Carnaval de la Nouvelle Orléans

Voilà sept semaines que la Nouvelle Orléans festoyait jour et nuit. Le carnaval battait son plein et dans les rues du quartier français, des musiciens de jazz jouaient de çi de là. Des enfants courraient en lançant des pétards qui explosaient suivit de rires joyeux.

Aucunes voitures dans les rues bondées, le tramway avait même été stoppé, les forces de l’ordre étaient présentes mais souriantes, certains même se laissant prendre en photos par des touristes de passage. Et dans la rue principale les parades se succédaient dans un rythme endiablé.

Depuis LSU, la jeune femme était restée prostré dans sa chambre, lumière allumée, même la nuit. De temps en temps elle sortait dans le jardin, poussée au dehors par sa grand-mère. Ses parents avaient dès son retour, demandés à un psychologue de suivre leur fille. Celui-ci avait prescrit rapidement (trop rapidement) des anxiolytiques qui cassaient la jeune femme et la laissait dans un état semi-végétatif.

Mais depuis le début du carnaval et sous l’impulsion de sa grand-mère, Draena ne prenait plus rien. Elle sortait de plus en plus, retournait en ville et avait même repris ses cours de danses et des études à distances. Seule ombre au tableau, elle faisait toujours ses cauchemars. Elle avait même parlée à sa grand-mère de ce qui la rongeait, cette fameuse nuit où Darkness avait pris le contrôle. La réponse de la vieille femme fut un choc pour Draena, et nouvelle vision s’ouvrit à elle :

« Si Dieu t’as choisie, et t’as offert un don, ne le refuse pas… Certains te mépriseront en te traitant de Mutant… Mais toutes les créatures sur Terre sont des créatures de Dieu, ici pour un but… A toi de découvrir lequel ! Pour moi tu seras toujours un Ange envoyée de Dieu. »

Depuis ce jour, la vie de Draena avait changée, elle avait tenté avec angoisse d’en savoir plus sur ses capacités. Sur Internet elle avait cherché et trouvé des articles de presse sur les mutants, la menace qu’ils « représentaient ». A la bibliothèque, elle s’était intéressée aux articles parlant de génétique ou d’ADN.

Un char fleuri passa tandis qu’au loin des tambours résonnent… Armée de son appareil photo, Draena mitraille souriante. La nuit tombait, lourde, chaude et pleine de promesses pour les nombreux fêtards.

Affamée, elle entre dans un restaurant bondé. Par chance, une place se libère où elle commande un Jambalaya façon cajun. A la télévision, les nouvelles concernant cet astéroïde tombé quelque part en Sibérie.

HJ : J'ai un petit souci de temporalité : l'astéroïde est tombé, temporellement, au niveau de la rentrée scolaire. C'est à dire en septembre. Si le carnaval a lieu en mars (comme la plupart des carnavals de mardi gras). Ca peut être ennuyeux pour la temporalité. Je dois imposer que ça se passe en septembre, juste pour que tu sois au courant.



Draena fut servie quelques temps plus tard et commença à manger. Parmis les conversations audibles dans le brouhaha général, quasiment tout tournait autour de l'astéroïde, des mutants, le tout plus ou moins relié...

Puis un bruit étrange se fit entendre : un clown multicolore muni de ballons de formes et de couleurs variées pénétra dans le restaurant, et se mit à jouer d'un accordéon factice une musique entraînante quoi qu'un peu kitsch, distribuant des ballons, des fausses fleurs, sous les rires des convives, habitués, vu le moment, à ce genre de démonstrations.

Puis il posa son accordéon, et s'installa à son tour à une table.

[HJ]Pas de problème pour la temporalité. Pour info le carnaval de New Orleans débute la première semaine de Janvier et dure environ 8 semaines.[/HJ]

Draena rit de bon coeur en voyant le clown, elle le prit même en photo alors qu'il faisait ses clowneries et dansait avec son accordéon.

Une fois le clown à table, la jeune métisse retourne à son plat, ayant ajouté un soupçon de piment de cayenne et de tabasco, elle plante sa fourchette dans son riz.

