(Event) Les confessions d'un faux paria

[ Foyer, Event, Dancefloor. ]

Foyer, Dancefloor.

Des pas claquèrent dans le corridor. Pendant de longues secondes, le bruit sec et irrégulier arriva aux oreilles du jeune homme. Mais alors qu'il pensait voir la silhouette sombre et énervée de Carrie Marcin, ses yeux ne se posèrent que sur Ken, marchant les mains dans les poches de son pantalon classique et sobre, sa veste volant légèrement derrière lui.
Il s'approcha calmement près du JustiX et s'arrêta devant lui, avant de sortir de sa poche droite un mouchoir blanc, qu'il lui tendit. Un petit sourire apparut sur son visage et sa voix fut calme et détendue.

"Tu devrais t'essuyer la bouche et le visage."

Il le fixa alors, observant bien l'endroit où il avait été frappé. Il réfléchissait intérieurement à ce qu'il pouvait avoir comme dommages et ce qui pourrait les soigner, mais il n'était pas médecin et ne le serait jamais ; Eung Jeung aurait été d'un bien meilleur secours aux deux JustiX.

Il s'adossa au mur juste à côté de Daedalion, les mains dans les poches. Il monta sa jambe gauche pour la plier en collant sa chaussure contre le mur, et reprit calmement la parole.

"Tu devrais t'asseoir sur le sol et respirer par petites et grandes expirations et inspirations, à intervalles régulières. Si tu respires par grande phase, ça ira mieux plus vite mais ça fera sûrement plus mal."

O'Connell le regarda à nouveau.

"Ca va ?"

Il voulait vraiment savoir ce que March avait et s'il allait bien : il n'était pas là pour une leçon, pas là pour un sermon. Il était là parce qu'il s'inquiétait vraiment de ce qui était arrivé à Daedalion, et il espérait que ce dernier s'en rendrait compte.

"Tu le lui diras toi-même."

Sa voix était toujours calme : il aurait préféré que Daedalion se repose et reprenne des forces plutôt que de vouloir rester debout et fumer, mais c'était son problème. Il esquissa un petit sourire en le voyant se rendre compte de l'inutilité de son second geste.

"Je ne suis pas un messager : elle ne m'a pas envoyé ici. Je suis là pour savoir si tu vas bien. Après, tu te débrouilleras avec elle...bonne chance."

Ken savait que Rachel n'aimerait pas ce qu'il s'était passé et que lui vienne voir Daedalion. Ils ne s'étaient pas beaucoup vus dernièrement et ça ne lui plaisait pas, mais le dandy avait besoin d'une épaule, et il pensait peut-être être celle dont il avait besoin. Il était trop visible qu'il souffrait pour le laisser seul dans son coin.

"Personne ne m'a encore traité de "SuperKen" ou de "moraliste à deux balles" : pour moi, la soirée n'a pas encore atteint son apogée."

Son sourire se fit plus grand encore.

"Faut encore que j'aille repasser ma cape et que je menace de frapper Georgia : là, ça sera une bonne soirée."

Il se mit aussi à rire, d'abord légèrement puis de bon coeur. Le fou rire de son camarade était communicatif, mais s'imaginer avec une cape le faisait aussi bien rire à elle seule.

"Rouge la cape, bien sûr. Avec des collants violets."

O'Connell rit à nouveau, et ce pendant de longues secondes. Les deux hommes étaient l'un à côté de l'autre, en attente d'un savon terrible pour l'un d'entre eux, déjà bien blessé et mal en point ; c'était la première vraie fois qu'ils passaient un tel moment ensemble, et lui trouvait ça assez...bien. Vraiment.
Pendant quelques instants encore, il rit avant de s'arrêter, les mains sur les côtes. Il regarda le jeune homme à ses côtés et un grand sourire apparut sur son visage.

"Toi, ça sera des collants rouges avec le slip violet dessus. Ca, ça serait du style. En plus, pas besoin de t'inquiéter pour le sang, ça se verra pas."

Fury ricana à nouveau en imaginant Daedalion ainsi habillé.

"Vous en êtes aussi, mademoiselle Marcin. Vous faites autant partie de la bande de névrosés que nous deux."

Ken sourit après sa petite remarque, censée à la fois montrer que son humeur n'avait pas changé mais aussi pour bien dire à leur professeur qu'elle faisait partie de l'équipe ; il le pensait vraiment.
Il avait bien apprécié rire avec Daedalion et avait réfléchi à ce qu'il pouvait lui répondre. Sa question n'avait pas été facile, était finalement assez complexe et il pouvait comprendre pourquoi il la posait - mais réfléchir à ça n'était pas aisé. Il aurait pu rejeter tout ça, refuser d'être des leurs, être fidèle aux autres...il aurait pu. Comme il aurait pu arrêter après la dernière grosse attaque, rester chez sa mère et vivre une existence tranquille, loin des soucis. Mais il était là ; et il savait qu'il le serait encore après la prochaine crise.

