[Oryx 6.2] Une enquête enlevante

Les Oryx, accompagnés de Sahari, s'étaient dirigés vers Génosha. Ayant atterri un peu à l'écart de la ville, ils durent marcher un peu avant de se retrouver à Hammer Bay. De là par où ils étaient arrivés, il voyaient déjà que la ville s'était bien reconstruite. La misère s'était estompée, sans devenir totalement inexistante, et les infrastructures semblaient désormais plutôt solides. Les mutants allaient et venaient dans les rues passantes de la périphérie. Sahari, qui à leur départ avait l'air contrarié, semblait désormais seulement soucieuse, ne cessant pas de jeter un regard par-dessus son épaule pour compter ses quatre élèves. Une fois arrivés sur une espèce de place, ils purent voir en face d'eux un pub et sur les coins opposés un parc à l'aspect volontairement sauvage et un petit marché en plein air, qui se prolongeait à la droite du groupe. La rue sur leur gauche était constituée d'une alternance de petites boutiques, de restaurants de spécialités internationales et même d'un hôtel.
Sahari se retourna vers ses élèves avec un air intrépide et leur lança :
"Voilà, je pense que c'est l'endroit rêvé pour commencer. Vous savez ce que vous avez à faire. En cas de problème, bippez-moi! Pour ma part je vais aller me faire un petit marché!"

Ils avaient convenus que Sahari enquêterait seule, mais malgré tout, l'Africaine désirait s'assurer que les quatre adolescents n'avaient pas de questions et savaient ce qu'ils faisaient avant de se permettre de se diriger elle-même vers le marché.

Keyah avait passé le voyage à se questionner sur ce qu'était un nomade. Elle avait vécu sous cette appellation : on s'implantait, de quelques jours à quelques semaines, puis on se déplaçait de quelques kilomètres, et le manège recommençait.
Depuis son arrivée à l'Institut, elle n'était plus une nomade, mais elle avait parcouru une distance très nettement supérieure à tout ce qu'elle avait pu faire dans sa tribu d'enfance. Alors était-elle réellement sédentaire, quand sur un coup de tête professoral - raisonné, certes, mais organisé en quelques jours seulement - elle pouvait se retrouver amenée à parcourir plusieurs milliers de kilomètres ?

Mais une fois sur place, elle n'eut guère le temps de continuer sa métaphysique, puisque sa mission commencée. Il avait été décidé qu'elle serait en binôme avec Charis. Là où elle aurait fait un arrêt cardiaque, ou piqué une crise de folie, quelques jours plus tôt, elle serra les dents et acquiesça en silence. C'était la méthode forte pour qu'elle puisse mieux tolérer la présence de la Suissesse, certes, mais la méthode forte avait fait ses preuves. Et elle ne se sentait pas assistée au point de demander un programme pédagogique visant à réduire lentement son hyprophobie.

Leur professeur les mena dans un lieu ouvert, où plusieurs choix s'offraient dans l'optique d'un interrogatoire faussement innocent. Le marché ayant été choisi par Sahari, restaient un parc et un bar, à se partager entre les filles et les garçons.

- Je pense qu'on sera mieux dans le parc. Deux jeunes filles sages qui rentrent dans un pub, c'est déjà louche.

De plus, elle se sentait suffisamment mal à l'aise entre sa camarade et la mission pour ne pas s'imposer de jouer l'ado rebelle qui veut prouver qu'elle sait se mettre minable au Soho. Et puis le parc, c'était moins plein de liquides. D'ailleurs, elle n'avait jamais demandé à Charis si elle était aussi rhumokinésiste ou téquilokinésiste. La question lui était venue brusquement.

Elle décida finalement de ne pas attendre de débat. Première arrivée, première servie. Elle regarda Charis, eut une grande inspiration, et lui fit signe de la suivre dans l'espace vert.

Une fois entrée dans le parc, elle regarda panoramiquement afin d'avoir une vision globale des personnes ou groupes de personnes présentes, et ainsi de pouvoir décider, en accord avec sa binôme, vers qui se diriger.
L'endroit était presque désert, ce qui avait son propre avantage au final, mais Keyah et Charis purent apercevoir quelques personnes. D'abord, une femme bleue avec des appendices métalliques de chaque côté du crâne qui lisait sous une énorme statue représentant un globe terrestre était face à eux. Un groupe d'adolescentes gloussait derrière un bosquet, la plupart d'entre elles étant invisibles des deux mutantes. Un homme au loin taillait une haie en passant simplement sa main au-dessus et deux amoureux étaient assis sur un des bancs bordant le chemin sinueux, une paire d'ailes rougeoyantes les encadrant sans savoir du dos duquel elles sortaient, tant ils étaient collés l'un sur l'autre.

Le voyage s'était déroulé sans histoire. Jason était partagé entre l'excitation de retourner sur ces terres qui avaient vécues des drames et des beaux moments, et l’appréhension de ce qu’il pourrait y trouver. Des disparitions, ce n’était pas à prendre à la légère. Et puis, peut être, sur place, Camille serait-elle la ? Il aimerait beaucoup la revoir, et l’entendre parler de son expérience sur l’île, et avec le journal. Il fallait aussi qu’il parle à Rainbow. Outre la mission, il était curieux de savoir si leur projets de décorations avançaient.

Arrivés sur place, les groupes furent rapidement choisis. Jason en avait profité pour revêtir des vêtements plus locaux, vestiges de sa précédente venue sur l’île. Il se retrouva donc avec Kalalli pour un tandem un peu incongru. Il sourit au petit inuit, désignant le bar. « Bon et bien il semblerait qu’on se retrouve à aller trainer dans un bar, après tout. Perso, j’y suis habitué, bon sang d’irlandais ne saurait mentir mais toi ? Inutile de dire qu’on s’en tiendra à du soft drink hein ? ». IL réfléchit quelques instants. « On est officiellement quoi alors ? Kal ? Copains ? On a survécu sur genosha, ça crée des liens d’amitiés ? je pense que c’est le plus simple. »

Sahari se dirigeant vers le marché, Jason lui sourit en hochant la tête, approuvant le plan. Il se dirigea donc vers le pub, attendant son camarade, décidé à y entrer avec le plus de naturel possible.

Se rapprochant du pub nommé la Transfiguration, tout en attendant Kal, Jason ouvrit la porte et jeta rapidement un œil à l’intérieur pour repérer si par hasard il voyait une connaissance. Dans le cas contraire, il voulait se choisir un coin tranquille avant de commander ses boissons au comptoir.
Jason ne reconnut personne parmi les gens présents dans le pub surpeuplé et dû rapidement reconnaître que Kala et lui ne se fondaient pas vraiment dans la masse. Il ne put malheureusement pas non plus trouver de siège. La serveuse, qui semblait être la seule personne à qui le nom de la place n'allait pas, se tourna vers eux pour les accueillir avec un sourire franc.