C'est en avalant la bouchée qu'elle sent le piment, la sensation de chaud envahie son palais, puis sa gorge. Le jambalaya était bon, mais pas aussi bon que celui de sa grand-mère. Joyeusement elle picorait tantôt dans son assiette (chaud), tantôt dans la salade verte d'accompagnement (froid) agrémentant le tout d'une citronade.

Ayant totalement laissé la télé pour se préoccuper de la vitrine où l'on voyait l'extérieur, elle regardait de temps à autre les chars qui passaient. Alors qu'elle pique un bout de viande, des sifflements se font entendre de la rue. Levant la tête elle aperçoit un char avec une banderolle. Se levant avec d'autres, elle s'approche de la fenêtre et regarde.

La foule siffle un char de couleur vert, arborant le signe nucléaire et une banderolle intitulée :

Les Mutants du Carnaval

Sur le char, on peut distinguer des individus grimés, l'un portant un troisième bras de cartons, un autre s'étant peint le corps en rouge... Au centre du char une boule représentant la Terre, avec laquelle les joyeux lurons jouent, tantôt se passant la Terre, tantôt s'asseyant dessus... Et la foule riant, sifflant ou huant ce char...

Draena ressent comme un malaise en regardant cette scène qui se voulait comique, mais qui reflétait surement les craintes et pensées de beaucoup... C'est en fronçant les sourcils qu'elle rejoint sa table.

Pensive.

(note : je te laisse un peu de latitude pour le décor parce que c'est le début et qu'on prend nos marques, mais il se peut qu'à un moment, je dise stop.)

Voyant arriver le char, le clown jaillit hors du restaurant, sans ses ballons et son accordéon. Il mit la main dans son immense pantalon, et en sortit un monstrueux flingue de pacotille, quoique d'un design très réaliste, avec un canon d'un mètre vingt de long sur lequel était inscrit en lettres dorées "SIZE DOES MATTER"

Alors qu'il appuyait sur la détente, des rires s'échappaient de l'arme stupide qui envoyait des bulles, ou des bonbons à la cantonnade. Une fois les munitions épuisées, il tira la langue bruyamment, puis s'en fut dans la rue.

Draena revenait à sa table lorsque le clown sortait, assise et du coin de l'oeil, elle l'observa quelques instants, prenant conscience qu'ici elle semblait la seule à ne pas trouver cela drôle.

Puis c'est perdue dans ses pensées qu'elle regarde son plat. Le goût de celui-ci était perdu à jamais dans celui de l'amertume...

**Si Dieu a fait l'homme à son image, moi... Je suis à l'image de qui ? **

Les idées fusaient dans cet esprit empreint au doute et à la frustration qui montait en elle, par manque de réponses.

Se levant, elle prends son appareil photo et va payer l'addition, son plat à demi entamé. Payant avec son Amex, elle sort sans jeter un coup d'oeil.

Pour elle la fête était finie, c'est d'un pas décidé qu'elle se dirige vers le parking où elle avait laisser sa voiture, tentant de se frayer un chemin dans la foule...

A peine eut-elle tourné au bout du pâté de maison qu'une violente explosion retentit, immédiatement suivie de hurlements de panique dans un bruit de verre brisé.

Se retournant, Draena put voir le restaurant qu'elle venait juste de quitter, pulvérisé par une bombe. Le char défilant devant à ce moment là avait été renversé par le souffle, et de nombreuses personnez gisaient partout.

La scène défilait au ralentit, des gens s'enfuyaient, et le feu commençait à prendre dans les bâtiments adjacents.

Instinctivement la jeune femme s'accroupit au bruit de la détonation qui résonne encore dans ses oreilles... Par peur elle lacha son appareil photo qui alla s'écraser au sol, l'objectif foutu.

Regardant autour d'elle, les oreilles bourdonnantes, c'est avec difficultés qu'elle comprends la triste réalité. Une explosion, des morts !

En s'appuyant sur une voiture garée, elle se relève difficilement hagard, en voyant les gens courrir et hurler mais elle n'entends rien.

Son premier réflexe serait de partir vite, pour éviter une autre explosion, se sauver de cet enfer, vivre... Mais ses pas l'amenère vers le restaurant où elle était installée il y a peu.

