Expédition à L'Olympe

Jardin

Après un parcours du combattant sous une pluie qui avait décidé de ne pas s’arrêter du tout, les jeunes filles arrivèrent devant un établissement sur lequel était écrit sur la vitrine "L’Olympe". Menant sa petite troupe, Jade entra la première dans le salon de thé d’un pas assuré tout en repliant son parapluie, bien trempé. Une mini flaque d’eau se forma sous le vilain parapluie et dans la surprise, Jade porta sa main à sa bouche d’un air désolé. Personne à l’entrée… tant mieux.

Le concept de L’Olympe avait tout de suite conquis Jade si bien qu’elle était venue déjà plusieurs fois. Une maison du centre ville avait été rachetée puis redécorée aux couleurs de la Mythologie Classique. Toutes les pièces étaient accessibles aux clients qui pouvaient s’y retrouver en toute intimité. L’endroit était donc assez intéressant pour parler entre mutants sans choquer la populace qui en avaleraient leur thé de travers. A l’entrée se trouvait la caisse dans un décor de ce qui semblait être du marbre, ainsi que des couleurs doré, du rouge et des touches de bleu. Dans la vitrine et sur tous les murs de cette entrée se trouvaient des boites contenant toutes sortes de thés et de préparations artisanales. Tout paraissait être en toc et faisait très kitsch, mais Jade adorait.

La jeune fille posa donc son parapluie entre les jambes de Zeus près de l’entrée dans la corbeille prévue à cet effet, puis dégrafa son manteau. Elle s’avança un peu dans le couloir d’entrée et jeta un coup d’œil à la pièce principale où se trouvaient quelques tables presque toutes occupées. Elle se retourna alors vers ses deux amies, leur adressant un large sourire:

"On peut aller dans la salle de bain au premier étage, ou alors le petit salon doit être libre aussi." Puis désignant du regard la salle près d’elles: "Ou alors ici, comme vous voulez!"

(jardin)

L'Olympe... Juliette connaissait ce salon de thé, mais elle n'y avait encore jamais mis les pieds. Non pas qu'elle n'aimait pas ce breuvage de nature si distingué, mais le décorum en carton pâte ce n'était pas vraiment sa tasse... De thé. La gothique romantique n'avait rien contre les lieux qui se voulaient d'inspiration d'époques passé, mais elle pensait que cela devait être accompagné d'une forme de réalisme certain. Selon elle, ce genre de lieu devait avoir un vécu, une histoire... Il devait y flotter un doux parfum de nostalgie sincère, et non pas un simple sentiment de reconstitution. Les employés eux-même faisaient preuve d'un anachronisme certain, avec leurs vêtement modernes qui contrastaient fortement avec l'ambiance qui avait voulu être recréer. Peut-être que si toges et sandales avaient été leur uniformes, ce ressenti de fausseté n'aurait pas eu de raison d'être... Ou tout au moins, aurait-il sans doute été moindre.

Mais en dehors de cela, le lieu était cependant charmant et plutôt originale... L'antiquité en plein cœur de Salem, il fallait oser. Jade ayant proposer ce lieux pour débuter leur sortie improvisée, Juliette la suivit sans mot dire en se laissant toutefois précéder de Hjördis. L'adolescente n'avait visiblement pas l'habitude de la ville, et il valait mieux pour elle d'être entourée de part et d'autre afin de ne pas risquer de s'égarer le cas échéant. Se perdre était une chose tellement simple lorsque l'on y songeait. Le porte-parapluie dans lequel Jade déposa le sien était d'un goût... Assez particulier selon Juliette, qui repoussa en arrière sa large capuche, révélant ainsi à nouveau son visage aux regard de tous. Quoi qu'il en soit, ce salon de thé paraissait avoir énormément de succès vu le nombre de clients présent dans la grande salle qui s'offrait à elles.

Lorsque sa colocataire leur proposa la grande salle pour se poser, la gothique romantique refusa d'un geste de la tête. Trop de monde pensa-t-elle... Juliette n'aimait pas la foule... Elle pouvait la supporter, mais elle ne l'aimait pas. De plus, être une antiquité au cœur d'une antiquité elle en avait l'habitude, mais cette fois-ci elle était littéralement un vestige vu l'époque recrée. Finalement, Elle se tourna vers les deux adolescente et leur dit :

"Je pense qu'il serait préférable de nous rendre dans le petit salon, ce sera plus intime..."

Dit tout simplement la gothique romantique. De plus, qui pouvait dire dans quelle direction allait se diriger leur discussion..? Les mutants avaient déjà bien assez mauvaise presse, il était donc inutile que des non mutants entendent éventuellement des propos qui pouvaient les alarmer, sur d'éventuels "mauvais" mutants et autre conspiration dont l'institut avait déjà été l'objet. C'est pourquoi, Juliette ajouta tout simplement ;

"Il ne faudrait pas que nos petits secrets de filles soient révélés, n'est-ce pas..?"

Conclu-t-elle dans un clin d'œil qu'elle voulu complice à l'égard de Jade et Hjördis, ne voulant pas afficher ouvertement sa pensée pour ne pas troubler plus encore l'islandaise qui n'avait résolument pas besoin de ça.

Jardin

La promenade sous la pluie fut assez morne, les deux compères n'ayant pour ainsi dire pas ouvert la bouche. Elle suivait Jade et pouvait entendre les pas légers de la gothique derrière elle. Pourquoi diable elle restait en retrait? Laissant tomber ces questions, Hjördis cherchait du regard des choses rassurantes. Mais dans un centre-ville, on trouvait rarement de quoi détendre une fille de la campagne : voitures éclaboussant les trottoirs, vitrines criardes, foule se bousculant aveuglée par les parapluies... Bref, rien de très agréable.

C'est donc crispée que l'islandaise se jeta quasiment hors de la rue pour pénétrer dans ce salon de thé vanté par Jade. Surprise visuelle, impact civilisationnel. Les yeux grands ouverts, la jeune fille regardait autour d'elle ébahie.

*Que... c'est quoi cet endroit?*

Restant quand même silencieuse, elle laissa son regard s'attarder sur la présentation et les statues. C'est... mythologique, c'est ça? Ne connaissant que son panthéon personnel venu des terres du Nord, elle ne percutait pas face à ces corps musculeux et dénudés. L suite de la surprise vint de Jade : Aller se détendre dans la salle de bain? C'est une plaisanterie? Bon, en son pays, ce n'est pas rare d'aller se détendre dans les sources chaudes mais faire ça dans un centre-ville qui plus est dans un salon de thé, ça la dépassait quelque peu.

Le retour à la réalité vint par Juliette (quelle surprise) qui préférait une ambiance plus confidentielle. Hjördis ne put que secouer la tête de haut en bas pour signifier qu'elle acceptait, dispersant un peu d'eau au passage. Revenant sur le plancher des vaches, Snorri retira sa tenue de marin, révélant un épais pull à col roulé marron et un pantalon grisâtre. Les grosses bottes restèrent à l'entrée aussi, la jeune fille pouvant se déplacer tranquillement dans ses épaisses chaussettes.

"Je préfère aussi le petit salon."

Elle buvait rarement du thé mais si il y avait du lait, elle ne serait pas contre. Enfin, si ce n'est pas trop cher...

Les deux jeunes filles semblaient assez surprises de l’endroit dans lequel Jade venait de les amener. Pour autant, la jeune fille avait du mal à décrypter chez ces deux reines du stoïcisme, si l’endroit leur plaisait. Lorsque Jade leur proposa la salle de bain, elle sentit une certaine perplexité dans le regard de Hjordis. La blonde semblait déjà se voir en train de s’immerger dans une baignoire avec du bain moussant jusque dans les oreilles, jouant à s’éclabousser avec les deux autres Institutiennes, riant aux éclats tandis que des nymphes leurs lançaient des pétales de fleurs parfumés. Certes, la pièce contenait toujours une baignoire, mais celle-ci n’était plus qu’un meuble décoratif. Jade sourit à Hjordis et tenta de la rassurer:

"Ne t’inquiète pas, il y a bien une table et des chaises dans la salle de bain! On n’est pas obligés d’avoir les fesses dans un lavabo. Mais la majorité a tranché, ce sera donc le premier étage!"

S’engageant dans la salle principale, Jade se dirigea vers les escaliers d’un pas assez soutenu, elle n’aimait pas tellement être exposée aux regards des gens. Au passage elle fit un grand sourire et un bonjour chaleureux à la patronne qui était occupée à servir dans la salle et qu’elle commençait à connaître. La décoration des escaliers ne faisait pas exception au reste du bâtiment.

"Oui, c’est très… mythologique et… kitsh. Mais j’aime beaucoup le concept."

En vérité, Jade commençait à se demander si elle avait bien fait de leur proposer cet endroit. Ses deux compagnes avaient elles l’esprit assez déglingué pour prendre tout cela au second degré. Il ne fallait pas non plus qu’elles se sentent mal à l’aise ici, après tout, elles étaient ici pour se détendre et continuer à apprendre à se connaître dans la joie et la bonne humeur.

"En tout cas, leurs gâteaux sont excellents!" Ajouta-t-elle pour rassurer tout le monde, elle inclue.

Dans le couloir du premier étage, Jade essayait de voir de loin si le salon était occupé. Sur leur passage, plusieurs petites salles étaient occupées par des couples ou des petits groupes d’amis. Un large sourire se dessina sur son visage lorsqu’elles s’approchèrent de la pièce promise, elle était effectivement vide. Une table basse et deux canapés les attendaient. Des tableaux de scènes mythologiques ornaient les murs rouges et or. Sur une petite cheminée condamnée étaient entreposés différents objets et dans un coin de la salle. Une table basse et deux canapés les attendaient sagement.

Jade enleva son manteau et alla s’installer sur l’un des canapés. Elle passa une main dans ses cheveux afin de vérifier qu’ils n’étaient pas mouillés en attendant que les filles s’installent également.

"Nous y voila!" dit-elle alors "J’espère que ca ne vous effraie pas trop, si ca ne vous plait vraiment pas, on peut aller autre part! Mais dans ce cas, vous passeriez à côté d’un fondant au chocolat vraiment délicieux!" Ajouta-t-elle en leur faisant les yeux doux.

*Pis moi, je veux mon thé à la vanille…* Pensa t’elle assez fort pour qu’elle soit à la limite de baver de la vanille.

"Souhaitons que les gâteaux ne soient pas d'époque..."

Dit Juliette dans une tentative d'humour, certes facile, mais ô combien amusante selon elle, tandis qu'elle dénoua le nœud qui retenait sa cape sombre sur ses épaules. La gothique romantique n'était pas un bout-en-train, tous le monde le savait. Il suffisait d'ailleurs de la regarder l'espace de quelques instants, pour s'en rendre compte. Cependant, loin d'être aussi sombre que son apparence pouvait le laisser supposer, sa personnalité lui autorisait parfois une certaine forme d'humour. Certes, certes, ce n'était pas l'humour potache ou bien encore simpliste que l'on pouvait retrouver chez la plupart des gens, mais plutôt un humour entre la plaisanterie et le sérieux. D'ailleurs, rien que sa manière posé de faire de l'humour rendait tendancieux ses propos humoristiques. Pour qui ne la connaissait pas un tant soit peu, il était très difficile de dire si elle parlait sérieusement ou non. C'était là, un de ses charmes les plus troublants sans doute...

Délicatement, Juliette déposa sa cape humide sur le dossier du second canapé et fit un tour sur elle-même afin de visualiser le petit salon dans son intégralité. Bien que l'ameublement se révélait des plus sommaires, la cheminée donnait à la pièce un certain cachet. La gothique romantique aimait les cheminées, elle aimait y voir dansait les flammes chancelantes et éphémères, qui mourraient à chaque instant afin de pouvoir renaître aussitôt. Le feu était la vie disait-on, c'était une image assez juste selon la jeune femme. Cet élément primaire, si ce n'était primordiale, et la vie avait en réalité bien des choses en commun. Ils naissaient... Grandissaient... Et puis... Mourraient... Ils pouvaient resplendir et illuminer tous et toutes choses, mais aussi n'être qu'une petite étincelle passant presque totalement inaperçue. Le feu était chaleureux et rassurant, comme les sentiments que les humains pouvaient ressentir... Aussi bienfaisant que des caresses sur la peau...

