Automne précoce et thé indien

[HRP : l'idée générale de ce petit flashback au centre de documentation a été discuté entre Jolène et moi, mais nous avons pensé qu'il vallait mieux poster directement ici, pour ne pas multiplier les posts.]

Le centre de documentation venait de fermer, laissant James un peu assomé après une bonne journée de travail et de recherche pour son prochain exposé sur le soleil et ses éruptions. Laquelle journée avait été fructueuse heureusement. D'ailleurs, c'est en jetant un oeil vers la section spécialisée dans le phénomène mutant, lors d'une pause pour se changer les idées, qu'il avait croisé Jolène Ferjault, une relativement nouvelle étudiante à l'Institut Xavier, tout comme lui, puisqu'elle était arrivé le même jour! Celle-ci lui avait fait forte impression, de part son profil athlétique et pour son interêt pour les mutants. Bien qu'adepte de la devise : "un esprit sain dans un corps sain." James n'avait jamais été particulièrement doué pour les activités physiques, alors que bon nombre de résidents à l'Institut étaient des sportifs acharnés! Mais Jolène était écossaise, et il avait l'agréable sensation d'avoir quelque chose en commun avec elle, tout en ayant des choses à apprendre d'elle.

Ils avaient donc discuté un peu et de fil en aiguille en étaient arrivé à se mettre d'accord pour passer tester le salon de thé Chez Valérie un peu après. Ils étaient donc remonté vers le centre-ville, et se trouvaient maintenant devant l'établissement qui promettait peut-être un remède contre leur mal du pays... Il faisait décidement trop chaud dans cette partie de l'Amérique! Une bonne tasse de thé, voilà qui devrait leur permettre d'évoquer les souvenirs des villes britaniques, à taille plus humaine que les monstrueuses mégalopoles outre-atlantiennes.

James se penchait donc sur la table des consommations, examinant le choix proposé d'un air critique :
"Ha, du véritable Darjeeling du Bengale, je pense que tout cela est prometteur! Bon, si tu es d'accord, entrons et installons nous pour voir. Au fait, tu ne m'as pas encore dit pourquoi tu étais venu au centre de documentation en premier lieu?"
Puis, se retournant vers Jolène, il lui ouvrit la porte, l'invitant à entrer dans l'estimé établissement.

Jolène s'étira devant le centre de documentation, maintenant fermé. Elle avait découvert son existence il y a peu, et c'était non sans joie qu'elle y allait maintenant. Elle avait passé une bonne partie de la journée dans le rayon astronomie, tentant d'emmagasiner le maximum d'information sur ses précieuses étoiles et de trouver par la même occasion un calendrier des évènements nocturnes qui pouvaient survenir dans l'année. Il était hors de question que le matériel qu'elle pouvait avoir prenne la poussière alors qu'elle disposait d'un lieu d'observation parfait, le jardin en l'occurrence.
Toujours est-il qu'elle avait eu une envie soudaine, alors qu'elle avait encore la tête dans les étoiles, d'aller vers la partie consacrée à l'histoire des mutants, ses connaissances à ce sujet étant plus que vagues elle se devait d'y remédier. C'est entre Lloyd Llewellyn et Hank Happy qu'elle avait rencontré James, un jeune homme arrivé en même temps qu'elle dont elle avait déjà noté les bonnes manières. Un autre habitant des îles britanniques dans l'institut, un anglais précisément, c'était une occasion de plus de parler du pays. Elle n'était pas nostalgique mais ça faisait toujours du bien de se rappeler de son "ancienne vie". Et le jeune homme semblait avoir une conversation intéressante.

Ils décidèrent d'aller Chez Valérie, un salon de thé qui semblait fameux. Et puis ça faisait longtemps qu'elle n'avait pas eu le droit à un bon thé brûlant, même si la chaleur extérieure, en Ecosse il faisait rarement plus de 20°C, même en été, ne convenait pas tout à fait à cette boisson en particulier.

James laissa parler sa galanterie et lui ouvrit la porte avant de la laisser rentrer. Avant qu'elle n'ai totalement disparu dans le magasin, elle nota la présence d'un membre de l'institut, accompagné de deux personnes qu'elle ne se souvenait pas avoir jamais vu. Une fois cette constatation faite, elle pénétra totalement dans le salon de thé, ne souhaitant pas déranger le jeune homme avec ce qui semblait être des amis.

"Je cherchais des livre sur l'astronomie, plus précisément un calendrier sur les évènements récurrents annuels dans le ciel...et de quoi combler mes lacunes en histoire des mutants quand tu m'as croisée."

Elle s'assit à une table. La décoration était...un peu trop chargée? Tout ce rose et ces fleurs était d'un goût qu'elle considérait comme plus que douteux mais le kitsch faisait surement partit de ce qui faisait vendre. En tout cas c'était réussi, elle avait vraiment l'impression de revenir de quelques siècles en arrière.

"Et toi alors? Tu faisais quoi comme recherches?"

Un instant interdit, sous le coup de la surprise d'entendre son compagnon de chambrée sans le voir, James finit par se reprendre et par appréhender la sitation. A vrai dire, l'appel de Derek ne tombait pas dans des conditions idéales, mais après tout, le jeune homme lui était tout à fait sympatique, et le jeune britannique était ravi de se faire un groupe d'ami ici, à l'Institut, chose pour laquelle il n'avait jamais été doué en Angleterre.

Aussi se tourna t'il vers Jolène et s'adressa à elle d'un air interrogateur. "Excuse-moi, je viens de reçevoir un appel de Derek, qui partage la même chambre que moi à l'Institut. Que dirais-tu de l'inviter à nous rejoindre?"