Quelques minutes et elle serait là avec... Les larmes coulent sur son visage. C'est à se moment précis qu'elle constate les victimes qu'elle vient d'enjamber, le feu qui se propage, les bléssés qui se traînent...

**Est-ce moi qui ai fait cela ? Ma fureur contre tous ces pauvres gens et la bétise humaine ?**

S'agenouillant elle aide une victime à se mettre à l'abri, et tandis que dans son esprit les questions s'entremêlent, elle aide du mieux qu'elle peut à secourir...

**Non cela ne peut être de ma faute... Je... La première fois ce n'est pas ce qui est arrivé... Qui est encore vivant ?**

Essayant de visualiser les personnes l'entourant lorsqu'elle était attablée... Sans savoir pourquoi, l'image du clown apparait...

Il entre... Fais des clowneries, chante avec son accordéon... Le char des Mutants.... Il sort... Son accordéon !

**... Tu deviens parano !**

Sans véritablement s'en rendre compte, elle cherche du regard le clown, où un habit qui y ressemble.

Dans la dévastation du restaurant, aucune trace du clown nulle part, ni de ses ballons, et encore moins de son accordéon. Juste des gens, ou ce qu'il en restait, blessés, larmoyants.

Un peu partout, d'autres explosions se faisaient entendre : gaz domestique, futs de bière pression déversant leur mousse en un geyser.

Des bruits de sirènes retentirent. Les pompiers arrivaient de partout, fort heureusement.

Draena se releva, alors que les pompiers arrivaient, des larmes coulaient sur ses joues, elle s'en voulait de n'avoir rien put faire pour empêcher cela... Ou limiter les dégats.

**A quoi me sert ce "Don de Dieu" si je ne peux pas les aider ?**

Regardant ses mains ensanglantées, elle jette un dernier coup d'oeil à la scène de désastre et doucement s'en va.

Persuadée, que tout ceci n'est qu'une farce que lui as joué son esprit. Elle n'a aucun pouvoir, elle a juste...

**Comment a dit le psy déjà ? Ah oui... Altération de la réalité afin d'expliquer le fait qu'elle soit vivante et pas Lyzie...**

C'est bras croisés, qu'elle arpente la rue en direction de sa voiture, pleurant à chaude larmes, tremblante, ses nerfs commençant à céder.

Elle fut alors interceptée par un ambulancier.

"ça va aller mademoiselle ? Pas de bobos ?"

C'était garçon, sans doute guère plus vieux qu'elle, et très charmant : un blondinet qui avait plus l'air d'un surfeur que d'un vrai ambulancier, mais il avait au moins le mérite de ne pas lui vouloir de mal.

"Vous avez l'air très choquée..."

"ça va aller mademoiselle ? Pas de bobos ?"

Draena eut un mouvement de recul, de surprise et de peur. Fronçant les sourcils elle regarde le jeune homme se demandant ce qu'il lui veut, ne comprenant pas la question posée.

"Vous avez l'air très choquée..."

Après quelques secondes où son esprit fait le lien entre la tenue du jeune homme, sa présence devant elle et sa question, elle répond :

"Euh... Oui... Occupez-vous des autres, ils en... Plus besoin..."

Des larmes qui coulent sans discontinuité, tremblements et une vague de ténèbre qui monte en elle...

"..."

L'ambulancier sembla presque déçu de la réaction de sa première patiente, mais il ne put que constater qu'en effet, elle n'avait rien. Toutefois, il dégaina une thermos de son sac, ainsi qu'un goblet, et lui servit un chocolat.

"Tenez... C'est pas grand chose, mais ça vous fera du bien... C'est pas un médicament, c'est ma réserve personnelle, ça ne peut pas faire de mal."

Il lui adressa un sourire qui se décomposa rapidement quand il remarqua que Draena était en train de disparaître dans l'ombre d'un coin de rue...

"Tenez... C'est pas grand chose, mais ça vous fera du bien... C'est pas un médicament, c'est ma réserve personnelle, ça ne peut pas faire de mal."

Draena pleurait toujours, les bras le long du corps, sentant dans son ventre une vague d'angoisse, de vide et de néant l'envahir peu à peu, se diluant et s'insinuant dans toutes les parties de son corps...

