[Oryx 2.1 : Briefing] Un retrait injustifié

Armée de la sentinelle, Sahari avait attendu que les six élèves qu'elle avait convoqués soient présents pour ouvrir la porte de la salle. Elle laissa s'installer les élèves puis entra en refermant la porte derrière elle. Elle les regarda d'un air sévère, comme si ils étaient responsables de ce qu'elle allait leur lire. En fait, elle les observait et espérait avoir fait le meilleur choix en rassemblant ces élèves. Elle ne perdit pas de temps.

"Je m'appelle Sahari Fouba, au cas où certains d'entres vous l'auraient oublier. Je vous ai demandé de me rejoindre ici avec l'accord du directeur."

Elle leur fit la lecture d'un article de la sentinelle qui se trouvait au bas de sa première page [HJ : sur la présidence]. Sa voix n’avait plus les touches d’exotisme qu’on lui connaissait. Elle était à présent aussi sèche que le désert et son accent semblait plutôt orageux qu’exotique.

Lorsqu’elle eut terminé sa lecture, elle les regarda d’un air grave et reprit, en s’efforçant de demeurer calme.

"Voilà qui est totalement inadmissible, selon moi.
Le professeur Fleury m’a permis de vous prendre avec moi pour aller montrer à cette organisation que les mutants sont des humains comme les autres et que cette décision affiche un total racisme."

Elle soupira et ferma longuement les yeux, dans une manifestation de self-control.

"Ce que je vous demande, c’est si vous êtes d’accord avec moi, si vous partagez mon opinion. Et si vous êtes prêts à me suivre devant la commission pour faire valoir nos droits."

Elle rouvrit les yeux, toute trace de colère presque effacée. Elle scrutait ces enfants en se demandant ce qu’ils lui répondraient. Trouvaient-ils aussi scandaleux qu’elle ce qu’il venait de se passer? Elle s'attendait à ce qu'ils la questionnent. Toute sorte de questions qu'elle-même aurait posées lui venait déjà à l'esprit, à leur place. Heureusement qu'aucun d'eux ne soit télépathe!

Draena était entrée à la suite de Sahari, elle avait prit place et écouta. Elle se souvenait de cette professeur, rencontré un jour dans le salon. Mais ne comprenait pas pourquoi cette réunion.

La colère dont faisait preuve Sahari laissait croire qu'elle se sentait personnellement concernée.

"Euh.. C'est un article de la Sentinelle ! Ce torchon écrit des conneries pour se faire du blé... Rien ne prouve que cela se soit exactement passé comme cela.. Si cela se trouve, il est parti de lui-même... Et.. Euh... Qu'est-ce qu'on va leur dire ? On fait signer des pétitions pour l'égalité Humain-Mutants et on leur montre ? Moi je serai pas contre un Président Mutant.... Mais faut être réaliste... La course à la Présidence c'est les arènes de Rome... Tout les coups sont permis..."

Draena n'était vraiment pas portée sur la politique et se battre pour faire valoir ses droits mutants, c'était comme tenter de démontrer à Alixtide que tout les mutants n'étaient pas dangereux.

Elle le regarde du coup.

jardin (Barbecue, scene)

Enfin arrivée à la salle après avoir un peu déambulé dans l'institut, Jade avait fini par convenir que le rassemblement devait être une démarche administrative. Pourtant devant la porte, elle tenta de faire le lien entre "démarche administrative" et "salle de briefing", mais en vain.

~Qui vivra verras~ Se dit elle avant de frapper, convaincue que le meilleur moyen de savoir désormais ce qu'il se passait, n'était pas de réfléchir à la question.

Elle ouvrit ensuite la porte et regarda à l'intérieur. Deux personnes étaient déja présentes, une élève qu'elle ne connaissait pas encore ainsi qu'une femme, probablement une professeur. Elle entra ensuite timidement puis s'installa à coté de la jeune file déja présente, lui adressant un sourire au passage.

Tout les appelés étaient enfin arrivés. Jade adressa un petit sourire à Lyu qu'elle ne s'attendait pas à voir. La professeur se présenta puis exposa enfin le sujet de la convocation. Les yeux de Jade s'écarquillaient au fur et à mesure de sa lecture. Elle lança des regards vers Sahari et autour d'elle, comme pour se demander si ce n'était pas une très mauvaise blague.

La lecture terminée, elle resta bouche bée quelques temps.

"Mais comment c'est possible d'écrire des choses pareil, c'est n'importe quoi!"

Sa voix tremblait un peu et des larmes de colère perlaient au coin de ses yeux.