Il avait apprécié ce qu'avait dis Carrie, et surtout le fait qu'elle se prenne au "jeu". Il savait qu'ils auraient une discussion comme ça : c'était inévitable. Après l'Australie, il était nécessaire de poser certaines choses et de s'expliquer. Il était conscient d'avoir été loin...mais d'autres aussi. De l'injustice avait été faite de chaque côté et il semblait être temps de calmer tout cela.

C'était pour ça qu'il l'avait laissée parler : déjà pour savoir ce qu'elle voulait dire mais surtout pour apaiser tout ça. Carrie était certainement l'adulte qui comptait le plus pour lui ici, la personne à qui il était prêt à confier la vie de Rachel ; même si elle lui avait fait mal, elle méritait le droit de parler et il avait aimé ce qu'elle avait dis sur les JustiX, sur Daedalion...et sur lui.

"Il y avait quand même un noyau de JustiX, mademoiselle : vous ne pouvez le nier. Juliette, Noémie, moi...on a toujours été là. On a vu partir Pablo, Roscart puis les autres, mais on est resté. Au fond, même si tous les autres étaient des JustiX, on était la "trinité" de départ, la base, le socle...elles représentaient un peu ma famille, en fait. La soeur jumelle au caractère opposé et la petite soeur dont je devais m'occuper."

Lentement, il se décolla du mur et s'approcha d'une fenêtre. Fixant la nuit, les mains dans les poches et dos aux deux autres, sa voix était calme, posée.

"C'était ma base et ça a disparu. D'autres ont été JustiX mais elles et moi...on était de l'origine, du départ. On avait donné aux JustiX un sens : on avait pris le nom au premier degré et même si on était sûrement allés loin...bah, c'était bien quand même. Personne ne nous aimait mais bon, on était entre nous et ça allait. Ce n'était pas une bonne chose, je le sais maintenant, mais à l'époque ça me plaisait. Et là, ça n'est plus comme avant."

Devant ses yeux passaient tous ses souvenirs : joies, peines, difficultés, danger...oui, ça avait été bien. Et ça avait été d'autant plus dur quand ça s'était terminé.

"Tu veux savoir pourquoi je suis resté, Dae ? Je pense que mademoiselle Marcin doit s'en douter mais préférerais se tromper. Je suis resté car je pense que j'ai besoin de prouver quelque chose. Lors de l'attaque où tu es arrivé...des choses se sont passées. Mal. Honnêtement, je n'ai pas assuré : j'ai mal agi, mal décidé, mal raisonné...j'ai foiré. J'ai tellement foiré que Juliette a eu l'épaule brisée - et quand je dis brisée c'est vraiment brisée - par mes soins. J'ai foiré et j'ai mis des gens en danger...mes gens. Mon équipe. Ma famille."

Pour une fois, il n'était pas pris par l'émotion : ces mois passés avec Rachel lui avaient permis de dépasser ça, même si ça n'avait pas été simple. La peine et la culpabilité étaient désormais plus éteintes, maintenant.

"Quand nous sommes revenus et que les JustiX ont changé...je l'avoue, ça ne m'a pas plu. Je savais que ça ne serait pas pareil et ça ne l'est pas. Et je suis resté parce que je voulais utiliser cette opportunité, cette chance pour prouver et surtout me prouver que je pouvais faire mieux."

O'Connell se tourna alors vers Carrie et Dae, les mains dans les poches. Son visage semblait plus apaisé qu'auparavant, comme si ça lui faisait du bien de dire tout ça à tête calme.

"Je suis resté car je me sentais toujours coupable d'avoir foiré et que je voulais me prouver que je pouvais faire mieux, mais...mais ce sont des conneries. J'ai foiré, j'ai merdé mais on s'en est sortis et j'ai aidé après Adam Zachary à revenir ici. J'ai vu deux morts de plus mais ça n'était pas de ma faute. Mais j'ai foiré quand même. Ca, je l'ai accepté maintenant. Ca a été la raison qui a fait que je suis resté...mais ça n'est pas celle qui fait que je reste maintenant."

Son regard, jusque-là posé sur Daedalion, se tourna alors vers Carrie. Elle devait savoir maintenant que les mots à venir concerneraient ce qu'il s'était passé en Australie.

