[LateX 6.3.1]Denver - Lapin blanc : équipe d'infiltration

Milan avait choisi de faire venir son équipe, non pas en X-Jet, mais en monorail. Certes, les capacités de Rachel auraient pu leur faire gagner du temps, mais il ne voulait surtout pas qu'ils se fassent remarquer en apparaissant juste devant le nez de badauds. Du coup, le départ eut lieu le midi, le Croate ayant demandé à chacun de prendre un sac à dos dans lequel ranger son costume.

Ils arrivèrent en fin d'après-midi à la gare de Denver, et attendirent la nuit au bord d'un petit bois situé non loin du laboratoire. Ne voulant pas risquer de mettre la sécurité sur les dents, il résista à la tentation de faire un passage en éclaireur avant l'heure H.

Il avait profité du voyage pour récapituler les consignes, en particulier à l'équipe extérieure.

- Soyez prudents, ne prenez pas plus de risques que nécessaire. Ne tuez personne, même involontairement. Utilisez le terrain et votre cerveau avant vos pouvoirs. Battez en retraite si c'est nécessaire. Choisissez l'affrontement en dernière solution. Et appelez-moi en renfort si ça tourne vraiment au vinaigre.

Des ordres qui avaient été répétés une bonne douzaine de fois dans la journée. Pour la première fois, Milan entrevoyait la réalité : il demandait à de jeunes adultes, ou à de grands adolescents, de jouer au chat et à la souris avec des soldats entraînés. C'était exaltant, mais surtout dangereux. Cela étant dit, il était trop tard pour reculer, et ils n'avaient pas vraiment exprimé leurs angoisses jusque là. Peut-être qu'ils étaient tous plus courageux que lui.

- A ceux qui rentrent à l'intérieur du laboratoire, soyez également prudents, mais pas paranoïaques. Il se trouve à proximité d'une base militaire et le poste de sécurité extérieur est sans doute bien fourni. Je ne pense pas qu'ils aient en plus bourré les couloirs de soldats.

Il avait ensuite sorti deux plans, celui de la base qui avait déjà été présenté lors du briefing, et un autre représentant plus précisément le rez-de-chaussée du laboratoire, et les avait montrés à Rachel en indiquant l'endroit où il voulait que chaque équipe soit téléportée à l'heure précise du début des hostilités.

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Milan avait longuement réfléchi au lieu où démarrer l'exploration. Il était à peu près persuadé que le plan du sous-sol était faux, et ne voulait pas prendre le risque de faire utiliser ses pouvoirs à Rachel dans ces conditions : et si elle apparaissait dans une pièce sans issue ? Ou à travers un mur ? Il avait donc décidé de partir du rez-de-chaussée, qui serait certainement inoccupé au vu de l'heure tardive; et dont il savait que les plans correspondaient à la réalité.

Son intuition ne l'avait pas trompé : Jeckel, Rachel et lui apparurent dans les toilettes hommes du rez-de-chaussée. Les lieux étaient d'une propreté presque immaculée, et ils purent s'apercevoir que les lieux étaient intégralement éclairés par une série de néons de faible intensité. La porte des lieux béait légèrement, et la même pénombre vaguement éclairée semblait régner dans les couloirs. Impossible de savoir si quelqu'un y travaillait, ou s'il s'agissait d'un éclairage de sécurité.

Il eut une dernière consigne pour les deux élèves : "Soyez discrets". Puis son visage se ferma et il monta le volume de son communicateur au maximum, pour être certain de ne pas manquer une éventuelle demande de renforts.

Spoiler:

[HRP : Vous êtes en C2. Je vous rappelle que Milan, passivement, vous suit, à moins que vous ne lui demandiez de faire quelque chose - dans la limite de ses capacités. Si vous vous séparez et que vous n'indiquez pas ce qu'il doit faire, c'est moi qui choisirai sa direction.
Les cases vertes et rouges représentent les escaliers. Vert : montée, Rouge : descente.
Rachel ouvre les tours.
Bon courage à vous !]

Rachel, Jeckel et Milan arrivèrent donc dans la salle de bain des hommes. Dès leur arrivée, elle décida qu'elle n'aimait pas l'endroit qui lui faisait trop pensé à son école secondaire. Elle sortit le plan qu'elle avait utilisé pour les téléporter à l'intérieur et désigna une cage d'escalier à leur droite. Elle se mordit la lèvre et dit:

"Je crois que ce serait l'escalier la plus proche...Mais on doit passer par une pièce pour y accèder. On va s'essayer quand même."

Elle tourna la tête vers Milan et lui expliqua son petit plan. Elle lui demanda alors de s'étirer le cou (c'était le moins qu'on puisse dire) pour vérifier s'il y avait quelqu'un dans le corridor. Elle lui demanda aussi de vérifier s'il était capable de voir, à partir de la porte des toilettes, si la pièce d'en face était vide où si quelqu'un y travaillait.

"Si la pièce est vide, on y va et on descend par la cage d'escalier qui est adjacente. Si elle n'est pas vide, Jeckel, tu pourrais peut-être essayer de neutraliser les personnes qui y sont avec ta voix. Il faudrait voir combien ils sont et tout avant de décider. Mais on va commencer par le commencement. Donc, on verra."

Rachel demanda alors à Milan de s'executer.

Elle lui demanda directement de s'étirer le cou pour voir discrètement s'il y avait quelqu'un dans le corridor et, par la même occasion, d'en profiter pour essayer de voir à l'intérieur de la pièce d'en face. De cette façon, ils pourraient planifier leur prochain pas.

Milan opina de la tête, se plaça près de la porte, et se détendit au maximum avant d'obéir à l'ordre. Une petite dizaine de secondes plus tard, il reprit sa forme normale, et annonça à voix basse :

- Le couloir est désert, mais je crois qu'il y'a du monde dans la salle en face de nous.

[HRP : J'ai oublié de vous le dire pour ce tour, mais sachez-le pour les suivants : Milan ne peut pas faire plus d'une action par tour - comme vous. Tenez-en compte au moment de lui demander quelque chose.]

La première mission de Jeckel était lancée.
Il avait été placé en infiltration au côté de Milan et Rachel, qui les déposa en un instant au lieu prévu. Ce rôle était aussi inattendu que son implication dans cette expédition, mais il accepta sans mot dire le plan du professeur, envers qui il éprouvait une forte admiration et par là même une confiance presque totale.
On lui avait demandé de prendre un costume, il n'en possédait pas encore un au norme, comme le superbe costume moulant violet dont s'était paré Warp, et avait donc choisi un pantalon large noir le laissant libre de ses mouvements, un T-shirt noir placé sous son éternel veste, et une cagoule, noir elle aussi, du plus mauvais goût.
Il s'était préparé comme il avait l'habitude de le faire lors de ses petits larcins, prévoyant un petit stock de matériel qui pourrait, il le pensait, servir à l'équipe. Son attirail d'infiltration était ainsi composé de son habituelle barre de fer, d'un miroir de poche, d'une pince coupante pour les grillages, d'un briquet, de petits objets, des pièces et des boulons, pour détourner l'attention d'un garde et d'une petite bonbonne de déodorant (dont il ne s'était jamais servi dans son premier sens d'utilisation). Cet équipement sommaire aurait au moins pour fonction de le rassurer, mais il y rajouta un détail.
Sous le replis de sa veste, il avait placé par superstition un de ses badges dont il ne se séparait jamais, mais qu'il avait pris soin de placer plus discrètement qu'à l'habitude. Le bon mot du jour était :
"L'ennemi est bête ! La preuve il croit que l'ennemi c'est nous."

