Une soirée a Vegas

C'était le soir dans la capitale mondiale des casinos. Carmen Lopez marchait sur un trottoir, parfaitement coiffée et maquillée: en la voyant, on devinait facilement qu'elle a prévu d'aller faire un tour dans une des nombreuses boites de nuit de Las Vegas. Par contre, l'expression sur son visage n'était pas vraiment celle d'une jeune femme qui se réjouissait de pouvoir sortir avec ses amies.

*Non désolée je peux pas j'ai un exam demain, excuse-moi mais finalement je sortais avec mon mec, pardon mais il faut que je me couche tot j'ai de la visite demain... bla, bla, BLA ! Ce qu'elles m'énervent quand elles s'y mettent...*

La latina soupira en cessant de marcher, se laissant tomber sur un banc pour reposer ses pieds malmenés par les talons aiguilles qu'elle portait. Qu'est-ce qu'elle était censée faire, maintenant ? Sortir toute seule ne l'intéressait pas, pas plus que de rentrer chez elle... et apparemment, toutes ses amies avaient mieux a faire que de passer du temps avec elle.

*Et maintenant je fais quoi moi...*

Troublée par les pleurs qu'elle entendait, Carmen regarda autour d'elle et vit la femme. Ce n'était pas elle qui pleurait... puis, elle vit l'homme et tout devint très net. Nul besoin de son pouvoir pour le comprendre. La mutante eut un très discret mouvement de recul en voyant la belle femme s'asseoir à côté d'elle. Pourquoi ce "couple" s'installait-il à côté d'elle pour faire sa scène ? Elle tentait de ne pas les regarder, donner l'impression de ne pas les écouter... mais c'était difficile. Et cela devint impossible lorsque la femme l'interpella pour avoir la confirmation qu'une scène se produisait.

"Hé bien... je..."

Comment dire poliment que ce n'était pas de ses affaires et qu'elle ne voulait pas s'en mêler ? Elle ne voulait pas risque de la vexer. Cette femme était si belle... Carmen aurait tant voulu être comme elle ! Elle eut un sourire maladroit lorsque toute l'attention de la magnifique femme se dirigea entièrement vers elle.

"En fait je... je devais sortir avec mes amies mais elles se sont toutes décommandées à la dernière minute... donc je me retrouve seule."

La magnifique inconnue allait répondre à Carmen lorsque l'homme qu'elle venait de quitter lui aggripa la jambe, la couvrant de baiser. Ne se laissant déranger par quelque chose du genre, elle croisa les jambes, coupant l'action de son amant et elle se tourna vers lui. Elle prit un air étonné, lui envoya un sourire radieux et dit:

"Encore là Antonio? Dégages..."

Son dernier mot ne fut plus fort qu'un murmure, mais le jeune homme se leva rapidement et se sauva comme si elle lui avait hurlé de s'en aller. La belle inconnue se tourna vers Carmen pour lui donner toute son attention. D'un mouvement aussi normal que serrer une main, les doigts de la femme caressèrent le visage de Carmen. Le beau visage de la femme se transforma en une moue enfantine et coquine:

"Pauvre petite...Tu te retrouves toute seule?"

Elle passa son index sur la bouche de Carmen et sourit. La femme se leva et prit Carmen par la main, l'attirant vers elle. Elle s'approcha et souffla contre son oreille:

"Viens avec moi...Sortons toutes les deux..."

Carment ne put s'empêcher de ressentir un frisson le long de son échine à chaque fois qu'elle la toucha. Un courant électrique semblait circulé de l'inconnu jusqu'à elle dès qu'elle la frôlait. Tout naturellement, elle entrecroisa ses doigts dans ceux de la jeune mutante et l'entraina vers le bar le plus près.

"Appelles moi Carla, love."

Carmen tenta de se reculer, de l'empêcher de la toucher: après tout, elle ne la connaissait pas. Et à la voir agir avec ce pauvre jeune homme enamouré, elle semblait être assez peu fiable avec les gens qui s'attachaient à elle. Mais, après tout, n'était-ce pas aussi le cas de la jeune latina ? Lorsqu'elle lui proposa de sortir avec elle, elle voulut refuser. Elle le voulut vraiement: elle ne connaissait pas cette femme, ce pouvait être n'importe qui, une criminelle peut-être, qui sait ! Mais elle avait pris sa main et Carmen ne se trouva pas la force de résister.

"Je m'appelle Carmen."

C'était sorti tout seul. Pourquoi lui avait-elle dit son nom ? Qu'est-ce qui lui avait pris ?