Malheureusement, cette brave cheminée s'était vu renié le droit de vivre, et désormais elle n'était rien de plus qu'un assemblage de pseudo marbre définitivement inerte et sans âme, se voyant ainsi transformé en élément de décor qui faisait désormais partie intégrante de ce monde sans consistance réel. Les tableaux, un peu trop nombreux au goût de la gothique romantique, témoignaient de certains passages mythologiques. En soi, ce n'était pas une mauvaise idée que d'avoir ainsi offert un certain pan de culture antique aux visiteurs, même si la plupart ne connaissaient certainement pas les épopées illustrées par chaque tableau. Ainsi était le monde moderne, soupira doucement Juliette en fixant la représentation du combat entre Persée chevauchant le célèbre Pégase et le léviathan, afin de sauver d'une mort certaine la jolie Andromède. Enfin, sans doute devait-elle être jolie... Les jeunes filles à sauver l'étaient toujours de toute manière, c'était presque devenue une condition siné qua none pour se voir octroyer ce genre de rôle dans les mythes et légendes. D'ailleurs, la mythologie moderne ne faisait pas défaut à cette règle, comme en témoignait le cinéma ou les héroïnes étaient principalement ce que les gens considéraient comme des canons de beauté. Le culte de l'image... Juliette était bien heureuse de ne pas avoir succomber à ce travers, qui rendait les femmes toutes similaires dans la forme... Et aussi, malheureusement, parfois dans le fond.

Finalement, Juliette déposa son séant sur le canapé ou sa cape reposait, et souffla délicatement. Le dit canapé était moelleux, et heureusement les propriétaires n'avaient pas opté pour un meuble d'époque qui n'était assurément plus adaptés au sens du confort de la civilisation actuelle. La gothique romantique crois avec élégance ses jambes tout en déposant son bras sur l'accoudoir rembourré du canapé, tandis qu'elle se laissa doucement aller à s'appuyer contre le dossier de ce dernier. Lorsque Jade leur demanda si Hjördis et elle n'étaient pas trop effrayée par le décorum résolument kitsh à souhait, Juliette ne put réprimer un petit rire délicieusement musicale...

"Toi qui partage ma chambre, tu es mieux placé que quiconque, pour savoir que ce n'est pas ce genre de chose qui va me faire peur, n'est-ce pas..?"

Lui dit-elle, visiblement amusée. Certes, la gothique romantique avait des peurs, comme tout un chacun... Mais contrairement à la majorité, ses peurs n'étaient sans doute pas de la même nature que cette même majorité.

"Mais un décorum de l'antiquité pour un salon de thé, j'avoue que c'est assez surprenant dans le sens ou le thé n'était pas vraiment d'usage à cette époque... Même parmi les dieux."

Ajouta encore Juliette, vaguement songeuse. En même temps, derrière cette idée bon enfant il n'y avait finalement aucun respect pour l'aspect historique de la sens, mais uniquement du commerce en bonne et due forme.En soit ce n'était pas un mal, mais elle trouvait tellement dommage que les propriétaires des lieux n'aient pas concilié ces deux aspects... C'était sur, selon Juliette cela aurait donné plus d'attrait réel pour l'établissement qui se voulait olympien. Elle reprit encore la parole, et dit :

"Mais ne nous attardons pas sur les détails... C'est un endroit surprenant, mais plutôt bien reconstitué cela dit. passons commande, et tout à l'heure nous irons dans la petite boutique de vêtements du centre ville. J'ai... Besoin d'acheter quelques petites choses..."

Conclu Juliette, en jetant un regard en direction de Hjördis emmitouflé dans ses vêtements, certes pratique, mais peu apte à mettre en valeur la beauté qui était la sienne. Elle ne vivait plus en Islande après tout, il lui fallait donc commencer à s'habiller en conséquence.

"Ah! d'accord..."

La perche blonde fut visiblement plus détendue de savoir que la salle de bain était en fait une annexe de la salle à manger. Nulle part dans ses souvenirs il y avait trace de repas pris dans une baignoire dans un restaurant, a moins que ce soit dans les endroits très très très branchés. Situé entre le classique et le bizarre, l'Olympe était supportable. En fait, c'était la première fois depuis qu'elle avait quitté l'auberge de Laugafell qu'elle se retrouvait dans un lieu de ce genre. Surtout comme cliente.

Suivant les pas de Jade, elles se retrouvèrent dans une salle isolée et discrète, meublée de deux grands canapés et d'une table basse. La cheminée était murée et ça surprenait un peu la jeune fille. Elle n'avait pas encore vu de feu de bois vu la végétation de son île natale et n'aurait pas été contre ce spectacle. S'installant sans cérémonie dans un des fauteuils, elle écarta les bras en poussant un long soupir de satisfaction.

"C'est confortable, ça me suffit. Voyons voir..."

Elle se penchait en avant pour prendre la carte du menu sur la table quand elle s'arrêta brutalement à mi-chemin, immobile. Le tableau que Juliette venait de regarder... Un élément venait de capter toute son attention. Un bellâtre chevauchant un destrier ailé faisait face à une créature monstrueuse des mers, un Kraken à n'en pas douter. Une femme peu vêtue était enchaînée à un rocher et visiblement promis à un avenir peu brillant. Mais ce n'étaient que des détails. L'homme tenait quelque chose en main. Une tête tranchée dont les cheveux n'étaient autre que des serpents.

"...La méduse..."

Amarenna avait parlé d'une créature mythologique dotée d'un nom marin pour décrire miss Tête de Serpent qu'elle avait croisée par deux fois. Regardant autour d'elle et voyant qu'elle avait deux cerveaux occidentaux bien formés à disposition, elle montra du doigt la tête tranchée brandie par monsieur Je Porte un Casque et Pas d'Armure.

"... Il l'a tuée, hein? Vous savez comment il a fait?"

Si ça se trouvait, Miss Tête de Serpents avait les mêmes faiblesses que son "ancêtre". Hjördis avait totalement zapée que Amarenna, avec son éducation, savait ce genre de détails. Se rappelant être dans un salon de thé avec fondant au chocolat et tout. Retournant dans le fauteuil et bafouillant quelques excuses pathétiques, elle chercha un autre sujet de conversation pendant qu'elle se choisissait un thé vert. Pas la moindre idée de ce que c'était, mais ce n'était pas trop cher, c'était l'essentiel.

"Hum hum. Sinon, à part ça, Juliette, tu savait que Viconia avait fait des études d'art avant de venir aux Etat-Unis. Elle est persuadée que je pourrais faire de la sculpture ou des trucs comme ça..."

Jade savait danser, Amarenna utiliser un art martial magnifique, Juliette avait de gros potentiels artistiques, Viconia était une peintre émérite... et Hjördis semblait plus faite pour casser les pierres qu'autre chose. Retour du tic nerveux qui lui faisait lui gratter l'arrière de la tête. La gothique avait parlé de faire du shopping. Encore un acte hors-norme pour Snorri qui n'était pas allée plus loin que les boutiques rustres du port.

Georgia à Juliette a écrit:"Hello ma belle, tu fais quoi de beau ? On pourrait peut être se voir, non ?"

Le soulagement se fit lorsque les deux jeunes filles s’installèrent enfin. L’environnement était encore un peu sujet à débat, mais la bonne volonté y était, c’était le principal. Cela dit, il était assez normal d’être un peu surpris par un endroit comme celui-ci. Les propriétaires avaient dû vouloir concilier en un seul lieu, les deux passions de leur vie. Pourquoi pas, C’était le genre de choses que Jade encourageait, et puisque la jeune fille était passionnée d’histoire antique et de mythologie, ce ne pouvait que lui convenir. Ajoutés à ça leurs canapés, somme toute bien confortables, Jade était loin de regretter son choix.

S’enfonçant un peu plus dans ledit canapé, Jade observa Juliette qui, avec la délicatesse qui lui était propre, se débarrassait de sa cape avant de s’installer enfin. La jeune Française la regardait avec le sourire. A son sens, ce n’était pas parce qu’elle était gothique, qu’elle ne pouvait être effrayée par des lieux. Bien sûr, leur chambre était un bon exemple de décalage culturel, mais cet édifice en était un autre. Hjordis venait également de s’installer et semblait satisfaite du confort également. Voici donc une bonne chose de faite!

"Oui commandons!" Fit Jade en se redressant pour atteindre une des cartes de l’établissement. Elle se réincrusta ensuite dans le canapé ouvrant la carte qu’elle referma quasiment aussitôt, puis reposa celle-ci sur la carte. "Inutile! Je sais déjà ce que je prends." Dit elle alors, les yeux pétillants. Jade espérait que le magasin que la jolie gothique voulait ensuite visiter faisait parti du genre de magasins où elle se fournissait pour sa garde robe. Elle avait bien envie de voir à quoi cela pouvait ressembler. Et qui sait, peut être trouverait elle quelques petites babioles pas trop chaine ou cuir. "Ok! Super!" Lui répondit elle simplement avec le sourire.

L’esprit de Hjordis se perdait dans les tableaux de la salle. Jade tourna les yeux vers elle en souriant. Elle avait jeté son dévolu sur un épisode mythologique de plus classiques qui avait inspiré tellement de choses plus modernes, comme en particulier le mythe du prince charmant délivrant sa dulcinée. Sans faire état des multiples versions du mythe, Jade choisit de répondre succinctement à l’Islandaise en lui épargnant les longs discours dans lesquels elle avait tendance à s’éparpiller sur ce sujet.

"Aidé par plusieurs dieux, invisible et silencieux, il décapita le monstre hideux quand le sommeil masquait ses yeux!"

La jeune fille ajouta une petite touche lyrique et poétique et pris une voix légèrement éthérée, comme elle le faisait souvent également dans ces cas là. Elle sourit ensuite généreusement à la jeune fille. ‘Pas certain qu’elle ait vraiment donné tous les détails essentiels en fin de compte, mais elle était fière de sa tirade.

Cette anecdote fit naitre une petite réflexion chez Jade : invisibilité, vol, super vitesse, super force… Les récits mythologiques, avec tous leurs héros, n’étaient ils pas inspirés de faits réels de manifestations de mutants ? Après tout, on ne savait pas si les mutants avaient existé au temps d’Homère et compagnie. Les yeux de la jeune fille s’illuminèrent à nouveau : c’était le genre de choses qu’elle aimerait réussir à découvrir un jour. Peut être l’étude d’objets anciens pourraient révéler une découverte de ce genre qui serait sans nul doute révolutionnaire. Et cette découverte, serait effectuée par la grande archéologue Jade Moran ! Cela sonnait plutôt bien… Vivement dans dix ou vingt ans!

Puis Hjordis leur appris une partie du parcours de Viconia. Décidément, encore une passionnée d’art! Visiblement, elle avait détecté chez la bucheronne des capacités de finesse enfouie.

"Tu pourrais essayer, la sculpture! A l’Institut, tu devrais pouvoir faire ça. L’avantage, c’est que tu as le choix de la matière, et la matière première, tu pourrais toi-même te la fournir. C’est super joli la sculpture sur glace!"

La jeune Française baissa d’un ton à la fin de sa phrase. Elle pouvait enfin passer sa commande puisqu’une serveuse venait d’entrer dans la pièce.

"Bonjour!" Dit Jade "Pour moi ce sera un thé à la vanille et une part de fondant au chocolat. Et si possible, j’aimerais de la crème anglaise avec, s’il vous plait!.. Oooh! Et de la chantilly aussi!!"

Après une légère hésitation entre un milkshake vanille et un thé, le verdict était tombé. L’avantage avec Jade, c’est qu’elle pouvait ingurgiter plein de choses que beaucoup de filles s’interdisaient, sans prendre un seul gramme. Pourquoi s’en priver, donc!

Jade passa commande à la serveuse qui venait de pénétrer dans le petit salon, et en l'écoutant Juliette s'interrogea quelque peu sur la véritable motivation de la jeune fille pour venir ici, en l'écoutant presque saliver sur les pâtisseries plutôt que sur l'objet même qui présidait à l'existence de ce lieu. La gourmandise était un très vilain défaut parait-il... Pour la gothique romantique, il ne l'était finalement guère plus qu'un autre. Lorsque ce fut son tour d'exprimer son désir, la jeune femme dit à la serveuse sans même jeter un seul regard à la carte :

"Pour ma part, ce sera un thé sombre, du Tuo Cha si vous en avez... Et je prendrai aussi une part de ce fondant, qui semble tant allécher cette jeune fille..."

Conclu-t-elle, en désignant Jade d'un geste gracile de la main. Juliette ne se moquait certes pas de sa colocataire assurément gourmande, mais elle était toujours amusée de voir des gens aussi généreux dans l'expression de leur désir, là ou elle-même ne pouvait s'empêcher de garder une certaine retenue. C'était bien entendue une question d'éducation, car être enfant de diplomate nécessitait un comportement des plus irréprochable, mais c'était aussi quelque chose de plus profond, de plus personnel... Un peu comme si c'était dans sa nature même, d'être ainsi. Le genre de détail, qui la différenciait encore un peu plus de la plupart des jeunes femmes de sa génération.