"Euh.. C'est un article de la Sentinelle ! Ce torchon écrit des conneries pour se faire du blé... Rien ne prouve que cela se soit exactement passé comme cela.. Si cela se trouve, il est parti de lui-même... Et.. Euh... Qu'est-ce qu'on va leur dire ? On fait signer des pétitions pour l'égalité Humain-Mutants et on leur montre ? Moi je serai pas contre un Président Mutant.... Mais faut être réaliste... La course à la Présidence c'est les arènes de Rome... Tout les coups sont permis..." Dis la jeune fille à coté d'elle, dont elle ne connaissait toujours pas le nom.

Jade était consternée. Elle qui considérait sa mutation comme un don et probablement la meilleure chose qui lui soit arrivé, ce qu'elle venait d'entendre était une insulte qu'elle prenait de plein fouet.

"C'est scandaleux" ajouta t'elle en un souffle dépité

"Ce que je vous demande, c’est si vous êtes d’accord avec moi, si vous partagez mon opinion. Et si vous êtes prêts à me suivre devant la commission pour faire valoir nos droits." Dit Sahari

"Mais moi, je suis à 100% avec vous!" Répondit Jade "Mais... je veux dire... On n'est que des ados! Qu'est ce qu'on est supposé faire dans une telle affaire? C'est... c'est... c'est démesuré... gigantesque! C'est une affaire d'Etat, et même plus encore!"

Cuisine

Remontée comme une pendule, Camille cheminait rapidement dans les couloirs, décidée à fournir un cours gratuit d'épelage de son nom à Sahari. Nom d'un petit bonhomme, un L, un E, un espace, et un Guern ! Pourquoi personne n'était-il capable de pronocer correctement ces sept pauvres lettres dans ce pays d'arriérés ? Hein ?

Elle pénétra en trombe dans la salle, et vit qu'elle n'était pas la première. Tant pis. Que M'ame Fouba voulait parler. Re-tant pis, elle attendrait la fin pour lui expliquer, calmement, clairement, qu'elle avait un nom et qu'il fallait le respecter.

Elle écouta donc ce qu'on voulait lui signifier. Et au fur et à mesure, ses yeux s'écarquillèrent, jusqu'à devenir ronds comme des soucoupes. C'était pas rien. Se faire les défenseurs de l'égalité entre hommes et mutants. Pis pas pour une petite élection, non, autant commencer par la présidence ! En clair, il fallait atteindre les types parmi les mieux protégés de la planète. Trop facile.

Draena semblait motivée pour agir, tandis que Jade avait pris un peu de recul. Elle aussi.

Hmmm...les candidats à la présidence, c'est pas ce genre de types qui dorment entourés d'une douzaine de gorilles dans des maisons blindées, au juste ?

Elle se demandait où exactement voulait en venir Sahari. Les envoyer au casse-pipe, si jeunes, si innocents, si pleins d'avenir ?

Je suis d'accord, ces types sont des ordures, des abrutis, des ce que vous voulez, tout sauf des gens sympas. Mais concrètement, "aller leur montrer" implique une forme de violence qui non seulement risque de nous mettre dans de sales draps, et en plus pourrait totalement nous rendre antipathiques. Genre les gros titres, "Des mutants sanguinaires s'attaquent au symbole de la justice dans notre pays".

Camille se tut. Elle voulait comprendre. M'ame Fouba leur cachait certainement un atout dans sa manche.
Et y'avait autre chose. Draena et Jade étaient pas des manches. Lyu non plus. Abaigh pas plus. Mais...Alixtide ? Il serait capable de prendre la défense des types qu'ils voulaient gêner ! Et puis...une mission avec un poids mort pareil, c'était de l'haltérophilie sans les mains.

cuisine

C’est seulement en arrivant devant la porte de la salle, et en attendant le commencement de la réunion, qu’Alixtide se demanda ce qu’on leur voulait. Les autres convoqués n’avaient pas des têtes à avoir commis des bêtises, ce n’était donc visiblement pas pour des réprimandes collectives.

Il écouta avec attention la lecture de la dame noire, Sahari, et son accent était bizarre sur les mots de la Sentinelle. Il remarqua qu’elle possédait le tout dernier numéro, parce que l’exemplaire du salon ne parlait pas de cet article.

Très intéressé par la politique et toutes les grandes manœuvres en général, il enregistra méticuleusement les thèmes de l’article : un candidat aux élections présidentielles était un mutant ; ses pouvoirs étaient du genre de ceux de Carlie Marin ; il avait choisi de le cacher à la population et cela lui était retombé dessus ; les sondages pour lui avaient dégringolé ; la commission électorale, effrayée, le radiait de la liste. Il nota aussi que les autres candidats ne l’avaient aucunement soutenu dans cette déchéance, et que son parti cherchait un chef. Cela lui fit rêver quelques instants à se lancer un jour dans la politique.