Son regard se fit sombre et ses iris virèrent au noir profond.

Malgré sa fureur, elle remarque le regard étrange que lui jette l'ambulancier en lui tendant le gobelet de chocolat fumant, restant dans cette position.

C'est en tendant la main pour prendre le gobelet, que Draena s'aperçoit que son bras disparait dans l'ombre, tandis que sa main est visible à la lumière.

Regardant le reste de son corps, elle constate avec effarement qu'il disparait à vue d'oeil, se fondant avec l'ombre, devenant l'ombre...

"Jesus God !" S'écrie t'elle...

Depuis LSU, elle n'avait pas pu dire si ce qu'elle avait vécut et revivait presque toutes les nuits prenait source dans la réalité ou n'était que le fruit de son imagination torturée...

Et là, elle disparaissait.

"Aidez-moi... Pour l'amour de Dieu.. Aidez-moi... Ne me laissez pas disparaître...."

Affolée, elle attrape la main du secouriste, renversant par la même le chocolat qui semblait si bon.

Prise par une crise d'angoise et de panique face à ce phénomène qu'elle ne sait pas arrêter.

"AIDEZ-MOI !!" Hurle t'elle.

Pris au dépourvu, l'ambulancier ne trouva pas d'autre solution que d'attraper la main encore lumineuse de Draena... et de tirer. Manoeuvre un peu futile s'il en est, mais suffisamment rassurante pour inverser le processus et ramener Draena dans la lumière.

"Oh beh... ça alors... Si je m'attendais à voir ça de mes yeux..."

Il bafouillait, un peu gêné, et impressionné, comme s'il venait de tomber directement en face de la superstar locale.

Draena se laissa tirer vers la lumière et réapparaître. S'accrochant au cou du jeune homme, tel une noyée s'accrochant désespérément à une bouée, c'est en pleurant qu'elle dit comme pour se rassurer et donner un sens à tout ces mois de cauchemar :

"Vous aussi, vous m'avez vu... ? Dites moi que vous m'avez vu disparaître, que... Je ne suis pas folle !"

S'accrochant encore plus fort au jeune ambulancier, comme s'il était la seule chose qui l'empêcherait d'être happée par ce coin de rue sombre et de disparaître à jamais.

Sa rage disparaissant, sa "disparition" faisant oublier l'endroit où elle se trouve, l'explosion précédente, la rue ressemblant à un champs de bataille, les morts, le feu.

**Je ne suis pas folle, je ne l'ai jamais été ! Il se passe quelque chose avec moi, et il faut que je le comprenne rapidement...**

Se disant que si elle pouvait disparaitre sans éprouver le moindre mal, elle ne savait pas ce qui se passerait après !

Qu'adviendrait il d'elle, une fois qu'elle ne serait plus visible, pourrait elle respirer, voir, se déplacer ? Et surtout... Comment réapparaître !

Malgré cela son esprit empreint d'une culture religieuse baptiste réfutait tout ceci, préférant accabler la jeune femme...

**Et si cette disparition était tout simplement les portes ouvertes vers l'Enfer et ses Démons ?**

Prenant conscience, que le seul moyen de savoir, serait d'essayer encore, au risque de passer une éternité en Enfer.

Les larmes sétaient arrêtées toutes seules, et c'est à ce moment qu'elle prit conscience de sa position contre le jeune homme, leur corps se touchant. En une fraction de seconde, elle lache l'homme confuse...

"Désolée !"

Regardant le coin d'ombre, puis le jeune homme, son esprit calmé, ses sens aux aguets... Elle approche sa main de l'ombre, doucement, redoutant surement qu'un Démon sorte de celle-çi pour s'en saisir et l'attirer dans les Ténèbres. Arrêtant son mouvement, elle regarde l'ambulancier et dit :

"Si je disparais... Ramenez-moi !"

En attrapant doucement la main de celui-çi, elle reprends son mouvement précédant et, alors que le bout de ses doigts entre dans la pénombre, son coeur s'accélère subitement, comme celui d'un enfant entrant dans la maison dite hanté du quartier, mélange d'excitation et de peur...

