Carnaval de la Nouvelle Orléans

Une place à une table libre était une denrée rare. Toutefois, elle parvint à en retrouver une. A peine eut-elle le temps de commencer sa tartine qu'elle fut rejointe par sa fameuse médecin de la veille, les traits tirées, quelques cernes.

"Je me permets de me joindre à vous, si ça ne vous dérange pas..."

Elle avait pris un gigantesque bol de café noir et une collection de viennoiseries imposante, dénotant avec sa maigreur naturelle. Plan prévu de longue date ou simple conversation, elle dit simplement en poussant un soupir, après une longue gorgée de café

"Quelle nuit... Vous avez de la chance de prendre les choses aussi bien, mademoiselle... Parce qu'il y en a qui sont complètement siphonés... Et normalement, les psys ne disent pas ça."

"Je me permets de me joindre à vous, si ça ne vous dérange pas..."

Draena acquiessa de la tête et en lui souriant, se mit à mordre goulument dans sa tartine. Elle remarqua le plateau admirablement garni de la psy et sourit en pensant qu'elle ne devait certainement pas avoir de problèmes de poids à surveiller.

"Quelle nuit... Vous avez de la chance de prendre les choses aussi bien, mademoiselle... Parce qu'il y en a qui sont complètement siphonés... Et normalement, les psys ne disent pas ça."

Draena s'accorda quelques instant en buvant une gorgée de son thé avant de dire :

"... Je... j'ai la chance de ne pas avoir été gravement touchée. Aujourd'hui des familles pleurent la perte d'un proche... Moi je suis en vie, et cela grâce à Dieu. Je ne saurai jamais pourquoi je suis sortie de ce restaurant, mais aujourd'hui je suis en vie..."

Elle s'arrêta de parler repensant à la ruelle et sa disparition. Dieu l'avait elle fait sortitr à temps pour qu'elle découvre son pouvoir. L'attentat même serait une oeuvre du Céleste, pour qu'elle oeuvre à son service ? Toutes ses idées bousculèrent la jeune femme, qui regarde la psy.

"Croyez-vous en Dieu ? Se pourrait-il qu'Il m'ait épargnée pour que je fasse quelque chose ? Je sais que vous risquez de m'enfermer ici et pour longtemps si je vous dit..."

Elle soupire... Et s'approchant de la femme, elle chuchotte :

"Après l'explosion... Il s'est passé quelquechose... Quelquechose dont j'ai peur, quelque chose que je n'ai pas imaginé car je ne suis pas la seule à l'avoir vu... Pete peut en témoigner !"

Elle se tait regardant la psy, cherchant un signe encourageant qui la ferait continuer à parler, ou un regard qui au contraire la condamnerai à se taire.

La médecin déchira son croissant, le trempa dans le café, puis le mangea tout en écoutant attentivement ce que Draena disait. Choquée ? Sans doute... Par l'explosion, probablement pas...

Elle écouta tout ce qu'elle avait à dire, puis termina son croissant sans répondre tout de suite, pour choisir ses paroles.

"Si je crois en Dieu ? Non. L'unique raison pour laquelle vous êtes sortie de ce restaurant, c'est que vous n'aviez plus faim, et vous aviez payé l'addition. Pour parler de cette chose qui vous fait peur, nous serons plus à l'aise dans mon bureau..."

Elle finit son café rapidement, enfourna un croissant dans sa bouche, et un autre dans ses poches, et rapporta son plateau à la plonge.

"Venez avec moi..."

Son bureau était semblable à celui de nombreux autres bureaux de psy : des meubles, une immense biliothèque, des divans, des fauteuils, des coussins... Elle alla s'installer derrière son bureau, posa ses croissants, et invita Dreana à s'assoir :

"Installez vous où vous vous sentirez le mieux... Racontez moi exactement ce qui vous fait peur."

"Si je crois en Dieu ? Non. L'unique raison pour laquelle vous êtes sortie de ce restaurant, c'est que..."

Draena sourit à la franchise de la psy et son manque d'ouverture d'esprit, comme tous les scientifiques il fallait obligatoirement une explication rationnelle à tout. Mais pour elle, le fait qu'elle soit sortie de ce restaurant était dû à plusieurs choses, son malaise après le passage du char aux mutants et cet appel qui lui avait suggéré de rentrer chez elle. Pour elle, croyante et pratiquante, cet appel ne pouvait provenir que de Dieu qui lui avait envoyé un message, à cet instant elle en était persuadée.

Elle suivit la psy, se demandant si elle pourrait parler, tout dire. Une fois dans le bureau, elle regarde où s'asseoir et choisit le fauteuil plutôt que le fameux divan, peut-être pour justement ne pas se sentir chez un psy.

Croisant ses jambes, elle regarde un instant la pièce et la bibliothèque, cherchant des livres qu'elle aurait pu lire. Puis revenant vers la psy, elle soupire et commence à raconter son histoire.

"Je ne sais pas vraiment comment commencer, mais je pense que tout ceci débuta..."

Elle commença à raconter l'origine de son malaise, la fameuse soirée à l'université de Louisianne. La nuit où 5 personnes décédèrent dans des circonstances étranges, certainement à cause d'elle. Puis elle raconte ses discusions avec sa grand mère, l'attachement possessif de ses parents et la médication qu'ils lui firent prendre. Et surtout son rêve ou plutôt cauchemar qui revient chaque nuit avec cet être sombre qui semble être la nuit, elle même.

Puis hier soir...