La remarque cinglante et volontaire de la dame noire lui plut tout à fait, et semblait faire écho à ses rêves de futures premières armes en politique. Il était donc évident qu’il l’accompagnerait, en tête si possible. Alixtide leva donc les yeux au plafonds aux mots couards de Draena. Cette fille était plus forte pour se mettre en colère dans le vent que pour passer à l’action. Il lui lança un regard désabusé teinté de suffisance. Jade réagissait vigoureusement, démontrant une immaturité certaine qui le fit sourire.

*Purin heureusement qu’il y a au moins un cerveau, courageux, parmi eux …*

Réflexion confirmée par les paroles de Camille, qui, si elle se montrait experte en couples mal assortis, était toute aussi frileuse que sa sombre camarade. Il décida d’intervenir pour relever un peu le niveau de ce groupe de mollassonnes peureuses (il accordait le bénéfice du doute à Lyu).

« Si nous on ne peut rien faire, personne ne peut rien. Nous sommes exactement les mieux placés pour aller faire ouvrir les yeux à cette commission. On sait ce que c’est les mutants dans tous leurs styles, et on est justement pas assez dangereux pour leur faire peur. »

Il regarda Sahari avec détermination.

« Evidemment, il n’est pas très malin ce tévélikéniste. Il aurait dû le dire dès le début. Tout le monde doit avoir peur de lui maintenant, et qu’il utilise son pouvoir sur les autres candidats. On va avoir beaucoup de mal à résonner la commission qu’il n'est pas dangereux, parce qu’il l’est forcément, dans l’absolu. Mais on peut convaincre la commission sur le fait qu’il peut très bien prendre des engagements sur la non utilisation à des fins versatiles de son pouvoir. Il suffit qu’on prépare des tas de bons arguments. »

Il acheva, visiblement impatient.

« Alors quand est-ce qu’on va les voir ? On va rencontrer qui ? On a déjà un rendez-vous ? Est-ce qu’on y va indépendément du candidat mutant, ou bien c’est lui qui nous engage ? Je crois qu’il faut qu’on y aille indépendément, comme des citoyens comme les autres, qui ne sont pas satisfaits. »

Alixtide remarqua avec satisfaction que le docteur Fleury avait choisi pour cette mission les mutants les plus potentiellement inutiles et inoffensifs de l’Institut. C’est en tout cas ce qu’il pensait depuis qu’il avait suivi certains cours avec ses camarades. Même Draena avait beaucoup de chemin à faire, et Lyu était presque toujours inutile. Aucun commentaire sur la rapidité de Camille pour battre les oeufs en neige.

C’était autant d’atouts pour faire flancher la commission électorale.

« Moi je viens en tout cas ! »

Lyu pénétra dans la salle de briefing et s'aperçut qu'il était proche d'être le dernier.

*Tiens la Dame de la cuisine, je me disais que sa présence ici n'était pas fortuite. Bon le point positif c'est que je connais tout les gens présents ici.*

La sentinelle parlait cette fois ci de choses intéressantes, il y avait même un article sur deux mutants dont le jeune avait une idée sur leur identité exacte. En dehors du trucs des élections pour lequel ils étaient là, il y avait un article qui entama sérieusement la bonne humeur du petit chinois.

*ça va pas arranger les choses quand la petite va tomber dessus. Va falloir que je me pense là dessus, puisque apparemment son "oncle" n'a pas été très efficace. Je vais leur montrer ce que c'est la vengeance d'un mutant.*

"Je vous suis, j'en ai marre de ces murs, un peu d'air pollué me fera le plus grand bien. En plus je suis sur que je peux arriver à remonter la cote du candidat. C'est bien ça, on s'occupe du candidat à l'élection présidentielle. Bien que tout le monde aurait pu se douter que ça passerait comme ça avec tout les candidats d'origine mutante. Et encore on a de la chance, car comme le dit la sentinelle les états unis sont à la traine question loi anti-mutants. Bientôt on verra débarquer l'armée débarquer à l'institut. Et on sera parqué comme des animaux malades qu'on peut pas tuer pour des raisons que le commun des mortels ne comprennent pas, moi y compris."

Voilà, Lyu avait dit ce qu'il avait à dire, il s'enferma donc dans le silence attendant que mademoiselle Fouba prenne la parole.

Chambre d'Anna et d'Abaigh

C'est dans l'idée de se faire réprimander pour ne pas avoir assisté au barbercue ou pour avoir fait une autre bêtise qu'Abaigh s'était aventuré d'un pas plutôt las jusqu'à la salle de briefing. Elle fut du coup la dernière à arriver mais qu'importe.

