[New York] Visite l'oncle Louie

[Hrp : pour info, l'italien utilise la personne de politesse, qui reprend les déclinaisons de la 3e personne du singulier, et pas celle de la 2e du pluriel ]

L'oncle Louie était un homme de carrure impressionnante, légèrement dégarni, et au visage marqué par un rythme de vie éreintant.



De ce que Pino savait de lui par son père, il avait quitté la Sicile très tôt pour s'établir à Little Italy, où il avait des relations lui promettant une situation confortable. Il n'était que rarement revenu en Sicile, mais gardait le contact avec la famille, et envoyait régulièrement de l'argent à ses proches restés au pays. C'était un type bien, respectueux des valeurs traditionnelles italiennes et des règles de la mafia.

La cigarette à la bouche, l'homme ouvrit les bras et donna une accolade virile à Pino.

[Italien]"Ah ! Le petit Pino ! T'as bien grandi, la dernière fois que je t'ai vu, tu devais à peine avoir 3 ou 4 ans !" s'exclama Louie en invitant Pino à entrer.

Il poursuivit dans un anglais impeccable, si ce n'est une certaine intonation chantante.

"Oui, il m'a appelé, je t'attendais. Entre, entre !"

Sur ces mots, il guida Pino à travers l'entrée du vieil immeuble.



"Tu es ici chez toi le temps que tu voudras, Pino. J'ai racheté l'immeuble, tu vois ?" expliqua-t-il. "Il y a des locataires, au sous-sol et au rez-de-chaussée, mais les trois étages supérieurs sont à la famille."

Ils montèrent l'escalier grinçant qui allait les mener aux appartements des Giovanni.

"Ton père m'a dit que tu avais eu des problèmes avec les Andreotti, ça ne finira jamais ! Mais tu es en sécurité ici. Les Giovanni sont respectés à Little Italy. Fais quand même attention à tes fréquentations, il se passe pas mal de choses dans les rues en ce moment, et c'est pas la mafia qui fait des vagues." dit-il, sans expliciter ce qu'il voulait dire.

Louie fit faire un tour du propriétaire au jeune Sicilien, tout en présentant le garçon aux membres de sa famille qu'il n'avait jamais rencontrés, ou seulement vus en photo. Il fut accueilli avec chaleur, comme seuls savent le faire les méditerranéens. Louie fit également visiter une chambre d'ami du 1er étage, qui serait réservée à Pino.

"Installe-toi tranquillement pendant qu'on prépare le dîner. Tu peux même faire un petit tour du quartier et de l'immeuble, si tu veux. Si tu as besoin de quoi que ce soit, n'hésite pas."

Sur ces mots réconfortants, Louie laissa Pino s'installer. De toute évidence, son oncle n'était pas au courant de toutes les données qui avaient conduit le mutant où il en était aujourd'hui.

[bah… merde lol]

Bien bien, ça faisait quelque chose de moins à devoir expliquer. Il ne savait pas s'il pouvait raconter toute l'histoire honnêtement. Tout s'était passé si rapidement et dans le fond, c'était possible qu'il n'avait pas tué le garçon. On ne mourrait pas toujours d'un coup de couteau... D'un autre côté, tout le monde l'avait laissé là, de ce Pino pouvait se rappeler. Il sentit ses tripes se contracter à cette pensée et il afficha un air neutre, mais il réussit à afficher un sourire quand l'oncle Louie l'invita à l'intérieur. Pas besoin de l'embêter avec de stupides émotions. Il rangea ses lunettes dans son manteau et suivit son oncle dans les escaliers. Louie tentait d'engager la conversation, sans beaucoup de succès. Oh Pino l'écoutait bien sûr, mais il n'avait pas grand chose à répondre, il était fatigué et se sentait plutôt mal.

"Oui, Oncle Louie, merci."

