Sao Polo, Brésil, début de soirée

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Alors qu'il observait le ballet des sportifs, une jeune fille s'approcha de Ridley et s'assit à côté de lui sur la dune. C'était Maria. Cette jeune fille avait symapthisé avec Ridley à sa première compétition brésilienne. Elle aimait beaucoup regarder les rondas, bien qu'elle ne pratiquât pas elle-même la capoeira, et le talent de Ridley avait suffi à faire d'elle sa fan numéro un.

"Je te trouve bien nostalgique... Tu sais, il y a aussi des clubs aux Etats-Unis, c'est forcé... Tu as une idée de la fac où tu vas t'inscrire ?" demanda-t-elle après lui avoir donné une petite tappe sur l'épaule pour lui remonter le moral.

Le rire de la jeune fille résonna en coeur avec celui de Ridley.

"Je m'en fais pas pour toi, je suis sûre que tu finiras par trouver ce que tu cherches !" dit-elle avant de se lever. Le soleil déclinait à l'horizon.

"Je vais me rentrer, je dois me préparer pour la petite soirée." ajouta la jeune fille. Une soirée avait été organisée sur le tas à la victoire de Ridley. Ce serait pour ses amis l'occasion rêvée de fêter sa victoire tout en lui disant au revoir. Maria fit un petit signe de main et s'éloigna dans la dune vers la sortie de la plage.
Est-ce que tous les mutants étaient comme lui contraints de maquiller leurs pouvoirs pour s'en servir ? Même ici, au Brésil, les médias évoquaient souvent le phénomène mutant qui prenait de l'ampleur à travers le monde. Ca ne coûtait rien d'essayer de chercher.

La ronda se termina relativement tard : personne ne semblait vouloir rompre le charme qui s'était installé sur la plage. Ainsi, Ridley faillit se retrouver en retard pour sa propre soirée d'au revoir. Il se rendit enfin compte de l'heure qu'il était en voyant certains présents planter des flambeaux dans le sable pour éclairer le cercle de danseurs.

Une nouvelle vie se profilait pour Ridley, et déjà il venait à regretter celle qu'il n'avait pas encore tout à fait quittée. La peur de l'inconnu le forçait à se raccrocher à ce quotidien qu'il affectionnait.
Des éclats de voix, de musique, le tintement de verres qui s'entrechoquaient lui parvenaient de l'intérieur du foyer, où les festivités battaient leur plein malgré l'absence du héros de la soirée.
C'était un peu comme si Ridley était déjà parti et qu'il observait le monde vivre sans lui, pourtant champion dans les coeurs des danseurs locaux. Finalement, il n'était que peu de chose...

Il la retrouva facilement. Elle portait une robe à bretelles imprimée de motifs colorés et chatoyants. Par contre, Ridley ne put que réprimer son mécontentement en voyant avec qui elle discutait : Jimmy, un américain qui se croyait complètement en terrain conquis. Il pratique la capoeira en club aux USA, et était venu en échange scolaire pour un an à Sao Polo. De ce fait, les deux jeunes hommes s'étaient cotoyés, mais jamais appréciés. Le courant ne passait pas. Mais ça, Maria n'en savait rien.

"Hé ! Ridley ! Te voilà enfin ! On commençait à croire que tu nous avais déjà quittés ! Jimmy était en train de me parler des Etats-Unis, ça a l'air si différent d'ici !" s'exclama-t-elle joyeusement, avant de boire une gorgée de son verre.

"Ridley." dit simplement Jimmy d'une voix froide.

Dans le foyer, la musique battait son plein. Maria se mit à danser sur place, son verre à la main.

"A ce qu'on m'a dit c'est toi qui repartait la queue entre les jambes aux States." répondit Jimmy en anglais sans se démonter, en regardant Ridley droit dans les yeux. Contrairement à Ridley, Jimmy avait des notions de portugais, et ne s'embarrassait pas de l'espagnol pour communiquer au Brésil.
Maria, toute à sa danse, n'avait pas prêté oreille à l'échange des deux jeunes hommes.

"J'ai pas pu participer, je me suis froissé un muscle la semaine dernière... C'est ça de trop travailler son corps, mais toi, tu dois pas savoir ce que c'est." ajouta-t-il d'un ton froid. Il tourna la tête vers la salle, et fit un petit signe à une de ses connaissances.

