Las vegas nevada

La journée venait juste de commencer sur le désert du névada. Les bruits de la nuit s'éloignaient à mesure que le soleil réveillait les habitant des contrées désertiques et sèches de cette partie de l'amérique du nord. Les buissons sec laissaient place aux lézards et aux coyotes. La journée commençait à peine. La poussière que le Boeing 747 souleva dans le désert fit comme une tempête de sable dans son sillage et c'est sur la piste C240 que l'avion en provenance de New-York et originaire de Bombay en Inde se posa sans encombre à Las Vegas Mc Carran International Airport.

Les portes de l'appareil grincèrent sur leurs gonds déversant le flot habituel des badaus et des touristes qui venaient dépenser toutes leurs économies dans l'espoir de voir fructifier le patrimoine familial en coup de dé. Un gentil couple de sexagénères, des jeunes étudiantes en attente de correspondance pour la Floride, un homme d'affaire et même un grand gars habillé en cow-boy qui triturait un paquet de carte à jouer. Tous descendirent dans le terminal porte 67 et se dirigeaient vers leurs bagages avant de passer les douanes.

Spade vérifia que son visa était bien dans la poche de sa chemise en lin blanc. Il porta sa main droite, elle aussi gantée de blanc à sa poche. Le visa était là, tout était en règle. Il ramassa son sac de voyage, assez maigre, et le jeta par dessus son épaule en le tenant fermement avec la main gauche. Il accrocha ses lunettes de soleil sur son marcel blanc et s'approcha des postes de contrôle.

Farfouillant dans sa poche il s'assura qu'il n'avait rien oublié.

* Porte-feuille, passeport, carte d'identité, le visa est dans ma chemise, mes clés, un ticket de carte bleue. Tout est là...*

Il y avait foule à l'entrée du territoire américain au Névada ce jour là. Le Cow-boy avait rangé son paquet de carte et avait prit à la place une pile de cinq jetons de poker noirs qu'il tenait dans sa main gauche. Avec le pouce et l'index il faisait passer le premier à la fin de la pile et recommençait l'opération avec précision. Spade perdit son regard sur ce gars et remarqua alors que ce mouvement était mécaniquement répétitif. Il ne faisait pas attention à ce qu'il faisait il avait certainement l'habitude de le faire sans y réfléchir.

- Visa s'il vous plaît!

Spade fut tiré de sa minutieuse observation par la voix du garde frontière. Un policier noir qui tendait lui aussi une main gantée vers le jeune Indien. Peu souriant, il attendait que Spade lui tende son visa.

- Oui, voilà.

ses doigts glissèrent dans sa poche, il sortit son visa et son passeport et le tendit à l'officier des douanes.

- Vous êtes ici pour affaire ou pour le plaisir?

- Je viens participer au tournoi de Poker, monsieur.

L'agent ne semblait ni impressionné ni surpris, il lui tendit son visa et ouvrit la barrière sans plus de cérémonie.

- Bienvenue aux états-unis.

Spade mit le pied sur le sol américain et là, il se sentit prêt à accomplir une chose qu'il avait attendu depuis des années. Il voulait remporter ce tournoi à tout prix !

[Hrp : à partir de là, tous les pnj seront incarnés par le courtier temporel.]

Spade reprit son chemin en passant le contrôle douannier, pour déboucher sur la sortie du terminal. Un peu partout, des gens se pressaient devant les cordons de sécurité pour accueillir leurs proches... Mais Spade n'était attendu de personne.
Le cowboy passa près de lui, et se dirigea vers un type en costume impeccable qui portait un petit panneau écrit "Mackenzie". Il échangea quelques mots avec lui, et sembla remarquer Spade du coin de l'oeil, avant de lui faire un petit signe de sa main libre, sans cesser de jouer avec ses jetons.

