[Oryx 6.2] Une enquête enlevante

Keyah était tiraillée entre deux réactions possibles. La prudente, d'abord, qui consistait à soupirer d'aise en disant "nan mais ça va, en fait, j'suis nulle, donc y'a aucun risque". Et l'osée, où se lancer dans un auto-éloge totalement faux de ses capacités. Elle opta pour la première, quitte à inventer un scénario plus tard. Devant quelqu'un d'autre, si nécessaire. Pour cela, elle imagina Charis qui redevenait normale, et toute trace d'angoisse disparut presque.

- Ca va alors, je suis pas très douée...

Un début de sourire apparut sur ses lèvres. Au pire, sa camarade pouvait, elle, feindre la super-puissance. Le simple fait de se transformer en eau était suffisamment marquant, même si la Malienne était très impressionnable à ce sujet.

- Mais quand vous dites "Pfouit", c'est..."pfouit, il est là et c'est comme s'il se téléporte", ou plutôt "pfouit, le soir même il disparaît" ?

Repensant à la démonstration que venait de leur faire la femme, une troisième idée lui vint à l'esprit.

- Ou alors c'est "Pfouit, il rapetisse jusqu'à devenir minuscule" ?

Une dernière question lui traversa l'esprit. Elle se pencha vers la femme modèle réduit, et murmura sur un ton de conspiratrice.

- Vous savez qui sont ces "ils" qui entendent tout ?

La naine bleue regarda Keyah avec de grands yeux, la penchant d'un côté puis de l'autre pour l'évaluer du regard et répondit finalement.

"Eux qui ne veulent pas que Génosha existe! Eux qui ravissent nos meilleurs éléments! Les archanges de l'apocalypse mutante pardi! Ils sont partout et invisibles et vous feront disparaître presque sur le coup du Péché! Alors faites bien attention!"

Au bout d’un moment, Adama sembla non pas se détendre, mais vu le contexte qui pourrait se permettre de se détendre, mais en tout cas il devint plus prolixe en renseignement... Du moins allait-il enfin lâcher un morceau d’os à ronger lorsqu’il fut interpellé. Mais en tout cas il semblait savoir quelque chose. Sahari interpella les oryx via le communicateur, aussi Jason en profita-t-il pour passer un message sur le canal commun, afin également de prévenir Keyah. Il parla à voix basse, les oreillettes étant suffisamment performantes pour fonctionner ainsi et répondit donc :

« Miss fouba, on progresse, lentement, mais on progresse. Il y a un ami de Keyah, ici, un certain adama. Il semble qu’il sache des choses, je lui ai proposé qu’on se retrouve éventuellement ailleurs, affaire à suivre. Il s’est constitué un p’tit réseau de renseignement, et ils ont une piste, semble t il. Je tente d’obtenir soit un rencard pour plus tard, soit un autre contact, je vous tiens au courant. »

Dans ces circonstances, Keyah aurait surement été plus indiquée que lui, et il ne voulait pas décevoir sa camarade nouvellement promue Oryx, aussi Jason s’appliquait à commettre le moins de bourdes possible.

Adama revint et s’inquiéta de la moue de son camarade oryx. Jason le regarda à son tour, et ajouta « beaucoup de bons souvenirs, ici, mais beaucoup de mauvais aussi. Justement, on ne veut pas des mauvais souvenirs en plus. Adama, si tu veux, on se retrouve ailleurs, j’ai prévenu keyah que tu étais ici. Je ne veux pas te mettre dans la mouise ou t’attirer des ennuis, alors si tu as une piste, ou un contact, tu peux simplement me l’écrire ou me le dire. Sinon tu peux nous faire confiance, si tu veux qu’on rencontre ton... euh... Organisation ? Bref, d’une façon ou d’une autre, aide nous à t’aider… Il faut que ça cesse. Je ne te parle pas de nation ou d’intérêt politique, je te parle de personnes qui disparaissent, de chairs et d’âmes en danger… Aide nous à t’aider, Adama. » Conclu t il, aucune trace de peur dans la voix ou le regard, mais une certaine urgence dans le ton.