"Je ne suis pas aussi à l'aise dans ces JustiX qu'avec les autres : je ne suis pas leader, je ne suis pas forcément suivi, je ne vous connais presque pas...seigneur, c'est à peine si j'arrive à me retenir de ne pas crier sur tout le monde. Mais je reste. Déjà, parce que ce n'est pas dans mon caractère d'abandonner. Ensuite, parce que je commence à vous apprécier et que j'ai besoin de tout le monde : Kitty peut m'apprendre à être moins rigide, Eung Jeung peut m'aider à être moins touché par le monde qui m'entoure, Luther peut me faire découvrir les vertus de la détente et Daedalion...toi, tu peux m'apprendre la patience et les répliques qui tuent. Face à Georgia, j'en aurais besoin."

Un grand sourire passa sur son visage alors qu'il regarda Daedalion, puis se tourna vers Carrie à nouveau.

"Et je reste aussi à cause de vous, mademoiselle Marcin. Parce que je vous respecte, parce que je vous fais confiance...et parce que je vous apprécie. Vous êtes celle qui m'avait donnée confiance en moi, qui m'avait donnée ma chance. Vous n'êtes pas parfaite, de loin pas ; vous êtes autant névrosée et tarée que nous, en fait. Mais c'est pour ça que je vous aime bien : vous êtes comme nous...comme moi. C'est pour ça que quoiqu'il arrive, je ne vous lâcherais jamais. Si vous ne me lâchez pas."

[Post rapide pour pas vous faire attendre 2 jours. Désolée si j'oublies des trucs]

"Un noyau JustiX? Si vous restez convaincu que vous avez perdu le "noyau" des JustiX, il est certain que vous ne pourrez pas vous entendre avec les autres mêmes du groupe. Le "noyau" dont vous parlez...ce n'est pas les 6 mutants qui étaient là au millieu. Le "noyau" c'est les principes de notre équipe et les buts que je vous pousse à atteindre. Que vous soyez le premier ou le dernier JustiX, il est le même. "

Carrie soupira et regarda Ken avec un air plus sévère, comme si elle voulait lui faire comprendre qu'il ne comprenait pas tout à fait ce qu'elle disait. Son regard redevint plus calme, lorsqu,il se mit à se blâmer pour ce qui s'était passé lors de l'attaque. Elle en avait entendu parler...très en détail. Elle savait ce qui s'était passé même si elle n'y était pas. Elle commençait à en avoir assez de le voir se culpabiliser de cette façon!

"Nous avons tous manqué à nos principes et avons mis des personnes en danger. Surtout moi...Mais dans un monde où on nous attaque de tous bords, tous côtés, c'est sur qu'on ne peut pas être irréprochables. Et ce n'est pas ce que je vous demande. On apprend de nos erreurs et on grandit avec les leçons qu'on en tire. La seule perfection qui existe, c’est l’imperfection ! C’est le fait de n’être pas parfait qui autorise l’évolution."

Ils avaient déjà eu cette conversation! Il faudrait qu'il passe à autre chose, qu'il cesse de se culpabiliser! Juliette avait toujours son équipe, elle était en pleine forme et pourrait jouer au baseball, si elle le souhaitait (ce qui n'arriverait probablement pas...), donc il n'y avait aucune raison de toujours regarder en arrière. Elle ferma les yeux quelques secondes, ne se cachant toutefois pas de montrer son agacement. Carrie tourna le regard vers Ken et écouta ses derniers propos au sujet de sa raison de rester dans l'équipe. Elle eut un petit sourire et soupira. Confiance en elle? Alors qu'elle avait faillit les faire tuer une dizaine de fois? C'était une belle preuve d'amour, mais le fait qu'il la traite de tarée était assez pour la refroidir un petit peu.

"Nevrosée et tarée..."

Elle arqua un sourcil, son visage neutre, balançant entre une moue moqueuse et un air sévère. Elle décida donc de garder son visage le plus neutre possible. Carrie se tourna alors vers Daedalion qui s'excusait de l'avoir embarrasser. Elle eut un petit rire et tourna la tête vers lui. Elle se tourna vers Daedalion et ajouta:

"Ce n'est pas moi qui me suis fait frapper par Monsieur Innozager. Ma robe est toujours propre et mon égo intacte. Ne vous excusez pas. S'excuser c'est un signe de faiblesse."

Elle se souvint du moment qu'elle a passé dans le salon avec Paolo. Elle s'était excusée d'avoir réagir violemment...et c'est vrai que c'est un signe de faiblesse. Elle se sentait si faible, toute petite à côté de lui, comme si il était là pour la soutenir et la protéger. Carrie secoua la tête imperceptiblement la tête, comme pour se convaincre qu'elle devrait changer tout cela. Elle finit par ajouter:

"Ne recommencez pas. C'est tout."