"Une petite famille vient de partir, il y a deux ou trois places libres au fond si vous voulez. Et ne comptez pas avoir de consommations alcoolisés mes pichous!"

C'était toujours avec autant d'appréhension que le voyage s'était déroulé pour le garçon. Il s'était occupé l'esprit avec ce qui lui passait sous la main et avait même dormi un peu durant le vol. Finalement, ils étaient donc de retour sur Génosha. La chaleur y était toujours étouffante, aussi l'Inuit avait bien pensé à prendre les gourdes pour la supporter un peu plus facilement.

L'équipe s'était déplacée jusqu'au centre d'Hammer Bay. Kalalli faisait équipe avec Jason. Sahari se dirigea rapidement vers le marché tandis que Keyah et Charis s'occupaient d'un petit parc. La mission démarrait donc. Pour eux, ce serait au pub qu'il faudrait se rendre. L'Irlandais lui indiqua qu'ils seraient simplement de bon amis, chose la plus logique. Mais lorsqu'il lui dit qu'il était trop jeune pour prendre de l'alcool, Kala répondit en faisant la moue :

" Je peux boire de l'alcool hein. Je suis plus un bébé. "

Enfin, de l'alcool, il n'en avait jamais bu. Ses parents lui avaient toujours tenu un discours lui interdisant ne serait-ce que de tremper ses lèvres dans une boisson alcoolisée. Jason s'avança vers le lieu et Kala le suivit alors qu'il jetait un dernier regard vers les deux filles en espérant que tout se passe bien.

L'intérieur était rempli de gens à la mutation physique très visible. Ils ressemblaient tous à des espèces d'extraterrestres un peu repoussants. Mais ce n'était rien comparé à ce qu'il avait vu du Shoggoth. La surprise passée, une serveuse leur proposa de s'installer au fond de la salle, une des seules places disponibles étant donné le monde qu'il y avait. Kalalli sourit d'ailleurs victorieusement lorsqu'elle leur annonça que Jason aussi n'aurait le droit qu'à du soft drink. Il lui lança donc un brin taquin :

" Si l'Inuit n'a pas d'alcool, alors l'Irlandais non plus. Toc. " avant de reporter le regard vers le serveuse : " Juste un jus d'orange pour moi s'il vous plait. "

Il se dirigea ensuite vers le fond de la salle en faisant attention de ne bousculer personne. Assez mal à l'aise d'être si différent d'eux, il baissa le regard pendant le trajet en souriant involontairement de gêne. Il ressentait sans doute ce qu'un mutant avec mutation physique ressentait lorsqu'il était dans une foule d'humains et ,de façon évidente, ce n'était vraiment pas agréable. Une fois assit, il demanda à Jason doucement :

" On fait comment alors ? On dit qu'on travaille pour le journal de Camille ? Je préfère peut être dire qu'on recherche un de nos amis disparu récemment et qu'on s'inquiète beaucoup à cause des rumeurs d'enlèvement. " et marqua une pause avant de reprendre : "En tout cas, ils sont pas rassurants même s'ils sont pareil comme nous... "

Jamais le voyage n'avait paru aussi court l'hydrokinésiste. Sans doute le fait de retourner à Génosha ne lui donnait finalement pas beaucoup envie. Il fallait dire que la plupart des souvenirs liés à l'île n'étaient pas nécessairement agréables. Sauf ce moment irréel où Abaigh lui avait fait sa déclaration... Avec une culotte pour témoin. Ah ben ouais. Pendant quelques secondes, Charis s'était mise à pouffer de rire, mais le sérieux avait vite repris le dessus. Puis ils étaient arrivés et les binômes avaient été faits. Charis grinça des dents en entendant le duo qu'elle craignait tant se former. Inquiète, elle jeta un coup d'oeil à Keyah. ça allait, elle n'avait pas hurlé, ni tourné de l'oeil. ça voulait dire que Charis aurait une chance de la mettre à l'aise? Ce serait bien, non? C'était un peu brutal comme méthode de les mettre ensemble, mais si ça pouvait aider les choses à se faire au mieux, pourquoi pas! En tous les cas, la suissesse avait d'ors et déjà la certitude qu'elle allait marcher sur des oeufs pendant les prochaines heures.

Qui plus est, l'attitude de Sahari ne la rassura pas vraiment sur ce qui allait les attendre. Aurait-elle peur de voir ses quatre élèves disparaître à tout instant? C'était en tout cas l'impression qu'elle donnait à Charis. Enfin bref, deux options s'offraient maintenant à eux et Keyah pris l'espace vert. Et plus vaste aussi. Ce qui quelque part ne surpris pas Charis qui hocha la tête et, près un sourire qui se voulait encourageant à l'égard de toute l'équipe, elle suivit la jeune malienne. Au boulot!!

Il y avait quand même du monde dans ce parc, mine de rien. Charis se trouva face à une grande interrogation. Vers qui se tourner? Les amoureux ne l'engageait pas trop, déjà parce qu'elles risquaient de se faire refouler comme des malpropres, ensuite parce que couper un couple en pleins mamours, ça portait la poisse. Pareil pour quelqu'un qui fait de la lecture, d'ailleurs. L'homme à la haie... Un accident était si vite arrivé. Mouais. Et les ados, ça rentrait dans leurs cordes. Après tout, elles aussi en était. Il ne restait plus qu'à trouver une technique d'approche. Bon, ben... Peut-être qu'elle trouverait une fois qu'elle se serait rapprochée. Où Que Keyah aurait une idée brillante. Charis manquait cruellement d'imagination. Elle se rapprocha quand même du bosquet, poru le contourner et déjà essayer de voir pourquoi les jeunes filles gloussaient. Tant pis si elle se faisait remarquer par ces dernières. En fait, c'était un peu le but, quitte à engager la conversation en s'excusant parce qu'elle les aurait surprise en pleine magouille d'ado.

"Quand on s'asseoit au bar, on commande au Barman, petit bonhomme!" reprit la serveuse à l'intention de Kala, avec un sourire toujours aussi bienveillant, passa la commande à l'homme difformes, aux membres surnuméraires, qui remplissait alors 5 chopes à la fois avant de les poser sur un plateau pour les donner à sa collègue.
"Adama, le petit là il veut un jus d'orange"

Le barman hocha la tête et alla chercher une bouteille qu'il transvida dans le verre. En revenant, il demanda à Jason :
"Et pour toi, ce sera?"

