L'exorcisme d'Amélie Leblanc

La captive fut bien obligée de suivre le prêtre sur le sentier menant à la bicoque sordide digne des amiches les plus réfractaires du 22e siècle. Tout était calme dans les environs. Aucun signe d'activité dans les parages pour redonner à Amélie l'espoir d'être aperçue par les voisins.
De Lagardère sortit un trousseau de clés de son veston noir, et fit jouer l'une d'entre elles dans la serrure, comme tout bon gêolier.
L'intérieur de la maison était crasseux et mal éclairé. De toute évidence, vu la poussière accumulée sur les quelques meubles vétustes, il ne s'agissait pas là d'une habitation permanente. Seul le stricte nécessaire était présent.
Devant la porte d'entrée se dressait un escalier menant à l'étage, et à gauche un couloir menant aux pièces du rez-de-chaussée.
Le prêtre prit le couloir et s'arrêta devant une petite porte amenagée sous l'escalier. Il l'ouvrit et indiqua à Amélie d'y entrer d'un coup de tête, sans mot dire.
L'escalier descendait des les profondeurs de la maison, probablement vers la cave. Pas de lumière, toiles d'araignées à souhait... Le bonheur.

Amélie regarda l'obscurité qui règnait dans la cave. Elle fit une petite grimace. Elle se trouvait déjà très blanche de nature et n'avait pas tellement l'intention d'obtenir le teint d'un cadavre en restant enfermée dans cet endroit sombre. En plus, elle ne savait pas ce qu'il y avait dans cette cave et l'idée de mettre les pieds dans un endroit où elle ne connaissait rien ne lui faisait vraiment pas plaisir...

L'adolescente resta donc sur le seuil de la porte de la cave sans bouger. Elle avait décidé de ne pas entrer. Personne ne la toucherai, personne ne la forcerait à entrer dans ce lieux sinistre. La jeune fille s'était dit qu'elle carboniserait tous ceux qui essayerait de l'y mener de force. Elle était résolue à ne pas céder. Déjà, toute petite, elle n'aimait pas tellement qu'on lui dise ce qu'elle avait à faire, surtout lorsqu'il s'agissait de chose qu'elle trouvait injuste ou absurde. Ce n'étit donc pas aujourd'hui qu'elle allait changer son comportement...

Le Père De Lagardère pencha légèrement la tête sur le côté en voyant Amélie s'arrêter.

"Je te somme d'entrer, suppot de Satan." dit-il d'une voix grave en portant la main à sa veste. Qu'allait-il sortir ? Une arme ?
De sa poche intérieure, il sortit une petite fiole transparente, qu'il déboucha. Il aspergea ensuite Amélie en psalmodiant des paroles incompréhensibles.

"Descends, femme de Babylone !" hurla la voix de l'inconnu dans le dos d'Amélie.

Amélie ne bougea pas. Elle tourna légèrement de la tête de gauche à droite. On voyait bien qu'elle avait peur mais en même temps, on pouvait constater qu'elle semblait les considérer comme complètement fou. Elle n'était pas possèdée par Satan. Maintenant, elle le savait. Elle avait encore toute sa tête. La seule chose qu'elle pensait qu'on pouvait lui reprocher, c'était d'avoir quelque chose de plus que les autres. Mais était-ce une si mauvaise que cela que de pouvoir changer la température de toute chose? La mutante pensait plutôt que si le monde l'acceptait telle qu'elle était, elle pourrait sûrement venir en aide à toute l'humanité... enfin... peut-être pas toute l'humanité, mais certainement une bonne partie...

L'adolescente se tourna alors vers la cave. Il avait l'air de faire tellement noir à l'intérieur... La jeune fille n'aimait pas beaucoup l'obscurité. Déjà, lorsqu'elle était petite, elle ne pouvait pas dormir sans une veilleuse près d'elle. Aujourd'hui, elle pouvait sans passer. Cependant, dans sa chambre, il ne faisait jamais complètement noir...

