[17/09] Americanization

Les progrès que Keyah faisaient en lecture ne cessaient de l'enthousiasmer. Elle n'avait désormais plus besoin de suivre avec son doigt, et ne marmonnait presque plus ce qu'elle lisait histoire d'en entendre la phonétique pour comprendre le sens. Du coup, cette journée, elle s'autorisait à une pause dans son planning d'alphabétisation, et décida de s'attaquer à un autre manque majeur chez elle : la culture américaine.

Pour le moment, elle s'était principalement accoutumée à la nourriture et au rythme de vie - pas de pause au zénith, parce que le soleil ne tape pas si fort, du coup coucher plus tôt et lever plus tard. C'était suffisant pour survivre, mais pas pour vivre pleinement, et comme elle n'avait pas d'objectifs de vie à long-terme, elle voulait s'intégrer le plus possible à l'American Way of Life.

Le sujet de son avenir, elle l'éludait totalement. Avant, cela se résumait à savoir quel champ coloniser le lendemain, et à quelle heure il allait falloir se lever pour le faire. Maintenant entraient dans la balance des éléments à la fois complexes et engendrant moult hypothèses : les missions. Depuis Genosha, elle savait qu'il était envisageable qu'elle n'en revienne pas, alors pourquoi perdre du temps à penser à l'après ?

L'élément prégnant de la culture US semblait être la télévision. Tout, tout s'organisait autour de la télévision. Tout était dans la télévision, et la télévision était tout. Il était donc logique qu'elle commence par là, même si elle craignait de ne pas partager l'engouement des Yankees pour le petit écran. Au moins, grâce à la zapette, elle pourrait avoir un panorama très large de ce qu'était être américain.

Après le repas et un court séjour dans sa chambre histoire de changer son bandage à l'épaule, elle était descendue, les cheveux non coiffés, non attachés, et donc formant une magnifique afro qui lui aurait interdit l'entrée d'une salle de cinéma. Par chance, personne ne l'empêcha de pénétrer dans le salon pour prendre la place de choix : le milieu du canapé qui faisait face à la téloche. Elle appuya frénétiquement sur le bouton rouge de la télécommande, avant de se rappeler que ses camarades avaient aussi tripoté l'écran avant de jouer à distance. Elle tâtonna quelques secondes jusqu'à appuyer sur Power, et réussit cette fois à faire apparaître à l'écran des images, très étranges. Des points blancs qui grésillaient, sans interruption. La chaîne zéro. Pas très intéressant.

Elle appuya sur un chiffre au hasard, et tomba sur un sport étrange, où des gens donnaient des grands coups de bout de bois dans un minuscule cercle, tout ça sur une pelouse blanche et glissante. Elle s'aperçut qu'elle pouvait changer de chaînes avec "PR+" et "PR-", et commença alors un frénétique défilement des programmes. Infos, dessins animés, autres sports, encore autres sports - il lui semblait avoir vu des choses comme ça dans l'Institut, le cercle en hauteur avec un filet en dessous - puis infos, puis sports, puis une série où un vétéran policier montrait à ses subordonnés qu'il était largement plus intelligent qu'eux, puis sports, puis un film, puis sports.

Elle cessa d'appuyer avant d'user son pouce, et tenta de comprendre le but de ce sur quoi elle s'était arrêtée. Des gros costauds faisaient face à des gros costauds, et essayaient de ruser pour passer derrière la ligne de gros costauds adverses tout en portant un ballon écrasé, sans doute par la force des gros costauds. Des commentateurs hystériques citaient les noms des joueurs à toute vitesse, en parlant de "Yards", de "Quaterbacks" et d'autres termes scientifiques. A priori, les vert et jaune gagnaient contre les bleu et blanc, mais les noms affichés étaient différents : "Patriots" et "Packers". Rien à voir, pourtant, avec l'armée américaine.

