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[4 septembre] Au café des Ombres Chinoises
Ven 20 Nov 2009 - 23:54
Plutôt agitée, Viconia avait entraîné Yanis vers le centre commercial sans trop lui adresser la parole.
Sous la pluie diluvienne elle s’était emmitouflée comme elle l’avait put dans l’actuel survêtement détrempé de Nathan, tandis que ses cheveux formaient des tentacules rougeoyantes et dégoulinantes qui lui collaient aux joues. Le tout ajouté à sa salopette et son sous pull rayé, le tableau était folklorique.
Serrant les dents, elle poussa la porte en bois exotique du Café des Ombres Chinoises, et pénétra comme un bout de salade au milieu d’une plâtrée de frites dans l’ambiance feutrée du lieu.
Partout, des tablettes basses octogonales en bois exotiques aux effluves d’un autre continent. Les clients prenaient place autour d’un thé chaud à même le sol sur des poufs sans âge aux couleurs délavées.
La finnoise commanda une « Inspiration du poète » et fit signe à Yanis de la suivre.
D’un pas sûr, Viconia se fraya un chemin entre les différents habitués : universitaires corrigeant des copies, mamies jouant au Monopoly en silence, jeunes adolescentes lisant de la littérature asiatique en gloussant…
Elle prit place sur un pouf vert, devant une table en marqueterie carrelée, où l’on pouvait deviner ça et là des traces d’encre de chine.
Repliant ses genoux sous ses fesses, elle se redressa, et se débarrassa de la veste de Nathan qu’elle posa en un petit tas détrempé à sa gauche.
Essorant son visage d’un revers de main, elle prit une grande inspiration et regarda Yanis droit dans les yeux.
Plus de fioritures, plus d’entourloupes, plus de Carrie (a priori), seulement du travail, et son avenir en jeu.
« - Donc, … Tu semblais savoir parler aux êtres multiplaniques… »
La jeune fille renifla peu gracieusement, et continua :
« -Le bleu est-il une évidence devant ce sujet pour toi ? »
La finnoise avait déjà effectué beaucoup d’essais infructueux, mais cela tournait souvent au psychodrame, à la mort ou la dépression… Aussi brûlait-elle d’un second avis sur la chose.
Sous la pluie diluvienne elle s’était emmitouflée comme elle l’avait put dans l’actuel survêtement détrempé de Nathan, tandis que ses cheveux formaient des tentacules rougeoyantes et dégoulinantes qui lui collaient aux joues. Le tout ajouté à sa salopette et son sous pull rayé, le tableau était folklorique.
Serrant les dents, elle poussa la porte en bois exotique du Café des Ombres Chinoises, et pénétra comme un bout de salade au milieu d’une plâtrée de frites dans l’ambiance feutrée du lieu.
Partout, des tablettes basses octogonales en bois exotiques aux effluves d’un autre continent. Les clients prenaient place autour d’un thé chaud à même le sol sur des poufs sans âge aux couleurs délavées.
La finnoise commanda une « Inspiration du poète » et fit signe à Yanis de la suivre.
D’un pas sûr, Viconia se fraya un chemin entre les différents habitués : universitaires corrigeant des copies, mamies jouant au Monopoly en silence, jeunes adolescentes lisant de la littérature asiatique en gloussant…
Elle prit place sur un pouf vert, devant une table en marqueterie carrelée, où l’on pouvait deviner ça et là des traces d’encre de chine.
Repliant ses genoux sous ses fesses, elle se redressa, et se débarrassa de la veste de Nathan qu’elle posa en un petit tas détrempé à sa gauche.
Essorant son visage d’un revers de main, elle prit une grande inspiration et regarda Yanis droit dans les yeux.
Plus de fioritures, plus d’entourloupes, plus de Carrie (a priori), seulement du travail, et son avenir en jeu.
« - Donc, … Tu semblais savoir parler aux êtres multiplaniques… »
La jeune fille renifla peu gracieusement, et continua :
« -Le bleu est-il une évidence devant ce sujet pour toi ? »
La finnoise avait déjà effectué beaucoup d’essais infructueux, mais cela tournait souvent au psychodrame, à la mort ou la dépression… Aussi brûlait-elle d’un second avis sur la chose.
- InvitéInvité
Re: [4 septembre] Au café des Ombres Chinoises
Sam 21 Nov 2009 - 18:17
Institut
Evitant le remue-ménage dans le couloir des dortoirs, Yanis avait eu une sensation de déjà-vu alors qu'il suivait Viconia vers la sortie de l'école, une réminiscence de son temps à l'hôpital psychiatrique d'Alger : nouvelle évasion parmi les fous. Cette école était très différente de ce qu'il avait pu connaître au bled. La nature même de ses pensionnaires déteignait sur l'atmosphère qui y régnait. Il venait d'arriver, mais avait déjà assisté à une prise de bec dans le jardin, une altercation professeur-élève en cuisine, un incident douteux dans sa propre chambre, suivi d'une démonstration de vol plané par la dame de fer qui serait son professeur. Le tout en moins de 24 heures.
C'est avec une certaine appréhension que l'Algérien avait jeté un coup d'oeil par la fenêtre du hall. Il pleuvait toujours autant, et il n'avait encore rien pour se protéger de la pluie. Sa peau étant "naturellement" froide, ce n'était pas le froid qu'il craignait, mais bel et bien l'eau en elle-même. Mieux valait ne pas songer à ce qui pourrait arriver s'il perdait le contrôle de son pouvoir. En désespoir de cause, de sa main libre (l'autre tenant toujours son carnet emballé dans un sac plastique), le mutant saisit un journal qui traînait sur un guéridon, un vieil exemplaire de La Sentinelle, de ce qu'il put en voir. Il avait lu la revue durant son voyage. Vu son contenu hautement orienté, cet exemplaire ne manquerait sûrement à personne. Le jeune homme fit le vide en lui, ce qui fut relativement aisé, s'abrita la tête, zone vitale entre toutes, du journal anti-mutant, et suivit son guide vers le centre commercial sous une pluie battante.