Spade était sorti de l'aéroport et hélait un taxi. Ce dernier se gara sur le bas-côté, mais le jeune indien fut dès ses premiers pas américains présenté à la discourtoisie des autochtones. Deux petites grands-mères se précipitèrent du haut de leurs trois pommes pour s'introduire dans le véhicule sous le nez du mutant, sans même prendre la peine de s'excuser ou de lui proposer de monter. Elles fermèrent rapidement la porte en papottant, sans prêter la moindre attention au jeune homme.

Les américains n'étaient peut-être pas plus civilisés que les populaces des bas-fonds de New Dheli !

Forcé d'attendre le passage à proximité d'un autre taxi, Spade remarqua de nouveau Mackenzie passer non loin escorté de celui qui l'avait accueilli, et qui semblait être son chauffeur étant donné qu'il portait les bagages du cowboy. Son accoutrement à la texane était voyant pour les yeux d'un étranger comme Spade, mais pas spécialement aux yeux des excentriques de Végas. En réalité, c'était plutôt Spade qui détonnait avec ses vêtements sobres de bonne facture.
Le chauffeur ouvrit la porte d'une berline noire, puis rangea les bagages de son client dans le coffre.

Mackenzie s'apprêtait à entrer, puis remarqua de nouveau Spade qui rongeait son frein sur le trottoir.
Le cowboy eut un petit sifflement à l'adresse de Spade.

"T'as bien dit que tu allais au tournoi de poker, gamin ?"

Le taxi s'arrêta tout près de Spade. Ce dernier fut surpris de la vitesse avec laquelle sa demande trouva une réponse rapide et efficace. Un beau taxi tout jaune! Il ouvrit la portière et... Une tempête. Deux petites bonnes femmes assez âgées qui lui passèrent sous le nez (littéralement) s'engoufrèrent dans le taxi si vite que Spade eut peur d'y laisser des cheveux. La porte claqua avec force et le taxi démarra dans une précipitation caractéristique.

- Hé!

Le cri de Spade sévanouit dans le lointain. Il avait même la certitude d'avoir troublé un coyote mais en ce qui concernait le chauffeur de Taxi, il disparut de l'autre côté de la route directin le Stripe.

- Mais c'est pas vrai, je rêve! Il était à moi ce Taxi. Ne me dites pas que je me retrouve à pied c'est à des kilomètres!

C'est alors qu'un sifflement retenti derrière Spade. Le crispant de haut en bas se dernier se retourna presque d'un bloc surpris et les oreilles vrillées. Il apperçut alors Mackenzie.


"T'as bien dit que tu allais au tournoi de poker, gamin ?"

Spade mit une seconde à retomber sur le chemin des événements et se rendit compte que Mackenzie l'invitait à partager la Berline noire qui était prêt de lui... mais... dans ce pays, on n'est jamais sûr, c'est alors avec prudence que Spade lui répondit.

- Disons que j'essaye de m'y rendre! Mais mon Taxi est parti en vadrouille avec Thelma et Louise version troisième âge. Alors je crois que je suis bon pour marcher.

Mackenzie eut un petit rire qui laissa apparaître des dents impeccables.

"Ca mon gars, c'est l'Amérique ! Premier arrivé, premier servi ! Bienvenue à Vegas." dit-il avec l'expression du connaisseur. Le cowboy fit un petit signe de main au chauffeur, qui se contenta de hocher la tête avant de monter à bord du véhicule côté conducteur. Il fit quelques pas vers Spade d'une démarche chaloupée.

"Marcher ? T'es vraiment pas d'ici on dirait..." commenta-t-il en retirant sa paire de lunettes de soleil pour croiser le regard du mutant.

"Y a bien des façons ici de crever la gueule ouverte dans le désert, petit... Mais c'est certainement la plus stupide ! Que dirais-tu de voyager avec moi ? Je descends au Caesar, je te le recommande si tu ne sais pas où loger. Le directeur est une connaissance, je pourrais sûrement t'avoir une suite à bon prix."

