[Washington D.C.] Faites les taire

Assise dans un coin sombre de sa chambre, les volets fermés et la lumière éteinte, Zoé attendait son père, les genoux remontés jusque sous son menton, les bras croisé dessus, le front posé sur ses avants-bras.
Si l'on tendait l'oreille vers le silence, l'on pouvait entendre un doux murmure venant d'elle, et, si l'on cherchait à comprendre ce qu'elle disait, l'on aurait put entendre une comptine pour enfants.
C'était l'un des seuls moyens qu'avais Zoé pour échapper à ses peurs, à ses sentiments, à ses doutes et inquiétudes. réciter constamment une comptine afin d'occuper le chaos résidant en elle, même vainement.
C'était devenu une posture classique pour elle, celle de la bête acculée dans sa chambre, se résignant à devoir affronter, sans possibilités de fuites, ce qui la terrifiait. D'habitude, elle pleurait quand elle était dans cette position, ou se mettait même en position fœtale, dos à la porte, yeux fermement clos.
Mais, étrangement, aujourd'hui elle n'était pas à son pire, peut être était-ce à cause de la promesse de son père ? De la confiance qui irradiait de lui pour venir caresser avec tendresse la psyché abattue de sa fille.

Elle pouvait entendre ses parents parler en dehors de sa chambre et en savait la raison : elle, son problème, les possibilités qu'elle soit un de ces 'mutants", peu importe ce que cela voulait vraiment dire et ce que ça signifiait pour elle et sa famille.
Elle ne l'avouerait qu'à son père, personne en qui elle avait le plus confiance et dont les émotions lui faisaient moins "mal", mais, elle était au bord de la folie. Elle pouvait le sentir.
Chaque pas qu'elle faisait dehors, chaque personne qu'elle croisait, chaque fois qu'elle se trouvait dans une pièce avec d'autres personnes, chaque fois qu'elle se faisait submerger par des émotions ne venant pas d'elle, chaque fois, cela grignotait un peu plus ses résistances mentales, sa manière d'appréhender le monde, de lutter, d'essayer de se contenir.
Elle avait besoin de la promesse que son père lui avait faite, ne serait-ce que pour s'assurer qu'ils auraient bien tout tenter, que des gens pouvaient vraiment l'aider.
Avant qu'elle ne finisse par perdre la dernière parcelle d'elle dans le chaos ambiant des émotions.

Elle leva une seconde la tête, observant, avec des yeux hantés par la fatigue et la peur, le sac que son père et elle avaient fait la veille au soir. Seulement des affaires basiques, pas de livres, ce qui l'attristait un peu car les livres étaient l'une des seules choses qu'elle aimait et pouvait encore apprécier sans "risques".

Au final, elle attendait son père, espérant qu'elle pourrait l'amener, qu'il pourrait la sauver.

"Promenons-nous, dans les bois... tant qu'le loup... n'y es pas..."

Son petit fredonnement de comptine pour enfants semblait réussir à la calmer, son corps était moins rigide, sa posture à peine plus affalée que précédemment mais clairement plus détendue. Peut-être arrivait elle enfin à comprendre ce qui lui arrivait, ou alors est-ce juste le stress des jours précédents qui venaient de finir de frapper son esprit ?
La réponse serait un mélange des deux. Zoé était fatiguée, non, plus que fatiguée, en fait, "fatiguée" ne commence même pas à décrire l'état dans lequel elle est actuellement.
Elle continue toutefois de chanter ses comptines, passant de l'une à l'autre, sans les finir, ou ne commençant pas au début, cherchant juste à s'occuper l'esprit, écoutant, sans vraiment faire attention, la voix de son père.
Père qui semblait parler avec quelqu'un d'inconnu...

Zoé n'aime pas les inconnus.