Le voyage se fit en silence, ce qui convint tout à fait à Yanis. lorsqu'il avait demandé à la Finlandaise de le mener vers un coin calme, il n'avait pas songé qu'elle l'emmènerait à l'extérieur du bâtiment. C'était une révélation indirecte qui venait confirmer les craintes de l'Algérien : il n'y avait aucun endroit calme digne de ce nom à l'Institut. Pour chercher la tranquillité, ils avaient dû en sortir. Plutôt ironique. Le mutant se préparait donc à devoir chuchoter ou s'abstenir de parler, maintenant qu'ils entraient à nouveau en territoire humain. Cette petite excursion lui permettrait au moins de repérer un peu le voisinage, chose qu'il fit volontiers ; c'était un moyen de plus d'oublier l'eau qui transperçait maintenant le journal, plaquant ses cheveux sur son visage, dégoulinant dans son cou avec une cruauté presque délibérée.
Les deux jeunes arrivèrent finalement au café des Ombres Chinoises, une sorte de salon de thé comme il avait pu en voir dans son pays, à cela près que la décoration était de style asiatique plutôt qu'orientale. La formule quant à elle, restait globalement la même. Le nano-mutant avait suffisamment vu de liquides pour la journée, après les larmes et le sang, la pluie diluvienne... il ne tenait pas spécialement à ingurgiter quoi que ce soit, au moins jusqu'à ce que ses vêtements trempés ne sèchent et qu'il se sente totalement hors de danger. Devant son simple signe de dénégation, la serveuse le regarda de travers, du moins lui sembla-t-il.
Ce qu'il n'avait pas remarqué mais que put en revanche voir immédiatement Viconia, c'était qu'une partie du logo noir de La Sentinelle lui avait déteint sur le front, de sorte qu'on pouvait lire les lettres "SENT_ ELLE" à l'envers sur son visage inexpressif. Yanis s'installa sur un pouf qui regretterait sûrement le passage de son postérieur trempé.
Viconia prit alors la parole, allant droit au but, chose que là encore, il apprécia. Il prit toutefois le temps de tirer quelques conclusions rapides de ce fait. Lors de leur discussion dans la chambre, elle n'avait pas semblé particulièrement directe dans sa façon d'énoncer les choses. Elle avait ensuite pris la peine de le mener ici pour parler de ce projet, et à un parfait inconnu qui plus est. Elle devait être aux abois, déjà au moment d'entrer dans sa chambre. Le fait qu'ils aient parlé des êtres multiplaniques n'était qu'une incidence, ce n'était peut-être pas la réponse de Yanis en la matière qui avait motivé Viconia, mais simplement la perspective d'une réponse, quelle qu'elle soit. Bien conscient de cette possibilité, il réalisa qu'il était dans la même posture qu'elle. Il attendait une réponse, et il se servait indirectement d'elle pour la trouver. Le regard d'autrui lui permettrait peut-être d'avoir un avis objectif sur sa condition.
Jetant de petits regards alentour pour s'assurer que personne ne faisait attention à eux, Yanis se pencha légèrement sur la table pour pouvoir chuchoter tout en étant entendu de la jeune fille. Cela lui donnait un air conspirateur sous ses dehors de marbre.
"Le bleu est une évidence en soi pour ce que j'ai en tête." murmura-t-il en s'essuyant les main sur son T-shirt sans trop de succès. Il sortit ensuite son brouillon de sa poche, et le déplia soigneusement pour le placer entre eux.
Sur la feuille, il avait tracé les contours d'une forme humaine. Laissant Viconia examiner le croquis fait à la va-vite, il sortit son sketchbook du sac plastique, et se mit à chercher une page en particulier, qu'il finit par poser sur la table près du croquis.
Le dessin du carnet était nettement plus travaillé que le croquis, bien que la posture du corps soit la même. Le dessin était exécuté au crayon et très détaillé.
Le travail était bien réalisé mais plutôt lugubre.
"Je l'ai reproduit il y a un moment à partir de la photo d'une vieille statue française." précisa-t-il seulement, laissant la mutante s'imprégner de l'image. Se saisissant de son crayon de papier, il pointa le torse du dessin.
"Il y a plusieurs hommes dans la même enveloppe, comme si les os, la peau et la posture étaient indépendantes." dit-il en indiquant l'épiderme écorché de la cage thoracique. Il avait toujours vu le corps humain comme une belle mécanique, une machine miraculeuse, et l'attitude digne du squelette accentuait cela.
"Tes êtres multiplaniques, tu ne les vois pas parce qu'ils ne sont pas à la surface. Mais... ils sont là, partout." poursuivit-il dans un souffle, l'expression toujours aussi sérieuse. A l'entendre parler hors contexte, on aurait pu le croire en plein délire paranoïaque. En réalité, ses paroles n'évoquaient qu'une métaphore de son quotidien, ses phrases faisaient sens pour lui.
"Je pense que tu pourrais les capturer quand ils passent d'un plan à l'autre, un peu comme ici, à la croisée des mondes." ajouta-t-il en tapotant de l'index le dessin du carnet. Il reprit alors une position normale et se caressa pensivement le menton dans l'attente de la réaction de Viconia, menton qui commençait d'ailleurs à picoter d'une barbe naissante. Penser à acheter de la crème à raser et un rasoir.
Il n'avait jamais été aussi loquace depuis son arrivée.
Evitant le remue-ménage dans le couloir des dortoirs, Yanis avait eu une sensation de déjà-vu alors qu'il suivait Viconia vers la sortie de l'école, une réminiscence de son temps à l'hôpital psychiatrique d'Alger : nouvelle évasion parmi les fous. Cette école était très différente de ce qu'il avait pu connaître au bled. La nature même de ses pensionnaires déteignait sur l'atmosphère qui y régnait. Il venait d'arriver, mais avait déjà assisté à une prise de bec dans le jardin, une altercation professeur-élève en cuisine, un incident douteux dans sa propre chambre, suivi d'une démonstration de vol plané par la dame de fer qui serait son professeur. Le tout en moins de 24 heures.