La consigne était "discrétion". Milan ayant jeter le premier coup d'œil, Jeckel répondit aux injonctions de Rachel d'un hochement de tête et se plaça dos au mur, jetant un regard vers le couloir, déclaré désert par Milan, et essayant de repérer l'accès à la pièce F, ainsi que les possibles fenêtres et caméras disposées dans le couloir à l'aide de son miroir. L'assaut direct n'était jamais une bonne idée mais il ne fallait pas qu'ils tardent, moins longtemps leur infiltration durerait, moins longtemps l'équipe de diversion aurait à jouer avec les militaires.

Jeckel suggéra alors :

"Bon, on peut tenter le coups par là, si y'a pas trop de peuple je dois pouvoir les sécher. Par contre, si je gueule, je peux attirer du monde, c'est un risque... Sinon on peut viser un autre escalier. Faire le tour, ou alors tu nous pop dans le chiotte C1 de l'autre côté, voir le B1, Rachel... "

Il réfléchit un instant sur le placement le plus logique des unités de garde et réalisa que selon toute probabilité, des gardes seraient placés de façon à bloquer la totalité des accès au sous-sol. Cependant, ils risquaient d'être en faible nombre et d'être armés principalement de déclencheur d'alarme, il valait peut-être mieux tenter le coup dès le repérage des forces en présence dans la première salle.
De la même façon, des rondes étaient improbables, les seules salles risquant d'être visitées étant les toilettes, les points les plus stratégiques de l'infiltration vers l'étage du dessous, mais aussi les nécessaires lieux de passage de tous les gardiens.
Concrètement, dans sa tête, ces réflexions se traduisaient par :
*Je fonce dans le tas ou bien ? Faut qu'on bouge t'façon... Pi y'a surement des clampins partout ou il en faut...*
Dans l'expectative, et n'osant agir de façon inconsidérée dès sa première mission, il dit alors à Rachel :

"Leader, à toi la décision. Y'en a pas un qui touchera un de tes cheveux, promis, t'es la clef de la réussite de cette mission. J'ai confiance en toi, je te laisse évaluer les risques, je les prendrais."

Milan ayant ouvert un peu plus largement la porte des toilettes afin d'observer le couloir, quelques sons commencèrent à parvenir aux oreilles du trio. Ce fut d'abord l'écho d'une conversation normale, puis le ton monta progressivement jusqu'à ce que retentisse un cri, semblait-il de satisfaction.

- OUI ! Un dix !

Le volume commença ensuite à diminuer, mais parmi les bribes de mots compréhensibles, Jeckel et Rachel purent distinguer "Brelan" et "River".

Leur professeur s'était placé en retrait, et s'approcha du jeune garçon, à qui il parla à voix basse.

- Jeckel, tu as le droit de prendre des initiatives. C'est même pour ça que je t'ai incité à venir.

Il croisa les bras, puis écouta les bruits du couloir.

- A vous de choisir entre le passage discret ou la téléportation.

Les gardes - s'il s'agissait de gardes - n'étaient visiblement pas particulièrement attentifs à la présence d'intrus. Ils n'étaient pas en état d'alerte.

"Woah! Leader c'est un titre que j'aime pas trop. J'aime mieux travailler en équipe...Tu dis ce que tu penses, j'en prends note et on agit ensemble. You' got my back, I' got yours."

Rachel s'était tournée vers Jeckel, mettant ses mains droit devant elle comme pour l'empêcher de faire ou de dire quelque chose. Elle réfléchit donc à ce qu'ils devraient faire. Il y avait des hommes qui jouaient aux cartes dans la salle dans laquelle ils devaient techniquement passer pour rejoindre la cage d'escalier. Ou ils pourraient aller dans les autres toilettes, où il y avait deux salles, mais une porte à partir du corridor. Puis, Rachel soupira et secoua la tête. Qu'est-ce qui les empêchaient de se téléporter directement dans la cage d'escalier? ... Ce qu'elle était bête. Elle aurait du y penser dès le départ!

"Je nous amène directement dans la cage d'escaliers...Dès qu'on réapparaît, penchez-vous. On sait pas s'il y a des fenêtres dans la cage...Si la voie est libre, on descend. Sinon, Jeckel, tiens toi prêt si jamais on rencontre quelqu'un. Vous aussi, M'sieur Milan. Soyez prêt à attaquer."

Rachel prit Milan et Jeckel par le bras. Comme elle l'avait fait un peu plus tôt pour les amener dans les toilettes, elle utilisa le plan pour les téléporter dans la cage d'escalier, sous le F. Elle s'arrangea pour les téléporter à droite de l'escalier qui descendait, le plus loin possible de la porte dessinée sur le plan.

Spoiler:

Tous trois atterrirent sans encombre dans une cage d'escalier des plus banales, si ce n'est la lourde porte blindée qui les séparait de la salle dans laquelle se trouvaient logiquement les gardes joueurs de cartes. Face à eux, se trouvaient des marches bien plus nombreuses que celles permettant d'accéder à l'étage supérieur, signe de la profondeur importante du sous-sol. La pénombre empêchait le trio de voir quoi que ce soit, mais les lieux étaient éclairés par des veilleuses de sécurité qui permettaient une descente sûre.

[Effectivement, les portes rouges sont verrouillées, et les bleues non.]

Alors que Milan lui reprochait de manquer d'initiative, Jeckel se demanda un instant si ces gens étaient complètement inconscients. Partir en mission dans un labo entouré de militaire, c'était une chose, mais faire confiance à un gars comme lui, sans même s'être fait une idée à son propos et ensuite lui demander dans une situation ou chacun risquait sa vie d'agir selon son instinct... inquiétant, mais franchement réjouissant pour Jeckel, habitué à être repoussé plutôt qu'écouté.
Rachel quant à elle lui expliqua directement sa vision du travail en équipe, Jeckel qui espérait la rassurer en bon chevalier servant face à une possibilité de conflit n'avait apparemment pas visé juste. Elle était peut-être moins frêle qu'elle ne le laissait paraître, pensa-t-il.

