[LeX 4.8.3] Vies parallèles 3 : Hjördis

Les coups de feu leur sauvèrent la vie, à Vilsmaier et à elle, mais à quel prix? Amarenna s'était jetée au sol, à quelques pas de Vilsmaier lorsqu'elle avait ordonné à Hjördis de tirer sur les chiens. Mais elle ne s'était pas attendue à ce résultat. Lorsque la pétarade se tut, Amy releva la tête, presque surprise d'êre encore vivante. Mais le spectacle qui s'offrit à ses yeux lui fit presque regretter d'être toujours sur terre. Les deux chiens venaient de se transormer en êtres humains. Deux types torses nus, tels les gardes qu'elles avaient vus plus tôt en compagnie de Sawada. A l'image de Hjördis, la LeX fut prise d'une violente nausée qui l'obligea à se pencher en avant, bien que rien ne sortit de son ventre vide. Qu'avait-elle fait? Certes, ce n'était pas elle qui avait appuyé sur la détente. Mais c'était tout comme. C'était elle qui avait demandé à Hjördis de le faire. Blanche comme un linge, pour ne pas dire livide, elle releva la tête vers sa coéquipière.

"Je... Je suis désolée de t'avoir demandé de faire ça." fit-elle d'une voix blanche.

Amy rebaissa la tête pour déglutir à nouveau. Elle serait sans doute restée un moment dans cette position si Vilsmaier n'avait pas repris la parole. La jeune femme se redressa donc pour venir l'attraper par le bras.

"On ne devrait pas rester là. Il y a sûrement du renfort qui va arriver..." poursuivit-elle avec la même intonation.

Elle n'allait pas bien. C'était même encore en deça de la vérité Pourtant, fidèle à elle-même, elle ne l'aurait avoué pour rien au monde. Comme le jour où elle avait failli tuer la nourrice de Micha lorsque celle-ci avait giflé l'enfant alors âgé de 4 ans. Non, pire encore, même, vu que deux hommes avaient perdu la vie à cause de sa demande. Comment vivre avec ça? Amy prit une grande inspiration. Elle en serait quitte pour une bonne psychanalyse, si ce n'était plus. Et encore. Elle devrait apprendre à vivre avec, tout comme Hjördis. Secouant la tête pour chasser cette image de ses pensées, elle tourna la tête vers Hj¨rdis et l'arme vide à ses pieds avant de s'adresser à Vilsmaier:

"Tu as de quoi la recharger?"

Elle ajouta rapidement pour répondre à la question de Hjördis:

"Guide-nous jusqu'à ton avion. Qu'on prépare la fuite..."

Enfin, elle s'adressa au renard:

"Tu es hors de danger pour le moment..."

Amarenna avait encore et toujours l’impression d’être dans un mauvais rêve. A dire vrai, il ne pouvait en être autrement, même si le cauchemar était bel et bien devenu réalité. Les cadavres d’enfants lors de l’infiltration, Molly qui ne mourrait pas lors de cette même infiltration, les deux gardes humains… A priori, ce n’était qu’une machination de ceux qui les avaient privé(e)s de leurs pouvoirs pour leur faire tuer une jeune femme. Celle qu’elles voyaient sous l’apparence d’un renard qui se tenait à présent sur ses deux pattes arrières (jambes). Amy secoua la tête, comme pour chasser ce mauvais rêve et revenir à la réalité. Elle en vint même à se pincer de sa main libre, mais rien n’y faisait. Cette illusion était tenace. En tout cas, Vilsmaier était capable de converser avec la fille-renard, contrairement à elle-même et Hjördis, sans doute.

« Que dit-elle ? Et pas d’entourloupe, ou bien tu ne pourras plus te servir de ton bras… »

De la violence gratuite. Elle en était réduite à faire des menaces, à se montrer violente, elle qui était d’ordinaire aussi douce qu’un agneau. La LeX avait hâte de retourner à l’institut, mais surtout de pouvoir aller voir ses proches. Son père, Micha, son jumeau, et même sa mère. Il fallait croire qu’elle était vraiment secouée…

En tout cas, Vilsmaier n’avait plus de balles. Elles ne risquaient pas de tuer quelqu’un d’autre avec cette arme que Hjördis venait de ramasser. Un frisson parcourut l’épine dorsale de la brunette à cette vision. Elle-même l’aurait ramassée avec dégoût, mais elle l’aurait fait. Vilsmaier entreprit alors de les mener vers l’avion avant de leur demander s’ils pouvaient fuir maintenant. Amarenna secoua la tête négativement mais fut devancée par Hjördis qui reprit la parole en premier.

