Londres, Angleterre : A la fuite de la réalité.

Le temps semblait s'être soudain assombri depuis que Jess marchait sans but dans les rues londoniennes. Elle ne savait où ses pas la menaient ni la tournure que prendraient les évènements à venir. Tout ce qu'elle savait, c'est que chaque pas l'éloignait un peu plus de chez elle, de son frère, de sa soeur, de son père...Combien n’aurait-elle pas donné pour remonter le temps, changer le cours de ce dernier afin d'empêcher ce qui venait de se passer...

La jeune fille s'était réveillée, face contre terre, en proie à une grande confusion. Combien de temps était-elle restée ainsi inconsciente, étendue parmi les morceaux de verre? Lorsqu'elle avait reprit conscience, Jess n'avait pas tout de suite comprit pourquoi elle se trouvait dans le jardin, caressant l'herbe de ses paumes ouvertes. Puis le souvenir de ce qu'elle avait ressenti, de ce qu'elle avait vu, lui était revenu en mémoire. Alors elle s'était levée d'un bond, le verre entaillant sans la moindre tendresse la fine peau de ses mains et de ses poignets. Mais la Mutante n'y avait pas prit gare, bien trop occupée à palper son visage, à chercher son reflet afin de se persuader qu'elle avait rêvé...Mais, malgré elle, le doute s'était insinué en son esprit et, bien qu'elle refuse d'accepter ce qui venait de se passer, la jeune fille sentait au fond d'elle que ce qu'elle avait vu n'était pas une hallucination due à la fatigue, mais bien à la réalité. Et c'était cela qui, par dessus tout, l'effrayait.

En proie à une panique sans nom, la cadette des O'Connor avait couru hors du jardin, sans un regard en arrière. Elle avait couru encore et encore, passant jardins, maisons, les rues et avenues défilant les unes après les autres sans qu'elle n'y prenne gare. Puis, finalement, à bout de souffle, Jess avait reprit un rythme plus lent sans pour autant mettre un terme à sa marche forcenée. Les heures avaient passé et, telle une droguée, elle ne cessait de marcher et marchait, marchait, les yeux dans les vide et tâchant ses vêtements du sang qui s'écoulait de ses mains.

La jeune Mutante, bien que choquée, ne cessait cependant de réfléchir aux derniers évènements. La mort de sa mère, cette soudaine et incontrôlable colère, ce reflet dans la vitre brisée, la transformation de ses ongles… Et alors les larmes vinrent. Non pas des larmes de tristesse qui pourraient survenir à la suite du départ pour les Plaines Eternelles d'un être cher, mais des larmes d'épuisement, de colère et de peur. Et alors, levant ses yeux à la pâle couleur bleutée, Jess parla à voix haute, faisant fi des personnes qui pourraient l'entendre.

" Qu’est-ce qui m’arrive ?...C'est injuste !...Et qu'est-ce que je fais moi maintenant? Je sais pas quoi faire...Je suis perdue... »

Laissant échapper involontairement un sanglot, l'enfant O'Connor avisa un banc non loin de là. Reniflant, tentant d'essuyer le flot de larmes qui ne cessait de s'écouler de ses yeux emplis d'une incommensurable tristesse, elle se dirigea vers ce dernier d'un pas incertain. Arrivée, elle se laissa glisser au fond des lattes de bois et, ramenant ses jambes tout contre elle, plongea son visage dans le creux de ses genoux. Et alors elle laissa libre cours à sa tristesse, des sanglots déchirants glissant le long de sa gorge pour venir déployer leurs sombres ailes au dessus de la pauvre enfant. Et, tremblante de tous ses membres, cette dernière ne cessait de pleurer. Et, plus elle tentait de se calmer en tentant de se convaincre que tout ceci n'était qu'illusion, plus sa peine redoublait. Car, au fond d'elle même, Jess savait pertinemment qu'elle ne pourrait plus retourner en arrière.

Un SDF vit passer la jeune fille. Il s'arrêta, se demandant pourquoi elle pleurait. Lorsqu'il la vit s'asseoir, il ne put s'empêcher de venir près d'elle.

"Qué quy s'passe ma p'tite Dame?" demanda-t-il simplement.

Il e mit, alors, à fouiller ses poches pour en tirer un mouchoir. Il en trouva un encore propre. Son dernier mouchoir. C'est que ça avait de la valeur pour quelqu'un comme lui..

"T'nez, ma p'tite Dame. 'Ssuyez vos beaux yeux. C'devrait pas êt' permis d'pleurer qu't'on est 'si jolie."