Le sonokinésiste baissa, comme demandé, la tête lors du déplacement suivant et se raccrocha à la rampe, déséquilibré par le saut spatial, discipline qu'il commençait à apprécier mais toujours perturbante.
Il se releva d'un coup sec, près à envoyer tout ce que ses cordes vocales pourraient donner, mais la cage d'escalier était déserte et silencieuse. Rachel avait eu de l'instinct, plus rapide que de changer de point d'infiltration, passer ce point avec ses capacités était presque trop facile.
Il ne leur restait plus qu'à descendre jusqu'au sous-sol, la probabilité que de nouveau garde y soit en place étant faible, cependant, il s'attendait à trouver des dispositifs de sécurité à foison, dans ces escaliers ce n'était déjà pas impossible.
Jeckel n'appréciait pas ces technologies mais il avait eu à les contourner plus d'une fois, il décida alors d'agir (un peu inconsidérément, mais l'idée lui semblait bonne sur le moment).
Il chuchota alors :

"M'sieur Milan, vous me faite un coup de bungie ?" dit-il en allant pour saisir son bras et près à enjamber la balustrade.

En sautant accroché à Milan à côté des escaliers Jeckel espérait éviter tout système de sécurité, notamment le champ de possible caméras braquées sur leur descente, dans la foulée accélérer la manœuvre, et pour ne rien gâcher progresser dans un silence total. De plus, le saut à l'élastique lui avait toujours semblé très fun et l'occasion de le pratiquer ne se présenterait peut-être pas d'aussi tôt. Attendant l'accord de Milan pour se lancer, il ajouta à l'adresse de Rachel :

"Dès que j'relache sa paluche et si tu m'entends pas gueuler, pop toi près de moi (si tu vises un lieu tu dois pouvoir viser un gens, non ?)"

Milan obtempéra silencieusement à la demande prudente de Jeckel de descendre sans passer par les escaliers. Il attendit que le jeune homme ait passé la rambarde pour progressivement allonger son bras. Trois secondes plus tard, le jeune mutant était à l'étage inférieur, la vue partiellement cachée par le côté de l'escalier. Néanmoins, une chose était limpide, et il avait pu s'en apercevoir durant la descente : il n'y avait ni caméra de surveillance, ni dispositif de sécurité. Soit les concepteurs avaient une confiance exagérée dans les gardes, ou dans le secret de leur laboratoire, soit la sécurité se situait plus loin dans l'exploration.

N'entendant rien, et supposant donc qu'il n'y avait pas de problème, le professeur fit descendre Rachel de la même manière, soucieux d'économiser au maximum ses pouvoirs en vue d'une éventuelle fuite précipitée. Il fut le dernier à atterrir.

La cage d'escalier était faiblement, mais suffisamment éclairée. Les murs étaient uniformément gris, et la seule issue, hormis celle vers le rez-de-chaussée, était une lourde porte blindée, située à l'emplacement indiqué par le plan - Ce même plan que Milan supposait être faux. Pas la moindre trace de dispositif électrique, ni de badgeuse. Pour passer, il fallait bêtement appuyer sur la poignée, sous réserve que le verrou soit ouvert.

Le prof s'approcha de la porte, l'inspecta du bout des doigts avant de commencer à trifouiller au niveau de la serrure. Rachel et Jeckel purent le voir pester et forcer quelques secondes avant que retentisse un "clang" léger, ainsi qu'une petite exclamation de douleur. Il se tourna vers eux, un doigt sans doute un peu esquinté dans la bouche.

- Ch'est ouvert.

La porte s'ouvrait vers eux, et Milan la tira délicatement, jetant dans le même temps un regard prudent vers ce qui se passait derrière. Finalement, il leur fit signe de passer, et la referma doucement.

Les trois mutants se situaient face à un couloir intensément éclairé. Sur leur gauche, se trouvaient des bureaux vitrés, ainsi qu'une porte en bois permettant d'y accéder, mais la vue était obstruée par la présence de stores fermés. A droite, le mur était plein, et il était impossible de savoir ce qui se trouvait derrière. Tout au bout, une lourde porte de sécurité portait l'inscription "SALLE DE TESTS", surmontée d'un logo "DANGER". Juste devant cette salle, le couloir se divisait en deux, à droite, et à gauche. Le mur ne comportait aucun plan.

Les lieux étaient clairement récents, même si bâtis dans une optique plus pratique et fonctionnelle qu'esthétique. Des marquages colorés intenses au sol indiquaient que le laboratoire était aux normes pour l'accueil des malvoyants.

Des bruits de pas et des discussions lointaines indiquaient la présence de plusieurs personnes sur les lieux. Visiblement, les mutants n'étaient pas les seuls à travailler de nuit.



[Vous avez passé la porte, vous êtes dans le couloir blanc.]

Rachel s'aggrippa à Milan comme à sa vie lorsqu'il la fit descendre. Elle n'aimait pas ça...les pieds dans le vide...Cela lui rapellait le concert des Divas à Génosha. Alors que le sol toucha ses pieds, elle poussa un soupir de soulagement et tenta de s'orienter, elle qui réussissait encore à se perdre dans l'Institut. Elle tapota le bras de Jeckel pour lui montrer qu'elle soutenait ses idées et regarda la porte qui les séparait du reste. M'sieur Milan ne fut pas long avant de déverrouiller la porte avec son doigt ce qui arracha une grimace de douleur à la jeune femme, qui le soutenait dans sa souffrance.

Une fois de l'autre côté de la porte, Rachel se mit à se sentir un peu plus nerveuse. Il y avait tant de lumière. Et les stores rendaient leur intrusion imprévisible. Si quelqu'un se décidait à les ouvrir, ils étaient fichus...Finalement, elle réfléchit quelques instants en regardant devant eux. Elle écrivit les noms de Jeckel et Milan sur son bras pour pouvoir revenir auprès d'eux rapidement. Elle se tourna vers les hommes qui l'accompagnaient et murmura:

"Je vais aller jusqu'au coin pour voir s'il y a des gens en vue. Si on est outnumbered, on fera signe au groupe de diversion. Mais pas tout de suite parce qu'on a pas d'endroit pour se cacher si ca commence à bouger ici. Le mieux serait de faire couper le courant et ne fonctionner sur des lumières d'urgence, mais nous ne savons pas s'ils en ont d'installés. Je vais commencer par voir à quoi on a affaire."

Rachel hocha la tête et se mit à l'action. Elle se colla contre le mur droit, afin de ne pas créer d'ombre. Lorsqu'elle arriva vers le bout du mur, elle marcha de plus en plus lentement, regardant vers la gauche et arrêtant dès qu'elle voyait quelqu'un. Si personne ne se trouvait dans le couloir gauche, elle se rendrait jusqu'au bout du mur pour discrètement jeter un coup d'oeil vers la droite pour ensuite revenir auprès de ses camarades d'une simple téléportation pour faire son rapport.

Rachel avança doucement jusqu'à voir le couloir gauche s'agrandir devant elle. Une seconde porte se trouvait quelques mètres à gauche de la salle de tests, sur laquelle était inscrite la mention "ENERGIE". Mais alors que la Canadienne s'approchait du bout du couloir, Deux hommes débouchèrent d'une allée qui devait être parallèle à la sienne, pour s'arrêter devant la porte "énergie". Ils étaient en grande discussion. L'un des deux était en habits de travail.

