Re: Une journée de plus (Killarney, Irlande)

Mike ne lui répondit qu'une fois hors de la voiture, en attendant que leurs hôtes viennent les accueillir.

"Tu t'en feras d'autres. Et tu ne perdras pas ceux d'ici... Tu ne me perdras pas." fit-il en attrapant la main de la jeune fille.

Il la sentit alors devenir nerveuse alors que la femme approchait à pas lents. Il serra plus fort la main de la jeune fille si sensible à ses côtés. Il savait que c'était la seule solution. Il le sentait. Il savait qu'elle avait besoin de les revoir. La femme arriva devant le portail et marqua un temps d'arrêt. L'expression de son visage, de neutre passa à étonnée, puis gênée et enfin soulagée.

"A... Abaigh?" demanda-t-elle d'une voix pleine d'hésitation.

"Bonjour, Mrs Mc Culloch. Je m'appelle Mike Faerty. Je suis un ami de votre fille." expliqua-t-il à la femme qui lui faisait face.

Celle-ci, contre toute attente de la part d'Abaigh ouvrit les bras pour la prendre dans ses bras, ce qu'elle fit sans attendre que la jeune femme ne le fasse elle-même.

Mike essayait de se montrer rassurant et lorsqu'il prit la main d'Abaigh dans la sienne, cela fit un bien fou à la demoiselle. Elle la serra d'abord doucement. Mais quand elle vit sa mère s'approcher à pas lents, sa main se resserra fortement sur celle de Mike et à ce moment là, il put sans doute sentir la force que possédait Abaigh.

Sa mère prononça son prénom et Abaigh fut parcouru d'un frisson. C'était très étrange de l'entendre prononcer son prénom, très étrange d'entendre à nouveau sa voix. Mike se présenta comme un ami : oui, il l'était sans aucun doute possible.

Abaigh avaient les yeux fixés sur sa mère. Elle ne disait rien, ne bougeait pas, restant auprès de Mike. Elle n'avait pas vraiment envie de s'approcher de sa mère pour l'instant. Mais envie ou pas, sa mère, elle, s'approcha finalement un peu plus et finit par prendre Abaigh dans ses bras.

Un grand silence alors.

Abaigh fut bien entendu étonnée d'une telle réaction de la part de sa mère. Sa mère qui avait donné son accord pour enfermer sa propre fille dans un endroit horrible ; sa mère, qui avait mit sa fille à la porte sans véritable raison ; sa mère qui pendant ces trois années n'avait même pas cherché à revoir sa fille. Là, elle la serrait dans ses bras.

Etait-ce seulement suffisant pour Abaigh?

Oh non, c'était bien loin d'être suffisant. Un câlin ne pouvait nullement effacer ce qui avait été dit et fait. Un câlin ne pouvait pas effacer l'absence de ses parents. Un câlin ne pouvait absolument pas arranger les choses : ça ne serait pas si simple.

Abaigh ne fut donc pas très réceptive à cette étreinte et resta d'abord sans faire le moindre geste envers sa mère. Au bout de quelques instants, elle entoura malgré tout sa mère de ses bras. Mais cette étreinte était très froide. Si plus tôt le coeur d'Abaigh battait à tout rompre, il était là, redevenu étrangement plus calme.

"Bonjour Maman."

Dit-elle d'une voix quelque peu détachée mais pourtant malgré tout émue. Pourquoi en cet instant, ne pouvait-elle pas oublier ce qu'il s'était passé entre eux? Pourquoi en cet instant, ne pouvait-elle pas pardonner à sa mère? Parce que son père était là, non loin, et que voir son visage était pour Abaigh difficile et douloureux. Elle revoyait cette expression de dégoût qu'il avait eu. Elle ne voyait que ça.

Noyée par les sentiments qui la rongeaient, ses yeux furent bientôt remplis de larmes et son regard était étrange, changeant : il était remplit de rancoeur, et d'amertume, mais également de tristesse et de regrets. Regard qui ne pouvait plus se détacher de son père.

"Bonjour Papa..."

Ajouta-t-elle finalement, d'une voix encore plus émue qu'un peu plus tôt. Malgré le détachement dont elle faisait preuve, malgré la rancoeur, l'amertume et la colère qu'elle ressentait pour ses parents, peu à peu, sans qu'elle le contrôle, elle était envahie par l'émotion de les revoir. L'émotion de l'espoir qu'elle avait nourri la veille...