Bon, récapitulons. Des mutants étaient enlevés parce que leur compétences les rendaient précieux pour la reconstruction de Génosha, entre autre. En résumé, pour vivre longtemps et tranquillement au regard de tous, il valait mieux ne pas afficher ses pouvoir, et surtout pas leur degré de puissance. Bon, sur ce plan, Charis out comme Keyah visiblement, se sentait un poil rassurée. Son niveau à raz les pâquerettes la rendait quelque peu... Inutile. Ouais, enfin seule, elle ne servait pas à grand chose. Sauf si elle devait jouer les nettoyeuses comme elle avait failli le faire avec le pauvre Alixtide. Ah ben tien, si Keyah avait été à la place du breton, elle n'aurait sans doute pas survécu à la crise cardiaque. Horrible pensée qui fit froid dans le dos à la suissesse. Sur ce point, la comédie était superflue. Se reportant sur la malienne, elle répondit à sa toute première question, même si elle tenait plus de la rhétorique vu qu'en toute honnêteté, Charis ne savait pas si Keyah pouvait ou non faire partie de la liste des futures disparus.

"J'espère pas."

Charis, elle, se sentant l'âme d'une future paranoïaque, choisit simplement de ne pas évoquer ses capacités pour le moment. De toute manière, si ça se trouvai, d'autres personnes sur Génosha savaient déjà ce qu'elle pouvait faire, vu qu'à la base, elle ne s'en était pas cachée. Mais étant donné le charisme surprenant de la femme, et l'histoire d'un beau gosse que la précédente disparue avait rencontré avant de se volatilisé, Charis eut un semblant de théorie sur la manière dont les mutants pouvaient être enlevés. L'hydrokinésiste resta silencieuse, écoutant attentivement les réponses que la femme donnait aux interrogations de Keyah. La dernière la laissa quelque peu perplexe.

Mouais. La réponse n'était pas totalement dénué de sens, mais elle restait tout de même cruellement... Biblique. Un peu trop peut-être. Et la raison évoquée paraissait un peu trop simple pour Charis. Enlever des mutants juste pour empêcher Génosha de s'épanouir? Il existait des méthodes plus radicales et surtout moins lentes. Il devait y avoir une autre possibilité qui pourrait s'ajouter à cette théorie. Mais pour le moment, mieux valait déjà faire une compilation de tout ce qu'ils avaient appris.

"Auriez-vous une idée des personnes qui pourraient disparaître à leur tour? Je veux dire, des personnes qui pourraient commettre ces pêchés?"

Jason semblait faire particulièrement bien son petit effet auprès d'Adama ! Ce dernier commença à dévoiler enfin des informations importantes. Il avait grâce à des amis appris où tous les disparus étaient emmenés ! Les disparitions étaient donc bien des enlèvements et se rendre à l'endroit permettrait à la fois de trouver les ravisseurs et les victimes ! L'affaire était presque dans le sac. Mais pour réussir à kidnapper des mutants, il fallait surement être assez puissant ou nombreux... Et eux n'étaient que quatre.

Malheureusement, à l'instant fatidique où le barman allait leur révéler le lieu, il se fit héler par un client mécontent de la lenteur du service provoquée par leur discussion. L'Inuit jeta un regard vers le client en question et soupira. Si près du but. A la façon des films, il s'attendait à ce qu'il se passe un truc qui ferait qu'ils n'apprendraient pas la position ou le nom du lieu. Adama qui se fasse tuer, eux qui se fassent attaquer... ou leurs amies. Scénario classique du personnage qui en sait trop et qu'on veut faire taire mais qu'on tue au moment où il va tout révéler.

Un message de Sahari leur parvint alors que Kalalli terminait son jus de fruit. Il faisait tellement chaud, surtout dans cet endroit où l'odeur était en plus assez désagréable. Elle leur indiquait de conclure leurs recherches bientôt pour pouvoir rentrer dormir. Dormir ! La chaleur toujours aussi mal supportée couplée à la fatigue accumulée depuis les mauvaises nuits remplies de cauchemars de Génosha ne faisaient que lui donner une envie constante de dormir. A coup sûr, il ne réussirait pas à garder les yeux ouverts plus d'une demie heure une fois assis pendant le voyage de retour.

Jason lui répondit sur leur avancement et Adama revint en offrant un nouveau jus de fruit à l'Inuit qui se sentait la capacité d'en avaler trois d'affilés. Le multi-bras lui fit remarquer qu'il ne semblait pas s'amuser ici. Kala releva le regard un peu surpris de la question avant même de l'avoir remercié pour le nouveau verre.

" Heu... Je... Oui ca va. Je m'acclimate mal à la chaleur tropicale. "

Inutile de détailler les horreurs vues ici qui lui pinçaient le coeur à chaque pensée. Jason l'expliqua pourtant en précisant auparavant qu'il y avait aussi de bons souvenirs ici. Kalalli resta surpris, se demandant bien ce qu'il y avait eu de bénéfique pour lui ici. A part Kitty qui l'avait embrassé sur la plage ce qui aurait pu se faire ailleurs, il ne voyait pas. C'était le seul évènement positif qui malheureusement était très fortement contre-balancé par la mission Shoggoth. Dubitatif donc, l'Inuit.