"Pff, y a que les ploucs dans ton genre qui pensent qu'il y a une pseudo philosophie ésotérique derrière tout ça, mon vieux. Ouvre tes yeux, on est au 22e siècle, c'est fini le shamanisme ! T'inquiète que si j'avais pas envie de me bousiller la jambe pour la saison à venir, je te prenais quand je voulais." assura-t-il, avant de se rapprocher de Maria, non sans un vilain coup d'épaule à Ridley, et de se mettre à accompagner sa danse.

La soirée s'écoula malgré tout dans la bonne humeur. Il n'y avait que Jimmy et ses regards incendiaires pour ramener Ridley sur terre. Ce n'est qu'au petit matin que la salle du foyer commença à désemplir : la fête s'éteignait comme un feu mourant. Au moment de partir, Ridley se rendit compte qu'il ne retrouvait plus son trophée.

Par chance, ce fut Maria et pas son grand frère qui répondit à la porte. La jeune femme vivait avec lui, mais il était clair qu'à l'heure qu'il était, son frère pourtant plutôt sympa aurait moyennement apprécié d'avoir à se lever pour Ridley.

Maria vint ouvrir après une bonne minute de tambourinage intempestif. Elle était vêtue d'un débardeur simple et d'un caleçon de son frère, et devait être en train de se préparer pour aller récupérer de la fête, car elle avait sa brosse à dent dans la bouche.

"Ridley ? Mais qu'est-ce que tu fais ici, ça ne va pas ?" demanda-t-elle en voyant le visage congestionné de rage de son ami. Son regard fatigué par la nuit blanche tomba sur le buste de Ridley, dont émanait des crépitements électriques semblables aux petites mèches qu'on allume au nouvel an.

"M-Mais qu'est-ce qui t'arrive ?" demanda-t-elle en faisant un pas vers l'intérieur de la maison. Elle avait sans le savoir déjà vu Ridley user de son pouvoir durant les ronda les plus spectaculaires, mais voir ces crépitements hors contexte était plutôt effrayant, surtout conjugué avec l'expression enragée du mutant.

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Ridley crépitait toujours dans la lueur du matin, et l'expression de surprise de Maria s'était muée en peur. Muette, elle secoua simplement la tête à la négative et fit un pas en arrière.

Maria continua de reculer dans l'entrée de sa maisonnette devant la rage qui consummait Ridley. Elle finit par tomber à la renverse en marchant sur une paire de chaussures qui traînait là. Elle se mit à appeler son frère.

"Carlos ! Carlos !" cria-t-elle dans la maison. Devant le raffus provoqué par Ridley à la porte, Carlos devait être en train de se lever lorsqu'elle cria, car il débarqua en quelques secondes en caleçon et l'air prêt à en découdre.

"Qu'est-ce que tu veux à ma soeur !" lança-t-il sans ménagement en aidant Maria à se lever, puis en s'interposant entre Ridley et elle.

Les étincelles autour de Ridley diminuèrent puis s'éteignirent d'elles-mêmes.

"Alors c'est toi Ridley ?" releva Carlos. Apparemment Maria lui avait déjà parlé de son héros de la capoeira.

"T'étais pas obligé de débarquer comme un fou furieux pour ça..." ajouta le frère de Maria en se détendant légèrement.

"Tu sais quelque chose pour sa coupe ?" demanda-t-il à sa soeur, toujours en retrait. Elle avait toujours l'air sous le choc.

"Je... Je ne sais pas, je n'ai pas passé toute la soirée avec Jimmy. Mais pourquoi tu penses à lui ? Il y avait un monde fou à la fête, ça aurait pu être n'importe qui. Même quelqu'un de l'extérieur d'ailleurs..."

Maria se rapprocha de Ridley, qui squattait la marche devant sa maison. Elle avait toujours l'air sous le choc, mais la déception de son ami semblait la peiner.

"Je te comprends... Mais des trophées tu en as gagné des tas... Et j'ai pas besoin de ça pour savoir que dans la ronda, c'était toi le meilleur." répondit la jeune fille, en restant sur le pas de la porte.

"Du moins... ces lumières tout à l'heure..." commença-t-elle sans terminer sa phrase.