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Lun 25 Jan 2010 - 2:32
Arrow Saut temporel

Voilà un moment qu'elle ruminait cette affaire en silence sans y voir spécialement plus clair. Suite à la déclaration de Lucas, elle avait projeté de s'entretenir avec Esther, mais les psychologues avaient été si occupées ces derniers entre les cours, les missions en préparation et l'accueil des nouveaux élèves, que la Grecque n'avait pas eu un instant à elle. Profitant de ce qu'aucun élève ne sollicite un entretien, Cassandre sortit en catimini de son bureau, fit quelques pas dans le couloir et s'arrêta devant la porte de celui d'Esther.

Elle frappa deux petits coups à la porte.

"Esther ?"
Esther Kofman
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Lun 25 Jan 2010 - 11:38



Les rideaux du bureau de la psychologue avaient été à moitié tirés, histoire de tamiser la lumière. Par ailleurs, Aleph faisait brûler de petits bâtonnets d'encens. Et avait mis de la musique pour se relaxer.

La pièce avait été rangée et nettoyée de fond en comble. Ce n'était plus la porcherie qu'elle était rapidement devenue après sa prise de fonction.

Quant au sol, il y avait divers coussins qu'elle avait acheté en ville avec l'encens, la musique d'ambiance et le manuel "Le Yoga pour les névrosées" !

C'était donc une Esther, cheveux attachés, yeux fermés, pieds nus dans un essai de position du lotus, tentant de se détendre, qui entendit les petits coups sur la porte et la voix de Cassandre.

Elle ouvrit les yeux. Se leva. Attrapa ses rangers qui trainaient dans un coin et les rangea en toute hâte dans un tiroir de son bureau, histoire que la pièce soit réellement en ordre. Et actionna la porte pour laisser entrer la psychologue grecque.

"Cassandre" répliqua-t-elle en miroir à sa consœur. "Entre" ajouta-t-elle d'un ton neutre.

Quel était l'objet de cette visite ? Esther fronça du sourcil tout en se dirigeant vers le tiroir où elle rangeait ses boissons.

"Installe-toi. Tu veux une boisson ? J'ai de la bière et du café... Et quelque part, je dois bien avoir de quoi faire du thé"

Elle était vraiment curieuse. Mais elle se retint de demander l'objet de la visite. Après tout, elle l'apprendrait bien assez tôt !

"Ça me fait plaisir de te voir" se contenta-t-elle d'ajouter.
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Lun 25 Jan 2010 - 17:07
"Merci." répondit la non-voyante en entrant dans la pièce, aussitôt prise d'assaut par l'odeur d'encens qui flottait dans la pièce. Visualisant mentalement la pièce pour s'y déplacer, elle évita de marcher sur les coussins, dont la présence fut révélée par son pouvoir. Et cette musique... Tout ceci dénotait étrangement avec l'idée qu'elle se faisait d'Esther, comme vint le confirmer sa proposition de rafraîchissement.

Cassandre haussa un sourcil amusé, intriguée par l'ambiance du bureau.

"De l'encens ?" releva-t-elle, avant d'ajouter : "Moi qui croyais que le tabac était la seule fumée qui t'intéressait."

Esther tentait-elle de calmer ses nerfs légendaires ? Elle fit quelques pas pour se rapprocher du bureau, restant debout. S'asseoir dans le bureau de sa collègue aurait été admettre avoir un problème, ce que la Grecque préférait éviter.

"Je ne serais pas contre une tasse de thé, essaie le tiroir où tu as fourré tes chaussures." répondit-elle distraitement, jouant avec la fumée d'un bâtonnet d'encens comme si elle pouvait la voir. Elle esquissa un sourire pudique à la dernière phrase de l'Israélienne.

"C'est gentil."
répondit-elle timidement. Il était vrai qu'Esther était plutôt directe.

"Nous sommes tellement tous occupés qu'on trouve rarement le temps de discuter." poursuivit la non-voyante. Le souvenir de la soirée professeurs dans le bureau de Vadim lui revint en mémoire. Sur le moment, elle ne l'avait pas appréciée à sa juste valeur, trop préoccupée par ses problèmes quotidiens. Mais en y repensant avec du recul, elle avait passé une soirée agréable et avait pu mieux cerner ses collègues. Et puis, Sahari était présente.

"Je crois savoir que tu t'apprêtes à courir après le testament de ton mentor ? Comment tu le gères ?" s'enquit-elle, opérant une transition habile entre la nervosité manifeste de sa collègue et l'objet de ses propres préoccupations. Mais sa question demeurait sincère. Aleph en avait bavé ces derniers mois, bien qu'elle en parlât assez ouvertement, comme si ces problèmes profonds glissaient sur elle. Mais les apparences dupaient rarement la Grecque.
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Mar 26 Jan 2010 - 2:43
"Ne va pas croire que j'ai renoncé à mon vice, mais... Disons, que je voulais essayer ça. Des millions de gens font du yoga et brûle de l'encens pour se relaxer, alors... Pourquoi pas moi ?"

Esther sourit. L'air satisfaite.

"Je ne suis pas très douée. Mais de temps à autre se mettre à la place d'une élève et non d'un professeur, cela a quelque chose de plaisant. Comme si ça nous rappelait que tant que nous sommes en vie nous pouvons encore évoluer"

Elle parut surprise en revanche quand Cassandre évoqua le tiroir à rangers. Puis, se souvenant que sa collègue et néanmoins amie était clairvoyante, elle n'y fit plus attention et alla chercher le nécessaire pour faire le thé dans ledit tiroir. Elle posa la bouilloire sur la table après l'avoir rempli avec une bouteille d'eau.

"Disons que si nous pouvions être déchargées de quelques responsabilités, j'en serai très heureuse. Mais il y a un travail. Et nous devons le faire. C'est aussi simple que ça. Et c'est ce qui rend ces moments de calme d'autant plus précieux. Voilà, tout"

Grâce à ses dons de thermokinésiste porter à ébullition un peu d'eau était un bien maigre défi. Mais cette utilisation domestique d'un pouvoir potentiellement meurtrier lui rappelait que leurs facultés étaient par essence neutres. Et ainsi, le thé fut rapidement prêt. Une tasse en train d'infuser devant chacune des femmes.

"Je le gère comme je le peux" continua Esther d'une voix un peu moins assurée. "Il ne fait aucun doute que si ce document justifie l'assassinat d'un notaire à son étude, la manipulation mentale d'un certain nombre de personnes et de pousser au suicide un policier en mission pour le Conseil de l'Europe, c'est bien que les vérités qui sont portées dedans dérangent. Je ne pense pas que nous pourrons connaître de repos avant d'avoir cet acte entre nos mains. Potentiellement, cela peut mettre un terme à beaucoup de problèmes..."