C'est avec une certaine appréhension que l'Algérien avait jeté un coup d'oeil par la fenêtre du hall. Il pleuvait toujours autant, et il n'avait encore rien pour se protéger de la pluie. Sa peau étant "naturellement" froide, ce n'était pas le froid qu'il craignait, mais bel et bien l'eau en elle-même. Mieux valait ne pas songer à ce qui pourrait arriver s'il perdait le contrôle de son pouvoir. En désespoir de cause, de sa main libre (l'autre tenant toujours son carnet emballé dans un sac plastique), le mutant saisit un journal qui traînait sur un guéridon, un vieil exemplaire de La Sentinelle, de ce qu'il put en voir. Il avait lu la revue durant son voyage. Vu son contenu hautement orienté, cet exemplaire ne manquerait sûrement à personne. Le jeune homme fit le vide en lui, ce qui fut relativement aisé, s'abrita la tête, zone vitale entre toutes, du journal anti-mutant, et suivit son guide vers le centre commercial sous une pluie battante.
Le voyage se fit en silence, ce qui convint tout à fait à Yanis. lorsqu'il avait demandé à la Finlandaise de le mener vers un coin calme, il n'avait pas songé qu'elle l'emmènerait à l'extérieur du bâtiment. C'était une révélation indirecte qui venait confirmer les craintes de l'Algérien : il n'y avait aucun endroit calme digne de ce nom à l'Institut. Pour chercher la tranquillité, ils avaient dû en sortir. Plutôt ironique. Le mutant se préparait donc à devoir chuchoter ou s'abstenir de parler, maintenant qu'ils entraient à nouveau en territoire humain. Cette petite excursion lui permettrait au moins de repérer un peu le voisinage, chose qu'il fit volontiers ; c'était un moyen de plus d'oublier l'eau qui transperçait maintenant le journal, plaquant ses cheveux sur son visage, dégoulinant dans son cou avec une cruauté presque délibérée.
Les deux jeunes arrivèrent finalement au café des Ombres Chinoises, une sorte de salon de thé comme il avait pu en voir dans son pays, à cela près que la décoration était de style asiatique plutôt qu'orientale. La formule quant à elle, restait globalement la même. Le nano-mutant avait suffisamment vu de liquides pour la journée, après les larmes et le sang, la pluie diluvienne... il ne tenait pas spécialement à ingurgiter quoi que ce soit, au moins jusqu'à ce que ses vêtements trempés ne sèchent et qu'il se sente totalement hors de danger. Devant son simple signe de dénégation, la serveuse le regarda de travers, du moins lui sembla-t-il.
Ce qu'il n'avait pas remarqué mais que put en revanche voir immédiatement Viconia, c'était qu'une partie du logo noir de La Sentinelle lui avait déteint sur le front, de sorte qu'on pouvait lire les lettres "SENT_ ELLE" à l'envers sur son visage inexpressif. Yanis s'installa sur un pouf qui regretterait sûrement le passage de son postérieur trempé.
Viconia prit alors la parole, allant droit au but, chose que là encore, il apprécia. Il prit toutefois le temps de tirer quelques conclusions rapides de ce fait. Lors de leur discussion dans la chambre, elle n'avait pas semblé particulièrement directe dans sa façon d'énoncer les choses. Elle avait ensuite pris la peine de le mener ici pour parler de ce projet, et à un parfait inconnu qui plus est. Elle devait être aux abois, déjà au moment d'entrer dans sa chambre. Le fait qu'ils aient parlé des êtres multiplaniques n'était qu'une incidence, ce n'était peut-être pas la réponse de Yanis en la matière qui avait motivé Viconia, mais simplement la perspective d'une réponse, quelle qu'elle soit. Bien conscient de cette possibilité, il réalisa qu'il était dans la même posture qu'elle. Il attendait une réponse, et il se servait indirectement d'elle pour la trouver. Le regard d'autrui lui permettrait peut-être d'avoir un avis objectif sur sa condition.
Jetant de petits regards alentour pour s'assurer que personne ne faisait attention à eux, Yanis se pencha légèrement sur la table pour pouvoir chuchoter tout en étant entendu de la jeune fille. Cela lui donnait un air conspirateur sous ses dehors de marbre.
"Le bleu est une évidence en soi pour ce que j'ai en tête." murmura-t-il en s'essuyant les main sur son T-shirt sans trop de succès. Il sortit ensuite son brouillon de sa poche, et le déplia soigneusement pour le placer entre eux.
Sur la feuille, il avait tracé les contours d'une forme humaine. Laissant Viconia examiner le croquis fait à la va-vite, il sortit son sketchbook du sac plastique, et se mit à chercher une page en particulier, qu'il finit par poser sur la table près du croquis.
Le dessin du carnet était nettement plus travaillé que le croquis, bien que la posture du corps soit la même. Le dessin était exécuté au crayon et très détaillé.
- Spoiler:
Le travail était bien réalisé mais plutôt lugubre.
"Je l'ai reproduit il y a un moment à partir de la photo d'une vieille statue française." précisa-t-il seulement, laissant la mutante s'imprégner de l'image. Se saisissant de son crayon de papier, il pointa le torse du dessin.
"Il y a plusieurs hommes dans la même enveloppe, comme si les os, la peau et la posture étaient indépendantes." dit-il en indiquant l'épiderme écorché de la cage thoracique. Il avait toujours vu le corps humain comme une belle mécanique, une machine miraculeuse, et l'attitude digne du squelette accentuait cela.
"Tes êtres multiplaniques, tu ne les vois pas parce qu'ils ne sont pas à la surface. Mais... ils sont là, partout." poursuivit-il dans un souffle, l'expression toujours aussi sérieuse. A l'entendre parler hors contexte, on aurait pu le croire en plein délire paranoïaque. En réalité, ses paroles n'évoquaient qu'une métaphore de son quotidien, ses phrases faisaient sens pour lui.