Le spectacle l'hypnotisait. Elle n'y comprenait rien - d'autant que les joueurs sur le terrain changeaient tout le temps, et que les points ne se comptaient pas un par un - mais s'enthousiasmait devant les énormes tampons que subissaient les joueurs. Peut-être qu'ils pourraient se faire une partie de cette chose, dans l'Institut ? Rapidement, elle prit fait et cause pour les vert et jaune, et applaudissait chaque fois qu'un de leurs joueurs détruisait un adversaire.

- Cette quoi ?

Keyah avait été surprise par l'arrivée enthousiaste de Gilles, mais moins que par l'expression qu'il avait employée. C'était encore un idiomatique anglais qu'elle ne maîtrisait pas ? Elle commençait à trouver cette langue trop complexe, même pour des sujets qui ne traitaient pas de l'avenir du monde.

Puis elle se rappela les commentaires, et se souvint que le terme avait été énoncé par un des journalistes. Gilles parlait du sport qu'elle regardait.

- Aaah ça s'appelle "foute" ! Ah oui, je suis fan ! Surtout les verts. T'es pour les verts, au moins ?

Elle lui avait jeté un regard soupçonneux. Tout ce qu'elle avait compris dans ce jeu, c'est que les bleus étaient les adversaires des verts, et réciproquement. Elle espérait ne pas être tombée sur un fervent supporter du camp d'en face.

Elle se saisit d'un étrange truc - pas de meilleur mot pour le décrire - rose et mou, proposé par son camarade. Ne sachant trop quoi en faire, elle supposa que ça se mangeait, puisque la bouteille était assez clairement à boire. Elle goûta, apprécia, et en reprit directement une poignée.

- Merci !

Elle regarda le maillot de Gilles.

- Tu t'es habillé pour aller faire des glissades ? Mais il te manque ton bâton et le petit rond pour taper dedans. Et le casque.

Keyah se demandait s'il existait une pelouse blanche dans l'Institut, pour permettre aux élèves de glisser comme les sportifs. Si Gilles possédait les accessoires - une partie, du moins - c'était possible. Elle se jura d'essayer, ce devait sans doute être très amusant.

-Je croyais que tu étais chez les Justix, Gilles, pas chez les Oryx? Kwé...

En entendant Keyah nommé les couleurs -manifestement des équipes de l'institut, puisqu'elle soulignait leurs rivalités omniprésentes et amicales-, Nan' conclut un peu trop rapidement le sujet de conversation. Il n'avait pas vraiment porté attention à l'habillement de ses deux collègues et, de toute manière, ceux-ci ne lui auraient probablement pas sonné de cloche quant à ce que Gilles s'apprêtait à faire... Nan', quant à lui, portait le dernier chandail qui avait survécu au départ de son colocataire pyrokinésiste, à l'éboulement de l'institut, aux diverses missions et même à Génosha. Sachant que Jen n'appréciait pas du tout ce qui pouvait ramener Tim à sa mémoire, l'aérokinésiste faisait toujours bien attention d'attendre que ce ne soit pas un jour de visite pour porter ce gilet.

L'algonquin cherchait son coéquipier voyeur -pas Jay, l'autre-, qui ne se trouvait ni à la cuisine, ni dans sa chambre. Pas non plus au foyer... L'univers des possibilités était donc achevé là-dessus : Miah n'était nulle part! Et l'amérindien était loin de se douter qu'en fait c'était justement pour des considérations vestimentaires qu'il était absent.
Il fronça les sourcils et s'étonna en direction de Bula.

-Il faut de la glace pour jouer au hockey!

Jetant un regard à son compatriote Torontois, Nan' se rappela que certains jeunes y jouaient aussi dans la rue, directement sur le macadam. Mais pas besoin de casque alors...
Nan' haussa les épaules. Chez lui, c'était bien plus simple de s'amuser! Plus rare aussi, mais surtout plus simple. Il ne passa pas de remarque, persuadé que c'était la même chose pour Keyah, qui avait tendance à lui rappeler sa propre arrivée -et dire qu'il ne lisait toujours pas fluidement...

-On ira cet hiver.

