Larguée...

La voiture partit dans un bruit énorme. Sydney regarda autours d'elle, et se rendit compte que Salem était loin d'être la ville qu'elle avait imaginé. Elle avait pensé voir une ville genre..en fait, elle ne savait pas vraiment. Tout ce qu'elle savait à cette heure précise, c'est que les amis chez qui elle logeait l'avaient déposée là, et qu'à cette heure précise, elle devrait se démerder pour trouver un endroit où dormir, manger, jusqu'à ce qu'elle trouve ce truc d'Institut où on avait décidé de l'envoyer.

*pfff encore une idée de p'pa j'imagine...Deux trois trucs bizarres que des gens voient, et on dit que je suis une mutante..ça va quoi, je suis pas un danger publique non plus, faut pas exagérer...*

Elle fit quelques pas en traînant les pieds, et avisa un banc pas très loin.
S'asseoir? cela ne l'avancerait pas à grand chose. Commencer par trouver un motel dans la ville? pourquoi pas...on lui avait laissé de l'argent, elle avait le sien, cela irait amplement.
Dans ses rêves de gosse de riches, elle songea soudain à une énorme chambre avec lit double, petit dej' à volonté et vue sur le paysage...mais dans cette ville, il ne devait surement pas en avoir...

*pfff!autant chercher une botte de foin dans une aiguille!*

Elle continua sa petite route, portant sa valise, et tout à coup, une odeur de hot dog se fit sentir à l'autre bout de la rue. En marchant un peu plus loin, elle aperçu alors un vendeur ambulant devant sa petite "boutique".
Elle s'avança, mourrant de faim, et même la figure pas très aimable de l'homme ne la rebuta pas.

-Bonjour, je voudrais 1hot dog avec frites s'il vous plaît.

demanda-t-elle en fouillant dans sa poche, et tirant un billet qu'elle conserva le temps de la préparation.

Le vendeur de hot dog était un homme bedonnant aux mains qui avaient manifestement passé trop de temps dans la friture. Il était même possible que cet homme puisse sortir les frites à mains nues... qui sait...

"Bonsoir ma ptite dame, ça roule..."

Il prépara ce qui était demandé, mettant une dose astronomique de moutarde dans le pain et faisant la conversation.

"ça marche les affaires pour vous ? Vous venez dans c'te patelin pourri pour quoi ? Zavez pas lu la dernière ?"

Le vendeur lui tendit le hot dog et s'empara du billet avant de rendre la monnaie correspondante.

"Bah ! Vous sortez de Jupiter ou quoi ? Vous savez qu'il y a un repaire de mutants dans c'te ville !! Ils avaient fait une espèce de garden party là, c'est pour ça que je suis venu, pour avoir des clients, mais y'a eu un max de bruit et d'explosions ! J'vous raconte pas le merdier !!"

Il marqua un temps pour ranger le billet dans sa caisse.

"Moi je dis, ces gens là-bas, sont dangereux, vous feriez mieux de tracer la rue plutôt que de rester ici..."

Le vendeur se renfrogna... Les légendes urbaines étaient effrayantes si près de leur source.

"Ouais... on raconte qu'il y en a qui noient les gens d'un seul regard, qui vous font jaillir des verrues et qui dévorent vos cadavres... Tout a explosé, ils ont rasé la moitié du bois de Salem... Une vraie catastrophe. Tenez, des journaux en parlent, je vous les vends pour 2$"

Le vendeur de hot dogs se réjouit d'avoir une si bonne cliente, et attendit patiemment qu'elle finisse son sandwich. Prenant un air d'espion sur écoute, il confia ce lourd secret à Sydney.

"Ne le répétez pas, mais un client m'a dit qu'il y avait des lobbys très puissant qui contrôlaient les autorités pour que personne ne bouge... Ces mutants sont haut placés. Tenez, dans le journal, ils parlent d'un mutant qui peut même contrôler ce que les gens pensent, vous vous rendez compte ? Il pourrait me faire mettre la clé sous la porte..."

Perspective terrifiante en effet.

Le marchand de hot dogs, auparavant si affable, se prit soudain d'une certaine crainte, et s'emporta.

"Vous dites ça, mais vous pourriez tout aussi bien être une de ces dangereuses mutantes ! Oui ! Voilà pourquoi vous êtes ici ! Vous voulez les rejoindre ! Je le savais ! Ils lèvent une armée ! Laissez-moi, quittez mon commerce !"

Réaction paranoïaque et classique, toutefois, il ne valait mieux pas essayer de composer avec lui. Il n'avait pas vraiment la tête de quelqu'un dénué de capacités physiques.

Le vendeur de hot dog lui tendit les journaux, Eastern News et La sentinelle en question d'une main dédaigneuse, et rappela.

"Je vous rappelle que c'est 2$. Alors vous me payez, et on en parle plus."

Le vendeur de hot dog ne répondit pas de façon intelligible, préférant bougonner qu'il en avait marre, qu'il n'était pas l'armée du salut ni le 118218 ou autres choses du genre. D'un geste passablement agacé, il éteint sa machine, referma ses cuves, boucla son petit stand et remit sa veste avant de tourner les talons en râlant.

"Apprenez à lire !"