots, marquant un coup sur la poitrine de Ken à chacun d'eux.

"J'espère...avoir...été...claire."

Elle aurait pu dire "rompez", mais n'en eut pas besoin, la simple perte du contact visuel suffit à Ken pour comprendre qu'il valait mieux qu'il se taise, et qu'il aille fouiller la chambre.
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Ken soupira et se remit à chercher au moment où le téléphone se mit à sonner.

Il fixa pendant quelques secondes le cellulaire avant de prendre son communicateur pour parler sur la fréquence réservée à leur équipe, mais il se stoppa : Kitty et Eun Jeung avaient eux-mêmes des communicateurs et leurs adversaires et ravisseurs pouvaient les écouter. S'ils avaient pu les enlever, ils devaient avoir la possibilité d'analyser les engins et de pouvoir parasyter leurs communications. Il valait mieux éviter de leur donner des informations sur eux pour le moment.

"Daedalion, avertis Carrie et Luther : ça sonne !"

Fury hurla ça à son coéquipier et regarda encore le téléphone. Il avait décidé de se diriger vers la chambre mais s'était stoppé et se jeta alors sur le cellulaire. Il essaya d'identifier le numéro avant d'accepter l'appel : il ouvrit le téléphone et le plaça sur son oreille, ne prononçant aucun mot pour savoir qui parlerait, comment et surtout ce qu'il dirait.

"Dieu Merci, tu es là! J'essaie de te rejoindre depuis 15 minutes! Elle est arrivée! Faut pas la faire attendre! Tu dois venir au plus vite, on a besoin de toi avant de faire quoi que ce soit avec les monstres.

Timothé? T'es là? Tim?"

Le départ soudain de Carrie qui était juste en train de lui parler de sauver des enfants n'augura rien de bon à Luther, et quand bien même il n'était qu'indirectement concerné par le sermon qu'il entendit par la suite, il ne put s'empêcher de rentrer la tête dans les épaules en restant immobile. Sans doute un quelconque réflexe pavlovien, conditionné en lui par sa mère à qui il arrivait aussi parfois ce genre de crise. La différence principale étant qu'il y avait de l'allemand et des jurons en plus. Mais quelque part, le côté implacable de Carrie était encore plus effrayant.

Ken finit par tourner les talons pour vaquer à son occupation de chercheur d'indices, Luther en profita pour revenir à son plan initial : s'habiller. Il était inconcevable pour lui de sauver le monde en boxer, aussi seyant qu'il fut. Il choisit donc une tenue de ville soignée, et finissait de boutonner sa chemise quand il s'entendit appeler par Daedalion.
Ken a trouvé un téléphone, et il parle aux ravisseurs.

*Geez...* songea-t-il *J'espère juste qu'il va pas leur raconter trop de niaiseries. Pourquoi donc y a-t-il décroché ? Y pouvait pas juste attendre le message ?*

En tout cas, il n'en souffla mot, et se rendit à la chambre en essayant de ne pas faire trop de bruit. Ce n'était pas le moment de faire grincer le parquet, ou de dire qu'il y avait 12 personnes autour du téléphone à écouter, jusqu'à poser la question fatidique : où sont-ils ?

Constatant qu'il ne pouvait rien faire, vu que c'est Ken qui était maître du téléphone, il s'approcha de Daedalion, et demanda sur un ton poli, montrant qu'il cherchait visiblement à être gentil et participer.

"Tu devrais peut-être bloquer l'ascenseur à un autre étage ? Je sais pas... Mettre une plante verte dans la porte... Où bien l'envoyer à tous les étages, comme ça, ça laisserait du temps avant que quelqu'un puisse l'appeler, et tu serais plus tranquille qu'à checker si quelqu'un arrive..."

"J'ai mal à la gorge."

Ken, ne voyant pas Carrie ou Luther arriver, se sentait seul et n'aimait pas ça. Il fronça les sourcils en réservant dans sa tête une place pour les petites critiques envers Carrie avant de se détendre : il avait un plan en tête et ça pouvait fonctionner.
Dès le départ, il avait modifié sa voix pour la rendre faible et différente, comme s'il avait mal à la gorge. Son but était un peu gros mais ça pouvait fonctionner : faire croire que ce "Tim" avait attrapé un peu froid - un comble en Australie ! - pour en savoir le plus possible sur son groupe. Ca pouvait fonctionner : ça serait dur mais il devait tout tenter.

"Je ne sais pas comment j'ai fait ça, mais...bah, j'ai été en charmante compagnie hier soir et disons qu'on a un peu trop joué, je crois, et depuis, j'ai du mal à parler. Je ne te raconte même pas dans quel endroit de la suite je me suis réveillé...Désolé si tu n'arrives pas bien à me comprendre, alors."