Ils sont un symbole de souffrance supplémentaire, de nouvelles émotions, de sensations étranges, d'inquiétudes, de peurs, de panique.
Les étrangers et inconnus ne font pas partit de la liste es priorités de Zoé, ce qui est dommage quant on sais que son "talent" pourrait aider les autres car pouvant les comprendre mieux que n'importe qui, ressentant ce qu'ils ressentent, pouvant analyser ces émotions sans avoir les raisons qui ont fait naître ces émotions...
Si elle ne se laissait pas submerger par ces derniers.

On frappe à sa porte, elle ne semble pas réagir, ne répond même pas, comme dernièrement, ses parents savent qu'elle ne veux, généralement, voir personnes et que, si ils veulent la voir, ils doivent s'inviter d'eux-même dans son fort, dans sa forteresse.
Cependant, en lieu et place de son père, c'est une jeune femme qui apparaît plutôt, blonde, semblant gentille.
Mais elle aurait put arriver avec un coupon indiquant un an gratuit de junk-food et de place de cinémas gratuites que cela n'aurait pas empêché ce qui allait suivre.
Aussitôt après avoir découvert qu'il s'agissait d'une "étrangère", Zoé se raidit, tant physiquement que mentalement, remontant toute ses défenses, serrant les dents pour essayer d'empêcher de ressentir ce qu'allait ressentir en voyant la jeune blonde, ses yeux bleu hantés et fatigués se posant sur l'apparence de la femme, indiquant à la fois peur et inquiétude, comme un animal blessé qui serait acculé dans un coin.

Elle laissa quelques secondes s'écouler après avoir écouter ce qu'avais dis la femme blonde, ses yeux toujours rivés vers elle, sa position n'ayant pas changer, toujours assise dans un coin, son corps raide, ses mains agrippant ses genoux, comme cherchant à se protéger. Elle était encore un peu loin pour réellement "sentir" ce qu'elle ressentait, mais cela ne faisait rien pour rassuré la jeune américaine d'origine suédoise.
D'apparence, et en jugeant par sa voix, elle pouvait se permettre de faire un peu confiance à cette femme, sachant que, ce qui la poussait à lui répondre était surtout le fait que ce soit son père qui l'ait invité ici.

"O-Où on va ? Papa peut venir ?"

La peur, l'incertitude, la tristesse, tout cela pouvait s'entendre dans la voix de Zoé, une voix un peu rauque, comme si cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas parlé. Elle n'avais pas vraiment de questions, pas pour l'instant, mais elle devait au moins se donner le temps de rassembler ses "forces", ses défenses devaient être le plus hautes possibles si jamais elle devait aller dehors, là où il y avait les "gens"...
Instinctivement, son regard se posa sur son sac déjà prêt, avant de se reporter aussitôt sur le docteur Wree, ses yeux gardant la même lueur hantée en eux.

Zoé ne put s'en empêcher et se mit à gémir plaintivement en sentant, et voyant l'inconnue aller s'asseoir sur son lit. Elle continuait de l'observer avec méfiance, raidissant son dos un peu plus, prête à bondir et s'enfuir au moindre moment, prête à simplement oublier l'existence de cette femme et de son Institut pour les gens "comme elle".
"Comme elle"... Ces mots résonnaient creux pour elle, sans saveur, sans réalités. Elle n'avait que très légèrement baisser ses défenses, mais uniquement parce que c'était son père qui l'avait fait venir ici, chez elle, pour lui parler.
Cela ne signifiait en rien qu'elle pouvait avoir le droit de balancer des mots comme "comme elle" et "aider"...
La colère montait en elle, un autre problème de son exil volontaire et de sa "manie" de ressentir ce que les autres ressentent. Elle avait parfois des sautes d'humeur, rien de dramatique, mais ça pouvait la prendre comme une furie et l'épuisée aussitôt.
Secouant la tête, elle se força à écouter ce qu'elle disait, cette étrangère, elle devait au moins faire ça.