"T'as qu'à être d'accord avec moi...Dada."

Ken sourit grandement en fixant son camarade ; il se doutait que cela ne lui plairait pas, mais il avait hâte de voir sa réaction au nouveau surnom qu'il venait de lui trouver.

"Comme ça, ça fera l'union sacrée des JustiX !"

Il se tourna ensuite vers Carrie et fut triste qu'elle ne comprenne pas que tout ce qu'il avait dit, c'était pour la rassurer et lui témoigner son affection. Il trouvait ça dommage d'être aussi renfermée et dure, mais il savait qu'au fond, elle n'était pas entièrement comme ça...et qu'elle se rendrait peut-être un jour compte qu'elle pouvait vraiment compter sur lui. Et se lâcher.

"Le noyau a existé, madamesoille Marcin : on l'a construit. Il a disparu maintenant et ce n'est pas grave, mais je m'y étais habitué et c'était important. Ma deuxième famille s'est séparée mais j'en ai une nouvelle, maintenant : c'est bien. Les JustiX, ce ne sont pas des personnes, c'est ce que des personnes en font. J'ai aimé ce que j'en ai fait avec les autres, j'aime ce qu'on en fait maintenant. Et peut-être que d'autres aimeront ce qu'ils en feront quand je n'en ferais plus partie. J'ai eu du mal à l'accepter mais c'est fait, ne vous inquiétez pas."

Sa voix était calme, détendue. Les mains toujours dans les poches, il fixait leur professeur, se désolant de la voir parfois un peu perdue. Il ne réagit pas quand elle parla de "faiblesse" : il ne pensait pas pareil mais ne voulait pas épiloguer là-dessus. La fête devait toucher à sa fin, Rachel lui en voudrait sûrement et il fallait éviter que Daedalion finisse encore plus mal la soirée - il savait que c'était possible.

"Je vais retourner là-bas : Dada peut venir après s'être débarbouillé ? Je promets d'éviter qu'on le prenne pour un ballon de soccer. Promis, je ne laisserais les autres que le prendre que comme un plumeau de badminton."

O'Connell s'essayait de plus en plus à l'humour, et ça lui plaisait. Il affichait un grand sourire en attendant les réactions des deux autres.

[ Saut temporel]

"Pensez ce que vous voulez, Monsieur O'Connell...Je suis toutefois contente de vous entendre dire que vous faites et ferez les efforts necessaires."

Carrie resta surprise devant une telle réaction de Daedalion. Elle arqua les sourcils et tourna un regard découragé vers Ken. Elle soupira et roula des yeux. Décidemment, il y avait beaucoup d'amélioration à faire avec son équipe. Elle n'était pas la meilleure dans les relations sociales, mais elle savait qu'il ne fallait pas trop insister quelques fois. Mais elle n'avait pas trop envie d'essayer de convaincre Ken de faire attention. Il était assez grand pour s'en rendre compte par lui même. Elle soupira à nouveau et fit un signe de tête à Daedalion, lorsqu'il s'en alla pour aller se coucher. Elle haussa les épaules et se tourna vers Ken;

"Retournez à la fête...Profitez en, elle tire à sa fin."

À ce moment, elle reçu le message de Paolo disant que c'était son numéro. Son regard ne se posa même pas sur Ken alors qu'elle marcha rapidement, ses talons claquant sur le sol, en direction du foyer. Elle n'avait pas l'intention d'en rater une seconde...Et cela lui faisait un peu peur. Carrie devrait repenser à tout cela, mais ce soir, c'était la fête et elle voulait en profiter le plus possible.

Foyer (??)

Ken haussa les épaules suite aux réflexions de Daedalion et Carrie : à quoi bon ? Il avait dit ce qu'il avait à dire, et s'ils n'étaient pas contents, c'était leur problème. Il avait fait un pas vers chacun, il avait rigolé, avait été "drôle" et compréhensif ; il ne pouvait ni ne voulait en faire plus maintenant.

"Vous avez raison."

Il la vit foncer comme une furie vers la fête et secoua la tête, un peu amusé de la voir...humaine. C'était drôle, en fait, et ça ferait sûrement sourir d'autres ; il lui restait maintenant à savoir s'il allait faire circuler l'information ou non. Ce n'était pas très gentil, ce n'était pas courtois mais bon...il était encore un peu gosse, non ? Et ça pouvait être fun.
Néanmoins, il décida de reporter la décision à plus tard : encore la fête ! Il avait envie d'en profiter et de revoir Rachel. Il avait fait ce qu'il pensait juste...maintenant à lui sa "récompense"...

Foyer.