Le pauvre ambulancier se retrouva totalement interdit face à la réaction de Draena.

"Euh... mademoiselle... Calmez-vous..."

C'est bien ma veine ! Elle est bourrée, ou c'est une junkie... Mais je n'ai pas rêvé non plus... Elle semble bien avoir disparu dans ce coin sombre... Ce serait une mutante ? Une mutante junkie... On me revendra la Louisiane tiens ! Ville cosmopolite et tout, j'aurais mieux fait de rester à San Francisco...

Puis Draena remit une main dans l'ombre, tout en s'accrochant à lui. Rien ne se produisit. Le stress et la panique étaient sans doute trop grands pour que le pouvoir s'active.

"Mademoiselle... ça va aller ? Vous êtes sûre que vous ne voulez pas dormir dans un endroit calme ce soir ?"

Sa voix tremblait légèrement... Il avait sans doute bon coeur, mais n'avait encore jamais été confronté à ce genre de cas et semblait pris au dépourvu.

Draena fit plusieurs fois la tentative, mettant sa main dans la pénombre, la retirant... Mais rien.

"Mademoiselle... ça va aller ? Vous êtes sûre que vous ne voulez pas dormir dans un endroit calme ce soir ?"

Lachant la main du secouriste, elle se passe celle-çi dans les cheveux, remettant en place une des mèches lui barrant le visage.

**Endroit calme ? Je pourrais rentrer, mais... Après tout ceci...** En regardant le désastre de la rue, puis le coin sombre de la ruelle...

Redoutant les questions de ses parents et l'attention exacerbée de ceux-ci,

**Ils essayeront de me faire reprendre mes médicaments, afin que je ne rechutte pas...**

"Va pour un endroit calme... J'ai... J'ai besoin de réfléchir sur tout ça..."

En sortant un tel GSM dernier cri, elle tapote un SMS :

Code:

Vais bien, pas bléssée, vais me reposer un peu avant de revenir demain. Bisous. D.

Qu'elle envoit à sa mère, avant d'éteindre le GSM.

Suivant l'ambulancier.

Le jeune homme lui servit un nouveau chocolat avant de l'emmener vers le poste de secours du carnaval, qui grouillait de monde, depuis les blessés légers jusqu'aux gens en pleine crise d'hystérie, de policiers, de pompiers, de médecins... Et il demanda à Draena de l'attendre un instant avant de disparaître sous une tente marquée d'une croix rouge.

Draena put entendre, dans le brouhaha ambiant, diverses conversations.

"Un attentat en plein carnaval... quel est le maboule qui a fait ça..." "... De nos jours, il faut s'attendre à tout..." "... Pourquoi s'en prendre à des gens qui font la fête..." "...mademoiselle..." "... Et en plus, devant le char des mutants... Si c'est pas une coïncidence..." "...mademoiselle..." "... Quelle tragédie..."

"Mademoiselle !" L'ambulancier lui attrapa le bras.

"Je vous emmène à la cellule de soutien psychologique. Vous pourrez vous y reposer... Ou parler avec des gens. Il ne vaut mieux pas que vous restiez toute seule ce soir. Vous avez quelqu'un à prévenir ?"

Draena était perdue dans ses pensées, lorsque l'ambulancier revint. Les idées se mélangeaient dans sa tête agrémenté des discutions alentours. Les mots attentats, mutants, coïncidence résonnaient lourdement.

Depuis qu'elle était entrée sous la tente de la croix rouge, elle se tenait le crâne qui la lançait. Elle sentait le sang affluer dans les veines de ses tempes avec un bruit sourd... Boum.. Boum... La migraine était présente et il faudrait des heures avant qu'elle ne la quitte.

"Je vous emmène à la cellule de soutien psychologique. Vous pourrez vous y reposer... Ou parler avec des gens. Il ne vaut mieux pas que vous restiez toute seule ce soir. Vous avez quelqu'un à prévenir ?"

Draena regarde le jeune homme, faisant Oui de la tête elle ajoute :

"J'ai déjà prévenue ma famille... Vous... Vous n'auriez pas quelque chose contre les migraines ? SVP..."

