Souvenirs Souvenirs

Akira commencait à en avoir un peu marre de cette pluie battante aussi décida-t-il de retourner à l'interieur du bâtiment.

Il se dirigea vers le salon, pièce qui avait l'air fort confortable. L'idéal pour faire une petite sieste en s'abrutissant un peu devant la télévision.

Le mutant se laissa choir dans un fauteuil, retira sa veste et la jeta sur l'accoudoir du fauteuil voisin. Il attrapa la zapette et fit le tour des différentes chaines avant de tomber sur une série qu'il appréciait beaucoup : Dexter. Une histoire de psychopates, de flics légérement ripoux sur les bords et d'un "Ice Truck Killer".
Ce devait être l'épisode 9, celui où on découvre l'identité du fameux "ITK"...Akira n'en était pas vraiment sur mais il avait toujours trouvé ce gars assez louche...Néanmoins il ne s'attendait absolument pas au dénouement final. Bravo les scénaristes.

**Shahahaha!! Ca me rappele le bon temps!! Quand tu découpais sans vergogne de pauvres victimes pour qu'ils te crachent des révélations sur telle ou telle personne.**

*Merde! Arrête de m'emmerder!!!*

**Souviens toi **

Un flot d'images traversèrent l'esprit d'Akira, plus précise, plus nette, plus détaillée.

[FLASH BACK OFF]

Il se vit, devant une table en linox avec un mec, apparement japonais, dessus, complétement nu enveloppé dans du cellophane.
Akira était vétu d'un tablier, de gants noirs en caoutchouc et d'une visière pour éviter de se prendre du sang dans le visage.
A ses côtés une petite table avec divers outils.

"Je...Je vous en suppli...C'est Tanaka!! C'est lui qui a donné le signalement de Kazuya aux flics!! Il se planque sur l'ïle d'Hokkaido, à Hakodate!! Je vous en suppli, ne me faites pas de mal, j'ai une femme et deux gosses!! Pitié!!"

"Merci je sais ce que je voulais savoir."

"Vous...vous allez me laisser partir?"

"Shahaha!! Tu rêves mon malenky gars...Je vais te travailler avec une paires de pinces, un chalumeau et un fer à souder, je vais te la jouer à la flamme bien moyenageuse ô mon frère "

[FLASH BACK OFF]

Akira était écroulé près d'une fauteuil, l'esprit dans le vague...Il n'avait pas pu faire ça...Nom de dieu comment avait-il pu faire une chose pareille...
Le mutant avait des spasmes et eu du mal à se relever, sa blessure à l'épaule lui faisait mal. Il réussi néanmoins à se mettre sur ses jambes pour s'écrouler aussitôt dans son fauteuil.

**Héhé, le "Crying Freeman" sera bientôt de retour...**

*Fermes la*

Jardin

Jenifer entra et rejeta sa capuche en arrière, secouant ses cheveux pour les remettre en place, elle jeta un oeil vers la télé... pas très sympa le programme. D'un regard (infra-rouge), elle changea de chaîne pour mettre une chaîne musicale. C'est alors qu'elle remarqua le jeune homme qui regardait la télé.

- Oups... désolé Akira j'avais pas fait attention que tu regardais. J'avais pas trop envie de voir un truc sombre ou quelque chose du style, j'ai besoin de... de me changer les idées tu vois ?! J'ai... j'ai vu des choses pendant qu'on allait récupérer Olivier et...

La jeune fille détourna le regard et baissa la tête, l'air profondément troublée. Elle alla se laisser tomber dans un fauteuil non lui du mutant.

Akira reprenait ses esprits devant sa série culte et mourait d'envie de griller une cigarette mais il se doutait bien que ce devait être interdit dans l'établissement.

Alors qu'il se laissait aller à somnoler la chaine changea brusquement pour tomber sur une chaine musicale et un clip d'un groupe de rock en vogue depuis 2 ou 3 dont Akira ignorait totalement le nom.

Le mutant tourna la tête et vit Jenifer qui alla tomber dans le fauteuil à côté de lui.

