[Labrador 1]Départ pour le camp Labrador

C'est d'une démarche légèrement plus raide qu'à l'accoutumée que Cassandre entra dans le hangar de l'institut, lieu où elle avait auparavant donné rendez-vous aux volontaires, et pour cause, elle avait fini par réussir à enfiler sa propre combinaison, ce qui relevait de l'accomplissement personnel. La texture du costume s'apparentait au cuir, mais était légèrement plus souple et moins lourd, mais malgré les quelques mouvements qu'elle avait essayé de faire dans sa chambre pour s'habituer, la jeune femme se sentait légèrement à l'étroit... Mais elle ne pouvait s'embarasser de tissu qui risquaient de se prendre n'importe où. D'un noir d'encre, l'ensemble ne lui allait pas si mal. La visière complètement opaque qui allait avec était le détail qui la rassurait un peu : depuis la destruction de sa fidèle paire de lunettes quelques jours auparavant, la sensation de d'insécurité qu'elle éprouvait souvent lorsque son regard était à découvert était omniprésente. Au moins, elle pourrait se concentrer sur ses objectifs sans se soucier de son apparence.
Elle avait pour les besoins de la mission, coiffés ses cheveux en une queue de cheval impeccable en prévision du rôle qu'elle aurait à jouer plus tard.

En entrant dans le hangar, elle fut aussitôt prise d'assaut par un délire olfactif de camboui, de carburant, et de pièces métalliques en tout genre, à tel point qu'elle posa sa main sur son nez pour atténuer le choc de son odorat exacerbé. Le X-jet était là. Elle avait convenu avec Cérébra que l'engin serait en pilote automatique pour les déposer aux coordonnées précises qu'elle lui avait indiquées sur l'île du camp Labrador.
Louée soit cette Cérébra...
Cassandre se rapprocha doucement de l'appareil, en s'aidant de l'écho de ses pas sur la carlingue pour se repérer. Les élèves ne tarderaient plus à présent.

Alyssandre arriva alors en courant, en foulées légères. Elle n'était jamais entrée dans le hangar aussi poussa-t-elle une exclamation admirative à la vue du jet. Rutilant, aux courbes harmonieuses, il semblait pouvoir fendre l'air sans aucun bruit, malgré son imposante taille.

La jeune femme posa une main gantée sur le métal froid de l'appareil et vit quelques mètres plus loin la psychologue de l'Académie en train d'attendre ses recrues. Alyssandre découvrit sa tenue de combat, d'un noir sobre et opaque, agrémenté d'une visière qui cachait ses yeux aveugles. La jeune Française aussi avait revêtu sa combinaison. D'un noir brillant, épousant ses formes nerveuses, le vêtement accompagnait tous ses mouvements sans aucun accro, confortable et pratique. Même les mitaines avaient été étudiées pour son pouvoir, faites d'une fibre poreuse qui permettait à ses lianes de traverser le tissu sans le déchirer pour autant.

Thorn arriva au niveau de Cassandre et fut étonnée d'être la première des élèves à être au rendez-vous. Elle salua la psychologue, sa voix teintée du respect qu'elle éprouvait à son égard.

"Bonjour Cassandre. Alors comment ça s'annonce, pas de changement au plan?"

A mesure que la mission s'approchait, l'excitation s'emparait de la jeune femme. Elle avait peu dormi cette nuit, pensant et repensant aux ordres de mission, au déroulement du plan. Ce n'était pas la perspective du danger qui la mettait dans cet état, loin de là. Alyssandre n'était pas une casse-cou. Mais l'idée de pouvoir sortir de ce camp de la mort ses semblables faisait s'accélérer son rythme cardiaque, comme si son corps hurlait un leitmotiv de vie pour les malheureux enfermés.