Constatant que sa demande pouvait sembler inadéquate face aux gens rassemblés ici et qui eux souffraient véritablement dans leur chairs.

**Soutien psy... Encore ! M'expliqueront-ils ce qui m'arrive, si je leur parle de ma disparition... Il m'enfermeront oui !**

Elle suit l'ambulancier, en se tenant le crâne.

Il fit monter Draena dans une sorte de vsl, puis fouilla dans ses poches, lui sortant une tube d'antalgique spéciaux qui se prennent sans eau.

"Tenez, prenez ça, et laissez le fondre sous la langue. Promis, ça ne vous shootera pas trop."

La voiture sortit du centre où se passait le carnaval, alors qu'un certain silence y regnait. Finalement, il décida de briser ce silence.

"Est-ce que vous voulez en parler... De... de ce qui s'est passé tout à l'heure, dans ce coin sombre ?"

Draena prit l'antalgique, et le plaça sous la langue.

"Est-ce que vous voulez en parler... De... de ce qui s'est passé tout à l'heure, dans ce coin sombre ?"

Tandis que le médicament fond lentement, dégageant un goût amer, elle regarde la route. Laissant passer quelques minutes, le temps de remettre ses idées en ordre et que le médicament fonde complêtement, elle réfléchit à ce qu'elle peut dire, lui dire...

Elle ne le connait que depuis quelques minutes, et pourtant elle sent l'envie de lui parler, de laisser sortir son fardeau.

"Je... Je ne sais pas vraiment ce qui s'est passé dans la ruelle, je... Enfin vous m'avez vu disparaitre, je ne comprends pas ce qui se passe chez moi... Mais je pense que tout ceci à commencé il y a environ 9 mois... 9 mois... Déjà !"

Le regardant de nouveau.

"Lors d'une fête d'étudiants, ma co locataire fut violée par 5 d'entre eux, je suis intervenue trop tard et j'ai faillit l'être à mon tour.. Mais pour une raison que j'ignore, 4 d'entre eux sont morts... Crise cardiaque d'après la police, le 5ème est dans un HP, et moi je cauchemarde."

C'est en croisant les bras qu'elle dit tout ceci. Evitant de regarder l'ambulancier, de peur de croiser son regard et dit lire : t'es taré ma pauv'fille.

"Depuis ce jour, je fais le même cauchemar !"

S'essuyant les yeux embuées du fait des souvenirs de Lyzie.

"... La nuit m'entoure, je vois distinctement ces 4 enfoir... Pardon... Ils rampent, ils ont peur, nous sommes dans la pièce, Lyzie est morte sur le lit et il fait sombre.. Mais pas comme.. Euh.. La nuit. C'est plus comme si vous étiez dans un trou au plus profond de la terre... Je ressens la froideur de ces Ténèbres, l'angoisse qu'elles peuvent apporter et leur danger.... Ils rampent cherchant une sortie, et je joue sadiquement avec leur nerfs... Puis comme par magie, un mirroir est visible, je m'en approche et en regardant mon reflet, celui disparait pour devenir Ténèbres (Darkness)."

Elle regardait fixement la route, puis chassant tout ceci de son esprit, elle tente un peu d'humour, pour détendre l'atmosphère :

"C'est grave docteur ?"

L'ambulancier l'écouta parler sans rien dire, l'air concentré. Après quelques temps, ils arrivèrent dans une grande demeure, à l'écart du centre, au calme, dans un parc. Un genre d'hôpital psy... Face à la dernière question de Draena, il éclata d'un rire cristallin et agréable.

"Docteur ? Oh non... Je suis juste ambulancier, vous savez. Je m'appelle Pete. Et vous êtes arrivée. ça fait un peu asile de fous, mais on m'a dit de vous emmener ici. C'est ici que les victimes choquées doivent être vues, il parait. Venez, je vous accompagne."

Ils entrèrent dans le hall où des panneaux imprimés avaient été organisés à la hâte. Rapidement, Draena se retrouva dans une chambre coquette et cossue, avec un lit terriblement accueillant, et des boissons chaudes à volonté. Son hôtesse, une psychologue longiligne aux longs cheveux roux termina de lui faire faire le tour du propriétaire.