Elle alla s'asseoir à son bureau. Étendant les jambes sur ce dernier.

"Bref, nous allons devoir accomplir encore quelques miracles... Mais, ce n'est pas ça qui me chagrine le plus. Disons qu'entre Robert et moi..."

Aleph s'éclaircit la voix. Et reprit :

"Entre nous deux, il y a toujours eu quelque chose de non dit. Et ce testament est ma dernière chance - même si j'en doute - d'y voir plus clair. Sinon, ça voudrait dire que Robert a emporté cette vérité dans sa tombe..."

L'israélienne marqua une petite pause, l'air perdue dans ses pensées... Ça tournait et ça tournait encore dans sa tête. Satané Robert, pourquoi avait-il fallu qu'il meurt assassiné ? Il aurait pu faire tant de choses pour le monde, pour les mutants et... pour elle.

Laissant de côté son trouble, Esther demanda rapidement, comme pour détourner l'attention d'un sujet un peu trop personnel :

"Tu voulais me parler de quelque chose en particulier ?"
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Mar 26 Jan 2010 - 16:02
"C'est vrai, c'est assez répandu. J'en fais moi-même à mes heures perdues." répondit doucement le professeur des NeXus. Le yoga la sortirait peut-être de ses soucis, lui occuperait l'esprit.

"Je trouve ça bien que tu t'essaies à une activité... disons... extrascolaire." ajouta-t-elle en hochant la tête. Elle surprenait rarement Esther à faire autre chose que travailler et ressasser des affaires sinistres. Quant à tisser des liens sociaux... En tout cas, elle ne s'y mettait sûrement pas aujourd'hui par hasard, comme vint le confirmer ses inquiétudes au sujet du testament du professeur Bateson.

Cassandre esquissa un sourire.

"Nous ne trouverons de repos, ou je ne trouverai de repos ?" souligna la non-voyante tout en braquant son regard vide dans la direction approximative d'où lui provenait la voix d'Esther. Elle laissa planer sa question, et souffla délicatement sur sa tasse de thé. Passer de la première personne du singulier à celle du pluriel brouillait les pistes, c'était sécurisant de se sentir entouré.

"Hum... Oui et non." répondit-elle avec ce mystère qui lui était caractéristique, semblant pondérer la question de l'Israélienne. Le tournant qu'avait pris assez naturellement la conversation lui convenait bien, en réalité. Le cas de Rock était d'autant plus délicat à aborder qu'Aleph était son professeur référent. Esther était sa collègue et consoeur, mais elle ne pouvait exposer la situation au grand jour. Esther semblait de toute façon d'accord pour évoquer le souvenir de son défunt mentor, et en savoir plus sur leurs relations ne pouvait qu'éclairer la psychologue.

"Je n'ai rencontré Robert qu'une fois, à l'occasion de son étude sur les mutants. Je le connaissais de nom, bien sûr. Il était assez connu dans le milieu, même si il a défrayé la chronique avec sa position objective à l'égard des mutants."

Elle n'avait jamais évoqué ce souvenir en détails, jusqu'ici. Pour avoir perdu Olivier, elle aurait aimé que quelqu'un puisse lui relater des faits inédits sur lui. Elle s'imaginait qu'Esther devait vivre la même chose dans son deuil.

"Le pauvre ne s'attendait sûrement pas à ce que les élèves lui sautent à la gorge. Moi non plus à vrai dire. La charge émotionnelle des élèves était explosive, il avait mal choisi son moment." précisa Cassandre, le visage presque détendu. Le passé était reposant pour elle. C'était une constante figée, déjà écrite et invariable. Il y avait bien sûr les possibles passés, mais par la mémoire, elle n'avait qu'à suivre le fil de ses souvenirs réels. De vraies vacances.

"Il m'avait paru... maladroit, mais dans un sens plutôt attendrissant. Dans le fond, il me rappelle un peu Adam." poursuivit Cassandre. De fil en aiguille, recollant des bribes de commentaires çà et là, elle avait fini par comprendre que la relation Robert-Esther était peut-être plus qu'une simple relation de travail, du moins dans la bouche de sa collègue. Le petit professeur était en tout point différent de Midas, les schémas d'attirance d'Esther semblaient multiples.

"Quand je t'écoute parler de lui, j'ai l'impression que vous étiez très liés..." finit-elle par dire, du bout des lèvres, avant de boire une gorgée de son thé. Parler d'amour n'était pas réellement "sa tasse de thé" justement, la Grecque était trop pudique pour cela.
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Mer 27 Jan 2010 - 3:38
"Je ne pense pas que ma situation soit unique. Mais oui, les responsabilités me pèsent parfois. D'un côté, j'aimerai tout plaquer et ne plus penser à rien. D'un autre, je me sens investie d'une mission. Comme s'il s'agissait d'un drôle de destin qui me colle encore et encore à la peau. Ma ligne de vie est étrange. Adolescente puis étudiante, je n'aspirai qu'à une seule chose : me fondre dans la masse et mener une existence tranquille..."

Elle prit une gorgée de thé. Se demandant bien quelle température il pouvait avoir. Ou : qu'est ce que le chaud ? Le froid ? Son pouvoir la rendait en quelque sorte aveugle à ces choses là... A son plus grand désespoir.

"... sinon insipide" reprit-elle. "Mais il n'y a aucune liberté pour reprendre Laborit. Je ne peux voir les contraintes mais... Le simple fait de boire cette tasse de thé dépend d'un choix que je ne contrôle pas. Au fond, tout est affaire de chimie. La liberté n'est qu'une vision de l'esprit..."

Elle ferma un œil, un air malicieux sur les lèvres.

"Mais une vision qui permet de tenir. Je préfère demeurer borgne, mon mauvais œil fermé, un pied dans le principe de plaisir, l'autre dans celui de réalité"

La simple évocation du prénom tant aimé eut pour effet de désarmer complétement l'israélienne. Elle soupira langoureusement, faisant semblant de souffler sur un thé trop chaud pour un palais trop délicat, et reprit :

"C'était un sacré bonhomme, en effet. Ce que tu me racontes ne m'étonne pas. Il a toujours apprécier provoquer. Faire réagir. Secouer les consciences. Mais par dessus tout, il aimait... les hommes, qu'ils soient mutants ou non. Il avait une profonde affection pour l'humanité. Et c'était un indécrottable optimiste. Il me manque sacrément..."