"Non ce n'est rien, je l'ai déjà vu de toute façon^^ Mais dis moi...Comment as-tu fait pour changer de chaine sans toucher à la zapette."

Akira se doutait bien que c'était grâce à son pouvoir mais il désirait en apprendre plus sur le dit-pouvoir.

Tournant la tête, un sourire peu convaincu sur les lèvres dans une tentative de se détendre, Jen répondit au jeune mutant :

- Ah ça... Un petit tour que j'ai appris depuis que je suis ici et que je comprend mieux mon pouvoir. Comme je peux émettre de la lumière je me suis dit que les infra-rouges ça devait pouvoir se faire. Et en m'entraînant un peu j'ai réussit à changer les chaînes à distance, souvent c'est en pointant du doigt pour m'amuser mais là je l'ai fait avec les yeux, j'y arrive aussi.

S'appuyant un peu plus sur l'accoudoir qui la rapprochait d'Akira, Jenifer demanda à son tour :

- Et toi qu'est-ce que tu sais faire ? Mais je veux dire, qu'est-ce que tu sais faire d'utile au quotidien ?

Cette précision avait un vrai but : éviter une utilisation telle que faire exploser, tuer ou quelque chose similaire.

Akira ria franchement, ça lui était arrivé plusieurs fois depuis qu'il était ici.

"Haha, utile quand on paume la zapette^^
Moi je contrôle l'eau, enfin pas sous toutes ses formes encore mais je peux solidifier l'eau ou rendre liquide l'eau sous forme gazeuse.
Avec de l'entrainement je pense que je pourrai inverser les processus.
Au quotidien...Et bien si tu as très soif je pourrais toujours de donner de l'eau contenu dans l'air^^"

Comme pour prouver ses dires, Akira joignit ses mains afin de former un creu dans ses paumes, se concentra quelques secondes et l'air présent dans le creu se mit à scintiller avant de former une petite flaque.
Akira se concentra de nouveau et l'eau se solidifia. Ainsi il n'en mettrais pas partout sur le tapis.

Jen pouffa et répliqua à la remarque du jeune homme :

- Oui c'est sûr ça peut être utile quand on la retrouve pas surtout. Et toi... c'est pratique quand on a la flemme d'aller jusqu'au frigo pour chercher des glaçons !

Elle réprima un rire presque franc, cette petite discussion avec Akira commençait à faire son effet. La jeune fille laissa un sourire apparaître sur ses lèvres.

- Comme quoi ça peut être pratique d'être un mutant...

Mais le visage de Jen se figea de nouveau, elle revoyait l'attaque de l'école et la panique qui l'accompagnait. Une vision chaotique et choquante de ce qu'était la condition des mutants dans ce monde qui n'en voulait pas.

Jardins

C'est un Tim légèrement humide qui arriva au salon. Il avait enlevé ses chaussures pour ne pas salir partout mais, maintenant, il se sentait plutôt ridicule, et pour cause : il tenait ses chaussures la main et salissait allègrement ses chaussettes en marchant dans les traces de jeunes mutants moins bêtes et disciplinés que lui l'était.

* Pourvu qu'il n'y ait personne dans le salon.*

Tim aurait pu remettre ses chaussures avant d'entrer dans le salon, mais il comptait pousser jusqu'à l'un des canapés pour pouvoir les remettre en toute tranquilité. Mais c'était vite oublier le nombre imposant d'élèves qu'il avait vu défiler aujourd'hui à cette réunion morbide. Avec un nombre pareil, les pièces étaient rarement vides. Et là, le salon était occupé par Jenifer et un autre élève.

Les chaussures à la main et l'air totalement hébêté, le nouvel entrant balbutia :

" Salut, je... je peux ??"

Il s'avancça alors avec précaution dans le salon sans quitter des yeux la réaction des deux élèves, en pleine discussion. Lui qui croyait que la journée précédente l'avait transformé en un jeune homme définitivement moins timide, il ne pouvait que constater que les vieilles habitudes avaient la vie dure. Il n'avait suffi que d'une paire de chaussures pour que le naturel revienne au galop. On ne s'improvise pas charismatique !