Cette affirmation ne se voulait ni un ordre ni quoi que ce soit d'autre. C'était purement et simplement une offre... moyennement bien exprimée.

-Vous avez vu Jeremiah? s'enquit-il finalement sans que son inquiétude ne transparaisse. Après tout, ce n'était pas parce qu'il avait sondé le "parfum" de son ami partout dans les limites de l'institut sans le trouver que c'était mauvais signe, non?

« Quoi, quoi ? La réception ? »

Finalement la princesse des sables n’était peut être pas si fan de sport. Elle avait au moins le mérite de s’y intéresser. Le canadien avait peu d’occasion d’étaler sa maigre science et culture. Pas question de louper l’opportunité !

« Une réception c’est quand le receveur, celui qui avait passé la ligne de but là, arrive à récupérer la balle, que lui a envoyé le Quarterback, sans qu’elle touche le sol. »

Une fois cette interrogation élucidé, Keyah montra une nouvelle fois son enthousiaste pour le match et l’équipe de Green Bay. Pourtant elle n’était pas sûre d’avoir bien fait. Gilles lui sourit afin de dissiper ses craintes.

« Ni pour les bleues, ni pour les verts, pour ceux qui jouent le mieux. Moi j’aime les Argonauts de Toronto dans la ligue canadienne mais si on parle de la ligue Américaine, je suis pour les Bills de Buffalo. C’est l’équipe la plus proche géographiquement parlant de Toronto. Je suis allé les voir quelques fois quand j’étais petit avec mon père. »

Sur ces derniers mots la voix de l’algonquin retentit. Le justix le regarda avec étonnement. Son compatriote s’était visiblement trompé sur le sujet de leur conversation. Pendant ce temps la jeune fille hésita à prendre des guimauves. Gilles se rendit compte qu’elle n’avait probablement jamais vu ce type de confiserie dans son pays.

*Waaaaaa… elle a jamais dû bouffer de bonbon avant de venir en Amérique, je me demande bien comment j’aurais fait moi dans mon enfance pour survivre sans ça.*

Une fois encore le canadien afficha sa satisfaction. Il venait de lui mettre le doigt dans l’engrenage infernal et doux des sucreries. Il en prit lui-même avant de poursuivre :

« De rien. Si tu les aimes déjà comme ça, tu vas les adorer grillé autour d’un feu de camps dans les forêts boréales… N’est-ce pas Nan ? Il y a de sacré forêt au Québec ! Mais au faites Keyah tu veux que je t’explique brièvement les règles du foot ? Surtout qu’il va bientôt y avoir la fin d’un quart temps. »

Mais Keya était passé à autre chose. Gilles trouvait touchant toute cette curiosité et naïveté. Il avala la guimauve l’empêchant de répondre poliment puis :

« Le bâton ça s’appel une crosse, j’en ai une au dessus de mon lit. Le petit truc rond c’est un palet. Pareil il y en a une pile sur mon bureau. Je peux t’en donner un si tu veux. Par contre ça fait longtemps que je n’ai pas acheté de casque. Puisque avec mon pouvoir de toute façon je ne peux plus faire des glissades comme tu dis. Le maillot s’est juste pour montrer aux autres quelle équipe je supporte. C’est un signe d’appartenance et de ralliement en quelques sortes… » Puis il fit un signe d’approbation envers Kabeyun « Je suis pour mais ça risque d’être un bon choc thermique pour Keyah… Je sais pas pour toi mais j’en pouvais plus sur Génosha, trop chaud ! »

Mais certaine personne s’était bien adapté comme son colocataire… Concernant Miah Gilles fut le premier à répondre :

« Non pas vu, pourquoi ? »

Keyah essayait de retenir toutes les informations techniques que lui donnait Gilles. Elle avait les yeux rivés sur l'écran, et acquiesçait à intervalles réguliers.

- Okay.

- Okay.

- Okay.

- Okay.