Spade se rapprocha de Mackenzie, jeta un oeil dans la voiture alors que le cow-boy lui parlait puis il le regarda dans les yeux. Une personne qui s'inquiètait de son sort était plutôt naturel en Inde. Et pourtant Spade avait dans la bouche un goût de danger qui lui disait que dans ce pays la courtoisie n'était jamais naturelle et certainement pas gratuite.

Il toisa un moment le sieur Mackenzie et posa sur son nez les lunettes de Soleil qui lui protègeraient les yeux. Il réfléchit un instant, Mackenzie du d'ailleurs se dire qu'il manquait cruellement de conversation. Puis enfin il articula.

- C'est chartiable de votre part, monsieur. Je serai ravi de partager votre voiture. Mais mes parents m'ont d'ores et déjà réservé une cham... Une suite au Mirage.

Il se dit que ce serait une bonne chose de ne pas passer pour le petit indien qui débarque de Bombay sans sous et sans envergure. une suite ferait probablement l'affaire.


- Je suis surpris, je dois l'avouer, de l'intérêt que vous me portez. J'imagine que de pouvoir observer un peu un adversaire avant de l'affronter doit pouvoir vous satisfaire et en quelque sorte payer mon voyage sur le Strip. J'accepte avec plaisir de me prêter à ce petite jeu.

Il regardait pour essayer de déceler une parcelle de surprise dans le reard du grand Cow-boy, puis soudain, se souvenant de ses bonnes manières, il lui tendit la main dans un geste amical et lui sourit.

- Merci beaucoup, je m'appelle Spade, Spade Tarsis. Enchanté de vous rencontrer monsieur..?

Mackenzie eut un rictus amusé. Son visage avait quelque chose de prédateur, bien qu'il ne semblât pas être mal intentionné à première vue.

"Un touriste, mais plutôt méfiant à ce que je vois. Tant mieux, ça te servira ici. Je ne suis pas précisemment joueur. Mais tu as raison sur un point, j'aime observer." répondit le cowboy avec un certain mystère. Sur ces mots, il se retourna et se mit à marcher vers sa voiture.

"Le Mirage... Mouais, pas mal, mais le service s'est sacrément dégradé ces dernières années si tu veux mon avis."

L'homme s'installa à l'arrière de la berline et invita Spade à faire de même.

"Mackenzie, Robert Mackenzie, mais tu peux m'appeler Bob. Alors dis-moi, qu'est-ce qui t'amène à Végas ? Je veux dire, tu as de quoi te payer le billet d'avion, tu as une suite au Mirage... Tu n'es pas de ceux qui espèrent faire fortune à la roulette, je me trompe ?"

La voiture démarra lorsque Spade fut installé. La climatisation et l'intérieur cuir en faisait une véhicule de luxe, de quoi attester l'expression "rouler sur l'or".

Le cow-boy se dirigea vers sa voiture et s'installa. Il commença à poser des questions à Spade. ce n'était pas un problème, ce dernier avait accepté le jeu des questions-réponses. Il grimpa dans la berline, une magnifique voiture et une première pour Spade, et claqua la porte derrière lui. Il observa Mackenzie un instant et répondit à sa question.

- Un touriste... si on veut. Je suis étudiant à l'institu Hindu des sciences. J'y entre l'année prochaine si tout va bien. Mes parents sont très fiers et comme je suis passionné par le poker, ils ont décidé de me permettre d'aller à Vegas si je passais les éliminatoires à Bombay.

Il marqua une pause et farfouilla sa poche Il en sortit l'as de Pique dédicacé et le montra à Mackenzie.

- Mes parents sont des gens formidables, ils ont toujours été là pour moi. Ils m'ont aidé, je suis allé à Bombay et j'ai passé avec succès les éliminatoires. Je suis monté dans l'avion et je suis là. J'attends seulement de pouvoir me mesurer à de vrais Yankees sur le terrain. Le poker est une institution ici il parait.

Il regarda alors Mackenzie et le doute qui était en lui le mordit à nouveau aussi fort qu'un serpent pour sauver ses écailles, il y avait quelque chose de louche avec ce Bob. Un gars comme lui qui est là pour observer.