Jardin
Après avoir laissé Sven prendre le chemin du frigo, Ivy s'était quant à elle orientée vers le salon. Que faire à présent ? S'installer dans un coin et attendre le début des cours ? La jeune fille n'était guère enchantée par cette perspective...
Non tout compte fait il leur fallait profiter de ces derniers moments de liberté !
Sans se soucier plus que ça de la pluie qui dégoulinait un peu partout, la jeune fille trottina, l'écureuil toujours dans son giron jusqu'au salon. Son visage s'illumina à la vue de Jenifer. Il y avait un autre mutant qu'elle ne connaissait pas, et puis Tim.
Elle nota avec un clin d'oeil approbateur que Tim était en chaussette. Il faisait des progrès, à croire qu'il s'appliquait à suivre l'exemple d'Ivy.

Il finira par y arriver...

"Génial, Tim ! Encore un petit effort !" lança-t-elle avec entrain en entrant dans la pièce, sans plus d'explications. Elle se précipita de quelques pas rapides vers sa colocataire.

"Alors, ma puce, ça va mieux ?" demanda-t-elle en s'accroupissant devant le fauteuil de son amie. Elle saisit l'écureuil, qu'elle posa non loin du chauffage, avant de tourner à nouveau son regard vert vif vers son amie, et de lui prendre la main. Son état d'extrême fatigue l'inquiétait depuis le retour de la base. Jenifer n'avait toujours pas l'air au top... Bien sûr, il y avait eu l'enterrement entretemps, et bien qu'Ivy souriait à ce instant comme à son habitude, on pouvait toujours remarquer que ses yeux était légèrement gonflés et rouges par les pleurs. Mais la tempête était passée. Il ne servait à rien de se lamenter à présent. C'était ainsi qu'elle avait pu faire correctement le deuil de sa Grand-mère.

L'arrivée de Tim tombait plus qu'à pic ! Comme un papillon attiré par la flamme, le regard de Jen fut attiré par le jeune mutant. Un semblant de sourire poli apparut alors qu'elle l'accueillait par :

- Ah salut Tim ! Bien sûr que tu peux, t'es autant chez toi ici que n'importe qui ! Installe-toi on taillait juste une bavette avec Akira.

Regardant les pieds de Tim, Jenifer sourit de plus bel en disant d'un air légèrement moqueur :

- C'était une bonne idée d'enlever tes chaussures pour pas salir par terre et économiser la femme de ménage mais... tu vas avoir les chaussettes dans un état pas possible et c'est pour la lessive que tu auras plus de boulot... dommage y'avait de l'idée ! termina-t-elle avec un clin d'oeil complice.

C'est alors que sa colloc préférée entra avec autant de vitalité qu'à son habitude. Mais l'inquiétude qu'elle montra gêna un peu Jenifer qui s'empressa de la rassurer en tapotant sur la main de la petite rousse pétillante :

- T'en fait pas ma grande, je vais mieux, j'ai rechargé mes batteries là ça va maintenant. J'ai fait un bon séjour sous ma lampe à bronzer !

Le sourire qui s'ensuivit était presque aussi rayonnant qu'en temps normal, c'était l'effet que lui faisait la présence d'Ivy, sa joie de vivre communicative.

Deux nouvelles personnes venaient d'entrer dans le salon...Et bah, lui qui voulait être tranquille, Akira se dit que c'était foutu.
Mais bon, ces personnes avaient l'air sympa. L'une d'elle s'appelait Tim mais l'autre? Une ravissante rouquine.

Akira se leva et tendit la main à Tim qu'il la serra puis à Ivy.

"Salut, moi c'est Akira. Je suis arrivé hier soir...Rescapé du camp Labrador."

Depuis qu'il avait compris qu'il était un ex-assassin, le mutant était un peu chamboulé et ne savait pas vraiment de quoi il pouvait parler.

"Hum...Heu...Alors vous êtes dans cet institut depuis combien de temps?"

Tout en posant la question Akira se rassit et baissa un peu le son de la télé. Histoire de pouvoir s'entendre parler.