Puis, en attendant la réponse de l'écossaise, James se dirigea vers le fond du salon de thé, choisissant une table avec quatre places au cas où leur petit groupe s'aggrandirait.

Devant l'air interloqué de James, Jolène eut une moue intriguée. Il se reprit et lui expliqua sa situation. Il voulait inviter Derek à les rejoindre. Elle tenta de passer en revu les noms qu'elle connaissait mais ça ne lui disait rien du tout. Mais bon si c'était quelqu'un de James appréciait et acceptait d'inviter il ne pouvait pas être totalement insupportable. Jolène suivi donc l'Anglais vers la nouvelle table à quatre places. Du moment qu'elle pouvait avoir une conversation intéressante ça pouvait lui convenir amplement.

"Et bien...ça ne me gêne pas du tout...je ne vais pas me mettre à refuser aux gens que je ne connais pas à boire un thé avec leurs amis."

C'était vrai. Si James voulait le voir elle n'allait pas s'y opposer par crainte de tomber sur un goujat de première catégorie.

"Et tu as esquivé ma question au passage."

Elle fit un léger sourire amusé, ça relancerait la conversation en attendant l'arrivée du jeune homme à leur table.

"Très juste! Et j'y remédie à l'instant! Le temps de répondre à Derek..." rétorqua le jeune homme en attrapant distraitement la carte des consommations tout en soufflant dans son appareil une réponse à Derek :
"He bien, je suis actuellement au salon de thé Chez Valérie, au Centre-ville, en compagnie de Jolène, une de nos camarades de l'Institut qui est arrivé le même jour que nous, mais tu es le bienvenu si tu désires te joindre à nous."

Puis, se retrournant vers la jeune femme, James poursuivit :
"Bon, ceci étant réglé...Je préparais un exposé sur le soleil et plus spécifiquement sur les explosions solaires, pour ma prof de Sciences Physiques. Je faisais une pause quand on s'est rencontré. C'est vraiment un sujet fascinant, à la limite de la science-fiction, parfois...Comme quoi, pas besoin du phénomène mutant pour tomber sur des choses incroyables, l'univers en est déjà rempli!"

Puis, cherchant à établir un lien entre leurs recherches respectives, le britannique reprit de plus belle : "Ainsi, tu cherchais les évenements célestes récurrents...Comme les éclipsesde soleil ou de lune, le passage des comètes, ou plutôt des phénomènes courants, comme la position des constellations, ou l'orbite des planètes?"

Puis, en attendant la réponse de Jolène, James regarda la carte des thés, même si son choix était déjà fait. Rien ne valait l'authentique thé en provenance d'Inde, infiniement meilleur que les pâles versions aux différents goûts de fruits qui se trouvaient maintenant dans toutes les grandes surfaces.

Jolène eut un air surpris lorsque James lui dit le sujet de ses recherches. C'était pas commun.

"C'est vrai que c'est un phénomène passionnant. Dire qu'une seule de ces explosions peuvent perturber le champs magnétique terrestre alors qu'elles se situent à plusieurs millions de kilomètres de notre terre rend plus humble."

Elle était heureuse d'avoir trouvé quelqu'un qui pouvait peut-être comprendre un peu sa passion.

"Disons que j'essayais d'établir un calendrier de tous les phénomènes célestes observables depuis la terre...même si je dois avouer que j'ai déjà ce qu'il me faut pour les planètes et les constellations, il me manquait quelque chose pour les évènements plus ponctuels."

Elle jeta un coup d'oeil rapide à la carte avant de reprendre.

"Un...ami m'a offert de vieilles lunettes astronomiques que je n'ai pas encore eu l'occasion d'essayer et j'aurais aimé que la première fois ce soit pour quelque chose d'un peu particulier..."

Elle marqua une pause en repensant à Six, elle aurait dût lui écrire plus souvent pour prendre des nouvelles de lui et Ailen, pourtant ça ne faisait pas si longtemps que cela qu'elle avait quitté Glasgow.

"Je n'ai pas encore trouvé un évènement qui me satisfasse."

Elle regarda avec plus d'attention la carte des thé. Le prix du thé blanc et jaune lui fit faire la grimace, c'était un tout petit peu trop cher pour elle. Finalement elle prendrait du Ceylan, bien plus abordable et plutôt pas mauvais.

"Il t'a dit quand il arriverait?"

Alors qu'il écoutait attentivement la réponse de Jolène et qu'il s'apprêtait à lui répondre, James fut une nouvelle fois interrompu dans le fil de ses pensées par un message émanant de son communicateur. Avec un soupir, le jeune britannique se demanda si c'était une bonne idée d'emporter cet appareil en dehors de l'Institut. Il avait la désagréable impression que tout le monde pouvait le joindre à n'importe quel moment, sans lui laisser un moment de répit ou d'intimité. Mais il ne pouvait pas nier l'intérêt de pouvoir lui-même communiquer avec les membres de l'Institut où qu'ils soient. Il y avait une réciprocité certaine, et il lui fallait en faire son affaire.