Après avoir écouter tout ce qu'elle avait à dire, Zoé était de plus en plus paniqué.
Parler à des gens ? Compagne de chambre ? Pleins de nouveaux camarades ? Non, non, non ! C'était pas le contrat ça ! Le contrat c'était de faire taire ces fichus voix ! ces fichus émotions qui ne venaient pas d'elle !
Elle avait pas besoin d'aller voir un autre foutu psychiatre qui allait lui dire, le plus simplement du monde, qu'elle était folle et devait donc être enfermée, pour le bien de la société, elle ne voulait pas, elle le refusait !
Mais avait elle vraiment le choix ?
Pendant que la rage et l'indignation, sans fondements, montaient en elle, iune minuscule partie de son esprit, la seule pas encore totalement atteinte par sa propre déchirure mentale commençait à lui chuchoter les "pourquoi" du fait que ce serait une bonne idée.
De nouveaux camarades seraient facile à éviter si elle arrivait à trouver un lieu calme et à l'écart de tout. Une compagne de chambre serait facile à ignorer après quelques jours, difficilement si les émotions étaient fortes, mais suffisamment.
Et quant à ces adultes qui voulaient lui parler... Eh bien ils allaient avoir intérêt à donner de bonnes raisons quant à pourquoi elle devrait leur parler.
Elle n'était pas folle.
Elle s'en approchait mais elle ne l'était pas encore, elle n'avait donc pas besoin de psy.
Point.

Finalement, le seul point dur pour elle fut de savoir que son père, et donc par extension sa mère, ne pourraient pas venir avec elle pour l'accompagner, ce qui augmenta son stress et sa panique de façon conséquente mais la promesse de pouvoir leur téléphoner et écrire aussi souvent qu'elle le voudras lui mit un peu de baume au cœur, au moins pourrait-elle toujours parler avec les seules personnes qui ne la croyaient pas folle.
Parce que ce "docteur" pouvait bien dire tout ce qu'elle voulait, c'était des mots seulement. Et Zoé avait trop peur de baisser ses barrières pour essayer de ressentir le docteur afin de savoir si elle était sincère ou non. Donc, jusqu'à ce qu'elle et son Institut fassent leurs preuves, elle allait les considérer comme des intrus indésirables.
C'est mesquin et enfantin, mais c'est l'une des méthodes qu'elle à trouvé pour s'éviter de craquer.

Sans dire un mot au docteur, mais en s'assurant de toujours conservé ses yeux bleu fatigués et inquiets sur elle, elle s'approcha de son sac avant de rapidement le mettre sur son épaule, pour repartir se coller près du mur, loin de la femme, marmonnant une vague " je suis prête", signalant qu'elle comptais la suivre.
Elle ne se donna même pas la peine de relever la phrase de la Docteur sur le fait que c'était le premier pas d'une vie radieuse... Parce que si c'était aussi facile, elle aurait pas passer ces trois dernières années à vivre comme une ermite et à sentir sa santé mentale s'effriter à chaque fois qu'elle était entouré de plus d'une personne.

Il y a des moments dans la vie où tout se passe très vote, trop vite pour le goût du voyager qui n'a, alors, pas le temps d'apprécier à sa juste valeur le voyage. Car, pour beaucoup, le voyage est plus important que la destination finale, c'est une série d'épreuves, de nouveautés, de découvertes avant de finalement poser sa valise pour profiter de sa destination d'arrivée, pour décompresser, ou tout simplement profiter de la vie.
Pour Zoé, que ce soit le voyage ou la destination, cela ne l'intéressait pas.
Depuis ses adieux à son père - et a sa mère accessoirement - elle n'avais pas décrochée un mot de tout le trajet, regardant autour d'elle avec inquiétude, gémissante parfois quand trop de monde venait l'entourer, la forçant à ressentir leur anxiété, leur faim, leur fatigue lui donnant, à la fois, mal à la tête et nauséeuse.
Heureusement pour elle, le voyage se passa relativement "vite", bien qu'il fut tard quand elle arrivèrent, ce qui ne dérangeait en rien Zoé. Plus tard il était, moins de monde elle verrait.