- Vous m'avez dit que vous ne jouez pas? je vous ai pourtant vu avec des jetons tout-à-l'heure. Et puis si vous n'êtes pas là pour jouer mais pour regarder, seriez-vous un recruteurs d'une grande multinationale américaine qui engage des joueurs pour remporter les tournois de par le monde, empocher de l'argent et construire une nouvelle arme nucléaire pour asservir tous les gouvernements et devenir maître du monde?

Il essaya la voie de l'humour, tant qu'à faire.

- Où êtes-vous simplement Bob MacKenzie, amateur de beau jeu?

Bob écoutait l'histoire de Spade avec intérêt. Il ouvrit une boîte située juste derrière le frein à main de la berline, et révéla un mini-bar. Il sortit deux verre qu'il remplit d'une dose de scotch, avant d'en tendre un au mutant.

"Effectivement. Les joueurs ne rigolent pas à Végas. Il y a bien sûr tous ces touristes qui sont là pour remplir les machines à sou... Tout ça c'est le folklore. Mais une fois passées les portes privées des casinos, là on sait qu'on joue dans la cour des grands. Je te souhaite de connaître ça, tu m'as l'air d'apprécier le poker en tant qu'art... c'est un peu une consécration." répliqua-t-il avant de siroter son verre. Le cowboy laissa planer un silence lourd de suspens après la question de Spade, puis eut à nouveau ce sourire carnassier qui avait troublé le mutant au premier abord.

"C'est vrai, je ne joue pas, mais les vieilles habitudes ont la dent dure." dit-il en sortant à nouveau les jetons de sa poche.

"Disons que je suis un peu tout ça à la fois ! Mais j'ai joué en mon temps, j'étais plutôt doué."

La berline circulait maintenant dans les rues de Las Vegas. La vue serait sûrement plus impressionnante de nuit. On pouvait sentir qu'elle dormait encore.
Le véhicule s'arrêta devant le Mirage.

"Et voilà, mon garçon. Je serai là pour l'ouverture de ce soir. On verra ce que tu vaux autour d'une table." déclara Mackenzie avec un clin d'oeil pour saluer Spade.

D'un calme revers de la main il déclina le verre proposé par Mackenzie. Il avait depuis quelques minutes le regard perdu sur les buildings et les gens qui déambulaient sur le Strip. Cette ville palpitait. Mais pas au meilleur de sa puissance, elle était endormie. Elle avait les volets claqués sur les chambres d'hôtels où couples de la veille allaient se réveiller d'une cuite mémorable la bague au doigt. Ce cliché fit sourire Spade. Et il déclina le verre de Mackenzie.

- Mille excuses... je ne bois pas, ma religion me l'interdit.

"Effectivement. Les joueurs ne rigolent pas à Végas. Il y a bien sûr tous ces touristes qui sont là pour remplir les machines à sou... Tout ça c'est le folklore. Mais une fois passées les portes privées des casinos, là on sait qu'on joue dans la cour des grands. Je te souhaite de connaître ça, tu m'as l'air d'apprécier le poker en tant qu'art... c'est un peu une consécration."

- Le poker m'a aidé à me sortir de certaines situations et en plus, c'est un jeu de logique plus qu de tout autre chose. Il faut réussir un exploit à chaque tour de table. Entrer dans la tête de ses opposants. ne pas lâcher de terrain, rester stoïc quoi qu'il puisse se passer et tout cela combiné, c''est comme un drogue. Je ne peu pas dire que je sois bon, je veux le savoir plutôt. Mais ce que je sais, c'est que j'ai écrasé mes adversaires lors des éliminatoires.

Il regarda les jetons passer d'un bout à l'autre de la pile que MacKenzie avait dans la main. Il sourit et lui dit alors.

- Vous ne jouez pas... vous ne jouez plus, vous voulez dire, non? Ce petit rictus a d'ailleurs dû vous coûter pas mal de défaites. Mais j'imagine aussi que cela n'a pas dû être si facile que cela.