Souriant de nouveau à l'écossaise assise en face de lui, James commença par répondre à sa question : "Bon, Rachel viens de me prévenir qu'elle allait venir avec Derek dans quelques dizaines de minutes, nous voilà au moins fixés à ce sujet." Notant le choix de la jeune femme, James fit signe à un serveur afin d'attirer son attention, et en attendant qu'il ai le temps de s'occuper de leur commande, poursuivit à l'attention de Jolène :
"Tu es donc passionnée d'atronomie?" nota t'il avec une note d'admiration dans la voix. "Voilà une activité qu'il me plairait d'essayer. J'ai toujours été tenté par ces lunettes astronomiques, et j'aime beaucoup les images de constellations et de ciels étoilés, mais je n'ai jamais eu la motivation pour franchir le pas." Puis il reprit pensivement : "Tu veux donc "baptiser" tes nouvelles lunettes par l'observation de quelque chose de spécial? Hum, he bien, nous pourrions réfléchir à un évenement qui conviendrait. Peut-être pourrais-tu d'abord décider de ce que tu veux observer, et ensuite chercher quand cela se produira? Je m'explique : tu pourrais choisir un astre qui te plaît, ou une constellation, ou un phénomène comme un trou noir ou une comète, et restreindre tes recherches sur ce point précis."

Jolène jouait avec les fleurs en attendant la réponse de James. Vraiment c'était particulier comme décoration...James lui indiqua finalement que Derek arriverait dans une dizaine de minutes avec Rachel. Ce nom ne lui disait pas grand chose mais elle acquiesça d'un signe de tête.

"Tout à fait...en fait j'aimerais devenir astronaute plus tard, aller dans l'espace...Mais la compétition est rude, le mens sana in corpore sano prend tout son sens ici...il faut avoir une excellente condition physique pour pouvoir partir."

C'était la principale explication de son acharnement à s'entrainer à la course à pied.

"Si tu veux je t'avertirais que je ferais des observations d'étoiles, que tu en profites. C'est une discipline incroyablement vaste. Une vie entière ne suffirait pas à tout savoir sur le ciel et les étoiles."

Elle marqua une pause, le serveur avait vu le signe de James et s'approchait d'eux.

"Pour le "batême", elle eut un petit sourire lorsque James utilisa ce terme,
j'aimerais bien le faire pendant un évènement rare, le passage d'une comète spéciale ou un alignement de planètes...Quelque chose que l'on ne peut voir qu'une seule et unique fois dans sa vie."

Il faudrait qu'elle continue ses recherches si elle voulait trouver l'évènement de ses rêves.

Alors que le serveur arrivait près de leur table, James se tourna vers lui pour passer poliment sa commande :
"Une tasse de Darjeeling Phuguri, s'il vous plaît."

Il reporta ensuite son attention vers l'écossaise qui était décidément plein de surprise. Astronaute! Elle avait fixé la barre très haut. Voilà sans doute une carrière qui aurait fait la joie de ses parents, mais le jeune homme savait au fond de lui-même qu'il n'avait pas autant d'ambition. Mais croiser quelqu'un d'aussi déterminé, voilà qui sucitait son respect. C'est donc avec un air admiratif qu'il poursuivit :
"He bien, c'est tout un programme! Un esprit sain dans un corps sain, c'est sur que tu en aura bien besoin dans l'espace!" Pour James, la réussite de Jolène ne faisait aucun doute.
"Et je pense honnêtement que tu as déjà toutes les qualités requises! As-tu une piste pour une formation? Tu devras sans doute passer un concours..." Mais, avec un froncement de sourcils, James ajouta : "Tu ne craints pas de rencontrer des difficultés à cause de...ta différence, ton don?"

Se ressaisissant, le jeune homme tanta de se donner un air plus confiant, malgré la couleur étrange de son regard : "Mais non, les mentalités sont différents, ici, en Amérique, par rapport aux Iles Britanniques, ça ne devrait pas poser problème. Quant à ton invitation, j'accepte volontiers! comme cela, tu pourras me montrer comment utiliser des lunettes astronomiques! Et pour cet évenement exceptionnel que tu cherches, nous pourrions soit nous renseigner un autre jour au centre de documentation, ou alors...Peut-être demander à Madame Deneos, ma chef d'équipe? Il paraît qu'elle peut entrevoir le futur, elle pourrait deviner si un tel évenement va avoir lieu dans les jours à venir?"

James attendit la réponse de l'écossaise avec anxiété, ses doigts tambourinant sur la table, espérant ne pas l'avoir découragé avec ses réflexions un peu pessimistes sur la discrimination envers les mutants.

"Pour moi ce sera un Ceylan s'il vous plaît."

Une fois la commande des deux jeunes gens passés, le serveur s'en alla en récupérant les menus.

Les mots de James la rassurèrent un peu. Avec la découverte de sa mutanité et son déménagement en Amérique, elle avait un peu perdu de confiance en elle. Son destin était tout tracé avant, il avait été quelque peu chamboulé.

"Je ne sais pas...il faut que je regarde, que je passe les concours...il doit surement il y en avoir pas loin. Au pire, je prendrais des cours par correspondance."

Le reste de ses paroles la rendit plus sombre. C'était vrai que les mutants se voyaient refuser plusieurs boulots dans pas mal de pays.

"Je pensais tenter de leur cacher ce que j'étais...mais vu les actions que mènent l'institut, je pense que ce sera impossible. De toute façon je refuserais de travailler pour les Etats Unis d'Amérique...Ils m'engageraient plutôt dans leur armée pour la torture que pour m'envoyer dans les étoiles...Si la situation ne change pas, j'irais dans la Fédération Européenne...je serais plus tranquille à mon avis..."

Elle marqua une pause, les choses pouvaient encore changer, si la pression populaire augmentait, l'Etat pourrait encore céder...du moins fallait il encore que la populace soit de leur côté, ce qui n'était pas encore joué.