Amélie n'avait toujours pas bougé. Un silence terrifiant plâna dans la bicoque. De Lagardère aspergea Amélie de quelques gouttes de sa mystérieuse fiole, puis conclut d'un amen de mauvais augure.
A ce moment, Amélie reçut ce qui s'apparentait à un coup de pied dans le dos. Le choc la propulsa vers l'ouverture béante et obscure de la cave, la faisant tomber dans l'escalier.
Tout s'était passé si vite. La mutante roula sur les marches jusqu'en bas. Par chance, elle avait roulé latéralement, et évita le coup du lapin.
Arrivée au bas des marches, la douleur entreignant tous ses membres palpita à travers son corps, la plongeant dans un état proche de l'évanouïssement. Tout ce dont elle eu conscience à ce moment, fut le bruit presque surnaturel d'une grosse clé tournant dans une serrure.

Lorsqu'Amélie reprit conscience, elle était plongée dans l'obscurité de la cave. Son corps lui faisait très mal, mais rien ne semblait cassé. Ses yeux commencèrent à s'accoutumer à la semi-obscurité : en réalité, quelques minces rayons s'engouffraient dans un petit soupirail à moitié barricadé de planches était aménagé dans le mur donnant sur la façade de la maison, et diffusait un peu de lumière.
La pièce était un véritable bric à brac de vieilleries. Seule une paillasse posée à même le sol semblait indiquer qu'Amélie n'avait pas été la seule occupante des lieux.

Amélie ne se sentait déjà pas très en forme lorsqu'on l'avait fait soritr du coffre de la voiture où elle avait été enfermée pendant assez longtemps selon elle. Mais maintenant, l'adolescente se sentait vraiment mal et se disait que si elle était envoyée à l'hôpital, elle serait sûrement obligée de restée clouée sur un lit pendant plusieurs semaines. Pourtant, il ne fallait pas tellement exagérer puisqu'apparemment, ses os étaient toujours intactes.

Amélie fut attirée par le soupirail. Douloureusement, elle se traîna jusqu'à cet endroit. Elle aurait bien aimé avoir la capacité de tout carboniser afin de s'échapper de ce lieu. Cependant, il fallait bien être réaliste, elle était tellement affaiblie qu'elle ne pouvait même plus marcher correctement. Donc essayer d'utiliser son don pour pouvoir s'échapper était pratiquement impossible, d'autant plus qu'elle était vraiment loin de contrôler correctement son pouvoir.

La mutante soupira. Elle était vraiment désespérée. Son regard se porta alors sur les vieilleries que pouvait contenir la cave. Elle se demandait si il y avait un mince chance pour qu'elle ne trouve quelque chose qui puisse l'aider à sortir d'ici.

En observant le soupirail de plus près, Amélie put constater qu'il avait été colmaté à la va-vite, car certaines planches moulues semblaient moins bien fixées que d'autres. De plus, le mastique fixant la vitre du soupiral au mur, sous les planches, était si sec qu'on pouvait le décoller par endroits.

Explorant sa geôle, Amélie se rapprocha des meubles et bibelots anciens de la cave. Plusieurs vieux meubles recouverts de draps poussiéreux trônaient dans la pièce. Mieux valait ne pas s'interroger sur le nombre d'araignées qui devaient se balader tout autour de la mutante.
Parmi les meubles, un table basse dont l'un des pieds était cassé, sur laquelle reposait de nombreux objets hétéroclites : une brosse à cheveux ancienne, ce qui ressemblait à un fer à repasser rouillé, un coupe-papier tout aussi rouillé, de petits vases sans grande valeur et une vieille boîte à bijoux furent les seuls objets qu'Amélie parvint à identifier dans la pénombre.

Le coin de la paillasse quant à lui, ne recelait rien de bien intéressant à pas deux souris. La mutante remarqua néanmoins que des chaînes étaient encastrées au mur au dessus de la paillasse, de gros chaînes de bagnard pourvues de menottes à leurs extrémités.

La jeune fille soupira en contemplant les objets qui se trouvaient dans la cave. Ils n'avaient pas l'air d^'tre d'une très grande utilité.

En voyant les grosses chaînes, Amélie prit peur. Elle se demandait combien de personnes avaient été prisonnières ici. Elle pensait qu'elle avait vraiment de la chance de n'être pas encore enchaînée. Elle s'imagina pendant quelques secondes menottée à ces chaînes, cela l'horrifia. Elle avait l'impression d'être au beau milieu d'un film d'horreur se passant au Moyen Age.