Il tentait de rassurer son compagnon.


- Pas d'inquiétude, colonel. Il ne s'agit pas d'un vice de fabrication, mais d'une erreur de réglage. Je vais vous montrer.

Son interlocuteur était beaucoup plus jeune. Il était en habits civils, mais sa coupe de cheveux et sa démarche raide trahissait le militaire.


- J'espère, professeur. Une arme est censée détruire l'ennemi, pas le soldat qui s'en sert. En particulier s'il est sous mon commandement.

Puis le scientifique commença à chercher dans ses nombreuses poches, successivement, sans doute pour trouver le badge ou la clé qui lui permettraient d'ouvrir la porte. Si Rachel avançait, elle entrerait immanquablement dans leur ligne de vue.



Rachel en vert, Jeckel en orange, Milan en bleu.

Se retenant de hurler "banzaï" Jeckel s'était élancé du haut des escaliers accroché au bras de Milan. La descente, un peu trop rapidement effectuée à son goût, mais qui lui avait fournis quelques sensations qui ne s'expriment que par un sourire béat et l'envie de refaire un tour, lui permit de se rendre compte que cette précaution était inutile, les lieux étant vierge de sécurités.
Il avait simplement eu sa minute d'amusement en fin de compte, et en plein cœur de mission c'était déjà pas mal.
Pas de caméra à l'horizon, donc, mais la grande porte blindés face à laquelle il atterrit correspondait néanmoins aux installations qu'il s'attendait à rencontrer dans ce lieu.
Ses équipiers le rejoignirent, passant eux aussi par la voie des airs, ce qui ne semblait pas être pour plaire à Warp. Tandis que le professeur s'attaquait à l'ouverture de la porte, cette dernière marqua une nouvelle fois le contact avec Jeckel, ce qui le perturba un instant mais qu'il finit par interpréter comme une façon de se rassurer tout en favorisant la confiance de l'autre, bien qu'il ne le formula pas comme ça dans son cortex malade.

*Elle veux qu'j'enchaîne, ou elle m'aime bien ? P't'être que j'avais de la poussière sur l'épaule...* pensa-t-il en se tordant la tête pour examiner la zone du contact auquel il n'arrivait pas à s'habituer (geste à peu près aussi simple à faire que d'essayer de se lécher le coude).

Une fois la porte ouverte les mutants découvrirent un couloir fortement éclairé, des voix résonnaient aux alentours.
La position de l'équipe étant désormais tout sauf discrète, il fallait activer le mouvement, ce pour quoi Rachel en bonne leadeuse ne se fit pas prier.
S'étant placé en bout de couloir, elle se figea à l'approche de deux hommes, un scientifique et un militaire, en pleine conversation sur la dangerosité de certaines armes qui laissait à penser que le but de l'infiltration ne se trouvait pas loin.
Et maintenant, c'était à Jeckel d'agir !
Son premier réflexe, s'il avait été dans des conditions habituelles, entouré de petits malfrats et braquant des civils plus ou moins honnêtes, aurait été de foncer dans le tas et de profiter de l'ouverture de la porte, mais le cas changeait de ses habitudes.
Une des cibles n'était pas civile, elle pouvait être armée et bien que combattant des rues chevronné, le sonokinésiste ne se sentait pas encore capable d'arrêter les balles, sans oublier que son équipière pourrait se trouver sur la trajectoire. De plus, lorsqu'on voyage avec des talents comme ceux de Rachel et Milan, l'ouverture d'une porte devenait loin d'être une priorité.

Jeckel se fit violence et se décida à continuer d'agir avec prudence. Il se rapprocha du bout du couloir, cette fois-ci en longeant accroupi la paroi gauche (en passant sous les vitres), de sorte à pouvoir avoir un point de vue sur la partie droite du couloir, sorti son petit miroir et le plaça sous la porte en bois pour vérifier la présence ou non d'individus. L'utilisation de cette technique lui provoquait toujours un petit frisson, il ne s'en était servi jusque là que pour espionner les vestiaires des filles, les salles de bains et autres lieux ou le voyeurisme avait court. C'était même une honte de l'utiliser pour une besogne aussi basse qu'un repérage, mais la faim justifiait les moyens.
Tout en jouant avec la réverbération du miroir pour repérer au mieux la pièce, il fit signe à Milan de se tenir près à ouvrir une porte supplémentaire lorsqu'il le pourrait.

Il chuchota :

"Bon, on se planque, on sonne les diversions et on achève le taf tranquille ? Qu'est-ce vous en dites ?"

Jeckel put, en forçant, faire passer son bout de verre poli sous la porte, mais l'espace était bien trop faible pour qu'il soit possible de voir quoi que ce soit. Et le jeune mutant s'aperçut bien vite qu'il lui faudrait ouvrir la porte s'il voulait récupérer son objet sans risquer de l'éclater en mille morceaux, et de se couper par la même occasion.

A pas de loup, Milan avait rejoint ses deux élèves, collé contre le mur gauche. Il n'avait pas répondu à Jeckel, mettant un doigt sur ses lèvres pour lui conseiller le silence au vu de la proximité des deux hommes. Ceux-ci ne les remarquèrent pas, et le scientifique finit par trouver dans sa poche un badge magnétique qu'il glissa dans un détecteur. La lourde porte s'ouvrit, et il entra, le colonel sur les talons.

Au moment où le militaire allait refermer la porte, un bipeur qu'il portait fit retentir un message.

- Intrus près du poste C. Peut-être mutants. Vigilance.

Il haussa les épaules et referma la porte. Mais Rachel put entendre le même message retentir dans la pièce à laquelle elle était adossée. Quelqu'un s'y trouvait, avec un communicateur. La Canadienne entendit également des bruits de personnes se levant lourdement de leur chaise, l'une d'elles ponctuant l'effort d'un soupir retentissant.

Le groupe de diversion avait été repéré.

[Désolée du délais. L'action a été difficile à choisir...]

Rachel regarda le jeune militaire avec une moue. Pourquoi est-ce que les militaires pendant leurs missions étaient toujours aussi sexy? Ceux de la base d'Alberta ne l'étaient pas. Certains portaient même encore la moustache et le ventre de bière. Soooo out of style. Elle haussa les épaules et regarda ses deux compagnons. Elle ne savait plus trop où ils fallaient aller à partir d'ici. Elle voulut essayer son nouveau pouvoir pour voir ce que ce que le militaire voyait derrière la porte, mais eut peur que cela ne fonctionne pas vraiment. Elle soupira et hésita quelques secondes. Pendant un instant, elle crut qu'ils avaient été repérés. Ce fut pendant ces quelques secondes que Rachel découvrit que Ken, Mina et Amarenna s'étaient fait repéré...Peut-être attrapés? Zut! Puis, elle entendit des bruits de chaises qu'on tire. Not good, ils allaient passer ici pour remonter! Et ils allaient les trouver.

"Oh sh..." eut-elle le temps de souffler.

