Blessés de corvées

Kitty n'avait pas mis très longtemps à s'endormir. Elle faisait un rève étrange.

La fillette était dans l'eau en train de nager. Au loin, elle voyait sa famille mais plus elle essayait de s'approcher du rivage, plus ils s'éloignaient.

"Papa, maman attendez moi. J'arrive."

Plus elle nageait, plus ses parents s'éloignaient. Très vite la petite fille s'épuisa.
Elle voyait ses parents au loin et ces derniers ne faisaient rien pour venir la chercher. Ils restaient sur la plage sans bouger, sans rien dire. Puis le décor changea. Le ciel devint rouge. Kitty vit que son frère et sa soeur étaient allongés par terre et ne bougeaient plus. Ses parents avaient disparu. Elle, elle était toujours dans l'eau et n'arrivait pas à rejoindre le rivage. D'un coup, elle fut attirée au fond de l'eau. La petite fille n'arrivait plus à respirer. Elle se débattit mais quelque chose la retenait au fond de l'eau. Alors qu'elle tentait de regagner la surface, Kitty entendit une voix. C'était celle de sa mère toujours aussi méprisante, haineuse.

"C'est de ta faute. Tu as fais du mal à mes vrais enfants. Tout est de ta faute."

Kitty essaya de se dégager mais elle n'y arrivait pas. La petite fille commença à paniquer. Elle n'avait presque plus d'air et n'arrivait pas à regagner la surface.

La fillette n'arrivait pas à se réveiller et elle commençait à s'agiter sur son lit.

Alixtide s’allongea à contrecœur. Il n’avait pas vraiment la force de s’y opposer. Pourtant il estimait qu’il valait mieux tout évacuer avec sa méthode et doutait franchement des injonctions de Prof Zachary. Celui-ci s’était déjà éloigné, mais Alixtide tenta de formuler une ultime objection.

« Mais M’sieur … que … heu … je … heu … »

Il ne savait pas trop quoi dire ni quoi penser ni comment le formuler, mais l’idée était là.

« Heu M’sieur, je pourrai pas … heu, me … me retenir. C’est ... heu … automatique … »

Il entendit que ça remuait dans le lit d’à côté. Il se tut immédiatement, craignant d’avoir encore dérangé la petite asthmatique. Il serra les dents en silence, adressant une prière à son estomac pour le convaincre de ne rien tenter, pour le moment, à cause du prof dans les parages.

*Ne pas vomir, ne pas vomir, ne pas vomir, ne pas vomir … ne pas réveiller la gamine … ne pas penser à vomir ... aaarg ...*

Adam lui sourit, un peu gêné. Il faisait vraiment un piètre médecin, mais il aurait présentement échangé trois kilomètres de fil contre une centrale atomique à démanteler au point où il en était.

"Non, je sais... Si tu n'en peux plus, fais dans le haricot là. Sinon, prends plus de charbon, ça calmera."

Il répétait sagement les instructions du médecin, qui se faisait vraiment attendre.

Entre vomir et goûter le charbon, Alixtide choisit de goûter le charbon. De toute façon, ça ne pouvait pas faire plus de mal que la situation actuelle. Aussi il se redressa en position assise, prit la boite et plongea dedans une cuillère.

*C’est donc ça qu’on m’a mis dans le ventre. Sûrement pour étouffer les flammes … comme font les pompiers avec le sable.*

Il en avala une bonne cuillerée, dont il ingurgita une partie et toussa le reste dans un nuage noir. Il lui était déjà arrivé la même mésaventure étant gamin, lorsqu’il prenait le chocolat en poudre à la louche.

Une fois qu’il eut fini de tousser il en reprit goulûment.

« Heu M’sieur … la gamine qui s’essouffle, elle en sait plus que vous … sur le … le CIAM ? »

Alixtide trouvait déjà que le charbon lui pesait sur l’estomac, mais au moins l’envie impérieuse de vomir s’estompait-elle rapidement. Il songea un peu à tout ce qu’il avait à faire, entre les devoirs et son enquête. Comme le prof Zachary semblait obligé de rester ici comme un lion en cage, c’était le moment d’en profiter.

« Et … je peux … vous demander un truc … C’est … Madame Fleury, elle veut qu’on enquête sur la pire utilisation des pouvoirs de mutants. Pour le devoir de philo. Vous … ça vous dérange de me dire la vôtre ? De pire utilisation ? »

Il ajouta en prenant le ton doux et confiant de la psychologue.