Elle ne prêtait pas, pour l'instant, réellement attention au petit garçon.

La mère de la jeune fille sentit l'hésitation de celle-ci. Elle avait, malgré tout, peur de se faire rejeter. Elle n'osait pas lâcher sa fille. Elle finit cependant pas s'écarter d'elle alors qu'Abaigh prenait la parole. Mais, cependant, elle ne lâcha pas sa fille, puisqu'elle posa les mains sur son visage, comme pour le rédécouvrir. Elle lui ressemblait tant... Pourquoi? Pourquoi les choses s'étaient-elles passées ainsi?

"Abaigh... Ma chérie... Ma petite fille... Pardon, pardon... Pas un jour, pas un jour ne s'est passé sans que je regrette."

Oh oui, elle regrettait tout ce qu'il s'était passé. Mais. Elle ne pouvait pas tout dire à Abaigh. Sa petite fille... Sa si chère enfant... Mais celle-ci ne la regardait plus. Elle fixait son père qui avait commencé à avancer vers elle avec le petit garçon dans les bras. celui-ci avait l'air d'un petit ange.

"Bonjour, Abaigh." répondit son père d'une voix étrangement neutre.

Mike lui, s'était mis un peu à l'écart, restant tout de même assez proche pour intervenir en cas de problème.

"Vous devriez entrer, ton ami et toi." reprit-il en les invitant d'un geste à entrer contre toute attente.

Sentir les mains de sa mère sur son visage... Il s'agissait là d'un contact étrange pour Abaigh mais en même temps si agréable. Mais se l'avouer, ça, c'était autre chose. Abaigh était fière, et elle était profondément blessée par ce qu'elle avait vecu mais sentir ainsi les mains de sa mère sur ses joues, c'était comme inespéré.

Qui plus est, les mots qu'elle prononça ne pouvait que réchauffer le coeur d'Abaigh si longtemps endormi. Elle regrettait, elle n'avait jamais cessé de se sentir coupable de ce qui était arrivé. Mais la culpabilité était meritée, et cela, Abaigh n'en démordrait pas.

Cependant, elle finit par esquisser l'ombre d'un sourire à l'attention de sa mère. Une ombre qui illumina sans attendre le visage de la mutante.

C'est alors que son père s'approcha et Abaigh se sentit un peu plus anxieuse alors. Il fallait bien avouer qu'elle craignait plus la réaction de son père que de sa mère. Abaigh ne put s'empêcher en cet instant de porter son regard sur le petit garçon qu'elle trouva véritablement adorable.

Etait-ce son petit frère? Elle n'en savait rien et avait de toute façon l'esprit bien trop embrouillé pour se poser des questions.

La voix de son père s'éleva pour saluer sa fille : son ton neutre rappela à Abaigh le soir où il l'avait mise à la porte. Mais elle fut surprise de l'entendre les inviter, elle et Mike, à entrer à l'intérieur.

Cette maison...

Elle n'y avait pas mit les pieds depuis plus de trois années. Une question lui traversa l'esprit, une question peut-être idiote me direz-vous, mais elle ne put s'en empêcher : est-ce-que sa chambre était toujours la sienne? Est-ce-qu'elle était exactement similaire à quand elle l'avait quittée? Elle le saurait sans doute bientôt.

Quoi qu'il en soit, à l'invitation de son père, elle acquiessa d'un petit hochement significatif de la tête avant de se retourner vers Mike. Elle se rapprocha rapidement de lui et s'empressa de lui reprendre la main. Tout à l'heure il était celui qui avait eut ce geste en premier, cette fois-ci, c'était elle.

Elle avait besoin de ce contact. Elle avait besoin de cette main. Elle avait besoin de le sentir à ses côtés car elle ne pouvait absolument pas entrer seule, sans lui dans cette maison : cette maison pleine de souvenirs à la fois bons et douloureux.

Son regard se plongea dans celui de Mike : elle avait très peur d'entrer, cela se voyait. Elle ne pouvait même pas parler, du moins sur le moment.