Ses yeux partirent dans le vague. Quand son regard se focalisa à nouveau, Esther admit d'une petite voix :

"Oui mais pas autant que je l'aurai souhaité"

Elle avala péniblement sa salive avant d'ajouter :

"Les choses de l'amour ne me sont guère connues. Je ne sais si c'est un destin commun à notre génération de mutants mais je pense être socialement et affectivement handicapée. Des années de carence m'ont - semble-t-il - plus profondément marquée que j'aurai pu le penser"

La boite de pandore des traumas venait d'être ouverte. Il le fallait. Mais jusqu'où cela pourrait-il la conduire ?

"Et toi, adolescente, tu as souffert de tes pouvoirs ?"
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Jeu 28 Jan 2010 - 21:12
"Le destin..." répéta pensivement Cassandre, son regard mort dérivant lentement sur un paysage mental qu'elle seule pouvait contempler. Les paroles d'Esther faisaient sens, d'une certaine façon. Cela expliquait l'étrange légèreté qui avait saisi l'Israélienne lors de la soirée d'anniversaire de l'Institut. Ce soir, ils s'étaient tous un peu laissés aller, tout comme lors de leur soirée poker. Il y avait quelques moments, d'autant plus mémorables qu'ils étaient rares, où ils parvenaient à profiter du moment présent.
La liberté était une notion toute subjective et réconfortante. Pourtant, elle était bien placée pour savoir qu'elle avait des champs d'application concrets : bien souvent, c'était Sibylle qui en fixait les limites. La liberté des uns constituaient sa marge de manoeuvre.

"Tu sais ce qu'on dit, au royaume des aveugles, les borgnes sont rois." répondit la grecque de sa voix grave, non sans une pointe d'auto-dérision.

Esther évoqua brièvement sa jeunesse solitaire, après avoir admis à demi-mot son attachement au défunt professeur.

"Je crois qu'on peut parler de génération sacrifiée à ce niveau. Tout aurait probablement été plus simple si nous n'avions pas été les premiers. Nos élèves ont de la chance d'être ici, de pouvoir en parler..."

Quant à la première vraie génération mutante, ils avaient sûrement dû souffrir bien plus qu'eux encore. Les mutants de l'Institut avaient eu la chance de pouvoir se reposer sur la certitude que le phénomène avait déjà fait son apparition un siècle plus tôt.

"Il n'y a qu'à voir le nombre de couples parmi les élèves... Je crois que nous n'avons pas de soucis à nous faire sur la perpétuation de l'espèce." commenta-t-elle, un sourire au coin des lèvres. Quand des jeunes tels que Mina trouvaient chaussure à leur pied, la mutanité avait de beaux jours devant elle. Les professeurs quant à eux, semblaient avoir quelques difficultés à s'épanouir dans une relation. Paolo et Carrie avaient été les seuls à s'engager sur cette voie, avant de faire marche arrière.

"Mais tu sais, il n'est pas trop tard. Tous les hommes ne sont pas des goujats narcissiques." dit-elle, tentant d'apporter des perspectives nouvelles à sa collègue. Midas n'était décidément pas un bon exemple. Elle aurait aimé qu'Esther puisse remplacer cette dernière référence, plutôt malheureuse, par un souvenir plus positif. La première personne de son entourage qui lui évoquait des qualités contraires fut l'Ogre russe.

"Regarde Vadim..." lança-t-elle, avant de reprendre une gorgée de son breuvage. "Tu as fait connaissance avec Milan ?" enchaîna-t-elle rapidement, pour évacuer le sujet soviétique du tapis. Elle s'éloignait du sujet qu'elle voulait aborder.

"Les relations entre collègues doivent être plus simples qu'entre élève et mentor..." ajouta-t-elle, tentant de jongler entre la conversation fort intéressante et la raison de sa présence dans le bureau. Elle resta silencieuse quelques longues secondes, pondérant la question d'Aleph.

"... Disons... moins que certains, plus que d'autres." répondit-elle finalement. Elle avait toujours refusé d'être prise en pitié. Qu'il s'agisse de son handicap ou de son pouvoir. Elle ne pouvait se voiler la face : elle avait ses soucis, mais elle était nettement mieux lotie que nombre de mutants dans le besoin, ou que sa propre personne dans d'autres possibles. Elle aurait été incapable de voir les choses ainsi il y avait encore peu. Le décès de River avait ébranlé le fondement même de ce qu'elle croyait. Aujourd'hui encore, cet événement, et d'autres survenus depuis l'affectaient toujours, mais elle préférait ne pas en parler. Pour l'heure, elle venait de trouver sa consoeur dans une certaine solitude affective et en proie à la peur de l'avenir.
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Ven 29 Jan 2010 - 13:13
"Sacrifiée, oui en quelque sorte... D'un côté nous avons ouvert la voie, mais de l'autre nous nous sommes perdus nous-même au passage. La parole c'est essentiel. C'est ce qui fait de nous des êtres humains. Je ne vais pas citer Lacan et sa théorie de l'inexistence des rapports sexuels - du moins sur un plan symbolique - mais quoi qu'il en soit, la parole c'est ce qui fait la relation. Et j'ai eu une adolescence silencieuse..."

Elle se retourna pour regarder à la fenêtre le beau soleil. Puis faisant face de nouveau à la psychologue, elle ajouta avec son sourire des grands jours :

"En y réfléchissant, c'est peut être pour cette raison que j'ai voulu faire de l'ethnopsy. Pour remettre de la parole, là où il n'y avait que du silence. Mettre des mots sur nos maux"

Esther, en y réfléchissant, voyait bien où sa collègue désirait l'emmener... Les petits couples, les goujats narcissiques... Sa propre solitude. Midas. Elle eut un petit ricanement.

"Je vois que l'affaire Wilson Beckers n'est pas close. C'est vrai qu'il est... charmant. Et je ne cache pas que les belles choses et l'argent ont l'effet du gaz hilarant sur moi mais..."

Petite pause. Esther n'était pas une dinde superficielle. Elle avait lu Platon pendant ses longues heures de solitude.

"Je distingue encore "être" et "avoir". Wilson Beckers a beaucoup de choses mais... Il ne me semble pas ÊTRE grand chose. Du coup, mon attirance ne peut être que physique... C'est le seul homme à pouvoir me guérir de ma déprivation sensorielle. Et..."

Elle stoppa nette. Un peu gênée.