"Vous pouvez rester tant que vous voulez... Si vous souhaitez discuter avec des médecins ou des psychologues, il y en a disponibles 24h/24. Si vous souhaitez contacter votre famille, il y a le téléphone dans votre chambre, le numéro direct est inscrit dessus, mais vous devrez passer par le standard. Il est possible que la police vienne vous voir, mais si vous ne voulez pas leur parler ou si vous n'avez rien à leur dire, prévenez-nous, et nous ferons le nécessaire."

Elle s'apprêtait à refermer la porte quand elle ajouta :

"Passez une bonne nuit Mlle Ranks... Si vous n'arrivez pas à trouver le sommeil, nous pourrons aussi vous aider."

Lors de sa descente de voiture, Draena frissonna, se demandant dans quel piège elle s'était fourrée.

Elle avait toujours redoutée de se retrouver en hôpital psychiatrique suite à tous ses cauchemars, et là, elle pénétrait dans la gueule du loup.

Après avoir remercié Pete d'un sourire chaleureux, elle suivit la psy, sans rien dire, essayant de se repérer dans l'immense bâtiment. Une fois dans la chambre, elle regarde le mobilier, et le lit si aguicheur.

Elle se fige, lorsqu'elle reprends conscience du pourquoi elle est ici : l'attentat. Le simple fait de devoir parler à des hommes en uniformes, la fait se demander si Pete n'aura pas parler de ce qu'il a vu et elle à expliquer ce qui s'était passé dans la ruelle.

Avant que la psy ne sorte, elle dit :

"Combien ? Enfin... Combien y a t'il eu de bléssés ?" En serrant ses bras contre elle, ses yeux embuées et pensant aux familles qui ce soir pleureront.

Une fois la psy ayant répondue et sortit, elle se dirige dans la salle de bain, et retire ses vêtements crasseux. Elle se regarde dans la glace et constate que son visage est sali par du sang et de la suie.

Elle entre dans la douche et laisse couler l'eau chaude sur son corps et son visage. Elle reste ainsi plus d'une heure, alors que son esprit tente de remettre les images de cette soirée dans l'ordre.

Refermant les robinets, elle s'entoure le corps d'une serviette, s'essuit les cheveux, et prends dans l'armoire une chemise de nuit comme celle que l'on trouve dans les hopitaux. Baillant, elle entre dans le lit, éteint la lumière principale, mais laisse allumé la lampe de chevet.

Lasse, c'est rapidement qu'elle s'endort.

La psy lui adressa un calme sourire, répondant qu'elle n'en savait rien, et qu'il valait mieux qu'elle dorme. Probablement la plus stricte vérité.

Draena fut réveillée le lendemain matin par le soleil qui perçait à travers les rideaux. Dans le couloir, la vue était fort différente de la veille : ça grouillait de monde. La plupart des gens semblaient juste fatigués, et se préparaient à rentrer chez eux. D'autres, un peu plus loin, semblaient profondément choqués, et étaient soutenus par le personnel, et sans doute par une petite camisole chimique...

Dans le couloir, une agréable odeur de petit déjeuner émanait d'un grand hall aménagé en salle à manger pour tous, et les médecins, aussi bien que les patients, s'y restauraient après une nuit pareille.

Draena se réveilla dans ce lit, cette chambre qui n'était pa sla sienne. Elle mit quelques minutes à savoir où elle se trouvait et pourquoi.

Instinctivement elle allume son portable qui se met à pialler. Vérifiant ses messages, elle soupire :

"Mes parents, ont vu la catastrophe d'hier et se sont fait du souci, les pauvres."

Se maudissant de n'avoir envoyée qu'un sms. Rapidement, elle se douche, s'habille en grimaçant car elle remet les même affaires que la veille, et celle-çi sont toutes tachées.

Refaisant le lit, elle sort ensuite dans le couloir bondé. Son estomac se serre et gronde à l'odeur du petit déjeuner.

Prenant un plateau, elle se sert un thé prends une tartine de pain, du beurre et de la confiture. Et ajoute une pomme. Cherchant du regard une place, elle s'aseoit dès qu'elle en trouve une.