Aussi rapidement qu'elle le put, la mutante se dirigea à nouveau vers le soupirail et tenta d'enlever le mastique qui fixait la vitre. Elle se disait qu'elle parviendrait peut-être à s'échapper. L'adolescente essaya aussi d'utiliser son pouvoir (même si elle n'y croyait plus tellement) afin d'accélérer les choses.

Sous l'emprise de la panique, Amélie parvint à utiliser son pouvoir sur les parties les plus récalcitrantes du mastique, le ramollissant pour faciliter son extraction.
Le stress de la jeune fille était presque palpable et la faisait suer à grosses gouttes. Qui sait ce qui lui arriverait lorsque ses tortionnaires reviendraient ? Et surtout qui savait quelle marge elle avait avant leur retour ?
Amélie réussit à décoller le mastique de la fenêtre. La vitre glissa de son encadrement pour atterrir dans ses bras. Ne restait maintenant plus qu'à déloger les quelques planches vermoulues qui la séparaient encore de l'air libre.

Amélie s'essuya le front à l'aide de la manche de son pyjama. Elle réalisa tout d'un coup que si elle arrivait à s'échapper et qu'elle trouvait quelqu'un sur la route, cette personne la prendrait peut-être pour une handicapée mentale, d'autant plus qu'elle a les cheveux blancs. La mutante fit alors une grimace mais continua toujours sa besogne. Une chose était sûre: elle ne voulait pas restée enfermée dans cette cave pendant longtemps.

Elle commença à ôter les planches qui la séparait de l'air libre. Amélie fut alors contente d'être mince. Cela la faciliterait sans doute la tâche. De temps à temps à autre, elle jeta des coups d'oeil derrière elle afin de vérifier que le père de Largardère et l'autre homme n'étaient toujours pas revenus. Elle espérait fortement qu'ils étaient en train de faire un longue sieste et qu'elle allait pouvoir sortir de ce lieu épouvantable.

Les clous rouillés des planches cédaient assez facilement. Peut-être n'avait-elle pas été la seule captive à tenter de s'enfuir de cette façon. Mais au retrait de la première planche, amélie nota un détail inquiétant : la manoeuvre était assez bruyante. Avec un peu de chance, la distance suffirait à atténuer le son, mais si les deux fanatiques étaient dans les parages...

La deuxième planche fut retirée, et avec elle, un flot de lumière pénétra dans la cave, aveuglant Amélie. En se mettant sur la pointe des pieds, Amélie pouvait voir que le soupirail était au niveau du sol, car des touffes d'herbes s'introduisaient dans le soupirail. Menue comme elle était, elle pourrait peut-être se faufiler... Mais encore fallait-il qu'elle parvienne à se hisser jusqu'à la fenêtre, située juste au-dessous du plafond de la cave.

Amélie était toute contente de voir de la lumière. Bien sûr, elle aimait toujours la lumière mais à cet instant précis, elle l'aimait encore plus que d'habitude. Mais maintenant, il y avait un autre problème: comment arriverait-elle à sortir par la soupirail? Il était un peu par rapport à elle et la mutante n'avait pas assez de force dans les bras pour pouvoir sortir de cette manière. L'adolescente regarda derrière elle et aperçut la table. Peut-être ferait-elle l'affaire? Amélie pria pour que le meuble soit encore assez solide pour supporter son poids et l'ammena jusqu'à la fenêtre. Elle réfléchit pendant un instant. Elle ne voulait pas râter son coup. Si la table s'effondrait, elle allait vraiment avoir du mal à s'échapper de ce lieu inconnu:

*Hum... réfléchissons...*

Au bout d'une dizaine de secondes, Amélie recula un peu. Elle avait eu une petite idée. L'adolescente prit de l'élan et sauta sur la table et essaya de bondir jusqu'au dehors de la fenêtre...

Prenant son élan, Amélie utilisa la table comme tremplin jusqu'à la fenêtre. Malgré son poids plume, la table émit un grincement d'agonie sous la force de l'impulsion. Amélie parvint à passer son buste par la fenêtre. L'herbe et les quelques plantes qui poussaient juste devant permettaient quelques prises pour se hisser complètement.
Malheureusement, la table finit par s'effondrer alors qu'Amélie s'extirpait de sa prison, dans un vacarme de bois assez important.