Son camarade semblait avoir complètement oublié qu'Adama était sur le point de leur donner le lieu de captivité présumé. Etait-il nécessaire de se retrouver ailleurs pour donner un seul nom de lieu ? Et pourquoi rencontrer quelqu'un ? Un guide éventuellement mais qui est-ce qui pourrait réellement les aider autrement ? Aussi, il préféra demander simplement :

" Est-ce que vous pourriez juste nous donner le nom de l'endroit comme vous alliez le faire avant de donner les choppes au client ? Au cas où il arrive quelque chose qui nous empêche de nous retrouver ailleurs... "

Jay semblait lui avoir refilé son esprit quasi paranoïaque mais dans la situation actuelle, mieux valait être prudent, surtout que cette information cruciale pouvait être donnée en l'espace de deux ou trois secondes maximum. Le ratio de "temps perdu/information importante trouvée" était donc plus que raisonnable !

La femme bleue, miniature, répondit sur le ton de l’évidence à Charis.
"Je n’en ai aucune idée. On ne connaît jamais assez bien les chimères des gens pour cela!"

Elle se tut alors, jetant un coup d’œil à la couverture de son livre, Les Misérables.


Au bar, Adama écouta Jason et lui indiqua poliment :

"Avec Doujko et Itara, les autres kidnappés, on a fait notre petite enquête. Ils habitent dans le coin aussi."

Il perdit subitement toute sa sympathie devant le commentaire de Kalalli, se dirigea vers la caisse enregistreuse pour revenir avec deux factures. L’inuit pu remarquer que le deuxième verre de jus avait également été facturé.

"Le Maghreb, c’est tout ce qu’on a. Maintenant vous payez et décampez, et je retourne bosser."


Les quatre élèves entendirent simultanément le nouveau message de Sahari :

"Parfait, recueillez cet endroit, j’ai aussi eu des renseignements intéressants. On se rejoint au marché. L’ambiance sonore couvrira nos discussions."


Les Oryx se retrouvèrent au coin de la rue et traversèrent ensemble. À la recherche de leur référente, ils observaient les passants, mais la personne que Keyah remarqua était loin de convenir à ses espérances.



L’homme l’avait également vue et il se dirigea en direction des Oryx d’un pas décidé. Arrivé à quelques mètres d’elle, il l’apostropha :

"Tu fouines toujours? Ça t’a pas suffit de voler ma jeep et t’attaquer à mes hommes? Je vais te montrer, moi!"

Il sortit son couteau de chasse du fourreau sur sa hanche et pointa la lame d’un air menaçant vers Keyah, ne s’arrêtant pas d’avancer bien qu’il soit à moins de trois mètres du groupe. Une passante hurla de frayeur et l’ambiance de la place sembla se cristalliser immédiatement.

Finalement, Charis et Keyah avaient fait chou blanc, ou peu s'en faut. Savoir qu'un homme brun était impliqué ne les avançait pas particulièrement vu le métissage en vigueur sur l'île. Si encore l'indice leur avait été donné en Suède, ou en plein centre de l'Afrique, il aurait pu être exploité...

La femme bleue était une mystique, et l'absence d'une devineresse ou d'une chamane sous la main les empêcha d'exploiter ses élucubrations. La Malienne était un peu démoralisée d'avoir été si peu efficace, et jeta un regard triste à Charis avant qu'elles ne retrouvent les deux garçons.

La rue était suffisamment encombrée pour que Sahari ne soit pas immédiatement visible. Le regard de Keyah s'arrêta sur un visage qu'elle espérait ne jamais revoir - et pour son malheur, la réciproque fut également vraie. Elle se figea. L'indice qu'elle avait espéré était là, sous leur main...mais il n'était pas coopératif. Le même homme qui enlevait des mutants en Afrique. Alors il y'avait un rapport entre ce qu'avaient subi les mutants qu'elle avait aidés et les enlèvements sur Genosha...Elle cria.

- C'est lui ! Lui il sait !

Espérant que ses camarades comprendraient l'allusion - ils comprendraient vite, puisque l'allusion avançait vers eux à grands pas avec un couteau à la main - elle se transforma en nuage de sable et essaya d'entourer la tête de l'homme qui avançait, afin de l'immobiliser et de gêner sa visibilité.