Lorsque la berline s'immobilisa, Spade serra la main de Mackenzie et lui lança un sourir compatissant et amical.

- J'ai une dette envers vous, l'ami. Si je peux vous renvoyer l'ascenceur d'une manière ou d'une autre faites le moi savoir, d'accord?

Il ramassa ses affaires et ouvrit la porte de la Berline, prêt à mettre le nez dehors.

Mackenzie sourit de plus belle.

"Détrompe-toi, il m'a offert plusieurs victoires." répondit le cowboy.

"N'en parlons plus ! A plus tard, alors." ajouta-t-il, avant de laisser Spade face à l'hôtel.



Si le mensonge de Spade semblait être passé inaperçu auprès de Mackenzie, la réception savait bien ce qu'il en était. Le mutant déposa ses affaires dans la chambre classique que ses parents lui avaient réservée.
L'heure de l'ouverture approchait : Spade allait pouvoir se mesurer aux plus grands.

Spade avait revêtu une chemise noire qu'il portait col ouvert et ses gants traditionellement blancs. il était tout excité et pour ne pas laisser son regard le trahir, il avait chaussé des lunettes de soleil. Il avait coiffé ses cheveux en arrières. Il portait un pantalon noir lui aussi et des bottes montantes sous l'étoffe. Il foula le tapis du casino le soir du tournoi, alla vers l'ouvreuse et lui tendit un morceau de papier avec son acceptation au tournoi international de Poker. Il lui fit un sourir.

- Espérons que votre regard amical me portera gloire et fortune ce soir.

Il fallait qu'il se détende et qu'il décompresse pour laisser le jeu couler en lui comme à travers une source claire. Pas d'embages, pas de compromis. La logique et la stratégie. Toujours garder son calme. Se rappeler les principes.

* Chaque partie comporte un pigeon. Si au bout d'une heure de jeu tu ne l'as pas trouvé... c'est que le pigeon, c'est toi...*

Il respirait profondément et essayait de se remémoriser ses tours de cartes et la stratégie la plus fine.

* Ne pas jouer sans certitude. Frapper juste et fort. Les Blinds sont malheureusement obligatoires... qu'à cela ne tienne. Pas de risques inutiles. Pas encore.*

Déjà ses yeux balayaient l'assistance en quête du regard connu, d'un chapeau de cow-boy ... enfin d'un signe de MacKenzie. Quelque chose à quoi se raccrocher pour ne pas flancher. Un garde-fou. Il avait quelqu'un à impressionner ce soir. L'ouvreuse saisit son ticket et entrepris de l'observer un moment pour l'authentifier.

* Allez... c'est partie.*

L'hôtesse d'accueil contrôla l'admissibilité de Spade, avant de l'introduire dans la salle de jeu privée qui hébergeait le tournoi. C'était une vaste salle moquetée ne comprenant que des tables de poker. Elle était déjà animée bien que Spade soit à l'heure.
Des joueurs hétéroclites s'installaient aux tables selon un classement projeté par holographie au niveau de l'accueil. L'atmosphère de la pièce était feutrée malgré le patchwork ethnique ; des joueurs du monde entier étaient réunis ici, et pour la plupart, ils n'étaient pas en manque de moyens et leur niveau de jeu devait être au-dessus de la normale, comme Mackenzie l'avait souligné plus tôt dans l'après-midi.

Le mutant cherchait des yeux le visage familier du cowboy énigmatique parmi les visages des joueurs, dont la plupart portaient comme lui des lunettes noires.
Il finit par repérer son galure texan. L'homme était légèrement en retrait des tables et semblait observer l'assemblée avec intérêt de son regard acéré. Bob s'était changé mais son chapeau n'avait pas bougé. Il émanait de lui un certain professionalisme. Repérant à son tour Spade, il porta la main à son chapeau pour le saluer.

