France, Loire-Atlantique.

La nuit était si fraiche et un croissant de lune semblait briller comme jamais.
Il avait passé presque toute la nuit à regarder les étoiles, allongé sur ce vieux pont de bois et d'ailleurs personne ne l'avait dérangé.
Sans doute les gens l'avaient ils prit pour un vagabond, à tort ou à raison qui sait, et pris peur en l'aperçevant.
Pourtant quelqu'un venait de troubler cette tranquilitée :
C'était une jeune et jolie brune au regard triste et au teint blafard qui s'était avancé sur le pont les yeux fixés sur l'océan devant elle.
Thomas lui adressa alors la parole sur un ton familier mais néanmoins amical.

- " Salut "

Cela faisait maintenant une semaine que le père de Thomas était mort, et le jeune mutant ne savait toujours pas ce qu'il allait devenir.
Lorsque Thomas s'adressa à la jeune fille, elle sursauta, comme si elle n'avait pas remarqué qu'il se trouvait là. Elle marchait à côté de son vélo, tenant le guidon de ses deux mains, ou plutôt elle boitillait.
L'inconnue plissa des yeux pour discerner Thomas dans l'obscurité de la nuit.

"Bonsoir..." dit-elle prudemment, puis elle se remit à boitiller pour passer le pont, non sans quelques petites respirations douloureuses.

Thomas remarqua les difficultés qu'avait l'inconnue à marcher et commença à se lever pour se diriger vers elle. Il n'aimait pas voir les gens souffrir et encore moins lorsqu'il s'agissait de jeunes filles. Il avait parfois l'impression que c'était son rôle dans ce monde que d'aider ceux qui en avaient besoin et il appréciait de rendre services à tous : peu importe la personne celà lui procurais toujours une immense joie.
Il s'avança donc jusqu'à marcher au même niveau qu'elle puis, calmement et d'une voix chaleureuse, lui proposa de l'aide.

- " Je suis désolé de vous importuner comme ça mais vous êtes sure que vous allez bien ? Vous avez l'air d'avoir du mal à marcher, peut être que je devrais vous conduire à l'hôpital le plus proches ou que je pourrais vous aider à rouler votre vélo ? "

L'inconnue s'arrêta pour dévisagea Thomas avec toujours la même réserve de la jeune fille à qui on a bien appris à ne pas parler à des inconnus, d'autant plus en pleine nuit.

"Je crois que je me suis fais une entorse tout à l'heure..." dit-elle. Ses yeux s'agrandirent lorsque Thomas mentionna un hôpital.

"Non ! Surtout pas !" commença-t-elle, avant de sembler remarquer que sa réaction excessive pouvait paraître étrange.

"Merci, je... je vais me débrouiller." termina-t-elle seulement, avant de se remettre à boitiller. Malgré son refus, elle faisait peine à voir.

Thomas fut surpris de la vive réaction dont venait de faire preuve la jeune fille face à sa proposition de l’emmener à l’hôpital.
Il fut pris d’une vive inquiétude la concernant qui ne fit que grandir lorsqu’il la vit boitiller de manière insistante, cela lui faisant vraiment de la peine de la voir souffrir ainsi sans qu’il n’y puisse rien.
Aussi tentât-il de trouver un compromis dans son esprit avant de dire naturellement et avec le plus sincère des sourires :

- " Dans ce cas laissez-moi au moins-vous accompagner jusqu’à ce que je sois sûre qu’il ne vous arrivera rien et que vous êtes saine et sauve, d’accord ? Après je vous laisserais tranquille c’est promis. Croix de bois, croix de fer. "

Et tout en prononçant sa dernière phrase il désigna le pendentif qu’il portait autour du cou.

La jeune fille s'immobilisa à nouveau et regarda la croix de Thomas, avant d'esquisser un sourire amusé par la ténacité du mutant.

"Bon... C'est d'accord... En fait, je suis pas mécontente qu'on m'accompagne, j'ai l'impression d'être suivie dernièrement... Tu vas me prendre pour une paranoïaque... Allons, ne traînons pas." enchaîna-t-elle en reprenant tant bien que mal son chemin, non sans avoir jeté un petit coup d'oeil par dessus son épaule. Ils quittèrent le pont et s'engagèrent sur une petite route de terre battue creusée d'ornières. Au loin, on pouvait voir briller les lumières d'un petit village.