Le sourire bienheureux d'Ivy s'élargit à la réponse de sa colocataire. Ca lui faisait un souci de moins de savoir que Jenifer s'était remise. Leur mission n'avait pas été sans heurts, et même si Ivy était habituée aux ennuis depuis bien longtemps, quand on y pensait, Jenifer était encore jeune et parfois fragile malgré la témérité dont elle avait fait preuve sur le terrain.

"Génial ! Car... en y réfléchissant, aujourd'hui c'est notre dernier jour de liberté ! Il faut qu'on trouve quelque chose d'unique à faire !" répliqua la nymphette en tapant dans ses mains.

Elle se retourna vivement à l'approche d'Akira, et observa sa main tendue quelques secondes, avec circonspection. Enfin elle comprit ce qu'il voulait. Elle leva sa main et frappa dans celle d'Akira, avec un sourire radieux.

"Moi c'est Ivy ! Je suis arrivée pas longtemps après l'ouverture de l'institut, y a plusieurs semaines de ça déjà. On peut dire que je suis une des pionnières !" répondit-elle. Avec sa couronne de feuilles improvisée pour l'enterrement dans le jardin, elle avait l'air tout droit sortie d'un film de fantasy. La mention du Camp Labrador ne la fit pas réagir plus que ça : elle avait déjà entendu ce mot, mais ne se souvenait plus de quoi il s'agissait.

Akira trouvait bizarre les gens qui débarquaient dans le salon...Enfin il était mal placé pour parler de bizarerie alors que ce qu'il croyait être sa vraie vie n'existait pas et que la réalité lui revenait par flashs violents et douloureux.

Il avait d'ailleurs un sacré mal de crâne et devait impérativement voir Cassandre. Le mutant craignait de plus en plus que la voix qui lui skouattait le crâne ne prenne le dessus sur lui...Ca lui ferait mal de blessé ces gens avec il partageait en commun tant de choses.
Le rejet, la trahison, la douleur et toutes les conneries du même genre dont Akira avait horreur de parler.

Il fit un grand sourir et salua les trois personnes du salon.

"Je me vois hélàs contraint de vous quitter. Je vous souhaite un bon courage et espère vous revoir plus tard "

Le mutant se pencha en avant et salua ses camarades avec la politesse propre aux japonais puis sortit rapidement et se dirigea sur le péron pour se fumer une cigarette.
Une fois cela fait il partit à la recherche du bureau de la psy.

[ Chambres]

Au fil de ses errances dans les couloirs de l'institut, Fabrisio parvint sur le palier du salon. Après être passé au foyer, il n'y avait rien trouvé d'intéressant à faire. Il ne savait pas trop pourquoi, mais il avait besoin de compagnie. Sa nouvelle résolution de profiter de chaques instants le poussait à s'engager vers de nouveaux horizons. Il tatonait encore dans cet environnement inconnu à lui, mais il ne cessait d'entendre qu'ici, il était en sécurité. Alors quel risque y avait-il à se promener ici.

Franchissant les portes, il vit que quelques élèves se trouvaient dans la pièce. Faisant le tour des lieux du regard, il observa chacun d'eux.

- Bonjour à tous, dit-il d'une voix à moitié assurée

"Ne jamais aller contre sa nature ou la nature, c'est une loi universelle !Mais c'est évident, Timmy ! Faut pas hésiter à te lâcher !" persista Ivy en hochant vivement de la tête, ce qui eut pour effet de faire glisser sa couronne de fleurs devant ses yeux.

"Woups !" ajouta-t-elle en la réajustant du bout de ses doigts graciles. Elle fit deux yeux tous ronds en voyant Tim remettre ses chaussures. Il se sentait peut-être pas encore prêt à faire le grand saut... ou peut-être que c'était l'arrivée du nouveau dans la pièce qui l'avait déconcentré dans son effort...

"T'en fais pas, Tim. Je t'aiderai." affirma la petite rousse en voyant sa dérobade. Elle se tourna néanmoins vers Fabrisio, le sourire jusqu'aux oreilles malgré ses yeux rougis.

"Hiya !" lança-t-elle avec un petit signe de la main, salutation assez commune dans l'île d'émeraude.