Elle salua tout le monde d'un bref signe de la main et accorda à Camille et Jade un sourire, contente de les voir là. Une fois entrée à l'intérieur de la salle et installée, le regard de Madame Fouba ne fit qu'amplifier l'idée d'Abaigh : ils allaient s'en prendre plein la tête.

Mais en réalité, Abaigh faisait fausse route et elle le réalisa lorsque Madame Fouba montra le magazine -qu'Abaigh méprisait ouvertement depuis qu'elle le connaissait- et se mit à lire l'un des articles.

C'est en silence et avec attention qu'elle écouta Madame Fouba, non sans ressentir une certaine colère au fur et à mesure que le professeur avançait dans sa lecture. Encore et toujours, les mutants étaient traités comme des monstres. Elle-même l'avait vecu de manière assez horrible pendant ces quelques années dans la rue.

En fait, le peu de temps qu'elle avait passé à l'Institut Xavier avait coupé Abaigh du monde "réel". Elle s'était enfermée dans une sorte de bulle dans laquelle elle se sentait en sécurité. Elle n'avait plus pensé aux problèmes des mutants. Non, elle n'y avait plus pensé : et là, dans cette salle de Briefing, elle était d'un seul coup revenu à la réalité.

Madame Fouba annonça ensuite qu'elle souhaitait aller jusque devant la Comission pour faire valoir leurs droits. C'était se frotter à bien plus grands et puissants qu'eux, c'était certain, et certains ne manquèrent pas de le faire remarquer.

Abaigh observa longuement Camille et Jade, se demandant au fond d'elle pourquoi elles réagissaient de cette manière. Et c'est quand elle allait intervenir qu'elle entendit Alixtride prendre la parole. Elle porta son attention sur lui et esquissa un sourire : lui semblait décider à y aller. Tant mieux : elle ne serait pas la seule.

C'est ensuite Lyu qui prit la parole et pour aller dans le sens d'Alixtride. Cela donna encore un peu plus de vivacité à Abaigh qui intervint de suite après Lyu. L'Irlandaise, elle avait le regard amplit de détermination.

"J'en suis également! C'est sûr qu'on s'attaque à bien plus grand et qu'à côté de ces hommes, on est que des insectes... Mais les insectes sont eux aussi capables de se défendre non?"

Son regard glissa sur ses camarades avant de se reporter sur le professeur.

"Alors moi j'dis, on ne se laisse pas faire! Il faut que les choses changent en bien pour nous. Et c'pas en restant planqués que ça va changer... Alors allons-y!"

Pour sûr, la demoiselle était motivée et cela se voyait. Elle avait envie de défendre leur cause, elle avait envie de se battre. Peut-être un peu trop d'ailleurs...

La dame d'Afrique avait remarqué, à leur entrée, que les élèves qu'elle avait appelés semblaient effrayés, comme si ils craignaient de se faire réprimander, mais elle ne s'était pas plus posé de questions.

Après son petit discours, elle les avait laissé s'exprimer et donner leur opinion, se faisant parfois violence pour ne pas leur couper la parole. Et quand ils eurent tous parlés, ce n'était plus de la colère qui se lisait sur le visage de Sahari, mais plutôt de la surprise, teintée d'un soupçon de rêverie. Elle devait maintenant répondre à leurs questions, à leurs commentaires, mais elle était certaine de ne pas se souvenir de chacun. Elle tenta alors de faire des remarques plus générales sur ce qui lui sembla les points les plus importants. La grande femme avait senti devoir en calmer certains et écouter d'autres qui, ne semblaient pas posséder son impulsivité, davantage.

"Tout d'abord, Lyu, sachez que je ne laisserai personne parqué le moindre enfant comme un animal malade. Vous n'avez pas à vous inquiéter pour celà."

Elle repassa son regard sur l'assemblée. Jade et Draena étaient les plus réticentes et elle souhaitait partager leurs craintes, bien que les deux garçons et Abaigh lui ait donné une idée sur la possible origine de leur hésitation.

"Je... Il semble que certains de vous croient que je comptais vous envoyer vous battre contre je-ne-sais-quoi. Je ne désire réellement pas de violence, croyez-moi. Aussi je pensais plutôt aller témoigner directement à la comission, avec vous. Vous semblez être des adolescents comme les autres et comme Alixtide l'a dit, j'escomptais argumenter et chercher les raisons de cette mise à l'écart."

*Mais pourquoi il dit qu'ils ne sont pas dangereux et ne pourraient pas leur faire peur?*

Elle inspira un coup. L'argument qu'elle redoutait et contre lequel elle se sentait à la fois impuissante, révoltée et déboussolée était sortit. Elle qui était une combattante ne comprenait pas une telle position.