"J'ai parlé à Milan" enchaîna-t-elle. "Très sympathique, très... charmant également. Il a ce plus d'humanité dont est dépourvu Beckers, mais... Cela ne fait pas tout. Du moins pour l'instant"

La référence à Vadim et la transition rapide de Cassandre laissa Esther dubitative. Était-ce un signe ? Ou bien ?

"Quant à Vadim... Je ne pense pas qu'il serait intéressé. D'ailleurs, de mon côté il n'en est pas question"

Elle l'aimait bien, oui. Elle avait appris à le connaître, aussi. Mais déduire une relation sentimentale de quelques points communs et d'une seule et unique danse à l'occasion d'un colloque soporifique était un peu juste... Elle ne se sentait pas proche de lui. En fait, elle ne se sentait pas proche de qui que ce soit...

"Hum... Les relations d'élève à mentor ont l'air de te fasciner décidément... Je ne pensais pas que mes sentiments pour Robert Bateson étaient source d'un tel intérêt" commenta-t-elle un brin amusée.

"A moins que tu ne veuilles me révéler qu'un élève est désespérément amoureux de moi... Mais rassures moi vite : il ne s'agit pas de Juliette, tout de même ?"

Elle eut un petit rire sonore. Mais surtout, Aleph attendait de voir dans quelle direction leur inconscient allait se mettre en mouvement...
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Sam 30 Jan 2010 - 21:11
Plus elle écoutait Esther, plus elle avait l'impression qu'elles avaient eu une enfance assez semblable. La sienne, quoiqu'entourée par des parents prévenants, avait été marquée par le secret dès l'apparition de ses pouvoirs. Un secret qui l'avait peu à peu éloignée de ses parents, éloignée des autres, éloignée d'elle-même. Des mots pour des maux. La non-voyante esquissa un sourire en écho à celui qu'elle pouvait percevoir dans la voix de sa collègue, même s'il était plus fragile, à fleur de peau. Elle avait déjà entendu cette phrase dans la bouche de Georgia. Au-delà des mots eux-mêmes, elle lui évoquait un souvenir agréable de cours avec les élèves, un cours qu'elle considérait d'ailleurs comme un succès.

"A toi de me dire si l'affaire Beckers est close." rétorqua la Grecque. Quelque part, elle avait eu l'impression que quelque chose s'était brisé chez Esther durant l'infiltration des professeurs dans le Palais de Magnéto. Elle n'aurait su définir quoi, mais elle sentait qu'Esther en était ressortie changée d'une certaine manière. Cela était-il lié à la déprivation sensorielle qu'elle venait de mentionner ?

"J'ai eu l'impression que les événements sur Génosha t'avaient énormément marquée, intrinsèquement."


Les premières impressions d'Esther concernant Milan lui rappelèrent qu'elle n'avait encore pas réellement fait connaissance avec lui. On ne pouvait pas dire que débarquer à l'improviste par deux fois dans la vie du Croate n'était pas suffisant pour créer des liens. Cassandre arqua néanmoins les sourcils de surprise lorsqu'Esther affirma qu'une relation avec Vadim était inenvisageable. Il lui avait toujours paru prévenant, attentif aux autres et son côté vieille école en faisait un gentleman à sa façon. En vérité, elle ne comprit pas ce qui pouvait motiver un refus aussi catégorique. Et sans bien savoir pourquoi, l'idée qu'Esther pouvait le considérer comme un mauvais parti la contraria. Son visage se fit plus soucieux, comme si la question la travaillait. Elle trempa pensivement ses lèvres dans son thé, savourant la chaleur que diffusait la tasse dans ses mains.

Elle se détendit légèrement à la boutade de sa collègue. Cette dernière semblait avoir quelques petits soucis de personnalité avec l'Italienne. Pour sa part, elle avait toujours eu des rapports positifs avec la jeune gothique, peut-être même un peu trop parfois... mais elle préférait ne pas ajouter de telles hypothèses sur sa conscience déjà lourde du cas Rock.

"Je te rassure, il ne s'agit pas de cela. Mais c'est vrai, j'étais curieuse d'avoir ton ressenti sur ce genre de situation."
répondit Cassandre.
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Lun 1 Fév 2010 - 3:50
Esther marqua une pause. Et réfléchit. En fait la question était très simple : que ferait-elle si elle était à nouveau confrontée au personnage Beckers ? Et très sincèrement... Elle n'en savait fichtrement rien.

"Disons que je ne saurais répondre à cette question qu'en voyant à nouveau Midas. Et pour ma sécurité et celle de l'Institut, j'espère que cette rencontre n'aura jamais lieu ou alors le plus tard possible. Sans parler du fait que tu connais mieux Beckers que moi... Après tout, tu as pris le thé avec lui, non ?"

C'était de la curiosité. De la simple curiosité. Pas de la jalousie. Ou bien si peu.

"Il t'as paru comment ?" tenta-t-elle d'une petite voix.

Quant au sujet Génosha... Il était également sensible. Trop récent ? Trop douloureux ? Ou bien était-ce ce gout d'inachevé qui continuait à la perturber ?

"Je suis là pour enseigner. Pas pour enterrer des élèves. Nous devons offrir une nouvelle vie aux mutants. Si c'est pour qu'ils la perdent..."

Elle baissa les yeux. Car au fond d'elle, elle savait bien que le travail de l'Institut, c'était bien plus que nourrir, donner des cours et loger. L'établissement avait une mission. Qui découlait de sa vision du monde. Et cette mission, personne ne pourrait la faire à leur place. Non. Personne.

"Nous aurions pu perdre bien plus. Comme toi. Ou l'île toute entière. Je ne vois aucune raison de nous réjouir mais si c'était à refaire. Si TOUT était à refaire. Eh bien, je pense que nous agirions de la même façon. Et c'est peut être ce côté fataliste qui me fiche le bourdon. C'est qu'au-delà de notre débauche de pouvoirs, nous ne sommes que des grains de poussière"

Relevant la tête, elle conclut avec le sourire :

"Mais des grains de poussière qui peuvent gripper la machine toute entière. On n'est peut être pas grand chose, mais c'est déjà ça"

Le sourire se fit plus large, moins figé, quand le sujet dévia et repartit sur les petits couples.

"Disons que si un élève s'amourachait de moi... Je serai très embêtée. Nous sommes des professionnelles à plusieurs titres. Nous enseignons et nous analysons. Deux métiers impossibles à en croire Freud. Mais nous devons le faire au mieux. Et ça suppose à la fois une implication et un détachement"

La bonne mère. La mère froide. Deux faces d'une même pièce.