Une fois de plus, ses poings se crispèrent en sentant la démangeaison familière au creux de ses paumes. Pourvu que tout se passe bien. De toute façon, elle imaginait mal Cassandre les envoyer au devant de la mort si elle n'avait pas eu une vision de ce qui les attendait… une vision positive en tout cas…

Gaël entra son tour dans le hangar et ne put s’empêcher de s’extasier devant le X-Jet. Il poussa un long:

« wouaaaaaaaaaa »

qu’il n’aurait pas put retenir de toutes façons. Même sans entrer dans l‘appareil, cela crevait les yeux qu’il était à la pointe de la technologie. Il ne manquait plus que cela pour aller avec le costume de super-héros et les pouvoirs de super-héros, pouvoirs avec lesquels ils s’étaient d’ailleurs entraînés la veille, après le briefing.
Conformément aux indications que lui avait donné Adam, le jeune homme avait déclenché ses pouvoirs dans différentes conditions de luminosité et en avait tiré plusieurs conclusions: tout d’abord, son pouvoir fonctionnait aussi bien avec le soleil qu’avec la lumière artificielle mais surtout, plus l’endroit dans lequel il se trouvait était illuminé, plus il lui était facile d’activer ses pouvoirs et de maintenir ses créations. Mais cela marchait dans les deux sens car créer des objets dans des endroits peu éclairés demandait plus de concentration. Enfin il avait réussi à pousser ses pouvoirs jusqu’à créer des espèces de matraques, qui seraient alors ses armes de prédilection durant la mission.
Ne sachant pas trop si il était censé être excité ou mort de peur, il s’approcha de Cassandre et d’Alyssandre, surpris d’être parmi les premiers arrivés.

« Et dire que j’avais peur que vous partiez sans moi… »

Les élèves commençaient à arriver. Cassandre les salua tour à tour, et répondit à la question d'Alyssandre.

"Pas de changement à l'horizon, Alyssandre." dit-elle simplement, avant d'afficher un sourire mi-figue mi-raisin aux paroles de Rachel, qui semblait lui montrer un appareil photo, malheureusement pour Cassandre, c'était inutile...

"Je ne sais pas... Fais-moi voir ?" dit-elle en retirant son gant droit pour se saisir de l'appareil. Elle tâta l'engin aux lignes modernes et froides, et appuya sur le bouton power une fois qu'elle l'eut trouvé. Le ronronnement de l'appareil était caractéristique du matériel high-tech.
Olivier ne lésinait sur rien...

"Je ne suis pas experte, mais je pense que ça fera amplement l'affaire." conclut-elle en restituant l'appareil à Rachel.
"Tu devrais peut-être prendre un cliché du hangar avant que nous partions, ça pourrait toujours servir..." suggéra-t-elle après quelques secondes de réflexion.

*Je suis super à la bourre, qu'est ce que je fous ! Avec cette tenue c'est l'affiche assurée, j'ai l'impression d'être stripteaseur dans un club, j'ai pas le temps d'hésiter et de faire mon difficile, faut que j'y aille fissa !*

Réveil tardif, rhume, cauchemars, petit déjeuner léger, mauvaise forme.

*Loup de voleur, gants obscures, bottes militaires, pourquoi pas un fouet ?*

De son costume mystérieux, il se présentait dans le hangar, son état de fatigue ne se voyait pas derrière tant de masques, son habit ne lui faisait plus honte, le papillon arriva heureux et détendus.
Le bonheur que lui provoquait son costume était énorme, on s'y croit en sécurité, on sent que tout les mouvements sont réalisables même ceux jamais tenté, c'est si agréable, tellement confortable, complètement délectable.

"!Hey!
Vous allez bien ?"

La vus du jet lui rappela immédiatement le film de science fiction qu'il vus quelque jours avant son rapt, il failli crié au plagiat mais se retenu étant donné la noirceur de la situation.
Tout les participants n'étant pas encore présent, le Machaon s'étira énergiquement en chantonnant, sa souplesse le surpris, il arrivait même a faire le grands écart,*Whaou, Mimi !* se dit il, jambes en l'air, et compagnie compose sa frénétique chorégraphie.