Bondée. La salle était bondée. Il régnait une atmosphère qui était nouvelle pour Spade et ce dernier se sentit presque agressé. Il régnait une tension plus que palpable dans le casino. Il avança et remarqua finalement MacKenzie qui lui adressa un signe de la main. Le visage de Spade se fendit d'un sourir discret et il inclina la tête en avant, ramenant une de ses mains gantée de blanc à la verticale et de profile devant son visage en signe de salut.

Il se redressa puis consultat l'hologramme. Il s'assura de son inscription, tout était en règle. Il se dirigea vers sa table et s'installa bien comme il faut sur sa chaise pour ne pas être dérangé par une mauvaise position. Il toussa un peu puis releva les yeux sur ce Mackensie immobile affublé de son stetson.

* Mais en fait c'est qui ce type. C'est vrai je le connais pas moi. Il m'a déposé ici et en fait, j'ai l'impression qu'il est là pour moi. Ou pour un autre gars de la partie, je ne sais pas pourquoi. Il me paraît un peu étrange.*

Il dettacha son regard de MacKenzie de peur que ce dernier ne se rende compte du poids de son regard. En fait à bien y réfléchir, MacKenzie lui faisait un peu... peur.

* Il vaut mieux que je me concentre sur ce qui va se passer à cette table. il serait dommage de perdre une partie juste par inattention. Il me regarde peut-être mais le tout est de se concentrer.*

Il fut tiré de sa rêverie par l'arrivée du croupier qui vint se placer evant eux avec un sabot chargé. Il avait un sourir et Spade alors se renferma dans une concentration profonde. Il saisit ses lunettes noies et les frotta entre ses doigts gantés de blancs. Il remit ses lunettes et respira profondément. Il tourna la tête pour observer les autres joueurs. Qui seraient les adversaires?

Spade s'installa à sa table. A sa droite, un asiatique complètement chauve portant d'épaisses lunettes aux verres jaunes. A sa gauche, un homme obèse aux cheveux gras et qui prenait pas mal de place, puis une dame d'environ soixante ans.
Le gros type se fourrageait nerveusement les cheveux en jetant des coups d'oeil anxieux au croupier, qui commença à distribuer les cartes.

Après un petit speech de l'organisation, des coupes de champagne furent servies aux participants, et les parties débutèrent. Spade remporta sa première partie sans trop de difficulté, avant d'être dirigé vers une autre table à laquelle il affronterait d'autres joueurs par élimination.

S'enchaînèrent encore trois partie ainsi, augmentant la fatigue du décalage horaire du mutant. Spade se retrouva de nouveau à jouer avec le gros type de sa première partie. La nouvelle donne n'avait pas été très favorable au mutant, un quatre de carreau et un quatre de trèfle, un sept de coeur, un valet de pique et un neuf de trèfle.

La soirée s'annoçait plutôt mouvementée. sapde enchaînait les parties les unes après les autres, il avait même la main heureuse ce soir. Il avait déjà plumé pas mal de pigeaons et s'apprêtait à en faire de même avec une nouvelle table. Il reconnu un des joueurs de sa première partie et lui adressa un sourir prédateur du coin de la bouche. Il baissa les yeux sur ses cartes, prit un moment un peu plus long pour ajuster sa stratégie à cause de la fatigue.

*Ouhlà... j'ai pas de chance sur ce coup là. Mais tu as la possiblité de jouer un full intéressant. Tente sur deux tours, sinon tu te couches... enfin si on demande pas de trop.*

Il releva les yeux et lorsque le croupier posa son regard sur lui, il se saisit du 7 de coeur et du 9 de trèfle qu'il fit glisser face cachée sur la table en attendant en retour deux nouvelles cartes. Il ajouta l amise demandée et espérait que la donne lui soit favorable cette fois-ci.

* Je me demande si MacKenzie a trouvé ce quil cherchait... non, mon grand, c'est pas le moment, reste focalisé. Le jeu, Spade, le jeu. Il te faut au moins un valet là dedans. et garde le visage strict et concentré, mon ami. Oh... j'irai bien faire un somme quand même*

Une erreur, la première de la soirée. Spade laissa s'échapper un léger baillement et seoua la tête. Il venait d'avour qu'il faiblissait à toute la table. Immédiatement il le regretta. Mais ce qui est fait est fait.