Elle n'écouta que d'une oreille distraite les recommandations du docteur Wree. Sa seule question serait : "Quand est-ce que je pourrais enfin mener une vie normale ?" Tout le reste n'est que fantasque inutile et perte de temps.
Elle n'avais pas envie de se faire des amies, pas envie de rencontrer des gens et clairement pas envie de passer plus de temps qu'il n'étais nécessaire dans ce bâtiment qui, la nuit tombée, avait quand même l'air bien lugubre...
Sans dire un mot, elle suivit le docteur à travers les couloirs, sans faire attention à là où elle allait, et où elle se trouvait, elle était fatiguée, avait mal à la tête et était énervée.
Quant à savoir si cette colère venait d'elle ou était un résidu de quelqu'un de l'aéroport par contre...

Quand, enfin, elle arriva devant la chambre, elle fut surprise de voir qu'il fallait un trousseau de clés pour l'ouvrir... Quoique, il était minuit passé et si la personne déjà dedans dormais, mieux valait éviter de la réveiller et ouvrir sa porte autrement.
Mais quand même.
Quoi qu'il en soit, cela s'avéra être inutile compte tenu que la future compagne de chambre de Zoé, Emily d'après ce que disait le docteur Wree, était encore réveillée, et lisait un bouquin, qu'elle s'empressa d'aller planquer.
Si on lui pose la question, Zoé dira que c'est la fatigue, mais l'action lui fit hausser un sourcil, sans toutefois la rendre plus amène envers l'inconnue.
Au moment où elle vis l'étrangère, sans penser une seule seconde que, ici, l'étrangère c'était elle, elle se raidis de nouveau, et, malgré sa fatigue, essaya de bloquer tout ce qui pourrait venir vers elle en commençant à réciter, mentalement, plusieurs comptines..
Deux personnes c'était au-delà de sa zone de confort.

Elle n'écouta que d'une oreille la conversation à sens unique entre le docteur Wree et la jeune Emlily, à priori, il y avait un couvre-feu. C'était pas spécialement étrange pour Zoé, après tout c'est un Institut où ce sont les adultes sur place qui doivent prendre soins des enfants, donc établir un couvre-feu semblait être une bonne chose.
Par contre, ce qui était étrange, c'était les portes verrouillées.
Qu'il y ait un couvre-feu, d'accord, mais verrouillés les chambre aussi, c'était pas un brin excessif ?
Elle n'eut pas le temps de penser plus longtemps à ça car voilà que Emily cherchait à socialiser.
Si elle devais être franche avec elle-même, cette Emily ne lui avais pas fait du tout une bonne première impression, au contraire. Mais une partie d'elle-même, une partie encore logique voulez-vous, lui disait qu'elle non plus ne devais pas faire une bonne première impression.
A la question d'Emily, elle se contenta juste de hausser les épaules, elle s'en moquait, elle n'aimait pas l'odeur de cigarettes mais si elle voulais fumer, qu'elle se fasse plaisir, ce n'était pas le problème de la jeune empathe.
Par contre, quelques chose l'embêtait, Wree avais demandée à Emily de lui montrer où elle pourrait poser mes affaires, mais à priori, elle avais déjà oubliée... Saleté.

"O-Où je... Peut poser... Mes affaires... ?"

Une petite voix rauque, un ton timide et craintif et une attitude réservée.

Zoé était comme d'habitude.

Étrangement, Zoé arrivait à se calmer, graduellement, en essayant de s'adapter à son environnement. Elle n'était pas encore complètement à l'aise ni n'avais encore confiance en "Emily", mais elle savait que, quoi qu'il arrive, elle pourrais toujours appeler son père, et, si le besoin s'en faisait sentir, elle pourrait toujours tenter de le convaincre de venir la chercher, si besoin est.
Elle suivis, non sans appréhension, Emily tandis qu'elle lui présentait la chambre. Elle nota le lit ainsi que l'armoire et entreprit de vider cette dernière, surprise de voir des affaires d'une ancienne personne présente.
D'ailleurs...