Pendant ce temps, les filles s'étaient approchées du groupe d'adolescentes, qui cessèrent subitement toute rigolade et les dévisagèrent froidement, l'air de dire "non mais c'est qui elles?" Des cinq filles, trois avait les traits indiens et semblaient être soeurs, et les deux autres étaient sud-asiatiques. L'une d'elles finit par prendre la parole, avec un accent très fort.

"On peut vous aider, peut-êtle? Vous chelchez quelque chose?"

Charis avait choisi de s'orienter vers le groupe d'ados dont l'âge concordait environ avec le leur. La recherche d'un alibi occupa les pensées de Keyah lors de la manoeuvre d'approche qui, si elle ne fut pas discrète, eut le mérite de porter ses fruits, puisque les jeunes remarquèrent qu'elles souhaitaient engager la conversation.

Sauf qu'elles ne semblaient pas apprécier l'interruption de leurs gloussements. Logique. Même si leur froideur semblait un peu disproportionnée puisqu'elles ne se connaissaient ni d'Eve, ni d'Adam. Spontanément, la Malienne jugea qu'il valait mieux jouer profil bas pour ne pas se mettre leurs sources potentielles d'information à dos.

Plusieurs possibilités s'offraient à elles pour aiguiller la conversation vers les enlèvements. Il y'avait cette histoire de journal, mais Keyah n'était pas suffisamment au fait des détails pour l'utiliser, car elle craignait de se méprendre et d'entraîner un véritable doute chez les interrogés. Et puis elle n'avait jamais rencontré cette ex-fille de l'Institut qui y participait, autant laisser le scénario à ses anciens camarades.

Elle avait donc décidé d'inventer une personnalité imaginaire sur les traces de laquelle elles seraient. Une personnalité féminine, c'était plus simple. En plus, le Club des Cinq semblait au fait des histoires de groupes de copines. Empathie, créer des liens implicites, mets-toi à la place de l'interlocuteur, etc. Elle s'approcha donc avec un air timide des ados - elle n'avait vraiment pas à se forcer. En plus, Charis était là, ce qui fait qu'elle n'avait pas besoin de surjouer le manque d'assurance.

- Bonjour...

Elle s'arrêta, fixa quelques secondes ses pieds avant de lever les yeux et de poursuivre.

- Nous...nous cherchons quelqu'un. Une amie qui habitait ici a disparu...

Elle créa mentalement de toutes pièces, sans aucune inspiration extérieure, une biographie qu'elle jugeait plausible de ladite amie disparue. Aucune chance que les filles la connaissent. Mais le fait de s'inquiéter pour ce songe renforcerait peut-être la crédibilité de l'histoire. Si elles étaient effectivement sur la piste d'une amie, elles s'intéresseraient d'abord à son sort à elle en particulier, avant de bifurquer par hasard sur la piste d'enlèvements à grande échelle.

- Elle s'appelle Julia, elle est Italienne. C'est une gothique un peu romantique, mais qui parle tout le temps, et qui a sans arrêt des problèmes de coeur. Vous auriez pas entendu parler d'elle ? Parce qu'elle a arrêté d'un coup de donner des nouvelles, du jour au lendemain...

Keyah espérait que Charis pourrait compléter de manière crédible le tableau qu'elle avait esquissé. Et que les jeunes filles qui lui faisaient face seraient coopératives, surtout.
Les filles s'échangèrent un regard interrogateur puis l'aînée des trois soeurs décida de répondre au nom du groupe :

-Je n'ai jamais rencontré une italienne qui ne parlait pas sans arrêt, ni qui fut sympathique. Mais bon, on ne connaît pas tout le monde ici, non plus. Cette phrase fut particulièrement appuyée, comme si elle ne comprenait pas pourquoi sur les milliers de Génoshéens, c'était elles qu'on venait interroger. Elle lança un regard à Charis, puis à Keyah, et retour sur Charis en demandant -main à plat dans les airs comme pour demander la grandeur :
-Elle est comment? Elle fait quoi? Et elle est pour quel parti?

Heu... Ouais... Voilà... Sur quoi débuter? Keyah à la rescousse! Heureusement qu'elle était là. Charis se sentait moins cruche pour la peine. On pouvait dire que la malienne avait de l'imagination... Et que l'adolescente moyenne, même mutante, était définitivement méprisante dans sa manière de regarder ses semblables féminines. A croire qu'elle complotaient la conquête du monde. Franchement, vu le nombre et le QG, si c'était le cas, elles n'avaient aucune chance de réussite. Pour ce qui était du manque d'assurance, Charis non plus n'avait pas besoin de jouer, étant donné qu'elle se sentait déjà l'âme d'une tâche sous le regard du groupe d'ados.

Elle ne parut pas surprise face au commencement de bibliographie lancé, très proche de Juliette d'ailleurs. C'était vrai en même temps qu'avec une référence connue, c'était quand même plus simple de partir sur de l'improvisation. Et surtout, c'était bien parti puisque d'office, les jeunes filles ne rejetaient pas pleinement l'idée de la copine disparue. Charis se reporta plutôt sur l'aînée des trois, puisqu'elle témoignait un commencement d'intérêt ou tout du moins assez pour offrir une opportunité de poursuite à Charis qui, instinctivement, leva une main approximativement à la hauteur de son oreille.

"Elle est à peu près grande comme ça, mais vu qu'elle porte souvent des chaussures compensée, elle plutôt de ma grandeur. Elle porte toujours des robes, et exclusivement du noir, de la dentelle, des choses dev gothique romantique. Elle a de longs cheveux teints en noirs, bruns à l'origine, et des yeux bleus. C'est une fille qu'on ne peut que remarquer, et c'est une partisane de l'inter-MHT. "

Elle se tourna vers Keyah, continuant sur sa lancée.

"C'est quand même dingue que personne ne sache où elle est passée! Pourtant, on la remarque assez vu son look! C'est pas le genre de fille qui peut s'évanouir dans la nature!"

Puis se reportant sur les adolescente...

"Je sais qu'on doit vous embêter avec ça, mais on ne trouve personne capable de nous aider. Alors on se disait peut-être... Comme nous sommes toutes dans la même tranche d'âge... Que vous sauriez mieux que la plupart des adultes ce qui se passe en ville."

Ouais, voilà, tirer sur la corde sensible, leurs similitudes, le fait que souvent la plupart des ados savent mieux que les adultes ce qui pouvait se tramer dans l'ombre. Elle avait une chance?

Après un coup d’œil dans le bar, et retrouvant pour la deuxième fois tout le paradoxe de cette île, il se sentit « pas assez à part ». La transfiguration. Plutôt bien trouvé comme nom. Suivant les indications de la serveuse, l’inuit et l’irlandais allèrent donc s’installer au fond de la salle.