"C'est ce qui est antinomique d'ailleurs. C'est que d'une part, nous devons les écouter, les comprendre, faire en sorte qu'ils aillent mieux. Nous devons être là. Parce que, comme je le disais, depuis qu'ils savent qu'ils sont mutants, ils ont pu être rejetés. Abandonnés. Ou bien ils se sont dissimulés. Par honte. Crainte. Ou peur. Bref, la parole c'est devenu un luxe pendant leur quête de l'Institut"

Esther s'étonnait de retomber sur ses pattes ainsi. Les aléas de l'inconscient. L'esprit humain était peut être le jardin le plus fascinant. Peut être même plus fascinant que les méandres du destin.

"Et nous, nous les écoutons. Sans compter que nous sommes adultes et mutantes. Nous devenons des modèles d'identification. Comme des parents symboliques en somme. Il est donc normal qu'ils reportent sur nous des sentiments forts. De haine ou d'amour. J'ai comme l'impression que devenir mutant, c'est en quelque sorte renaître à nouveau. Recommencer son Œdipe"

La voix de l'israélienne se fit un peu plus ferme. Un peu plus docte.

"Mais il faut savoir garder de la distance. Si nous voulons servir un tant soit peu à ces jeunes, on doit aussi savoir dire non. Quitte à ce qu'ils nous détestent. Mais nous ne sommes pas là pour qu'ils nous aiment. Il y a une barrière qui ne saurait être franchie. Quitte à ce que nous menions des existences solitaires... Notre génération est sacrifiée. Autant que ce sacrifice serve à quelqu'un"
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Lun 1 Fév 2010 - 18:37
Dans tous les cas, Cassandre avait encore du mal à envisager que quelque chose de positif pour eux puisse ressortir d'une nouvelle rencontre avec Midas. Son dernier message avec été clair : l'Institut n'ayant pas cédé, il était désormais son ennemi. Aussi puissants soient-ils, les pouvoirs des professeurs ne pouvaient pas contrer le sien. Si un affrontement devait de nouveau se produire... Non, tout ce qu'elle pouvait faire, c'était s'arranger pour que ce possible ne se réalise pas.

Cassandre eut un sourire désabusé.

"Si tu as lu Lewis Caroll dans ta jeunesse, tu dois savoir que prendre le thé peut réserver quelques surprises."
répondit-elle. "Midas est un hôte distingué tant qu'on lui est entièrement soumis. Mais il n'y a pas de réelle différence pour lui entre "invitée" et "prisonnière". Je pense qu'il est incapable d'accepter qu'on puisse lui refuser quelque chose. En ce sens, l'indifférence est peut-être une arme plus létale pour lui que nos pouvoirs."

Elle se souvenait l'accueil chaleureux que lui avaient fait les professeurs lors de sa visite à l'Institut. Il avait été traité en invité de marque, à l'échelle de leurs moyens, et pourtant, le milliardaire était parti précipitamment, et avec une impolitesse qui n'allait guère avec ses manières étudiées. Le Britannique avait tendance à se braquer, à paniquer lorsque les choses ne correspondaient pas à ce qu'il attendait. C'était en partie sur cela qu'elle avait misé en se livrant à Ganymède.

"Ce genre d'hommes ont besoin de se croire aux commandes. Cela m'a facilité la tâche sur Génosha. Je n'ai eu qu'à suivre mon plan parallèlement aux siens, sans provoquer d'interférence."
expliqua-t-elle comme si la tâche avait été aisée. L'issue du conflit n'avait pourtant tenu qu'à un fil.

"En dehors de ses visées et méthodes discutables, c'est un homme cultivé avec qui il est agréable d'avoir une conversation. Physiquement, je t'avoue que ces considérations glissent sur moi... La presse le dit très prisé. J'ai beau savoir, ce genre de considérations n'ont pas de réalité pour moi, ce ne sont que des mots."


Les rapports humains prenaient une autre dimension lorsqu'on était privé de la vue. Les signaux rattachés au plaisir étaient interprétés différents, trouvaient d'autres canaux pour s'exprimer. Alors les rapports mutants...

"Par expérience, je peux au moins t'assurer une chose : ce sont presque toujours les détails insignifiants qui font les grands changements. L'effet papillon nous a souvent rendu service sans qu'on le remarque. Mais j'ai la sensation, peut-être fausse, que quelque chose d'autre que notre action sur Génosha t'a bouleversée. Par nature, je suis attentive aux autres, c'est essentiel dans notre métier. La guerre civile a laissé de profondes cicatrices en chacun de nous. Des décès, mais aussi l'horreur ambiante... Mais parmi les professeurs, tu es la seule en qui j'ai ressenti ce bouleversement. Tu es différente. Je pense pas que les autres l'aient remarqué, si cela peut te rassurer. Ni les élèves, d'ailleurs."

Sibylle écouta avec attention le développement de sa collègue. Son avis semblait rejoindre le sien en la matière. Elle estimait avoir fait son devoir en signifiant l'impossibilité d'une telle relation à Lucas, qui avait d'ailleurs dès le départ accepté cet état de faits. Lucas avait déjà une petite amie avec qui il prétendait que tout ce passait à merveille. Que pouvait-elle faire de plus à présent, c'était toute la question. En un sens, elle se sentait responsable, comme si elle avait failli à sa mission pédagogique. Selon Esther, elle l'avait peut-être trop bien remplie. La non-voyante resta silencieuse, méditant les paroles de son vis-à-vis.
Esther Kofman
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Jeu 4 Fév 2010 - 14:01
"Oui, c'est le genre à laisser le prix sur les vêtements qu'il porte, histoire qu'on vient bien combien il les a payé" répliqua l'israélienne amusée en se souvenant du Chapelier fou.

Wilson Beckers. Il avait, à première vue, un profil psy assez calamiteux. Comme un nain mental. Ou un handicapé de l'interaction. Le stade anal dans toute sa splendeur. Entre l'avoir et l'être, il semblait avoir choisi... Mais, un truc la chiffonnait.

"Tout n'est toujours que mots. Mais... Tu as toujours été aveugle ? Ou bien..."

Elle marqua une petite pause.

"Moi, il fut un temps où je ressentais la chaleur. Où je frissonnais. Et ce temps est révolu... J'avais même oublié que j'en souffrais... Jusqu'à cette rencontre avec Midas..."

Ses yeux partirent dans le vague, songeurs. Elle était dans une prison mentale. Incapable d'avancer. Ni d'effacer le souvenir de cette chaleur mortelle... Elle se ressaisit. Et ajouta :

"Nous n'étions que des jouets entre ses mains. Comme ses hommes... Pardon... SES hommes ne sont pour lui que des soldats de plomb que l'on peut ranger dans leurs boites après utilisation. Au fond, il doit être bien seul... Oui, bien seul..."