"Aicha... Qui ? Et elle est où... ?"

Elle continuait de ranger ses affaires, lentement, méthodiquement. Elle n'avais pas grand chose, quelques vêtements principalement, et sa trousse d'affaires personnelles : brosse à dents et brosse à cheveux.
Sa question avait été posée avec son ton habituel : inquiétude, peur, timidité, appréhension. L'attitude amicale de sa compagne de chambre l'intriguait et l'a rendait aussi très inquiète. Ce n'était pas le première qu'on était amicale avec elle, mais généralement c'était seulement sa famille qui était gentille... Ou ce médecin qui l'avait diagnostiqué comme étant une folle furieuse...

C'est peut être l'une des raisons pour lesquelles elle ignora la question de Emily quant à savoir pourquoi elle était présente en ces lieux.

Même si elle n'avais pas l'air, Zoé écoutait tout, absolument tout ce que Emily lui disait. Et ce qu'elle entendait l'inquiétait, grandement. Internée ? Accident ? Section 1 ? dans quel lieu elle était tombée ? Et surtout de quel sorte "d'internement" on parle là ? Un internement façon hôpital psychiatrique ou bien un internement genre prison haute sécurité ? Et surtout, quel sorte d'accident à put conduire à un internement ? Et c'était quoi cette Section 1 ?!
Plus elle se posait de questions, plus elle avait du mal à maintenir ses barrières mentales et donc à ne pas ressentir trop de choses.
C'était trop bizarre, mais elle ne pouvait pas encore se laisser aller... Inspirant plusieurs fois, elle se mit à doucement réciter quelques comptines, sans logique entres elles.

Une fois sure qu'elle était "calme", elle entrepris de rapidement finir de tout ranger, écoutant les dires de Emily comme quoi l'ancienne cothurne, Aicha, était friande de ragots... Il y en avait toujours au moins une comme dans dans les écoles, Institut et autres groupe de rassemblement social. Généralement, Zoé les évite comme la peste, plus encore depuis l'arrivé de son "pouvoir", ce n'est pas le genre de personne avec qui elle veux traîner, non, pas du tout.
Deux choses, toutefois, attirèrent l'attention de Zoé. La première était la remarque, apparemment anodine, de Emily. Comment ça elle était pas là de son plein gré ? Ce n'est pas un Institut qui viens en aide aux personnes comme elle ? Ils forcent les gens ? Ou alors c'est la famille de Emily qui l'a forcée ?
Trop compliqué pour le moment pour Zoé, le voyage avait été long et comme elle faisait confiance à rien ni personne... Bah disons qu'elle se méfie de chaque mots qui se dis.
Le seconde truc, c'était une note, apparemment caché sous une pile de vêtements... Elle était courte mais très instructive... Qui que soit ce "Billy", Aicha ne le portait pas dans son cœur... Surtout si on tenait compte de la dernière phrase de la note.

Il faudrait qu'elle réfléchisse à tout cela le lendemain... Après avoir bien dormi... Et Emily semblait être d'accord avec elle vu qu'elle avait, enfin, finit sa cigarette et se préparait à aller au lit.
En tout cas, elle semblait avoir eut pas mal de cothurne avant elle à en croire ses paroles, mais ce n'était pas vraiment le problème de l'empathe. Elle se contenta juste de secouer la tête à la question sur la lumière avant de prendre sa robe de nuit et de se diriger vers les toilettes pour se changer rapidement, après avoir pris soin de mettre la note sur Billy dans son sac.
Pendant qu'elle se changeait elle ne pouvait pas s'empêcher de se sentir mal à l'aise... Le Docteur Wree avait réellement l'air sympathique et Emily ne semblait pas méchante mais, comme à son habitude, elle se méfiait de tout ce qu'il y avait dans cet endroit...
Espérons qu'après quelques jours ici elle se détendrait.