Jessica quitta Ashern en le regardant une seconde s'éloigner, une seconde de panique... est-ce qu'il allait revenir ? Elle tourna la tête et pénétra dans sa chambre où elle se glissa rapidement sous les draps afin de dormir, d'un sommeil réparateur comme jamais, malgré les quelques images qui vinrent la hanté. Quoiqu'il arrive, elle savait que tout se passerait bien... elle avait confiance... peut-être trop...

Elle se leva et se prépara, songeant qu'elle n'avait même pas vu à quoi ressemblait sa tenue, et après un rapide petit déjeuner elle alla en salle de briefing afin de le récupérer. Elle l'enfila rapidement, souriante devant ses couleurs à la fois discrète par leur ombre mauve foncé et agréable à l'oeil... du moins elle le trouvait. Elle fila déposé ses vêtements dans sa chambre et descendit dans le hangar où la plupart des participants à la mission se trouvaient déjà.

« Salut tout le monde! »

Jess avait l'air en forme, et peu inquiète de ce qui les attendait. Pour le moment ça lui passerait loin, à des années lumières de cet instant. D'un rapide coup d'oeil circulaire, elle vit que son frère n'était pas encore arrivé, et eu une nouvelle seconde de panique, mais il lui avait promit... elle s'approcha de Gaël et Cassandre qui étaient ceux qu'elle connaissait le mieux, et attendit silencieusement et patiemment que les autres arrivent et qu'ils partent.

La nuit avait si longue et si courte à la fois.
Toute la nuit, Fabrisio avait réfléchit et retourné encore et encore la situation dans sa tête. Sans parvenir à trouver le sommeil, il avait passé la nuit à tourner dans la chambre.
Qued devait-il faire ? Telle était la question.
Il ne pouvait bien sûr pas rester indifférent au camp de concentration mais que pouvait-il y faire, lui, dont les pouvoirs naissaient à peine.

Longue fut la réflexion mais il était finalement là.

Aussi, c'est un Fabrisio fatigué mais décidé qui arriva dans le hangar. Sur le pas de la porte, il resta interdit devant la taille du lieu. Impressionné, il n'en croyait pas ses yeux. Puis il remarqua le groupe déjà présent.
Vêtu d'une tenue spéciale pour l'occasion, il s'avança devant les jeunes. Premier contact avec les autres membres de l'institut, ceux que Cassandre avait qualifié de "nouvelle famille". Fabrisio aurait préféré d'autres circonstances pour les rencontrer mais le temps manquait. Quelque peu gêné par sa tenue, allant jusqu'à tirer dessus par endroit, il s'approcha du groupe.

- "Heu... bonjour à tous"

Daniel arriva sans se précipiter dans sa combinaison de combat de couleur sombre. Il entra dans le hangar et vit pour la première foi le jet. Le jeune homme l'observa en détail. Chaque partie de la structure du cockpit aux ailes et ensuites les moteurs. Un sourire se déssina sur ses lèvres et il dit.

-Ça commence à être interessant.

Il s'approcha du groupe exiter par la perspective de l'affrontement à venir. Le mutant sentait son coeur battre au rythme de son côté animal. Savage avait l'impression de déjà être en situation de combat. L'uniforme qu'on lui avait donné épousait tout ses mouvements à la perfection et ce qui lui servait de gilet était fait de cuir épais presque comme une armure mais ne le gênait pas. Les gants protégeait bien ses mains pour le combat et n'ayant pas de bout au doigt lui permettait d'utiliser ses griffes sans contraintes même si aujourd'hui ce ne serait necessaire. Daniel s'approcha de Cassandre et des autres en disant simplement.

-Bonjour.

Il observa le reste du groupe et les salua d'un signe de tête et fit un légé sourire à Alyssandre.

Ashern se réveilla difficilement. A vrai dire, la mission ne le stressait pas le moins du monde. Habitué à ces excursions en territoire ennemi et inconnu, il lui était simple de pouvoir dormir sur ses deux oreilles.
Se levant alors promptement, conscient du fait qu'il devait se présenter un minimum à l'heure, une boule de stress lui prit soudainement l'estomac, lorsqu'il se remémora l'accord qu'il avait donné à Jessica pendant la soirée passée.
Passant rapidement en salle de bain, il finit par se rendre à la salle de briefing. Ah, sa combi' était l'une des dernières encore accrochées. Ok, il était à la bourre ...