"Bon alors, qu'est-ce qu'on fait ? J'ai pas l'intention de prendre racine ici alors que c'est notre dernière journée de liberté. Je propose..."

Elle tourna son visage vers la fenêtre : il pleuvait toujours autant. Pas que cela dérangeât Ivy, mais elle doutait que ses compagnons la suivraient sous la pluie battante.

"... un jeu ! Avec toutes ces histoires, on a vraiment pas le temps d'apprendre à se connaître, alors je décrète qu'on va faire un jeu de la vérité. Hi hi, je viens de l'inventer. On va se poser des questions à tour de rôle, et si on veut pas répondre, on a droit à un seul joker !" déclara Ivy avec son accent, qui rebondissait sur les syllabes et transformait les intonations de sa phrase en montagnes russes. Elle venait de prendre conscience qu'elle ne savait rien de Jim et Liven, et qu'à présent, il était trop tard pour apprendre à les connaître intimement. Même Jenifer, avec qui elle partageait sa chambre, restait un mystère pour l'irlandaise.
Sans le savoir, elle venait de lancer un jeu vieux comme le monde, mais n'ayant jamais eu de camarades de jeu auparavant, elle s'en était naturellement attribué le mérite.

"Je commence !" s'écria-t-elle en tapant dans ses mains.

"Comment tu t'appelles ?" demanda Ivy en pointant Fabrisio du doigt.

Surpris par la question si soudaine, Fabrisio resta un instant silencieux, ne sachant quoi faire ni quoi dire. Il ne s'attendait bien sûr pas à être aclamé en arrivant, mais se faire ainsi interpeler n'était pas non plus quelque chose qu'il avait envisagé. Mais il était ici pour aller mieux et démarer une nouvelle vie.
Cette jeune fille venait, sans le vouloir, lui donner l'opportunité de démarer cette vie et d'en profiter au maximuml.
Regardant les autres, il vit alors qu'ils attendaient sa réponse. Se ressaisissant, il fit de nouveau face à la jeune fille qui avait pointé son doigt sur lui.

- Je m'appelle Fabrisio Fresco, dit-il d'une voix audible

Satisfait, il sourtit et, toujours face à la jeune fille, il s'adressa à elle d'un air joyeux.

- Puisque j'ai répondu à ta question, c'est donc à mon tour d'en poser une. Tu connais mon nom, mais j'ignore le tien.

Tim hocha brièvement la tête quand Ivy lui annonça qu'elle allait l'aider dans sa quête. Après tout, la jeune irlandaise avait beau être un peu délurée, elle n'avait aucun mal à parler aux autres et surtout, elle était très douée pour remonter le moral des troupes. Et Tim allait en avoir un très bel exemple avec un nouvel arrivant dans le salon.

En effet, à peine le jeune homme arrivé, Ivy lui sauta immédiatement dessus et, voyant son air triste, lança l'éternel jeu de la vérité. Tim haussa légèrement le sourcil gauche en entendant cette annonce :

* Hum, ça fait bien six ou sept ans que je n'y ai pas joué, mais bon...*

Après tout, ce genre de pitreries de la rouquine était bien l'atout majeur dont disposait la jeune fille pour redonner le sourire aux visages qui l'avaient perdu. Et puis, cette idée était peut-être un moyen qu'avait trouvé Ivy pour montrer à Tim comment s'y prendre et, finalement, l'aider à s'améliorer, comme elle l'avait proposé quelques minutes auparavant.

Tim finit donc par sourire, et par rester assis sur son canapé. Il écouta attentivement les deux premiers tours de jeu et se laissa même aller à rire quand la rouqine se présenta avec son bagou et ses pirouettes habituelles. Mais quand vint son tour de répondre, le sourire du français s'effaça bien vite. Son cerveau se mit à réfléchir à toute allure pour trouver la réponse la plus adaptée à cette question.