Abaigh revint chercher la main de Mike tandis que son père venait de les inviter à entrer. C'était bien. La jeune fille avait besoin de ça pour pouvoir avancer. Pour pouvoir tourner la page et s'apaiser. Il hocha la tête à l'invitation de Mr. Mc Culloch. Il serra la main de la jeune fille dans la sienne. Il ne l'abandonnerait pas. Les deux jeunes gens suivirent et pénétrèrent dans la maison. La mère d'Abaigh semblait persuadée qu'ils étaient ensemble. Et, curieusement, cette idée, loin de l'inquiéter la rassurait. Elle se disait qu'au moins, comme ça, sa fille n'était pas seule. Dans son malheur, elle avait trouvé quelqu'un qui avait su accepter sa différence avant eux, ses propres parents.

Celle-ci les conduisit dans le salon et laissèrent le petit garçon avec eux, tandis que les parents allaient parler à la cuisine.

"Gné toi, Baigh?" demanda le petit garçon, visiblement au courant de choses que la jeune fille ignorait.

Mike regarda l'enfant, avec un sourire. Il semblait, visiblement, que les parents d'Abaigh ne l'avaient pas oubliée pendant ces trois ans. Il prit à son tour la parole.

"Et bien ma belle, qu'est-ce que cela te fait d'être de retour chez toi?"

Il lui adressa un tendre sourire alors que le père d'Abaigh revenait.

"Ta mère t'attend dans ta chambre. Je voudrais parler un peu à ton ami. Tu peux emmener ton petit frère avec toi?"

Des tonnes de questions fourmillaient dans l'esprit d'Abaigh. Elle ne cessait de se demander quelle vie aurait-elle eu sur elle n'avait pas été une mutante. Peut-être meilleure, peut-être pire, elle n'en savait rien. Ce qui était sûr et certain, c'était qu'elle était de toute façon dépassée par les évènements.

Une fois entrée à l'intérieur de la maison en compagnie de Mike, son regard balaya chaque détail, chaque petit coin : c'était la maison de son enfance, c'était sa maison...

Une fois installés dans le salon, elle regarda avec appréhension ses parents s'isoler : qu'allaient-ils donc se raconter? Son père allait-il convaincre sa mère de la jeter dehors sans même discuter un petit peu? L'estomac d'Abaigh était noué et elle posa sa main contre son ventre : le stress lui donnait des crampes.

Elle reporta rapidement son attention sur le petit garçon : son petit frère. A sa question, Abaigh lui sourit tendrement et acquiessa de la tête.

"Oui, c'est moi."

Sa voix était calme et un peu plus chaleureuse. Mais beaucoup d'amertume la parcourait toujours. Si elle n'avait pas été mise à la porte, elle aurait vu naître ce petit garçon, elle s'en serait occupée, elle aurait prit soin de lui, elle aurait été à ses côtés... Mais tout ça lui avait été enlevé, par ses parents...

Elle glissa tendrement sa main sur la joue du petit garçon avant de la retirer in extremis lorsque son père revint. Il voulait qu'Abaigh monte rejoindre sa mère dans sa chambre (ainsi donc, elle avait toujours sa chambre) en compagnie de son petit frère, et discuter avec Mike.

Le regard qu'elle porta sur Mike fut très nerveux mais elle finit par s'éxécuter. Après tout, il ne pouvait rien lui arriver étant donné que Mike était là. Et sa mère semblait très contente de la revoir alors...

Elle prit son petit frère dans ses bras, eut un regard pour son père puis à nouveau pour Mike.

"A tout à l'heure..."

Glissa-t-elle, tout bas, avant de sortir du salon et de monter les escaliers afin de rejoindre sa chambre. Elle laissa donc Mike derrière elle, avec son père. Pendant qu'elle montait les marches, elle appréhendait cette "confrontation" avec sa mère. Elle appréhendait de se retrouver seule avec elle.

Une fois arrivée devant la porte de sa chambre, elle prit une énorme inspiration avant d'ouvrir la porte. Heureusement qu'elle avait avec elle son petit frère : même si elle ne le connaissait pas, sans qu'elle comprenne pourquoi, il était d'un grand soutien.