"Oui..on pourra lui demander, ça ne coutera pas grand chose d'essayer. Au fait...on parle d'astronomie...mais tu fais des études de quoi au fait?"

Un Ceylan...James médita un instant sur le choix de Jolène. Il savait que c'était irrationnel, mais il avait toujours cru qu'une personne se définissait également par ce qu'il buvait. Et observant la carrure sportive de la jeune femme assise en face de lui, James comprenait tout à fait que Jolène apprécie ce thé connu pour ses vertues anti-oxydantes.

Les propos qui suivirent lui apprirent également que l'écossaise avait vraisemblablement un caractère très déterminé, puisqu'elle était prête à mentir pour atteindre son rêve, ce qui éveillait chez lui une légère désapprobation mais également un admiration certaines. Au fond, son profond respect des règles était peut-être une excuse pour ne pas passer à l'acte, pour rester confortablement en retrait. Mais la plupart des membres de l'Institut paraissaient posséder la même détermination que Jolène...Surtout les professeurs. Peut-être était-ce du au fait que pour eux, la découverte de leur mutanité avait été une question de survie.

Mais heureusement, les jours actuels étaient plus cléments. Ce n'était pas la joie, comme le soulignait le fait que la future astronaute partage sa crainte d'être stigmatisée, mais au moins avait-il pu partir aux USA pour être enfin lui-même, avec des gens comme lui.

Des gens comme moi...quelle notion surréelle! Mais cela me donne un autre sujet de conversation. pensa t'il, assez amusé en fin de compte.

Mais il fallait d'abord répondre à sa camarade :
"La Fédération Européenne...Oui, leur politique mutante est encouragante, même si je suis sur que tu trouves également la situation aux Etats-Unis meilleure qu'au Royaume-Uni. Après tout, nous aurions pu finir dans le programme gouvernemental! Tu parles d'être utilisé par l'Armée des Etats-Unis, mais au fond, c'est ce que fait déjà l'Angleterre."
Pour s'éloigner de ce sujet politique et épineux, ne désirant pas non plus se fâcher avec sa nouvelle amie, James esseya de faire dévier la discussion sur un sujet plus neutre :
"Quant à mes études, he bien, j'envisageais une carrière scientifique, dans la recherche expérimentale." évoqua t'il en se grattant la tête, l'air légèrement rêveur.
"Je m'intéresse particulièrement à la physique et à la biologie, à l'optique plus spécifiquement. Par curiosité intellectuelle, mais aussi pour comprendre..." laissant sa phrase en supsens, il fit désigna ses yeux d'un air vague, puis compléta maladroitement "...tout ça, ce qui m'arrive, comment ça marche..."
A ce moment, par reflexe, James fourra sa main dans la poche de son pantalon en se passant nerveusement la langue sur les lèvres. Vite rassuré par la présence du petit tube de cachet dans sa poche, il posa à son tour une question à Jolène :
"Mais au fait, il me semble ne pas avoir tout à fait saisi en quoi consistait ta...mutation...Je suppose que toi aussi tu cherches des réponses?" conclua t'il en faisait référence à leur rencontre fortuite au rayon "mutant" du Centre de Documentation.

Jolène marqua une pause. Le jeune homme devait avoir prit conscience de sa mutanité bien avant elle...et en Angleterre il avait dût faire attention à ce que ça ne se découvre pas. Elle, n'avait pas eu ce problème et si Sohn Six n'avait pas été là elle serait surement toujours en Ecosse en train de suivre des cours ennuyeux au possible, tranquille jusqu'à ce qu'un accident arrive. Beaucoup n'avait certainement pas eu sa chance.

"Je n'ai pas...été confrontée directement à cela au Royaume Uni...Mais la situation n'est pas mieux c'est vrai...Etre un mutant là-bas doit être un enfer...Ici encore il y a l'institut, là bas ils sont tous seuls..."

La discussion sur les études de James serait sans aucun doute plus sereine que la précédente, ça ne pouvait être qu'un mieux.

"Et bé...au moins ça a le mérite d'être précis...Vu l'application que tu mets à faire tes devoirs tu ne pourra qu'y arriver je crois...ou alors le système américain est encore plus idiot que je ne le pensais..."

Elle s'arrêta lorsque le jeune homme continua sa phrase...C'était autre chose qu'une passion ou quoi que ce soit...c'était une quête en soi.
Elle poussa un soupir.

"Faut dire que je n'ai pas vraiment eu l'occasion avant de m'intéresser au phénomène mutant...Pour tout t'avouer, ça ira plus vite, disons qu'une semaine avant mon arrivée à l'institut j'ignorais que j'étais une mutante."

Elle passa sa main dans les cheveux, signe de nervosité chez elle, elle devait être la seule dans ce cas, du moins à sa connaissance. Tous les autres avaient l'air de connaitre leurs pouvoirs depuis bien longtemps, elle avait plus l'impression d'être arrivée comme un cheveux dans la soupe que d'autre chose en fait.

"Et puis...je comprends pas vraiment comment ça a put arriver...Je veux dire l'apparition des mutants tout ça...et puis comment les personnes développent tel ou tel pouvoir. J'ai beau regarder, je trouve pas beaucoup de relation entre le caractère de la personne ou ses centres d'intérêts et ce qu'elle est devenue. Regarde-toi, l'optique ne t'intéressait pas à ce point là...Moi je n'ai jamais eu comme ambition de devenir Miss Torture...Et puis si jamais il y avait une corrélation, même minime, j'aurais eu un pouvoir en rapport avec les étoiles ou le ciel ou quelque chose d'aprochant! Pas avec...les impulsions nerveuse ou je sais même pas quoi...Pourquoi certaines personnes sont touchées et pas d'autres? Quel est le rapport entre eux? Ils ont quoi de similaire?..."