Lorsque Jade répondit à l'interrogation de Hjördis concernant le mythologique héros et la reine à la chevelure reptilienne, la gothique romantique ne pu s'empêcher de tiquer légèrement en jetant un regard perplexe sur celle-ci. L'histoire que elle-même connaissait ne ressemblait pas vraiment à ce qu'elle venait de répondre à l'islandaise... Tout en moins, pas sur la fin de la méduse. Désireuse de savoir qui avait été trompé sur le sujet, Juliette demanda alors à Jade :

"Tu es certaine de ça..? J'ai toujours entendu dire que Persée avait vaincu la méduse en évitant son regard, se guidant uniquement sur le reflet de celle-ci dans son bouclier réfléchissant pour pouvoir la décapiter... Cela soulève d'ailleurs un point intéressant selon moi. Est-ce que le pouvoir de la méduse résidait uniquement dans son regard, ou bien n'était-ce pas plutôt uniquement une sorte d'interface, entre le regard d'autrui et un éventuel pouvoir purement psychique..? Ceci expliquerait en partie pourquoi son regard n'avait aucun effet au travers du reflet que son bouclier renvoyait à Persée..."

Poursuivit Juliette, toujours avide de connaitre le fond des choses même si, pour cela, elle devait commencer à échafauder des théories contre lesquelles les puristes crieraient sans doute au scandales et à la dénaturation du mythe plusieurs fois millénaire. Mais quoi qu'il en fut réellement, un fait été certain... La méduse avait bel et bien perdu la tête, au sens le plus propre du terme. Au propos de Hjördis concernant Viconia et l'art, Juliette Hocha lentement la tête afin d'approuver...

"Oui, je savais pour Viconia... D'ailleurs, c'est moi qui l'ai amené à l'institut, après l'avoir rencontrer au Juliette's qui se situe à quelques rues d'ici. Nous avons d'ailleu..."

Juliette s'interrompit brutalement, s'empêchant ainsi de révéler ce qu'il s'était passé ce soir là. Elle le savait, elle avait fait preuve d'une grande imprudence que les professeurs lui reprocheraient sans doute, mais elle ne l'avait fait que pour épargner d'éventuelles victimes. Après tout, c'était à ce genre de chose que devaient servir leur pouvoir, aider les gens, pour qu'ils comprennent que les mutants n'étaient pas un danger pour ceux qui ne l'étaient pas. quoiqu'il en soit, ces évènements devaient rester entre elle, Viconia et l'adorable petite poupée blonde qui les accompagnaient. Pour éviter une interrogation sur cet arrêt soudain, la gothique romantique rebondit sur le propos de jade concernant l'islandaise...

"Oui, elle a raison tu sais... tout comme Viconia, je pense que tu pourrais en effet t'essayer à la sculpture qui correspond peut-être le plus à ta nature. Travailler la matière brute, afin d'en révéler toute la splendeur et la grâce... Je pense que, en effet, tu pourrais y trouver un réel épanouissement. De plus, tu produiras sans doute un jour de la glace solide, sur laquelle tu pourras travailler? Mais en attendant tu pourrais toujours t'exercer sur la pierre ou le bois... En tout cas, je pense que tu devrais essayer et sache que si tu as besoin de conseils, tu pourras compter sur nous."

Conclu Juliette, dans un sourire adressé à Hjördis. Un sourire sincère, bien que très peu étiré, qui illumina faiblement le visage naturellement mélancolique de la jeune femme. Mais avant qu'elle ne puisse ajouter le moindre mot, des vibrations se firent ressentir au creux de ses seins compressés par le corset intégré à sa robe. quelqu'un essayait de la contacter, via son communicateur amoureusement protégé des chocs. Après avoir plongé quelques uns de ses doigts à l'intérieur de son décolleté avec une dextérité dénotant d'une habitude certaine de la chose, Juliette en extirpa le communicateur qu'elle ouvrit par la suite. Avec étonnement, elle pu constater que c'était Georgia qui tentait de la contacter. Elle ne l'avait plus vraiment rencontrer depuis la soirée d'anniversaire de l'institut, sans doute bien trop occupée qu'elle était à tenter de convaincre sa bouillante irlandaise qu'il ne s'était rien passé entres elles... exceptè un baiser fugace, mais Georgia n'était tout de même pas assez stupide pour tout gâcher en avouant ce petit écart de sa part à sa belle ivre de jalousie. En retour à son message, Juliette lui répondit :

"Je suis à l'Olympe, un salon de thé dans le centre-ville, avec Jade et Hjördis... Pourquoi tu ne nous rejoindrais pas..? On passerais ainsi l'après-midi toute les quatre. On va t'attendre une petite demi-heure si jamais tu veux venir."

Puis Juliette fit doucement glisser son communicateur dans son doux cocon de chair, après l'avoir éteint. Elle releva la tête vers ses deux compagnes de salon, et lmeur dit :

"Cela ne vous ennuie pas si Georgia viens nous rejoindre, n'est-ce pas..?"

L'invitation ayant déjà été lancé, c'était plus une affirmation qu'une réelle interrogation. Mais après tout, pour quelle raison ne seraient-elle pas d'accord avec l'intégration de Georgia à leur groupe en sortie.

Les deux jeunes filles prenaient leurs aises. Jade était visiblement habituée au point de ne presque pas regarder la liste de ce qui était disponible avant de faire son choix. Un choix très gourmand d'ailleurs. De son côté, Juliette a opté pour quelque chose d'imprononçable. Regardant la liste de ce qui était possible, son attention fut arrêtée par un fruit au nom précieux. Pomme d'Or? Heu... Ah! Une Golden.

"Thé vert et pomme d'or."

Hjördis était quelqu'un de frugale et qui avait appris à entretenir son corps soigneusement après une enfance assez maladive. De toute façon, peu de chance de tomber sur de la viande de mouton froide dans ce genre d'endroit! une fois la serveuse partie, elle se mit à réfléchir sur les deux versions de la légende fournies par ses deux camarades. Selon Jade, si elle avait compris, le Héros a eu sa peau pendant son sommeil. Pour la gothique, il l'avait eue en lui tournant le dos et en utilisant une espèce de miroir.

Dans les deux cas, ce n'était pas applicable à la créature qu'elle avait croisée à deux reprises : Ce n'était pas par le regard qu'elle blessait. Pour avoir échangé quelques coups, l'islandaise se doutait bien que son pouvoir était ailleurs. Il suffisait de réfléchir aux blessures infligées à Amarenna...

Secouant la tête de droite à gauche, Hjördis mit fin à cette histoire.

"Laissez tomber. La mutante que j'ai affrontée ne colle pas avec cette histoire même si elle lui ressemble. Il faudra trouver autre chose..."

Il vaut mieux retourner à de meilleurs esprits. Elles étaient là pour se changer les idées après tout. D'ailleurs, les deux autres filles semblaient mettre de grands espoirs dans les capacités artistiques de la blonde. Viconia et maintenant ces deux-là! Pourtant, le seul travail du bois qu'elle ait fait pour le moment, c'était dégager d'une planche grossière héritée du chantier les deux noms des occupants de sa chambre. Bon, d'accord, elle a taillé une ou deux mortaises au port mais assimiler ça à de l'art... Il y avait un gouffre!

Drôle de situation. Hjördis se sentait un peu décalée au milieu de ces deux personnes qui cultivaient un art de vivre fin et raffiné. Sa nature profonde n'était pas d'une grande tendresse, sa rage de réussir et sa volonté de convaincre de ses compétences ayant taillé à la fois son corps et son esprit à l'image de son île : rude et sans fioritures. Ses ex-employeurs aimaient bien la savoir robuste et ne rechignant pas à la tâche. Ne s'étant jamais vraiment retrouvée au milieu d'un groupe d'adolescents, elle manquait de points de repères pour ce qu'il fallait dire ou faire dans cette situation.

Réfléchissant à nouveau à la matière à utiliser pour la taille, la glace lui semblait la moins chère une fois que son pouvoir donnerait plus de signes de soumission. Le bois lui semblait encore plus ou moins étranger et la pierre... Comment dire, chez elle, les cailloux pouvaient percer l'acier des coques si on ne faisait pas attention. Donc faire de la sculpture sur pierre lui semblait a peu près aussi naturel qu'une baleine gambadant sur une prairie verdoyante.

"Je me ferait la main sur le bois en attendant d'avoir de la glace... Je ne garantit pas de faire quelque chose de bien, hein! J'ai jamais suivit de cours de dessin de ma vie..."

Si on lui demandait de dessiner un bonhomme, il aurait une apparence de fil de fer. Alors la sculpture... Il fallait bien qu'elle finisse par tenter sa chance dans ce domaine, rien que pour avoir une chance d'avoir une autre réputation que celle de bouchère-charcutière. A ce moment, Juliette alla chercher quelque chose dans son décolleté. Un bijou qui y est tombé? Non, le communicateur qui devait s'agiter. Elle écouta un message et invita quelqu'un à venir les rejoindre. Quand elle prit la parole face au petit groupe, la nouvelle tomba comme une brique dans un fjord. Georgia! Poussant un long soupir en se massant la mâchoire, Hjördis ne parvint pas à masquer ce qu'elle pensait de l'arrivée de sa colocataire.

"Disons que je lui survit assez bien... On est arrivées à un accord où elle me laisse relativement tranquille mais... vu qu'elle a une capacité de concentration de poisson rouge parfois... Je me demande si elle ne va pas bientôt l'oublier. Je m'inquiète plus pour vous deux parce que je crois que vous savez qu'elle aime les jolies filles..."

Il y a toujours Camille qui rôde comme un fantôme vengeur en orbite de la New-Yorkaise mais ça ne semblait pas décourager Georgia. Leurs chemins ne se croisaient vraiment que dans leur chambre mais elle espérait que l'irlandaise ne finisse pas par se poser des questions sur la relation liant les deux colocataires. de toute façon, Juliette avait déjà pris sa décision et était largement capable de gérer cette puce sous amphétamines.

Revenant à des termes plus terre à terre, elle chercha un nouveau centre de discussion mais ses passions étaient assez limitées. Réfléchissant un peu, elle parla alors d'un passe-temps auquel elle n'avait pas fait référence auparavant.

"Hum. Sinon, si vous voulez un jour faire une promenade genre randonnée, je suis disponible. Matériel, technique et habitude, je peut vous emmener très loin. Avant je partais seule sur les glaciers mais j'ai vu que maintenant on fabrique des tentes pour trois-quatre personnes facilement transportables. Se baigner dans les cascades, manger ce que l'on pêche... C'est sympa. Pas besoin de cacher sa mala... sa nature mutante. Les oiseaux parlent pas!"

Jade tira la langue en souriant, vers Juliette, lorsqu’elle vit que celle-ci avait succombé à la tentation que le fondant au chocolat avait inspiré en elle. Cependant, la vague impression d’être une grosse bouffe la prit lorsque sa seconde compagne se contenta simplement d’un thé. Peut être que ce qu’elle prenait n’allait pas la faire grossir, mais le fait qu’ils soient ingérés provoquait tout de même souvent à la jeune fille un sentiment de culpabilité. Même le thé de Jade avait l’air calorique de par son nom. Mais l’heure de se sentir coupable n’était pas encore arrivé, il tiendrait place en temps et en heure lorsque Jade s’empiffrera de gâteau maison et de leurs compléments caloriques, alors que Hjordis savourera délicatement son eau chaude avec des feuilles dedans. Voila encore une pomme d’or qui créerait des problèmes…

Apparemment, la réponse de Jade concernant l’anecdote de Persée et de la Gorgone n’était pas au goût de Juliette. Pourtant, elle qui y avait mis le ton et la forme avait été plutôt fière. Mais malheureusement, la performance n’avait pas convaincu le jury et semblait souhaiter que les choses soient mises au clair. Jade regarda Juliette puis lui sourit gentiment.

"Oui, il y a souvent plusieurs versions différentes dans les mythes Grecs. Cela dit, c’est probablement un détail que j’ai oublié, le bouclier d’Athéna, je crois!"

A n’en pas douter, une fois retournées dans leurs chambre, cette histoire sera vérifiée dans les livres de Jade et de Juliette. Peut être cette action serait le début d’une longue lignée de discussions et de débat entre les deux colocataires. Il était temps, après plus d’un mois qu’elles avaient emménagé ensemble, et pas loin de sept ou huit mois qu’elles se connaissaient. Mais le débat actuel n’était pas terminé, Juliette enchaina de suite avec une question plus existentielle que Jade apprécia à sa juste valeur.

"Je me posais justement la question tout à l’heure. On n’est pas la première génération de mutants, maintenant on le sait. Mais ci ça se trouve, déjà dans l’antiquité, les mutants existaient! Je veux dire, ce n’est quand même pas un hasard si certaines capacités mutantes font étrangement penser aux mythologies du monde entier. Héraclès était réputé pour être d’une force surhumaine, Achille particulièrement rapide, d’autre semblent aussi exercer des formes d’hypnose ou de pouvoir de suggestion. Je pense aussi à Cassandre, qui est quand même l’exemple le plus révélateur qu’on a par comparaison avec les prophètes."

Jade marqua une pause, semblant elle-même surprise de ne jamais avoir fait le rapprochement avec la Cassandre Troyenne.