"Je pense que tu pourrais les capturer quand ils passent d'un plan à l'autre, un peu comme ici, à la croisée des mondes." ajouta-t-il en tapotant de l'index le dessin du carnet. Il reprit alors une position normale et se caressa pensivement le menton dans l'attente de la réaction de Viconia, menton qui commençait d'ailleurs à picoter d'une barbe naissante. Penser à acheter de la crème à raser et un rasoir.
Il n'avait jamais été aussi loquace depuis son arrivée.
- InvitéInvité
Re: [4 septembre] Au café des Ombres Chinoises
Sam 21 Nov 2009 - 19:27
D’un geste sec, Viconia stoppa une goutte d’eau qui ruisselait lentement mais surement en direction de l’extrémité de son nez.
Elle eut un regard à l’intention de la tenancière qui n’apprécierait surement pas leur aura humide, mais qu’importe, un client était un client... Et ce même si leurs choix de militantisme n’étaient pas des plus adaptés.
Fronçant les narines, la jeune fille désigna son propre front à Yanis :
« -Tu as… Là… Tu ferais peut-être mieux de… »
Se secouant, elle fouilla un instant dans ses poches et en extirpa une petite truelle précise, faite pour les contours fins. Elle tendit l’ustensile à Yanis.
Oui, elle avait elle-même l’habitude de gratter ainsi les croutes de peinture qui s’accumulaient sur ses joues avant de passer aux détergeant légers. On pouvait ainsi comprendre, en un sens, qu’elle soit aussi pâlichonne.
Lorsque Yanis se pencha en avant pour déposer ses croquis sur la table, elle prit immédiatement la même position conspiratrice, le tout additionné d’une expression de gourmandise plutôt effrayante.
Le premier croquis fut accueillit avec un froncement de sourcil gauche. Ses lèvres se pincèrent comme si la jeune fille était sur le point de hurler de dépit.
Cependant à la vue du dessin finalisé son cœur manqua un battement et ses yeux clignèrent plusieurs fois de suite.
Les mains tremblantes, elle chercha ses lunettes qu’elle plaça fébrilement sur son nez.
Hésitant, son doigt s’avança et traça les contours du croquis en l’effleurant. Elle avait de longues mains fines, mais les ongles en mauvais état et quelques cicatrices de coupure zèbraient sa peau claire.
Tant de précision, tant de beauté vers l’absolu. Crayon gras ?
Le dessin donnait une impression de phosphorescence, comme dans un instant intermédiaire. Eponge carton?
Une apparition en route pour une autre époque, une autre réalité. Maitrise incontestable du clair-obscur.
Belle mais terrifiante, tout comme la mort à l’issue d’une longue vie harassante. Inévitable presque.
Elle entendit les commentaires de Yanis perdue dans sa contemplation, comme une voix off lui démontrant une réalité qu’elle avait sous les yeux. Comme ces voix dans la télé qui vous énonçaient les réalités avant que vous n’ayez l’âge de les discuter.
« - Plusieurs ne font qu’un. Chacun s’exprime lorsque le temps en est venu… »
Son regard se décrocha de la statue pour aller se poser, hagard, sur les personnes l’environnant.
Elle, si mouillée, dans cet univers sec et feutré… Elle était aberration… Elle n’avait pas eut le temps d’effectuer sa transformation dans la précipitation.
Mais la clef était le temps… Le temps, la patience, l’observation.
Si l’on ne percevait pas, c’était souvent parce que l’on se contentait de voir plutôt que d’observer.
Comme cette étincelle dans les yeux qu’elle avait si souvent chercher à percer. Celle de ceux qui sont décidés à changer de plan, ceux que l’on ne stoppera plus.
La finnoise porta ses mains à ses tempes, tandis que son regard volait de table en table affolé :
« -Tant de passages. Si peu de temps… Non trop. »
Elle bouscula ses lunettes qui finirent de travers, leur équipage passerait vraiment, pour le coup, pour un tandem d’évadés de centre de soins spécialisés.
Son regard affolé se posa finalement sur une table vide dans le fond.
Absence.
Choix.
Sa main se posa, crispée, sur l’avant-bras de Yanis. Elle avait l’apparence d’une petite fille fragile perdue dans un grand magasin au cœur des soldes.
« -Et… Et si je n’y arrive pas ? Si je ne les vois pas ? S’ils s’échappent ? »
Rien qu’à cette pensée, elle frissonna.
Loin était à présent le challenge de la note et du passage de grade.
Ce dont elle avait peur à présent était de rester coincée dans sa dimension, et de ne pas être suffisamment aguerrie et intuitive pour comprendre quelque chose qui lui avait jusque là échappé.
Elle eut un regard à l’intention de la tenancière qui n’apprécierait surement pas leur aura humide, mais qu’importe, un client était un client... Et ce même si leurs choix de militantisme n’étaient pas des plus adaptés.
Fronçant les narines, la jeune fille désigna son propre front à Yanis :
« -Tu as… Là… Tu ferais peut-être mieux de… »
Se secouant, elle fouilla un instant dans ses poches et en extirpa une petite truelle précise, faite pour les contours fins. Elle tendit l’ustensile à Yanis.
Oui, elle avait elle-même l’habitude de gratter ainsi les croutes de peinture qui s’accumulaient sur ses joues avant de passer aux détergeant légers. On pouvait ainsi comprendre, en un sens, qu’elle soit aussi pâlichonne.
Lorsque Yanis se pencha en avant pour déposer ses croquis sur la table, elle prit immédiatement la même position conspiratrice, le tout additionné d’une expression de gourmandise plutôt effrayante.
Le premier croquis fut accueillit avec un froncement de sourcil gauche. Ses lèvres se pincèrent comme si la jeune fille était sur le point de hurler de dépit.
Cependant à la vue du dessin finalisé son cœur manqua un battement et ses yeux clignèrent plusieurs fois de suite.
Les mains tremblantes, elle chercha ses lunettes qu’elle plaça fébrilement sur son nez.
Hésitant, son doigt s’avança et traça les contours du croquis en l’effleurant. Elle avait de longues mains fines, mais les ongles en mauvais état et quelques cicatrices de coupure zèbraient sa peau claire.