"Qu'est-ce que tu faisais tu seul sur le pont ?" demanda-t-elle au bout de quelques secondes pour briser la glace, sans se présenter.

Thomas un air satisfait et soulagé lorsque la jeune fille accepta sa proposition mais lorsque la jeune inconnue se mit à lui parler de son impression d'être suivie il commença à se poser des questions sur la cause réelle de ses blessures, sans toutefois faire montre du moindre signe de son inquiétude. Au lieu de celà il regarda fixement la jeune fille d'un air jovial et lui dit :

- " On peut se tutoyer alors ? Chouette je préfère ça. "

Il avait toujours préféré se comporter de manière familière avec les gens mais son père lui avait néanmoins appris à être un gentleman en cas de présence féminine.

- " De toute façon ne t'inquiète pas, même si quelqu'un te suivais je pense que cette personne abandonnerais vite en me voyant marcher a tes cotés, non ? "
Il se tût un moment le temps de réfléchir à tout ce que la jeune fille lui avait dit auparavant et fut pris au dépourvu lorsqu'elle posa sa question.

- " Euh ce que je faisais sur le pont ? Bin je regardais les étoiles "

Il leva alors la tête vers le ciel, un sourire émerveillé et un regard d'enfant sur le visage.

- " C'est quand même beau un ciel étoilé, tu ne trouve pas ? "

La jeune fille dévisagea Thomas un instant, puis sourit et regarda le ciel.

"Oui... C'est vrai."

Le grincement de la roue de son vélo accompagnait leur marche nocturne.

"Tu es censé être dangereux pour repousser ceux qui pourraient me suivre ?" plaisanta-t-elle. Dans la pénombre, ses traits était indistincts mais elle semblait plutôt jolie. Ils passèrent le long d'une rangée de platanes bordées de quelques fourrés. La jeune inconnue s'arrêta au son d'un craquement de branche.
Sa respiration était nerveuse, son regard scrutait l'obscurité de toutes parts. Imperceptiblement, elle s'était rapprochée de Thomas, le guidon de son vélo toujours en main.

"Tu as entendu ?" murmura-t-elle, sur le qui-vive.

Thomas pris un air un peu boudeur lorsque la jeune fille se mit à plaisanter sur sa prétendue dangerosité. En la regardant dans l’obscurité il commença à la trouver jolie et cette simple pensée le fit légèrement rougir mais il reprit néanmoins ses esprits lorsqu’il entendit une branche craquée.
Lorsqu’il vit la jeune inconnue prise de panique toute expression disparut de son visage et il inconsciemment il se prépara à se placer devant elle pour la protéger en cas de besoin.
Lorsqu’elle lui demanda s’il avait entendu il acquiesça d’un léger mouvement de tête mais d’une voix calme et rassurante il lui murmura à son tour :

- " Oui j’ai entendu. Ne t’en fais pas ça va aller, je m’occupe de tout. "

Thomas s'était placé légèrement devant l'inconnue, prêt à la défendre au besoin. Le silence, seulement perturbé par le bruit des insectes environnant, était retombé.

Soudain un flash lumineux, accompagné du clic reconnaissable d'un appareil photo retentit dans la direction d'où était provenue le craquement.

"J'te tiens !" lança une voix masculine en anglais. Une silhouette de taille normale sortit du fourré, un objet foncé dans les mains, vraisemblablement un appareil photo.

"Et en plein flirt à ce que je vois ! C'est qui ? Ton petit ami ? Il est comme toi lui aussi ?" demanda le type dont le visage resta masqué par l'ombre d'un platane.

"C'est pas vrai... Encore lui..." marmonna la jeune fille dans le dos de Thomas.

Thomas fut légèrement surpris par le flash de l’appareil photo qui l’aveugla pendant quelques secondes. Il entendit l’homme qui se trouvait devant lui s’adresser à la jeune inconnue dans une langue qu’il comprenait très bien. Il se tourna alors vers la jeune fille l’air interloqué lorsqu’il l’entendit marmonner :

- " Tu le connais ce type ? Est-ce que c’est à cause de lui que tu es blessée ? "

Le jeune homme ne savait pas trop comment réagir face à une telle situation. Devait-il laisser son appareil photo à ce type et essayer d’user de diplomatie ou bien devait il s’emparer de l’objet en question quitte à brusquer un peu le gêneur ?

"Il me harcèle depuis deux jours... Il me suit partout..." marmonna la jeune fille, bientôt interrompue par deux nouvelles photos.