Ensuite il fut présenté aux membres de la famille. Certains jouaient aux cartes, un lisait un magasine, d'autres faisaient simplement parler. Pino ne connaissait personne à qui il était présenté. Il y avait des plus jeunes aussi, qui devaient être la première génération née en Amérique. Il se fit accueillir par chacun d'eux comme s'ils étaient de vieux amis qui ne s'étaient pas vus depuis des années. Il essaya de se rapeller des noms... Fabio, Enzo, Angelico... il y en avait tellement et sa tête était déjà pleine. En plus qu'ils se présentaient en anglais et la conaissance de Pino était limitée aux cours d'anglais qu'il suivait à l'école - ils ne parlaient pas anglais chez lui et n'avait pas l'occasion de parler anglais ailleurs.

Il suivit l'oncle Louie vers ce qui serait sa chambre pour le reste de son séjour ici. Les anglais ont un mot fantastique pour décrire la pièce : cosy. C'était une petite pièce, il n'y avait qu'un lit comme meuble et un tiroir comme meuble et on devait passer sur le lit pour accéder au tiroir, tellement on était serré. Malgré le manque de place, il y avait… quelque chose qui rendait la pièce confortable. C'était peut-être le lit moelleux ou les rayons de soleil qui venaient éclairés ou encore peut-être que Pino était soulagé d'avoir un endroit qu'il pouvait apeller sa maison. Son oncle lui demanda enfin s'il avait besoin de quoi que ce soit.

"En fait, Oncle Louie, qu'est-ce qu'il y a à faire dans cette ville? J'aimerais bien travaillé aussi.."

Et ça l'agaçait au plus haut point de rajouter :

"Mais je ne peux pas m'impliquer dans les affaires familiales, capiche? Je dois garder un profil bas encore, je ne sais pas encore ce qui peut m'arriver.."

[Hrp : pense à ne pas rédiger toi-même des détails qui n'auraient pas été donnés, comme par exemple l'aménagement de la chambre ou l'occupation des PNJ. Cette fois ça ne prête pas à conséquence, je te le dis pour la prochaine fois.]

Louie s'arrêta sur le seuil de la chambre et se gratta la tête.

"Hum... Tu sais, on est en Amérique, tout est possible ici ! Je vais me renseigner sur les petits boulots, promis, ce sera pas lié aux affaires de la famille." répondit-il avec un sourire complice.

"Tu es bien différent de tes frères, Pino. C'est pas plus mal !" commenta-t-il.

"Il y a une fille de ton âge qui habite l'immeuble, une petite jeune un peu fauchée. Je lui loue le sous-sol pour une bouchée de pain. Elle pourra sûrement t'indiquer des trucs de ton âge à faire dans le quartier." précisa l'oncle, avant de se retirer.

"Oui... the land of opportunity.." dit-il sinistrement. Il était un peu trop préoccupé pour apprécier l'Amérique. Syracuse lui manquait déjà

"Désolé Oncle Louie, je ne veux pas paraitre ingrat.. j'apprécie beaucoup ce que tu fais pour moi. C'est juste que… bien… on va voir, je ne sais pas si je pourrais m'y adapter. Je vois que toi tu l'as bien fait."

Et puis l'oncle Louie lui parla de la fille dans le sous-sol. Soudain, son intérêt changea un peu... il était du moins intrigué. Louie avait peut-être pensé que cela pourrait aider son neveu à mieux apprécier la vie dans le Big Apple. Il n'avait pas entièrement tort. Pino demanda à son oncle où étaient les toilettes. S'il devait rencontrer une jeune fille, autant se montrer sous son meilleur jour. Il alla se regarder dans un miroir histoire de s'assurer qu'il n'y avait pas de plis dans ses vêtements et que ses cheveux n'étaient pas trop dépeignés. Il descendit en bas. Quand il passa près de son oncle, il lui fit un clin d'oeil, comme pour le remercier et il descendit au sous-sol. Rendu à mi-chemin en bas des marches, Pino annonça sa présence en cognant sur le mur, de la manière qu'on cogne à une porte.

"Allô, il y a quelqu'un?"

C'est assez incroyable l'effet qu'une jeune fille peut avoir sur un jeune homme...