Il se pressa alors dans les couloirs, la démarche rapide, ses yeux vifs essayant de repérer un quelconque indice pour l'aider à trouver ce fameux hangar. Et ce ne fut qu'après quelques minutes fastidieuses à errer dans l'établissement qu'il finit par se retrouver dans les sous-sols, pour enfin atteindre la salle où tout le monde semblait s'être réuni. La porte s'ouvrit, et il les rejoint, un peu encore dans le coltar, rajustant son masque caoutchouté au niveau de son cou. Il recouvrirait son visage une fois fraichement débarqué près du camp.

Après un rapide coup d'oeil vers le monde présent, il lança quelques faibles mots.

"Ah ... Salut tout le monde ..."

Apparement, peu, très peu de monde s'était décomandé, voire pas du tout. Il aurait espéré se retrouver avec plus d'adultes, plus de professionnels ... M'enfin, cette époque était belle et bien révolue apparement.
Il se posta alors en silence près de Jessica, se pencha pour l'embrasser sur la joue, dans un "Salut toi ..." discret. Il passa derrière elle, et posa une main sur son épaule. Il fut soulagé de voir qu'elle n'avait pas de ces costumes aux couleurs toutes plus flashies les unes que les autres. Il était déjà un peu plus confiant. Au moins, elle ne servirait pas de cible mouvante pour les joujous des autres militaires, là-bas ...

Fabrisio accueillit bien volontier la main tendue par la jeune fille. Elle disait s'appeler Rachel et son sourire autant que sa bonne humeur le rasura. Il se sentit alors plus détendu. Du moins voyait-il ses pensées se dégager le temps d'une rencontre.

- "Je l'espère bien", réussit-il à dire finalement

Il s'appercut que les mots avaient du mal à sortir de sa bouche. Il avait passé tellement de temps à réfléchir cette nuit, éveillé et en silence, que parler était presque devenu un effort. Et puis, il avait cette affreuse sensation dans la bouche, cet état pateux qu'il ne ressentait généralement que la veille d'examens. Mais c'était dans son autre vie. Ici, l'examen prenait une toute autre forme, beaucoup plus dangereuse et inconnu.
Il en était presque à se poser la question :"mais qu'est-ce que je fais là?" Cette question qu'il s'était si souvent posé mais à laquelle il n'avait pas eu souvent de réponse.

Il observa alors Rachel qui semblait afficher une joie de vivre, une insouciance. Etait-elle réellement confiante ou bien n'était-ce qu'un masque ? Bah, après tout tout le monde porte un masque. Sans ça, il serait impossible de résister à tout ce qui nous entoure. Fabrisio prit sur lui et essaya d'adopter le même ton quelque détaché.

- "Je suis nouveau, en effet. Et malheureusement, je n'ai pas eu l'occasion de rencontrer d'autre mut... d'autres membres de l'Institut. J'aurais quand même préféré que se soit dans d'autres circonstances que celles-ci."

Fabrisio n'avait pas réussit à terminer le mot. Il n'y était pas encore suffisement habitué pour pouvoir le sortir aussi librement. Il espérait que son écart était passé inaperçu et souria.

Jardins Hangar

Quand Enzo arriva dans le hangar, il remarqua que son corps avait un peu augmenté de volume. La fraicheur du matin qu'il avait toujours tant aimé était aussi bénéfique pour lui avec son pouvoir, la rosée qu'il avait receuilli automatiquement lors de son passage lui donnait plus de reserves. Source salua tour le monde d'un petit signe de la main.

"Bonjours Cassandre, j'ai oublié de te demandé hier si tu savais s'il y avait des points d'eau dans le camp et si oui, où ils se trouvent, ma téléportation pourra peut-être utile bien que je ne puisse emmener personne."