"J'ai des droits je vous signale, je vais finir par appeler la police !" lança-t-elle en se protégeant le visage.

"La police ? Entre une mutante et un honnête journaliste qui fait son métier, tu crois qu'elle va croire qui, la police ?" ricanna le paparazzi.

"Bon, revenons à nos moutons. Comment tu t'appelles, gamin ?" demanda-t-il sans plus de cérémonies à Thomas, en machouillant bruyamment son chewing-gum.

L’espace d’un instant Thomas resta sans réaction apparente malgré l’attitude agaçante de l’homme mais le mot « mutante » avait éveillé son intérêt et il s’était mis à réfléchir sur les événements qui étaient en train de se produire.

Il avait déjà entendu parler de ce que les gens appelaient communément « des mutants » : des gens ayant des capacités au-delà de la normal, tout comme lui. En y réfléchissant bien l’homme avait demandé si Thomas était « comme elle ». Étaient-ils tous les deux semblables ? Etaient-ils tout les deux ce que le commun des mortels avait pour coutume d’appeler « mutants » ? Après tout elle avait opposé un refus catégorique lorsqu’il avait proposé la solution de l’hôpital.

A peine ses pensées avaient-elles prit forme dans son esprit que sa réflexion fut interrompu par la question de l’homme.

Le jeune garçon s’avança alors jusqu’au journaliste avec nonchalance et lui pris l’appareil photographique des mains.

- " Moi ? Je suis juste un vagabond et ça, ça m’appartiens maintenant. " Fit-il le sourire aux levres.

Le regard jusqu'ici désinvolte du type se fit plus dur alors que Thomas tentait de lui tirer son appareil photo des mains. Le journaliste avait gardé une bonne prise dessus, et les deux hommes se disputaient l'appareil, tirant chacun de leur côté comme des écoliers se disputant leur goûter.

"Touche pas à mon gagne-pain, morveux !" finit-il par lancer rageusement, en même temps que son poing en direction de la mâchoire de Thomas.
La jeune fille se mit à crier devant l'altercation qui tournait en pugilat.
Alors que le poing du journaliste allait s'écraser contre Thomas, il sentit la fille se blottir dans son dos. Il y eut un flash lumineux dans la nuit, et Thomas sentit le monde vaciller autour de lui, et une nausée irrépressible l'envahir.

Lorsque le mutant rouvrit les yeux, il n'était plus sur le chemin bordé d'arbres, mais dans une petite chambre coquette, dans ce qui semblait être une maison tout à fait ordinaire. La fille se détacha de lui, visiblement gênée, et alluma la lumière. Il put enfin voir son visage clairement.
Comme si elle s'y attendait, elle s'empara immédiatement de la corbeille, située près du bureau, et la tendit à Thomas, qui ne put s'empêcher de vomir purement et simplement dedans. Elle lui tapota gentiment le dos avec compassion.

"Je suis désolée... Ca fait toujours ça la première fois..." dit-elle simplement. Elle semblait d'autant plus nerveuse par ce qui venait de se passer. Son vélo n'était plus là. Ils pouvaient être n'importe où, mais la familiarité de la jeune fille avec la pièce laissait à penser qu'elle était chez elle.

Thomas était subjugué par ce qui venais de se passer et paraissait totalement abasourdit.
Tout se bousculait dans sa tête et il avait du mal à se lever sans perdre l’équilibre.

Lorsque les effets s’estompèrent il put enfin réfléchir calmement et il pose la première question qui lui vint à l’esprit :

- " Tu aurais un verre d’eau s’il te plait ? "

Il se remémora alors les derniers événements qui étaient survenus et essaya d’en analyser chaque détail du mieux qu’il lui était possible de le faire mais sans qu’il s’en rende compte il prononça quelques paroles, les yeux rivés dans le vide.

- " Moi aussi.... je suis quelqu’un de « spécial »....... "

Puis il se reprit et un sourire jovial ainsi qu’un air un peu gêné apparurent sur son visage :

- "Désolé, ça m’a échappé. "

La fille resta silencieuse quelques instants, guettant la réaction de Thomas, puis se pencha près de son lit pour ramasser une bouteille d'eau, qu'elle lui tendit sans un mot. Ce n'est que lorsqu'il parla de ce qui la rendait "spéciale" qu'elle écarquilla les yeux.