Voyant le sable s'avancer vers lui lentement, et ayant déjà eut affaire à elle, l'homme s'élança de côté et parvint à saisir Charis par le bras et la tirer à elle le temps que la Malienne ne l'atteigne au visage, plaçant sa lame devant le cou de l'hydrokinésiste.

Elles n'étaient donc finalement pas plus avancées. Et la femme n'avait pas d'avis sur les mutants qu'il aurait été possible de surveiller dans le cas où des kidnappeurs agiraient à nouveau. Charis était dépitée. Mais au moins, elle avait déjà une idée un peu plus précise de l'objet exacts de tels enlèvement. Des disparitions trop arbitraires pourraient signifier une bête vengeance mal structurée, mais les personnes étaient choisies pour leur pouvoir, et non au petit bonheur la chance. Il y avait donc deux options qui pouvaient être prises ensemble comme séparément. D'abord nuire au développement de Génosha, ensuite exploiter les talents des mutants enlevés dans un autre but. L'ennui, c'était que la liste était longue s'il fallait considérer qui pouvaient trouver un intérêt dans l'un ou l'autre de ces deux buts.

En voyant le regard triste de Keyah, Charis tâcha de sourire de façon rassurante. Elles n'avaient certes pas beaucoup avancé, mais au moins, elles avaient un commencement de piste. Quiplus est, avec de la chance, Jason et Kalalli auront des informations complémentaires qui leur permettront à tous de mieux cerner le problème. Elle préféra ne pas se laisser décourager et, suivant l'indication de Sahari, elle alla rejoindre les garçons avec Keyah. Il y avait du monde au marché. Effectivement, l'endroit était tout indiqué pour papoter sans vraiment se faire entendre à distance. Mouais, sauf qu'un type visiblement pas mal baraqué semblait s'approcher d'eux. Pire, il en avait directement après Keyah qui se mit à crier. Pas besoin de plus. Et c'était quoi ça, un couteau?

Charis se retrouva figée un court instant, un mauvais rappel face à cette vision. Keyah avait déjà réagit, mais pas elle et l'hydrokinésiste se retrouva tirée brusquement, une lame contre la gorge. Elle poussa un faible couinement autant de surprise que de crainte alors que la première pensée qui lui vint à l'esprit fut... En eau, et vite!
Oui, mais Keyah...

"Keyah! Ne t'approches pas!"

C'était exactement le genre de situation que Charis ne voulait même pas imaginer. Mais entre faire peur à Keyah et se faire trancher la gorge... Elle en était désolée pour la malienne.
Charis se transforma en eau et, dans le même mouvement, elle voulu mettre sa main en plein dans la figure de son agresseur, non pas pour une gifle, mais pour lui faire boire la tasse. En espérant tout du moins le faire reculer ou le bloquer les secondes suffisantes pour permettre à quelqu'un d'autre d'agir.
L'homme se débattait en tournant la tête à droite et à gauche, un peu comme un enfant à qui l'on force de manger ses brocolis, ou qu'on asperge alors qu'il tente de reprendre son souffle, le distrayant pour quelques secondes.

Toutefois, dans l'amplitude des mouvements de Charis et de leur agresseur, la proximité de Keyah qui tentait également de tourbillonner à la tête de l'homme joua contre elle. Elle sentit une douleur intense et une partie de son sable tomba au sol comme une galette humide. Par réflexe, ou alors simplement parce que sa peur venait de la paralyser, elle reprit forme humaine en tombant également au sol, son épaule et le haut de son dos, du côté droit, brûlaient puisque sa chair était à vif.

Un peu frustré du revirement soudain de l’attitude d’Adama, c’est avec une moue contrite que Jason fit un dernier signe d’au revoir au barman et à la serveuse, afin de retrouver le reste de l’équipe, comme le suggérait maame Fouba.

Alors que les Oryx cherchaient du regard leur prof référent, un individu sembla focaliser l’attention de Keyah, et en moins de temps qu’il n’en faut pour dire « attention » l’homme se précipita sur elle, sous les invectives de Keyah. Alors qu’elle se transformait en sable (Jason était impressionné par cette manifestation, tout comme celle de Charis), l’homme qui visiblement la connaissait bien esquiva son attaque et menaça Charis, qui à son tour entama une transformation. Malheureusement, Keyah en fit les frais et se retrouva à terre, blessée, l’eau ne faisant visiblement pas bon ménage avec son pouvoir. C’en était trop. Le regard de Jason se fit glacial.