« Soda alors.. »… Faisant mine de regarder la déco, il ajouta à la serveuse. «Dites, z’auriez pas vu Rainbow ? Je m’occupai avec elle de design, de déco, un peu partout ou on pouvait, sur l’île. J’ai du partir quelques temps, j’espérai la retrouver pour poursuivre nos travaux d’embellissements, mais pour le moment je l’ai pas vu. On ne peut pas la louper, une fille avec les cheveux roses, presque toujours une guitare avec elle. ». Regardant de nouveau les environs « non pas que la déco soit pas bien ici, hein. C’est chouette. Mais je voulais me rendre utile sur l’île.. Comme je n’ai pas de famille, et pas d’attache, a part ce p’tit chenapan ici présent, ben j’ai du temps pour me rendre utile quoi ». L’air de rien, il voulait se rendre « intéressant » comme proie potentielle.

De deux choses l’une. Soit les victimes étaient choisies parce qu’elles n’avaient pas d’attache, soit pour leur famille, soit pour une raison obscure. Il fallait bien faire un choix. Autant se lancer, donc. Et puis au pire, elle lui indiquerait ou est Rainbow, et ce n’était pas une fille à rester les deux pieds dans le même sabot, cette Rainbow.

Promenant son regard alentour, se servant du prétexte de la déco, Jason vérifiait si on les regardait avec instance ou non. Sourire numéro 3, le mec décontracté, pas forcément très fut fut… En gros, sans le dire à l’inuit pour ne pas trop l’affoler, il commençait à jouer la chèvre, au cas ou.. Soit il attirerait la convoitise d’un type bossant pour ceux qui œuvraient aux disparitions, soit on lui indiquerait ou trouver un contact (en l’occurrence Rainbow) peut être plus prolixe en renseignements. Dans les deux cas, il valait mieux jouer au surfeur un peu niais…

Se rendant compte que sa mutation n’était pas visible, à l’inverse de la plupart ici présents, il activa donc son pouvoir pour un ptit truc mineur, juste histoire de dire « je suis mutant aussi ». Il matérialisa donc un petit ventilateur pour brasser un peu d’air chaud sur lui et kal. Les filaments noirs et blancs luminescents seraient suffisamment visible pour montrer qu’il est mutant, et ce qu’il faisait apparaitre suffisamment « minable » pour qu’on ne le considère pas comme dangereux.

Et pour le coup, il sembla qu'on le trouvait même insignifiant. Outre une, peut-être deux -une mouche lui tournait autour- personnes, personne ne se tourna pour voir son ventilateur qui, de toute façon, ne faisait que leur pousser de l'air chaud et humide, sentant vaguement la sueur, au visage.

Jason avait ignoré les paroles basses de l'Inuit. Il commença à parler d'une Rainbow à la serveuse en faisant mine d'être un type tranquille venu se reposer. Kalalli ne put qu'observer le jeu d'acteur de son camarade jusqu'au moment où il dit n'avoir aucune attache. C'est à ce moment qu'une idée germa dans sa tête. Il rajouta donc à la suite de Tatoo d'une façon qui se voulait indignée :

" Pas d'attaches à part moi ? Tu oublies un peu vite Jay quand même... Je sais que tu l'aimais pas parce qu'il était moche et qu'il sentait pas bon mais c'est pas une raison pour l'ignorer... "

Jay. Premier prénom qui lui était venu à l'esprit, bizarrement. Kala eut un petit mouvement de recul lorsque le ventilateur lui envoyé de l'air au visage et plissa son nez devant l'odeur. Se reprenant, il lâcha un faux soupir et regarda la serveuse afin de lui expliquer le pourquoi de sa remarque, une moue triste au visage agrémentée d'une illusion ayant pour but de toucher au mieux la sensibilité de la serveuse :

" On a un ami qui a disparu il y a quelques jours. Il nous a dit qu'il devait passer la journée en ville et depuis plus rien. Il a disparu. Jason est sûr que c'est rien, parce qu'il l'aime pas... " - regard appuyé sur le jeune homme puis retour à la serveuse - "... mais je commence vraiment à m'inquiéter. J'ai entendu dire que des gens disparaissaient en ce moment. Peut être que ce sont juste des gens qui quittent l'île sans prévenir mais notre ami n'avait aucune raison de partir. Il n'avait plus personne à part nous... "

Kalalli porta son regard vers son camarade puis de nouveau vers la serveuse. Il demanda d'une petite voix :

" Vous avez entendu ces rumeurs sur des enlèvements, vous ? Vous devez entendre beaucoup de choses ici... non ? "

"Vous êtes des hippies de l'intel-MHT?" s'enquit la malaisienne avec un certain dégoût. Toutefois, la suite sembla l'intéresser davantage. Après tout, elles avaient vraiment le même âge et...

"Notle amie Selene a dispalu aussi, lundi delnier. Elle est tulque et cybelpathe"

La plus vieille des indiennes poursuivit.

"Elle avait rencontré un garçon en plus, ils sont allé prendre un café, et le lendemain elle nous a raconté comment sa soirée avait bien été puis on n'a pas réentendu parler d'eux."

"Votle amie, elle fait quoi de... diffélent?"

Pendant ce temps, au bar, les garçons n'avançaient pas réellement. La serveuse hocha simplement d'un non de la tête en prenant les chopes sur un plateau, en réponse à Jason. Elle s'arrêta quelques instants en regardant Kalalli d'un air qui semblait dire "allez raconter vos salades à quelqu'un d'autre, je travaille moi", mais elle lui fit tout de même un sourire faussement désolé avant de s'en aller.

"Je ne peux pas vous aider mes pichous, mais tout le monde a entendu des rumeurs, croyez-moi. Par contre, pour l'instant j'entends surtout mes clients commencer à se plaindre de la lenteur du service."

Le barman arriva alors avec le soda de Jason et s'accouda derrière son comptoir sur l'ensemble de ses bras surnuméraires.

"Vous avez réellement un ami qui est disparu? Vous devriez faire attention à ne pas parler trop fort. On se croyait en sécurité ici, sur Génosha, quand nous sommes arrivés, mais finalement il semblerait que ce n'est pas vraiment le cas..."

Il lança un regard par-dessus leur épaule, à la serveuse, et poursuivit sans avoir envie de rigoler.

"Que venez-vous faire dans mon pub?"

Jason du se rendre rapidement à l’évidence, les gens « avaient entendu parler de.. » mais ils seraient rudes en négociation pour lâcher une quelconque information. C’est donc avec une moue dubitative qu’il accueillis les commentaires de la serveuse.