"Je... Tu... Si je m'attendais à ça... Tu es le premier mutant que je rencontre. Malgré ce qu'ils disent à la télé et dans les journaux, je me croyais seule. En même temps, j'habite dans un petit patelin... Mais je vais devoir partir..." répondit la jeune fille.

"Ce type me suit depuis plusieurs jours, il me soupçonnait d'être mutante, des rumeurs circulaient sur moi dernièrement. Maintenant qu'il sait la vérité, je vais devoir faire profil bas."

Thomas pris la bouteille d’eau dans ses mains et se mis à boire jusqu’à n’en plus pouvoir puis il la posa sur le sol, fixant la jeune fille de ses yeux bleus sans alors qu’elle parlait.

*Elle est plutôt jolie…* Se surprit-il à penser.

Ses joues se mirent à rougir légèrement mais il revint vite à des pensées bien plus sérieuses, en particulier lorsque la jeune fille prononça cette dernière phrase. Tout cela était en partie sa faute et il ne le savait que trop bien.

- " Je…. Je suis désolé…. C’est ma faute tout ça… Si je n’avais pas été là ce soir tu n’aurais pas à partir de cet endroit… "

Le jeune homme essayait de cacher tant bien que mal le sentiment de culpabilité qui se lisait sur son visage, en vain. Il avait beau vouloir toujours paraître joyeux à sourire quoi qu’il arrive, il faisait malgré celà un très mauvais comédien.
Il se mit à jouer machinalement avec la croix attachée autour de son cou.

"Ca serait sûrement arrivé tôt ou tard... Tout le monde avait des soupçons au village, c’est ce qui a d’ailleurs attiré ce type... " répliqua la jeune fille en se frottant le visage. Elle se mit à regarder pensivement sa chambre, une expression nostalgique sur les traits.

"Au fait, je m’appelle Carole. J’habit…ais ici." soupira-t-elle. Elle se dirigea vers l’armoire, l’ouvrit, en sortit un petit sac de sport, et commença à le remplir de vêtements et d’effets personnels.

"Ne fais pas de bruits, mes parents pourraient nous entendre." dit-elle en posant son index sur sa bouche en signe de silence.

"Je ne sais pas quels sont tes projets, mais pour ma part je vais me faire oublier quelques temps... Je suis désolée de t’avoir embarqué dans cette histoire... Ce paparazzi a sûrement ton signalement maintenant... Cela dit il ne sait pas qui tu es au moins... D’ailleurs, moi non plus en fait..."

Thomas ne savait pas comment réagir, après tout il avait l’habitude d’être seul depuis que son père était mort.
Il regardait la jeune fille, l’air attristé et ne sachant quoi faire pour tenter d’arranger les choses.
Le jeune homme resta un moment abasourdis par les paroles de la jeune fille, non pas par les mots en eux même mais par les souvenirs qu’ils lui avaient rappelés : la mort de son père dont il n’a appris la véritable identité que récemment, la découverte d’une partie du mystère entourant l’absence de sa mère.

Il fut tiré de ses pensés lorsque la jeune fille lui demanda quelles étaient ses projets et son nom.

- " Ah… euh… désolé, c’est vrai qu’on à pas trop eut le temps de se présenter l’un à l’autre. Je m’appel Thomas, Thomas Infra. " Fit-il d’un air gêné.

- " Mais tu sais… tu devrais prendre le temps de dire au revoir à tes parents… ils ont surement toujours été là pour toi et on à jamais l’occasion de dire ce qu’on ressent aux gens que l’on aime…. " Et tout en prononçant ces mots il s’était mit à fixer la croix qu’il portait autour du cou, comme si cette dernière avait eut un pouvoir hypnotique sur lui.

- " Fait d’abord ça et ensuite je t’accompagnerais jusqu’où tu veux mais personnellement je n’ai aucun endroit où aller. D’ailleurs comme tu l’as sans doute constatée je suis un peu un vagabond…… " Thomas pris l’air amusé en disant cela.

Carole s'interrompit une seconde dans ses mouvements, puis reprit sa besogne.

"Mes parents ?" reprit-elle sans grande conviction.

"Je suis pas sûre qu’ils apprécient d’avoir la confirmation que je suis une mutante en cavale…" répondit-elle, dos tourné à Thomas. Elle se retourna lorsque Thomas commença à parler de lui. Malgré ses paroles dures, elle n’en menait pas large.

"Un vagabond ? Comment ça ?" demanda-t-elle, avant d’examiner Thomas de haut en bas. Il n’avait pas l’air spécialement sorti d’une poubelle.