« Non, nous ne partirons pas sans les autres. C’est hors de question. Et tu vas nous aider à les retrouver. Y a-t-il un moyen de leur faire croire que nous avons bien accompli cette cérémonie ? Que l’on soit bien claires. Nous ne tuerons pas cette fille. Nous allons retourner là bas, continuer à jouer le jeu pour le moment, et toi aussi si tu tiens à la vie, retrouver les autres, tuer le Béhémoth, libérer la fille qui le porte, et nous partirons, tous ensemble. Quant à toi, si tu es sage, tu viendras avec nous. Sinon, tu resteras avec tes chers amis et je ne donne pas cher de ta peau. Alors ? »

C’était leur ticket de sortie. C’était indéniable. Cet avion avait intérêt à fonctionner. Amarenna ne voulait pas finir ici. C’était indéniable. La jeune femme n’était pas fatiguée de vivre. Mais elle ne pouvait, ni ne voulait, partir en laissant les autres en danger dans cet endroit infernal. Alors oui, ils allaient y retourner. Elle ne répondit rien à Vilsmaier, se contentant de le fusiller du regard. Il disait être le seul à pouvoir piloter cet avion. Dans le doute, il fallait espérer que ce n’était pas le cas et qu’Esther en était tout aussi capable. Mais, là encore, mieux valait sans doute ne rien dire. Aussi garda-t-elle le silence. Au grognement de la fille qu’elle voyait comme un renard, Amy tourna la tête vers celle-ci.

« Ils voulaient faire en sorte que nous te tuions. Tu es plus en sécurité dans cet avion. Mais ne t’inquiète pas, c’est là notre route de sortie. Considère que tu dois garder l’avion en nous attendant… »

La jeune femme s’efforça de lui adresser un sourire rassurant puis elle se retourna vers Vilsmaier et sa proposition pour rester dans la course. Amarenna hocha la tête par l’affirmative. Cela lui convenait. Restait à espérer que cela fonctionnerait.

« Qu’il soit né ou non, il faudra détruire cette chose. On ne peut pas les laisser détruire le monde… »

La jeune femme était loin d’éprouver l’assurance que la dureté de son ton laissait présager. Pourtant, elle se forçait. Elle faisait comme si. Elle n’avait pas le choix. D’un geste, elle invita Vilsmaier à leur montrer le chemin inverse et le suivit à nouveau dans le labyrinthe jusqu’à revenir dans la grande salle où un spectacle pour le moins inattendu mais tout à fait Harmonien les attendait. Les témoins étaient morts. Comme au centre. Amarenna blémit encore un peu plus, si cela était possible. Ces êtres étaient des monstres, capable du pire. Mais certes pas du meilleur. La jeune femme détourna rapidement le regard pour le reporter sur Vilsmaier qui s’était précipité vers le Poussin au mur pour le bouger et dévoiler un passage. Amy remarqua les photos que Hjördis attrapa rapidement pour les emmener. Chose qu’Amy aurait fait de toute façon. Elle ne put qu’hocher la tête devant l’initiative de la blonde et la rejoignit pour regarder dans le judas. A son tour, elle vit la vision d’horreur, et les portes ouvertes. Elle recula brutalement, avant de tourner la tête vers Vilsmaier. Elle était aussi peu sûre d’elle qu’il l’était lui-même. Se forçant à déglutir, elle reprit la parole :

« Il reste sans doute peu de temps avant que tout ne soit détruit. On n’a plus le temps de faire dans la dentelle. Il faut prévenir les autres qu’il faut partir. Y a-t-il un moyen de passer un appel qui retentirait dans des haut-parleurs ? On doit à tout prix retrouver les autres et partir d’ici vite fait… »

Et le Behemoth dans tout ça ? S’il se trouvait sur leur route, ils auraient une possibilité de s’en débarrasser. Sinon… Sinon, il fallait espérer qu’ils le retrouveraient avant qu’il ne détruise le monde. La jeune femme s’approcha à nouveau de Vilsmaier et de son plan.

« Où donne cette porte ouverte ? Y a-t-il une façon de bloquer son avancée pour nous redonner du temps pour sortir ? Où se trouvent les autres ? »

Tant de questions, si peu de temps…

[vivent les tels portables branchés en modem quand on peut pas se brancher à Macdo...]