Tant de précision, tant de beauté vers l’absolu. Crayon gras ?
Le dessin donnait une impression de phosphorescence, comme dans un instant intermédiaire. Eponge carton?
Une apparition en route pour une autre époque, une autre réalité. Maitrise incontestable du clair-obscur.
Belle mais terrifiante, tout comme la mort à l’issue d’une longue vie harassante. Inévitable presque.
Elle entendit les commentaires de Yanis perdue dans sa contemplation, comme une voix off lui démontrant une réalité qu’elle avait sous les yeux. Comme ces voix dans la télé qui vous énonçaient les réalités avant que vous n’ayez l’âge de les discuter.
« - Plusieurs ne font qu’un. Chacun s’exprime lorsque le temps en est venu… »
Son regard se décrocha de la statue pour aller se poser, hagard, sur les personnes l’environnant.
Elle, si mouillée, dans cet univers sec et feutré… Elle était aberration… Elle n’avait pas eut le temps d’effectuer sa transformation dans la précipitation.
Mais la clef était le temps… Le temps, la patience, l’observation.
Si l’on ne percevait pas, c’était souvent parce que l’on se contentait de voir plutôt que d’observer.
Comme cette étincelle dans les yeux qu’elle avait si souvent chercher à percer. Celle de ceux qui sont décidés à changer de plan, ceux que l’on ne stoppera plus.
La finnoise porta ses mains à ses tempes, tandis que son regard volait de table en table affolé :
« -Tant de passages. Si peu de temps… Non trop. »
Elle bouscula ses lunettes qui finirent de travers, leur équipage passerait vraiment, pour le coup, pour un tandem d’évadés de centre de soins spécialisés.
Son regard affolé se posa finalement sur une table vide dans le fond.
Absence.
Choix.
Sa main se posa, crispée, sur l’avant-bras de Yanis. Elle avait l’apparence d’une petite fille fragile perdue dans un grand magasin au cœur des soldes.
« -Et… Et si je n’y arrive pas ? Si je ne les vois pas ? S’ils s’échappent ? »
Rien qu’à cette pensée, elle frissonna.
Loin était à présent le challenge de la note et du passage de grade.
Ce dont elle avait peur à présent était de rester coincée dans sa dimension, et de ne pas être suffisamment aguerrie et intuitive pour comprendre quelque chose qui lui avait jusque là échappé.
- InvitéInvité
Re: [4 septembre] Au café des Ombres Chinoises
Sam 21 Nov 2009 - 22:56
Perplexe, Yanis observa la truelle, puis finit par observer son reflet à la surface polissée de l'outil. Là, il vit le mot dans le bon sens, tatoué sur son front et cette vision le troubla intérieurement, tant et si bien qu'il resta plusieurs secondes scotché dessus, comme s'il analysait les lettres. SENT_ ELLE. Cela sonnait presque comme une question... ou une supplique. Sent-elle ? Sentait-elle ? L'apparition, somme toute fortuite et qui s'expliquait de façon tout à fait rationnelle par l'apposition du journal détrempé sur sa tête, semblait s'adresser inexplicablement à lui, comme une coïncidence trop grosse pour être interprétée autrement que comme un signe. Sentait-elle ? Comprenait-elle ? Pour la première fois, quelque chose aspirait en lui à la compréhension de l'autre.
Yanis finit par passer sa main sur son front humide pour effacer la marque, mais il sentait que cette question, même effacée de son front, était déjà bien ancrée dans son esprit à deux vitesses. Il scruta alors la jeune fille, en quête d'une réponse à cette question. Ses mots avaient déclenché une sorte de monologue extérieur, car pendant quelques instants, l'Algérien ne fut pas certain qu'elle s'adressait à lui. Il émanait de ses réflexions une sorte de nébulosité fruitée et volatile bien mystérieuse pour lui, des paroles quasi prophétiques de la tâche à venir. Enfin elle se retourna vers lui, et agrippa fébrilement son bras. Il crut déceler une appréhension, une angoisse dans son oeil fiévreux. Elle lui avait fait une certaine impression dans la chambre un peu plus tôt, lorsqu'elle lui avait recommandé de repeindre sa chambre. Elle dégageait l'assurance de ceux qui détiennent un certain savoir-faire dans l'art qu'ils pratiquent, qu'ils vivent. Yanis ne vivait plus son art, c'était ce qui faisait selon lui la pauvreté, la froideur de ses travaux depuis le changement radical qu'avait subi sa psyché. Comme une machine, il était devenu un technicien, comme l'attestait son dessin complet. Mais comme les êtres multiplaniques, son âme s'était dissipée dans l'air. En cela, Viconia lui semblait bien plus qualifiée que lui pour insuffler ce petit quelque chose qui lui faisait maintenant défaut, cet ingrédient manquant. Elle qui passait si rapidement d'une émotion à l'autre là où Yanis était incapable de vibrer pour une, Viconia était peut-être elle aussi multiple, multiplanique.
Comme dans la chambre un peu plus tôt, quelque chose avait changé dans le regard amorphe du nano-mutant. Le projet stimulait une zone en friche de son être, et il voulait explorer jusqu'où l'expérience pourrait le mener. Il était à la frontière de ses deux plans de conscience. Il ne broncha pas lorsque la Finlandaise lui saisit le bras, mais détailla un instant sa main sur son enveloppe froide, sans savoir comment réagir, que dire de peur de briser l'équilibre précaire de leur réflexion, qui ressemblait de plus en plus à de la réflexion collaborative.
Il resta silencieux quelques secondes, repensa au signe qui avait marqué son front, puis finit par lever l'autre main, index tendu, et redressa les lunettes de la mutante sur l'arête de son nez.
"La glaise. Inch'Allah la glaise nous guidera." dit-il finalement. Sa rigueur et la souplesse de Viconia, c'était un peu l'image même de ce support, malléable et pourtant étonnamment dur. Il n'éprouva pas le besoin d'en dire plus.