Il n’était pas sur que lâcher tout de go qu’un amis à eux avait disparu soit forcément le truc à faire, mais au moins le petit inuit essayait de faire avancer les choses. Sirotant son soda, il regarda sans sourciller le barman, lui répondant. « Je plaisantai pas quand je disais que je cherchai rainbow. J’avais commencé à faire des trucs d’embellissement sur l’île avec elle à l’époque. Et puis, comme tout le monde, j’ai entendu parler de quelques disparitions… je… ecoutes.. je sais pas comment tu t’appelles, moi c’est Jason.. »

Il tenta la larmichette à l’œil, pour attendrir le barman. « j’ai perdu beaucoup de personnes, dans ma vie… je veux pas que ça arrive de nouveau. Surtout pas ici, car ça représente beaucoup pour une communauté, cette île. J’ai une amie, qui travaille pour un journal local.. j’ai peur de ce qui pourrait lui arriver... Je sais pas, ya déjà eut assez de problèmes pas vrai ? On a le droit de vivre un peu correctement non ? Alors je peux pas m’empêcher de penser que c’est louche tout ça… je.. Je ne peux pas rester à rien faire, je veux au moins comprendre… Bon, le type c'était un ami au ptit, la.... mais on a peur d’en perdre d'autres, il nous en reste si peu» il planta alors fermement ses yeux dans ceux du barman.

"on est venu ici dans l'espoir de trouver au moins un début de réponse.. quelquechose qui nous rassure, ou, peut être, des connaissances à nous..." il haussa les épaules. Simple... Pas de trucs alambiqués ou trop louches.

Keyah sentait qu'embrayer sur le terrain de la politique pouvait mener les deux OryX au devant de quelques ennuis. S'il y'avait un sujet qui divisait avec une remarquable facilité, c'était celui-là. Du coup, elle préféra jouer les ingénues irresponsables - pas besoin de se forcer outre mesure.

- Ah non, nous on s'occupe pas de ces trucs-là. C'est des problèmes de vieux. Mais bon, Julia, elle fourre son nez partout, alors...

Un haussement d'épaules plus tard, lui revenait la responsabilité d'étoffer la description de la mutante imaginaire qu'elles avaient esquissée. La Malienne s'aperçut de son erreur : elle aurait du choisir des personnalités plus discrètes, plus passe-partout, pour esquisser son portrait. Si elles jouaient de malchance, quelqu'un se souviendrait que Juliette ou Georgia faisaient partie de l'Institut. Elle tenta de rattraper son erreur.

- Julia, elle...

C'était plus facile à dire qu'à faire. Il lui fallait un terme clair, elle n'avait pas le droit d'expliquer le pouvoir d'une pseudo meilleure amie en une phrase tortueuse, ce serait étrange.

- ...est télékinésiste.

Puis une idée lui vint. Elle fit claquer ses doigts pour simuler l'éclair de génie.

- Mais c'était pareil avec Julia ! Elle faisait des mystères, comme quoi elle voyait quelqu'un, mais elle voulait pas dire qui...Vous saviez à quoi il ressemblait, ce garçon ? Ce qu'il faisait ? C'était peut-être le même !

"Bah, on l'a jamais vu non plus à vrai dire, mais elle était en pâmoison en revenant... Elle a dit qu'il était euh... pas très grand, les yeux en amande, bruns."

"Selene aime bien les alabes il faut dile!"

"Oui, et puis il semblait très charmant, du genre à ouvrir la bouche et vous faire perdre contenance immédiatement, à ce qu'elle nous a dit..."

C'était ce qu'on pouvait appeler un échec cuisant. La serveuse semblait aussi concernée par l'histoire de l'Inuit que par la reproduction de l'ornithorynque en période estivale. Mais le barman était par contre intéressé par leur histoire. Ses intentions devinrent néanmoins claires rapidement. Il voulait juste éviter d'avoir des mauvaises ondes dans son bar.

Kalalli l'observa un instant et tenta un compte mental du nombre de bras de l'étrange personnage devant lui. Jason commença à prendre les choses en main en se présentant et en expliquant ses intentions. La suite ne manqua pas de faire sourire intérieurement le garçon lorsque son camarade commença à partir dans du pathos qui trouvait néanmoins sa place dans le contexte de Génosha.

Finalement, ce n'était plus si drôle que ça... Il fit ensuite la moue lorsque Jason le traita de "petit". A chaque fois qu'on parlait de lui, il fallait rajouter ce mot devant. Le "p'tit chenapan" par ci, le "petit" par là. C'est bon, ils avaient compris !

Kala écouta donc Jason terminer sans rajouter le moindre mot mais s'il n'en pensait pas moins, et espéra que peut être l'homme pourrait un peu mieux les orienter que la serveuse.

"Rainbow? Je connais vraiment pas. Désolé... "
Il lança un regard intrigué à Jason, comme si ce qu'il disait le faisait tout de même réfléchir. Lorsque Jason eut terminé sa tirade, le barman regarda Kalalli un instant, comme pour voir s'il avait quelque chose à ajouter, mais face à son air boudeur, il préféra aller servir d'autres clients.
La serveuse repassa alors à côté des garçons en leur souriant et alla murmurer quelque chose au barman, tout en prenant sa prochaine commande. Le mutant hochait tranquillement de la tête en fixant les deux élèves, puis retourna à sa tâche. Au bout de quelques minutes, il revint au bout du bar, affichant un sourire victorieux, tendant deux de ses mains droites vers les deux Oryx.

"Moi c'est Adama. Enchanté Jason. Pandora est empathe." Petite moue désolée pour Kalalli.

"Elle m'a dit que votre histoire d'ami est un mensonge, par contre ce que tu as dit sur cette Rainbow est vrai. J'imagine bien que vous avez vraiment perdu beaucoup de gens dans votre vie, comme tous les mutants, mais pas ce Jay. Vous n'êtes pas d'ici hein? Sinon tu n'aurais pas dit à l'époque et tu saurais qu'il n'y a qu'un seul journal sur Génosha, pour l'instant... D'où êtes-vous et vous voulez un début de réponse à quoi?" Il avait penché la tête sur le côté, avec l'air mitigé de celui qui ne sait pas s'il veut vraiment en apprendre davantage.


Du côté des filles, la discussion s'essoufflait et après qu'un petit ange ait passé, la malaisienne apostropha les deux Oryx.

"Écoutez, on peut pas vraiment vous aider plus, désolées. C'est tout ce qu'on sait. Je vais vous donner notre courriel au cas où... Mais là on doit filer, c'est bientôt l'heure de la bouffe à l'appart."

Sortant un stylo et un calepin de son sac à main, elle griffonna une adresse courriel (5chicksand1skirt@genomail.int) et partit en compagnie de ses amies, la mine plutôt basse. Elles se retrouvaient donc dans le parc, seules avec sensiblement le même décor autour d'eux, si ce n'est que la jeune femme sous la statue avait posé son livre et les observait désormais avec un certain intérêt. Ce ne fut que lorsqu'elle croisa le regard de Keyah et Charis qu'elle s'empressa de détourner le regard.