L'homme lui offrit un sourire édenté qui se voulait réconfortant. Il n'était pas du genre à faire mal aux gens. C'était un bon bougre qui avait cependant vécu des situations difficiles jusqu'à atterrir dans la rue. Il se disait, parfois, qu'il était né à la mauvaise époque.

Une voix tira Jess de ses moroses pensées. Gênée qu'on ai pu la voir dans un tel état, la jeune fille cessa net de pleurer, essuyant rapidement ses larmes du plat de la main. Les yeux rougis, elle jeta un regard à l'homme qui l'avait sortit de sa solitude. Un SDF visiblement, un homme de la rue. Mais ce dernier, contrairement à beaucoup de ses homologues, n'était pas effrayant. Ses yeux étaient doux et l’expression de son visage, bien que sa bouche fût dépourvue de plusieurs dents, était réconfortante. La jeune mutante rendit son sourire à l'inconnu, prenant d'une main timide le mouchoir que ce dernier lui tendait.

"Merci...merci beaucoup..."

Se détournant légèrement de l'homme, la cadette O'Connor se moucha rapidement. Puis, rejetant sa longue chevelure qui avait glissé devant son visage au derrière de ses épaules, Jess releva la tête et fixa l'inconnu. Puis sa voix s'éleva de nouveau dans les airs, tremblante, empreinte d'une grande tristesse bien mal dissimulée.

"Ca n'est rien monsieur...Certaines choses sont arrivées si soudainement que je ne sais pas vraiment comment y faire face..."

A ces paroles, de nouvelles larmes perlèrent dans les yeux bleus de la demoiselle qui les essuya d'un geste de rage. Observant un instant de silence, le temps que les perles cristallines qui cherchaient à s'échapper de leur prison se tarissent, la mutante reprit soudainement.

"Vous est-il déjà arrivé de vous sentir...différent...Pas intellectuellement, mais plutôt...intérieurement. Comme si quelque chose en vous avait changé, muté..."

La jeune fille riva ses yeux à l'éclat innocent dans ceux de son interlocuteur, comme cherchant à y déceler les réponses qu'elle cherchait. Puis soudain elle poussa un soupire et baissa la tête, murmurant d'une façon quelque peu timide.

"Pardonnez-moi...Tout ceci ne vous intéresse sûrement pas. Excusez-moi de vous faire perdre votre temps. Merci pour le mouchoir..."

Pourquoi avait-elle parlé de ceci à l'homme de la rue, elle qui ne le connaissait pour ainsi dire que depuis quelques secondes? Jess elle même n'aurait pu le dire, si ça n'est qu'elle cherchait peut être en cet instant des paroles réconfortantes ainsi qu'une présence à ses côtés qui pourrait, l'espace d'un instant, du moins l'espérait-elle, lui donner l'illusion que les choses avaient repris leur cours normale.

Le vieil homme écoutait celle qui par rapport à lui était encore une gamine avec attention. Elle avait des paroles surprenantes, pour une si jeune fille de son âge... Il prit un de ses mouchoirs usagés et se moucha bruyamment.

"M'sentir différent, ç'm'arrive tout l'temps. Chuis clodo, t'vois.. Chuis pas comme les autres."

C'était une version simpliste de dire les choses, mais pas si simpliste que ça. Le vieil homme avait appris à se rendre invisible. Oh, il n'avait aucun pouvoir, mais... Il savait passer inaperçu lorsqu'il ne voulait pas qu'on le voit, simplement. Il adressa un nouveau sourire à la jeune fille et posa sa paluche sur son épaule.

"Confie-toi à Tonton Sam..." fit-il simplement pour soulager le coeur lourd de la jeune anglaise.

La jeune fugueuse fut surprise de sentir la main de l'inconnu sur son épaule, contact rassurant bien que des plus inattendus. Jess redressa la tête, qu'elle avait de nouveau baissée, pour plonger une nouvelle fois ses yeux bleus dans les pupilles de son interlocuteur. Un timide sourire naquit sur ses lèvres, sourire qui disparu bien vite tandis qu'elle reprenait la parole.

"Je sais...Je…je suis désolée si je vous ai offensée...Ce que je voulais dire, c'est qu'il m'est arrivé quelque chose de vraiment étrange aujourd'hui..."

L'adolescente se tu alors, tordant nerveusement ses fines mains. Bien qu'elle en meurt d'envie, elle n'était pas certaine que le fait se confier au premier venu soit une bonne chose. Qui sait si ce dernier, en écoutant le récit qu'elle lui ferait, ne prendrait pas la fuite en criant au fou? Elle même, si elle entendait pareille histoire, ne ferait-elle pas de même?