De peur qu'il ne finisse par lui ordonner d'arrêter de dire Okay, Okay ?, elle finit par s'en tenir à des hochements de tête tout en tentant d'assimiler des siècles d'histoire du sport en quelques malheureuses secondes. Cela ne changea en rien son soutien inconditionnel pour les verts, et elle sauta de joie lorsqu'ils marquèrent.

- Ouais ! Euh...teuchdoune ? C'est ça ?

C'était ce qu'elle avait compris, en tous cas. Elle se tourna ensuite vers Nan, rentré quelques instants auparavant, et lui fit signe de s'installer sur le canapé.

- Hé, viens encourager les verts aussi, Nan !

Mais il avait autre chose de plus important à demander. Jeremiah, c'était le garçon aussi blanc qu'elle était noire. Non, pire. La publicité pour la marque de lessive. Jeremiah était plus blanc que blanc. Les fois où la Malienne l'avait vu, il était aux ordinateurs, mais son teint de peau semblait indiquer qu'il passait aussi du temps dans la cave. N'ayant aucune preuve, elle haussa les épaules.

- Pas vu non plus. Mais c'est pas grave ! Viens, les verts gagnent !

Et elle reprit son encouragement en essayant de reconnaître les "réceptions", et surtout le Kouateurbaque qui faisait les passes. C'était facile, une fois qu'on avait repéré son numéro. Ce faisant, elle reprit une poignée de ces machins blancs moëlleux.

- Sans feu, c'est bon aussi ! Surtout que je connais pas de forêt par ici. Y'a que de la ville, aux USA.

Ce qui changeait grandement de son Mali.

Nan' alla s'asseoir auprès de Keyah qui l'invitait à écouter un match de foot -finalement ils étaient peut-être dissemblables- en prenant pour les vert. Ah bon! Il s'agissait donc de ces verts-là! S'asseyant, il rétorqua à mi-voix à Gilles :

-Oui... J'habitais au coeur de la forêt, avant...

Il suivait la discussion tout en tentant de rester concentré sur un joueur à la télévision -le numéro 43, arbitrairement choisi- mais qui ne cessait d'en sortir par un coin et d'y rentrer ailleurs, ce qui était un sport en soi. Laissant finalement les verts, les bleus et leur amande géante de côté, il haussa les épaules à la remarque sur Génosha. Rien n'était jamais trop pour lui. Sauf parfois ce qu'ils voyaient en mission. Ca lui était même souvent trop désagréable de savoir que des gens étaient ainsi.

Haussant les épaules lorsque les deux autres s'enquirent de la raison de sa recherche inquiète du geek, il commença tout de même à se faire des idées. Ce n'était pas du tout le genre de l'Américain de disparaître ainsi et, malgré sa subtilité, il n'était pas non plus le genre à se terrer... se cacher... éviter les gens... En fait oui, c'était son genre, mais en restant dans sa chambre, et il n'y était pas. Peut-être était-il avec quelqu'un? Se pourrait-il qu'il ait des rendez-vous secrets avec une jeune fille ou encore -après tout il était le coloc de Jason- un jeune homme? De l'institut ou des alentours?

Par curiosité -mais quel péché!-, il se leva, fit mine d'aller observer un peu le beau temps dehors à la fenêtre, mais en réalité il envoyait un message par communicateur à Miah (Car non, la délicatesse n'était pas une de ses principales qualités...)

-Spy, t'es avec qui? Je répéterai à personne...

Il retourna ensuite sur le divan et demanda à brûle-pourpoint, sans songer que la discussion n'avait peut-être pas stagné durant son absence à la fenêtre :

-Chez toi, c'est plutôt Ville ou Forêt? Au sud du Québec, c'est très ville aussi...

- Des déserts ? Ici ?

Keyah avait failli éclater de rire, mais la supposition était trop extravagante pour ça. Elle avait vu des buildings à perte de vue depuis qu'elle était arrivée aux Etats-Unis. Logique qu'elle ait le plus grand mal à se figurer des étendues sableuses.

- Ils peuvent pas être plus grands que le Sahara.