* L'accident du monorail ? Accident du monorail ? *

Il hésitait vraiment à en parler aux élèves autour de lui. Non pas qu'il n'eut pas une confiance aveugle en eux pour garder ce secret pour eux, mais il avait fait unepromesse à Adam : il ne devait jamais en parler. Certes, il avait déjà transgressé sa promesse la veille, mais ce n'était pas une raison pour violer sa parole chaque fois que l'occasion se présentait. Aussi, après avoir baissé les yeux pour ne pas affronter le regard inquisiteur des autres élèves, il répondit :

" Euh, j'ai fait exploser un...paquet de pop-corn, fondre des bougies et bruler de l'herbe en moins de cinq minutes..."

Il releva la tête et fit un demi-sourire aux autres participants. Le jeu de la vérité commençait mal pour lui mais, après tout, il n'avait pas vraiment menti : cette expérience avait été bien pire pour lui que celle de l'accident du monorail. Pas au niveau conséquences matérielles, certes, mais d'un point de vue purement psychologique. Ne pouvant se résoudre à laisser ce mensonge sous silence, Tim murmura :

" Mais pour le reste... Joker.."

Ivy avait eu beau avancer un argument non négligeable selon lequel tout le monde avait eu des petits soucis, il était impliqué dans une des enquêtes auquel Adam avait participé et il ne tenait pas à lui compliquer la tâche en ébruitant ce secret.

Il regarda tous les élèves à la dérobée et, un peu gêné d'avoir un peu menti, il attendit un peu et relança sur un ton un peu trop enjoué pour être naturel :

" Bon, à moi... Jenifer, tu es déjà allée en France ? Et si oui, combien de temps ?"

Sacré Ivy !

Jenifer connaissait depuis peu sa nouvelle colloc mais faire sa connaissance était peut-être l'une des meilleures choses qui lui soit arrivé depuis longtemps. Et encore une fois elle surprenait tout le monde avec son jeu. Certes c'était en général plutôt entre amis que l'on y jouait car beaucoup de secrets risquaient d'être dévoilés, mais apparemment les autres semblait se prendre au jeu, même Tim qui avait récolté la plus difficile suivant les cas. Et son air gêné laissa une drôle d'impression à Jen, comme s'il avait homis quelque chose de manière intentionnelle, car ce n'était pas les incidents énoncés qui avaient de quoi faire honte à ce point...

La question suivante était pour la jeune mutante, surement la plus jeune de tous.
Jenifer fit mine de fouiller dans sa mémoire et répondit :

- Je suis née à Paris, ma mère est parisienne. Je crois que j'ai pas passé bien plus de quelques mois en France, après c'est ma mère qui m'a appris le français surtout pour mes grand-parents en fait. Donc je ne suis pas vraiment allé en France, j'en viens et voilà... mais j'aimerais bien y aller un jour !

Puis lançant à Tim avec regard volontairement exagéré, elle fit d'un air racolleur :

- Tu pourras me servir de guide personnel... hein mon ptit Tim ?!

Avant d'éclater de rire.

Puis, reprenant son souffle, elle continua :

- A qui le tour maintenant ?... Ivy chérie !!! Alors voyons voir... Hihi ! Combien de secondes es-tu capable de tenir sans bouger ?

Un clin d'oeil complice vint ponctuer cette question pleine de malice.

"Hannnn malheureux ! T'as fait griller de l'herbe ?" s'exclama Ivy, effarée en plaqua ses mains sur ses joues. Après avoir révélé une telle abomination, Ivy ne comprenait pas vraiment pourquoi il utilisait son joker... Peut-être qu'il avait fait brûler une forêt entière ?

La jeune fille resta coi le temps que Jenifer réponde à sa propre question. Il semblait que beaucoup de français trouvent refuge à l'institut. Plus que d'irlandais en tout cas. Peut-être était-elle la seule irlandaise à être mutante, qui sait ?

A la question de sa colocataire, Ivy posa un doigt innocent au coin de sa bouche et leva les yeux au ciel, comme si la réponse était imprimée au plafond du salon.

"Tu me poses une colle..." répondit-elle pensivement.

"Ah, petite maligne, tu essaies de me gaspiller mon joker avec une question aussi dure ! J'ai vu clair dans ton jeu !" s'écria-t-elle après une seconde de réflexion, avec un petit gloussement enfantin.

