Consultation(s)...

Salon – sur les cendres de la bataille.

Alixtide avait précieusement confié la garde de son seau de nettoyage à un gardien endormi dans le salon, avant de rejoindre Lucas près de la porte flambant neuve, lui expliquant des choses confuses et incompréhensibles par l’adolescent qui, n’étant pas là depuis bien longtemps, n’était pas au courant des choses qui se passaient dans l’institut entre les mutants si originaux qui y logeaient. Il se contenta d’acquiescer gentiment de la tête pour ne pas vexer celui qu’il croyait avoir sauvé de justesse d’une tentative de suicide au détergent. En tout cas, une fois chez la psychologue, Lucas se sentirait plus rassuré, puisqu’il ne serait plus le seul à veiller sur Alixtide, qui s’il était déprimé, ne le montrait pas pour autant. Ce dernier lui proposa d’ailleurs de faire des signes positifs de la tête, quoi qu’il puisse raconter à la psychologue Cassandre Deneos, que Lucas n’avait pas encore croisée, mais dont on lui avait déjà un peu parlé. Cela ne lui convenait pas vraiment, et avec une grimace gênée, il dit à Alixtide :

« Désolé, mais je ne peux pas cautionner des mensonges… Je ne dirai oui qu’à ce que je sais, sinon je m’abstiendrai de dire quoi que ce soit… Enfin… sauf si ça me parait vraiment trop bizarre… »

Puis après un instant, alors qu’ils avaient pris le chemin du bureau de la psy :

« Je ne veux pas t’aider à t’enfoncer dans un gouffre, je veux t’aider à t’en sortir ! T’as l’air sympa ! »

C’était sans doute la première fois d’ailleurs que Lucas trouvait un garçon sympa, lui qui avait auparavant eu toujours de mauvaises relations avec les personnes de son sexe. Il s’entendait naturellement beaucoup mieux avec les filles, rien que par sa sensibilité exacerbée et par sa gentillesse naturelle et spontanée. Il eut quand même un étrange regard sur son nouveau compagnon aux odeurs un peu fortes lorsqu’il vit que celui-ci n’était pas très à l’aise en marchant dans les couloirs de l’établissement.

*De quoi a-t-il peur ? Ne sommes nous pas en sécurité ici ?*

Lucas pensait que peut-être sa déprime affectait ses pensées et qu’il n’était éventuellement plus apte à utiliser son cerveau parfaitement correctement, comme par exemple reconnaître ces murs comme rassurants.

Bientôt, ils arrivèrent devant le bureau de Cassandre, et Lucas, sans hésiter, frappa à la porte pour prévenir la psychologue de leur présence, en admettant qu’elle soit présente elle aussi, bien entendu…

En attendant une hypothétique réponse, Lucas se pencha, mais pas trop, à cause de l’odeur, vers Alixtide :

« Tu me laisseras lui parler trente secondes en privé avant d’entrer aussi ? J’ai un truc à lui dire… »

Puis, il attendit…

Quelques secondes s'écoulèrent. La voix de Cérébra la toute puissante brisa alors le silence.

"Cassandre se trouve dans la cuisine." dit-elle d'une voix neutre, avant d'ajouter.

"J'espère que le salon est propre." ajouta la voix.

Quelques secondes s’écoulèrent dans le silence, sans qu’aucun des deux jeunes hommes ne fasse la moindre réflexion. C’est alors que la voix électronique de la gardienne des lieux, Cerebra, se fit entendre, brisant le silence du couloir de l’établissement. La vois leur annonça avec flegme que Cassandre Deneos, la psychologue de l’institut, était dans la cuisine, et non pas dans son bureau. Il faut dire, la journée touchait à sa fin et Lucas se doutait bien qu’elle ne passait pas tout son temps seule entre les murs de cette pièce. Il était tout à fait normal qu’elle se sustente un brin, comme tous les mutants de l’école.

Cerebra, mieux que le meilleur des logiciels espions, avait détecté Cassandre en moins de dix secondes dans l’enceinte. Autant dire que chaque pas de travers que les élèves pouvaient faire se verrait directement et sans sommation sanctionné sévèrement, d’autant plus que la gardienne n’avait pas l’air commode.

En effet, elle posa ensuite une remarque sur l’ordre dans le salon, demandant si celui-ci était bien rangé. Lucas en était témoin, tout était lavé et il ne subsistait plus aucune trace de leur passage, mis à part le trou dans le tapis et le seau que Alixtide allait ingérer avant que Lucas ne le sauve de cette mort atrocement douloureuse. Lucas se demanda intérieurement pourquoi elle avait posé la question, puisqu’elle savait sans doute déjà qu’ils avaient briqué le sol et les murs pour qu’ils redeviennent comme neufs, ou presque…

Il dit alors à son compagnon, niant la seconde remarque de Cerebra à qui il serait sans doute inutile de répondre :

« Allons à la cuisine alors ! Allez, viens, ne t’en fait pas, tu pourras lui parler ! »

Et ils partirent vers la cuisine…

Cuisine

Alixtide trouvait franchement sympathique le soutien psychologique de son camarade Lucas, qui de toute évidence avait le souci de son prochain. Seulement il ne se rendait pas compte de la spécificité de l'affaire commandée par Juliette. La perfide gothique voulait humilier Alixtide en l'obligeant à dire des compliments sur elle à la prof de philo. Or plus il s'abaisserait à des compliments mielleux et enjolivés, plus sa mission serait un succès, et sa vie à l'Institut, paisible. De toute évidence, il faudrait toucher deux mots à Lucas de l'existence des JutiX, chargés de mater les caractères récalcitrants parmi les mutants. Cela allait être fait quand l'espionne en chef arriva, Cerebra.

*Purin mais quelle balance celle-là ! Même la psy, elle peut pas être tranquille cinq minutes ...*

Il se demanda quel jeu jouait la mutante exactement. Etait-elle du côté des profs, ou contre tout le monde à la fois ? En tous les cas, elle devait être la cliente numéro 1 de Mlle Dénéos.

Alixtide aurait été prêt à renoncer très facilement, vu le mauvais concours de circonstances, mais l'intrépide Lucas décida de poursuivre la course vers le gouffre.

Il haussa les épaules avec résignation, et le suivit.

cuisine