"Carmenita...Tu n'es pas majeure! Tu as de la chance, je connais le proprio..."

Carla soupira, ses longs cheveux flamboyants tombant sur ses épaules comme des cascades, brillant comme si le soleil avait frappé dedans. Carmen fut surprise du surnom affectueux que lui donna Carla. Visiblement, l'inconnue aussi était espagnole. Elle avait "deviné" que Carmen n'était pas majeure, sans raison. Mais elle n'en était pas très inquiètes. Repoussant ses cheveux derrières ses épaules de sa main libre, Carla entraina sa jeune compagne directement vers le bouncer, sans passer par la longue file qui attendait d'entrer. Étrangement, personne ne dit rien lorsqu'elles les dépassèrent. En effet, la foule se contenta de sourire à Carla et le bouncer les fit entrer sans regarder leurs cartes.

"Viens! Allons nous amuser ensemble!"

Carla tourna la tête, ses yeux brillaient sous les projecteurs. Ses lèvres parfaites formèrent un sourire ravageur et elle entraina Carla sur la piste de danse. La main libre de l'aguicheuse inconnue se posa sur un homme à proximité. L'homme se tourna rapidement vers elles et s'interposa entre Carmen et Carla. Carla le repoussa:

"Si tu veux jouer, tu joues avec les deux, love..." dit-elle sans même hausser la voix malgré la musique.

L'homme sembla l'entendre, tout comme Carla l'entendit aussi. Il se tourna vers Carmen et lui envoya un sourire entendu. Il devait être bien content de "devoir" danser avec deux aussi belles jeunes femmes.Carla garda toujours la main de Carmen dans la sienne et approcha ses lèvres de son oreille une seconde fois pour lui poser une question:

"D'où viens-tu, Carmenita?"

D'où diable sortait cette femme ? En fait, elle semblait irréelle à bien des points de vue. Cette beauté était surnaturelle, le genre de beauté que l'on peut voir sur la couverture d'un magazine de mode, retouchées par ordinateur. La différence, c'était que dans le cas présent, de telles retouches étaient impossibles puisqu'elle se tenait devant Carmen. De plus, comment avait-elle su qu'elle n'était pas majeure ? Ce n'était pas la première fois, loin de là, qu'elle sortait dans les bars et les clubs et elle avait toujours réussi à se faire passer pour majeure... donc, comment Carla avait-elle deviné la vérité alors que plusieurs doormen de la ville s'étaient laissés abuser par le passé ?

Une fois sur la piste de danse, Carmen sentit qu'elle retrouvait ses esprits et se mit à danser. Elle pouvait presque oublier la présence de la charmeuse. Presque... parce qu'elle lui tenait toujours la main. La jeune mutante fut surprise de l'attitude de sa compagne improvisée envers l'inconnu. Certes, il lui était arrivé par le passé de draguer de beaux jeunes hommes "à deux", c'était toujours avec ses amies, jamais avec une inconnue rencontrée par hasard qui décidait de l'entrainer dans le bar le plus proche.

A nouveau, Carla lui posa une question. Et, à nouveau, Carmen ne put se retenir de répondre:

"D'ici, je viens de Vegas. Et... vous ?"

Cette fois-ci, au moins, elle avait réussi à lui poser une question en retour.

"Je viens de nulle part, love"

Carla se contenta de sourire et se tourna dos à Carmen. Le regard de Carla tomba sur un homme immobile au bar qui avait le regard dirigé vers elle. La jeune inconnue hocha imperceptiblement la tête et se tourna vers le garcon qu'elle avait attiré pour danser. Elle regarda Carmen un instant et prit le jeune homme par la chemise.

"Je reviens, d'accord? Tu m'attends ici?"

La voix de Carla s'était faite toute douce, charmeuse et, inconsciemment Carmen sentit ses jambes se raidirent et elle resta planté sur la piste de danse. Plus Carla s'éloignait avec l'homme vers les toilettes, plus Carmen sentait ses jambes redevenir normales. L'homme du bar se mit à marcher vers les toilettes à la suite de Carla et le danseur.

Carmen se sentait soulagée de retrouver la mobilité de son corps. La femme était visiblement responsable de son état puisque son éloignement la libérait, en quelque sorte. Elle demeura seule sur la piste de danse un moment, se demandant quoi faire. Attendre que Carla revienne ? Qui sait ce qu'elle lui ferait dire ou faire à son retour. Partir ? Une chose la retenait. Une seule et unique pensée.