"Oui, nous sommes moins nombreux, moins affichés aussi que le gouvernement. Mais ce n'est pas en pensant ainsi que les choses changent. Il faut de nombreuses vagues pour permettre à la terre de percer le roc. Et si nous nous laissons aller à un pessimisme qui nous contraint dans l'inaction, parce que nous croyons toute action vaine, et bien, c'est certain que notre quête sera vaine. Alors qu'à l'opposé si nous tentons notre chance, nous courrons seulement le risque de forer un peu la pierre et de se faire entendre. Ce n'est pas parce qu'une requête n'est pas prise en compte immédiatement qu'elle n'est pas entendue et ne fera pas son bout de chemin dans l'esprit des entendeurs. C'est la seule façon que je connaisse de faire changer les mentalités."

C'était bien beau de prêcher ainsi, mais si ils avaient su qu'elle même avait préféré s'éloigner de chez elle, à leur âge, plutôt que de tenter de changer la mentalité des siens, ils le lui auraient certainement rappelé... Mais c'était si différents... Eux ne sont pas seuls et isolés.

"Je n'ai pas encore de date à vous donner, j'attendais d'avoir la certitude que je n'irais pas seule voir la commission électorale avant de prendre rendez-vous avec eux."

Elle regarda alors Camille, soupira en laissant éclore un faible sourire sous ses lèvres. Les jeunes étaient si curieux et posaient parfois de telles questions.

"Et pourquoi pas vous six? Ne demandez jamais à quelqu'un pourquoi il a confiance en vous, car il pourrait aussi bien vous la retirer..."

Ce n'était pas une menace, une simple constatation. Et puis, elle avait bien fait exprès d'éviter la question. Elle ne les connaissait pas encore énormément, ces enfants, mais ils lui plaisaient, chacun à sa manière.

Jade avait soudainement l'impression d'être dans un rêve étrange et mystérieux ou toute logique disparaissait. Tout le monde était relativement nouveau à l'institut. En deux minutes on leur expliquait la situation, ils étaient déja prêt à aller titiller le gouvernement, sans meme se poser de questions. Probablement Jade se posait trop de questions, mais la, quand meme...

La jeune fille laissa echapper un rire, mi nerveux, mi impressionnée, puis elle se mordit la lèvre, les yeux dans le vague. C'était donc ca les fameuses équipes dont elle avait entendu parler, apparemment, elle était tombée sur une belle brochette d'inconscients! C'était à vrai dire plutot appréciable. En quelques secondes, à les entendre tous, elle avait perdu son énervement. Après tout, pourquoi pas...

Camille, non loin de la, paraissait elle aussi assez sceptique quant à l'énormité de la mission. Jade reconnu Alixtide, qui pour leur deuxieme rencontre, lui paraissait tout aussi étrange et... chaleureux... Si c'était lui qui comptait montrer à la populace la sympathie des mutants, ca promettait d'être fort...

Sahari intervint ensuite pour brasser un peu tout ce qui venait d'être dit. Camille avait posé la question que Jade se posait aussi. Pourquoi eux six? Qu'avaient ils de particuliers? C'est avec la grande classe qui semblait caractériser cette grande dame qu'elle lui répondit:

"Et pourquoi pas vous six? Ne demandez jamais à quelqu'un pourquoi il a confiance en vous, car il pourrait aussi bien vous la retirer..."

Jade trouva ces mots particulierement touchant. Elle se dit alors que cette femme savait ce qu'ils auraient à faire, et qu'ils pouvaient à leur tour lui faire confiance.

"Ok! Moi je suis prête à aller jouer les ambassadeurs!" Dit elle plus enjouée. "On va leur montrer qu'on est pas des monstres et qu'on est meme surement bien moins dangereux qu'eux!"

"Il faut donc qu'on aille rencontre ce McCuffrey?"

Draena écouta les autres mutants, et faillit rétorquer à Alixtide qui une fois encore jouait ces pro-Sentinelles-anti-mutant...

Elle regarde Sahari, qui semblait décidée. Dans son esprit les choses étaient claires.. Soit elle disait oui et tentait de réfreiner les ardeurs de certains, soit elle disait non et la suite des événements risquaient d'aller en pire pour les mutants...

**Ok... Au pire je surveillerai Alixtide et l'empêcherait de dire des conneries.... Et si ca tourne mal... Mon don pourraient être utile...**

En s'imaginant déjà être poursuivie par tout les flics de Washington DC, pour avoir osée être entrée au Sénat.. Et dévoilée à la face du Monde sa mutanité...