*Oh! J'ai réussi!*

Amélie était vraiment ravie d'être sortie de la cave. Mais maintenant, de quel côté pouvait-elle se diriger? La mutante tourna la tête de gauche à droite. Il fallait qu'elle se décide vite. Les deux fanatiques n'allaient pas tarder à venir. La jeune fille choisit donc de se diriger vers le champ de maïs. Comme cela, au moins, ils auraient du mal à la chercher. De plus, elle pensait qu'ils ne prendraient pas la voiture si elle entrait dans un champ. Et puis, en chemin, peut-être pourrait-elle cueillir un maïs pour se nourrir?

Toujours en pyjama, Amélie s'extirpa du soupirail en s'aidant de la végétation. Sur la campagne paisible plânait un silence inquiétant, lourd de menace.
Amélie s'élança dans la petite cour, ses pieds nus s'égratignant sur les petits cailloux effilés qui jonchaient le sol. Au moment où elle atteint les premiers épis de maïs, un claquement de porte retentit derrière elle, ainsi que quelques éclats de voix.
Amélie avait pénétré le champ par le côté : il s'étendait latéralement de la route jusque dans les terres, elle aurait donc le plus petit morceau à parcourir pour en sortir, mais elle n'en était pas encore là. Les épis étaient haut et dépassaient largement la jeune fille, la dissimulant aux regards. Seuls les vols d'oiseaux pouvaient plus ou moins signaler sa position.

Amélie jeta un coup d'œil furtif derrière elle mais était tellement pressée de partir qu'elle n'aperçut pas les deux fanatiques. Elle savait pertinemment qu'en cassant la table elle allait sûrement attirer leur l'attention. Pieds nus, la mutante commença à s'écorcher avec les petits cailloux qui gisaient au sol. D'ailleurs, elle finit par courir sur la pointe des pieds et pria pour qu'elle ne tombe pas sur un morceau de verre ou quelque chose d'autre dans ce genre là.

Elle s'élança dans le champ de maïs, essayant à ne pas abîmer les plantes pour ne pas laisser de trace de son passage. Pour une fois, elle était vraiment contente de voir qu'elle était petite. Finalement, ce n'était pas si mal que ça d'être de petite taille... Cela avait ses avantages... De temps à autre, Amélie leva les yeux au ciel afin de regarder les oiseaux, espérant que ceux-ci lui signaliseraient sa position. Mais voilà, elle avait trop peur de se perdre dans se champ de maïs et finit tout simplement par regarder droit devant elle.

Dans sa course folle, Amélie finit par déboucher de l'autre côté du champ. Son pouls battait à cent à l'heure. Elle remarqua alors que les corbaux continuaient à s'envoler du champ alors même qu'elle en était sortie...
Devant elle se trouvait une barrière en bois qui marquait la fin de la propriété. Une autre ferme était visible derrière les arbres, à environ 50 mètres. Des éclats de rire joyeux lui parvenaient de cette direction. Pas un chat ne semblait utiliser la petite route de terre qui longeait le champ.

Amélie fit une pause. Il fallait qu'elle se repose un peu, sinon, elle allait sûrement ne plus pouvoir se relever avant bien longtemps. Cependant, elle ne s'assit pas. Elle savait que si elle faisait cela, elle serait encore plus fatiguée lorsqu'elle se relèverai. De plus, elle ne savait pas où aller. Devait-elle se diriger vers la ferme ou devait-elle marcher sur la route de terre qui longeait le champ? Amélie essaya de réléchir mais elle était tellement nerveuse qu'elle n'était pas vraiment en état de décider quoi que ce soit. Des hypothèses négatives lui parvenaient à la tête à chaque fois qu'elle essayait de choisir un direction. Si elle courrait vers la ferme pour demander de l'aide, les gens dont elle allait rencontrer risqueraient sûrement d'avoir peur en voyant ses cheveux blancs ainsi que son pyjama. Ils allaient sûrement se mettre à hurler et si le père De Lagardère passaient par là avec son compagnon, elle risquerait sûrement de revenir au point de départ.
Si elle décidait de suivre la route, elle rencontrerai peut-être ses deux kidnappeurs. Et puis, en supposant que ces deux hommes ne la retrouvent pas et qu'elle prenne ce chemin, combien de temps mettrait-elle avant de trouver un endroit où téléphoner? Amélie se disait que vu son état pitoyable, elle ne tiendrait pas debout pendant plus de deux jours:

*Bon, faut que je me dépêche de choisir...*

Oui, car c'était bien d'analyser la situation avant de prendre une quelconque décision mais l'adolescente perdait du temps et pendant ce temps, les deux fanatiques devaient sûrement approcher à grands pas. Amélie sautilla alors un peu sur place, paniquée. Quelle chemin prendre? La jeune fille réfléchit pendant encore trois secondes et décida de se diriger vers la ferme tout en priant que les gens qui l'accueilleraient seraient compréhensifs et assez intelligents pour voir qu'elle ne leur voudrait aucun mal.

Se laissant guider par les voix, amélie se rapprocha de la ferme. Elle émergea des arbres dans une petite cour. Quelques poules se promenaient par-ci par-là. De là où elle était, elle put voir une grange accolée au bâtiment principal de la ferme.
Son regard fut enfin attiré par des formes humaines, non loin d'elle. Deux jeunes, un garçon et une fille, s'amusaient avec un vieux scooter dans la cour de la ferme.
Le garçon pilotait l'engin, et la jeune fille le regardait tout en jetant du grain aux poules. Les voix provenaient d'eux.
Fanfaron, le motard en herbe accéléra et se mit sur la roue arrière pendant quelques instants, sans voir Amélie, qui était dans son dos. Mais plutôt que d'applaudir, la jeune fermière fixa Amélie comme si elle venait de voir une apparition. Surpris de la réaction de la fille, le motard finit par se retourner, et souleva la visière de son casque. Les deux jeunes restèrent ainsi, sans trop savoir quoi faire.

Amélie se sentit rougir jusqu'aux oreilles. Elle était tout de même assez gênée de se présenter en pyjama devant des personnes, surtout devant des jeunes. Ses cheveux blancs ne la gênaient guère, c'était juste ses pieds nus et son pyjama... Heureusement d'ailleurs qu'elle n'avait pas enfilé celui était en rose pétant. Dire qu'elle avait faillt le mettre... Amélie avait un peu honte mais se dit que ce n'était pas de sa faute si elle s'était retrouvée dans cet état.
Son ventre commença à gargouiller et l'adolescente esquissa une grimace presque imperceptible. Il était vrai que cela faisait longtemps qu'elle n'avait rien avaler et ne put s'empêcher qu'elle avait vraiment faim.

"Euh... bonjour... excusez-moi de vous déranger mais je viens de m'être fait kidnapper et j'ai réussi à m'échapper... est-ce que je pourrais téléphoner... s'il vous plaît?" dit-elle au bout de plusieurs secondes de silence.

Amélie ne put ensuite s'empêcher de se dire que sa phrase avait été vraiment mal formulé et qu'elle aurait pu tout de même trouver autre chose à dire. Mais au moins, on ne pouvait pas dire qu'elle tournait autour du pot. Elle avait été plutôt très directe. Son ventre gargouillait toujours et la mutante se demanda si elle ne paraîtrait pas irespectueuse en demandant un peu de nourriture. Amélie n'avait pas eu l'occasion de se regarder dans une glace mais pensait qu'elle devait vraiment ressembler à une clocharde et qu'elle aurait bien besoin de prendre une bonne douche.

La jeune fille lâcha le sceau contenant les graines pour les poules, et portant une main à sa bouche, stupéfaite. Les graines s'étalèrent au sol, et plusieurs volatiles se précipitèrent à ses pieds pour picorer joyeusement.
Le garçon retira son casque.

"Kidnappée ? Tu vas bien ?" demanda-t-il immédiatement en descendant de son scooter, sans même songer à remettre en doute la parole d'Amélie : il était clair qu'on se baladait rarement en pyjama pour le plaisir. De plus, l'accent français perceptible de la mutante laissait à penser qu'elle n'était pas du coin.
C'est à ce moment précis que des voix masculines se firent entendre dans les arbres tous proches de la ferme, à environ une cinquantaine de mètres. On ne voyait pas encore de qui il s'agissait, mais au vue de la direction...