Elle n'avait pas posé la question, elle avait affirmé. C'était absurde, impossible, un non-sens total. Le Sahara était LE désert. Les autres n'étaient que de pâles imitations, s'ils existaient. Il fallait qu'elle en ait le coeur net : elle nota d'aller voir dans l'encyclopédie de l'ordinateur.

Elle se rencogna soudain dans son siège : les bleus avaient marqué des points, c'était très mauvais. Deux marshmallows de consolation plus tard, elle répondit à Gilles, sans quitter l'écran des yeux. Elle ne voulait surtout pas manquer la révolte des verts.

- Au Mali, on joue pas comme ça au football. Seulement avec les pieds, et on a pas le droit de se taper. Le ballon est rond, aussi. Il faut l'envoyer dans le but, pas au-dessus.

Qu'un sport aussi dissemblable puisse être appelé football était assez surprenant. D'autant que la plupart du temps, leur ballon bizarre, ils le portaient à la main. Ils auraient du l'appeler handball. Ou kickball, vu les grands gnons que se filaient les joueurs - à la grande joie de la Malienne. Qui décida de s'enquérir des coutumes des gens de la forêt, puisqu'elle connaissait celles des déserts et découvrait activement celles des villes.

- Nan, vous mangiez quoi dans la forêt ? Vous éleviez quelles bêtes ?

Chambre de Daniel et Yuhigi

Après avoir installé le nouveau dans sa chambre Robin avait décidé, toujours avec son livre sur la Grèce sous le bras, de rejoindre le salon pour profiter des canapés. il entra et vit Keyah, Gilles et Nan'. Oh et un match avec les Packers et les Patriots! ils étaient au coud à coude en ce moment! ce match était décisif pour le moral de l'équipe!

"Oh! Qui gagne?"

Rob sauta directement sur la canapé et tomba assis prêt à manger un peu de pop corn ou une bière "sans alcool". Puis il lui vint l'idée qu'il n'avait pas salué les gens et qu'il se conduisait comme un sagouin.

"Oh pardon... Euh ça va?"

Question bien maladroite vu son impolitesse... Il tenta alors de se remémorée la dernière phrase entendu en entrant. Bête... euh manger? Oh! ils étaient pas sympa! On parle pas dans le dos des gens comme ça!

"Et on se moque pas de Niko c'est pas cool! Et puis il tente un régime!"

Véritablement outré Robin regardant les gens présent. Pourtant c'était pas le genre de ce trio mais sait-on jamais... Oh et les Patriots menait au score... les Packers allait surement tenté des attaques plus périlleuses!

Nan' fit non de la tête à l'intention de Gilles. Et non, il n'était jamais allé au parc provincial algonquin. En fait, il était à peine sorti de Pikogan, pour se rendre à la "ville" voisine et troquer.

Il ne suivait pas vraiment attentivement la discussion sportive et entendit de toute manière crachoter dans son communicateur. Ce devait être Miah qui se prenait encore pour Conan-sans-vocabulaire, mais qui lui indiqua tout de même ensuite qu'il avait un rendez-vous avec Juliette. Affichant un sourire satisfait -il savait que Miah lui avait caché quelque chose ces derniers temps, et c'était donc ça!- Nan' ne se promit d'en parler qu'à Jen!

Alors qu'il s'apprêtait à répondre à Keyah, Robin entra en trombe et sembla s'offusquer pour Niko. Pourquoi donc? Les coureurs de l'institut avaient réellement cette forte manie de ne penser qu'à leur stupide rivalité! Est-ce que lui, Nanikana, rivalisait avec qui que ce soit? Non! Bien évidemment, c'était de la maturité, après tout! Il enchaîna donc la conversation, devant un Robin bougon.

-Niko? Euhm...
-Pas d'élevage. On emprisonne pas plus qu'on aimerait être emprisonnés. Alors on chasse, on pêche et on cultive. Même si les meilleurs fruits sont ceux qui poussent à l'état sauvage...

Il fit une pause en songeant aux baies bleues et rouges qui poussaient à proximité de son grand chêne et s'enquit auprès de Gilles.

