Devant la porte...encore...

La voix douce de Cassandre répondit à la jeune fille.

"Entre Noémie, c'est ouvert." dit-elle seulement. Lorsque Noémie ouvrit la porte, Cassandre était assise en tailleur sur l'un des coussins qui jonchaient le sol. Après le départ des Smiths, la jeune femme s'était installée là pour réfléchir à son propre avenir, qu'elle se refusait à lire via son pouvoir.

"Je t'attendais. Mets-toi à l'aise." dit-elle, invitant la jeune fille d'un signe de la main à venir la rejoindre. Les yeux tournés vers le sol derrière ses nouvelles lunettes réfléchissantes, Cassandre, de par son handicap, supprimait la nécessité du traditionnel sofa. Elle avait un rapport plus personnel avec ses interlocuteur.
Elle patienta jusqu'à ce que la jeune fille prenne la parole.

"Cérébra peut être déroutante, c'est vrai, mais son intervention permet de réguler les arrivées à l'institut : ainsi nous savons directement qui porte le gène X à son arrivée." commenta Cassandre en hochant doucement la tête.

"Concernant les frais de scolarité, je peux déjà te rassurer ce sur point : l'institut n'en perçoit pas. Cette école est une refuge, pas une institution lucrative. Tu es donc la bienvenue. Je vais être franche avec toi, Noémie. L'enterrement organisé tout à l'heure... L'institut est certes un endroit très sûr pour les mutants, mais ses systèmes ne sont pas inviolables, et il est des événements qui échapperont toujours à notre contrôle, que ce soit ici, ou plus généralement dans la vie. En te promenant dans le jardin par exemple, tu remarqueras qu'il est en piteux état actuellement, nous avons subi une attaque d'anti-mutants récemment... Mais Olivier fera tout pour protéger les élèves sous sa responsabilité. Tu rencontreras des gens particuliers ici, ça contribue à renforcer ton sentiment d'étrangeté, mais on s'y fait très vite. Après tout, nous sommes tous pareils." continua-t-elle.

"Le vrai problème réside dans ta fugue, je pense. Tu peux m'en dire plus ? Quand tu parles de l'enfer, à quoi fais-tu référence ?" demanda-t-elle d'une voix posée.

"Hum..." répondit simplement Cassandre. La situation de Noémie semblait complexe, à croire que les mutants étaient destinés à des dilemmes hors du commun.
Elle chercha à retrouver le père de Noémie, restant silencieuse quelques secondes. On aurait presque pu la croire endormie.

"Ton père n'a rien. Cela dit, il y a fort à parier qu'il ne tardera pas à faire diffuser un avis de recherche lorsqu'il aura... repris tous ses esprits." reprit la jeune femme avec tact pour épargner à la jeune fille d'aborder de front le problème d'alcool de son père.

"La bonne nouvelle, c'est qu'au vue de la situation, tu es protégée par la loi. A l'origine, je travaille dans un centre d'aide pour mineurs. J'ai déjà rencontré des cas similaires. Si ton père insistes pour te ramener chez toi et que tu souhaites rester à l'institut, tu n'auras qu'à expliquer les raisons qui ont provoqué cet accident à une assistante sociale, et ton séjour à l'institut sera confirmé." poursuivit la jeune femme en slalomant entre les détails de l'affaire qui pourraient mettre Noémie plus mal à l'aise qu'elle ne semblait déjà l'être. Elle en savait suffisamment sur le passif de Noémie et son père pour pouvoir avancer cet argument.

Les sanglots de Noémie réveillèrent l'instinct maternel de Cassandre, instincit qui n'avait jamais été plus sollicité que depuis son arrivée à l'institut : la détresse des élèves la touchait personnellement, elle qui avait voué sa vie à l'aide de son prochain.

Elle se leva et s'accroupit auprès de la jeune fille.

"Il n'y a pas à en parler, Noémie." dit-elle doucement en posant une main protectrice sur l'épaule de la mutante.

"Tout ça c'est du passé. A présent tu dois te concentrer sur ton avenir."

Elle fit une pause, laissant l'adolescente se reprendre dans un silence plein de compassion.

"L'institut te protègera de lui et si confrontation il y a, ce sera en présence d'une assistante sociale. Tu n'as rien à craindre. Cependant, si contrôler ton pouvoir est ce que tu souhaites, tu n'aurais pas pu tomber mieux qu'à l'institut. La rentrée est prévue pour demain : en plus des cours de tronc communs, je crois savoir que des cours spécialisés pour les porteurs du gène X seront organisés..."