« Ça suffit ! » Il ne supportait pas qu’un de ses camarades soit blessé, et de toute façon, l’esclandre était déjà amorcé. Hors de question non plus que ce triste sire s’enfuie, surtout pas après son petit exploit…

Se concentrant donc, il matérialisa un lien aux pieds de l’homme, qu’il resserra en modifiant la taille pour le faire tomber, ainsi qu’une sangle emprisonnant sa main, qui subit le même changement de taille pour l’obliger à lâcher le couteau, pour parfaire la panoplie, un collier, serré autour du cou, qu’il ne fit pas changer de taille, pour ne pas l’étrangler, du moins pas de suite, mais précisa pour l’homme
« tu te calmes et tu réponds à nos questions, ou le collier se comportera comme le lien à ta main »
Sa voix était glaciale, furieux qu’il était et le tenant responsable pour bon nombre de problèmes liés à Keyah et leur situation présente.

L'homme oscilla sur ses pieds, mais parvint à garder son équilibre, et éviter la main aqueuse de Charis, en s'accroupissant plus près du sol. Il changea également son couteau de main avant de le laisser tomber bêtement. Il répondit avec un sourire goguenard :

"Si tu me tues, tu vas créer le pire incident diplomatique de cette île... Je pense pas que la bergère vaille le coup de risquer la paix précaire de cette île!"

Si ça marchait et que l'homme était maitrisé, il voulait de suite voir comment allait Keyah.

Kalalli ne comprit pas le brusque revirement de réaction de la part d'Adama. Il ne lui semblait pas avoir été impoli pourtant... Tant pis. Ils obtiendraient les informations plus tard alors. Ils se retrouvèrent tous dehors. Avant d'expliquer ce qu'ils avaient découverts, il fallait chercher leur professeur. Chacun regarda alors autour mais Keyah s'exclama avoir trouvé quelqu'un qui savait. Mais ce quelqu'un semblait être assez peu content en revanche.

L'Inuit fit un pas en arrière lorsque l'homme sortit un couteau et s'approcha de la Malienne un air mauvais au visage. La jeune fille se transforma alors en sable pour lui échapper pensa d'abord Kala, mais en fait lui fonçait dessus à l'allure réduite qu'elle pouvait atteindre pour essayer de le gêner. Malheureusement, l'homme se saisit de Charis mais elle eut le réflexe de se transformer en eau qui était beaucoup plus dure à trancher que de la chair humaine !

Kala commença à s'approcha de Keyah qui venait de subir les mauvais effets de la rencontre eau-sable pour essayer de la protéger comme il le pouvait. Jason heureusement fit apparaitre des liens autour des pieds et des mains de l'agresseur qui ne put que lâcher son couteau en sautillant sur place alors que Charis le gênait à l'aide de claques d'eau. Il en fit apparaitre un également autour du cou pour le maîtriser encore mieux et le menacer à son tour.

L'Inuit se baissa vers Keyah lorsque l'homme les menaça d'incident diplomatique. Sans trop comprendre en quoi il était important, il s'agenouilla en demanda à la Malienne si ça allait. Mais il ignorait qu'elle avait été blessée malgré le sable tombé car les blessures étaient sous ses vêtements. Il jeta ensuite un coup d'oeil à l'homme et écarta le couteau de sa portée en demandant :

" Vous êtes qui au juste ? "

[Edit : Manifestement, cette phrase a porté à confusion : "Il changea également son couteau de main avant de le laisser tomber bêtement." Il fallait plutôt comprendre "Avant de laisser tomber son couteau bêtement, il préféra le changer de main". Désolé pour ce malentendu...]

"J’suis un ami de votre copine bergère…" répondit l’agresseur en oscillant sur ses pieds, accroupi. Il posa sa main liée au sol pour se stabiliser en tenant le couteau dans son autre main. Derrière la foule de gens qui observaient, cois, la situation, la voix grave de Sahari brisa l’atmosphère alors qu’elle se frayait un chemin dans la foule.

"Les jeunes! Mes jeunes! Qu’est-ce qui se passe? Laissez-moi passer, purée!"

Elle s’arrêta à mi-chemin entre la limite de la foule et la scène de bagarre dans laquelle elle vit que tous ses élèves étaient engagés. Étonnée, elle s’approcha à grands pas en questionnant ses élèves du regard.

"Vous m’aviez pas dit que vous aviez une si jolie maîtresse" railla l’homme ligoté, s’attirant un regard amer de Sahari.

Keyah s’en sortirait probablement, malgré la brûlure qu’elle ressentait à l’épaule. Kalalli put voir que ses vêtements étaient collés à sa chair découverte.