"Ok.. Je serais des votres... Mon père est avocat.. Si ca tourne mal et qu'on finit en taule.. il pourra surement nous sortir de là..."

Avec un sourire forcé.

Alixtide était bien content et pas peu fier de voir toutes les filles réticentes peu à peu changer d’avis et de camp. Son charisme avait pleinement joué son rôle, ramenant Camille, Jade puis Draena sur la voie du courage et de l’audace ! Comble de bonheur, Madame Sahari venait de prononcer la formule bénie : « comme l’a dit Alixtide ». Cette grande femme noire sévère et solide était vraiment une perle rare. Il lui adressa un regard complice et admiratif, tout ravi qu’il était de partager enfin son intelligence avec quelqu’un d'aussi distingué.

Il approuva d’ailleurs d’un hochement de tête la réponse de Sahari à Camille, à propos du choix des membres de la délégation. Il enchaîna par un clin d’œil cordial et entendu à la jeune Bretonne, pour lui signifier que lui avait tout compris, et qu’il lui expliquerait plus tard.

*Les filles posent toujours les questions avant même d’y réfléchir …*

Ce qui confirmait que Camille était plus à l’aise dans les bouquins et les théories socio-psychologiques que dans la spontanéité et l’action. Personne n’était parfait.

Il se tourna un moment vers Lyu et Abaigh, observant si le fait de rallier les trois autres leur faisait de l’effet. Tout cela promettait d’être très intéressant comme mission.

*Nul doute qu’on nous a pas choisi au hasard … c’est que nous sommes diplomates.*

Faisant écho à la question de Jade, il ajouta.

« Oui et donc comment ça va se passer ? On devrait pas prévenir la presse aussi, qu’on va voir la commission ? Ca ferait bien ça … une délégation de mutants normaux qui viennent demander grâce pour le candidat … Et à condition qu’il veuille bien nous soutenir ! Il est avec nous au moins, ce monsieur Cuffrey ? »

Alixtide fut soudain pris du doute que ce mutant aigri ne prenne très mal leur tentative. Il fronça les sourcils et croisa les bras.

« Si ça se trouve, il se passerait très bien de ce qu’on veut faire pour lui. »

Lyu se gratta le menton comme le faisait son grand père pour réfléchit, sauf que contrairement à ce dernier, Lyu n'avait ni la sagesse ni la barbe de son grand père.

"Madame, je ne suis pas sur qu'on puisse atteindre le congrès, sans qu'on se fasse intercepter par la commission ÉDEN ou une quelconque faction du gouvernement, et là je pense pas que le père de Draena puisse nous venir en aide. je serais curieux de savoir comment on va faire pour aller parler là bas, en faveur du mutant candidat? Et aussi est-ce que le candidat en question est au courant de notre soutien? Et si oui désire t'il qu'on l'aide, vu la réputation de l'institut et de son directeur dans les médias?
Je m'excuse par avance si j'ai offensé quelqu'un par mes paroles, mais cela me paraissait être des points essentiels à aborder."

Lyu se tut sur ces dernières paroles attendant une réponse de la grande dame, afin qu'ils puissent continuer.

Draena ne répondait eirn, elle était pensive.

C'est la remarque d'Abaigh qui la fit revenior dans les locaux.

Revoyant le dernier cours d'Adam, et la fin tragique de celui-çi, elle dit :

"Ma dernière expérience d'une utilisation de pouvoir en groupe fut.... Déplorable... Car on a absolument pas bosser en équipe... Et dans la vie nous serions tous morts, avec surement des humains morts... Alors certes il va falloir gérer nos pouvoirs mais aussi travailler en groupe... Et... Ca ça risque d'être coton... Vu nos individualité !"

Sahari avait laissé les enfants discuté un moment en continuant de les observer, jusqu’à ce qu’elle décide de nouveau d’intervenir (ce qui est totalement logique).

"M. McCuffrey ne nous a rien demandé et je ne compte pas aller le voir. Cette démarche est totalement indépendante de sa volonté, et probablement aussi de sa connaissance. Nous ne ferons que manifester notre opinion à cette commission électorale. Il ne s’agit pas d’un acte pour une personne en particulier, mais d’un geste qui, je l’espère, portera des fruits pour toute la mutanité! Et je ne crois pas que ce soit une bonne idée de contacter les médias, inutile de créer des remous dans l’opinion publique, il y en a déjà bien assez!"

Elle se tourna vers Draena.

"Merci, c’est bien gentil de l’offrir, mais j’espère bien ne pas avoir besoin de votre père..."

Sahari enfonça alors son regard dans celui de Lyu, un sourire aux lèvres.