« Je vous garantis l’anynomat. »

Il prit une cuillère de charbon.

« L’anonymat. »

Adam rit devant la candeur d'Alixtide. Un rire clair et franc. Ce gamin était marrant, il venait de boire de la lessive, vomissait tripes et boyaux, et lui demandait des choses bizarres comme si c'était la conversation courante à avoir dans une infirmerie avec quelqu'un venant de s'intoxiquer. D'autant qu'il avait appelé Cassandre Mme. Fleury. Il doutait en effet qu'il parât de Carrie...

"Eh bien, déjà, Kitty ne sait probablement rien sur le ciam. Je renseignerai. Tu as entendu ça où ?"

Il prit un ton un peu plus grave.

"La pire utilisation ? Mais... ça dépend de ce que tu entends par pire ? Est-ce que c'est réduire quelqu'un en carpaccio, ou bien s'introduire dans les coffres de Fort Knox pour y voler tout l'or du monde ? Ou encore, me faire passer pour le président et faire des choses inavouables... "

Il disait cela d'un ton rêveur... Forcément, il avait pensé à tout ça ! Mais il n'était pas question de passer à l'acte.

A entendre le rire du prof Zachary, Alixtide se dit que le mutant avait sans doute imaginé de terriblement perverses et sordides utilisations de son pouvoir. Il frissonna comme devant un savant fou. Quand Adam lui donna des exemples de ses désirs les plus inassouvis, le jeune homme prit soin de les graver dans sa mémoire. Il poursuivit du ton tranquille de l’enquêteur de police, non sans expirer quelques nuages de charbon.

« La pire utilisation c’est celle qui vous plonge dans l’abîme. Qui fait que votre conscience n’existe plus … et que vous avez causé du dégât. Irré...parablement. »

Il eut une grimace de douleur et lâcha sa cuillère dans la boite, qu’il posa à ses côtés.

« Vous … est-ce que donc, ayant dit ça, vous vous … considérez, comme un mutant dangereux ? Ou … plutôt comme un mutant normal ? »

Dit-il à la manière d’un questionnaire à choix multiples débité par téléphone. Alixtide espérait bien pouvoir ainsi caser cet éminent mutant dans une de ses catégories (théorisées par lui), même si, bien sûr, il savait déjà où le mettre, vu ses révélations. Il s’agissait de tester la lucidité du prof mutant sur son propre cas. Alixtide songea que Madame Cassandre aurait suivi la même méthode.

Il se réjouit par ailleurs que le prof se charge d’enquêter sur Kitty et le CIAM. Il lui faudrait déléguer les tâches pour mener cette affaire. Par contre, il se garda de répondre à l’interrogation d’Adam concernant l’origine de la connaissance de ce sigle. Il ne valait mieux pas qu’il le sache. Peut-être dans son propre intérêt. Carlie Marin pourrait vouloir se venger. Alixtide n’avait jamais été aussi lucide qu’en cet instant de graves troubles digestifs.

Le décor changea de nouveau. Kitty se trouvait dans un désert. La chaleur était étouffante. Elle regarda autour d'elle. Il y avait toujours les corps de son frêre et sa soeur. Mais très vite d'autres corps se rajoutèrent. Ceux de Wood, River, Wind et son parrain. La fillette était térrifiée. Puis les corps se levèrent et se mirent à parler. Mais ils avaient la voix de sa mère toujours aussi méprisante.
"Tu est un monstre. Tout est de ta faute. ce n'est pas ton pouvoir qui est dangeureux, c'est toi. Tu nous a fait du mal."

Kitty se réveilla d'un coup et ne put réprimer un cri de terreur.

"NON!"

La petite fille était en sueur et essayait de reprendre sa respiration. Paniquée, elle regarda autour d'elle comme si elle était perdue.

Adam tira un tabouret pour s'assoir avec Alixtide. Ca sentait l'interrogation écrite au prochain cours, alors tant qu'à faire, autant qu'il montre l'exemple...

"Eh bien... je suppose que c'est massacrer des gens gratuitement et méthodiquement qui répond le mieux à ta définition..."

Adam était-il un mutant dangereux ? A en juger par ce qu'il avait fait dans la base Eden, la réponse était oui, sans aucune hésitation... Toutefois... Il en gardait un goût amer dans la bouche, et y repensait sans cesse.