Son débit se ralentit.

"Je sais même pas si deux mutants qui ont un gosse ensemble auront quelqu'un comme...nous...
C'est...c'est juste incompréhensible..."

Ainsi donc, Jolène ignorait tout de son don à peine deux semaines auparavant? Au moins, elle n'a pas du à vivre avec ce secret pendant des années...

Les révélations de l'écossaise intéressaient vivement James, mais la suite de ses propos lui firent froncer les sourcils. En tant que personne pragmatique, il ne put s'empêcher d'énoncer avec conviction ce qu'il avait lu dans divers ouvrages spécialisés :

"Je trouve étrange que tu penses que nos pouvoirs devraient être liés au type de personne que l'on est. D'après les informations que j'ai recueilli, les mutations ont une origine génétique. Tu as peut-être entendu parler du gêne X? Si j'ai bien saisi, nous possédons un gêne mutant qui permets l'expression d'autres gênes, ce qui nous confère nos pouvoirs. Ce gêne est le même pour tous, mais c'est les gênes qui sont "libérés" par lui qui diffèrent d'un mutant à l'autre."
L'étude de la génétique le passionnait, mais il ne voulait pas trop entrer dans les détails, il savait d'expérience que discuter d'un sujet qu'il trouvait passionnant avec une personne qui ne s'y intéressait pas n'amenait que rarement de bons résultats. Aussi reprit-il :
"Quoiqu'il en soit, les mutations ont une origine génétique. A partir de là, nous sommes nés avec nos facultés, et elles s'expriment générallement à la puberté. Si cette explication est la bonne, il n'y a donc aucune raison pour que nos facultés découlent de notre comportement antérieur. Par contre, l'inverse est vrai : si une personne peut soudain passer à travers les murs, elle pourrait être tentée de s'en servir pour voler des choses, par exemple. Au fond, c'est ce que nous faisons en mission : nous utilisons nos dons au service de nos idées." Ce qui amenait à la dernière hypothèse envisagée par Jolène :
"Et si, comme je l'ai lu, le gêne X est l'expression d'un allèle dominant, alors effectivement, il y a de très fortes probabilités que deux parents mutants aient un enfant lui-même mutant."
A la fin de son petit discours, James nota quand-même mentalement que Jolène s'était appelé elle-même "Miss Torture". Quel pouvait bien être son pouvoir pourqu'elle se déprécie ainsi? Il se promit d'essayer de lui demander, avec tout le tact et la délicatesse dont il serait capable.

Ce qu'il disait devait être vrai, mais...il y avait toujours quelque chose qui la dérageait...elle ne savait pas trop quoi, comme si une petite voix lui disait que quelque chose n'allait pas et qu'il y avait encore une inconnue quelque part. Au moins les cours qu'elle avait put avoir en biologie lui seraient utiles. Dominant/Récessif ça allait encore, elle comprenait ce que ça voulait bien pouvoir dire.

"Ouais....ouais tu dois avoir raison...mais bon...je trouva ça étrange...J'ai vu qu'il y avait déjà eu une génération de mutants avant...ça voudrait dire que le gêne s'est "endormi" pendant un siècle. Comment ça a put arriver? Enfin...je dois t'embêter avec mes questions qui n'ont aucun sens..."

Elle s'étira.

"Tu pense qu'il pourrait y avoir plusieurs générations de mutants, avec des caractéristiques différentes? Non pas que les mutants ne soient pas assez différents entre eux..."

Un petit sourire apparaissait sur son visage. Ce serait amusant d'avoir une société uniquement composée de mutants, avec l'anniversaire de découverte des pouvoirs en plus de l'anniversaire de naissance. Mais bon...encore fallait-il que les présents gouvernements soient plus souples, même si ça s'arrangeait peu à peu.

"Je veux dire, si quelqu'un a deux gênes X, vu qu'il est dominant c'est possible de n'en avoir qu'un, aura des différences par rapport à quelqu'un qui n'en a qu'un? Ou alors c'est totalement la même chose...ça pourrait être intéressant de s'y intéresser..."

Elle revint sur une phrase que James avait dit un peu plus tôt: les pouvoirs au service des idées...C'était ça d'un certain côté mais ici, dans l'institut, c'était plus les pouvoirs au service de sa survie et de la survie des compagnons. Mais ça ne lui déplaisait pas pour autant...ça n'allait pas à l'encontre de ses idéaux donc...

"Au fait, juste pour que je me fasse une idée, ça fait combien de temps que t'es au courant pour ta mutanité? ça n'a aucun rapport avec le sujet en cours mais ça me turlupine...j'aimerais bien savoir combien de temps j'ai potentiellement perdu..."

Effectivement, ça s'appelait passer du coq à l'âne mais elle ne savait pas pourquoi elle avait eu envie de poser cette question maintenant, alors que le sujet était déjà passé...Elle espérait que James ne lui en voudrait pas trop de ce changement brusque de conversation.

"Je..." commença James avant de s'interrompre, assez mal à l'aise. Mais la question de Jolène était naturelle, étant donné les circonstances, c'est juste que lui n'avait pas encore éloigné toutes les mauvaises pensées liées à son passé. Fixant un moment les excquis rideaux qui ornaient les vitres du salon, le jeune homme se remémorait les frayeurs, l'angoisse qui tord le ventre,et la douleur tellement éclatante qui envahissait son crâne quand un malaise le prenait. Combien de temps avant la prochaine crise?