"Je ne vois pas pourquoi une quelconque organisation gouvernementale tenterait d’empêcher des citoyens qui n’ont rien à se reprocher d’aller rencontrer une instance gouvernementale sur rendez-vous –je le prendrai ce soir- parce que se sont des mutants, qu’ils proviennent de l’institut ou quoi que ce soit d’autre."

La dame noire prit une pause et reprit, en exagérant une crainte qu’elle n’avait pas :

"Oh mais, judiciairement parlant, dites-moi que vous n’avez rien à vous reprocher, non?"

Mais avant d’avoir le temps d’entendre quelque réponse que ce soit, Sahari fronça les sourcils en direction de Camille

"Mais qu’est-ce que vous racontez? Pourquoi méprisez-vous M. Pitre? De quelle discrimination différente que nous voulez-vous qu’il souffre?"

Elle marqua une pause, bien que ces questions n’appelaient manifestement à aucune réponse…

"Pour ce qui est de maîtriser ou non vos capacités, vous aurez bel et bien un entraînement, demain matin. J’en profiterai pour vous donner la date fixée pour ce rendez-vous. Cependant, je tiens à ce que vous sachiez que je ne souhaite pas qu’il y ait de démonstration de nos différences devant la commission. Des histoires pour qu’ils croient que nous nous croyons supérieurs. Et comme Draena l’a mentionné, il faudra faire preuve d’esprit d’équipe lors de l’entraînement de demain ET lors de cette rencontre, pour ne pas ressembler à un groupe de clowns lancés à l’improviste dans un cabinet… Pour ce qui est d’un plan de secours, il est évident que nous devons en avoir un. D’abord, il nous faudra un bon plan pour présenter d’excellents arguments, auxquels j’aimerais que vous commenciez déjà
à penser. Le simple « Vous ne respectez pas les droits de l’homme en bannissant les mutants des campagnes électorales! » ne suffira certainement pas. Et si les choses tourne au vinaigre comme vous semblez décidé à le croire, un plan B sera convenu à l’avance!"

Elle refit le tour de la table du regard, l’air de dire "C’est compris? D’autres questions?"

Alixtide bénit du regard cette chère Sahari, qui prenait une fois de plus héroïquement sa défense. Décidemment, cette femme venait tout droit du Ciel. Il savoura ces instants où Camille s’empêtrait dans ses fausses excuses, alors que dans l’affaire, la pauvrette avait raison. Mais pour une fois que l’injustice était de l’autre côté, on n’allait pas la contredire.

« Je suis en effet discriminé, mais j’ai un autre gros avantage par rapport aux autres, Madame Fouba, c’est que je ne perds pas le contrôle de mon pouvoir, moi. »

Dit-il en adressant un regard compatissant à la petite Abaigh, à Camille, à Dreana et à Jade.

« S’il y en a bien un qui peut aller s’exposer sans risques d’être détecté mutant, et sans risque de faire la bêtise de déclencher le pouvoir, c’est encore moi. Et Lyu aussi d’ailleurs. Pour notre plan, il faudrait donc que Lyu et moi, pour la raison que je viens de dire, on fasse la partie communication et diplomatie. Et on peut même dire qu’on est des humains, comme ça, on sera encore plus crédibles. Vous autres, vous serez les mutantes en détresse car ne sachant pas contrôler vos pouvoirs. Y’aura qu’à faire des démonstrations de ce que vous ne savez pas faire, et la commission sera convaincue. Convaincue que la plupart des mutants ne sont pas dangereux. Sahari sera là pour montrer qu’on peut être un très grand mutant très sage et responsable. »

Alixtide sentait déjà que le plan était dans la poche, comme la mission d’ailleurs.

« Pour les arguments, j’en ai des tas, sur lesquels Madame Cassandre va bientôt mettre vingt sur vingt. Je veux parler de mon Code des lois mutantes, qui est parfait à montrer devant la commission. »

Ca y’est, Alixtide s’imaginait au sommet de la gloire, Lyu derrière lui, timide et effacé, et les filles, en guise de garde rapprochée … Et Sahari en éminence grise et loin des projecteurs.

Draena écouta Sahari, espérant qu'effectivement elle n'aurait pas à appeler son père, imaginant le coup de fil : Salut P'pa c'est moi.. oui ca va.. Enfin non.. Dis ? Tu viendrais pas à Washington, au poste de police.. Accusée de quoi ? Euh.. Je suis une mutante...

C'est la question de Sahari qui fait revenir sur terre la jeune créole :

Oh mais, judiciairement parlant, dites-moi que vous n’avez rien à vous reprocher, non?"