-Tu as déjà chassé, toi aussi?

Keyah ne comprenait pas le lien que fit un Rob à l'entrée en scène très décidée entre Niko et la conversation. Puis, l'évidence la frappa.

- Tu veux dire que Niko fait du football ! Aaaaah, je savais pas ! Il doit être celui qui court et à qui on envoie la balle pour qu'il fasse un touchedaowne.

Elle avait lancé un regard interrogatif à Gilles, qui semblait l'avoir reprise pour sa prononciation la fois précédente. Est-ce que son second essai était meilleur que le premier ?

Le raisonnement de Nan, par contre, lui sembla un peu absurde, presque insultante.

- Hé, je les emprisonnais pas mes chèvres ! D'ailleurs même quand je les laissais paître, elles s'enfuyaient pas !

Elle était indignée d'être assimilée à une tortionnaire qui mettait ses animaux dans des cages. Au contraire, elle traitait ses bêtes avec soin, les lavait et les soignait elle-même. Quel lieu commun ! Elle se tourna violemment vers la télé pour bien montrer qu'elle le snobait fougueusement.

Cela lui évita de dire à quel point elle était une piètre pêcheuse. Pas seulement à cause de sa peur atavique de l'élément : elle s'était essayée à lancer une ligne dans le Niger, d'une hauteur qui rendait quasi nul le risque d'éclaboussures. Elle avait attrapé un alevin, une fois. Mort.

Le match battait son plein, mais les verts étaient encore juste derrière. Elle redoubla d'encouragements.

- Allez les verts ! Allez, allez ! Vas-y, massacre-le !

Elle s'arrêta seulement sur la remarque de Gilles.

- Un désert ici ? Et c'est prévu de faire une visite ?

Ses yeux brillaient d'espoir. Il existait un lieu qui rendait le continent américain moins dépaysant ! Elle voulait le voir. Peut-être pour conforter son opinion, à savoir que le Sahara, c'était mieux. Mais peut-être aussi pour avoir une attache supplémentaire à ce continent sur lequel, selon toute vraisemblance, elle devrait vivre pas mal d'années.

Faim... Niko avait faim et était complétement creuver par les régimes que lui avait prévues Carry, mais il luttait tant bien que malpour ne pas aller vider le frigo. Et pour ça le meilleur moyen était d'éviter la cuisine. Mais en passant devant le salon, il entendit qu'on parlait de lui. Il entra les mains dans la poche et entendit qu'on demandait quel poste il avait eu au foot.

Niko se demanda comment les autres aurait pu le savoir, il évitait généralement d'en parler Essayant de garder les yeux ouverts, il ouvrit la bouche en disant sur le ton de la plaisanterie.

" Non j'étais la balle. C'est pour ça que mon nom de code est Bullet. je trouvais que Ball ça le faisait pas... Salut en fait!"

Niko alla alors s'affaler sur le premier fauteuil libre qui se présentait à lui en riant parce que c'était mieux que d'avouer le vrai poste qu'il occupait a l'époque. Il s'arrétant d'un coup et soupira en disant.

" Faites pas gaffe à moi. Je cherches juste un coin où me poser!"

Une fois bien installer, Niko se mit a fixer la télé, sans trop vraiment chercher a comprendre ce qu'il se passait pendant le match.

Tout le monde avait les yeux rivés sur l'écran, ne parlant que très peu, en phrases courtes, brèves et mesurées. C'était pour cela qu'il passait rarement bien longtemps au salon... Les échanges sociaux en étaient limités, voir inexistants et l'algonquin si fier était souvent frustré par toute cette impolitesse -ou du moins c'est ainsi qu'il voyait la chose, ne comprenant pas que les gens aimaient relaxer ensemble. Par habitude, ou parce qu'il voyait bien qu'il dérangeait Gilles, Nan' rétorqua simplement :

-On avait des arcs, nous.