[HJ : comme je ne serai pas là le week-end prochain, je clôturerai le tour jeudi soir au lieu de samedi.]

Hm... Ouais, effectivement, le problème politique risquait de leur mettre des bâtons dans les roues. Néanmoins, Charis restait étonnée de la facilité avec laquelle les adolescent pouvait faire des parallèle sans le moindre fondement. C'était comme dire qu'en fréquentant un humain on devait nécessairement être anti-mutant. Sur ce point, l'hydrokinésiste resta perplexe et tourna vers Keyah un regard quelque peu surpris. Heureusement, la malienne les sorti de là d'une simple phrase. En tous les cas, la liste des personnes disparues semblait bien contenir une personne connue des adolescentes. Ce qui fit légèrement tiquer Charis. Une cyberpathe... Ce genre de pouvoir pouvait servir pas mal d'intérêts. Toutes les personnes portées disparues avaient-elles des capacités exploitable pour un quelconque profit malhonnête? Au fond d'elle, la suissesse espérait encore qu'il ne puisse s'agir que d'une fugue massive de personnes, aussi naïve que puisse être cette pensée.

Bon, l'ennui, c'était qu'avec les explications supplémentaires, la disparition de cette Selene pouvait très bien n'être qu'une coïncidence. Elle aurait pu partir avec un garçon, tout simplement. Mias bon, mieux valait garder cette description un peu vague mais peut-être utile en tête. Un garçon grand, les yeux en amandes, sans dote oriental... C'était vague. Quoique vu la description sur le charme, qui pouvais savoir s'il ne s'agissait pas tout simplement d'un pouvoir mutant? Après tout, si Kalalli pouvait créer des illusions, d'autres pouvaient très bien aller jusqu'à créer des sentiments.

Et vint l'instant fatidique. Plongée dans ses hypothèses silencieuses, Charis ne voyait vraiment plus comment poursuivre la conversation. Décidément, elle n'avait pas vraiment de talent pour ça. Un peu dépassée, elle ne pu que regarder les jeunes filles annoncer leur départ.

"Heu oui! Merci beaucoup! J'espère que votre amie va vite revenir."

Même si elle n'en était au final pas très convaincue. En tous les cas, Charis prit le billet et le glissa dans sa poche. L'adresse allait leur servir. Et puis même si elles ne trouvaient pas d'infirmations, elles pourraient toujours tenter de rassurer les jeunes filles. L'hydrokinésiste les regarda s'éloigner avant de pousser un léger soupire dépité en se reportant un court instant sur Keyah avant de balayer à nouveau le parc des yeux, croisant comme la malienne le regard de la lectrice sous la statue. Cette fois-ci, Charis préféra ne pas trop hésiter. Après tout, elle avait l'air de les avoir regardée assez longtemps pour savoir ce qui se passait. La suissesse s'approcha de la femme qui s'était visiblement replongée dans son bouquin.

"Hem... Excusez-moi... Vous nous regardiez alors... Est-ce que par hasard vous avez suivit notre conversation? Si oui, vous pourriez peut-être nous aider?"

Y'avait mieux comme entrée en matière, tout de même.

Bon, elles avaient réussi à glaner un début de bout de piste. Il suffisait qu'elles cherchent parmi les quelques centaines de milliers de mutants que devait compter le monde arabe pour trouver une personne qui détenait sans doute des informations sur leur affaire. Un jeu d'enfant.

Charis avait empoché l'adresse. Si par hasard, elles parvenaient à retrouver cette Sélène, elles pourraient ainsi prévenir ses amies. Ou si le pire survenait...mais la Malienne préférait ne pas envisager cette explication si tôt.

- Merci à vous.

Les trois ados s'éloignèrent. Elles avaient avancé d'environ un iota. C'était peu, mais c'était quelque chose. Surtout, elles avaient visiblement attiré l'attention d'une des occupantes du parc, vers laquelle la Suissesse se dirigea. Elle n'avait pas vraiment l'allure d'une conspiratrice, à lire dans un cadre bucolique. Même s'il fallait toujours se méfier, Keyah jugea qu'il valait mieux jouer franc jeu avec elle. Dans la limite du scénario "Julia" qu'elles avaient concocté.

- Vous sauriez quelque chose, sur ces disparitions ? On est vraiment super inquiètes...

Elle n'eut pas besoin de se forcer pour jouer les inquiètes. L'histoire des trois adolescentes montrait clairement que ces disparitions était un fait qui touchait n'importe quel genoshéen, y compris les plus jeunes. Or, actuellement, elles se trouvaient à l'épicentre de cette affaire, et elles n'avaient obtenu aucune piste concrète.

A observer le manège entre la serveuse et le barman, Jason commença à avoir la puce à l'oreille. Ces deux la semblaient bien rodés, et pas seulement en tant que partenaires de bar… Lorsque l’homme aux membres surnuméraires revint, et indiqua le don si particulier de la serveuse, Jason se permit un sourire de connivence. Bon… plan B donc…

« hmmm.. pratique, j’imagine, vu le contexte, ce genre de dons. Bien. Jouons franc jeux, donc ? Nous sommes ici, mon ami et moi-même, de façon non officielle. Nous sommes intervenus au moment de la crise sur genosha il y a quelques temps. J’ai tenu à l’époque un discours sur le fait que nous étions la pour tendre la main. C’est la même chose aujourd’hui, mais encore une fois de façon officieuse. Nous ne pouvons rester les bras croisés alors que des gens disparaissent… Je vous ai dit la vérité sur rainbow, ainsi que sur notre amie travaillant au journal. Ce journal qui est né lorsque nous étions la pour aider les gens d’ici à s’en sortir. Avons-nous perdu un ami en particulier ici ? Pas encore, que nous sachions… Avons-nous perdu un ami ici ? Anonyme ? Perdu dans la masse ? Assurément, car je peux assurer mon engagement sincère et désintéressé pour éviter que des gens disparaissent. Car avant d’être des mutants, je vois ici des personnes. Et je n’ai pas suffisamment perdu mon empathie pour ne pas être inquiet du sort de personnes disparaissant. »

Il regarda avec ses yeux émeraudes, francs et volontaires, le barman. Il risquait gros à ne plus jouer la comédie, mais d’un autre côté, bluffer n’avait pas été particulièrement efficace.
« nous ne cherchons pas que des réponses, nous cherchons à aider… a... arrêter ses disparitions, et à en comprendre la cause.. Nous n’avons pas endigué un désastre immédiat et visible pour laisser se produire un autre désastre, insidieux et tout aussi catastrophique pour cette île et ses habitants. » il retendit la main au barman « je suis Jason. Je viens d’Irlande. Je suis Jason, je viens de l’institut xavier. Ces deux informations sont vraies, et les deux Jason veulent aider avec la même fougue ». Il se repencha alors en arrière, la balle n’était plus dans son camp, et finit doucement son soda.