"Et je pense à Mina aussi, ou Vadim, ou Sahari! On a des exemples de mutations physiques aussi avec le Minotaure, les Harpies et compagnie! Peut être que Méduse cumulait mutation physique et… heu… pas physique, quoi ! Et dans ce cas, je suis d’accord avec toi, effectivement: pouvoir psychique!! Et peut être aussi que, autant les mutations qui ne se voyaient pas semblaient magnifiques, autant les mutations physiques avaient pu inspirer l’horreur… Je ne dis pas que tout serait vrai, mais que l’inspiration de ces mythologies étaient fondées sur beaucoup plus réel qu’on ne le croit. En tout cas, si c’est vrai, la considération de ce genre de dons a drôlement dégénéré."

Et c’est sur ces mots que Hjordis mit fin au débat. Jade devint soudainement toute rouge. Elle s’était encore laissé emporter par les émois de sa passion. Et la pauvre Hjordis qui avait du subir tout cela…

Celle-ci semblait plus séduite par l’activité ou la vocation qui semblait s’offrir à elle. Jade avait presque l’impression de voir les yeux de l’Islandaise devenir moins froid. Peut être était ce l’expression de sa satisfaction d’avoir trouvé quelque chose qui pourrait bien lui plaire.

"Tu pourrais prendre quelques cours de dessin en complément, justement! Ca ne pourrait que t'aider ensuite pour la sculpture!" Ajouta simplement Jade.

Puis Juliette annonça une nouvelle terrible. Après que Georgia ait joué avec son décolleté, elle allait débarquer ici même, comme une fiente de mouette sur le Saint Suaire… Le regard de Jade croisa celui de Hjordis qui semblait apprécier la nouvelle aussi bien. Pour sa part, Jade évitait Georgia, tout comme Iacobo, comme la peste. Elle fut assez surprise voire dépitée de constater que Juliette n’en faisait pas autant.

"Non, bah non!.." Répondit-elle à Juliette sans conviction.

Hjordis ne cacha pas son avis quant à cette nouvelle venue. Il semblait y avoir un coup monté pour que Jade force sa sociabilité. Elle appréhendait la rencontre mais était prête à faire un effort, surtout que Juliette semblait y tenir. Peut être que Georgia était devenue plus supportable avec le temps… (Rire satanique en arrière fond…) Bon bah, à voir! La petite sortie allait se transformer en rencontre inter-chambres. Ainsi soit-il…

Hjordis enchaina sur cette affaire. Elle proposait d’autres éventuelles sorties avec elles. C’était plutôt bon signe, cela voulait dire que celle-ci, ne l’avait pas complètement dégouté. Petit bémol, Jade n’était pas une folle des randonnées, elle avait le mauvais souvenir d’une avec sa famille dans les alpes quand elle avait 13 ans. Entre le bruit des moustiques, de sa mère hystérique, de son père ronflant dans la tente d’à coté, de son frère qui chinait… Enfin bref… Ce que proposait Hjordis semblait tout de même plus plaisant, surtout pour le côté liberté et le "se baigner dans les cascades".

"C’est tentant, il faudra voir ca, un jour! Y'a surement des coins sympas par ici. Je suis rarement sorti de la ville, sauf pour les missions."

Si elles survivaient à ce qui les attendaient d'ici une demi heure...

Juliette hocha la tête de haut en bas, lorsque Jade leur exposa sa théorie sur les mythes de l'antiquité qui ne seraient rien de moins que les exploits d'une génération de mutants inconnue de tous...

"Comme c'est amusant... C'est exactement ce à quoi j'ai pensais il y a quelques mois, lors d'une cours de Cassandre... Je ne me souviens plus vraiment du thème philosophique débattu, mais il m'avait fait m'interroger sur cette idée de génération et de héros mythique. Il est vrai que au jour d'aujourd'hui, c'est une interrogation qui se pose selon moi... Comme tu viens de le dire, il y avait Heracles et sa sa force, ainsi que son endurance surhumaine... Ainsi que Poséïdon et son contrôle sur les océans, soit de l'hydrokinésie. En revanche, Achille était invincible, c'est Hermes qui avait une vitesse au delà de l'humain. On retrouve cette similitude dans toutes les cultures, comme par exemple Siegfried qui serrait devenu invincible lui aussi après s'être baigné dans le sang du dragon, avec toutefois, pareillement à Achille, un point faible."

Puis, Juliette se tourna en direction de Hjördis et la regarda avec un sourire malicieux avant d'ajouter en la désignant d'une geste élégant de la main :

"Peut-être même que ce sont des mutants capable de maitriser la glace et le feu qui ont donner naissance aux régions de Niflheim et de Muspellheim, dans la mythologie nordique dont nous avons ici une fort bien jolie représentante..."

La gothique romantique se détacha ensuite de l'islandaise, et enchaina :

"Il est vrai qu'il serait étonnant que les mutants ne soient apparu qu'au vingtième siècle... Peut-être que les progrès de la science, l'accélération de l'information et son accès plus aisée, ont tout simplement contribué à rendre plus grande la connaissance de ce qui n'était autrefois que des choses incompréhensible et nanti du manteau confus du surnaturel et de l'inexplicable... En tous les cas, c'est un sujet plus qu'intéressant, que quelqu'un devrait un jour songer à creuser... Si j'avais fait des études d'ethnologie, c'est peut-être le thème que j'aurais choisi pour ma thèse..."

Conclu finalement Juliette, le regard un peu rêveur. Son esprit était rempli de tant de curiosité, pour laquelle le nombre de réponse n'était malheureusement pas légion. Les dieux et le héros mythologique étaient-ils des mutants..? Peut-être bien... Mais qui pourrait bien l'affirmer au jour d'aujourd'hui...

"Il nous faudrait un mutant doté de la capacité à manipuler l'espace-temps..."

Dit-elle encore, dans un souffle... Avant de s'apercevoir à son tour que toute cette discussion purement théorique semblait ne pas intéresser Hjördis plus que cela. Cela dit, Juliette et sa colocataire s'étaient visiblement trouvé un intérêt commun sur lequel, éventuellement, elles pourraient débattre lors des longues soirées d'hiver, Jade emmitouflé dans son lit et Juliette... Lové dans son cercueil au doux et caressant satin à mi chemin entre le violet et le pourpre. Lorsque Hjördis s'inquiéta des grands espoirs qui étaient mis dans ses talents artistiques, la gothique romantique lui répondit :

"Ne t'en fais pas, tu sais que tu pourras compter sur Viconia et moi pour t'aider... Nous pourrons même t'apprendre à appréhender l'espace tridimensionnel, afin que tu puisse t'y repérer très facilement. C'est très important de savoir se repérer dans un espace en trois dimensions lorsque l'on dessine ou que l'on sculpte tu sais... C'est ce qui donne vie à l'œuvre... Hauteur, largeur, profondeur... Lorsque tu auras su assimiler ces trois données essentielles, tu n'auras plus que à laisser ta créativité s'exprimer, tu peux me faire confiance Hjördis."

Pour donner peut-être une image plus simple à l'adolescente venue du froid, Juliette ajouta encore une dernière parole...

"C'est comme... Savoir se diriger dans un océan on l'on se serait plonger, et ou il n'y aurait que l'eau comme seul et unique horizon, quelque soit la direction ou tu diriges ton regard."

Oui... C'était plutôt bien trouvé selon la gothique romantique... Classique, mais plus accessible que la notion de repérage dans un espace vide de toutes choses, la notion de vide et de néant étant elles mêmes déjà bien complexe dans leur absence de matérialité physique cher aux êtres humains qu'ils étaient. Lorsque Juliette annonça la probable venue de Georgia au salon de thé, les réactions de ses deux compagnes laissèrent un léger sentiment de désapprobation sous-jacent planer dans l'air. Contrairement à Jade qui tenta de dissimuler maladroitement son ennui de la chose, HJördis quand à elle se montra comme à son habitude plus directe. La gothique romantique se demanda alors si elle avait eu raison de demander à la blonde anarchiste des bacs à sables, de venir les rejoindre. Elle porta sa tasse de thé à ses lèvres tout en demeurant silencieuse, et en but doucement une longue gorgée avant de reposer la tasse sur sa sous-tasse.

"Peut-être que Georgia ne viendra pas... comme vient si justement de le souligner Hjördis, elle a une certaine tendance à... S'égarer dans ses projets, c'est un fait. Mais ne vous inquiétez pas les filles,je pense qu'elle à déjà trouvé quelqu'un sur qui jeter son dévolu, et de plus elle doit gérer une certaine chose avec Camille. Elle est comme un papillon vous savez... Une fleur... Et puis une autre... Il en va de même de ses envies et de ses intentions, c'est toujours quelque chose de fluctuant et que l'on ne peux pas vraiment prévoir..."

Conclu finalement Juliette, qui tenta ainsi de rassurer les deux jeunes filles...Elles s'inquiétaient des préférences sexuelles de Georgia..? Découpant une part de son fondant au chocolat avec sa fourchette, la gothique romantique le porta ensuite à sa bouche ou il disparut en un clin d'œil... En constatant la réaction de Hjördis et Jade sur le sujet, Juliette se félicita de sa décision ne pas avoir étaler au grand jour son homosexualité, et ce depuis le jour de son arrivée à l'institut. En effet, sans doute se comporteraient-elles de manière bien différente si elles savaient... Et Jade..? Elle qui passait ses nuits dans la même chambre que Juliette, qui n'hésitait pas à se promener en petite tenue devant elle, puisque toutes les deux nées femme... La gothique romantique ne se faisait pas d'illusion sur sa réaction, elle ne connaissait que trop bien la nature humaine pour ça. Ce petit rappel inhérent à sa condition lui donna une légère moue de déception, qu'elle gomma cependant très rapidement en rebondissant sur la proposition de Hjördis tout en avalant à nouveau une gorgée de ce délicieux thé...

"C'est une bonne idée ma foi... J'avoue que je n'ai encore jamais campé, ni même dormi en dehors d'une maison avec ses quatre murs bien en dur... Pourtant, j'en ai vu des pays, vous pouvez me croire. Mais comme pour mon père les vacances rimaient aussi avec travail, nous devions absolument demeurer dans les villas afin qu'il puisse être joint à n'importe quel moment de la journée."

Villa... Sans même s'en rendre compte, sans doute mût par une habitude devenue presque naturelle, Juliette avait employer ce termes aussi aisément que celui d'hôtel pour la grande majorité des gens. Louer ou bien prêter par des amis, des connaissances, la gothique romantique et ses parents n'avaient jamais eu à aller à l'hôtel pour leur nombreuses vacances aux quatre coins du monde. Une chose devenue normale pour elle, oubliant parfois que ce n'était nullement là une généralité parmi la population.

"On devrait songer à préparer quelque chose pour les prochaine vacances d'été dans ce cas.... Puisque tu sembles avoir le plus d'expérience en la matière Hjördis, on te laisseras nous guider dans ce projet..."

Dit-elle à l'islandaise, dans un clin d'œil complice. Puis elle reporta son attention sur Jade, et lui dit :

"Ce fondant est vraiment délicieux, je me demande ou ils se le procurent..."

Juste avant d'en avaler à nouveau un morceau...

La discussion autour de la Méduse commença à prendre le tour d'un drôle de match avant que le sujet ne parte en vrille dans un domaine qui était furieusement familier à l'islandaise. Elle laissa les deux jeunes filles discuter, réfléchissant sur les implications de ce qui venait d'être dit et le rapport avec la possibilité qu'une mutante comme elle aurait VRAIMENT put être Freyja.

Non, le sujet méritait vraiment d'être creusé. Hommes et créatures de légende qui ne sont que des mutants célèbres? Après tout, pourquoi pas! Eux au moins étaient parvenus à imposer leurs qualités au reste du monde! Heu... la plupart n'avaient pas des fins heureuses à bien y repenser...

La discussion s'enflammait un peu et Hjördis eut la sensation qu'elle allait jeter du napalm sur le feu.

"Je connais la personne qu'il nous faut..."

Souriante, elle avala une gorgée du thé. Amer, très amer. Un morceau de sucre y fut ajouté.

"Wendy Chase, un ethnogéologiste. Il fait des recherches sur les mutants du passé en grattant les cailloux... Je l'ai croisé en Islande et j'ai encore son numéro de téléphone. Ce serait étonnant qu'il n'ait pas pensé à la même chose et il connaît peut-être un collègue grosse tête qui travaille dessus."

Allez savoir où il se trouvait à présent! Peut-être à une conférence de Monsieur Olivier? Les deux camarades semblaient mettre vraiment de gros espoirs dans les talents cachés de Snorri et il allait falloir trimer dur pour ne pas les décevoir. Décision fut prise de s'entraîner en cachette avant le premier cours, histoire de ne pas être trop ridicule. Se repérer dans l'espoir, comme le racontait Juliette, était un concept qui commençait à l'inquiéter.