"Ca doit être M'sieur Saize, c'est notre voisin. Mes parents sont pas là mais on va pouvoir lui demander de l'aide." ajouta le fils du fermier.

Amélie fit un pas en arrière. Monsieur Saize? Mais qui était cet homme? Etait-ce celui qui l'avait kidnappé? Le teint de l'adolescente devînt complètement livide. Déjà qu'elle avait une peau très claire, maintenant, elle devait ressembler à un cadavre... Elle essayait de parler mais aucun son ne réussit à sortir de sa bouche. Elle resta muette comme une carpe pendant pluseirsu secondes. Pourtant, il fallait qu'elle fasse quelque chose. Elle parvînt à ouvrir le bouche. Elle avait la sensation qu'elle allait défaillir mais c'était exactement la chose qui ne devait pas arriver:

"Euh... pas lui s'il te plaît... faut pas... pas lui..."

C'était les seules choses qu'elle avait réussit à dire. Elle voulait expliquer au jeune qu'elle pensait que c'était peut-être son voisin qui l'avait kidnappé mais elle avait trop peur que celui-ci ne commence à se mettre en colère ou qu'il ne pense qu'elle était complètement folle. Amélie était complètement paniquée. Elle ne savait plus quoi faire. Elle recula encore un peu. Elle était prête à courir de nouveau mais ne savait pas où aller. Une partie d'elle se disait qu'elle ne pouvait plus rien faire, qu'elle était coïncée...

Le garçon parut surpris mais s'arrêta. Il se rapprocha alors d'Amélie.

"Euh... Bah d'accord, viens téléphoner à l'intérieure." dit-il après une hésitation, en se dirigeant vers la maison.
Une voix d'homme retentit alors derrière eux.

"Jimmy ! Tu as retrouvé notre petite écervelée, que Dieu te bénisse." lança la voix, devenue familière de l'inconnu.
Avec horreur, Amélie vit le père De Lagardère et son kidnapeur s'approcher, des sourires bienveillants sur le visage.

"Bonjour, monsieur Saize !" lança la jeune fille, visiblement rassurée de voir un adulte dans le coin. Elle se rapprocha du scooter.

"Jimmy, je t'ai déjà dit mille fois d'éteindre ta bécane quand tu as fini..."

Oh non... Amélie en était sûre... Maintenant, elle était vraiment dans de beau draps... Elle vît le scooter, il était toujours allumé. Rapidement, elle poussa la jeune fille en lançant un "vraiment désolée" et elle monta dessus:

"Désolée mais j'ai pas envie de me retrouver une fois de plus enfermée une fois de plus avec les araignées alors que j'ai rien fait de mal." dit-elle en direction de Jimmy

A peine qu'elle eût achevé sa phrase, la mutante démarra avant que la jeune fille qui était près d'elle ne fasse quelque chose pour s'empêcher de s'enfuir. Amélie avait eût l'occasion de faire un peu de scooter chez son cousin donc elle sut comment s'y prendre... Enfin... pas totalement car elle accéléra malgré elle et ne contrôla plus totalement la bécane. Pourtant, elle essaya de rouler un peu près droit et commença à se diriger vers la route en espérant de tout son coeur que cette fois-ci, le père de Largardère et Monsieur Saize la laisserait une fois pour toute tranquille.

"Hé mais, mais mon scooter !" s'exclama Jimmy en essayant de rattraper Amélie.

"Ne la laissez pas partir !" hurla "monsieuer Saize" en courant également après le scooter. Heureusement pour Amélie, le véhicule avait une bonne accélération et elle rejoint facilement la route malgré quelques petites bosses dans le sol.
Elle laissa la ferme derrière elle, ainsi que les vociférations colériques de ses deux tortionnaires.
La petite route de campagne sillonnait un paysage agréable, mais la jeune fille se rendit rapidement compte, en croisant le premier panneau rédigé en anglais, qu'elle n'était pas en France, soupçon étayé par le dialogue entre Jimmy et Saize en anglais.

"Salem Center - 3 miles
New York - 30 miles"