**Aïe... Euh.. nan en fait... **

Puis elle regarde Alixtide faire le coq et fanfaronner sur son code des lois mutantes, redoutant les passages genre : Tout les mutants devront porter une marque distinctive en fonction de la dangerosité de leur pouvoir, devront se présenter tout les soirs au commissariat le plus proche et surement porter un GPS thermo nucléaire sur eux....

Puis son regard se porte sur Sahari.

"Euh..."

Sahari ne croyait pas avoir mis de l'huile sur le feu en intervenant auprès de Camille. Aussi fut-elle surprise d'entendre son discours. Pour ce qui était du vouvoiment, probablement que les films que Sahari écoutaient, bien que rarement, dans son pays lui avaient donné l'impression qu'élèves et professeurs se vouvoyaient réciproquement alors que ce n'était manifestement pas le cas. Rien de grace, elle s'y ferait très certainement rapidement!
Par contre, habituée aux odeurs assez fortes, elle n'avait pas cru que cette partie de la personne d'Alixtide soit handicapante.

"L'odeur corporelle d'Alixtide ne devrait pas déranger trop selon moi, Camille. Il serait possible de la cacher en bonne partie et de toute manière, nous ne serons probablement pas collés contre les membres de la commission... Nous avons cependant tout notre temps pour arranger la situation."

Déjà, quelques idées farfelues venaient à l'esprit de la noire, qui sourit vaguement avant de calmer les ardeurs du susmentionné jeune homme.

"Je suis bien heureux de savoir que vous avez déjà un certain nombre de points à présenter, mais je crois qu'il faudrait se mettre tous ensemble d'accord sur les plus importants."
"Par contre, pour ce qui est de démontrer ce que vos coéquipières ne savent pas faire, ou pas, je viens tout juste de vous dire qu'aucune démonstration ne sera effectuée. Vous considérez-vous comme des bêtes de foire? Et puis, je préfèrerais que tout le monde prenne part à la discussion et non seulement vous, messieurs...

L'accent mis sur ce mot exprimait clairement que Sahari trouvait l'idée d'Alixtide fort machiste.

"Et ce n'est aucunement nécessaire de me complimenter, je ne suis pas le genre de personne à se laisser influencer par les flatteries..."

*Et puis c'est pas comme si c'était totalement vrai...*

Sahari perçut le regard de Draena mais ne dit rien, ne sachant pas si elle était seulement songeuse ou si elle avait quelque chose à dire mais n'osait pas...

"Moi je voudrais dire quelque chose. Puisqu'on va parler devant cette commission, il serait de bon ton que nous cultivions notre sens du discours et de la diplomatie, ceux que certains d'entre nous moi y compris manquons cruellement d'avoir en notre possession. Le déroulement de ce briefing en est un bon exemple. Il nous faut présenter un front commun, quelque soit nos opinions personnelles, sinon on se faire bouffer tout cru.
Je pense avoir dit tout ce que je pensais au sujet de cette mission."

*Au sujet de la mission j'ai tout dit, il me reste qu'a ajouter un dernier détail pour Madame Fouba.*

"A part si vous comptez allez en chine, je n'ai absolument pas de problèmes avec les autorités. Voilà maintenant j'ai vraiment fini de dire ce que j'avais à dire.

Lyu retomba dans son silence pour permettre aux autres de s'exprimer librement.

Alixtide se tourna vers Sahari d'un air choqué, outragé, et surtout fortement inquiet.

"Heu Madame ce sera impossible de comme vous dîtes me cacher en grande partie … C'est que si les heu … circonstances autour de moi ne sont pas favorables, si y'a que du savon ou des odeurs du style, je serai jamais au maximum de mes capacités … C'est toute la psychologie qu'il y a autour de mon mystérieux et inconnu pouvoir."

Balbutia-t-il pour tenter d'ôter ces sinistres promesses de torture à la grande chamane. Il lança un regard d'avertissement à la compatriote bretonne.

"Et puis comme dit le professeur, on sera pas collé à la commission hein … pfff … Bon alors parlons des choses sérieuses …"

Son regard passa sur Draena, et il se demanda comment il allait se mettre d'accord avec elle, comme le souhaitait Lyu, alors qu'il avait été impossible de faire le devoir de Cassandre en commun. Cela l'inquiétait pour le moins. Sahari était vigilante contre la flatterie, elle ne serait pas facile à convaincre. Même si dans la course à la place de l'élève préféré de la prof, Alixtide se sentait très en avance sur ses camarades, il faudrait passer par la case "argumentation et négociation".

"Alors on fait quoi, on doit dire nos idées tout de suite ? Parce que ça va nous prendre plus de trois mois au moins pour … heu … trouver de meilleurs arguments que la simple "tolérance" …"

Dit-il avec un air innocent en direction de Draena.