Son premier réflexe était de les téléporter dans les toilettes, où ils étaient entrés. Mais elle se dit qu'ils avaient avancé 2 pas pour en reculer 3 et que ce n'était pas le moment de perdre du temps! Surtout si les autres avaient été repérés. Quelque chose dans ce que l'homme avait dit parcourut Rachel d'un frison. L'arme...Alors c'était vrai. Mais l'arme était disfonctionelle. Elle tuait la cible et l'utilisateur... Mais maintenant n'était pas le moment de penser à cela! Il fallait qu'elle les sorte d'ici. Il leur fallait un endroit, où ils pourraient se cacher le temps que les gens sortent. Elle courut à toute vitesse vers Milan et Jeckel et les empoigna par le bras.

« M’sieur. Ouvrez cette porte. » dit-elle en désignant la porte du bureau derrière les deux hommes. « On y entre et, Jeckel, tu t’occupes des gens, si y’en a. »

Rachel attendit que Milan déverrouille la porte comme il l’avait fait pour l’autre et elle se faufila à l’intérieur du bureau à sa suite, tirant Jeckel par le bras pour qu’ils les suivent aussi.

Le professeur ouvrit la porte, et les trois mutants s'engouffrèrent dans la nouvelle pièce. Derrière eux, les voix débattaient de la nécessité d'organiser un tour de garde, mais le plus convainquant semblait privilégier le fait de rester sur ses gardes pour aller soutenir leurs collègues si nécessaire.

La nouvelle pièce consistait en une enfilade de bureaux identiquement organisés, éclairés par des veilleuses de nuit : une armoire faite pour ranger des dossiers, un bureau sur lequel trônait un ordinateur, et deux fauteuils. Les pièces étaient séparées par des portes sans serrures, certaines étant ouvertes, et d'autres fermées. Certains bureaux étaient parfaitement rangés, mais d'autres appartenaient visiblement à des employés moins soucieux d'ordre. En particulier, celui qui se trouvait deux pièces plus loin (n°3) était un véritable capharnaüm, même si celui qui le précédait (n°4) n'avait rien d'un modèle d'organisation.

A priori, ils étaient vides. Aucune lumière ne filtrait sous les portes fermées, et aucun bruit ne parvenait aux oreilles de Rachel et Jeckel.

De son côté, Milan était resté bloqué sur la discussion entre le chercheur et le militaire. Il se parlait tout seul à voix basse, comme dans son bureau.

- De quelle arme est-ce qu'ils parlent...?



[Les portes grandes ouvertes sont en vert (vous voyez donc ce qu'il y'a derrière...), les fermées sont en bleu, mais aucune n'est verrouillée.]

*Mais, mais ? Sort de là saleté !*

Jeckel venait de coincer son miroir sous la porte en bois et se sentait très mal à l'aise de sa bêtise. La technique voulait que le miroir soit placé à 45° devant la porte pour permettre d'observer au minimum les pieds de meubles et chaussures occupant la pièce, mais l'espace était tellement faible qu'il lui avait pris la lubie de le passer carrément sous la porte, ce qui n'avait aucun sens, la seule chose visible avec cette inclinaison aurait été le plafond.
Et maintenant cette pièce de verre polie lui était non seulement inaccessible, mais indiquait clairement le passage d'un groupe d'infiltration.
Carton plein... échec critique.
Ceci étant et malgré sa maigre foi il remercia le ciel de ne pas avoir cédé à son premier instinct en essayant d'attirer les deux passants vers le couloir de droite en y lançant un petit objet. Ce couloir faisant face à une porte et donnant, il l'apprit quelques instants plus tard, sur une pièce remplie de gardes, il aurait pu condamner la mission.

Une goutte de sueur se mit à perler sur le front de Jeckel.

Lorsque des bruits de communicateur se firent entendre, Rachel insista à son tour pour que Milan face à nouveau office de passe-partout, à la grande surprise et à la grande joie de Jeckel qui s'attendait à un replis forcé à coup de téléportation.
Se faisant embarquer par celle envers qui il éprouvait désormais autant d'admiration qu'envers Milan, il ramassa le miroir libéré et plaça un des fauteuils sous la poignée de cette saleté de porte *quand je repasse par là, j'te fais un sort ! Pas m'laisser chauffer par un bout de sapin !*.
La personnification du monde qui l'entourait était un des symptôme de sa simplicité d'esprit et aujourd'hui... il avait trouvé sa Némésis ! Un peu plate à son goût, mais il savait qu'un jour un duel fongicide les opposeraient.

Les gardes avaient semble-t-il décidé de ne pas se rendre immédiatement sur les lieux du grabuge. Ne saisissant pas exactement leur déplacements, il fit signe à Milan sans mot dire comme il le lui avait conseillé de garder un œil à travers les stores sur cette bande de lâches bien inspirée.
Il l'entendit à ce moment maugréé.
Ils étaient venus en quête d'un dispositif de repérage de mutants, et voilà que l'on parlait d'arme mortelle, même pour l'utilisateur. Quel rapport les modèles TT et TB avaient ils avec ce qui se trouvait derrière la porte "énergie" ? Pouvait-il déjà en conclure que ce repérage se voulait doublé d'une extermination de masse ? Titania, le sommeil, Tinkerbell, l'envol... des notions très intrigantes dont n'avait aucune conscience Jeckel.
Dans sa tête :

*Hey ! Il a raison le caoutchouc ! Qu'est-ce que c'est qu'ce box ?
J'espère qu'y font pas quinze projets en même temps la dedans, vu qu'on sait pas c'qu'on cherche... on serait mal...*

Reprenant ses esprits... ou plutôt passant à autre chose, il se courba (cherchant à limiter les jeux de lumière à travers les stores) et avança droit vers le bureau numéro un, souhaitant y pénétrer.
Durant son déplacement il tendit l'oreille autant que possible, près à se fixer en cas de possible présence.

Jeckel put avancer sans encombre jusqu'au bureau 1, ne rencontrant ni obstacle au sol, ni verrou, ni présence humaine sur son chemin. Il parvint dans un bureau qui, sans surprise, était identique aux autres. Si ce n'est que celui-ci était rangé, contrairement à quelques uns de ses prédécesseurs. Milan profita de son avancée pour verrouiller l'issue par laquelle les trois mutants venaient de passer.

Il put également voir que la porte en direction du couloir était très légèrement entr'ouverte, comme si quelqu'un l'avait mal refermée en sortant. Et le seul signe de désordre dans la pièce était un tas de feuilles jetées en vrac sur le bureau, signe soit de précipitation - le propriétaire était clairement ordonné - soit d'un dépôt par une main étrangère. La première feuille portait en en-tête les lettres "TT", en caractères gras.

Ils purent également entendre des bruits de pas dans le couloir où ils se trouvaient quelques instants auparavant. Apparemment, quelques gardes avaient choisi de faire une ronde, ou avaient décidé de sortir pour voir ce qui se passait à l'extérieur.

Entendant cela, Milan grimaça, et jura à voix basse.