"Mais je me ferai pas avoir. La réponse est : "aucune" ! Y a tellement de choses à voir et à faire que ça m'en donne le tournis. Si on avait été faits pour rien faire, on serait des arbres, et vu ce qui leur arrive récemment, je préfère être moi !" expliqua la jeune fille avec une logique... imparable.

"Hum... Fabrisio ! Tu as l'air nouveau, alors dis-moi, quelles sont tes premières impressions sur l'institut ? Mise à part la joie de vivre sous le même toit que moi bien sûr !"

Véritablement subjguué par l'aplomb et l'enthousiasme de Ivy, Fabrisio ne pouvait s'empêcher de sourire en l'écoutant et en essayant de la suivre du regard. Elle respirait la joie de vivre. Tout son corps semblait faire la fête à la vie. Un ravissement pour les yeux autant que pour les sens. Il n'aurait su l'expliquer, mais il semblait à Fabrisio qu'un parfum d'été planait dans l'air. Sans doute une idée qu'il se faisait en comparant Ivy a une dryade tout droit sortie des tableaux italiens.

Le petit jeu avait eu ça de bénéfique que, non seulement il se sentait à laise, mais il avait par la même occasion apprit les noms des autres jeunes présents : le jeune homme qui semblait avoir le même âge que lui s'appelait Tim et la fille Jennifer.

Il en était à ses réflexions quand Ivy s'adressa de nouveau à lui, lui demandant ses impressions. Il avait certes ressentit beaucoup de choses depuis son arrivée, maisil n'en avait encore parlé à personne. Prenant l'air de réfléchir, Fabrisio fit quelque pas dans la pièce, allant jusqu'à un fauteuil où il s'appuilla contre le dosier.

- En dehors du fait de vivre sous le même toit que toi ? demanda-t-il songeur. Ma foi, le premier mot qui me vient est "perplexe". Un mélange de joie et d'inquiétude tout à la fois. Heureux d'être en sécurité mais inquite malgré tut pour l'avenir. Encore que, j'essaye de ne pas trop y penser.

Silencieux, Fabrisio laissa un instant son esprit s'égarer et son regard se perdre dans le vide. Il reprit alors conscience et enchaina.

- Tim, depuis combien de temps sais-tu que tu as des ... Fabrisio ne pouvait s'empêcher de buter encore sur le terme... disons des dons particulier?

Fabrisio était curieux, il devait bien le reconnaître. Depuis son arrivée, Tim était un des seuls à avoir le même âge que lui. Peut-être espérait-il en apprendre davantage sur lui-même au travers des autres.

Tim rougit un peu en entendant la reflexion outrée d'Ivy. Lui qui pensait avoir menti par omission, se retrouvait accusé d'un crime on ne peut plus monstrueux par une adolescente à la chevelure flamboyante.

Un brin déconcerté, il se concentra sur la propre question qu'il posait à Jen et sur la réponse de celle-ci. Tim hocha la tête pendant tout le temps où Jenifer lui expliqua un peu plus précisément ses origines françaises et la raison pour laquelle elle baragouinait quelques mots de la langue maternelle du jeune homme. Il appréciait toujours énormément de partager quelque chose d'un peu plus intime avec quelqu'un dans cet Institut et, bien que cette question put paraitre idiote et très peu indiscrète à certains, Tim n'en avait cure. De toutes façons, il ne se serait jamais permis de demander quelque chose qui aurait risquer de plonger dans l'embarras sa victime.

Tel n'était pourtant pas l'avis général : Ivy n'avait pas hésité à lui poser une question très embarassante et Jenifer ne rechignait pas non plus à la taquiner un peu. Il sourit donc rapidement à la jeune fille, mais ne fut pas le moins du monde gêné ar sa remarque. Il était bien plus âgé qu'elle et, entre Jen et lui, ce genre d'allusions ne pouvait être qu'humoristique !