** De toute façon désormais je suis seule...Je ne peux pas retourner à la maison...pas après ce que j'ai vu...Et si je dois finir en asile...et bien j'aviserai...**

La jeune mutante inspira alors lentement, comme tâchant de refreiner les battements désordonnés de son coeur. Puis, d'une voix lente, hésitante, elle tenta de raconter à l'homme de la rue ce qui s'était passé, à peine quelques heures auparavant.

"Je ne sais pas vraiment par où commencer...Je...Ma mère est...partie, hier soir...Un camion l'a renversée...C'est...Je ne sais pas vraiment comment y faire face...Je ne veux pas y croire, c'est...Ce midi, j'ai vu ma petite soeur, Kate, rentrer des cours. Elle pleurait, je ne l'ai jamais vu dans un tel état...Et je ne pourrais pas expliquer pourquoi, mais lorsque je l'ai vu si triste et bien je me suis sentit...en colère..."

Tout en parlant, l'enfant O'Connor sentait sa respiration s'accélérer. Mais elle ne pouvait rien y faire, la tension des dernières heures ne pouvant être enfouie plus longtemps. Fermant les yeux, elle continua son récit, sa voix soudain plus rapide, comme si elle revivait la scène qu'elle tentait de décrire à celui qui l'écoutait si gentiment.

"Je suis sortie dans le jardin, et j'ai trébuché...Je me suis relevée, et j'étais vraiment dans une colère noire...Je ne sais même pas pourquoi. Mais alors...il s'est passé quelque chose...d'étrange...Peut être ais-je rêvé, je n'en sais rien...Mais j'ai eu l'impression que je brûlait intérieurement, comme si tout mon sang était porté à ébullition...Je...je n'arrivais plus à me contrôler...J'étais comme en transe, sauf que c'était différent...J'ai ressentit des choses...Jamais je n'ai connu ça...Et lorsque je me suis regardée...Je....Je n'étais pas moi même, je n'étais plus moi même...J'étais..."

La jeune fille rouvrit alors les yeux, et le clochard pu voir que ses yeux étaient emplis d'effroi, qui brillait clair et net au travers des larmes qui tentaient vainement de le cacher.

"J'étais un animal...J'y ressemblais, j'en avais presque l'apparence...Et cette sensation au fond de moi...Mon dieu...Je suis folle."

Et alors de nouveau Jess fondit en larmes, terrorisée par ce qu'elle venait de vivre. Tremblant de tous ses membres, elle tentait en vain de se ressaisir pour éclater en sanglots quelques secondes plus tard. Des bribes de phrases glissaient de sa bouche, entremêlés de sanglots, parmi lesquels l'on parvenait à distinguer les mots "pourquoi" et "folie".

Le vieil homme ne dit rien pendant toute la durée des confidences de la jeune fille. A dire vrai, il ne comprenait pas tout. Juste qu'une immense peine s'était abattue sur elle. C'était triste... Très triste. Il poussa un petit soupir et regarda les mains que Jess avait posées sur ses yeux.

"AAAh!! Que... Qu'é c'est qu'ça?" s'écria-t-il en se levant brusquement pour s'écarter.

En effet, les mains de la jeune fille avaient recommencé à se transformer, comme un peu plus tôt dans le jardin. Le vieil homme partit en courant, abandonnant Jess à son triste sort. Vraiment? Ne risquait-il pas d'aller prévenir quelqu'un qu'il y avait une mutante dans le coin?

Jess sursauta lorsque l'homme de la rue cria. Pourquoi hurlait-il ainsi? Et pourquoi s'écartait-il de la sorte? Avait-elle dit quelque chose de mal? C'est alors que, relevant la tête, ses yeux tombèrent sur ses mains...Elles étaient étranges...En un éclair, la jeune fille comprit. Tout recommençait et c'était elle, la cause de la terreur de celui qui, quelques instants auparavant, se présentait comme son sauveur. La respiration de la jeune mutante s'accéléra, souffle saccadé tandis que la panique envahissait peu à peu le coeur de cette dernière. Levant un regard paniqué sur le dos de l'homme qui s'enfuyait, l'enfant O'connor fut sur pied en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. Les yeux révulsés, elle tourna la tête de gauche à droite, comme pour chercher un hypothétique secours.