- Quel abruti...j'ai pas refermé la porte blindée.

Il fit signe à ses deux élèves de se faire le plus discrets possibles. Les gardes allaient peut-être comprendre que quelque chose d'étrange avait lieu.

"Warp, Gum et Hard sound... Ici lilith, la diversion est en cours, et les soldats connaissent notre nature, faite attention à vous!... Je vais prendre de la hauteur pour le repérage!"

[Encore une fois désolée pour le délais...]

Rachel se tourna vers Milan et le regarda avec surprise. Il avait oublié de reverrouiller la porte derrière eux? La jeune femme profita de ce moment pour verrouiller la porte des bureaux dans lesquels ils se trouvaient. Elle leva les yeux vers le pompier et dit avec un sourire rassurant:

"Ne vous inquiètez pas, M'sieur Milan. Personne ne s'en rendra compte! Et puis, cela pourrait bien être un d'entre eux qui oublies de verrouiller la porte!"

Après avoir regardé Jeckel explorer les autres bureaux, Rachel se concentra sur le dossier indiqué "TT". Elle le prit lentement et et l'ouvrit pour y jeter un coup d'oeil, se plaçant près de Milan pour qu'il regarde en même temps qu'eux. Le message de Mina dans son communicateur lui fit faire un petit bond. Elle soupira et répondit d'une petite voix:

"Oui, on a remarqué. Soyez prudents. Ne faites pas de bêtises."

Elle recommença alors son observation du dossier TT. Que pouvait bien s'y trouver? Y avait-il des informations qui pourraient les aider?

Les feuilles étaient une succession de plans et de croquis détaillés, représentant à chaque fois sous une vue différente ce qui semblait être un véhicule blindé. Les dimensions étaient notées de manière très précise, et Rachel put s'apercevoir que ce modèle TT - ou Titania, comme l'attestaient des notes de bas de page - semblait être de grande taille, dépassant les cinq mètres de longueur.

La seule inconnue résultait là où aurait pu se trouver l'armement, puisqu'un espace vide prenait place à l'emplacement d'une hypothétique tourelle, ou mitrailleuse, ou quoi que ce soit d'autre. L'habitacle semblait être conçu pour deux personnes assises, et rien d'autre : l'espace intérieur semblait en grande partie dévolu à un chargement dont les détails n'étaient pas indiqués.

Par ailleurs, certains schémas étaient constellés de corrections appliquées au gros feutre rouge : vecteurs, traits, valeurs barrées et modifiées. La plupart ciblaient le châssis de l'engin. A plusieurs reprises, la mutante put lire les mots "Cf. Prof. Spitz".

Une des dernières feuilles compilait les informations sur la motorisation du véhicule, dans un jargon complexe, les seules données "claires" étant la vitesse maximale, de l'ordre de quarante kilomètres-heure.

Les gardes du couloir discutaient, pendant ce temps. Rachel ne put entendre que la voix de l'un d'entre eux, qui portait bien plus.

- Lionel, t'as une tête, c'est fait pour s'en servir.
...
- Laisse tomber, t'oublies tout le temps de fermer, insiste pas.
...
- Fais comme tu sens. Avec Drew et Zack, on sort voir ce qui se passe. Ferme pas, cette fois.

Elle put également ouïr ce qui ressemblait à un "Fuck Off", mais l'étouffement des sons l'empêcha d'en être certaine.

Jeckel, de son côté, put entendre des grésillements étranges, qui provenaient de la pièce dans laquelle étaient entrés les deux hommes vus un peu plus tôt.

La mission se déroulait bien jusque là, les premiers éléments de l'intrigue venait d'apparaitre sous la forme d'un véhicule blindé, Titania.
Jeckel comme probablement chacun des membres de l'expédition purent déduire qu'il y avait de forte chance que l'espace vide à l'emplacement de la tourelle corresponde à l'arme dont parlait les deux hommes qu'ils avaient croisés, surement Tinkerbell. La dimension poétique en prenait un coup.
La porte oubliée par Milan (à qui les espions en herbe demandaient surement un peu trop) ne porta heureusement pas à conséquence. Pour peu que cette fois-ci ils pensent à fermer la porte au nez des deux autres, il ne resterait a priori qu'un garde en place.
Pendant ce temps la diversion battait son plein, il fallait faire au plus vite à partir de maintenant pour limiter la casse. Jeckel eu alors une idée (avec toute cette tension intellectuelle il serait bon pour plusieurs jours de maux de tête) et se prépara à l'exposer à ses camarades, lorsqu'il entendit les grésillements provenant du labo. Lui revint alors en mémoire le brillant exposé que leur avait fait Milan et l'explosion de Nixo Chemical...

*Ils ont p't'être fait une démo à Harryman et la pétoire leur a claqué à la gueule ! Vu l'état de l'autre labo ça sert à rien de dire de se mettre à couvert, j'espère que ce scientos sait ce qu'il glande...*

Sur ces pensées angoissées il se décida à faire une proposition et chuchota :

"Et... si on chopait le scientifique ? J'suis pas persuadé qu'embarquer l'arme soit la meilleure idée, mais ce mec... y sait c'qui s'trame, dans sa tête y'a tout c'qui nous faut... On pop derrière la porte, je m'fait le militaire, Milan emballe la tronche et on dégage direct... Qu'est-ce vous en pensez ?"

Sur ces mots il se plaça face à l'entrebâillement de la porte menant au couloir, restant dans l'ombre autant que possible, dans l'attente du passage du garde restant.
Il était à deux couloir près, mais Jeckel espérait que sa ronde le mènerait ici et qu'il pourrait s'en défaire dans la plus pure tradition des lâches, d'un grand coup de barre de fer dans le dos.
De cette façon, la voie serait libre et, la montre avançant, les essais sur l'arme pourrait arriver à leur terme sans que leur intrusion ne déclenche une réaction en chaine.

Milan s'était approché silencieusement de Rachel, et avait survolé quelques unes des pages repérées par la mutante. Une fois qu'elle eut fini de lire, il prit la liasse de feuilles et la glissa sous ses habits en hochant la tête. Début de piste, mais autant de nouvelles questions étaient posées.

Les trois mutants purent entendre des pas commencer à arpenter les couloirs de l'étage, sans doute ceux dudit Lionel. Le faisceau d'une lampe de poche passait régulièrement à travers les stores, signalant par la même occasion sa position.

Le professeur secoua la tête devant le plan de Jeckel.

- Ils ne savent pas qu'on est ici. Un enlèvement les alerterait, et ils pourraient changer tous leurs plans, délocaliser le labo...

Néanmoins, le professeur en savait certainement beaucoup. Milan ajouta.

- Le "Spitz" sur les documents, il doit avoir un bureau. Il doit être haut placé pour corriger le boulot des autres.

Le faisceau s'était éloigné, et le garde avait poursuivi dans le couloir, s'éloignant de la pièce dans laquelle se trouvaient le scientifique et le militaire, et d'où provenaient toujours les grésillements.