Kalalli se piqua un phare lorsqu'il apprit que la serveuse surnommée Pandora était empathe. Il lui laissa un petit regard mal à l'aise d'avoir menti, surtout maintenant que ça se savait. Il essayait de se rassurer en se disant que c'était justifié puisque c'était pour le "bien" de gens. Il confirma donc, les yeux baissés :

" Jay n'est pas mort c'est vrai... Heureusement. Désolé pour le mensonge... "

Jason décidait donc de jouer franc-jeu. Ils n'avaient rien d'autre à faire de toute façon avec l'empathe présente. L'Inuit espérait seulement que ça n'allait pas leur attirer des ennuis. Il remarqua avec une agréable surprise que l'Irlandais parla de lui en tant "qu'ami" et non de "petit ami", quoi que le terme aurait pu être ambigüe sur le moment. Son camarade expliqua tout au barman. Si ce dernier n'était pas convaincu, le jeune garçon l'était, lui, même s'il n'avait pas à l'être ! Il lui semblait que Jason parlait juste. Lorsqu'il termina son explication, Kalalli rajouta simplement :

" Vous savez parce que vous nous connaissez que nos intentions sont dans l'intérêt du peuple de Génosha. "

Il était loin d'être un aussi bon orateur que Jason, mais il essayait malgré tout de dire la vérité avec autant de sincérité que possible. De toute façon, jouer la comédie ne servait à rien avec Pandora, alors peu importe leur façon de parler. Les émotions transparaissaient.

La femme bleue se leva en s’étirant, bâillant un peu. Elle était si grande qu’on aurait cru que ses membres n’en finissaient pas de se déplier. Ses gestes lents et précis la plongeait dans une aura de délicatesse envoûtante qui fût brisée par sa voix aigüe et grinçante.

"Non, je n’ai pas tout écouté. Vous cherchez quelqu’un, c’est tout ce que j’ai compris."

Dès qu’elle se tut et se tourna vers Keyah, c’était comme si son aura s’était reformé instantanément autour d’elle, pour être brisé tout aussi rapidement.

"Nous savons tous quelque chose sur ces disparitions. Nous sommes tous des complices silencieux, observant en silence en espérant ne pas être le prochain sur la liste. Mais il n’y a de toute manière que les plus utiles à la reconstruction de l’île qui partent. Le mot d’ordre est désormais de ne rien montrer de nos savoirs."

Elle regarda tour à tour Keyah et Charis dans les yeux en leur faisant un sourire absent.

"La question est : Disparaîtrez-vous?"




Au bar, Adama écoutait Jason avec attention, ses yeux plissés pour comprendre tous les non-dits dans les propos de Tatoo.

"Toi, en tous les cas, tu parles bien. Je vais te … Un instant!"

Il laissa alors les deux mutants, eut une discussion agitée avec un client non loin, à voix basse, et revint pour écouter la fin du discours de Jason en s’excusant d’une manière inhabituelle.

"Trop grosses oreilles…"

Il sourit finalement à la remarque de Kalalli.

"Et qui vous dit, à vous, que mes intérêts sont dans cette nation? Je vais vous dire. Deux jeunes, paumés, qui débarquent dans mon bar et parlent de but en blanc d’un sujet tabou… Il n’y avait pas trente-six options, mais je voulais vous l’entendre dire. Vous connaissez Keyah?"

Il se pencha en avant, mettant un torchon sur chacune de ses épaules et leur faisant signe de faire de même.

"Elle est toujours à l’institut? Elle va bien?"

Charis ne pu que lever la tête pour suivre le mouvement. Elle mesurait combien cette femme? Elle ne lui avait pas parut aussi grande quand elle était assise. Dommage que la voix vienne gâcher le tout. La suissesse en vint à se demander quel genre de pouvoir pouvait conférer une apparence aussi unique et étrangement même pas repoussante. Mine de rien, c'était un joli bleu. Et en faisant exception de la voix, cette femme était juste fascinante. Allez, on se recentre sur le sujet de conversation. Elle avait donc écouté. Certes, pas tout, mais elle savait au moins autour de quoi tournait le sujet. Cette impression étrange revint dès qu'elle ferma la bouche pour se tourner vers Keyah... Pour revenir aussitôt dès qu'elle parlait à nouveau. C'était ça son pouvoir alors? La possibilité d'évoquer la grâce et l'envoûtement par de simples gestes? Et la parole rompait le charme visiblement.

Sur le point suivant, la femme n'avait pas tort. Par le silence, tout le monde était complice. Pas de réelle enquête, pas de réelle recherches, aucun indice... A croire que des enlèvements étaient une inquiétude qui pouvait être reléguée au dernier plan. A la dernière question, Charis se reporta sur Keyah. Et si elles disparaissaient? Très franchement, l'hydrokinésiste préférait que cette possibilité ne se présente jamais. Le fait était qu'elles se trouvaient en terrain dangereux. Mais pour le moment, ni l'une ni l'autre n'avaient montré ses pouvoirs sur l'île... Si on faisait exception de leur dernier passage ici où Charis, avec Abaigh, n'avaient pas hésité à aider du mieux possible sans se priver de leurs dons. Ah ouais, il y avait toujours quelqu'un qui pouvait savoir ce dont elles étaient capables. Et Keyah ne faisait pas exception. Charis se tourna à nouveau vers la femme bleue.

"C'est à nous de faire en sorte que ça n'arrive pas. Mais puisque vous parlez des personnes utiles à la reconstruction, cela veut dire que vous savez plus de choses que nous sur les personnes enlevées. Peut-être qu'en sachant exactement quels pouvoirs possèdent les victimes, nous saurons ce que les responsables comptent en faire. S'il nous est possible d'éviter que notre amie ne soit transformée en outil, nous voudrions bien le savoir."

Des fois que la femme se sentirait l'âme d'une bavarde...

- Ben euh...

La dernière question plongea Keyah dans la réflexion. Serait-elle utile à la reconstruction ? Elle pouvait peut-être aider à faire du ciment, dans de faibles proportions. Mais si ce que disait la mutante était vrai, elles avaient une piste pour attirer les ravisseurs.

D'ailleurs, leur objectif était étrange : empêcher la reconstruction ? C'était aussi primaire que ça ? La fille dont avaient parlé les ados était cyberpathe, pas vraiment étiquetée BTP. Cela dit, c'était une hypothèse comme une autre, et à laquelle Charis et elle devaient se ranger, puisqu'elles savaient moins bien que les autochtones ce qui se tramait sur place.