C'est alors qu'Enzo remarqua les vetements de ses collègues

"Quand vous parliez d'uniformes hier, je ne croyais pas que c'était pour aller à un bal masqué??dit-il avec le sourire

- "C'est vrai, c'est assez saillant" répondit Fabrisio avec le sourire.

Jouant le jeu de Jake, il regardait son costume, tournant sur lui-même dans l'attitude d'un mannequin de monde, tirant dessus pour en tester la souplesse, tendant les bras et les tournant.

- "Je penserai quand même à l'enlever avant d'aller en ville. Non qu'il soit moche, mais ce n'est pas spécialement le genre de fringue que je mettrai pour une virée."

Fabrisio avait reprit confiance et l'attitude de Jake avait quelque chose de rassurante. Plus encore que Rachel, il semblait décontracté et sûr de lui. Il faisait preuve d'humour et jouait avec les cartes comme un jongleur jouerait avec ses quilles. Fabrisio avait été surpris par la rapidité avec laquelle il avait sorti la carte. Volà quelqu'un de très habille.
Curieusement, cette constatation le mit quelque peu mal à l'aise. Voilà qu'il se trouvait en face de quelqu'un révélant un talent que lui n'avait pas. A coup sûr, Jake devait être une valeur sûre dans cette expédition. Qu'en serait-il de Fabrisio.
Mais pour l'heure, il essaya d'être le plus décontracté possible. Il se tourna de nouveau vers Jake et, tout en lui souriant, il se présenta à lui :

- "Enchanté, au fait. Ravi de faire ta connaissance Jake. Moi je me nomme Fabrisio et j'ai bien peur que mes "talents" soient moins spectaculaires que les tiens", dit-il quelque peu penaud.

Puis il se tourna en partie vers Rachel et, tout en continuant à s'adresser à Jake, il observait la jeune fille.

- "Quant à cette charmante jeune fille, je ne peux croire que sous ses airs d'innocence se cache quelqu'un de dangereux. Nooon, impossible."

Les raisons de leur présence dans le hangar s'estompaient et Fabrisio se relacha devant l'ambiance détendue qui reignait dans le groupe. Lui qui craignait tant de choses, jusqu'à maintenant, tout se passait bien. Tant qu'il n'était pas question de mission, de pouvoirs et autres, il pouvait rire et se permettre d'être détendu.

Cassandre s'était faite discrète après son échange avec les premiers arrivants, et pour cause, la jeune femme était au prises avec une tentative d'intrusion télépathique aussi soudaine qu'inexpliquée. Ayant autant profité que les élèves du calme avant la tempête, elle avait eu tout le loisir de préparer son pouvoir à la journée mouvementée qui les attendait.
La présence intruse, ni amicale ni hostile, s'abattit sur son esprit frais, pour se briser comme un écueil sur les récifs, sur la barrière psychique que la jeune aveugle érigeait lorsqu'elle voulait se protéger des visions indésirables qui pouvaient parfois l'assaillir...
Elle n'eut même pas le temps de tenter d'identifier le télépathe. Elle sentit sa conscience, faible, vaciller comme la flamme d'une bougie qui s'éteind.
Un telle agression psychique était du suicide dans l'état de faiblesse évident dans lequel le télépathe semblait être.
Qu'est-ce que cela pouvait bien signifier ? Quelqu'un était-il au courant de leur projet ? Non... C'était impossible... Alors quoi ?
Perdue dans ses réflexion, elle ne sortit de sa bulle que lorsqu'Enzo prononça son prénom.

"Pardon ? Oh, je... Oui, je sais qu'ils disposent d'un système de douche dans le laboratoire, et d'une citerne accollée au baraquement de haute sécurité." répondit la jeune femme, le visage toujours tourné vers le sol. Mais doucement, un léger sourire vint effleurer ses lèvres.