Esther secoua la tête. Elle avait besoin d'une cigarette. Et d'un homme... Le yoga était de nul effet sur elle.

"Peut être que mon attirance pour Beckers vient de là... De sa conversation, sa classe et sa culture... En ce sens ce serait ça le signifiant manquant permettant de relier Robert et Beckers... La culture" mentit-elle.

Son trouble était mal dissimulé. Du moins pour les yeux experts de la grecque. Aleph le sentait bien. Elle était différente...

"J'ai été militaire. Unité combattante en zone de conflit civil. Et j'imagine que c'est pour cette raison qu'Adam m'a demandée d'organiser la protection de l'île... Mais en y repensant... A tous les gens qui ont été tués, aux élèves à qui j'ai fait courir des risques nécessaires, à ceux qui ne sont pas revenus... Je..."

Les visages défilaient dans son esprit. Et les corps mutilés, criblés de balles.

"Je me sens responsable. J'aurai DU être avec eux. Mais..."

... elle menait la mission de sauvetage.

"C'est toujours l'éternel débat entre la préservation de l'espèce et de l'individu. Au fond de moi, je voulais te porter secours. Et, je pensais que les morts à prévoir ne seraient que statistiques en notes de bas de page de l'histoire... Mais j'y pense encore et encore. Me replongeant dans les plans de bataille. Réfléchissant à la meilleure façon d'organiser un événement déjà passé. Et... Je me dis que j'ai bien changé depuis que je suis ici..."

Elle s'arrêta. Elle n'avait pas envie de pousser plus en avant ce carnage émotionnel. La psychologue sentait bien qu'elle devait continuer. Mais la petite fille apeurée en elle refusait de voir la vérité en face.
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Ven 5 Fév 2010 - 14:27
Le trouble qu'elle perçut dans la voix d'Esther à la mention de l'esthétique visuelle fit réfléchir Cassandre. Les critères de beauté variaient avec le temps, ils n'étaient pas constants. Et ils se construisaient toute la vie durant. Lorsque l'on ne voyait que par procuration, le physique était une donnée inconséquente. Du bout des doigts, on pouvait effleurer la régularité ou l'expressivité d'un visage, la douceur d'une peau, et chacun de ses éléments se valaient. Ils définissaient une personne, tout comme son parfum, le timbre de sa voix, son pas, sa respiration. A l'entendre, Esther attachait une certaine importance au physique, ce qui était somme toute attendu de la part d'une voyante. Etait-ce pour cela qu'elle avait mis Vadim aux oubliettes ?

"Je suis née ainsi, oui." répondit la psychologue. Elle s'en était accommodée, comme tous ceux dans son cas. Elle s'était posé la question de ce qu'elle choisirait si un moyen de retrouver, ou plutôt de trouver la vue se présentait à elle. En son for intérieur, elle sentait qu'elle ne serait jamais prête à percevoir de plein fouet la réalité de ce monde étranger. Ce qu'elle percevait dans son esprit était déjà bien assez éprouvant comme cela.

"Mais ce n'est qu'une question de critères. La beauté physique est changeante et subjective. Je ne saurais par exemple pas dire si tu es belle. Mais je sais qui tu es dans ce que je perçois de toi. Il émane de toi une odeur de tabac froid. Tu t'exprimes rapidement, tes mouvements sont brefs et nerveux, souvent accompagnés du tintement des accessoires que tu portes : cliquetis de boucles aux pieds ou de lunettes de soleil sur le nez, grincement de cuir... Tu te caches derrière cet attirail, ces breloques qui font diversion. Comme ce détachement que tu affiches devant les élèves pour les garder à distance. Et ça fonctionne, avec eux du moins. Mais la difficulté que tu as eue à me parler de Génosha, les hésitations de ta voix ne trompent pas. Tu es quelqu'un d'hypersensible, une écorchée vive qui se coupe volontairement de ce qui lui a été refusé durant son enfance." détailla la non-voyante, son regard perdu contrastant avec la précision de ses paroles. Elle était maintenant convaincue qu'Esther devait s'ouvrir un peu plus aux autres. Son discours sur les relations élèves-professeurs était loin de la ligne de conduite qu'elles appliquaient toutes deux. Cassandre avait toujours essayé de ménager les autres. Esther quant à elle, s'employait à les endurcir. Elles reproduisaient peut-être bêtement leurs propres schémas familiaux. En tout cas, ni l'une ni l'autre ne parvenait à trouver un juste milieu.

"Ou peut-être que tu es passée d'un amour platonique et intellectualisé à une attirance physique, tout simplement. Tu sais, il n'y a pas de honte à être humaine." répondit Cassandre avec un maigre sourire. Son visage s'assombrit de nouveau lorsqu'Esther évoqua les morts sur Génosha.

"Si quelqu'un doit être blâmé pour Génosha, c'est moi. Je ne vous ai pas laissé le choix ; il fallait que tout se déroule comme prévu pour en arriver là. Et j'ai choisi. Seule. C'est difficile à admettre, mais c'était le meilleur scénario. Pourtant Olivier..."

Elle soupira et posa délicatement sa tasse sur le bureau d'Esther. Le meilleur scénario était celui qui incluait la mort de son vieil ami, ainsi que celle de plusieurs élèves et les tortures infligées aux Génoshéens. La situation rappelait immanquablement River.

"Si les choses avaient été différentes, nous ne serions peut-être plus là. D'autres choses ne seraient plus. J'ai été confrontée au même cas de conscience quand l'Institut a été attaqué, peu avant ton arrivée. Il y aura toujours des pertes douloureuses... Mais il y en aura certainement plus si nous ne gardons pas le cap." expliqua la Grecque, l'expression soucieuse.

"Oui... la vie à l'Institut a cette façon de nous changer..."
acquiesça-t-elle pensivement. Avant de rencontrer Jessica et de venir à l'Institut, elle n'aurait jamais imaginé être confrontée à de tels choix cornéliens. Utiliser son pouvoir avait pris une toute autre dimension, à la mesure des enjeux planétaires qui se jouaient.
Esther Kofman
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Dim 7 Fév 2010 - 4:36
Esther grimaça en entendant le profil psychologique que venait de lui dresser Cassandre. C'était comme se prendre une bonne dose de réalité en pleine poire : ça ne faisait jamais plaisir.