Yanis finit par passer sa main sur son front humide pour effacer la marque, mais il sentait que cette question, même effacée de son front, était déjà bien ancrée dans son esprit à deux vitesses. Il scruta alors la jeune fille, en quête d'une réponse à cette question. Ses mots avaient déclenché une sorte de monologue extérieur, car pendant quelques instants, l'Algérien ne fut pas certain qu'elle s'adressait à lui. Il émanait de ses réflexions une sorte de nébulosité fruitée et volatile bien mystérieuse pour lui, des paroles quasi prophétiques de la tâche à venir. Enfin elle se retourna vers lui, et agrippa fébrilement son bras. Il crut déceler une appréhension, une angoisse dans son oeil fiévreux. Elle lui avait fait une certaine impression dans la chambre un peu plus tôt, lorsqu'elle lui avait recommandé de repeindre sa chambre. Elle dégageait l'assurance de ceux qui détiennent un certain savoir-faire dans l'art qu'ils pratiquent, qu'ils vivent. Yanis ne vivait plus son art, c'était ce qui faisait selon lui la pauvreté, la froideur de ses travaux depuis le changement radical qu'avait subi sa psyché. Comme une machine, il était devenu un technicien, comme l'attestait son dessin complet. Mais comme les êtres multiplaniques, son âme s'était dissipée dans l'air. En cela, Viconia lui semblait bien plus qualifiée que lui pour insuffler ce petit quelque chose qui lui faisait maintenant défaut, cet ingrédient manquant. Elle qui passait si rapidement d'une émotion à l'autre là où Yanis était incapable de vibrer pour une, Viconia était peut-être elle aussi multiple, multiplanique.
Comme dans la chambre un peu plus tôt, quelque chose avait changé dans le regard amorphe du nano-mutant. Le projet stimulait une zone en friche de son être, et il voulait explorer jusqu'où l'expérience pourrait le mener. Il était à la frontière de ses deux plans de conscience. Il ne broncha pas lorsque la Finlandaise lui saisit le bras, mais détailla un instant sa main sur son enveloppe froide, sans savoir comment réagir, que dire de peur de briser l'équilibre précaire de leur réflexion, qui ressemblait de plus en plus à de la réflexion collaborative.
Il resta silencieux quelques secondes, repensa au signe qui avait marqué son front, puis finit par lever l'autre main, index tendu, et redressa les lunettes de la mutante sur l'arête de son nez.
"La glaise. Inch'Allah la glaise nous guidera." dit-il finalement. Sa rigueur et la souplesse de Viconia, c'était un peu l'image même de ce support, malléable et pourtant étonnamment dur. Il n'éprouva pas le besoin d'en dire plus.
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Re: [4 septembre] Au café des Ombres Chinoises
Sam 21 Nov 2009 - 23:59
La froideur de l’avant bras de Yanis remonta le long du bras de Viconia et atteignit d’une manière plutôt floue son cerveau. Toujours est-il que cela eut l’effet curateur d’une aspirine.
D’un coup, le flou mental dans lequel elle se trouvait à cause de l’incertitude commença à se dissiper tandis que son esprit pratique commençait à rechercher la base de son travail.
Il lui fallait dompter les êtres multiplaniques, s’orienter, en choisir, et surtout, inclure le bleu…
Alors qu’elle commençait à se rendre compte du fait que la semaine qui lui restait allait faire court, une pichenette sur le nez la fit loucher. Sursautant, elle relâcha le bras de Yanis et posa un regard scrutateur sur son interlocuteur.
Il avait l’air intéressé, il avait l’air de comprendre… Ou d’essayer du moins !
La glaise. Malléable. Remaniable. Changeant.
Prenant la forme qu’on voulait bien lui donner, tout en ayant son essence propre
En une seconde, la jeune fille fut sur ses pieds et brisa l’essence boisée et feutrée de l’atmosphère.
Elle ramassa la veste détrempée de Nathan et la noua dignement autour de ses épaules rayées faisant fi du regard courroucé des mamies monopolysantes.
Ses yeux flambèrent et se posèrent sur Yanis tandis qu’elle tendait les mains et saisit les siennes pour l’obliger à se relever tout en faisant mine de l’aider (il fallait savoir rester diplomatique). Elle mit toute sa force dans ses bras pour lever Yanis de force.
Excitée comme une puce, elle lui affirma avec un grand sourire prometteur :
« -Et si on arrive à leur donner corps, tu te rends compte ?! Si on les fait vivre ! Tu crois qu’ils nous parleraient ? »
Son regard loucha à nouveau, et son sourcil gauche se fronça :
« -Non, bien sûr, non… C’est idiot, il n’y a que moi qui fait parler les statues… Et c’est toujours pour les autres… »
Son deuxième sourcil se fronça.
Elle avait toujours regretté de ne pouvoir être sa propre victime. Etre parfois entrainée dans des mondes inimaginables pour elle. Afin de ressentir quelque chose d’unique. Une projection privée, une incursion dans l’Imaginarité. D’être multiplanique en somme.
Ils avaient besoin d’un bons gros tas de glaise. Ils avaient besoin d’un fil de coupe taille deux, d’une pince-truelle et d’un burin de douze.
Elle avait tout dans son atelier, c’était Claire qui en était contente… Car cet atelier était son bureau, dans son carré de la chambre, coincé entre le lit et le chevalet.
Elle voulait lui montrer. L’idée venait de lui.
Son regard illuminé tomba sur le jeune homme.
Pour le coup, elle ne s’était pas encore penchée sur le fait évident qu’elle ne l’avait encore jamais vu à l’Institut en dehors d’aujourd’hui. Croisé dans la cuisine, poursuivit par hasard chez Nathan.
Elle avait entrevu une lame, mais elle ne savait qu’elle pouvait être sa Capacité.
Une seule chose était évidente, il n’était pas très très expressif. Cela c’était reposant, hormis lorsqu’il décidait d’attaquer son coéquipier en l’égorgeant.
Par contre, il avait de bonnes idées, elle devait le reconnaitre.