**...Mon dieu...Mais qu'est-ce qu'il m'arrive?...**

Des sanglots s'échappaient de la gorge de la jeune fille, glissant le long de sa gorge pour faire entendre leur triste plainte dans l'air saturé de la rue Londonienne. Elle ne savait que faire, elle ne savait comment faire...C'est alors que la colère succéda à la peur, bien que cette dernière restât omniprésente dans l'esprit de Jess. Pourquoi cet homme réagissait-il ainsi? Pourquoi prendre la fuite, alors qu'elle avait besoin d'aide? De plus, il était dangereux de tourner le dos, surtout face à un aussi grand danger. Secouant la tête, la jeune mutante resta terrorisé à l'idée que ces pensées puisent provenir de son esprit. Mais que lui arrivait-il? Pourquoi de telles pensées? Et cette impression de faiblesse, qui l'envahissait peu à peu…Elle se sentait oppressée, comme un animal pourchassé par un prédateur. Mais il n’y avait qu’elle, elle seule qui, en cet instant, aurait pu présenter un danger.

** Je ne dois pas rester ici...Il est sans doute parti prévenir la police, et elle sera là d'un instant à l'autre...Je ne veux pas finir dans un asile.**

Avec le peu de volonté qui lui restait, la cadette des O'connor fourra ses mains dans les poches de sa veste et se mit à courir, courir, tout droit. Mais au fur et à mesure que le banc s'éloignait, Jess se sentait devenir étrange. Exactement comme la dernière fois, dans le jardin, sauf que cette fois-ci, elle était à la merci de n'importe qui. C'est alors qu'elle trébucha, son pied droit ayant raclé de trop près le goudron du trottoir. La mutante tomba lourdement à terre, ne trouvant pas de prise pour se rattraper. Elle se sentait si mal...Ne sachant plus vraiment ce qu'elle faisait, Jess tenta de se relever tant bien que mal, ses mains métamorphosées étant sorties de ses poches dans un réflexe, afin de la protéger de la chute.

La transformation s'exécutait, contre la volonté de Jess. Les vêtements de la jeune fille étaient tombés au sol, perdus. L'homme avait fui. Allait-il alerter la police? Les passants? Elle n'en avait pas la moindre idée, mais, à dire vrai, plus cela allait et plus elle s'en moquait. Chasser... Le chat qu'elle était devenu avait faim. Il lui fallait une souris. Une belle souris bien dodue. Elle ne tarda pas à en trouver ne et l'attrapa rapidement. Les instincts du félin avaient pris le pas sur les instincts de la jeune fille. Bientôt, elle se mit à jouer avec le petit animal paniqué.

Mais le vieil homme n'était pas le seul à avoir vu ça. Des adolescents avaient tout vu la scène. Ils attrapèrent ce qu'ils avaient sous la main: des caillous, des batons et commencèrent à les lancer. Fuir... Il fallait fuir.

[je te rappelle que tu es sous la forme d'un chat et que tu as perdu tes vêtements]

Jess avait perdu tout contrôle sur sa raison, cette dernière disparaissant peu à peu pour laisser la place à l'instinct. Elle avait également perdu ses vêtements dans sa métamorphose, son petit corps de félin s'étant faufilé au travers du tissu. La faim la tenaillait désormais et, après s'être mise en quête de nourriture, avait trouvé une belle souris. Mais elle ne voulait pas la manger tout de suite, non. Pour la savourer, il fallait la terrifier, lui montrer que son destin se terminerait indéniablement entre les dents de la mutante. Cette dernière s'amusait donc à relâcher légèrement l'étreinte de ses griffes sur le petit rongueur qui, croyant à quelconque miracle, tentait vainement de s'échapper. Mais, toujours, son meurtrier le rattrapait.

Jess s'amusait ainsi, lorsque soudain des cris s'elevèrent et quelque chose de gros, de dangeureux, s'abbatit à quelques centimètres d'elle. Immédiatement elle bondit, laissant filer la souris, loin du projectile. Levant ses yeux jaunes, elle avisa un groupe d'adolescents. C'était eux, les fautifs. C'était eux, les vils humains qui s'amusaient à ses dépends. Un autre caillou vola vers le félin, puis un autre. Poussant un feulement furieux, la jeune fille désormais transformée en animal fit demi tour et détala sans demander son reste. Elle ne pouvait rester plus longtemps, cet endroit était dangeureux. Fuyant, laissant ses vêtements derrière elle l'enfant O'Connor courut aussi vite que ses pattes le lui permettaient. Elle ignorait la véritable raison pour laquelle les garnements l'avaient ainsi attaqués. Dans son esprit de chat, seul l'instinct comptait. Finalement, affamé et essouflé après sa longue course, Jess fit halte. Dans sa hate, elle s'était fait mal à la patte droite. Poussant un miaulement plaintif, elle tourna la tête de droite à gauche, à la fois vérifiant ses arrières et cherchant une quelconque issue qui lui permettrait d'être en sécurité.