Elle laissa passer un bon moment, l'occupant à jouer lentement avec un stylo, avant d'admettre :

"Comme je le dis souvent aux élèves... Nous sommes amenés à endosser plusieurs rôles dans une même vie. Et sous le masque d'Esther Kofman se cachent bon nombre de personnalités qui ne demandent qu'à jaillir... En ce sens, j'ai toujours eu du mal avec les gens qui prétendent connaître ou découvrir l'essence des choses..."

Aleph croisa les bras, pensive.

"Néanmoins, je concède volontiers que j'ai du mal à assumer mes carences affectives. Tout comme, à l'inverse de ce que je professe, j'ai tendance à me laisser envahir par mon passé..."

C'était stalinien ce qui se tramait dans ce bureau. L'auto-accusation allait-elle devenir une seconde nature pour l'israélienne ?

"L'humanité me rattrape... Si Juliette nous entendait..."

Elle s'octroya un petit ricanement. Imaginant les élèves les surprenant, toutes les deux, en train de parler à cœur ouvert de leurs... peines de cœur ?

Esther fronça un sourcil. Puis l'autre. Et nota de revenir la dessus dès que le sujet génoshéen aura été évacué...

"Tu sais... Être une arme entre les mains du destin ça dédouane pas de tout... J'ai été un flingue pour Tsahal. Je connais ça. Et ça empêche pas de perdre le sommeil... Indépendamment des responsabilités respectives"

Elle avala sa salive. C'était important. Il fallait être claire.

"Tu ne peux pas demander au bourreau qui exécute sur commande de ne pas se sentir coupable de la mort du condamné, sous le seul prétexte que ce n'est pas lui qui donne les ordres. Quand j'étais dans l'armée, je savais que si je n'appuyais pas sur la gâchette quelqu'un d'autre le ferait... Que cela ne changerait rien. Mais... Si j'ai refusé qu'un autre boive à cette coupe amère que l'on m'avait tendu, ce n'était pas pour me cacher derrière ma main. Au fond, la culpabilité c'est ce qui nous rappelle que nous sommes humains"

L'israélienne changea de place. Pour se rapprocher de sa collègue et amie.

"Bref, même si je ne comprends rien au destin, à la fatalité et aux embranchements de nos existences, sache que j'ai une confiance aveugle en toi" dit-elle doucement.

Elle s'assit à côté de Cassandre.

"J'ai l'impression qu'on a beaucoup parlé de moi... Alors que tu es venue me voir..."

Nouvelle petite pause. Nouveau sourire amusé.

"Et toi ? Les amours ? Un rapprochement avec un certain professeur ?"


Dernière édition par Esther Kofman le Ven 12 Fév 2010 - 20:14, édité 1 fois
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Lun 8 Fév 2010 - 19:39
La situation était plutôt ironique. La non-voyante avait espéré obtenir une opinion extérieure sur l'un des problèmes qui la taraudaient en ce moment, et la discussion avait rapidement dérivé sur les problèmes d'Esther, comme on tombe sur un objet longtemps recherché par le passé par le plus grand des hasards. En réalité, la véritable Esther n'attendait que sa chance de pouvoir extérioriser ses angoisses. Ou alors l'Israélienne était particulièrement en confiance en la présence de la Grecque. Cette dernière n'aurait su le dire. En tout cas, elle semblait consciente de son problème ; restait à savoir si elle y ferait quelque chose.

Cassandre eut un petit sourire en coin à la pique sous-jacente aux propos de sa collègue. Il était normal que ses capacités mettent les autres mal à l'aise, cela avait toujours été le cas par le passé. Ses collègues avaient leur façon bien à eux de lui rappeler, bien malgré eux parfois, qu'elle était légèrement à part du corps professoral. Avec Vadim, c'était leurs éternels jeux pour savoir qui du tacticien militaire ou de la médium aurait un coup d'avance. Midas le lui avait expliqué très clairement. Lui qui avait étudié de loin les professeurs n'avait eu aucun mal à cerner l'équilibre qui leur permettait d'avancer. Les professeurs lui faisaient confiance... mais finalement n'avaient-ils pas aussi peur de ce qui pouvait se passer dans sa tête ? Le moindre de ses gestes recélant un piège mortel sur le point de se refermer sur eux, la moindre de ses paroles pouvant être interprétée. Esther avait raison de se méfier des gens comme elle.

"Cela fait deux fois que tu mentionnes Juliette Dagon... Aurais-tu un problème avec cette élève ?" releva Cassandre en inclinant légèrement la tête sur le côté, une expression entendue sur ses traits pâles. Si l'Italienne se joignait aux LeX pour la prochaine mission, autant crever l'abcès avant le départ.

"Non, en effet, que ce soit le commanditaire ou le bras armé, la culpabilité demeure. Mais ce qu'il faut que tu comprennes, c'est que le passé est immuable. C'est bien sûr une évidence pour tous, mais peu la comprennent réellement. Le passé conditionne le présent, c'est tout. Si tu veux agir, c'est sur l'avenir que tu dois te concentrer. Comment expliquer... ?"

Elle sembla réfléchir quelques instants sur la façon la plus compréhensible d'expliquer la perception globale qu'elle avait du monde.

"Le temps est indifférent à nos souffrances. Le temps ne prend pas parti. Les notions de positif et négatif sont des échelles de mesure humaines. Elles ont un sens subjectif pour vous... pour moi aussi, si je me focalise sur mon individualité. Ce qui est perçu comme négatif par une personne à un point T du temps, peut être perçu comme positif par une autre ou elle-même à un point T1 du temps. Ton passé au Tsahal t'a marquée. Qui tu es aujourd'hui, qui tu seras demain. Tout ça est conditionné par cette expérience. Tu es à l'Institut, tu aides ton prochain, tu formes les futures générations. En cet instant T, ton passé me semble être un moteur positif." expliqua-t-elle, non sans chercher ses mots de temps à autre, tandis qu'Esther s'installait à côté d'elle.

"Quant à moi... disons que je triche : je fais prendre parti au temps." conclut-elle, le visage seulement à demi tourné vers Esther. Peut-être que son point de vue plus global ferait relativiser l'Israélienne. Son monde n'était ni blanc, ni noir, ni même gris. Il n'avait aucune couleur ou toutes à la fois.

"Je ne l'oublierai pas. Mais fais tout de même attention, je ne suis pas infaillible. Et puis... certains pourraient vouloir se servir de cette confiance contre vous." rappela-t-elle avec gravité. Midas n'était peut-être pas le seul à avoir remarqué cette faiblesse dans le corps professoral.