Puis à Keyah :

-Je pouvais pas savoir. et de toute manière, c'était simplement qu'à force de les enchaîner à eux, le peuple de Keyah avait fini par les lobotomiser en quelque sorte et les rendre dépendante de leurs "maîtres". Pauvres animaux.

Lorsque Niko entra, son ancien équipier voulut le saluer chaleureusement, mais se ravisa à la réplique du grassouillet.

-K...

Légèrement insulté que Niko ne veuille pas qu'on lui fasse attention, Nan' décida de sortir. Il ne se sentait véritablement pas à sa place ici...

Foyer

Nan avait capitulé devant son argumentation imparable. Keyah s'enfonça dans le canapé, satisfaite de sa victoire incontestable dans cette mini-joute orale. Elle préféra reporter son attention sur le match, qui à son immense regret s'arrêta. Quoi ? C'était fini ? Et les verts avaient perdu malgré son soutien moral ?

Elle jura en français, puis en dogon en se rappelant qu'il y'avait des francophones dans la salle qui pouvaient comprendre ses imprécations contre l'arbitre, les joueurs, la météo, le destin, les Dieux et encore bien d'autres choses. Avant de se calmer.

- Pourquoi ils s'arrêtent ? Allez, là ! C'est pas fini ! Pas tant que les verts perdent !

C'était très sournois d'arrêter le match de cette façon. Pour une obscure raison de "Quart-temps", en plus, pas du tout honnête, Keyah sentait l'arnaque. Les bleus avaient certainement soudoyé les organisateurs pour ne pas laisser aux verts le temps de les battre.

La Malienne s'aperçut au même moment qu'elle était très mauvaise joueuse. Elle se tourna vers Rob pour tenter de garder la face.

- Un match ? Mais euh...

Elle n'osait même pas imaginer résister à un choc face à Rob, Niko ou même à quiconque d'autre. Elle était crevette. Même Gilles, qui n'était pas impressionnant physiquement, pouvait l'envoyer valdinguer.

- Moi je pourrai faire la danseuse, là, sur le côté du terrain. Une de celles qui bougent avec des pompons dans les mains.

Ca devait sans doute faire partie de la coutume, comme une danse tribale. La Malienne se voyait bien plus dans ce rôle - même si dans leurs tenues, elles risquaient d'attraper la mort.

Niko sourit a peine a Rob. l'entrainement de Carrie l'avait tué. Mais il faisait avec et répondit à son collègue bolide

" Ca Baigne et toi?"

Mais la réaction de Nan, le surprit et Niko regarda son ancien collègue KozaX s'en allait. Un peu troublé par sa réaction, Niko le suivit en s'excusant auprès des autres et en décrochant son portable qui sonnait.

[ jardin]

Le match terminé Rob se retourna vers Niko, celui-ci semblait las. Il répondit laconiquement avant de sortir. Alors il tenta de chasser cette idée de pom-pom girl de la tête de Keyah!

"Mais Keyah! Tu peux être super utile sur le terrain! Avec ton pouvoir tu peux facilement passer la défense adverse!"

Bon les danseuses c'était bien aussi. Plusieurs filles de l'institut n'aurait pas renié l'uniforme aussi... Et il n'aurais pas détourné les yeux non plus!

"Puis ça serait cool ce genre de truc! Je pense que ça nous changerais des missions..."

Les missions... Oui si on pouvait pensez quelque fois à autres choses. Une petite partie où les pouvoirs ne serviraient pas à combattre des anti-mutants ou d'autres mutants terroristes. Oui ça serait bien.

"Mais bon pom-pom girl Ça serait bien aussi... Faut faire ce qu'on aime après tout!"

Plein de philosophie Il sortit son portable et envoya un petit message. Il fallait en profiter non? Trop de missions, de combats. Il fallait savoir goûter ces instants. Il écrivit rapidement un petit message avant de l'envoyer.

Slt. Juste un petit message pour dire que je pense à toi...

Il allait l'envoyer lorsqu'il se rendit compte que c'était mielleux et pas très... Enfin il effaça le message se disant qu'il parlerait à Amy ce soir avant de partir...