Allons, il me semble que je ne suis pas à plaindre, par rapport à l'immense majorité des humains! Certes, ce que j'ai vécu était pénible, mais c'est derrière moi, et en plus, retrospectivement, c'était assez anodin.

Frissonnant tout de même à l'idée du programme mutant britannique qui aurait très bien pu compter un membre de plus, à peine quelques semaines auparavant, James reporta son attention sur l'écossaise curieuse :
"Cela va faire près de deux ans maintenant. Mais je n'ai commencé à developper mon potentiel que lors de mon arrivée ici, à l'Institut. Je ne dirais pas que tu as perdu deux ans. Non, en fait, tu n'as rien perdu du tout, puisque tu as trouvé ton pouvoir juste avant de pouvoir le développer. C'est plutôt moi qui a perdu deux années avec un pouvoir qui était plus un fardeau qu'une aide." Mais il ne voulait pas en ire tellement plus, pas aussi tôt en tout cas. Ramenant la conversation vers des eaux plus sures, il reprit :

"Quant à la question du gêne X, sur sa disparition et sa réapparition...Ma foi, c'est si les spécialistes n'ont pas la réponse, je ne vois pas comment nous, simples étudiants, aurions plus de chance. Mais j'ai deux hypothèses strictement scientifiques qui pourraient l'expliquer. La première, c'est que le gêne X est en fait un allèle recessif. Il existe des cas où un allèle récessif s'exprime majoritairement dans une population. La majorité des individus ayant deux allèles récessifs, la transmission de cet allèle est assuré. Ca va à l'encontre de la logique pure, mais ça peut arriver. Pour le savoir définitivement, il faudrait faire un élevage et regarder les résultats, mais heureusement, je n'a pas entendu parler d'une telle expérience qui serait assez choquante. La deuxième hypothèse se rapproche de ce que tu suggères, à savoir que la mutanité est réapparue, tout simplement. Après, on peut y voir une intervention extérieure. Personnellement,je pense que la vie est beaucoup plus mystérieuse que cela, et qu'une telle répétition, bien qu'improbable, n'est pas impossible. Après tout, nous entrons là dans des domaines qui sont à la limite de nos capacités de compréhension..."

James arborait un air à la fois passionné mais également assez résigné, ou plutôt, fataliste. Pourtant, il savait que faire des recherches sur le phénomène n'était pas inutile. Parfois, la recherche en elle-même était plus interessante que les résultats.

"Quant à ta question sur le double gêne X...je ne sais pas, je ne connais personne qui soit dans ce cas. Il faut dire que ce type de recherche est très délicat, éthiquement parlant, alors je pense que ça ferait un scandale si de telles recherches étaient publiées."
Puis, ses pensées revenant au programme auquel ils avaient tous deux échappés, à la mission d'enquête conjointe des Kozax, Oryx, et Nexus, ou encore au récent incident avec le Parangon : "Cela dit, il n'est pas exclut que certaines personnes mènent ce type de recherches, après tout, la mutanité est sans conteste le phénomène majeur de ce siècle. Tout ce qui se passe dans le monde en porte la marque désormais. Et dire que le phénomène se répends. Cel fait vraiment peur, dans un sens." C'est quand de telles pensées le prenaient que James comprenait tout à fait l'opinion de son père sur les mutants. Ils étaient à un moment charnière, où les mutants étaient encore minoritaires. Mais quand tout le monde aurait un pouvoir, cela signifierait que les honnêtes gens comme les criminels en disposeraient. Le monde risquait fort d'ête plongé dans le chaos...

Deux ans...ça lui faisait...une quinzaine d'années quoi...ça ne devait pas être simple de découvrir cela, surtout si la famille dans laquelle on se trouve n'est pas ouverte sur la question mutante. Dans le fond, ne pas découvrir son pouvoir avait peut-être été bénéfique...Elle aussi aurait put être recrutée pour le programme mutant britannique.

"Désolée...je ne voulais pas...d'autres sont plus à plaindre que moi..."

Le reste du discours de James l'étonna. Le jeune homme parlait vraiment de ce qu'il connaissait, elle était étonnée qu'il en sache autant...Il ferait vraiment un bon chercheur, elle n'en doutait pas.

"Je crois que je vois ce que tu veux dire...Il est plus...discret et peu donc "s'éteindre" pendant plusieurs années sans que personne ne l'ai...et "ressortir" plus tard."

Elle n'arrivait pas à trouver les mots exacts sur ce qu'elle voulait dire. Son explication était des plus fumeuse mais elle espérait que James comprendrait ce qu'elle voulait dire.
Ce qu'il disait sur la mutanité était véridique. Elle n'y avait pas vraiment réfléchit, c'était plutôt inconscient qu'autre chose mais tout tournait autour de cela...On ne pouvait pas ne pas avoir d'avis là-dessus de nos jours. La sentinelle, les lois, les pros et les antis...on aurait put avoir l'impression que c'était le seul sujet de conversation qu'on pouvait avoir.

"C'est vrai...mais ça va se calmer...Se stabiliser...Enfin normalement. Les gouvernement ne pourrons pas réprimer éternellement les mutants. Il faudra bien qu'ils se rendent compte un jour qu'ils ne peuvent plus rien faire pour arrêter le mouvement et que ce n'est pas en utilisant des lois pour les discriminer que le problème va être réglé, au contraire. Si on marginalise les mutants, ils ne voudront pas s'intégrer à la société, c'est normal. Qui voudrait aider un société qui le rejète?"