Elle décida donc de jouer l'angoisse. Après tout, une femme de sable pouvait être particulièrement utile pour nettoyer, creuser, transporter, se faufiler...si elle contrôlait mieux son pouvoir que la Malienne. Mais ça, personne n'était censé le savoir.

Elle s'exclama donc bruyamment.

- Les mutants qui rebâtissent ? Oh non !

Elle jeta un regard inquiet à Charis. Jusqu'à quel point la Suissesse connaissait-elle ses capacités ?

- Julia est télékinésiste...et moi je me transforme en sable...Charis, tu crois qu'on va m'enlever ?

Elle fixa sa camarade, l'imagina sous sa forme d'élémentaire d'eau, et n'eut pas la moindre difficulté à simuler une peur profonde. C'était un des avantages de leur duo.

Jason regarda avec un sourire mi figue, mi raisin, son partenaire inuit. Il n’en rajoutait pas des caisses, ce qui était parfait. A ce stade de la conversation, inutile de partir dans des délires improvisés. C’est donc avec curiosité que Jason attendit le retour d’Adama, qui était partit tancer un petit peu un client un peu surexcité. Quand il revint, il prit pratiquement un air de conspirateur avant de se pencher vers eux et de leur demander de faire de même.

Jason s’exécuta de bonne grâce, surpris que le barman connaisse Keyah. Mais après tout, Jason n’avait pas vraiment eut le temps de faire connaissance avec elle, et surtout ils n’avaient jamais évoqués avec moult détails les événements sur genosha. Habituellement jason aimait parlé de ses missions, histoire de partager les informations, mais genosha avait été éprouvant, aussi ne voulait il pas imposer aux autres le calvaire de revivre ces événements. Il laissa tomber son ventilateur idiot, et se pencha donc pour répondre.

« Keyah ? Vous connaissez Keyah ? Oui, elle va très bien. Elle... euh... elle est même venue avec nous ici, sur l’île. Je pense qu’elle s’inquiétait pour les amis qu’elle avait connu ici, et j’imagine que vous en faisiez partit ? C’est une chic fille. Quand on a eut la puce à l’oreille, pour les rumeurs qui se propageaient par rapport à l’île, elle s’est proposée, comme moi et mon ami, ici, afin de venir voir ce qui se passait. » Il haussa les épaules. « On se refait pas, pas vrai ? il parait que je suis trop gentil et que je devrai penser à moi plutôt qu’aux autres, mais bon… on change pas comme ça, aussi vite… » il se rappelait la conversation avec Maame fouba à ce sujet, dans la cuisine... Ça le fit sourire.

Il fit une moue pensive avant d’ajouter. « Dites, si vous voulez ou pouvez nous aider à ce sujet, mais que vous n’êtes pas à l’aise ici, on peut se filer rendez vous ailleurs ? enfin jdis ça… c’est rapport au fait que je comprend que vous voulez pas qu’on vienne vous casser les pieds dans votre bar quoi… mais comme on est pas la sous une quelconque égide ou organisation officielle, j’m’étais dis que le mieux c’était de commencer ici.. Jveux dire... On ne va pas poser plein de questions à tout le monde non plus… Fin bref, si vous pouvez nous aider, alors on vous aidera aussi avec plaisir. » conclu t il avec un franc sourire.

Kalalli jeta un petit regard inquiet vers Jason lorsqu'Adama partit. L'étrange personnage revint rapidement et cette façon de se pencher vers eux indiquait clairement qu'il avait des choses à dire. Restait à espérer qu'il n'ait prévenu personne pendant qu'il s'était échappait quelques instants ! Kala ne savait pas trop si on pouvait lui faire confiance mais le fait qu'il connaisse Keyah était relativement bon signe à priori. Quoiqu'ils pouvaient peut être s'être connus pour de mauvaises raisons ?

Restant sur ses gardes, l'Inuit observa son camarade un instant parler avec le barman. Il ne trouvait rien à rajouter et se sentait un peu inutile sur le coup mais il valait mieux être là et ne pas servir qu'être absent dans un moment utile ! Jason proposa ensuite un rendez-vous dans un lieu plus calme. C'était une bonne idée. Peut être qu'Adama ne voulait pas être entendu ou de façon plus terre à terre, ne voulait pas troubler la relative tranquillité de son bar. Le garçon se contenta donc d'écouter attentivement les paroles qui s'échangeaient, et attendit avec curiosité la réponse du grand homme aux multiples bras.

"Je vous ai dit. Celui qui commet péché d’orgueil disparaît. Et il y a plus de vantards qu’on pourrait le croire! J’ai vu trois personnes se volatiliser déjà! Trois vaniteux! Le premier disait être le meilleur guérisseur de l’île en s’approchant d’un blessé des travaux. Et Pfouit! Plus de guérisseur. La deuxième, elle faisait apparaître les fenêtres des maisons. Et Pfouit! Disparue aussi. Le dernier, c’était une boîte à outil vivante. Et Pfouit! Plus là!"

Devant le manque de prudence de Keyah, la femme bleue se recroquevilla sur elle-même, rapetissant à vue d’œil jusqu’à arriver au menton de la Malienne.

"Sssssh!!! Pas si fort, ils vont nous entendre! Et quand ils savent ce que l’on fait, ils nous éliminent de l’île! Pfouit!"

Mais visiblement, elle ne considérait ni sa couleur, ni les appendices qui lui sortaient de la tête, ni le fait de rétrécir au beau milieu d’un parc comme une preuve concluante de mutanité.

Au bar, le barman semblait avoir oublié son emploi, absorbé par les propos de l’Irlandais, souriant ironiquement lorsque celui-ci prétendit ne pas vouloir interroger tout le monde.

"Elle nous a sauvé, mes potes et moi, sur le continent. Évidemment que c’est mon amie! Avec les autres copains, on a fait des recherches…" il se pencha encore un peu plus et baissa le ton également. "… appelez ça de la vengeance si vous voulez! Eh bien! Vous n’avez pas idée de ce que mon boulot peut m’apprendre… On a découvert où ils emmènent les disparus, désormais. Nos pistes semblent toutes converger v…"
"Adama, tu n’es pas concentré sur le boulot! Elles viennent mes trois pintes de rousse?"

Adama retourna aussitôt au travail, faisant signe de tête aux Oryx qu’ils reviendraient.

Entre-temps, toute l’équipe reçu un message de Sahari :
"Alors, les jeunes, vous avez trouvé quelque chose? Il faudra bientôt penser à rentrer, si vous voulez dormir un peu cette nuit!"

Lorsque Adama revint, il apporta un second verre de jus à Kalalli en lui demandant :
"Ca va toi? T’as sincèrement pas l’air de t’amuser…"