Effectuant son changement, Spade récupéra un dix de coeur et un valet de carreau. Les mises commençaient à monter, bien que l'un des joueurs de la table se couche rapidement. Ils n'étaient plus que trois en lice, dont le gros bonhomme suant.
Une sorte d'agitation nerveuse semblait l'habiter, contrairement à tous les autres joueurs que Spade avait rencontrés durant les autres parties. Il touchait fièvreusement ses cartes, mais n'en demanda aucune sur ce tour, tout en surenchérissant la mise. Son comportement semblait d'ailleurs intriguer le reste des joueurs, voire les quelques spectateurs de cette partie.
Du coin de l'oeil, Spade aperçut Mackenzie qui déambulait parmi les tablées, un petit PDA à la main comme s'il prenait des notes. L'attention du cowboy fut d'ailleurs attirée, comme celle des gens proches, par le comportement assez risible du gros joueur de la table de Spade.

Il s'en fallu de peu que l'attention ne se porte sur lui. Si ce pachyderme en goguette n'était pas entrain de se répandre, Spade eut un sacré mauvais point à son actif. Mais le comportement de ce bonhomme était étrange.

* Il a l'air de paniquer. Il est en sueur et il panique. Mais en même temps il doit considérer son jeu comme bon, voir excellent. Il n'a rien changé. Et si .... il jubilait? Il est extatique? Il est entrain de se répandre parce-qu'il est sûr de nous brosser ce tour-ci. Si mon jeu avait été plus pourri, mais il me reste encore deux changements mon gros... et je l'aurai mon quatre ou mon valet. Tu vas voir!*

Oubliant ses bonnes résolutions, Spade avança un petit tas de jetons montés en colonnes, doublant la mise du gras en sueur. Il sourit d'un sourir prédateur et sur un coup de tête, décida de baisser le verre de ses lunettes pour adresser au mastodonte un regard pétrifiant et prédateur. Jamais son coeur n'avait autant battu la chamade, il suait sang et eau lui aussi, mais il savait se contenir. Il se tourna vers le croupier et déposa le 10 face cachée devant lui, appuyant son index dessus pour le faire glisser vers le grand bonhomme distributeur de cartes.

* Je vais gagner, il le faut!*

Le gros bonhomme sua de plus belle devant la flambée de la mise de Spade. Nouveau tour de table : Spade récupéra un 4 de pique. Pas ce qu'il espérait, mais éventuellement de quoi pousser la partie jusqu'au bout.
Le troisième joueur se coucha, tandis que le gros type, après avoir roulé des yeux en direction du mutant, décida de conserver son jeu à l'identique.

Venait l'heure pour Spade de prendre une décision : allait-il se coucher ou dévoiler son jeu ?

Alors que Spade commençait à abattre son jeu, le gros bonhomme fronça un instant les sourcils, son jeu plaqué contre sa poitrine comme s'il craignait que les spectateurs, pourtant silencieux ne divulguent sa main, puis imita Spade et dévoila ses cartes.

Les deux joueurs terminèrent en même temps de poser leurs cartes. Un murmure parcourut l'assemblée qui s'était réunie autour de la table, intéressée par le comportement atypique du gros joueur.

Le croupier allait ouvrir la bouche, le visage tourné vers le gros homme, sûrement, vu le jeu, pour le déclarer vainqueur, mais les mots restèrent figés dans sa gorge tandis qu'il regardait à nouveau toutes les cartes.

Tous les regars étaient fixés sur le jeu du gros type : ce dernier avait posé un full également, full dans lequel se trouvait également un valet de carreau.
Dans la foule, le regard de Mackenzie s'anima, tandis qu'il notait frénétiquement quelques informations sur son PDA. Le cowboy leva ensuite les yeux vers le croupier, puis sembla chercher quelque chose dans la salle, se désintéressant complètement de Spade.