Son ton était détendu même s'il faisait baisser sa voix sur quelques mots, la rendant faible et parfois peu audible. Il se râclait la gorge aussi régulièrement, toussant après pour bien montrer qu'il avait de la difficulté. Ca pouvait passer, espérait-il en croisant les doigts.

"Elle est déjà là ? Je n'ai pas vu l'heure passée et je ne pensais pas qu'elle ferait le voyage aussi vite...elle a dit quelque chose ? Elle a fait quelque chose ? Je dois me changer mais j'ai mal au crâne...vous pouvez la retenir ?"

Il tentait de se montrer inquiet et faisait de son mieux pour ça. Sa voix baissait et augmentait toujours un peu, et il continuait de tousser. Fury espérait être assez bon acteur pour que ça passe et espérait aussi que Daedalion et Luther s'occuperaient de l'entrée et de l'éventuelle arrivée de "Tim" : ils avaient intérêt à faire quelque chose, lui ne pouvait plus rien.

[J'avais posté, mais n'étant pas content de mon travail, j'ai décidé de recommencer. J'espère ne pas avoir occasionné trop de dérangement.]

Luther regarda Daedalion avec une moue incrédule, puis lui répondit simplement alors qu'il sortait de l'ascenseur.

"Gee... Fais tout comme tu le sens... Si je peux être utile pour retrouver les deux autres là, je vais pas rester assis sur mon steak. Mais ce serait plate que tu quittes l'équipe. Enfin... fais tout comme tu veux. Si tu feeles pas comme ça, ce s'ra ptet pas si pire."

Il ne pouvait certes pas comprendre toutes les motivations de Daedalion, et sa remarque était d'une banalité affligeante, mais il avait aussi eu le mérite d'être spontané. Il haussa finalement les épaules et rejoignit Ken à qui il adressa un léger sourire gêné, puis il utilisa son pouvoir pour faire appraître une phrase en grosses lettres bleues fluo :

Carrie dit : Continue de les baratiner

C'était précisément ce que Ken était en train de faire, mais qu'importe, il avait passé le message.

Ken acquiesça en voyant les lettres apparues par le pouvoir de Luther. Il se doutait que leur professeur lui dirait ça : il était seul à pouvoir et surtout devoir gérer cette situation. Il se rappelait comment il avait déjà "joué" une sorte de rôle pour Alicia May : il s'était fait passer pour un professeur, lui qui avait à peine dix-huit ans ou presque !
Il faillit se laisser aller à un sourire mais se reconcentra sur ce qu'il se passait : jusque là, tout se passait bien ou n'allait pas trop mal et il y avait trop à perdre pour oser faire ça.

"Fais comme je suis déjà là, ouais. Tu ne te rendras même pas compte de l'attente."

A nouveau, il parla d'une voix faible, la faisant monter et baisser pour prouver son mal de gorge ; il toussa encore entre les deux phrases puis après la dernière, histoire de bien prouver à son interlocuteur qu'il n'y avait aucun doute à avoir sur son état. Il raccrocha de suite avant de soupirer lourdement, et d'ouvrir en grand la porte pour aller discuter avec ses camarades et leur professeur.

En quelques pas, il fut dans la chambre après avoir fermé la porte. Une goutte de sueur coulait le long de sa tempe et il regarda Carrie Marcin ; il ne pouvait pas, ne pouvait pas avoir digéré ce qu'elle lui avait dis. Il avait mal, il en souffrait et il savait que cela ne partirait jamais, que quelque chose s'était passé qui ne pouvait disparaître.
Mais, finalement, O'Connell savait que le plus important n'était pas ce qui avait été dis mais ce qui allait être fait. Leurs coéquipiers étaient en danger et ils avançaient bien ; il était temps qu'ils avancent encore plus vite.

Il déposa le téléphone portable sur le bureau et parla d'une voix calme, posée. Ses mains s'étaient glissés au-dessus du dos de la chaise et il fixait Carrie en espérant que Luther et Daedalion les rejoindraient.

"412 Carter Street, par la porte derrière : ce cher Tim est attendu dans la minute et il n'aura pas à entrer par la sécurité car "elle" est là et "elle" est trop mécontente pour attendre trop longtemps. Ils veulent faire quelque chose aux..."monstres" et ils ont besoin de Timothé. "Elle" tient apparemment à sa présence et ça a l'air assez urgent."

Un léger sourire perla sur sa bouche alors nouait ses boutons de chemise puis passait sa main sur ses cheveux. Il était content de ce qu'il avait fait mais le pire était à venir, il le savait bien.