[hrp : bon, je ne dois pas faire jouer les pnj, mais j'ai assumé que son oncle pointe à Pino où sont les toilettes, histoire de ne pas faire un message inutile pour avoir une information purement descriptive qui ne fait pas avancer l'histoire vraiment, j'espère que vous comprenez]

Alors qu'il descendait les marches, Pino perçut ce qui semblait être de la musique.

"Ouais ! J'arrive !" lui répondit une voix féminine. Quelques instants plus tard, une jeune fille d'environ son âge déboula en bas des marches menant au sous-sol du vieil immeuble.



Ce que Pino nota immédiatement, c'était la couleur inhabituelle de sa chevelure en bataille. L'adolescente semblait cultiver un look grunge un peu décalé, qui s'il lui donnait une certaine allure, trahissait également une certaine pauvreté.

"Euh, salut ?" dit-elle, surprise de voir un visage étranger. "Si c'est pour le loyer, tu peux dire à M'sieur Gio que j'ai encore besoin d'un ou deux jours..."

Pino fut un peu surpris de voir surgir cette fille aussi rapidement et il eut un léger mouvement de recul de la tête. Il regarda peut-être un peu trop longtemps les cheveux roses de la jeune fille. Ce n'était pas qu'il voulait la juger ou peu importe, il n'était simplement pas habitué à cette mode qui devait être américaine. D'où il venait les filles avaient les cheveux bruns ou noirs… Il réalisa aussi que son oncle lui avait dit que la fille était un peu fauchée, donc pour le linge… bref, aucun commentaire. Elle avait quand même l'air bien. Il répondit avec son fort accent :

"Hum non t'inquiète pas pour le loyer… j'ai l'air d'un collecteur? Pas besoin de répondre.. Je viens juste d'arriver ici et Oncle Louie m'a dit que tu pourrais m'aider à… m'adapter."

Elle devait probablement déjà avoir deviné qu'il n'était pas du coin, pour ne pas dire pas du pays à l'écouter parler. Le jeune homme continua innocemment.

"Tu sais, qu'est-ce que vous faites dans le coin? Pour passer le temps? Oh… Je suis Pino, en passant.." ajouta-t-il maladroitement en descendant les marches, la main tendue.

La fille eut un petit rire amusé aux paroles du mutant.

"Nan, c'est pas ce que j'voulais dire ! C'est juste que, ben personne descend me voir, alors j'ai toujours l'impression que c'est pour l'argent." s'expliqua sur un ton d'excuses.

"L'oncle Louie, hein ?" releva la jeune fille. "Tu dois v'nir de loin pour avoir cet accent. Tous les Giovanni du coin passent pour des américains pure souche." commenta-t-elle, en faisant signe au garçon de la suivre à l'intérieur de ce qui lui servait d'appartement.
Le studio que louait la fille avait dû être une cave ou une buanderie avant d'être réaménagé pour être plus ou moins habitable. Pas de fenêtre, mais seulement un petit soupirail en hauteur sur le mur côté rue, qui laissait filtrer la lumière du jour déclinant. Il faisait plutôt sombre, et l'intérieur était éclairé par de vieilles bougies très consumées, ce qui faisait planer une atmosphère très feutrée dans la pièce désordonnée. Un vieux matelas taché était jeté dans un coin. Outre un vieux canapé défoncé, c'était le seul mobilier de la pièce, outre les commodités d'usage, et une petite radio portative posée à même le sol. Malgré la pauvreté de l'intérieur, Pino fut surpris de voir que l'intégralité des murs étaient peints des freques aussi magnifiques qu'inquiétantes. Elles représentaient toutes des personnages étranges, la plupart du temps dans des tunnels.



"Bienvenue chez moi, j'viens de m'installer. Enfin, j'essaie de m'installer." ajouta la fille en présentant la pièce qui lui servait de maison.

"Ton oncle t'a envoyé vers moi pour te servir de guide en gros ?" reprit-elle. Quelque chose semblait l'amuser dans cette idée. "Au fait, j'm'appelle Misty."