"Mais qu'est-ce que ?" commença le croupier, avant de darder un regard accusateur sur le gros type. Ce dernier suait de plus en plus. Son visage était devenu tout rouge, et en constatant l'anomalie de son jeu en comparaison de celui de Spade, s'était levé brusquement.

"Dois-je vous signaler que ceci est une compétition internationale ? La tricherie est passible de disqualification immédiate !"

Des vigiles se rapprochèrent de la tablée, saisirent l'homme par les bras, et entreprirent de le fouiller sur place, devant tout le monde, afin de déterminer s'il s'agissait d'un escroc, sous les yeux ébahis de Spade.

Spade avait dévoilé son jeu et était sur de son effet, il sentait la pression monter rapidement. Il ne pouvait pas perdre. Son coeur battait la chamade et finalement il abattit ses cartes avec conviction. Mais la surprise ne vint pas de qui gagnerai ou qui viendrait à perdre. Mais le fait qu'une carte similaire se situait dans le jeu du mutant et du gros bonhomme.

"Mais qu'est-ce que ?"

Il semble que le croupier venait de traduir l'idée générale de la salle et celle du mutant, tout ça en même temps. La colère monta dans le coeur de Spade et il abattit du poing sur la table dans un mouvement de stature. Mais il n'eut le temps de rien, une bande de gros bras se mirent à fouiller drôle d'individu. Spade venait de retire ses lunettes et les posa sur la table. Il posa sur le croupier un regard mi-figue mi-raisin qui en disait long sur la colère et l'égarement total qui lui mordait les entrailles. ses poings s'étaient serrés et il essayait de se remémorer la partie. Il venait de se faire berner.

* Bon sang, il est rapide, il m'a trompé, non seulement moi mais le croupier, les autres joueurs et il semblerai que McKenzie n'ai pas compris le pourquoi du comment... et même pas le comment.*

- Tu parles d'un coup de bol! si j'avais pas abattu un valet de carreau il aurait gagné en trichant! QU'EST CE QUE C'EST QUE CES METHODES?

Il se tourna vers la foule et regarda un peu autour, il attrappa quelqu'un au hasard du bout du regard.

- Vous l'avez vu tricher, vous?

Il se retourna vers le croupier, un peu confus de son accès de colère et s'excusa d'un mouvement de tête. Il reposa sur le gros un regard emprunt de peur et de questions. Comment il avait fait ce coup là? Il n'avait pas bougé de la partie. Et il est monté haut! Allez savoir pourquoi, Spade posa machinalement un regard interrogateur sur MacKenzie en attendant que leurs yeux se croisent.

* Il se passe quoi? Bon sang!*

La femme que Spade avait interpellée semblait aussi surprise que lui. Elle haussa les épaules en signe d'ignorance :

"Non... je..."

Mais déjà le gros plaidait non coupable, pire, il rejeta la faute sur Spade :

"J'ai rien fait, j'vous dis ! Fouillez-le lui, pourquoi c'est moi qu'on accuse !"

L'atmosphère commençait à monter d'un cran. L'assistance était visiblement outrée qu'une triche ait pu avoir lieu dans une compétition où le fair-play devaient régner en maître. Ils n'étaient pas dans une vulgaire salle de jeu au noir !

"Vous étiez bizarre depuis tout à l'heure ! Vous n'avez même pas changé de carte. Vous ne nous ferez pas croire qu'on peut obtenir un full à la première donne !" lança une voix masculine dans la foule.

"Vous ne pouvez pas l'accuser lui parce qu'il a l'air bizarre, c'est de la discrimination, voyons !" rétorqua une femme non loin. Mackenzie quant à lui, s'était subrepticement rapproché des deux gorilles qui fouillaient le gros type.

"Il faut aussi fouiller l'autre candidat !" lança un homme directement au croupier, dont le regard dériva vers Spade.