Il l’avait éclairée. Il avait ouvert, de ses mains (glacées) la voie, le chemin ténu menant aux êtres intermondes.
Et à présent qu’ils étaient au début de la route, il faisait totalement partie du projet… Il était son gri-gri en somme, et il était hors de question qu’elle le lâche avant d’avoir vu le bout de sa quête !
« -J’ai un tas de glaise ! J’ai assez de truelles, et dix doigts ! »
Elle lâcha les mains de Yanis pour lui présenter fièrement ses deux paumes ouvertes.
« -On en a même vingt ! »
Voire quarante, si on comptait les doigts de pieds… Mais on y reviendrait éventuellement plus tard.
Devant les regards courroucés, elle baissa le ton tout en se rapprochant de manière conspiratrice, et un brin allumée.
« -Si on reste sur la Voie, notre bleu sera le ciel ! »
Elle n’attendait qu’une confirmation pour retraîner Yanis dans l’autre sens à travers le déluge et l’amener à mettre les mains dans la glaise pour exprimer leur indéniable génie et leur vision de la réalité multifocale.
La rouquine trépignait d’impatience et l’idée que la fièvre qui l’agitait pouvait venir du coup de froid ne lui vînt même pas à l’esprit.
D’un coup, le flou mental dans lequel elle se trouvait à cause de l’incertitude commença à se dissiper tandis que son esprit pratique commençait à rechercher la base de son travail.
Il lui fallait dompter les êtres multiplaniques, s’orienter, en choisir, et surtout, inclure le bleu…
Alors qu’elle commençait à se rendre compte du fait que la semaine qui lui restait allait faire court, une pichenette sur le nez la fit loucher. Sursautant, elle relâcha le bras de Yanis et posa un regard scrutateur sur son interlocuteur.
Il avait l’air intéressé, il avait l’air de comprendre… Ou d’essayer du moins !
La glaise. Malléable. Remaniable. Changeant.
Prenant la forme qu’on voulait bien lui donner, tout en ayant son essence propre
En une seconde, la jeune fille fut sur ses pieds et brisa l’essence boisée et feutrée de l’atmosphère.
Elle ramassa la veste détrempée de Nathan et la noua dignement autour de ses épaules rayées faisant fi du regard courroucé des mamies monopolysantes.
Ses yeux flambèrent et se posèrent sur Yanis tandis qu’elle tendait les mains et saisit les siennes pour l’obliger à se relever tout en faisant mine de l’aider (il fallait savoir rester diplomatique). Elle mit toute sa force dans ses bras pour lever Yanis de force.
Excitée comme une puce, elle lui affirma avec un grand sourire prometteur :
« -Et si on arrive à leur donner corps, tu te rends compte ?! Si on les fait vivre ! Tu crois qu’ils nous parleraient ? »
Son regard loucha à nouveau, et son sourcil gauche se fronça :
« -Non, bien sûr, non… C’est idiot, il n’y a que moi qui fait parler les statues… Et c’est toujours pour les autres… »
Son deuxième sourcil se fronça.
Elle avait toujours regretté de ne pouvoir être sa propre victime. Etre parfois entrainée dans des mondes inimaginables pour elle. Afin de ressentir quelque chose d’unique. Une projection privée, une incursion dans l’Imaginarité. D’être multiplanique en somme.
Ils avaient besoin d’un bons gros tas de glaise. Ils avaient besoin d’un fil de coupe taille deux, d’une pince-truelle et d’un burin de douze.
Elle avait tout dans son atelier, c’était Claire qui en était contente… Car cet atelier était son bureau, dans son carré de la chambre, coincé entre le lit et le chevalet.
Elle voulait lui montrer. L’idée venait de lui.
Son regard illuminé tomba sur le jeune homme.
Pour le coup, elle ne s’était pas encore penchée sur le fait évident qu’elle ne l’avait encore jamais vu à l’Institut en dehors d’aujourd’hui. Croisé dans la cuisine, poursuivit par hasard chez Nathan.
Elle avait entrevu une lame, mais elle ne savait qu’elle pouvait être sa Capacité.
Une seule chose était évidente, il n’était pas très très expressif. Cela c’était reposant, hormis lorsqu’il décidait d’attaquer son coéquipier en l’égorgeant.
Par contre, il avait de bonnes idées, elle devait le reconnaitre.
Il l’avait éclairée. Il avait ouvert, de ses mains (glacées) la voie, le chemin ténu menant aux êtres intermondes.
Et à présent qu’ils étaient au début de la route, il faisait totalement partie du projet… Il était son gri-gri en somme, et il était hors de question qu’elle le lâche avant d’avoir vu le bout de sa quête !
« -J’ai un tas de glaise ! J’ai assez de truelles, et dix doigts ! »
Elle lâcha les mains de Yanis pour lui présenter fièrement ses deux paumes ouvertes.
« -On en a même vingt ! »
Voire quarante, si on comptait les doigts de pieds… Mais on y reviendrait éventuellement plus tard.
Devant les regards courroucés, elle baissa le ton tout en se rapprochant de manière conspiratrice, et un brin allumée.
« -Si on reste sur la Voie, notre bleu sera le ciel ! »
Elle n’attendait qu’une confirmation pour retraîner Yanis dans l’autre sens à travers le déluge et l’amener à mettre les mains dans la glaise pour exprimer leur indéniable génie et leur vision de la réalité multifocale.
La rouquine trépignait d’impatience et l’idée que la fièvre qui l’agitait pouvait venir du coup de froid ne lui vînt même pas à l’esprit.
- InvitéInvité
Re: [4 septembre] Au café des Ombres Chinoises
Dim 22 Nov 2009 - 23:19
Viconia s'était reprise soudainement, et avait sauté sur ses pieds, comme investie d'une énergie nouvelle. Yanis resta coi, cette fois plus parce qu'il était surpris d'un tel changement d'humeur que par son goût pour le silence. Son oeil vert brillait d'une étincelle prometteuse. C'était comme si elle n'avait eu besoin que d'un coup de pouce, à l'image de ses lunettes, pour retrouver le chemin qu'elle avait perdu de vue.