"J'ai joué le malade de gorge après une nuit d'ivresse et de luxure...ça m'a semblé indiquer en ce beau pays. Pour ce Vincent, je ne le connais pas et je n'ai pas tout suivi, bien sûr, mais s'il est lié à des enlèvements, il faudrait avoir au mieux une version rapide des faits pour savoir à quoi nous en tenir. Nous avons le téléphone de ce Tim, nous savons où aller, quand et nous savons que rien n'a été fait à nos camarades jusqu'à maintenant - mais ça ne va pas durer. Il faut agir et je pense que foncer tête baissée ne servirait à rien. De même que vouloir prévoir une grande évasion."

Sa voix était calme, tranquille. Il marchait dans la pièce, les yeux un peu rêveurs, comme à chaque fois qu'il était concentré.

"Ces hommes sont organisés et très forts, mais ils ont une faiblesse : ils se croient les plus forts. L'homme au téléphone m'a cru alors que je ne suis pas le plus grand des acteurs : ils nous sous-estiment ou ne nous connaissent pas bien - ou pas du tout. Vous, vous êtes connue mademoiselle Marcin mais vous ne faites pas assez peur...ou ou ne vous croit pas suffisamment armée pour faire peur. Ils sont encore fous de leur réussite et veulent se mettre vite au travail : ils sont pressés donc imprudents. Il faudrait pouvoir envoyer quelqu'un à l'intérieur pour faciliter l'accès aux autres, et prévoir une éventuelle diversion. L'idée n'est pas de laisser quelqu'un se faire prendre pour ouvrir une porte, mais plutôt de jouer sur quelques secondes : la porte de derrière sera ouverte, il faudrait jouer sur leur imprudence en faisant croire que le bruit de l'arrivée sera celle de Tim...un homme malade, fatigué et donc aussi imprudent. Mais ça, ça ne devra intervenir qu'après que les autres soient entrés discrètement : mon interlocuteur pensera à Tim et viendra l'empêcher de faire une bêtise. Mais, avec de la chance, il sera peut-être trop tard."

Fury s'arrêta alors et sourit d'une manière lasse.

"Désolé. Je m'emporte de trop."

Carrie écouta avec attention ce que Ken débita. Elle enregistra les informations dans sa tête et essaya de mettre au clair tout ce qu'il avait dit d'utile. Elle fronça les sourcils devant sa théorie d'un groupe très organisé, mais qui se croit très fort. Ne serait-ce pas là ce qui forme un groupe qui se tient? Le groupe à qui ils avaient affaire ne semblait pas, au contraire, très solide. On aurait dit un puzzle fait par un enfant qui tente de faire rentrer le plus de pièces ensemble, même si elles ne sont pas à la bonne place. Daedalion intervint et mentionna ce cher Tim qui reviendrait sans doute...Carrie n'avait pas l'intention de manquer toute l'action! Elle regarda ses élèves et soupira.

"J'ai l'adresse. Dès que je m'occupe de Tim, je vous rejoins. Gardez-moi au courant! Gardez contact avec moi! Si quelque chose vous arrive..."

Elle se tut et tourna la tête vers Luther qui émit une seconde hypothèse. Le groupe pourrait ne pas se connaitre beaucoup...Donc ce serait un nouveau groupe. Carrie hocha la tête et proposa:

"Vous avez tous une partie du puzzle, je crois bien...Monsieur O'Connell a fait une bonne réflexion, mais j'ai l'impression que c'est l'inverse. Si, au contraire, le groupe est très nouveau, comme le suggère Monsieur Pollender, ils sont mal organisés et se croit très forts, malgré leur désorganisation."

Elle se tourna vers Luther et fronça les sourcils devant son dernier commentaire, qu'elle trouva un peu...niais. L'homme voulait sans doute pas qu'il passe par la sécurité pour que ca aille plus rapidement...Si la femme était impatiente et l'attendait. Elle ne croyait pas que la femme serait le système de sécurité si elle n'était pas là tout le temps. C'est ce qu'elle supposait selon ce que Ken lui avait dit. Carrie ouvrit une page Web et chercha le chemin pour se rendre jusqu'à l'adresse. Ce n'était pas très loin, cela prendrait quelques minutes. Elle sortit son porte feuille et tendit plusieurs billets à Ken. Elle lui dit:

"Prenez un taxi...sortez au 368 Carter Street. Marchez jusqu'au 412. D'après les images satellites, c'est une vieille usine qui est à vendre. Bonne chance."

Kitty et Eun Jung enfermés.