Et Georgia... Jade ne semblait pas chaude à l'idée de la rencontrer dans cet espace étroit. A n'en pas douter, elle aurait les mains baladeuses. La gothique avait bien résumé l'esprit volage de la blonde sous acide et cela attrista un peu Hjördis qui ne savait pas que la frivolité de sa colocataire atteignait ce point.

"C'est triste pour Camille. Je ne suis pas très douée pour ça mais je pourrais essayer de la persuader d'être plus fidèle. C'est vrai quoi, elles forment un joli couple. Et ça me ferait des vacances..."

Si ces deux-là partageaient la même chambre, cela ferait des vacances à beaucoup de monde d'ailleurs. Elle pourrait enfin sortir ses affaires de son armoire fermée à clé car l'attitude de Georgia avec ce qui est dans la chambre était du genre "ce qui est à moi est à moi et ce qui est à toi est négociable." Juliette ne semblait pas très contente de leur réactions mais vu qu'elles étaient depuis plus de temps dans l'institut il était fort probable qu'elles soient tombées sur un accord ressemblant à celui qui lie Snorri à sa colocataire. reprenant du poil de la bête, elle précisa sa pensée concernant la virée qu'elle avait en tête.

"Si je peut faire une randonnée cet été, ce sera dans l'endroit que je connais le plus : la campagne qui m'a vue naître! Les moustiques n'y piquent pas, la seule bête sauvage que l'on peut croiser c'est des renards timides... On a face à soi que deux obstacles : l'île et sa propre volonté à avancer!"

Elle eut un petit doute : Jusqu'à présent, elle n'avait pas caché le côté chaotique de son île natale aux autres résidents. Se reprenant, elle céda aux impératifs techniques et à la nature moins robuste de ses interlocutrices.

"Hum... L'Islande, c'est loin... On peut toujours tenter dans le Vermont, le professeur Cassandre y était allée il n'y a pas si longtemps..."

Les regards de Juliette et de Jade se furent intenses à mesure qu’elles débattaient de mythologie. Elles semblaient penser à la même chose : ceci devait être le premier d’une longue série de débats entre elles.

"Je pense que je me pencherais sur la question. Moi qui suis en plein en train de chercher ma future vocation, il faudra que je me penche sur le parcours de ce Monsieur Chase."

Peut être sera-t-il la révélation de sa propre vocation… Depuis quelques temps, l’amatrice-de-vanille-sous-toutes-ses-formes réfléchissait beaucoup à la question. Pour elle, trouver un métier par passion était presque une condition sine qua non. Avec une telle vocation, elle pourrait assurément mêler plusieurs de ses passions, dont sa passion croissante pour la condition mutante. L’étude de ses origines, en voila un bon domaine! Et voila de quoi la faire travailler dans la joie et la bonne humeur.

Mais pour l’heure, son avenir risquait fortement d’être compromis au vu du cataclysme qui devait déjà courir pour les rejoindre et cracher son venin. Non ! Jade ne détestait pas Georgia ! Enfin… … … Non ! Elle ne pouvait simplement pas supporter sa présence sans finir dans le bureau de Cassandre pour une séance de regonflage de moral. Et qu’allait-elle dire à propos du lieu ? Déjà que Hjordis, et surtout Juliette, avaient nécessité un petit temps d’adaptation… Mais, délivrance ! D’après Juliette, il y avait un petit espoir ~~pour que la fin du monde~~ pour que Georgia n’arrive pas, mais elle ajouta quelque chose d’étrange qui mit la puce à l’oreille de l’OryX. Ceci expliquait la mauvaise humeur chronique de Camille ces derniers temps : Georgia aurait été butiné une autre fleur… Et Jade qui n’était même pas au courant alors qu’elles étaient dans la même équipe! Tout le monde avait l’air de savoir… Hmm, la situation risquait d’être encore pire. Sans un minimum pour la retenir un peu dans ses élans révolutionnaires et hormonaux, elle risquait d’être encore plus insupportable.

Il fallait absolument qu’elle évite de penser à tout cela. Jade enfourna une nouvelle bouchée de son fondant au chocolat avec crème anglaise et supplément chantilly. Qui disait que les petits plaisirs de la vie ne résolvaient pas tout ? Le sujet se poursuivit sur les sorties randonnées dans la nature. Puisque Juliette avait demandé plus tôt ce qu’avaient fait les OryX en mission, il était temps de lui annoncer la sombre vérité.

"En tout cas, ca ne pourra qu’être mieux que notre dernière mission. Tant qu’on ne se fait pas une randonnée Egouts-Party, il n’y aura aucun problème. Comme vous le voyez, on s’éclate chez les OryX! On a affronté une eau froide et poisseuse, vaincu des rats, survécu à des infarctus à répétition… Et bien sur, une fois qu’on ait rencontrés ceux que l’on cherchait, ils tentent de nous tuer…"

La jeune fille visionnait de nouveau le projectile envoyé par le Under, qui avait bien failli la tuer. Une légère moue apparue sur son visage. Heureusement que Lucas avait été là pour la sauver… Enfin, Jason plutôt… Emergeant de son rêve éveillé, Jade sourit à Juliette, apparemment satisfaite du gâteau.

"Ils ne se le procurent nulle part, tout est fait-maison!"

De son côté, Hjordis continuait de leur trouver des projets de randonnées pour l’été.

"C’est vrai que les Nexus font toujours des sorties dans des beaux endroits, eux. On pourrait presque leur demander conseil pour savoir où aller."

Petite pensée pour Georgia la Nexus, probablement déjà à l’entrée de l’Olympe, la sueur lui coulant du front, les yeux rougeoyants d’une envie meurtrière.

Chambre de Viconia & Claire

Réapparaissant dans la rue avec Annaelle, Georgia put expérimenter le froid de l'extérieur et la pluie soutenue qui y régnait. Son blouson en cuir n'aurait pas été de trop.

Et puis, elle nota mentalement pour la prochaine fois d'éviter ce genre de trajet un peu clinquant et un peu ostensible, surtout quand on arrivait en extérieur : une chance que personne ne fasse réellement gaffe à personne dans les villes modernes.

Ne désirant pas se retrouver trempée jusqu'à l'os, Georgia regarda un instant Annaelle et lui lança :

"En route, Miss Blabla, on a une boisson chaude qui nous attend et trois jolies jeunes filles !"

Et sans plus attendre, Georgia se mit à cavaler sous la pluie, tentant sans aucun succès de zigzaguer entre les gouttes tout en miaulant frénétiquement (peut être qu'en criant on sentait moins le froid et l'humide ?).

Heureusement leur point de chute n'était pas très éloigné du café en question. Les cheveux dégoulinants de flotte, le T-Shirt trempé et ses pieds faisant floc floc dans ses chaussures, Georgia se retrouva devant la porte de l'établissement dit de "L'Olympe". Elle s'ébroua, telle une minette de gouttière, rapidement juste à côté de la devanture. Puis elle tenta de recoiffer ses cheveux à la diable avec le peigne de ses doigts. Sans grand succès. Elle aviserait à l'intérieur.

L'intérieur justement était... Spécial. Manquant de se cogner contre la statue de Zeus, Georgia tira une drôle de mine : les messieurs tout nus avaient tendance à la décontenancer. Mais ne désirant pas se faire remarquer plus que de raison, elle décida de passer outre et de trouver où avaient bien pu se fourrer les trois filles.

La New Yorkaise sourit comme une bienheureuse : l'idée de passer une après midi entre filles la transportait de joie ! Et puis, c'était un beau tir groupé : Snorki sa colloc, Jade l'amatrice de nem et sa nouvelle copine non officielle Juliette.

Sans grande surprise, Georgia trouva les 3 filles à l'écart, isolées dans une pièce de cet établissement. Elle ne fit guère attention aux tableaux mythologiques et soigna son entrée.

C'est une Georgia trempée, les bras tendus vers le ciel, qui apparut dans le petit salon. Un large sourire était affiché sur son visage radieux.

"Voici venir le soleil de vos vies, les belles ! Je suis TELLEMENT contente de vous voir toutes ici !"

Et c'était pas faux : après tout, elle ne se rappelait que trop cruellement qu'elle avait failli crever dans l'espace, il n'y avait pas si longtemps de cela...

Georgia fit quelques pas en direction du groupe, toujours toute sourire et ses godasses faisant un fort bruit d'eau.

"Salut Snorki, salut Jade, ça roule ? Annaelle arrive aussi... J'imagine"

En fait, elle avait tellement cavalée qu'elle ne s'était pas réellement préoccupée de savoir si la canadienne la suivait ou pas.

Puis last but not least, la New Yorkaise s'approcha, dans un floc floc grotesque, du canapé où était assise Juliette.

"Hello, beauté..." commença-t-elle en approchant ses lèvres de celles de la gothique dans l'intention clairement affichée de l'embrasser.

Le Vermont.. ? Le Vermont..!? LE VERMONT.. !!?

Bien qu’elle ne lui en voulu pas l’ombre d’un instant de sa maladresse qui n’était sans doute qu’une attention bien généreuse de sa part, Juliette Ne pu s’empêcher de lever les yeux au ciel… Le Vermont… Et Jade qui visiblement était d’accord avec Hjördis… Il était vrai que la gothique romantique pouvait paraître un peu fragile, mais c’était cependant loin d’être le cas. Après avoir avalé une nouvelle gorgée de son thé, elle dit alors à ses deux compagnes de salon :

‘’Je ne doute pas que le Vermont, ou tous autres endroits similaires soit très joli, mais entres nous je préfèrerais que nous allions visiter l’île qui à vu naître Hjördis. Je pense en effet que pour connaître vraiment une personne il faut aussi connaître son environnement, et ce serai là une très bonne occasion de le faire.’’

Puis, elle s’adressa plus particulièrement à l’islandaise, et lui dit dans un demi amusement :

‘’Ne t’en fais pas, Jade et moi on est pas aussi fragile que on pourrait le penser tu sais… Personnellement, j’ai pratiqué une activité sportive durant près d’une quinzaine d’années, et j’ai même atteint des niveaux de compétition, ma foi fort honorable selon moi…’’

IL était vrai que cette état de fait ne se reflétait pas dans son apparence perpétuellement soignée et distinguée, mais Juliette était une véritable sportive accomplie dans tous les sens du terme…Même si, en effet, des petites séances de remise à niveau ne serait sans doute pas inutile depuis tous ce temps. Mais Juliette avait confiance en ses capacités physique, entretenu par les entraînements en salle des dangers… Lorsque Hjördis leur parla de ce chercheur qu’elle avait rencontré, la gothique romantique ne pu que acquiescer d’un hochement de tête à sa proposition, suivi des paroles de Jade. Il était vrai que jamais encore, elle ne s’était imaginé que quelqu’un puisse s’intéresser ainsi à l’histoire des mutants du passé. Mais Si cela pouvait ouvrir une voie à sa colocataire pour son avenir, alors en effet il fallait essayer de contacter ce docteur Chase, ainsi que ses éventuels collègues susceptible de travailler sur le sujet.

‘’Tu seras peut-être la Jade Darwin de l’espèce mutante, Celle qui offrira au monde la source de nos origines.’’

Dit alors Juliette en un clin d’œil complice adressé aux deux jeunes filles. A mi chemin entre l’amusement et le sérieux, la gothique romantique se disait que ce n’était peut-être pas si idiot en réalité. Après tout, toutes les espèces venaient de quelque part,. Bien sur, pour les mutants c’était un peu plus compliqué, car à la base ils étaient aussi des humains semblables aux autres… Le question était donc de savoir comment, et à quel moment certains d’entres eux avaient divergé vers la voie qui avait donné naissance à ce que l’on pourrait sans doute appeler un jour la nation mutante. .. Passionnant, Juliette trouvait tout cela follement passionnant, à n’en pas douter. Revenant partiellement sur la question de leur future voyage entre filles, Jade se mit alors à leur parler de sa dernière mission avec les Oryx. Les égouts.. ?

‘’Je vois que le professeur Fouba vous emmènes dans des endroits très… Exotique…’’

Se contenta de dire Juliette, tout en avalant gracieusement un nouveau morceau de son fondant au chocolat avant d’ajouter :

‘’J’espère que vous étiez tous à jours de vos vaccinations, parce que dans les égouts on peux attraper n’importe quelle saleté sans même sans rendre compte.’’.