Il se laissa relever du pouf comme au ralenti, les yeux rivés sur le visage débordant d'expressivité de la mutante. Elle ne semblait pas s'en rendre compte, mais selon l'Algérien, elle venait de changer de plan. Cela s'était produit en une seconde, et lui seul en avait été témoin. Il lui faudrait le coucher sur le papier quand il serait de nouveau seul, comme on attrape un papillon au filet.
Les mains toujours dans celles, blanches, de Viconia, le Maghrébin écouta sa question étrange sur les statues parlantes. Il y réfléchit un instant. Il connaissait bien le problème que pouvait représenter la vie dans un objet inanimé, il risquait d'en devenir un jour après jour. Etait-ce là son pouvoir ? Faire parler les objets ? Il crut percevoir une note de dépit dans ses paroles, comme si la mutante passait son temps à s'occuper des autres. Pour une fois, elle aurait peut-être l'aide de quelqu'un.
"Les objets ne parlent pas." dit-il finalement. Cette affirmation simpliste était en réalité on ne pouvait plus rassurante pour lui, autant qu'un "je pense donc je suis".
"Pas avec des mots." ajouta-t-il après une légère pause. Il comptait énormément sur la capacité de la Finlandaise à comprendre le langage secret des objets, car elle seule pourrait interpréter pour lui ce qu'il était, lui en donner une version par le filtre de ses émotions. En tout cas, elle avait implicitement accepté sa modeste contribution. C'était une première pour le jeune homme, habitué à travailler seul. Il était néanmoins intrigué par ce qu'il découvrirait, et son petit doigt lui disait que les méthodes de Viconia seraient certainement aussi inédites qu'intéressantes.
Elle lui apprit qu'elle disposait d'un tas de glaise. Vu son enthousiasme, elle voudrait certainement s'atteler directement à la tâche. Yanis n'était pas pressé de retrouver la promiscuité avec Nathan. L'incident était clos, mais il le tiendrait néanmoins à l'oeil, il avait l'air instable.
"T'en fais pas pour les outils, j'ai ce qu'il faut." chuchota-t-il à son messie. Car c'était l'identité qu'elle avait revêtue aux yeux du jeune homme. Elle lui apportait la parole du prophète, le Verbe de Dieu. Ce message qui n'était adressé qu'à lui. C'était son esprit humain qui créait des liens entre les éléments distincts de cette journée étrange. Coulant un regard latéral, il avisa de l'expression suspicieuse des clients et du personnel du salon de thé. Il valait mieux qu'ils sortent, même s'ils avaient fait tout se chemin sous la pluie pour quelques minutes de conversation aussi décousue que significative. Il avait pourtant l'impression que beaucoup de choses s'étaient passées de paroles.
Yanis hocha simplement la tête en direction de la sortie, et remballa ses affaires, prêt à se perdre à nouveau dans le sillage de l'artiste fantasque. C'était grisant, il ne pouvait pas le nier.
Il se laissa relever du pouf comme au ralenti, les yeux rivés sur le visage débordant d'expressivité de la mutante. Elle ne semblait pas s'en rendre compte, mais selon l'Algérien, elle venait de changer de plan. Cela s'était produit en une seconde, et lui seul en avait été témoin. Il lui faudrait le coucher sur le papier quand il serait de nouveau seul, comme on attrape un papillon au filet.
Les mains toujours dans celles, blanches, de Viconia, le Maghrébin écouta sa question étrange sur les statues parlantes. Il y réfléchit un instant. Il connaissait bien le problème que pouvait représenter la vie dans un objet inanimé, il risquait d'en devenir un jour après jour. Etait-ce là son pouvoir ? Faire parler les objets ? Il crut percevoir une note de dépit dans ses paroles, comme si la mutante passait son temps à s'occuper des autres. Pour une fois, elle aurait peut-être l'aide de quelqu'un.
"Les objets ne parlent pas." dit-il finalement. Cette affirmation simpliste était en réalité on ne pouvait plus rassurante pour lui, autant qu'un "je pense donc je suis".
"Pas avec des mots." ajouta-t-il après une légère pause. Il comptait énormément sur la capacité de la Finlandaise à comprendre le langage secret des objets, car elle seule pourrait interpréter pour lui ce qu'il était, lui en donner une version par le filtre de ses émotions. En tout cas, elle avait implicitement accepté sa modeste contribution. C'était une première pour le jeune homme, habitué à travailler seul. Il était néanmoins intrigué par ce qu'il découvrirait, et son petit doigt lui disait que les méthodes de Viconia seraient certainement aussi inédites qu'intéressantes.
Elle lui apprit qu'elle disposait d'un tas de glaise. Vu son enthousiasme, elle voudrait certainement s'atteler directement à la tâche. Yanis n'était pas pressé de retrouver la promiscuité avec Nathan. L'incident était clos, mais il le tiendrait néanmoins à l'oeil, il avait l'air instable.
"T'en fais pas pour les outils, j'ai ce qu'il faut." chuchota-t-il à son messie. Car c'était l'identité qu'elle avait revêtue aux yeux du jeune homme. Elle lui apportait la parole du prophète, le Verbe de Dieu. Ce message qui n'était adressé qu'à lui. C'était son esprit humain qui créait des liens entre les éléments distincts de cette journée étrange. Coulant un regard latéral, il avisa de l'expression suspicieuse des clients et du personnel du salon de thé. Il valait mieux qu'ils sortent, même s'ils avaient fait tout se chemin sous la pluie pour quelques minutes de conversation aussi décousue que significative. Il avait pourtant l'impression que beaucoup de choses s'étaient passées de paroles.
Yanis hocha simplement la tête en direction de la sortie, et remballa ses affaires, prêt à se perdre à nouveau dans le sillage de l'artiste fantasque. C'était grisant, il ne pouvait pas le nier.
- InvitéInvité
Re: [4 septembre] Au café des Ombres Chinoises
Lun 23 Nov 2009 - 15:27
Hop chambre de Claire et Viconia
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