Titania faisait 5 f*cking mètres de long?! C'était impossible! Les soldats ne pourraient pas trimballer une arme de 5 mètres! Darn darn... cela sonnait commre "arme à destruction massive" dans ses oreilles. Titania, reine des fées et reine des armes anti-homosuperior. Et si elle répétait infiniment "I don't believe in fairies"...Cela aiderait? Rachel redonna le dossier à Milan qui le cacha dans sa veste. Elle hocha la tête silencieusement à son tour et soupira.

"Z'avez raison, M'sieur Milan. Faudrait aller fouiller pour trouver son bureau. Mais comment savoir où il est? Je suis pas un GPS encore...J'y pratique, mais j'y suis pas encore..."

Si seulement elle avait eu plus de temps pour pratiquer son deuxième pouvoir. Rachel tendit l'oreille pour essayer d'entendre plus sur les hommes qu'elle avait entendu dans le corridor. Drew, le gars avec la grosse voix et Zack étaient partis. Il ne restait que le dernier, Lionel, qui s'était fait engueuler et possiblement d'autre gardes aussi. Elle se frotta le front et soupira. Ils avaient laissés la porte ouverte...Rachel n'aimait pas ça. Cela voulait dire qu'ils devaient aller à cet endroit. Pourquoi ne pouvait-elle pas être tout simplement invisible? Cela arrangerait pas mal les choses! Elle prit une grande respiration et soupira à nouveau:

"Vous savez ce que ca veut dire les gars...Faut entrer dans la pièce où le colonel et le professeurs sont entrés. Il y manque deux gardes et la porte est ouverte...Je vais entrer en premier. Restez couvert, je vous fait signe quand la voie est libre. S'il arrive quelque chose, vous vous cachez dans les bureaux et je me téléporte ailleurs. On garde contact, je reviendrai vous chercher."

Elle prit un crayon qui trainait sur le bureau et inscrivit sur son bras "toilettes hommes premier étage". En espèrant que cela marcherait... Elle fit signe à Jeckel de revenir vers eux et, déverrouillant d'abord la porte par laquelle ils étaient entrés, elle l'ouvrit et sortit du bureau.
Vérifiant d'abord si la voie est libre, elle se dirigea vers la porte "ouverte" de ce qu'elle supposait être un laboratoire. Elle vérifia si la porte était vraiment déverrouillée et la poussa lentement, tentant de voir quelque chose à l'intérieur. Dans la mesure où c'était prudent pour ses coéquipiers, elle les invita à venir la rejoindre.

Rachel eut la sensation étrange, en ouvrant la porte, que le bruit diminuait, alors que l'inverse aurait du se produire. Cela tenait au fait que dans l'entrée du laboratoire se trouvait un SAS de sécurité, sans doute construit avec des vitres faisant office d'isolant phonique, entre autres.

Elle put voir que les deux hommes se trouvaient à quelques mètres, dos à eux. Ils regardaient un étrange dispositif expérimental : une sorte de long canon dirigé en direction d'une grille métallique, située à plusieurs mètres. Le canon était visiblement monté sur un chariot, car il était en train de s'éloigner lentement de la grille, tout en demeurant attaché par d'épais cables à un imposant bloc, lui aussi métallique.

Rachel put également voir que la grille était elle aussi montée sur un chariot, et que le rail, situé dans le fond de la pièce, dépassait largement la largeur apparente de celle-ci, et se poursuivait derrière les autres salles adjacentes.

Les deux hommes ne notèrent pas sa présence, le scientifique parlant avec forces gestes au militaire. Ils ne tiquèrent même pas lorsque Rachel ouvrit la porte.

L'ersatz de plan de Jeckel refusé par Milan, il vit Rachel se diriger vers le labo, y pénétrer et leur faire signe de la rejoindre.
Sortant dans le couloir pour se rendre dans le sas, il était complètement perdu.

*Donc faut pas qu'on les attaquent ces deux mecs, discrétion. Mais le but de la mission dans l'idéal c'est d'embarquer l'arme, il a dit au briefing Milan. Je leur pète les dents discrètement ? Je la sens pas c'te pétoire, et pis elle peut trimballer ça Rachel ?*

Ils avaient récupéré les informations nécessaires après tout, mais tant qu'à être là autant accumuler tous les éléments possibles. Et s'il ne s'occupait que du militaire pour ensuite faire parler le scientifique ?
Malheureusement en procédant de cette façon il avertirait du passage d'une équipe au sein du labo souterrain, ce que ne souhaitait pas Milan.
De toute façon, il n'y avait que deux solutions, entrer, ou tenter autre chose.
Obnubilé par la nécessité d'agir et la peur de faire n'importe quoi, Jeckel se dandinait d'un pied sur l'autre, les yeux fouillant désespérément les alentours à la recherche d'une solution miracle peut être inscrit sur les murs ou au plafond, quand il s'arrêta sur la salle des gardes, a priori vidée de ses occupants. Il fit signe à Milan de suivre Rachel et à pas légers mais rapides se dirigea vers cette salle et ouvrit doucement la porte.
Deux des gardes venaient de sortir, il ne risquait pas de revenir aussitôt et le dernier (il l'espérait), Lionel, venait de commencer une ronde. Jeckel estima avoir le temps d'investiguer dans leurs locaux, espérant fortement trouver un plan des lieux ainsi que la localisation du bureau du professeur Spitz.

Il avait conscience qu'en agissant de cette façon il allait à l'encontre des consignes de son leader, mais après tout, on lui avait demandé de faire preuve d'initiative. C'était le moment.

Jeckel eut le bonheur de découvrir que tous les gardes avaient effectivement déserté leur salle sans la fermer. Il s'agissait d'une pièce toute simple, presque vide, entièrement peinte en blanc, et dont le mobiliser se résumait à une table entourée de quatre chaises, une petite commode, deux autres sièges empilés dans un coin de la pièce, et un petit réfrigérateur.

Les gardes avaient été dérangés en plein pique-nique, à en juger par les emballages et miettes qui "décoraient" la table. Un jeu de cartes était également éparpillé.

Punaisée sur un mur, il découvrit un plan détaillé des lieux, annoté en quelques endroits :

Spoiler:

Milan et Rachel se trouvaient dans la salle Energie, en compagnie du soldat et du chercheur. L'objet bizarre finit par s'arrêter, laissant uniquement dépasser son extrémité à la vue des deux mutants, tandis que la grille disparaissait dans le tunnel.

Le chercheur appuya sur un bouton, parlant toujours au militaire qui ne faisait que hocher la tête. Puis il lui indiqua de regarder attentivement, et entra une commande sur le clavier qui lui faisait face.

Les mutants purent alors voir un flash lumineux, provoqué par un éclair sortant de l'extrémité de l'engin monté sur le chariot, et qui se dirigea droit en direction du tunnel dans lequel avait disparu la grille. Le scientifique refit quelques manipulations, et deux nouveaux éclairs suivirent.

Milan était ébahi.