Aller se promener dans les égouts… Quelle sotte idée tout de même… Les professeurs avaient parfois de bien étranges pensées selon elle. Heureusement, durant son séjour chez les JustiX, jamais ils n’avaient été obligé de se rendre dans ce genre d’endroit nauséabond et source d’infection de tout poils à chaque carrefour. Après que Juliette ai évasivement exprimé le petit problème existant entre Georgia et Camille, Hjördis se proposa spontanément pour tenter de rendre la blonde anarchiste un tout petit peu plus… Raisonnable. La gothique romantique la regarda alors avec un air étonné, mais elle pensa que c’était là une attitude fort louable de la part de la jeune fille et le lui fit d’ailleurs immédiatement remarqué :

‘‘Ce serait bien en effet Hjördis… Georgia est ta colocataire, il est vrai… Tu as donc plus souvent l’occasion de la voir en toute intimité. Tu as raison, Camille ne mérite pas de se voir ainsi malmener par la nature volage et insouciante de Georgia. Mais je pense que ce n’est pas vraiment volontaire de sa part, il me semble que elle est un peu… Comment dire… Perdue, oui… Perdue, c’est le mot… Georgia est une gentille fille, mais il faut simplement, selon moi, lui apprendre qu’il y a des limites qu’il ne faut parfois ne jamais dépasser afin de ne pas blesser les gens que l’on aimes… C’est un apprentissage, pour lequel certaines personnes ont besoin d’aide.’’

Voilà, c’était plus ou moins ce que pensait Juliette, concernant la désormais célèbre serial kisseuse qui sévissait à l’institut. Depuis son arrivée. Certaines personnes apprenaient ces limites par elles-même, avec soit l’expérience, soit la sagesse innée qui était la leur… Tandis que d’autres, réclamait uniquement une petite poussée dans la bonne direction pour retrouver ce droit chemin qui rendait la vie en communauté possible. En parlant du loup justement, ou plutôt de la serial kisseuse, elle pénétra dans le petit salon aussi abruptement qu’un coup de vent inattendu, sans doute au grand désespoir de Jade et Hjördis qui avaient sûrement du prier très fort pour que la New Yorkaise se décide finalement à ne pas venir… Ce fut peine perdue cependant, puisqu’elle arriva dans le petit salon, aussi exubérante que à son habitude. En la voyant ainsi mouillée de la tête au pied, Juliette lui dit :

‘’Bonjour Georgia… Mais pourquoi diable es-tu venu sans mettre de veste et sans prendre un parapluie.. ? Tu es toute trempée maintenant…’’

Décidément, Georgia était bien irresponsable selon la gothique romantique qui jugeait son attitude des plus déplorable pour sa santé. Certes, il ne faisait pas bien froid, mais tout de même… Ce n’était pas raisonnable, c’était… Georgia, tout simplement en fin de compte… Lorsque Juliette la vit s’approcher d’elle dans ce bruit disgracieux et affreusement ridicule avec comme intention affiché de lui déposer un baisé sur ses lèvres rosées et scintillantes. Elle stoppa net sa course à la tendresse en levant son index teinté de verni noir bien droit et en le déposant contre les lèvres affamés de la jeune fille…

‘’Il me semble que tu t’égares quelque peu ma chère…’’

Lui dit-elle alors dans un sourire avant d’ajouter :

‘’Sache que je ne fais jamais deux fois un cadeau semblable à une même personne… Goûtes plutôt ce fondant au chocolat, il est délicieux…’’

Conclu finalement Juliette, en lui déposant son assiette à dessert sous le nez de sa main libre. Tant que Georgia aurait la bouche occupée à manger, elle ne l’aurait pas à autre chose… Et il était plus sage de mettre les choses bien au clair des cet instant, afin d’éviter d’éventuels futurs malentendus assez désagréable pour le papillon virevoltant dont elle ne voulait cependant nullement brûler les ailes plus que vigoureuse.

Les deux jeunes filles semblaient très enthousiastes à l'idée de disséquer le passé à la recherche de mutants disparus depuis quelques millénaires. Le passé n'intéressait pas l'islandaise. L'ambition, si. Chercher quelque chose d'aussi complexe et gratifiant devait être le moteur qui poussait ces archéologues et autres universitaires à braver des météo capricieuses, des lieux perdus et autres dangers sanitaires. Si ça poussait à de tels extrêmes, c'est que ce devait être fort intéressant.

Si Jade ne voyait pas d'inconvénient à tenter une forêt proche, Juliette semblait insister à tenter sa chance sur l'île. Cet entrain était bizarre à ses yeux : Il était difficile de trouver plus urbaine que la gothique et plus rurale que Hjördis. La randonnée au sein de l'île n'était pas une partie de plaisir si on n'y était pas correctement préparé. La jeune fille insista sur sa condition physique qui était bien meilleure que ce qu'elle avait l'air et Snorri se contenta de hocher la tête en silence. Elle avait souvent vu des sportifs accomplis ayant escaladé des pics européens tirer une drôle de tête à la vue de la campagne islandaise. Si cette réaction l'amusait à l'époque elle ne souhaitait pas embêter ses voisines de l'Institut à présent.

Sur ce, Georgia débarqua en trombe dans le petit salon, trempée comme un poisson. Comment diable était-elle arrivée aussi vite? Elle était déjà dans le centre-ville quand elle avait appelé? Et toujours cette atroce déformation de son nom de famille... Déjà qu'elle prenait comme une insulte qu'on l'appelle par son nom de famille au lieu de son prénom si en plus elle le déformait!

"C'est Snorri. Et appelle-moi plutôt Hjördis. Ou Ran si tu trouves ça trop long..."

Sans trop de surprise, elle jeta son dévolu sur l'une d'entre elles. Ce fut Juliette qui avait visiblement tiré la courte paille virtuelle coincée dans le lobe frontal de la blonde défoncée à l'endorphine. Heureusement, elle expliqua clairement que les bisous, c'était non.

"Franchement, Georgia, tu as quelqu'un qui meurt d'envie que tu passes la journée à ses côtés! Pourquoi tu ne vas pas embrasser plutôt Camille?"

Absence totale de diplomatie, de tact ou de tendresse. Du Hjördis dans le texte, quoi! Se rendant compte qu'elle n'était pas en tête à tête avec sa colocataire, elle chercha quelques secondes après à se rattraper.

"Enfin, quoi... Elle doit pas trop aimer ça, non? Moi, je n'aimerai pas que la personne avec qui je suis va voir ailleurs. Et vu la tête qu'elle faisait quand je l'ai croisée dans les couloirs, Camille doit être un peu comme ça."

A ce moment, elle n'avait pas mise l'humeur maussade de la bretonne sur le comportement de sa petite amie. Après la discussion avec jade et sa colocataire, ça lui semblait bien plus clair à présent. Croquant dans sa Golden, le temps qu'elle mâcha dans la pomme elle tenta de réfléchir à ce qu'elle allait tenter de dire maintenant. Continuer de parler de Georgia? Ou plutôt de la ballade qu'elle prévoyait? De toute façon, Georgia en entendrait parler à un moment ou à un autre par quelqu'un...

"On parlait de se faire une randonnée en Islande. Tu devrais essayer ça. Seule dans un endroit désert avec Camille. Heu... bon, tu vois ce que je veux dire?"

Hjördis n'avait clairement pas le niveau d'une psychologue. Au contraire, c'était plutôt elle qui en avait besoin en ce moment. Entre Cassandre dont elle n'arrivait pas à digérer totalement sa survie programmée par la mort de River et Esther qui coupait les ponts avec son équipe, ce n'était pas pour demain...

La Jade Darwin de l’Espèce Mutante… Voila un titre qui plaisait bien à la jeune Française. Son nez frétillait tel un hamster devant une graine de tournesol et son imagination était déjà en pleine action pour lui faire imaginer la chose à grande échelle. Quatre bouchées de fondant au chocolat plus tard, elle revint enfin à elle, pour se rendre compte que ses yeux étaient rivés sur un tableau près de la porte, représentant un éphèbe Grec nu. Elle détourna donc son regard assez rapidement avant que l’incident ne soit remarqué et acquiesça bêtement aux propos de Juliette.

"Oui, l’Islande c’est tentant, mais je vous avouerais que cela risque d’être un peu rude comme première sortie hors-frontières. Sans compter ma venue aux Etats-Unis, bien sûr! Mais si Hjordis pense que ca ira, alors ca ira…"

Pourtant le visage de l’Islandaise, bien incapable de cacher ses pensées, semblait craindre pour la vie des deux jeunes filles. Plus Juliette en rajoutait sur leurs capacités physiques, plus Jade en doutait…

…Au loin, dans le désert de glace, une silhouette imposante apparaissait. Bravant le froid, la neige et le vent, une grande bucheronne blonde au visage grave, portait sur son épaule le corps inanimé d’une jeune femme brune, toute de noir vêtue et semblant sortir tout droit de la bourgeoisie Française de la fin du XIXème siècle. Elle trainait derrière elle, dans un sillon de sang, un deuxième cadavre, celui d’une autre jeune lycéenne brune à la peau violette, dont l’avenir lui promettait pourtant gloire et honneur, à la découverte des origines des mutants…

C’était à peu prêt comme cela que l’imagination de Jade dessinait la scène de leur expédition sur l’ile glacée… C’était pas mal en fin de compte le Vermont…

Mais de toute manière, Juliette venait de lui apprendre sa mort imminente. Elle lui faisait presque la liste de toutes les saloperies qu’elle aurait pu attraper dans la mission OryX dans les égouts, qui en ce moment même parcouraient son corps et réduisaient son espérance de vie. L’imagination de Jade, décidément ultra active ces derniers temps, commença à se demander si un rat n’allait pas bientôt lui sortir par la bouche, ou… pire!!

Jade regarda la gothique romantique les yeux écarquillés, entre l’appel à l’aide et la résignation. Alors qu’elles débattaient sur Georgia, Jade décida de se changer les idées une nouvelle fois, en retournant à la contemplation du Grec naturiste. Le minois souriant de Lucas vint alors se substituer au sien et un sourire niais vint couvrir le visage de Jade. Et ce moment fort plaisant prit fin lorsque la dégaine trempée d’une Georgia apparemment heureuse d’arriver à bon port, se posa dans l’entrée, juste devant le tableau.

…

Jade regarda la gothique romantique les yeux écarquillés, entre l’appel à l’aide et la résignation…

Les chaussures couinantes, Georgia s’approcha du petit groupe et le salua plutôt chaleureusement, prévenant qu’elle n’était pas venue seule. Après avoir regardé une nouvelle fois en direction de la porte, s’apprêtant voir débouler sa complice qu’elle ne connaissais que de vue. Jade s’enfonça un peu plus dans son canapé mais salua tout de même la nouvelle venue avec un sourire, un sourire certes un peu plus bloqué qu’à l’accoutumée, mais cependant sincère. Jade saluait toujours les gens avec le sourire, quelle que soit la situation, si ceux ci le faisaient. Juliette la freina avec classe alors qu’elle s’apprêtait vraisemblablement à la saluer à la russe. Jade prit un peu peur qu’elle ne se rattrape alors sur elle, elle saisit son assiette de fondant au chocolat qui ne contenait guère plus d’une bouchée, et le fit durer comme jamais, jouant avec la crème anglaise pour faire comme si elle était très occupée.

"Déjà là?" Dit-elle maladroitement. "Enfin j’veux dire, je pensais que vous étiez à l’Institut!.."

Et Hjordis sortit ses gros sabots. Jade la regarda presque admirative. C’était le genre de discours qu’elle ne faisait jamais, pour la simple et bonne raison que ce ne lui viendrait pas à l’esprit. Mais, là, dès son arrivée, là, hop, comme ça, Hjordis plantait le décor. L’ambiance ayant changé radicalement, Jade resta silencieuse, et plutôt mal à l’aise.

Le doigt de Juliette s'écrasant contre les lèvres impatientes de Georgia, la New Yorkaise afficha une moue de dépit : mais qu'est ce qui prenait à la gothique ? Pourtant, la soirée anniversaire ce n'était pas y a si longtemps que ça, non ?

Elle se recula légèrement, un peu déçue et d'un signe de main déclina la part de fondant au chocolat.

"Nan, c'est gentil mais... Je fais gaffe à ma ligne" mentit elle.

Se passant la main dans les cheveux, elle continua :

"Ben euh... J'étais pressée de te voir en fait. Parce que... je... t'aime bien ! C'est pour ça que j'ai pas pris de veste... Enfin jusqu'à y a quelques secondes"

Elle sourit d'une manière gauche.

"Non, en fait, après ce qui s'est passé à l'anniversaire... J'sais pas, je me disais qu'on aurait pu... se retrouver dans ton cercueil... Enfin, comme ça quoi, parce que... On est des filles et qu'on s'aime beaucoup, non ?"

Georgia tira sur son T-Shirt de manière à faire apparaître son tatouage "666" qu'elle portait sur sa clavicule en lettres gothiques.

"Pis moi aussi, je suis un peu romantique, tu vois ? Et je pourrai même te chanter mes chansons sur la vie, la mort, la dépression et la pluie..."

La New Yorkaise se sentant quelque peu ridicule, baissa tristement la tête, debout et dépitée devant le trio de copines.

Elle tendit, néanmoins, l'oreille aux propos de sa colloc'.

"Ah, pardon... Ok Hjördis. C'est noté"

Georgia se gratta à nouveau la tête. Et s'ébroua légèrement. Quelque chose d'autre dans les paroles de l'islandaise avait attiré son attention...

"Hein... Que vient faire Camille, là dedans ?"