"... Alors que Pete me tendait un gobelet, il m'a vu disparaître dans le coin sombre de la ruelle... Mon... Ma main apparaissait à la lumière alors que mon bras lui était invisible ! Je... Nous n'avons pas rêvés... Cela s'est réellement passé !"

En regardant la psy, espérant qu'elle la prenne au sérieux.

"Et pour répondre à votre question, ce qui me fait peur c'est moi-même... Ou plutôt ce qui est en moi et que je ne contrôle pas. Cette ombre dort, attendant le moment propice pour... Sortir. Et j'ai peur de ce qu'il adviendra, pour moi ou pour les autres."

La pièce était de la taille conventionnelle d'une salle de consultation : assez grande pour y ranger tout le bric à brac de médecins, et assez petite pour entretenir une ambiance intimiste. La bilbiothèque renfermait des ouvrages à la reluire ancienne et aux titres abscons. A se demander s'ils n'était pas factices d'ailleurs.

La psy avait sagement écouté toute son histoire et pris quelques notes sur son ordinateur. Quand Draena eut fini, un silence s'installa. Peut-être réfléchissait-elle ? Ou bien elle voulait laisser le temps d'être sûre que tout avait été dit. Ou encore, elle s'était endormie... Quoi qu'il en soit, elle prit la parole, le plus sérieusement du monde.

"Je pense que vous avez développé un talent particulier qui dépasse l'entendement humain. Je vous crois, de même que je crois ce jeune ambulancier qui n'aurait aucune raison de raconter une énormité pareille..."

Elle joue machinalement avec son stylet.

"Je suppose que vous savez ce qu'est un mutant... ?"

Draena eut en horreur ces quelques minutes de silence, qui pour elle semblèrent durer des heures voir plus.

C'est avec soulagement qu'elle entendit la psy parler. Et cela put se lire sur son visage.

"Je suppose que vous savez ce qu'est un mutant... ?"

Draena fit signe que oui de la tête, ne disant rien sur toutes les recherches via le net qu'elle avait fait.

C'est avec intérêt qu'elle écoute la psychologue, s'approchant même un peu plus du bureau pour ne pas perdre un mot de ce qu'elle lui dira.

La psychologue reposa son stylet et prit un croisssant à la place. Sans le manger.

"Il y a un certain nombre de bruits qui courent à propos d'humains ayant des facultés... supranormales, et ce, de tous temps, toutefois, il semblerait que vu l'ampleur du phénomène et les informations véhiculées par les médias, tout ceci soit vrai."

Elle reposa le croissant, trop tenant pour elle de le manger, ce qui ne convenait pas à la situation.

"Je ne pense pas que vous soyez un danger public, pour vous ou pour les autres, et vous m'avez l'air plutôt équilibrée, malgré l'épreuve traumatisante que vous venez de subir dans ce restaurant. Mais je pense aussi que vous devriez consulter des spécialistes de la mutation... A ma connaissance, il n'en existe qu'un seul : le Dr. Olivier Fleury. Il travaille dans un institut d'accueuil, dans l'Etat de New-York."

le Dr. Olivier Fleury. Il travaille dans un institut d'accueuil, dans l'Etat de New-York.

Draena se sentit réellement soulagée, elle n'était donc pas la seule. Peut-être même que ce docteur pourrait la guérir, son nom était déjà encourageant, à consonnance française, la signification même de ce nom ne pouvait qu'être de bonne augure.

"... L'état de New York !" Dit-elle à voix basse. Réfléchissant.

Il serait aisée de partir là bas, histoire d'avoir une entrevue avec ce médecin, peut-être était-ce sa dernière chance de comprendre. Elle inventerait une histoire d'amie de campus à aller voir.

"... Cet... Institut..."

Se demandant à quoi ressemblait l'institut, plus dans le genre vieille bâtisse grinçante et grouillante de fantômes ou plutôt labo hi tech, gardé nuit et jour par les marines...

"... Que fais exactement ce docteur, et son institut sert à quoi exactement ? Soigne t'il les gens comme moi ? Comment puis-je y accéder... Comment faire pour obtenir un rendez-vous avec ce docteur... Fleury ?"

Draena semblait éxaltée par cette nouvelle piste, et son flot de questions assaillit la pauvre psy.

La jeune médecin garda son calme face aux flots de questions. Encore une fois, elle laissa un temps pour être sûr que c'était fini, puis répondit.

"Eh bien de ce qu'il en a dit à la télé, c'est un centre d'accueil, et une sorte de pensionnat pour accueillir les mutants, les rescolariser au besoin, et leur enseigner la nature et le contrôle de leurs pouvoirs. Mais pour être honnête, je n'en sais pas plus que ça. Vous devriez aller voir par vous même..."

Draena fut déçue, si peu d'informations si ce n'est qu'il existait un endroit, où on pourrait surement l'aider.

Subitement elle souhaitait être devant ce médecin, lui poser des questions sur ce qu'elle avait exactement. Mais avant cela il lui faudrait aller jusqu'à..

"... Hum... Sauriez-vous dans quelle ville de l'état de New-York se trouve cet institut ?"

Attendant une réponse avant de prendre congé poliment.

La psy lui sourit, et prit une feuille de papier sur laquelle elle griphonna au crayon :

51 Greymalkin Lane
Salem Center, New York

Puis la tendit à Draena en l'ayant pliée en deux... L'habitude de faire une ordonnance sans doute.

"Allez-y..." lui dit-elle d'un ton entendu en souriant et en se levant pour la raccompagner.

"Prenez soin de vous."



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