"Si je suis dangereux ? Je ne sais pas... Tout le monde peut faire joujou avec des armes et tuer des gens, ruiner des vies et des personnes ou raser des bâtiments... Mon pouvoir est dangereux... Très dangereux et destructeur si je l'utilise de cette façon là."

Il eut un sourire plus bon enfant.

"Mais je ne pense pas être quelqu'un de très dangereux. Enfin, sauf si on me casse trop les pieds, mais tu sais, ce ne sont pas nos pouvoirs qui font ce que nous sommes, ce sont nos actes et nos choix. Je pourrais être devenu un serial killer si je n'avais pas eu une certaine éducation, mais ce n'est pas le cas."

Il se leva en entendant Kitty crier... Voilà autre chose... Il passa le rideau et s'approcha de la petite fille.

"Du calme, du calme... Tout va bien..." un peu idiot, mais il n'avait pas d'autre idées de quoi dire.

C'est au moment où Alixtide posa sa question sur les mutants dangeureux qu'Olivier pénétra dans l'infirmerie, personne ne la remarqua au départ. Il ajouta ensuite à la réponse d'Adam :

"Je suis entièrement d'accord avec le Professeur Zachary, il n'y a pas de pouvoirs dangeureux, il n'y a que des mutants qui ne conntrôle pas leur pouvoir ou des mutants avec de mauvaises intentions. Je crois que potentiellement, tous les pouvoirs peuvent être dangeureux mais que l'on peut aussi être très dangeureux sans le moindre pouvoir."

Olivier adressa un sourire à Adam qu'il avait longtemps laissé dan un élément qui n'était pas le sien.

"J'arrive à la rescousse, tu peux partir si tu veux, je devrais pourvoir m'en sortir."

Alixtide écouta les réponses avec une déception certaine. Il sentait trop dans ce discours … celui de l’affreuse et diabolique Juliette. Il sursauta au cri de terreur de la gamine qui dormait à côté. Elle devait faire un cauchemar avec de l’asthme. Elle aurait aussi bien pu se transformer en gorille sanguinaire que ça n’aurait pas fait plus de mal à Alixtide. Il était décomposé.

« Mais … ce … je … suis pas d'a… »

Il suivit l’entrée du Docteur Fleury avec une certaine appréhension. Encore un qui parlait comme Juliette. L’angoisse d’avoir tout faux lui remontait à la gorge.

*Purin c’est pas possible …*

Il ramena ses genoux devant lui et posa son front dessus.

*Pourquoi est-ce que je suis le seul à avoir raison ? C’est pas très bon signe … aarrgh mon ventre …*

Il était trop tard pour poursuivre l’interrogatoire du Prof Zachary. Pourtant s’il avait été en meilleure forme, nul doute qu’Alixtide aurait obtenu ce qu’il voulait. Oui il y avait une faille dans le discours des deux mutants, aussi surpuissants qu’ils puissent être … Ah ah … Et Alixtide l’avait trouvée ...

Il s’allongea douloureusement sur le côté, gardant contre lui la boite de charbon. Evidemment … comment n’y avait-il pas pensé …

Kitty n'arrivait pas à se calmer. Les paroles de sa mère et d'Ernest étaient trop présentes dans son esprit. De plus, la petite fille avait du mal à reprendre sa respiration. Elle s'accrocha au bras d'Adam. Sa respiration était sifflante et saccadée.

"C'est de ma ... faute si Thomas a été...bléssé. Je suis...un monstre. Ernest me...l'a dit. C'est pour ça...qu'ils m'ont...abandonné."

Pendant qu'Adam était aller s'occuper de Kitty, Olivier décida de se rapprocher d'Alixtide.

"Je crois que tu n'auras plus besoin de ça aujourd'hui mon cher Alixtide" dit le médecin en reprenant la boite de Charbon et en la remplaçant dans la pharmacie fermée.

Olivier vint ensuite s'assoir auprès d'Alixtide.

"Mlle Deneos m'a dit que ton pouvoir causait quelques problèmes. Il semblerait que tu raffolles de toutes sortes d'ordures ménagères, voir de choses plus toxiques encore. Nous désirons trouver une solution pour que tu puisses garder un peu plus de dignité avec ton pouvoir."