Une fois changée, elle revint rapidement se coucher, marmonnant un vague "bonne nuit", sans réel conviction. Dormir... Voilà ce dont elle avait besoin.

On ne peut pas vraiment dire que sa première nuit dans l'Institut fut des plus mémorables pour la petite Zoé, pas qu'elle soit facile à oublier aussi mais disons qu'on était en droit de s'attendre à quelque chose de plus passionnant que de vagues bruits de murmures semblant venir du sol de sa chambre... Tant est que ces murmures existent vraiment et qu'il ne s'agit pas d'une nouvelle facette de l'esprit fracturée de la jeune empathe.
Elle n'aimait pas du tout cette idée toutefois, car cela signifierait qu'elle avait fait un pas de plus dans la direction que ce foutu médecin avait dis qu'elle ferrait et s'éloignait, donc, du chemin qui expliquerais qu'elle n'était pas folle... Juste différente.
Elle n'aime pas être cataloguée de "différente", pas du tout, mais quitte à choisir entre la folie et être différent, elle prendra la seconde option, merci beaucoup.

Grâce à Emily, elle se réveilla en sursaut, l'esprit encore complètement embrumé par sa nuit courte et peu reposante. Si il y a une chose à savoir sur Zoé si on dois vivre avec elle, c'est qu'elle n'est pas du matin, il lui faut un long moment, entrecoupé d'une bonne douche chaude et d'un petit-déjeuner solide avant que ses fonctions les plus importantes se remettent en marche.
C'est la partie de la journée qu'elle préfère.
Bien qu'elle déteste avoir à se lever tôt, elle adore cet état de semi-conscience dans lequel elle se trouve parce que, dans cet état là, elle ne ressent rien. Absolument rien. Que ce soit d'elle ou des autres.

Comme Zoé ne savait pas trop ce qu'il se passait et que ses fonctions cognitives n'avaient pas encore fait leur grand retour, elle ne put que regarder d'un regard morne, Emily tandis qu'elle semblait essayer de lui expliquer quelque chose.
Baillant à s'en décrocher la mâchoire elle émis un vague bruit qui ressemblait à un son d'agrément avant de se lever et de suivre sa compagne de chambre, traînante des pieds en la suivant, se frottant les yeux.
Après avoir marché quelques instants, elles arrivèrent, enfin, dans la salle de bain proprement dites et là, une petite partie des capacités intellectuelles de Zoé refirent surface en voyant la situation.
Des personnes, des filles plutôt, pleins de filles, trop de filles, pas d'endroit à l'écart, ou privée.
Les insécurités et la timidité de la jeune Zoé revinrent en flèche et elle se mit à rougir horriblement tandis que Emily continuait de parler, essayant de bafouiller son indignation et sa timidité à l'ancienne habitante de l'Institut.

Cependant, après quelques secondes à continuer d'essayer de trouver les mots justes, elle dut avouer sa défaite, surtout quand Emily commençait déjà à se déshabiller.
Tout en continuant de rougir, Zoé se mit à retirer sa robe de nuit, les yeux collés au sol, refusant de regarder qui que ce soit.
Mais, une chose l'intriguait.

"Médicaments ? Comment ça ?"

Sa voix était à peine plus audible qu'un murmure et venait de sortir comme un couinement de souris plutôt qu'une voix humaine... Mais c'était déjà un miracle qu'elle ait réussit à parler et à regarder Emily dans sa situation. Normalement elle arrive juste qu'à pousser un petit cri et à s'enfuir pour se cacher.
Mais quelque part, elle se disait que faire ça ici allait lui attirer des ennuis, à elle et à Emily.
Tandis qu'elle parlait, elle avait commencer à se laver, rapidement, l'eau sur sa peau lui faisant un bien fou, arrivant même, ô miracle, à légèrement la détendre... Jusqu'à ce qu'elle "les" entendent.
Les rires.
Instinctivement, elle se couvrit le corps, les yeux grands ouverts, regardant Emily avec appréhension.

"Tu... T'as entendue ?"