Sans s'en rendre compte, elle avait parlé des mutants sans s'inclure dedans. Un vieux réflexe de 17 ans qui avait du mal à partir parfois...Alors qu'à d'autres moments elle se savait résolument mutante. Ne pas avoir connu de discriminations devait jouer sur cette perception des choses.

"Mais de toute façon, si le gêne est récessif, le nombre de mutants va augmenter exponentiellement. Peut-être que bientôt ce sera naître sans don qui sera considéré comme dangereux et anormal...Les hommes ont du mal à retenir l'histoire passée, ce ne serait pas plus étonnant que cela."

A ce point de la discussion, le serveur arriva avec leur commande. James en profita pour rester un moment plongé dans ses pensées, tout en contemplant les volutes de vapeur qui sortait de leurs tasses. Au final, Jolène et lui avait à peu près la même vision du futur : un monde remplit de mutant, ou la normalité et l'anormalité seraient inversées. Cela lui rappellait le cours qu'il avait suivit avec Madame Deneos...Mais au final, tout cela n'était que spéculation, le futur pouvait tout à fait changer, et l'impensable pouvait toujours se produire. C'était la grande leçon qu'il avait tiré de ses cours de biologie : aucune situation n'est irréversible.

"Oui, l'homme en tant qu'espèce, et même en tant qu'individu, a du mal à tirer des leçons de ses erreurs..." Relevant la tête, le jeune homme eut un sourire d'excuse envers son interlocutrice : "Mais j'ai bien peur que ce soit une platitide que d'énoncer cela. Et nous nous retrouvons dans les méandres de la métaphysique, pour le coup. J'avoue que je m'y interesse un peu, mais j'y perds pied très rapidement. Enfin, tout cela pour dire qu'il est déjà fascinant de voir comment nos pouvoirs fonctionnent. Voilà quelque chose de concret! Les pouvoirs de nous autres mutants peuvent nous aider à avancer dans nos connaissances scientifiques. Par exemple, comment marche la télékinésie? Quelles sont les forces à l'oeuvre? Et tout ce qui relève du psychisme! Même les hybrides comme Josh ou Mina sont passionnant, selon moi!" S'aperçevant que ses paroles pouvaient être mal comprises, James tenta de rectifier le tir : "Ho, sans jamais oublier que nous avons affaire à des êtres humains, bien sur! Mais je pense que c'est vraiment ce qui m'intéresse : voir ce que le phénomène mutant peut nous apprendre scientifiquement, et pas que par rapport à l'être humain, mais par rapport aux lois de l'univers en général."

Voilà, les choses étaient plus claires pour le jeune homme maintenant qu'il les avaient énoncées. Pour lui, les problèmes sociaux entrainés par la mutation étaient bien trop compliqués, et le mettaient mal à l'aise, alors il préférait envisager les choses directement sous l'angle scientifique. Cette approche avait pour avantage de le rassurer en évacuant une partie du problème, mais en revanche, il pouvait choquer par son apparente insensibilité. Aussi c'est avec une touche d'appréhension que James attendit la réponse de Jolène sur le sujet. Elle semblait au contraire attacher une grande importance à l'aspect social du phénomène mutant. Peut-être au final était-ce plutôt une bonne chose de pouvoir discuter avec quelqu'un qui ne partageait pas exactement son point de vue, ne serait ce que pour éviter de devenir complètement dénué de tout sentiment?

A l'arrivée du serveur, James resta un moment silencieux. Jolène craignait n'avoir dit quelque chose de déplacé à James. Après tout, ils n'avaient ni le même vécu ni le même ressentit. Elle commença à touiller son thé avec la cuillère pour le faire refroidir, ne sachant pas trop quoi faire pour que la conversation ne reprenne. Elle commençait à chercher quelque chose quand le jeune homme sortit de son silence. Les questions qu'il soulevait était scientifiquement intéressantes mais sans aucun doute difficilement applicable lors de véritables tests. Surtout qu'il avait raison...des expériences seraient mal vu, même si elles étaient juste là pour comprendre.

"J'en suis sûre ne t'inquiète pas. Tu ne serais pas le genre à les étaler sur une table froide pour les observer sous toutes leurs coutures."

Elle porta sa tasse à ses lèvres mais arrêta bien vite lorsque le liquide brûlant entra dans sa gorge. Elle porta sa main à sa bouche pour calmer la douleur avant de reprendre.

"Désolée...Je pense que ce genre d'études pourraient être bénéfiques à la communauté mutante. Les aider à comprendre leurs pouvoirs pourrait les aider à s'accepter eux même...pareil pour les hybrides. Même si savoir pourquoi et comment leur mutation à eu lieu ne changera rien à ce qui s'est produit, ça pourra peut-être les aider à s'accommoder de leur nouvelle apparence. Et puis...les non mutants seront surement moins effrayés par nous si ce que nous pouvons faire peut-être traduit en termes scientifiques...Si ils se rendent compte, qu'au final nous ne changeons pas la physique du monde, ils auront surement moins peur . Après tout, on dit que l'on ne craint que ce que l'on ne connait pas. Je ne dis pas que cela réglera tous nos problèmes mais certaines personnes seront surement moins expéditives et rapides à nous juger."

Elle retenta de boire un coup, cette fois ci sans se brûler, et après quelques gorgée, elle reposa la tasse.

"Enfin...c'est déjà ce que tu tente de faire en faisant des études d'optique...."

Elle marqua une courte pause.

"Les mutants ont besoin de plus de personnes comme toi, qui tentent de comprendre les choses...Tu fera de grandes choses de ce point de vu là, j'en mettrais ma main au feu."