Face à l'insistance de la jeune fille, Adam s'installa près d'elle et chercha quelques paroles de circonstance qui pourraient sinon la rassurer au moins la calmer un peu.

"Mais non... Tu n'es pas responsable de tout ça... Il y a bien d'autres gens qui auront ce poids à porter avant que tu ne sois considérée responsable de quoi que ce soit. Quant à Ernest... Bah... Il est un peu bizarre, mais il n'est pas le premier ici à être bizarre."

Il lui sourit puis se releva.

"Repose toi un peu, le temps que la crise passe."

Il repassa derrière le rideau, pour remercier Olivier, et lui confier les deux patients avant de quitter l'infirmerie à pas légers, quelque peu soulagé de les laisser entre des mains autrement plus compétentes que les siennes, mais surtout qu'il avait réussi à s'en sortir, et que les jeunes allaient bien.

Deneos … un nom qu’Alixtide avait déjà entendu il y avait très peu de temps … Mais à propos de quoi ? Décidemment la réflexion était difficile. Le jeune homme était tellement porté sur les choses de l’esprit ces derniers temps, que non seulement son cerveau surchauffait, mais en plus il en venait à oublier celles du corps. Heureusement, les docteurs ont toujours le don de ramener les gens sur terre.

Malgré les élancements de son estomac, Alixtide, dépossédé de son précieux charbon, fit l’effort de se redresser. Il n’aimait pas voir les docteurs en contre-plongée. Ca les rendait plus impressionnants encore.

Il éclaircit sa gorge ensablée avant de répondre d’une voix hésitante.

« Bah … oui. Heu … »

Il se frotta les cheveux à la recherche d’une solution.

« C’est pour ça, … que je suis venu, M’sieur. Quand j’vous ai lu dans le journal. C’était écrit, que le Docteur Fleury, peut sauver ce genre de problème. »

Il empoigna le drap à l’endroit de son ventre meurtri. Il prit une inspiration saccadée et regarda le docteur.

« Sinon … ben y’a qu’à faire comme … à l’internat. Je vous vole les clés … du … local des poubelles. Ca résout déjà beaucoup. Et la dignité bah … c’est pas vital. »

Il haussa légèrement les épaules en regardant le docteur, lui signifiant qu’il n’y avait pas vraiment d’autre alternative.

En entendant la voix calme du professeur Zachary ainsi que ses paroles, Kitty se calma un peu. La petite fille était toujours triste et en colère contre son parrain et ses parents. De plus, elle avait du mal à reprendre sa respiration.
Lorsqu'Adam la quitta, Kitty essaya de se redresser. Allongé, elle n'était pas bien. Elle sentit ses poumons lui faire mal mais serra les dents.
Lorsqu'elle s'assit sur son lit, elle fut prise d'une quinte de toux, ce qui augmenta la douleur qu'elle ressentait. La petite fille chercha la ventoline des yeux mais elle ne savait pas où le professeur Vayne l'avait posé.
Elle serra dans sa main le bijou que lui avait fabriqué Jimmy avec un médiator et essaya de reprendre sa respiration.

*Du calme, ça va passer. Le professeur Vayne m'a dit qu'il reviendrait. C'est pas la première fois que j'ai une crise d'asthme*.

Une nouvelle fois Kitty fut prise d'une quinte de toux et quelques larmes perlèrent sur ses joues.

Olivier regarda Alixtide droit dans les yeux.

"Ce qui t'arrive n'est pas un problème qui peux trouver un solution médicale. Rien ne peux guérir ce don que tu possèdes, il est imprimé au plus profond de ton être, dans chacune de tes cellules."

Le médcin avait parlé et maintenat c'était le directeur qui prenait la parole.

"Ici, nous allons t'aider à vivre avec ce qui t'arrive, pour éviter tout dangers toxiques tant que nous ne connaissons pas les limites de ton pouvoirs, tu ne vas te nourir pour commencer des produits périmé de l'institut, ce sera au moins de la nourriture, nous allons installer un placard dans ta chambre qui te servira de garde-manger."

De l'autre coté du rideau qui assurait une certaine intimité aux occupants de l'infirmerie, la crise de la petite Kitty s'accentuait. Sans transitions, Olivier rejoignit l'enfant. Il lui posa une main prévenante sur le front.

"Calme-toi Kitty, respire profondement, voila ta ventoline."