Tandis que les deux hommes restèrent à discuter en bas, Abaigh monta voir sa mère avec son petit frère. Lorsqu'elle ouvrit la porte de sa chambre, elle put constater que rien n'avait changé de place. Il n'y avait même pas une trace de poussière dans la pièce. Sa mère était assise sur le lit et tenait un ours en peluche dans ses bras. Elle regarda sa fille entrer et se mit à parler toute seule.

"J'ai interdis que l'on touche à ta chambre. Comme si ça pouvait te faire revenir. J'y ai cru, tu sais... On aurait jamais, jamais dû réagir comme ça."

Elle marqua un temps de silence et reprit:

"Nous avons eu peur, c'est vrai. Mais je suis ta mère et j'aurais dû comprendre. Je comprendrais que tu ne me pardonnes pas. Ton père et moi... Ca n'a plus jamais été pareil, après ton départ. Tu dois te demander pourquoi tu as un petit frère, si tu as été remplacée. Mais non. Il se trouve que par le plus grand des hasards, j'étais déjà enceinte avant que tu ne partes."

Elle poussa un soupir et essuya quelques larmes avant d'ajouter:

"C'est pour lui que nous restons ensemble..."

Elle se tut un moment, laissant à abaigh tout le loisir de lui répondre. Un bruit de pas dasn l'escalier retentit alors et Mike et le père d'Abaigh entrèrent à leur tour dans la chambre.

"Ton ami m'a expliqué pour cette école qu'il avait trouvée aux Etats-Unis et qui pourrait t'aider. Nous aimerions que tu y ailles. Et que tu reviennes après."

(HJ : Désolée d'avoir mis autant de temps à répondre. Je sais que l'on doit changer de jour, mais j'ai été pas mal malade...)

Abaigh fut étonnée que sa chambre n'ait pas changée. Cela lui fit, au fond d'elle, plaisir, mais il était hors de question de l'admettre, tout du moins pour le moment. Et là, sa mère s'adressa à elle.

C'était tellement facile de dire tout cela maintenant. Tellement facile de dire "on n'aurait pas du" on au contraire "on aurait du". Trop facile et loin d'être suffisant pour Abaigh. Il ne fallait pas en demander trop à la demoiselle et il était temps, pour elle, de dire ce qu'elle avait sur le coeur.

Lorsque sa mère eut fini de parler, Abaigh prit la parole, sur un ton assez détaché au départ. Cela n'allait pas tarder à changer.

"Je ne te plaindrai pas maman, même si ça a été difficile après mon départ, je ne te plaindrai pas."

En quelques secondes, Abaigh avait reprit de l'assurance, avait reprit du poil de la bête, et cela se sentait dans le ton qu'elle employait. Elle s'avança vers sa mère, déposant son petit frère au sol pour lui laisser le soin de se ballader dans la chambre et finit par se trouver face à sa mère. Elle retourna doucement son bras pour montrer son avant-bras marqué par la cicatrice de sa tentative de suicide à sa mère.

"Vous m'avez envoyé là-bas, vous n'avez pas eu confiance en moi. Et vous avez oublié, moi jamais. Et quand vous avez vu que je n'avais jamais menti, quand vous avez vu que je n'aurais jamais du finir dans cette clinique et que j'étais loin d'être folle, au lieu de vous faire pardonner, au lieu de me soutenir, vous m'avez jetée à la porte. Tu comprendrais que je ne puisse pas te pardonner? Tant mieux, parce que je ne peux pas te pardonner. Avoir laissé ma chambre ainsi ne change rien à ce qu'il s'est passé. Je t'ai manqué? D'accord, mais ça ne change rien..."

Elle ramena son bras contre elle, ne cessant pourtant pas de fixer sa mère.

"Je sais que papa est dur et j'ai toujours su au fond de moi que tu ne me détestais pas autant qu'il avait pu me détester à ce moment-là. Mais ça ne suffit pas. Regretter ne suffit pas, car tu n'as rien fait maman. Tu n'es pas partie à ma recherche. Et si tu l'as fais, tu n'as pas vraiment cherché car je n'ai jamais quitté Killarney maman. Jamais..."

Elle soupira finalement à son tour avant de se mettre accroupi et de poser ses mains sur les genoux de sa mère.

"Mais je t'aime maman. Que je ne te pardonne pas ne m'empêche pas de t'aimer de tout mon coeur et un jour... Je serai assez forte pour laisser tout ça derrière moi. Je serai assez forte pour te pardonner, mais même quand ce sera le cas, je n'oublierai jamais et ça, tu dois le comprendre maman..."