Elle haussa les épaules en signe d'incompréhension.

"J'veux dire, on s'aime beaucoup mais... Je vois pas trop le rapport en fait. Je vois pas le problème : elle a du bien nous voir à la soirée et... Ca avait pas l'air de la gêner plus que ça... Enfin, je crois..."

Haussant du sourcil devant la répétition effrénée du prénom de sa belle dans les propos de Hjördis, elle conclut néanmoins :

"C'est sympa comme programme. J'y réfléchirai mais... Juliette, pour le cercueil ça te dit pas ? Enfin, sinon j'imagine que Jade tu pourrais nous laisser tranquilles une soirée, non ?"

Visiblement l'ex copine du nem ravi avait pas l'air à son aise. Georgia lui répondit néanmoins :

"Ben, je suis arrivée par le portail d'Annaelle. C'est pour ça que c'est allé vite. Mais comme ça on aura plus de temps à passer toutes ensemble ! Pas belle la vie ?"

Et elle conclut ses derniers propos par un clin d'œil prononcé à l'attention de Jade.

Chambre de Viconia et Claire

"OUAAAAAAAAAHHHHHhhhhhhhhhh!!!!!!!!!!!!!", fit la brunette en rentrant à la course dans la pièce."Vous savez pas ce que j'ai trouvé en m'en venant?! Regardez cette bourse!!!!", dit-elle en sortant d'un sac une petite bourse rouge. Mais son geste stoppa net lorsqu'elle vit Juliette. Elle laissa retomber la bourse dans le sac et s'approcha de la jeune femme.

"C'est pas grave. Fais toi en pas, tu sais, ça s'arrange ces choses-là. Avec un bon démaquillant ta face ne sera plus barbouillée de tous ce noir...Pis avec quelqu'un qui a un peu plus de gout, comme moi, ben on va pouvoir te trouver de beaux vêtements ou te passer de l'argent, car vu comme ça, ils doivent pas valoir bien chers...Mais c'est pas grave tu va voir tout vas s'arranger!!"

Annaelle regarda autour d'elle puis son sac d'achat, Juliette, son sac, Juliette, encore son sac et finalement elle regarda Juliette dans les yeux.

"Tiens je te la donne, ça va déjà être mieux comme ça...Tu sais, avec un "relookage" tu pourrais devenir presque aussi belle que moi!!! Non, non, non, ça fait plaisir, garde là!", dit-elle en appuyant le sac contre le ventre de la jeune fille, refusant ces protestations, même si elle en aurait eu aucune.

Se relevant, la mutante regarda tout autour, s'attardant quelques secondes superflux sur la statue du Grec nu, puis regarda les filles autour d'elle.

"Mon Dieu!!! Vous n'avez pas mangé tous ces fondants?!?! Vous savez comment ils doit y avoir de calories là-dedans? Assez pour grossir vos bourrelets, mesdames!!! Bon vous en avez pas vraiment encore, mais imaginé devenir comme Nicko!!! Devenir esclaves de la nourriture et avoir les fesses aussi grosses que celle à....notre gagnante du plus beau postérieur!"

Annaelle s'esclaffa, toute seule avec Georgia à comprendre sa blague pas très comique. Elle riait tellement qu'elle était pliée en deux lâchant de gros gloussements comme ceux d'un cochon. Lorsque sa crise de fou rire fut finie, elle essuya la larme sur le bord de son œil puis demanda aux filles: "Ça vous dit de faire quelque chose? Du shoping par exemple!"

‘’En effet Georgia, on est effectivement des filles, et moi aussi je t’aime bien…’’

Répondit Juliette à la blonde bafouillante, légèrement amusée par cette histoire de veste qu’elle exprima de manière si anodine en dépit d’une déception certaine dans la voix. Lorsque la New Yorkaise lui exprima son idée de passer du temps dans son cercueil, la gothique romantique se dit en son for intérieur qu’elle avait eu de stopper net les idées câlines de la jeune fille. Ne voulant pas cependant la heurter plus que de raison, elle se contenta de lui répondre :

‘’Malheureusement Georgia, les cercueils sont normalement fait pour n’accueillir qu’une seule personne à la fois, comme tu t’en doute certainement. ‘’

Un cercueil deux places… Certes, cela existait, mais force était d’avouer que ce n’était pas le modèle qui se vendait le plus… Ce qui en soit était plutôt une bonne chose selon Juliette, qui en dépit de son utilisation personnelle de celui qui lui appartenait, trouverait des plus douteux un tel détournement. Selon elle, dormir dans un cercueil exigeait aussi une certaine forme de respect qu’il ne fallait surtout pas dépasser… Enfin… Si un jour Cassandre lui cédait… Cette simple pensée émoustilla très vite Juliette, qui ne pu réprimer un sourire dont elle seule connaissait la raison et qui du sembler bien étrange aux autres jeunes filles présente dans la pièce. Lorsque Georgia poussa le vice non dénué d’une certaine innocence dans l’acte en lui-même en demandant implicitement à Jade de littéralement débarrasser la chambre qu’elle partageait avec la gothique romantique, celle-ci leva un sourcil et se contenta de regarder l’intéressée d’un regard ou pointait une certaine forme d’interrogation. Ici, et à cet instant précis, Jade jouait sa tranquillité d’esprit dans sa relation de colocataire avec Juliette. Une simple réponse, qui pouvait cependant changer bien des choses entre elles… Toutefois, lorsque Georgia se lança dans sa démonstration de gothique affirmée en offrant sa clavicule fièrement tatoué de ce nombre d’écriture médiéval, Juliette exprima clairement une interrogation…

‘’C’est… Joli, mais… Pourquoi est-ce que tu as le nombre de la bête tatoué sur la clavicule Georgia.. ? Est-ce que tu serais une nihiliste sataniste, adepte de l’apocalypse par hasard.. ?’’

Ca…Plus ses menaces de lui vriller les oreilles avec ses chansons sur tout ce qui était triste et sombre… Il allait vraiment falloir que Juliette lui fasse un cours sur la nature même d’une gothique romantique, c’était certain. Elle se demanda alors si c’était cela l’image que les gens avaient d‘elle… Peut-être… La jeune femme trouva cela bien triste, tant d’incompréhension… Et plus encore, de la part de gens qu’elle côtoyait tout de même chaque jour. Heureusement, Hjördis arriva sur son fier destroyer de glace et, aussi brutalement que l’on coupait un arbre, elle mit la blonde sous amphétamine face à ses responsabilités, c’était un peu rude, mais après tout… Pourquoi pas.. ? Malheureusement pour l’islandaise, ce fut comme donner un coup d’épée dans l’eau tant la réflexion de Georgia se limitait en fin de compte à ce qui lui paraissait vraiment important… Et visiblement, l’avis de Camille concernant ses frasques relationnelles ne semblait pas faire partie de ce genre de priorité… Hjördis allait donc avoir un travail de titan pour rassembler les deux jeunes filles,. La situation paraissait être devenue étrange, presque dérangeante comme Juliette pu le remarquer en regardant Jade qui gardait visiblement un silence protecteur.… Rebondissant sur la proposition de Hjördis, elle tenta de soulager un peu cette lourdeur qui avait légèrement envahi la pièce…

‘’Hjördis à raison Georgia, tu devrais songer à faire un voyage avec Camille, je suis certaine qu’elle apprécierais de passer quelques jours avec toi, surtout si tu choisis un endroit qu’elle aime beaucoup… Hjördis , jade et moi nous comptons faire un séjour en Islande cet été, tu devrais aussi commencer à songer à partager un tel séjour avec Camille… J’ai peut-être une meilleure idée encore… Et si tu l’emmener chez toi, pour la présenter à ta mère.. ? Je suis certaine que elle l’appréciera tu sais…’’

Certes, il fallait aimer le genre grognon, jaloux et bagarreur, mais les mères aimait généralement tous les enfants, c’était sans doute une option féminine qui ne devait apparaître que lorsque l’on devenait soi-même mère. De plus, une officialisation semi officielle tempèrerait éventuellement les élans de tendresse de Georgia vis-à-vis des autres… C’était à essayer, assurément. Pour contrer une fort probable tentative d’incrustation de la New Yorkaise dans leur trio pour la nord de l’Europe, Juliette s’empressa d’ajouter en jetant un regard à Hjördis :

‘’Je vous aurais bien proposer de venir avec nous en Islande, mais Hjördis pense que pour une première fois il est plus prudent de ne pas être trop nombreuse… Une question de sécurité, tu comprends.. ? Elle va déjà avoir énormément à faire avec deux novices comme Jade et moi… N’est-ce pas ce que tu nous disais Hjördis. ?’’

lui demanda Juliette, sachant que la jeune fille ne manquerait sûrement pas de prendre à bras le corps la perche ainsi tendue. Mais avant qu’elle ne puisse répondre, une chose étrange pénétra dans le petit salon. Une bouche sur patte.. ? Ha non… Non… Ce n’était en fin de compte que Annaelle… Ainsi, c’était elle dont parlait Georgia… Très rapidement, la gothique romantique devint sa cible privilégiée… Moche, mal habillée… à la limite de la grosse vache… Juliette la connaissait un peu depuis son arrivée, mais là… Elle leva les yeux en l’air, lorsque la jeune fille parla de sa robe comme étant peu cher. Quelle hérésie, lorsque l’on songeait que sa robe seule coûtait sans doute bien plus que la somme des vêtements des deux nouvelles arrivées. Elle regarda le sac que Annaelle lui colla littéralement dans les mains, et exprima un ‘‘merci, c’est gentil de ta part Annaelle’’ pas vraiment enthousiaste, avant de reporter son regard sur Georgia à qui elle dit :

‘’Je vois que tu sais choisir tes amies avec goût…’’

Le ton de la gothique n’était pas moqueur, ni même désagréable… Un peu ironique peut-être, mais elle savait par expérience que il fallait accepter les gens tels qu’ils étaient, et non pas tel que on souhaitait qu’ils soient… Elle avait fini par y arriver avec Georgia en ayant découvert toute sa fragilité dissimulée, alors pourquoi pas avec Annaelle… Enfin, si jamais elle ne se faisait pas massacrer par quelqu’un qui, lui, ne serait pas aussi compréhensif que elle-même l’était.

Une pensée s’envola alors distraitement en direction de Hjördis… La montagne de glace dissimulant un véritable volcan à la limite de la rupture perpétuelle.

L'ambiance un peu "professionnelle" de jeunes gens réfléchissant à leur avenir et cherchant les origines mythologiques des mutants s'était évaporée au bénéfice d'un délire visuel et sonore qui semblait être la marque de fabrique de Georgia. Encore heureux qu'elle était parvenue à lui arracher un accord signé sinon elle pourrait s'inquiéter pour sa vertu pendant la nuit!

Malgré les efforts des jeunes filles, Georgia ne parvenait pas à percuter sur le problème sous-entendu avec le fait qu'elle folâtre autour de tout ce qui portait un jupon. Elle demanda même carrément de se retrouver seule à seule avec la gothique dans son cercueil! Non, vraiment, ça devenait pitoyable... Se tenant la tête dans la main droite, la gauche tenant la pomme, Hjördis assista à l'arrivée d'Annaelle. Elle savait qu'elle avait un pouvoir du même genre de Juan et ce devait être pratique pour les déplacements en effets.

Quelle horreur... Une seconde Georgia... De la diarrhée verbale en direction de Juliette elle comprit qu'elle avait l'intention de la relooker totalement à son image. La gothique avait dû dépenser pas mal d'argent pour avoir cet aspect très recherché. Jade allait vite être débordée. Juliette subissait des assauts groupés. Il était temps de faire une diversion et vite.

"Hum, oui, on va faire une virée à trois en Islande."

Elle avait déjà ces projets en tête depuis un bout de temps et les récitait mentalement depuis un mois. Poussant la petite assiette ayant contenu sa pomme, elle la montra du doigt.

"Voilà l'Islande."

Posant un doigt sur le bord gauche de l'assiette, elle continua la visite virtuelle.

"On arrive par bateau ou avion à Reykjavik, la capitale. Il vaut mieux venir par avion, sinon c'est long et un peu... agité... On ne restera pas longtemps là-bas, la moitié de la population de l'île se trouve là, alors autant allez voir ailleurs..."

C'était la partie de l'île qu'elle évitait le plus. Elle montra ensuite le bord supérieur de l'assiette.

"On prendra ensuite l'avion jusqu'à Akureyri. C'est plus sûr que la voiture ou le bus vue les tremblements de terre et les éruptions. De toute façon, c'est un peu le moyen de transport en commun national chez nous. Je pourrais voir mes parents et on ira voir la falaise aux oiseaux à l'ouest. Des centaines d'oiseaux de plus d'une dizaine d'espèces qui ne fuient pas les hommes. Un bruit pas possible mais joli à regarder."

Le doigt de Hjördis alla ensuite plus au sud, à mi-chemin du centre et fit comme des pointillés en direction du centre.