Keyah avait senti toutes les raisons qui faisaient que Charis la terrifiait revenir d'un grand coup, comme un raz-de-marée, littéralement. Elle était tombée en gémissant, une partie de sa peau ayant disparu. Son épaule la tirait affreusement. La première fois qu'elle avait croisé ce type, elle avait pris une balle. Maintenant, il lui arrachait un bon bout de peau. Cet homme était là à chacune de ses blessures, et, pire, s'en vantait d'un air goguenard, ce que la Malienne eut bien du mal à supporter. Elle bouillait intérieurement en se relevant, s'aidant de sa main gauche pour se remettre debout. Elle fixa l'homme désarmé avec rage.

- Il enlevait des mutants en Afrique. J'ai aidé à les libérer, alors je suppose que maintenant il fait pareil sur Genosha.

Elle alla en grimaçant jusqu'au couteau qu'elle ramassa. Elle préférait que l'homme n'ait pas la moindre chance de se réarmer. Elle voulait aussi avoir une défense, aussi dérisoire soit-elle, car même aiguisé, elle devait manier l'objet de la main gauche. Puis elle s'approcha de son agresseur en pointant l'arme dans sa direction.

- Ca sert à rien de tuer. Mais une émasculation, c'est pas un incident diplomatique, je pense. Je l'ai déjà fait à un bouc, je sais comment ça marche. Par contre, de la main gauche, ça risque d'être très long et très douloureux.

Même si elle souffrait, Keyah se forçait à regarder l'homme dans les yeux. Elle n'avait jamais été aussi furieuse. Elle voulait qu'il voie qu'elle ne bluffait pas. Cela faisait deux fois qu'il mettait sa vie et celle de ses amis en danger, et en cet instant, la Malienne se sentait tout à fait capable de mettre sa menace à exécution.

- Vous pouvez aussi dire qui vous êtes et pour qui vous travaillez, mais ça me priverait d'une séance de travaux pratique. Regrettable.

Elle ferma un instant les yeux histoire de faire refluer la douleur, et les rouvrit en cherchant de nouveau le regard du ravisseur. Il la prenait pour une sauvage, alors autant lui montrer qu'elle était capable d'agir comme une sauvage.

Lorsque Keyah ouvrit les yeux, un autre homme était apparu auprès de son ennemi juré.


"L'emasculation n'est pas vraiment tentante, désolé..." dit-il avant de disparaître de l'autre côté de Sahari. Le ravisseur se releva alors, les liens de Jason ayant disparu.

"J'ai trouvé, Moez. On va pouvoir y aller." lâcha-t-il nonchalamment.

C'était tout ce qu'elle avait voulu éviter. Un réflexe, une simple réaction pour éviter de se faire trancher la gorge et elle avait blessé Keyah. Si elle s'était laissée faire, juste quelques secondes, pour laisser le temps à la malienne de prendre ses distances, ou pour simplement la laisser agir, l'agresseur aurait-il pris la peine de l'égorger? Probablement pas selon la pensée de Charis qui s'écarta brusquement. L'homme était sous contrôle grâce à Jason, et Sahari était là maintenant. Alors Charis se maintint à l'exacte opposée de Keyah, afin d'en être le plus éloignée possible, de peur de lui faire à nouveau du mal, mais aussi de façon à ce que l'agresseur soit entre eux. Après tout, s'il était cerné, ça ne pourrait que le dissuader d'avantage de tenter quoi que ce soit. Mais bien que le but premier, à savoir mettre le dingue au couteau hors d'état de nuire soit intact, Charis était d'avantage concentrée sur Keyah.

Déjà qu'elle était blessée (par sa faute, oui, Charis fut tentée de se mettre une gifle pour commencer, mais mieux valait s'occuper des problèmes majeurs), la malienne éprouvait clairement de la haine à l'égard de l'homme. Chose qu'elle ne pouvait que comprendre étant donné les paroles lancées. Ah ben tient, l'émasculation. Elle n'y avait pas songé lorsqu'elle s'imaginait seule à seule dans une pièce close avec le fou furieux qui avait poignardé à mort Bartleby.

Profitant de ce court intermède, elle balaya les environ du regard juste pour repérer d'éventuel sources d'eau qui pourraient éventuellement servir, uniquement dans une horrible situation bien sûr. Peut-être que dans ce marché il y avait une fontaine, des bouteilles d'eau ouvertes, d'autres trucs dans le genre.