Cassandre resta pensive quelques secondes, comme ailleurs, alors qu'Esther lui posait sa dernière question. Un certain nombre d'élèves auraient bientôt besoin de son aide. De plus, elle n'en apprendrait apparemment pas plus sur la relation Robert-Esther. L'issue de leur pause café se rapprochait à grands pas. La non-voyante arqua candidement les sourcils.

"Moi ? Non, je... Non." bredouilla-t-elle avec timidité, comme un enfant surpris la main dans le pot de confiture.
Elle se leva alors, le teint légèrement plus rose qu'à son habitude.

"Les élèves ont besoin de moi... Je vais... devoir te laisser." finit-elle par articuler, se refermant comme une huître. Dans ces cas-là, elle se focalisait naturellement sur ses protégés.
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Ven 12 Fév 2010 - 20:33
"Aucun problème de mon côté. C'est une élève, c'est tout. Je n'ai pas à les apprécier ou les détester. J'ai un rôle à remplir. A partir de là, je ne peux pas choisir qui mérite d'être éduqué et qui doit être rejeté. Ce serait d'une prétention sans nom de ma part et... De toutes manières nous ne pouvons nous arroger ce pouvoir"

Elle avala sa salive. Pensant qu'au fond, le corps professoral en avait bien peu de pouvoirs.

"Cette élève semble avoir un problème avec moi. Je verrai après la mission pour en discuter avec elle. Mais... J'ai parfaitement confiance en elle. Tout comme en tous ceux qui participeront aux missions. Sinon... Eh, bien sinon ils resteraient à l'Institut, tout simplement ! Dans leur intérêt et dans le notre. Les missions sont dangereuses. Elles l'ont toujours été et le seront toujours. Si quelqu'un n'est pas au top, ce n'est pas lui rendre service que de l'emmener avec nous. Nous ne pouvons jouer ainsi avec la vie des gens"

Esther se laissa bercer au son de la voix de la psychologue, méditant chacune de ses paroles, s'en imprégnant.

"Nous sommes des héritiers. Voilà ce que nous sommes. Quand nous sommes venues au Monde, nous avons reçu en cadeau l'expérience millénaire des hommes. Les soins de nos proches. Tout cela. Par définition, l'homme est un animal apprenant. Forcément, toutes les expériences - bonnes ou mauvaises - sont sources d'enseignement. Tu vas me dire : quel enseignement dans la vision d'une petite fille criblée de balles ?"

Aleph haïssait sa religion. Toutes les religions. Les idéologies, les drapeaux, les uniformes, tout ce au nom de quoi on pouvait se battre aux quatre coins de la planète. Mais...

"Je ne suis pas une fataliste. Je ne sais pas dans quelle mesure on peut réellement choisir. Librement, je veux dire. Mais... Je ne compte pas baisser les bras. Ou me laisser mourir. Disons que je suis plutôt - comment dire ? - dans une grande remise en question... Voilà. Au fond, c'est plutôt positif... Ca permet d'aller de l'avant"

Sur le caractère infaillible ou non de Cassandre dans son rôle de vigie de l'Institut, Esther se contenta de sourire mystérieusement. Elle ne savait pas ce que demain allait lui apporter : mais mettre sa fidélité en Cassandre était certainement le meilleur choix qu'elle pourrait accomplir. Pour le reste...

Pour le reste, la psychologue se comportait en adolescente attardée quand il s'agissait de parler de sentiments... Esther se devait de ne pas se contenter d'une fin de non recevoir. Elle se devait de...

"J'aimais Robert" lâcha-t-elle en toute hâte. "Et Beckers ne me laissait pas indifférente"

Elle regarda gravement Cassandre.

"Tes élèves peuvent attendre, non ? Alors, reste encore un peu et dit moi ce qui te chagrine... Tu ne peux pas demeurer éternellement en dehors de toute confidence. Parle, ça nous fera du bien. Et... Fais moi confiance... Ça restera entre nous"
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Lun 15 Fév 2010 - 13:39
Toujours debout, Cassandre écouta les explications d'Esther, sans rien laisser paraître de sa perplexité quant au cas de Juliette. L'Israélienne avait beau s'en défendre, le fait était qu'elle avait surpris à plusieurs reprise sa collègue à mentionner Juliette sans raison apparente. La coïncidence était plutôt frappante. Il lui était peut-être plus aisé de se cacher derrière des principes professionnalistes, même si cela ne remettait pas en cause le professionnalisme qu'elle pouvait démontrer par ailleurs.

"Tiens-moi au courant si tu veux que je lui parle." offra-t-elle simplement, bien qu'elle se doutât qu'Esther préfère régler ses affaires seule. Elle parut néanmoins surprise de la confession finale de sa collègue. C'était si abrupt au regard de la tournure qu'avait pris leur conversation. La Grecque eut l'impression déstabilisante que l'inaccessible Aleph tentait de la retenir. Elle avait déjà pu remarquer qu'elle n'était pas avare de paroles, mais elle semblait aujourd'hui avoir désespérément besoin de parler à quelqu'un. Cassandre n'était pas uniquement là pour les élèves, c'était vrai. Pourtant quelque chose sembla attirer son attention ailleurs, car elle tourna légèrement la tête sur le côté, l'expression soucieuse. L'espace d'une poignée de secondes, elle fut présente et absente.

Finalement, elle "refit surface", la mine contrite.

"Je dois... Nous en reparlerons plus tard, Esther." répondit la non-voyante, tiraillée par des sentiments contradictoires. "Excuse-moi."

Sur ces mots soufflés d'une voix éteinte, la psychologue se retira du bureau, laissant flotter son lot de questions sans réponse parmi les effluves d'encens.

Arrow Bureau de Vadim
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Dim 7 Mar 2010 - 4:25
Perplexe. Cassandre la laissait perplexe. En reparler plus tard ? L'israélienne plissa les yeux : cela ressemblait à s'y méprendre à une fuite en bonne et due forme. Elle n'avait que peu d'espoir que le sujet soit abordé de nouveau par la psychologue.

Soit. Esther ferait le premier pas. Esther ferait tous les pas si besoin est. Parce que c'était ça, la psychologie de militaire. Au sabre. Il fallait que ça marche coute que coute. Si Cassandre avait un souci, l'israélienne le saura. Parce que c'était elle. Parce que c'était son amie.

Elle alla s'asseoir sur son fauteuil et posa ses pieds sur le bureau. Fouillant à la va vite dans un tiroir, elle extirpa son paquet de cigarettes.

Trop de zen tue le zen. Esther avait besoin de pollution.
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