Olivier lui tendit le médicament qu'il avait attrapé sur a table au passage.

Quelques secondes après sa deuxième quinte de toux, Kitty sentit une main se poser sur son front. La fillette ouvrit les yeux et vit le directeur de l'institut. Elle prit l'inhalateur que lui tendait Olivier et l'utilisa. Puis elle respira profondement. Kitty sentit que la ventoline commençait à agir. La pression sur ses poumons baissa et la petite fille commençait à respirer plus facilement. Mais la fillette n'arrivait pas à se calmer totalement. Elle avait encore en tête les paroles de sa mère ainsi que sa voix méprisante.

"Ils m'ont...abandonné parce que...je suis un monstre. C'est Ernest...qui me l'a dit. Il m'a dit que...que j'étais un monstre...parce que je...possède le gène X. C'est pour ça...qu'ils me haïssent. C'est de ma...faute. je veux plus...de ce pouvoir. Je veux que tout...redevienne comme...avant.

Kitty se resservit de sa ventoline et respira profondement, des larmes roulaient sur ses joues.

Misère et damnation … Alors qu’Alixtide venait d’approcher le nirvana avec un savant cocktail de lessives, on l’astreignait au minimum bassement vital : le fade et monotone régime des aliments périmés. Il laissa sa tête tomber contre le mur et regarda le plafond, d’un air triste.

*La gamine a le droit de tousser tout ce qu’elle veut, de s’étrangler et de s’étouffer, et moi on me condamne au pain sec ! Et on me dit que c’est inguérissable ! Oh ben purin quelle misère …*

Tous les docteurs étaient pareils : ils focalisaient sur la santé et opprimaient le plaisir. Le mutant eut un regard en biais désabusé en direction du rideau, derrière lequel le docteur soignait l’asthmatique fillette.

*Ralala … il pense que ça me ferait honte d’aller chercher moi-même dans les poubelles, mais a-t-il honte d’ouvrir un frigo lui ? Pfff …*

Il tapota avec patience et douleur son ventre meurtri. Décidemment, ce charbon provoquait plus de mal que de bien.

Alixtide fit quand même la part des choses. L’idée du placard personnel était un aspect positif pour sa sociabilité, bien que rien ne vaille les senteurs océanes d’un local poubelles. Cela allait lui manquer, mais il était inutile de négocier après le coup de la lessive. Le directeur devait injustement penser qu’Alixtide était un irresponsable, incapable de choisir sa nourriture. Il soupira et s’allongea à nouveau en espérant qu’un changement de position diminuerait la douleur.

Il essaya d’écouter ce qui se disait de l’autre côté du rideau, mais la gamine pleurnichait et hoquetait tellement que son discours demeurait obscur.

"Ils ont adonné l’as que je suisse monstre est né à l’A10 … Adi qu’un once que un monstre os le j’aime X … ces sales alices … et d’eux la faute … je peux plus ces poux voir... ou heureux d’eux viennent pomme Adam …"

Alixtide haussa un sourcil.

*Bizarre cette gamine … hmm …*

Il se tourna dans leur direction pour mieux capter le message, au cas où la jeune illuminée évoque le CIAM …

[ Bureau de Gabriel]

Lorsque Gabriel entra dans l'infirmerie, c'était pour trouver Olivier au chevet de sa filleulle. Bien qu'étant toujours inquiet, Gabriel fut quelque peu rassuré à cette vision. S'il y avait bien quelqu'un en qui l'homme avait confiance en ces lieux, c'était bien Olivier. Et ce dernier semblait avoir les choses en main. Aux côtés de Kitty, il veillait sur elle.
Kitty, quant à elle, n'avait pas vraiment bonne mine mais stoïque, Gabriel se garda de tout commentaire. Vayne n'avait donc pas exagéré. Il était plus que temps qu'il vienne alors voir sa filleulle.
Il s'approcha lentement du lit, se plaçant sur le côté opposé à Olivier. Il regarda Olivier puis se tourna vers Kitt et lui sourit, voulant ainsi rassurer la fillette sur le fait qu'il était là.