Charis se rappelait d'avoir vu une fontaine dans le parc, mais il n'y en avait pas sur la place du marché, qui consistait en un dallage de pierre sur toute la superficie et des stands de vente d'un côté. Par contre, elle put voir, ici et là, une douzaine de personnes buvant à même une bouteille d'eau et trois autres qui s'empressaient de reboucher la leur.

Mais l'arrivée d'un inconnu l'obligea à reporter son attention immédiatement sur la scène en court. Un adepte de la téléportation? C'était tout à fait le genre d'adversaire pénible qu'il valait mieux ne pas avoir Enfin pour le moment, il n'a pas eu de gestes menaçants... Si on faisait exception du fait que la baraque au sol se retrouvait subitement détachée. Charis fit un pas en avant, mais se ravisa. Keyah d'abord. Mieux valait éviter de commettre une autre erreur. A défaut, elle préféra attendre. Quoi exactement? Une excuse. Un geste déplacé, une menace, un ordre de leur professeur. Hors de question d'agir encore sur un coup de tête et de faire du mal. Et puis, ils étaient en plein marché, avec tout plein de personnes alentours. Qui plus est, difficile de parler quand on était de l'eau, sans cordes vocales dignes de ce nom.

Bon, question discrétion, c’était raté… D’un autre côté, comment réagir lorsqu’un type s’en prend à vos coéquipiers avec un couteau ? Le type en question était à peu près maitrisé, mais n’en fanfaronnait pas moins, allant jusqu'à provoquer Keyah, ce qui fit serrer les poings à Jason… En l’espace de quelques secondes, il avait réussit à se faire haïr par l’irlandais, ce qui n’était pas un mince exploit…

Keyah avait l’air de souffrir, et Jason s’en voulait de ne pas avoir réagit à temps pour éviter ça… Charis ne devait surement pas être dans ses p’tits souliers non plus, mais le plus gênant était sans doute les propos du type, entouré par la foule. Menacer la paix précaire de l’île ? Il était si important que ça ? Bluff ou…. Magouille politique ?

Quand sahari arriva, toute de colère maitrisée, la situation ne semblait pas spécialement à l’avantage des Oryx… Pour faire diversion, Jason pointa du doigt le type précédemment ligoté, tout en se frottant la nuque pour rapprocher sa main discrètement de son communicateur. « Ce type à menacé ma copine », dit-il, enlaçant la taille de Keyah, pour faire bonne mesure, espérant que la malienne se prête au jeu. « Hors de question qu’il s’en tire à si bon compte ».

N'ayant plus de matière psy active, il se concentra donc pour matérialiser de nouveau des liens aux mains et aux pieds de l’homme, comptant sur le fait que le téléporteur les enlève de nouveau, ou se téléporte avec son camarade. Pendant ce temps, en contournant par l’autre coté le dit téléporteur, grace à son pouvoir, il enferma son communicateur dans une petite sphère muni de petits grappins, et la fit léviter dans le dos du téléporteur, pour déposer, si il y arrivait, le communicateur dans le replis que devait former le bas de son pantalon avec ses chaussures, si il était retourné, ou, a défaut, dans la chaussure elle-même, le communicateur étant suffisamment miniaturisé pour que le téléporteur, si son plan marchait, ne se rende pas compte avant un bon moment qu’il était placé ici. Si le téléporteur allait suffisament loin, son pouvoir s'arreterait, et donc le communicateur tomberait dans le plis, sinon son pouvoir le maintiendrait ici..… Beaucoup de si et de peut être dans son plan, mais qui ne tente rien n’a rien.

"expliquez nous au moins pourquoi il la menaçait avec un couteau ?" ajouta -til, faisant semblant de ne se concentrer que sur le black bad boy.

L'homme avait beau être saucissonné, il continuait de railler Keyah et leur professeur. La Malienne se releva et commença à menacer l'agresseur en parlant notamment d'émasculation. L'Inuit ne put que serrer un peu les cuisses à cette pensée avec une moue douloureuse au visage. Empathie masculine, qu'on appelait ça.

Mais soudainement un homme en chemise rose et au crâne rasé apparu près de leur prisonnier et se téléporta derrière Sahari. Maintenant, il n'était plus pieds et mains liés. L'Inuit avait surtout peur que Keyah se prenne un coup de couteau même s'il semblait vouloir partir avec le dénommé "Moez", en tant que petite vengeance personnelle vu qu'il avait l'air d'en avoir après elle.

Il décida donc de lancer une illusion effrayante à l'homme ayant pour but de lui faire lâcher le couteau principalement mais aussi de le paralyser.