Jolène ne faisait jamais de compliments à la légère. Elle avait l'impression que James était quelqu'un de volontaire et déterminé. Il avait une sorte de rêve et faisait tout pour y parvenir et il faisait preuve d'une rigueur scientifique qu'elle serait incapable d'avoir sur un sujet aussi vaste. Au final, en dehors de l'astronomie elle devait avouer sa faiblesse à ce niveau. Elle n'avait pas la curiosité de James. Jolène était contente d'avoir une discussion de ce type là avec quelqu'un qui s'y connaissait et qui s'y intéressait. C'était une des personne qui avait le mérite de réussir à lui sortir la tête de ses étoiles.

Jolène ne tarissait pas de louanges à l'égard du jeune britannique, lui prêtant tour à tour les plus nobles des aspirations et les qualités les plus grandes, aussi James se sentit-il rougir sous la gêne. Il savait pertinnement ne pas mériter tellement de bienveillance et d'admiration, alors qu'il n'était qu'un simple lycéen curieux des lois de la nature. Mais la présence de Jolène lui offrait quelque chose qui lui avait manqué jusqu'à présent : une saine émulation, basée sur la camaraderie et, il l'espérait, l'amitié.

C'est le nez plongé dans sa tasse de café et le regard fuyant qu'il tenta malhabilement de relancer la conversation :
"Je ne sais pas si, euh, je pourrais apporter une aide quelconque à qui que ce soit...Je réfléchis et parle beaucoup mais..."

Je ne suis pas un héros, quoi qu'essaient de nous dire les professeurs de l'Institut.

Son regard se reporta sur Jolène et il soupira : elle correspondait beaucoup mieux à l'idée classique des comics, avec sa forte volonté et son excellente forme physique.

Avec un sourire résigné, il reprit : "Bah, je suppose que nous faisons tous de notre mieux. Et honnêtement, si quelqu'un peut bien aider la cause mutante, c'est toi, si tu deviens astronaute. C'est de cela qu'on besoin les mutants : de gens célèbres et exemplaires, qui leur montre que la mutanité ne change pas la nature humaine."

Oui, les gens ont plus besoin de rêve que de connaissance...

Mais la conversation commençait à tourner en rond, et James ne se sentait pas capable de supporter une autre série de louanges imméritées selon lui. aussi jeta t'il un bref regard à sa montre avant de reprendre la parole : "He bien, il semblerait que Derek soit en retard...C'est troublant de cotoyer tous les jours les personnes avec lesquels ont va prendre des risques de par le monde. Par certains côtés, c'est angoissant, on a toujours peur de ne pas être à la hauteur, mais d'un autre côté, c'est rassurant d'avoir des personnes sur lesquelles on peut compter."

Avoir été admis dans une équipe aussi rpidement avait été très stressant et gratifiant pour James, et il pensait que Jolène comprenait bien ce sentiment ambigüe de responsabilité qui pesait à présent sur leurs épaules.

Jolène vit le jeune britannique rougir à ses compliments et plonger son regard dans les méandres de sa tasse. Le jeune homme se dépréciait énormément, alors qu'il n'y avait rien pour. Honnêtement.

"La réflexion manque à beaucoup de personnes dans ce monde, c'est déjà un talent inestimable."

Son ton était devenu plus sérieux. Jolène appréciait le jeune garçon, elle ne le laisserait pas dire des âneries sur son compte, il devait prendre confiance en lui. Il avait les capacités de faire des choses, il était hors de question que la mutante lui laisse croire qu'il ne pourrait rien faire.

"On peut faire bouger les choses de diverses manières: en étant une icône ou en incarnant un idéal. Ou tout simplement en faisant des actions qui vont dans le sens de ce en quoi on croit, ou ce que l'on sert. Les deux se valent, croit moi. Pas la peine de faire du show pour rendre les gens heureux ou changer leur vie. Une main tendue, penser aux gens en agissant vaut toutes les paillettes du monde..."

Elle qui ne supportait pas ce genre de monde n'aimerait pas être transformée en sorte de symbole pour mutant. Tout ce qu'elle souhaitait c'était de faire ce qu'elle aimait, rien de plus.
Le changement de conversation de James l'étonna un peu mais elle ne s'en formalisa pas.

"Il s'est peut-être perdu?..."

Elle marqua une pause à la suite de ce que James avait exprimé.

"Je n'y avais pas vraiment réfléchit avant...c'est vrai que...la mort peut survenir dans n'importe laquelle de nos missions...C'est étrange ce mélange de simplicité, de décontraction et de ce que l'on peut vivre en...en dehors des cours."

Même lorsqu'ils n'étaient pas en mission, il pouvait leur arriver n'importe quoi. L'attaque au centre commercial en avait été la preuve, même si elle n'y avait pas assisté personnellement.

"Mais je pense que c'est le moins pire que d'être tout le temps en contact avec les autres membres de l'institut...à force on apprendra à se connaître et à agir ensemble. Si on était séparés, qu'on ne se retrouvait que pour les missions, je ne pense pas qu'on pourrait avoir des liens de ce genre."

Elle sirota son thé silencieusement.

"Enfin, cette nouvelle famille permet de mieux tenir parfois, lorsque la mélancolie des douces terres humides de la Grande Bretagne revient."

Elle avait dit cette dernière phrase dans un demi sourire. C'était vrai que savoir que des gens comptaient sur elle et qu'elle pouvait aussi compter sur eux était un moyen sûr de ne pas tout lâcher du jour au lendemain pour retourner dans les rues de Glasgow.