Malgré l’apparente jovialité qu’il essayait d’afficher, le visage de Thomas commençait à afficher une certaine mélancolie alors qu’il parlait en se rapprochant de la jeune fille :

- " Peut-être qu’ils réagiront mal au début c’est vrai, mais au moins ils sauront que tu es en vie et que tu va bien…. Et puis tu pourras leur dire au-revoir, leur dire que tu les aimes avant de t’en aller. Est-ce que ce n’est pas important ça aussi ? " Dit il en posant une main sur l’épaule de Carole et en détournant et en la regardant dans les yeux.

Il détourna ensuite le regard pour tenir les propos suivant :

- " Je suis un vagabond…. Je n’ai aucune attache, ni ami, ni famille…. Je n’ai aucun endroit où aller et je ne vis à aucun endroit en particulier… « J’emprunte » des choses aux gens pour pouvoir vivre mais je n’ai jamais eu l’intention de te voler si ça peut te rassurer… "

"Je… Je vais leur laisser un mot." finit par répondre Carole après quelques secondes d’hésitation. Les paroles de Thomas et sa proximité semblaient l’avoir fait réfléchir, mais pour une raison inconnue, elle restait réfractaire à l’idée de tout raconter à ses parents. Elle détourna les yeux de ceux de Thomas, soudainement gênée, puis recommença à fouiller sa chambre à la recherche de ce qu’elle souhaitait emmener, tout en écoutant le jeune homme.

"Tu empruntes ?" releva-t-elle, les sourcils arqués. "Tout le monde a une famille, proche ou éloignée… Pourquoi tu ne vas pas les rejoindre ?" demanda-t-elle, avant de poser une main sur sa bouche, contrite.

"Excuse-moi, ça ne me regarde pas."

Elle soupira et s’assit sur son lit.

"Moi non plus je ne sais pas où aller, mais il va bien falloir que je me décide… J’ai bien entendu parler d’une école pour mutants, mais c’est aux Etats-Unis..."

- " Ce n’est rien. " Répondit Thomas avec un sourire à la fois très doux et très mélancolique.

- " Tu as bien le droit de vouloir connaître des choses sur moi, après tout tu m’as accueilli dans ta maison alors que tu aurais très bien pu y revenir seule. "

Il sortit alors un vieux bout de papier froissé de sa poche et le tendit à Carole.

- " C’est une lettre écrite de la main de ma mère dans laquelle elle dit qu’elle à due me confier à l’homme qui m’a élevé car je serais en danger là où elle est… Je n’ai cette lettre que depuis peu de temps car l’homme en question me l’a donnée à sa mort… C’est aussi comme ça que j’ai appris qu’il était mon père… "

Thomas tentais de cacher la peine qui se lisait au fond de son cœur par un sourire un peu faux et surfait.

Il finit par s’asseoir lui aussi sur le lit, tout à coté de la jeune fille.

- " Dans ce cas on a qu’à faire la route ensemble jusqu’à cette école, qu’en dis tu ? Tu n’as pas d’indication précise sur l’endroit où elle se trouverait ? Après tout pour les Etats-Unis on peut prendre le bateau mais c’est grand là bas… " Fit-il de son sourire le plus doux qui soit.

Carole hocha doucement la tête à la réponse de Thomas. Elle avait l'air de compatir à son histoire tragique.
Elle haussa ensuite les épaules.

"Tu as raison, c'est grand et j'avoue que jusqu'ici, je vivais très bien avec mon don, je n'ai jamais cherché à en savoir plus, même si dernièrement..."

Un grincement de parquet retentit de l'autre côté de la porte. Les yeux de Carole s'agrandirent. Elle se leva instantanément, ouvrit la porte en se plaçant dans l'entrebâillement pour empêcher le visiteur de voir l'intérieur de la chambre, puis tira la personne à l'intérieur et referma vivement derrière elle. C'était une jeune fille blonde. Carole posa son doigt sur ses lèvres.

"Chuttt..." l'avertit-elle.

"Thomas, voici Luna, c'est ma soeur. Elle... Elle aussi a eu... disons de petits soucis dernièrement, c'est d'ailleurs pour ça que je ne veux pas en parler avec mes parents, j'ai vu leur réaction." expliqua-t-elle au mutant avec un air entendu. Seule Luna ne semblait pas au courant de ce qui avait pu arriver aux deux jeunes gens plus tôt dans la soirée.