Elle prit les mains de sa mère et y déposa un baiser. Elle eut ensuite un regard pour son petit frère.

"Au fait, je ne sais même pas son prénom..."

Et c'est là que son père fit son entrée aux côtés de Mike. Abaigh se redressa dans la seconde et glissa sans attendre son regard sur Mike. Elle n'eut un regard pour son père que lorsque celui-ci s'adressa à elle. Apparament, Mike avait expliqué l'existence de l'Institut à son père et il voulait qu'Abaigh y aille.

Il aurait peut-être fallu qu'elle soit de suite reconnaissante. Il aurait peut-être fallu qu'elle dise de suite un immense "Merci papa", mais il n'en fut rien. L'amertume qu'elle ressentait, elle ne pouvait pas l'ignorer. Elle avait pu se débarasser d'une certaine rancoeur en discutant avec sa mère, mais en ce qui concernait son père, rien n'était réglé.

C'est donc sur un ton on ne peut plus froid qu'elle répondit à son père.

"Forcément. Une chance supplémentaire de te débarasser de moi et de ne plus avoir à t'inquiéter de ton monstre de fille. Tu sautes sur l'occasion."

Pourquoi fallait-il qu'elle réagisse comme ça? Elle voulait aller à l'Institut et ses parents pouvaient sans nul doute lui payer ce voyage. Mais savoir que son père approuvait cette décision ne faisait que lui donner une nouvelle fois l'impression qu'il voulait se débarasser d'elle. Elle avait sans doute volontairement oublié d'entendre la dernière partie de la phrase de son père dans laquelle il disait qu'il voulait qu'elle revienne.

Cependant, elle posa son regard sur Mike et se rendit compte qu'elle avait peut-être dépassé les bornes. Il était venu pour essayer de l'aider, il avait décidé de prendre soin d'elle et ce n'était pas une manière de le remercier.

Elle reporta donc son regard sur son père et ajouta.

"Désolée..."

Elle soupira et s'avanca vers son père, sans le quitter du regard.

"Tu dis vouloir que je revienne ensuite... C'est vrai ça? Tu veux me voir revenir vivre à la maison malgré ce que je suis? Tu as réussi à accepter ma différence?"

Il fallait qu'elle l'entende de sa bouche. Même si il s'agissait d'un mensonge, qu'importe, mais il fallait qu'elle l'entende de sa bouche.

"Si tu me promets, si tu me jures que ce n'est pas juste un moyen de m'envoyer loin de ma famille... J'irai..."

Sa famille. Oui, malgré la rancoeur et les ressentiments, elle avait encore une famille. Fébrile, fragile, mais une famille quand même. N'importe qui aurait pu voir que dans l'attitude d'Abaigh transparaissait l'envie d'être à nouveau aimée de ses parents.

[le changement de jour ne te concerne pas tant que tu n'es pas arrivée à l'institut...]

La matinée était bien avancée quand Abaigh répondit enfin à sa mère, des paroles qui blessèrent celle-ci au plus profond de son coeur. Le désespoir qu'elle avait jusque là gardé au fond d'elle-même creva la surface et elle se mit à pleurer, silencieusement. Abaigh ne savait pas à quoi elle s'était heurtée. Sa mère avait voulu la retrouver. C'était son père qui, au début, avait refusé. Et puis le temps était passé. Elle s'était enfoncée dans une dépression qui n'avait connu de fin qu'à la naissance d'Albel. Ce nom qui, de loin pouvait rappeler celui de sa soeur enfuie. Mais elle ne voulait pas de l'apitoiement de sa fille. Elle tourna la tête vers la fenêtre. La pluie avait fini par tomber, le ciel bleu avait cédé la place au nuages, comme dans le coeur de la jeune femme, assise sur ce lit. L'esprit de la jeune femme n'était plus là, dans la même pièce qu'Abaigh et Albel. Non. Elle était partie loin. Lorsque l'adolescente lui prit les mains, elle sursauta violemment, réintégrant brutalement la réalité. Elle regarda sa fille, qui venait de lui dire tant d'atrocités et de la replonger dans les méandres de ces trois dernières années. Ni l'une ni l'autre ne savait ce que celle qui lui faisait face avec vécu. Jamais elles ne pourraient recoller tous les morceaux et tout oublier.