Pendant que les Oryx se replaçaient autour de leurs envahisseurs, le dénommé Moez acquiesça en direction de son ami.

"Parfait. Adieu Génosha, on retourne au bercail, dans ce cas!" lança-t-il alors que la foule commençait à se disperser avec empressement. Sahari lui rétorqua, en lançant à son équipe un regard qui, même s’il trahissait une certaine angoisse, était un ordre évident : se rendre au X-Jet immédiatement pour retourner à l’institut.
"Parfait! Nous rentrons aussi! Quoi qu’ils fassent, on retourne directement au Jet."

Jason et Kalalli agirent alors simultanément, donnant un résultat étrange. Le ravisseur observa les liens de Jason en grimaçant d’horreur.

"Grouille, ça va m’arracher les mains!"

Alors que le communicateur s’approchait des plis du pantalon de Moez, celui-ci fit un geste brusque, tirant son acolyte vers lui tout en s’étirant pour prendre Sahari par le poignet avec fermeté et Jason rata sa cible.

"Tu rentres avec nous, pas avec eux!" Sahari poussa un cri de surprise lorsqu’il lui prit le poignet et ils se téléportèrent tous les trois hors du champ de vision des Oryx et hors de portée de leur communicateur.

Tout le monde sur la place du marché était retourné à leur occupation habituelle avec une rapidité déroutante, même si certains trahissaient leur angoisse en lançant des regards en biais aux quatre élèves restés seuls. Jason put reprendre son communicateur tombé par terre et, suivant le dernier ordre de leur professeur, ils reprirent le chemin du X-Jet, exactement là où ils l’avaient laissé.
Inquiets de ne pas savoir piloter le Jet, les Oryx trouvèrent finalement une note de Cassandre, sur un post-it, leur expliquant qu’elle avait configuré le pilotage automatique pour leur retour, avec les indications de ce qu’ils devaient faire pour le démarrer.
Les Oryx retournèrent donc à l’institut avec quelques informations sur les enlèvements et une blessure pour Keyah, mais sans leur professeur. Voilà qui laissait de nombreuses énigmes dans leur esprit.



Voici donc la fin du mode jeu, et même de l’année! J’espère que vous y aurez pris plaisir et que les informations qui y ont été distillées auront fait travailler un peu vos neurones. Un débriefing sera ouvert en parallèle du mode vie. Keyah est en convalescence et se remet de sa blessure.

En général, tout s’est bien déroulé, vous devriez avoir obtenu assez de renseignements pour la suite. Le début du mode jeu a été un peu lent, comme si vous hésitiez à poster, mais ensuite le rythme a été beaucoup plus rapide et ça m’a fait plaisir! En général, vous avez su poser les bonnes questions et désamorcer l’antipathie des personnages assez bien (partie enquête). La méthode que vous avez choisie (deux par deux) n’était pas forcément la plus efficace, mais vous avez somme toute su en tirer avantage.

Par contre, dans la partie agression, ça a un peu moins bien été. Lisez bien et n’hésitez pas à poser des questions si quelque chose n’est pas clair, les forums HJ sont là pour ça. J’ai senti beaucoup de confusion et je pense que c’est dommage parce que ça risque d’avoir limité un peu le plaisir de jeu…

Finalement, un commentaire qui revient souvent : faites attention à bien utiliser les résolutions partielles. Ça vous a parfois mal servi.

Charis : 1 point. Tu as manqué un tour, fais attention à ce que ça n’arrive pas souvent! Aussi, ta transformation en te jetant sur le tortionnaire, alors que Keyah a fait la même chose dans le post précédent, aurait pu lui être fatale.

Jason : 2 points. Interrogations pertinentes, utilisations de ton pouvoir originales. Par contre, fait attention aux résolutions partielles. Lors de la discussion, elles auraient pu permettre de donner matière à Kalalli pour rebondir dessus et relancer la discussion ou la faire avancer plus rapidement.

Kalalli : 1 point. Malgré ta présence, ta participation a été faible. Tu as bien commencé en apportant de bons éléments et posant de bonnes questions, puis tu as semblé te démotiver et vouloir rester dans l’ombre de Jason. Si tu ne savais pas quoi ajouter suite à son message, tu aurais pu aller voir quelqu’un d’autre pour l’interroger, tout en restant à proximité, ou encore observer les clients pour voir si il n’y en avaient pas qui vous épiaient, etc. Sois imaginatif et ose!

Keyah : 2 points. Présence assidue, bon mode jeu en général.