Un plan de l'étage complet, instant de joie pour Jeckel !
Mais pas de localisation du bureau du professeur Spitz, ça aurait été trop beau.
Jeckel se saisit du plan négligemment punaisé au mur, espérant que cette disparition passerait pour une nouvelle maladresse de Lionel et retourna vers son équipe. Avec ce plan, Rachel pourrait au besoin venir en un souffle chercher les éléments qui leur manquaient, la mission, bien qu'amputé du vol de l'arme, était un succès.
Le long couloir qui lui faisait face au sortir de la salle de garde ne lui inspirait pas confiance, le dernier garde pouvant surgir du bout ou d'une salle à tout instant, il se dépêcha de revenir au sas du labo "Energie", non sans faire un geste obscène à la porte des bureaux, regrettant presque de se limiter à ça.
Il décida de ne pas fermer la porte blindée, le pauvre Lionel ayant déjà suffisamment payé leurs écarts.

Le message d'Amarenna inquiéta Jeckel au plus haut point, il fallait, à son sens, lancer l'extraction de l'équipe immédiatement. Cette bande là était impressionnante, de courage et d'expérience, s'ils signalaient des difficultés, ça devait être une hécatombe.
Ils avaient néanmoins parfaitement rempli leur rôle et avait rendu le travail à l'intérieur presque facile.
Il montra le plan à Milan et Rachel et chuchota :

"Pas de Spitz... Z'avez entendu la situation dehors ? Faut décarrer !" puis regardant Milan "...si vous êtes d'accord et que le taf vous semble bouclé."

S'adressant à Rachel :

"Je préviens les autres ! On devrait aller les aider maintenant, non ? En tout cas arrache nous de là !"

Jeckel saisit son communicateur et appuya sans le faire exprès sur le bouton de transmission au milieu de sa phrase et le relâcha avant la fin. Pour la première fois il avait réussi à le manipuler et ne se sentait pas peu fière, le ton de sa voix, sérieux et grave, faisait ressentir la solennité de l'instant.

"Mission remplie, vous pouvez lancer la dispersion. Besoin de soutien ou d'évacuation ?"

Extrêmement heureux d'avoir pu participer à cette mission et de s'en être tiré en un seul morceau, Jeckel releva la tête et envoya à ses camarades un sourire lui fendant le visage d'une oreille à l'autre et faisant briller toutes ses dents (pourris) à la lumière des néons.

Rachel sortit immédiatement son petit appareil d'exploration, celui que Paolo lui avait donné Il était compact et n'avait pas besoin de flash pour faire de belles photos ce qui ne faisait pas peur aux animaux et non plus aux gros animaux comme les humains. Elle prit en photo l'arme du mieux qu'elle le pu. Elle prit aussi en photo les deux hommes, espèrant qu'ils pourraient ensuite mettre un nom sur leur visage et que cela aiderait Milan dans sa recherche de questions...La jeune femme n'était toutefois pas très rassurée quant à l'issue de cette mission. Devraient-ils essayer de voler l'arme? Ce serait beaucoup trop dangereux! Ils ne devaient pas...Son regard étonné était fixé sur l'énorme arme et un frisson la parcouru. Ils auraient affaire à cela...Avec les documents qu'ils avaient trouvés, les photos qu'elle venait de prendre, sans doute qu'ils auraient assez d'information pour une soirée. Ils reviendraient une autre fois. Sans diversion...Parlant de diversion, le message de Rachel la fit se redresser brusquement. Ken était blessé?

"Ken..."

Bon ce n'était pas le temps de se faire du sang d'encre pour son copain...Tout irait bien. Elle irait le chercher, ils reviendraient tous sains et saufs à l'Institut. Heck. Elle pouvait les ramener illico presto à l'Institut en clignant des yeux. Jeckel lui fit part qu'il serait temps de s'en aller et Rachel ne pouvait être plus d'accord avec lui. Elle déposa lentement son bras sur celui de Milan et le regarda avec calme. Il semblait sous le choc de ce qu'ils venaient de découvrir.

"Allons-nous en. Nous avons les plans et les infos...On reviendra si jamais..." chuchota-t-elle à son attention. "Je nous amène à la maison et je reviendrai chercher les autres."

Traînant toujours une photo de l'Institut avec elle, elle l'utilisa pour téléporter Milan et Jeckel dans le Hall. Elle avait ensuite l'intention d'utiliser le nom de Ken écrit sur son bras pour se téléporter auprès de l'autre équipe et les faire revenir à la maison. (À la discrétion du MJ, Rachel peut servir de transport comme vous le souhaitez.)

La démonstration entraîna force hochements de tête satisfaits du militaire, qui applaudit même à trois reprises avant de reprendre sa conversation avec le chercheur. Milan attrapa le bras de Rachel pour l'empêcher de les téléporter tout de suite, fit de même avec Jeckel, et les emmena discrètement dans le couloir, alors que les deux hommes commençaient à s'approcher du sas, absorbés par leur discussion. Il tira ses deux élèves dans le couloir par lequel ils étaient arrivés, et leur demanda de faire silence. Les deux hommes parlaient beaucoup, soit parce que le militaire était très intéressé par les formules scientifiques, soit parce qu'il demandait...autre chose. Ce que voulait savoir Milan.

Ils attendirent une trentaine de secondes avant que la porte du labo ne s'ouvre, et que les deux hommes sortent.

-...autonomie de cinq heures, incluant une soixantaine de tirs à pleine puissance. Le grand modèle peut tirer cent fois avec la même autonomie.

- Merci, professeur Spitz. Vos informations seront sûrement très précieuses une fois que nous serons sur place.

Le savant étouffa un petit rire. Leurs pas s'approchaient lentement, puis s'arrêtèrent, à quelques mètres des mutants.

- C'est un peu le baptême de mes bébés. Dans l'Oregon, vous dites ? J'imagine que vous avez une bonne raison pour qu'il ait lieu là-bas.

Ce fut au tour de la voix du militaire de paraître légèrement ironique.

- Croyez-moi, professeur, mieux vaut pour vous que vous ne connaissiez pas ces raisons. A côté, l'incident de Seattle est une bagarre d'école maternelle.

Puis ils reprirent leur marche, et Milan serra le bras de Rachel pour qu'elle les téléporte. Un instant plus tard, le duo faisait irruption face au couloir vide, tandis que les trois mutants se retrouvaient dans le hall de l'Institut.

----Fin du mode jeu----

Pas grand chose à dire : j'avais prévu très, très large concernant les informations à découvrir, vous vous en êtes bien sortis en n'étant pas excessivement prudents ni complètement têtes brûlées. J'espère que cette ambiance "pacifique" vous aura plu.

Les points :

Rachel : 2 points. Bien dans l'ensemble.
Jeckel : 2 points. Parfois un peu trop de prises de risques (que je ne peux pas te reprocher), mais des actions et des réactions dynamiques et intéressantes, et de plus en plus de cohérence avec le mode jeu, après la phase d'acclimatation. Bon mode jeu.