[Suède] Les études avant tout.

Il était 8 heures du soir, une journée parmi tant d'autres. Zoé travaillait assidûment, comme ses parents lui avaient enseigné. Elle était consciente que c'était toute sa vie future qu'elle avait entre les mains, et elle ne voulait pas le gâcher. Évidemment, elle aimait faire la fête, comme les jeunes de son âge. Mais son sens des priorités était tout à fait remarquable.

Penchée sur ses feuilles de cours, elle travaillait déjà depuis 2 heures, et commençait à avoir un peu mal au dos. Elle n'arrivait pas à retenir cette fichue liste de mots invariables que son professeur de français lui avait donné. Quelle langue compliquée, se disait-elle. Pourquoi ils ne pouvaient pas faire les choses facilement? Hier encore, elle s'est demandée pourquoi on dit "je vais", alors qu'il serait beaucoup plus logique de dire "j'aille". Bref.

Il était temps de faire une petite pause soda. Bien que faisant souvent attention à sa ligne, Zoé ne pouvait s'empêcher de succomber à l'appel du soda. Elle attrapa une canette qui traînait sur son lit, et l'ouvrit au-dessus de ses cours. Elle buvait lentement, tout en regardant par la fenêtre qui se présentait devant son bureau.

La nuit était déjà tombée, et le ciel sombre était nuageux. Pas une seule étoile à l'horizon. Etant petite, elle passait beaucoup de temps à regarder les étoiles, surtout avec Björn. C'était vraiment fascinant de s'imaginer qu'il existait des étoiles bien plus grosses que notre soleil en train de brûler à des milliards de kilomètres d'ici. Peut-être même que ces étoiles n'existaient plus au moment où elle les observait.

Soudain, elle renversa sa cannette sur sa feuille de cours. Elle cria à voix haute.

- Merde !

Sa colère déclencha une soudaine augmentation de densité, et la chaise se cassa sous elle. Elle tomba en arrière, et s'étala de tout son long sur le sol.

On frappa à la porte.

La maison se trouvait étrangement silencieuse. Mis à part les coups frappés à la porte, on entendait plus rien. C'était relativement normal, à cette heure de la nuit, ceci dit.

La porte s'ouvrit alors lentement, en grinçant légèrement sur ses gonds. Ceci était moins normal. Qui donc s'amusait comme ça ? Un coup d'oeil à la porte, une main toute vêtue de noir s'y appuyait. Et un énorme fendoir de boucher recouvert de sang frais était visible par l'entrebaillement, émergeant d'une silhouette vaporeuse sombre d'où ne sortaient que deux grands yeux jaunes.

Zoé, qui était toujours au sol, ne fit pas attention à la personne qui entrait dans la pièce. Elle se releva vers l'avant, et se tint debout devant son bureau. Pourtant, ses parents savaient très bien qu'elle n'aimait pas être dérangée pendant qu'elle étudiait, ça la déconcentrait. Même si, actuellement, elle était déjà bien déconcentrée.

- Maman, c'est toi? Tu sais que je bosse, je suis occupée !

Aucun signe de départ de l'intrus. Elle se retourna, agacée.

- Maman, sors s'il-te-p...

Tout ce qu'elle vit était un grand fendoir de boucher ensanglanté là ou elle pensait trouver sa mère, juste à l'entrebâillement de la porte. La peur l'envahit soudain, et elle voulut hurler. Mais rien ne sortit de sa bouche maintenant grande ouverte.

Ce n'était manifestement pas sa mère qui se tenait là. Mais une forme drapée dans un vêtement noir qui dissimulait son corps et son visage. Et un gros couteau sanguinolent. D'un pas admirablement lent, la forme s'approcha de Zoé qui était au sol, et leva son arme.

L'arma s'abattit violemment sur Zoé qui put sentir un choc intense au niveau de la gorge, mais sans doute pas aussi violent que celui qu'avait pris son agresseur au niveau du bras, et qui lui fit lâcher son arme. Elle n'avait rien, n'était manifestement pas coupée, mais serait bonne pour un peu tousser.