Tim, toujours aussi silencieux - est-ce Ivy qui l'intimidait autant ? - hochait la tête et laissait de temps en temps un léger gloussement s'échapper de sa bouche. Mais, son répit fut de courte durée. Ivy avait un peu fait le pitre, Fabrisio avait partagé avec les autres élèves ses premières impressions sur l'Institut et déjà, il se voyait interrogé une nouvelle fois. Ravi de voir que cette question était à sa portée, Tim se détendit un peu et se refonça un peu dans son fauteuil. Il porta distraitement sa main à son menton pour se le caresser, tout en réflechissant :

" Huuummmm, je dirai une semaine environ avant mon arrivée à l'Institut, soit.... un peu plus d'un mois, je crois..."

Il recompta et hocha la tête, visiblement satisfait de sa réponse. Il hésita un instant et finit par compléter :

" En même temps, mon.. don particulier, comme tu dis, n'est ni visible, ni palpable. Ca peut très bien faire plusieurs mois qu'il s'est ...déclenché ?.?.? mais je ne m'en suis rendu compte qu'il y a quatre semaines à peu près !"

Il sourit brièvement à Fabrisio et chercha une nouvelle proie pour sa nouvelle question. Fabrisio venait de répondre, Ivy également... Avec un manque évident de sadisme et d'originalité, Tim se tourna une nouvelle fois vers Jen pour lui lancer :

" Tes parents l'ont pris comment ?"

C'était la seule question sensée qui était venue à l'esprit de Tim, mais, à peine avait-elle franchi le seuil de ses lèvres que déjà, il la regrettait. Il ajouta en balbutiant :

" Enfin, si tu veux pas répondre, je... Je comprendrai.."

Tim : as-tu vraiment compris la règle du jeu ?

Après l'entretien que Vayne avait eu avec Adam, celui-ci s'en était allé dehors récupérer l'une des deux valises qu'ils gardaient dans le fond du coffre de sa voiture. Il n'avait eut qu'une seule envie, celle de se changer.

Après s'être autorisé lui-même à prendre une douche bien chaude, il était de nouveau d'attaque. Il enfila un pantalon de costume noir ainsi qu'une chemise de la même couleur qu'il ferma jusqu'en haut. Il n'oublia pas de la rentrer dans son pantalon.

Une fois changé, il posa sa valise au pied de l'escalier.

* Décidement cet institut est une perle. *

Attiré par quelques voix qui provenaient du salon, il se rapprocha. Là, il vit plusieurs jeunes qui discutaient d'une façon plutôt joyeuse. Un vrai contraste avec les funérailles qui avaient eu lieu quelques temps plus tôt.
Il s'arrêta dans l'encadrement de la porte et s'y adossa. Il avait déjà vécu des moments comme ça lorsqu'il avait travaillé dans un centre de jeunes délinquants.

Il regarda amusé le jeu qui se déroulait devant ses yeux sans oser l'interrompre.

Jen avait bien vu que Tim se sentait coupable d'avoir posé une telle question, mais elle pouvait comprendre, après tout nombre d'élèves de l'institut devaient avoir quelques... problèmes avec la divulgation de leurs secrets.

Elle lança alors un sourire aussi grand que charmant au jeune français, ses yeux verts scintillant :

- Je vais répondre, Tim. Tu sais mes parents ne sont pas vraiment du genre... à la page avec moi. En fait ils sont tellement occupés que je les vois le soir juste avant de me coucher et nos échanges se résument à "Bonsoir ma chérie, tu as passé une bonne journée ?" à quoi je répond "Oui ça a été. Bonne nuit." Et voilà. Donc de là à leur dire que leur fille peut toujours se reconvertir en lampe de bronzage... Enfin je crois que je vois mes parents à peu près aussi souvent que mes oncles et tantes. Oui c'est ça... tonton papa et tata maman je pourrais les appeler.

Alors qu'elle cherchait du regard qui serait le suivant, Jenifer remarqua l'homme dans l'encadrement de la porte. La tête légèrement penchée sur le côté, la jeune mutante le détailla un instant avant de dire :

- Euh... bonjour ?! Vous... cherchez quelqu'un ? Vous êtes... ?

C'était plutôt habituel de voir de nouveaux élèves mais celui-là semblait un peu vieux pour en être un.