"Mais j'ai une surprise pour toi, temps couvert et pluvieux sur le camp Labrador." ajouta-t-elle, réalisant que presque tout le monde était là. Fabrisio était bel et bien venu. Elle n'en avait pas douté, la peur de la décevoir peut-être, ou l'envie de relever le gant. Elle espérait que malgré les circonstances macabres, l'expédition lui donne un peu plus d'assurance, et qu'il apprenne à découvrir sa vraie nature, sa nature mutante.
Mais il manquait une voix au tableau. Une petite voix timide, une présence discrète et craintive... Myou ne devrait plus tarder... A moins qu'elle n'ait changé d'avis ? Mais l'intuition féminine de Cassandre lui murmurait qu'elle tiendrait parole.
Après avoir répondu à Enzo, elle tendit à nouveau son esprit pour tenter de percevoir la présence du télépathe mystère, mais sans succès. Cette tentative d'intrusion l'avait passablement inquiétée...

Myou était très en retard... mais elle ne pouvait aller plus vite. Elle avait simplement mis... bien trop de temps à se convaincre d'enfiler ce "truc" vert. Comment aurait-elle pu se montrer comme ça ??! Ce costume cachait les seules parties humaines de son corps, exposant tout le reste !! Quelle idée !

Mais elle n'était pas idiote. Elle reconnaissait très bien l'utilité de la chose... surtout depuis qu'elle en savait plus sur son developpement possible avec le BIC. Cette tenue était tout à fait adaptée à son corps.... mais pas encore à son esprit.

Sur ce, Myou s'était démenée au dernier moment pour trouver quelque chose pour se recouvrir. Elle tomba par chance sur un imper beige. Certes, c'était tout de suite moins classe, mais ça ferait l'affaire...

Elle prit ensuite ses affaires, et se mit enfin en route. Avançant de plus en plus vers le hangar, son pas se faisait plus rapide... Cette odeur... c'était comme dans un rêve. Enfin une odeur agréable... une odeur... qui annonçait des Grandes choses. Et elle ne fut pas déçu : le jet était sublime. Ce n'était pas (encore) totalement son rayon, les trucs volants, mais elle rêvait de s'y mettre...

Elle remarqua assez tard que Cassandre l'avait bien sûr captée. Elle se remémora alors son retard....

Euh... désolé... je cherchais un truc.... j'avais .. froid.

*Idiote =="....*

Elle fit un rapide tour des yeux vers les autres. Ils semblaient tous là... Aie. La honte remontait...
Vivement qu'on monte dans le jet... et qu'on arrête de la regarder !

« Salut! »

Jessica releva la tête vers son frère en souriant, puis se laissa doucement reposer sur lui. Elle observait à présent les autres et se demandait si Myou allait venir. Plusieurs d'entre eux lui était familier, comme Jack qu'elle avait eu l'occasion de voir au porte ouverte ou encore Rachel qui était apparu la veille. D'ailleurs elle s'était demander si sa pêche était perpétuelle ou si c'était uniquement l'excitation du moment, mais apparemment c'était naturel chez elle. Jess se demandait également ce qu'était cette histoire avec son appareil photo..
Le dénommé Fabrisio attira un instant son attention, tandis qu'il faisait un tour sur lui même à la manière d'un manequin qui défile dans un costume de luxe. Elle sourit doucement puis tourna la tête vers Myou, dans un imper beige...

*qu'est ce qu'elle...*

Elle interrompit ses pensées, songeant qu'elle savait ce que la jeune fille tentait de cacher, mais elle ne le faisait pas de la bonne manière à l'avis de Jess... c'était encore plus intrigant et on avait davantage l'envie de savoir ce qu'elle cherchait à dissimuler sous ses airs de détective privé...

« Salut Myou! ça va ? »

Jess ne se souvenait plus des dernières circonstances dans lesquelles elle avait vu Myou, ça lui était sortit de la tête. D'abord à esquiver son frère et maintenant à sembler être de bonne humeur...

La voilà...pensa Cassandre quelques secondes avant que Myou n'entre dans le hangar. A sa voix hésitante, Cassandre se contenta d'offrir à la jeune fille un sourire qui se voulait rassurant. Pourtant, Cassandre doutait intérieurement de ses capacités à guider le groupe, même si elle se gardait bien d'en montrer les signes extérieurs. Olivier était fait pour cette responsabilité, pas elle. Olivier...