La mutante avait fui, loin des vilains humains qui lui lançaient des cailloux. Son petit coeur battait à tout rompre. Pourquoi? Pourquoi avaient-ils cherché à lui faire mal? Sa patte l'élançait. Mais elle continua jusqu'à une ruelle qui se révélait être une impasse. Le chat se cacha derrière une poubelle. La douleur et l'emballement de son coeur, provoquèrent le pricessus inverse. Bientôt, elle commença à redevenir humaine et se retrouva nue, poursuivie par les adolescents.

Jess redevint elle même à l'instant même où le félin qu'elle avait été se rendait compte qu'il était coincé. Mais, contrairement à ce dernier, elle ne connaissait pas les raisons qui l'avaient conduite dans cette impasse. Elle se retrouva soudainement nue, recroquevillée à terre, les poubelles pour toute compagnie. Elle ne comprenait plus. Comment s'était-elle retrouvée là, dans ce lieu si sordide. Fronçant les sourcils, la jeune fille tenta de se rapeller. Elle se souvenait de l'homme qui lui avait parlé, celui là même qui avait fui...Mais pourquoi? Elle ne se souvenait plus de rien, hormi une dernière chose : la peur et la colère qu'elle avait ressentie avant son anmésie. Mais le reste restait inconnu, et l'enfant O'connor redoutait le pire. Elle était nue, derrière une poubelle, dans une impasse, et elle ne se souvenait de rien. Ses traits se déformèrent en une grimace de souffrance lorsqu'elle posa sa main droite à terre. Jetant un coup d'oeil à cette dernière, Jess vit que son poignet était violet et boursouflé. Encore une énigme...

Soudain des bruits de voix s'élevèrent au loin, se rapprochant dangeureusement de l'endroit où se trouvait la mutante. Ecarquillant les yeux, cette dernière sentit son coeur s'emballer une nouvelle fois. Dénudée, blessée et seule, elle était plus que vulnérable. Elle ignorait qui étaient les inconnus qui se dirigeaient vers elle, n'ayant aucun souvenir des adolescents qui avaient tenté de la tuer. Se redressant d'un bon, Jess fouilla la ruelle du regard. Rien...hormis les poubelles. Ne faisant aucun cas de l'odeur qui s'en dégageait, elle souleva le couvercle de la première pour dévouvrir un amas d'immondices pourries. Laissant échapper un cri de dégout, elle se pencha vers la seconde. Fouillant les déchets du regard, la mutante fronça les sourcils et plongea sa main indemne dans le tas. Lorsqu'elle la retira, cette dernière agrippait un imposant morceau de tissu qui se révéla être, après examen, une sorte d'imperméable beigé délavé, rapiécé et démodé. Mais cela ferait l'affaire, et l'enfant O'Connor se hâta de s'en vêtir. Heureusement, car les adolescents étaient là.

** Mon Dieu...Qu'est-ce qu'il va m'arriver?**

Tremblant de panique, Jess se força à respirer. Mais le fait était qu'elle se trouvait en nette position d'inferiorité face au groupe menaçant dont elle ne comprenait pas les motivations, ce qui achevait de la paniquer. Levant les yeux au ciel, comme espérant une hypotétique aide, la jeune fille serra les poings et se colla contre le mur. Dardant ses yeux clairs sur les assaillants, elle se préparait à ce qui allait suivre. Si un seul d'entre eux esquissait le moindre geste alors elle hurlerait, appelant à l'aide.

[Logiquement, c'est moi qui détermine si tu trouves quelque chose ou pas...]

L'imperméable qu'elle trouva, tout rapiécé qu'il était était tout de même plein de trous. La jeune fille l'enfila juste avant que les adolescents n'arrivent dans l'impasse, prêts à la lyncher. L'heure de sa mort était-elle arrivée? Apparemment pas. Une porte de service s'ouvrit sur une dame un peu enveloppée et au visage jovial.

"Par ici mon enfant... Vite!"

Celle-ci avait vu la transformation de Jess mais ne sembla pas s'en préoccuper. Elle fit entrer la jeune fille et ferma la porte à clef. Elle savait qu'elle prenait un risque mais ne pouvait laisser une enfant se faire massacrer toute mutante soit elle.

"Et bien, et bien... Je vias te faire un chocolat chaud. Tu devrais aller prendre un bain, m'est avis que tu as bien besoin de reprendre tes esprits..."

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