Au bout de quelques minutes et de grandes respirations plus tard Noémie pu reprendre la dialogue avec Cassandre.

« Merci, de ne pas m’obligé à en parler, lorsque je me sentirai prêtre je viendrai vous trouver… »

Tôt au tard la jeune fille savait qu’il faudrait expulser ce mal et elle espérait bien faire ça avec l’écoute d’une "professionnelle" :

« Par contre… par confrontation je ne voulais pas dire le mal qui pourrait me faire physiquement, je crois que je n’aurai plus se genre de problème » dit-elle en regardant ses mains comme si elle cherchait une manifestation de sa mutation.
« J’ai plutôt peur des conséquences sur mon esprit… de revoir une telle personne, j’espère juste que vous m’apprendrez comment je pourrai me blinder pour minimiser les dégâts. Ca s’est à moi de le faire mon pouvoir ne me sera pas utile dans cette configuration… »

Puis boucles d’or se tu, assez d’émotions fortes pour aujourd’hui, de plus Cassandre avait l’air débordé en ses temps de crise, il était temps pour les deux personnes de passer à autre chose.

« C’est une bonne chose que ne puissions avoir encore des cours normaux, c’était l’une des rares choses aux quelles je pouvais me raccrocher. Heureuse de ne pas perdre ce repère, et pour les cours spéciaux j’ai hâte de me voir à l’œuvre ainsi que Léo… d’ailleurs ça m’étonnerai pas que se soit vous qui l’est envoyé quand je voulais quitter l’institut se matin en y repensant. Mais ne répondait pas à cette question, je préfère tout de même croire qu’il s’était aperçu de mon malaise tout seul… »

Avec un mince sourit elle finit par déclarer :

« Je suppose que ça va pas être une rentrée comme les autres… »

"Tu vas pouvoir te reconstruire à l'institut, mais si tu as besoin de mon aide pour cela, je serai là." répondit Cassandre sans réfléchir. Depuis son arrivée, elle avait toujours rassuré les élèves sur sa présence en cas de problème, si bien que la phrase lui était venue comme une évidence. Pourtant, Cassandre regretta immédiatement ce qu'elle venait de dire : il était fort probable qu'elle retourne à sa vie maintenant que tout était réglé à l'institut.

"Je pense aussi que les élèves ne doivent pas délaisser l'enseignement classique. Après tout, ce que nous tentons de faire ici c'est bel et bien de démontrer que les mutants sont des êtres humains normaux, et il n'y a aucune raison pour que votre cursus scolaire diffère de celui des autres adolescents.

J'ai connu Adam et Olivier à l'université. Ils faisaient partie des élèves les plus brillants de leur promotions respectives. Je suis sûre qu'ils mèneront des cours mutants adaptés."

Lorsque Noémie fit allusion à Léo, Cassandre se contenta d'émettre un sourire énigmatique.

"Je me plais à penser qu'au contraire, la rentrée de demain sera la plus classique possible." répondit-elle doucement en levant la tête vers le plafond, une note d'espoir dans la voix. Avec tous les événements récents et la situation sans précédent (si l'on excluait la première vague mutante) des mutants, Cassandre aspirait à la paix et l'harmonie, à la normalité d'une vie dont la majorité des terriens jouissaient, et elle ne pouvait qu'espérer que les vies des pensionnaires suivent ce chemin sans histoire. La plupart en avaient déjà vu trop pour leur âge, et Noémie était là pour le confirmer.

(hrp : histoire de finir le sujet pour la saison 2)

Cassandre avait tendu la main à la jeune fille, elle serait là en cas de coup dur, ce qui rassura Noémie, elle pourrait peut être bientôt passer à autre chose. Puis la psychologue lui en apprit plus sur les directeurs de l’institut. Des hommes cultivés qui seraient en mesure d’enseigner. A près tout boucle d’or n’allait pas rester tout ça vie ici, obtenir un diplôme pour s’intégrer dans le monde actif des humains ne serait pas de refus enfin si les mentalités évoluaient, qui voudrait d’un potentiel danger dans son entreprise ?
Mais Noémie arrêta de réfléchir à son avenir, elle pourrait le faire au calme dans sa chambre, il était temps de libérer Cassandre, après tout elle avait obtenu les réponses qu’elle désirait. Elle se releva et déclara :

« Merci de m’avoir accorder de votre temps, je retourne dans le dortoir des filles, a demain pour cette fameuse rentrée. »

Elle salua Cassandre ne sachant toujours pas si elle pouvait voir ou non puis referma doucement la porte derrière elle.