Cassandre laissa courir un instant sa main gantée sur le fuselage de l'appareil, avant d'interpeller Cérébra.

"Cérébra, je te confie l'Institut et ses occupants pendant notre absence. Veille à ce qu'il ne leur arrive rien." dit-elle d'un ton péremptoire à l'IA. En faisant confiance à Cérébra, elle plaçait en réalité toute sa confiance en l'intelligence d'Olivier et d'Adam. Avec le recul, Cassandre comprenait la passivité de l'IA durant les portes ouvertes... Un calcul simple des priorités et des probabilités des dommages collatéraux suffisait à justifier le fait qu'elle ait jugé dangereux d'intervenir parmi les civils... Mais cette fois-ci, il était clair que Cérébra saurait trouver la juste mesure.

"Tout le monde est là. Allons-y, nous avons un rendez-vous à ne pas louper." dit-elle en se dirigeant doucement vers la passerelle du X-jet. Une fois à l'intérieur, elle se provoqua un flash mental qu'elle mémorisa rapidement pour connaître la configuration du cockpit, et alla s'asseoir à l'avant.

"Cérébra, lance le programme automatique sur la trajectoire prévue." dit-elle en tâtonnant à la recherche de la ceinture de sécurité.

"Sanglez-vous sur vos sièges." lança-t-elle en arrière pour les élèves. Plusieurs voyants s'allumèrent sur le tableau de bord, sans que cela ne perturbe le calme olympien de la jeune aveugle. Un vrombissement sourd se fit entendre.

"Le X-jet est paré au décollage, Cassandre. Ouverture du hangar." leur dit la voix de Cérébra par un interphone interne à la cabine. A travers les vitres aérodynamiques du vaisseau, les élèves purent voir le plafond du hangar s'ouvrir en deux, pour révéler un passage. Une légère secousse leur indiqua le décollage. Le formidable engin s'élèva à la verticale pour s'extraire avec une précision parfaite de son écrin secret. Les mutants purent reconnaître les traits familiers du manoir qui leur servait dorénavant de résidence, de plus en plus distants à mesure que l'appareil prenait de l'altitude. Bientôt, il traversa une première couche de nuages pour se stabiliser.

Pendant tout le décollage, Cassandre s'était accrochée aux accoudoirs de son siège. Comme la plupart des gens, elle n'appréciait que moyennement l'avion, mais les vols réguliers avaient cela de rassurant qu'ils étaient pilotés par des professionnels, et le fait de ne pas voir ce qu'il se passait autour d'elle alors que son corps était physiquement en mouvement était légèrement déroutant. Elle se détendit néanmoins une fois l'altitude de vol atteinte, et se retourna vers les élèves.

"Le X-jet se déplace très rapidement, le vol ne sera pas long. Je voudrais vous dire plusieurs choses avant que nous n'arrivions." commença la jeune femme.

"Tout d'abord, merci. Merci d'avoir accepté de m'aider malgré le danger évident. Ce n'est pas seulement pour les détenus que nous allons nous battre. Nous allons nous battre pour faire valoir nos droits, nos droits d'êtres humains...et de mutants." ajouta-t-elle, en souligna légèrement ce dernier mot. Elle se sentait un peu ridicule avec ce pseudo discours pour galvaniser les troupes, mais elle se sentit obligée de rappeler ce pourquoi ils étaient là, et ce qui les réunissaient tous par delà leurs différences.

"Notre objectif est comme vous le savez, de mettre un terme à ces atrocités, mais ne perdez pas de vue un autre objectif, tout aussi vital : vous devez en revenir. Vous êtes tous des jeunes gens censés, ne foncez pas tête baissée. Réfléchissez et agissez en groupe, l'union fait la force." termina-t-elle, en espérant que ses mises en garde seraient entendues. La vie ne faisait pas de cadeau et les actes inconsidérés menaient bien souvent au trépas.

La suite ici.