"Ensuite, nouveau voyage en avion jusqu'à Laugafell où les choses sérieuses commencent. Randonnée jusqu'en direction des glaciers du centre de l'île. Je connais un parcours agréable, pas de touristes, des rivières poissonneuses... Tous les matins et les soirs on arrive près d'un petit village doté d'une petite piscine chauffée avec ce qu'il faut pour se laver (j'ai une carte d'abonnement à ces installations)."

Sa voix commençait à bizarrement devenir douce, attendrie. En parlant de l'islande, elle en revoyait les paysages sauvages, la nature indomptable, le ciel parcouru d'aurores boréales...

"Quand on sera plus vers le centre il n'y aura plus de piscines mais des sources chaudes sauvages. On se baigne en admirant le paysage à des kilomètres à la ronde avec un soleil ne se couchant presque pas... La neige poussée des sommets tourbillonnant au-dessus de notre tête pendant que nous sommes dans de l'eau à plus de 40°..."

Méchant coup de mal du pays... Ce fut bizarrement Annaelle qui la ramena à la réalité. Manger du fondant au chocolat ferait grossir? Non, c'est parce qu'on ne fait pas assez d'efforts ou que l'on ne mange pas équilibré le reste de l'année. Comme pour signaler son avis, elle saisit sa pomme dans les deux mains et la sépara en deux moitiés dans un craquement humide. Tendant la part où elle n'avait pas mordu à la nouvelle venue, elle finissait rapidement sa moitié de pomme tenue dans l'autre main.

C’était une Georgia bien maladroite qui tentait par tous les moyens de conquérir une Juliette décidément pas intéressée. Cependant, cette histoire semblait avoir des origines qui remontaient à la soirée anniversaire de l’Institut. C’était effectivement depuis cet événement que Camille montrait des signes de sale caractère chronique. Jade n’avait aucune idée de ce qu’il avait pu se passer cette soirée là entre sa colocataire et Georgia, mais quoi qu’il en soit, elle tiendrait forcément la mitalienne pour responsable. En tout cas, on ne pouvait pas lui reprocher d’y mettre du sien, niveau rentre-dedans. Sans faire de manière, Georgia demanda à Jade de leur laisser leur chambre commune pendant une soirée. Elle le demanda d’une manière tellement improbable que Jade failli répondre simplement oui. Cependant, elle revint à elle suffisamment rapidement pour pouvoir la dévisager dans les règles de l’art. La Française pensa tout d’abord à Juliette, elle tenta de croiser son regard pour savoir si cette dernière n’allait pas appeler à l’aide. Mais rien de tout cela, Juliette géra la situation comme à son habitude, en toute classe et simplicité.

Mais, les propos qu’elle tint concernant Camille, en soutien à ce que Hjordis venait de lui balancer au visage, n’eurent pas plus d’effet que si elles l’auraient dit à la statue grecque. Visiblement, l’empathie n’était pas le fort de Georgia, et elle était à des lieux de se soucier de ce que pouvait ressentir Camille ; ou du moins était elle incapable de l’interpréter correctement. En tout cas, Jade espérait vivement pour Camille, une illumination dans l’esprit, définitivement complexe, de sa petite amie.

En tout cas, la bonne humeur dont elle semblait faire preuve faisait plaisir à voir. Cependant, c’était un cadeau bien empoisonné qu’elle amenait avec elle. Comme on dit, un malheur ne vient jamais seul… Le moyen de transport de Georgia pénétra à son tour dans la pièce, et… c’est le drame! Jade eût à peine le temps de la saluer, que les mots d’Annaelle défilaient hors de sa bouche à une vitesse encore jamais égalée dans cette partie de l’univers. Jade en était bouche bée. Elle restait là, à écouter la jeune fille et ne réagissant à ses paroles que, tantôt par un regard inquiet vers son assiette à fondant qu’elle tenait toujours dans la main, tantôt par un regard alarmé vers ses hanches, puis par un regard dépité vers la nouvelle arrivante.

"Bon, okayyyyy!" Fit simplement Jade en jetant sa cuillère dans l’assiette vide d’un air dégouté. Elle posa ensuite le tout sur la table et marmonna quelques mots pour se rassurer sur ses formes.

Super-Hjordis arriva à la rescousse, elle esquiva habilement l’attaque mitraillette de la brunette, puis tenta la contre-attaque en faisant un barrage sonore. Le discours de Hjordis pu tenir un temps pendant lequel elle tenta de faire rêver ses deux futures accompagnatrices tout en faisant diversion. Malheureusement, elle fut vite débordée de toutes parts, et elle dû capituler. Cela n’avait pourtant pas été totalement vain, elle avait capté toute l’attention de Jade avec ses sources d’eau à 40°, suffisamment pour que cette dernière puisse esquisser un sourire rêveur.

Juliette en prenait aussi pour son grade, elle ne put esquiver l’attaque d’Annaelle et se retrouva en quelques instants avec un nouveau sac dans les mains. Fidèle à elle-même, elle se contenta de lui répondre poliment puis ajouta une petite boutade ironique. Enchainant à la vitesse de l’éclair, Annaelle fit une blague à l’humour connu d’elle seule… C’en était trop pour Jade qui ne tint plus : à son tour et comme un écho, elle éclata d’un rire sonore, puis fut prise d’un fou rire nerveux. C’était incroyable à quel point cette jeune fille qui, bien qu’elle semble être un peu plus âgée qu’elle, lui ressemblait dans l’attitude à ce que qu’elle était un an auparavant. Avec son groupe de copines mené par Caroline Dufeu, elles étaient exactement pareilles. C’est fou ce que quelques mois à l’Institut avaient pu la changer, et elle n’en était pas mécontente. Elles auraient donc pu être de très bonnes amies à une époque. Cependant, tout n’était pas perdu, si elle évitait de lui parler de ses rondeurs, elles pourraient communiquer… et puis, elle avait l’air d’une gentille fille, après tout.

Encore emportée par quelques sursauts de rire, Jade se leva alors du canapé et annonça avec entrain:

"Bon, je vais aux pipi-room, je reviens les minettes!" Puis passant à côté d’Annaelle: "Au fait, je ne crois pas t’avoir encore vue à l’Institut! Alors je te souhaite la bienvenue parmi nous ! Et pour le shopping, pour moi ce sera avec plaisir, mais une autre fois." Puis, après lui avoir adressé un clin d’œil, elle se dirigea vers la porte en relookant au passage la statue grecque.

****

Finalement, ce n’était qu’une feinte, Jade avait besoin d’une courte, mais ressourçante pause avant de retourner au front. Elle entra dans une petite pièce vide à côté du petit salon, ferma la porte et souffla un bon coup. Après quelques secondes sans mouvement, elle se saisi de son communicateur, le sourire aux lèvres, puis déversa son amour:

"Hey, j’vous aime les OryX!"

Son regard croisa une autre statue, qui lui en rappela ne fois de plus une autre. A la soirée anniversaire, puis après, elle s’était trouvé pas mal de points communs avec ce cher Lucas, qui depuis occupait ses pensées plus que de raison. Après tout… un petit message de rien du tout, juste comme ca, entre amis, ne pouvait pas faire de mal. Elle se mit donc sur la fréquence du CeresiX:

"Hey, Lucas, tu fais quoi de beau? Moi je suis dans un salon de thé avec quelques phénomènes. Je te rejoindrais plus tard, je m’ennuie de toi!"

La fin, accompagnée d'un rire de taquinement, était peut être vrai, mais un peu osée… Meme si elle avait dit cela sous le coup de l'humour, elle le pensait tout de même un peu... beaucoup... Il ne faudrait pas qu’il la prenne pour une minette qui lui coure après… Ce qui n’était pas tout à fait faux, encore, mais chut!.. Jade fit une petite moue satisfaite et admira son communicateur le sourire aux lèvres, s’attendant à avoir une réponse.

Communicateur de Lucas pour Jade a écrit:« Là, j’accueille un nouveau, ma belle ! Il a failli s’enfuir dès son arrivée, y’avait Alix dans le coin… Je serai ravi de passer un peu de temps avec toi… dès que… j’aurai pris ma douche. On se retrouve plus tard, donc ! »

Toujours debout, toujours tremblante sur ses quilles, Georgia était à deux doigts de défaillir : son sex-appeal avait-il disparu ?

Elle se rappela ses plus belles conquêtes : elle qui avait aimé les plus belles femmes, Gabrielle, River, Camille... N'était-elle plus que l'ombre d'elle-même ? Elle réfléchit un instant, une boule se nouant dans sa gorge.

N'en pouvant plus elle attendit que tout le monde ait fini de parler, avant d'aller s'asseoir à la place que venait de libérer Jade. Annaelle, la mini Georgia, venait de débarquer en fanfare... La New-Yorkaise se sentit dans l'obligation de préciser à l'attention des 2 autres filles :

"Oui, on a procédé à l'élection du plus joli fessier et... Viconia a gagné. Elle était en train de se laver mais elle avait l'air contente. Elle est vraiment très jolie, Viconia, je l'aime beaucoup même si je ne comprends pas toujours tout ce qu'elle dit"

Puis Georgia reprit d'une voix voilée par la déception :

"Tu sais, Juliette... Ce tatouage a plusieurs significations pour moi. Et même si j'aime vivre dans le chaos, je ne veux pas forcément mettre la révolution dans votre cour de récréation. Juste être moi même..."

Se passant la main dans les cheveux, elle tenta à nouveau de remettre toutes ses idées bien en place :

"Parce que voilà... Sous le tatouage, y a une blessure cicatrisée que j'ai piqué à Camille. Et j'avais choisi de le faire, parce qu'entre elle et moi, je choisis elle. Et que le nombre de la bête, c'est la liberté de choisir"

Jouant à faire floc floc avec ses chaussures, elle se prit à penser à ce qui aurait pu advenir si elle n'avait pas soigné la bretonne : auraient-elles sympathisé ? Seraient-elles ensemble ? La pensée devenait vertigineuse...

"Parce que cette histoire de serpent et de pommes, c'est pas si négatif que ça à la réflexion... J'veux dire, le serpent, on lui a pas fait une bonne presse. Mais... Se révolter contre le barbu barbant, est-ce un mal ? Entre une cage dorée sans la liberté de s'auto-déterminer et l'enfer de l'autonomie de la volonté, je préfère 100 fois, 1000 fois la seconde branche de l'alternative. Parce que je tolère mal les chaînes, les tuteurs, les ordres... Je ne suis pas une brebis et je ne reconnais nul pasteur !"

Elle cligna des yeux, le cerveau en ébullition.

"En fait, tout ça, c'est des souvenirs de quand j'ai découvert que j'étais différente... Je m'étais mise à prier le Seigneur pour le salut de mon âme. C'était une fièvre adolescente et pis j'étais un peu paumée aussi. Alors, je priais, je priais, je priais et... J'étais toujours moi, le vilain petit canard du quartier. Et ça me foutait les jetons de me dire qu'il y avait quelqu'un au dessus de moi, qui connaissait toutes mes vilaines petites pensées... Alors, j'ai décidé de laisser tomber"

Georgia se passa la langue sur ses lèvres tout en jouant avec ses mains.

"A la réflexion, on est très seul dans la vie... Je suis partisane de l'auto-démerde. Et mes âneries, mes mauvais choix, mes erreurs, au moins tout ça c'est à moi. C'est moi"

Ponctuant ses propos d'un petit rire sonore, la New-Yorkaise ajouta :

"En fait l'Eve à la pomme c'est un peu moi. Sauf que je l'aurai boulottée avant de la tendre à ce flemmard d'Adam... Lord Byron aurait pu écrire pour moi ! Tout ça pour dire..."

Baissant les yeux, elle poursuivit d'une voix diaphane :

"Tout ça pour dire que le 666, c'est la liberté... La liberté de choisir et de jamais s'en remettre à autrui ou à une idée pour prendre ses responsabilités. Je n'aime pas m'attacher ou être attachée à quelque chose, quelqu'un..."

Elle observa à nouveau Juliette d'un regard attendri.

"Tu sais, l'autre soir, quand on s'est embrassées... J'me suis sentie comme à mon premier baiser. Et ça n'a rien à voir avec Camille ou qui que ce soit ou quoi que ce soit d'autre... Juste, tu me plais et j'aimerai passer plus de temps avec toi... Mais le cercueil peut rester optionnel ! Et puis, tu n'es pas obligée de penser à moi, je n'en demande pas tant..."

Georgia termina son long monologue en revenant à des sujets moins polémiques :

"Présenter Camille à mes parents ? Hum... Franchement, Juliette, est-ce que tu me présenterais à tes parents si nous étions ensemble, hum ?"

Elle écouta d'une oreille distraite, Hjördis qui comparait son pays à une pomme... Une idée lui vint à l'esprit :

"Sinon, Hjördis le temps d'une soirée tu pourrais peut être dormir avec Jade ? Comme ça, on lèse personne et on est tranquille..."

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