Elle se sentait bête d'avoir cru que, parce que ce jeune homme lui ramenait sa fille tout serait terminé, que tout ce qui l'avait brisée au cours de ces années disparaîtrait comme par magie. Pourquoi lui avait-elle confié ses tourments? D'une voix blanche, elle répondit à la question de la jeune fille:

"Albel. Il s'appelle Albel."

Elle ne pouvait rien dire de plus. Aucun mot ne pouvait plus passer la barrière de ses lèvres. Elle ne demandait pas le pardon. Elle ne demandait pas non plus toutes ces accusations. Elle avait simplement voulu... Que sa fille comprenne qu'elle l'aimait encore. Elle ne pouvait rien dire d'autre.
Fort heueusement pour elle, son mari et Mike entrèrent à ce moment-là. Elle espéra que les choses seraient plus calmes, mais ce n'était pas le cas. Abaigh s'emportait à présent sur son père. Son propre père, l'accusant de vouloir, à nouveau se débarasser d'elle. L'homme regardait sa fille comme s'il ne l'avait jamais vue. Et pourtant... Ses phrases le heurtaient en plein coeur, comme elles l'avaient fait sur sa femme. Il se rendait compte, seulement maintenant à quel point elle avait souffert par sa faute. Et, tout à coup, il prononça des paroles que jamais personne ne l'avait entendu prononcer de toute sa vie:

"Pardonne-moi pour tout ce que tu as subi, Abaigh. Et si tu ne peux pas me pardonner, pardonne à ta mère. Tout est de ma faute. C'est moi qui l'ai empêchée de te chercher. J'ai regretté, après, mais j'ai cru qu'il était trop tard. e n'avais pas le courage de revenir en arrière."

L'homme secoua la tête, tristement. Oui, il avait été lâche. Bien lâche. Il baissa la tête avant d'échanger un regard avec sa femme puis avec Mike et reprit, d'une voix hésitante qui ne lui ressemblait pas et qui montrait qu'il était sincèrement désolé:

"Oui, je veux que tu reviennes après. Je veux que l'on reforme une famille. Nous avons eu peur, c'est vrai. Nous avons mal agi, c'est vrai aussi. Nous n'avions pas idée qu'un tel endroit existait. Sans doute aurions-nous dû nous renseigner, au lieu de te jeter dehors. Nous... Je, oui, je, voudrais que tu reviennes vivre avec nous, après, pendant les vacances, si tu en as."

Et il pensait ce qu'il disait. Mike, qui n'avait rien dit de tout cet échange hocha simplement la tête avant de prendre, enfin, la parole:

"Je vais avec Abaigh chercher ses affaires, puis nous reviendrons vous chercher avant d'aller à l'aéroport."

Sans un mot, les deux jeunes gens repartirent pour rassembler les quelques affaires d'Abaigh, pendant que ses parents allaient faire des courses. Quelques heures plus tard, ils étaient à l'aéroport. Cela ne changerait probablement pas les choses, mais ils avaient acheté quelques vêtements à la jeune fille, ainsi qu'un pendentif en forme de coeur avec d'un côté le prénom de la jeune fille et, de l'autre, une petite inscription: "avec notre amour, malgré le temps passé sans toi". Ils la serrèrent dans leur bras, lui disant les mots d'amour qu'ils avaient gardé pendant trois ans, pleurant à chaudes larmes, l'un comme l'autre. Le petit Albel, pendant ce temps, tenait simplement la main de Mike, attendant son tour, sans comprendre vraiment ce qu'il se passait. Puis, vint aussi son tour:

"Au'voi', Baigh. A bientot, gande soeu'..."

Mike sourit et vint prendre la jeune fille dans ses bras où il la serra très fort.

"A bientôt ma belle. Si tu as un coup de blues, n'hésite pas à m'appeler."

Il fallut bientôt à la jeune fille partir pour les Etats-Unis et l'Institut.

[Tu peux maintenant poster à l'institut et y mettre tes impressions sur les au revoirs. Et tu as 3 points à ajouter à ta fiche, dans un post réponse Wink

C'est le matin à l'institut. Tu as donc dormi dans l'avion.]