- Coucou fillette, dit-il d'une voix douce et chaleureuse. Il adopta le ton décontracté que l'on a généralement avec les enfants. Comment te sens-tu ? lui demanda-t-il

Alors qu'elle venait de finir de parler, Kitty vit Gabriel s'approcher d'elle et se placer de l'autre côté du lit. La fillette sécha ses larmes alors que ce dernier lui demandait comment elle se sentait. La tristesse laissa la place à la colère que Kitty ressentait envers son parrain. En guise de réponse, elle lança un regard noir à Gabriel. Puis après quelques minutes de silence, la petite fille laissa sortir la colère qu'elle ressentait.

"TU M'AS MENTIT. TU M'AS DIT QUE JE RENTRERAIS A LA MAISON PENDANT LES VACANCES, QU'ILS NE M'AVAIENT PAS ABANDONNE, QU'ILS M'AIMAIENT TOUJOURS. TOUT CA C'ETAIT FAUX. ELLE M'A DIT QUE JE N'ETAIT PLUS SA FILLE,QUE JE NE L'AVAIT JAMAIS ETE. ELLE M'A DIT QUE JE NE DEVAIS PLUS LES RECONTACTER, QU'ILS QUITTAIENT LOS ANGELES PARCE QU'IL Y AVAIT TROP DE MAUVAIS SOUVENIRS. ILS ME HAÏSSENT. ELLE A ETE TELLEMENT MEPRISANTE.
JE LES DETESTE. JE TE DETESTE. POURQUOI TU M'AS MENTIT?"

La respiration de Kitty s'acceléra. Elle fixait toujours son parrain de son regard noir.

Gabriel nous scilla pas sous le coup des paroles de Kitty. Stoïque, il encaissa sans broncher les cris de la fillette. Il savait, après la conversation avec Vayne, qu'elle lui en voulait. Il fallait donc qu'elle extériorise sa colère, qu'elle se défoule sur quelqu'un. Aussi ne bougea-t-il pas, laissant toute la colère sortir d'elle. Et visiblement, elle en avait un gros paquet en elle.
Quand elle eut finit, sa respiration s'était accélérée. Gabriel préféra donc attendre qu'elle reprenne son souffle et un peu de son calme. Jugeant le moment opportun, il lui répondit.

- Je ne t'ai pas menti, dit-il de sa voix calme. J'avais fais le nécessaire pour que tu puisses retourner voir tes parents pendants les vacances. Je ne comprends pas leurs changements de réactions.

A ces mots, le visage de Gabriel se rembrumit quelque peu. Il leva le visage et ses sourcils froncèrent légèrement, ses poings se serrèrent un peu. Il ne pouvait bien évidemment pas laisser exploser sa propre colère devant la fillette mais il n'en pensait pas moins. Lui qui s'était arrangé pour assurer une stabilité à Kitty, voilà que ses parents lui faisaient un coups bas dans le dos. Comment pouvait-il espérer arranger les choses si par derrière les mentalités n'évoluaient pas.
Il regarda de nouveau Kitty et son regard s'adoucit au contact de celui de la fillette.

- Je suis désolé, dit-il d'une petite voix.

Oui, il l'était réellement. Désolé de n'avoir pu tenir sa promesse, désolé de ne pouvoir lui offrr l'avenir qu'il lui avait promis. Désolé que le monde dans lequel elle vit soit si pourrie.

A l'arrivée de Gabriel, Olivier s'ecclipsa discretement pour laisser le parrain prendre le relai. Kitty était une petite fille fragile mais il faudrait qu'elle gagne de la force de caractère sinon sa vie restera un calvaire. En rejoignant Alixtide, Olivier remarqua qu'il était à l'ecoute.

"Excuse-moi de t'avoir laissé sans preenir. Maintenant, revenons-en à nos discussions parce que je ne crois pas que celle que j'ai avec d'autres élèves soit les plus interessante. Des commentaires sur ma proposition?"

Au bout de quelques minutes, la respiration de Kitty redevint presque normale. La petite fille commençait à ce calmer. La tempête était passé. Kitty écouta ce qu'avait à lui dire Gabriel. Elle sentait dans les paroles de son parrain que ce dernier était sincère.
Quand il eut fini, la fillette se jeta dans les bras de Gabriel.

"Ernest m'a dit que j'étais un monstre parce que je possède le gène X. C'est pour ça qu'ils m'ont abandonné. Je veux plus de mon pouvoir, je veux rentrer à la maison."

La petite fille enfoui son visage dans les bras de son parrain et se mit à pleurer.

"Pourquoi ils m'ont...fait ça? Qu'est ce que je...vais devenir...maintenant?"