*Et si c'était une mutante ?*

Oui, en effet, et si cette Carla était une mutante ? Malgré l'emprise qu'elle avait sur son entourage (une emprise définitivement surnaturelle), elle ne pouvait pas s'empêcher de vouloir découvrir la vérité. Si Carla était elle aussi une mutante... pour la première fois, elle pourrait confier son pouvoir à quelqu'un. Quelqu'un qui partagerait sa différence et qui pourrait la comprendre. C'était un risque à prendre... et Carmen décida de le prendre en restant sur place.

Pouvait-il être arrivé quelque chose à la magnifique et mystérieuse femme ? Bousculée par les danseurs, la jeune mutante attendait depuis plusieurs minutes lorsqu'elle commença à s'inquiéter. Carla ne connaissait probablement pas cet homme, quelque chose d'horrible avait pu arriver... Carmen prit donc sa décision. La latina fendit la foule, se glissant entre les fêtards qui dansaient comme des fous pour pénétrer dans les toilettes des filles...

La jeune mutante fronça les sourcils en voyant la scène. Que faisaient-ils là ? Pourquoi avaient-ils rendu inconscient ce pauvre jeune homme ? Elle sursauta en entendant la phrase. Des hommes de mains ??? Mais c'était une expression de criminels... cette magnifique jeune femme serait donc... ? Dans quoi s'était-elle embarquée ?

*J'aurais vraiment dû rentrer chez moi...*

Carmen sursauta à nouveau lorsque le baiser s'interrompit abruptement quand l'homme attrapa Carla par les cheveux.

*Faire attention à ce qu'elle pense ? Pourquoi ?*

L'empathe tentait de déchiffrer les émotions des deux personnes qu'elle espionnait, mais il y avait tant d'émotions, d'euphorie et d'excitation concentrée si près d'elle qu'elle n'arrivait pas à trier correctement pour "choisir" celle de Carla et de l'homme. Avait-elle peur ? Était-il furieux ? Elle l'ignorait, mais elle aurait bien voulu le savoir...

La main sur la bouche, Carmen était littéralement terrifiée de voir la laideur prendre la place de l'immense beauté sur le visage de Carla. Mais l'homme lui faisait encore plus peur, il semblait tellement méchant, cruel... inhumain, même. Elle était paralysée sur place, elle voulait fuir, mais en était complètement incapable... comme si une curiosité malsaine l'obligeait à poursuivre son espionnage. Et puis, la victime la regarda, et sa douleur, sa peur était tellement grande que ce fut plus qu'une information pour la latina, ce fut une peur réelle qui lui fit mal au ventre, une terreur qui lui fit monter les larmes aux yeux... et puis, le terrible homme approcha la seringue...

- NON !

Le puissant cri était sorti de sa bouche, malgré la main qui y était plaquée...

*Oh non ils ont sûrement entendu !*

La peur qu'elle ressentait n'était plus celle du pauvre danseur, c'était sa propre peur... qu'allaient-ils faire en la voyant ?

*Un radar ? Alors c'est bien un télépathe... mais pourquoi il ne m'a pas sentie ?*

Son coeur battant à tout rompre, sa respiration haletante, elle n'arrivait pas à se sauver. Carla l'avait vu, le dénommé Lupino aussi... elle était fichue ! S'ils décidaient de s'en prendre à elle... ses nerfs étaient tellement mis à l'épreuve qu'elle poussa un cri lorsque le danseur inconnu la prit par le bras et l'emmena dans sa course. Heureusement, d'ailleurs, qu'il avait eu la présence d'esprit de l'entraîner avec elle, car elle n'était pas sûre qu'elle aurait pu bouger d'elle-même.

- Non... non j'habite pas vraiment près, mais je... j'ai mon portable !!

Carmen courait derrière l'inconnu, grimaçant à cause de ses pieds rendus douloureux par ses chaussures à talons. Elle s'était préparée à sortir en ville avec ses amies, pas à courir le marathon pour sauver sa peau... la jeune femme fut donc soulagée lorsque l'homme s'arrêta.

- Non je suis pas sa copine ! Je la connais même pas, elle m'a juste vue et a...

Ce fut alors qu'il lui aboya d'appeler la police: Carmen sursauta et se tut immédiatement, commençant à chercher frénétiquement son cellulaire dans son sac à main doré.

- Et je leur dis quoi aux flics ?!

Elle sursauta légèrement lorsqu'il parla, l'arrachant à sa contemplation.

- J'habite à Vegas mais plutôt loin d'ici alors...

Lorsqu'il parla d'une Institut, la jeune femme cessa immédiatement de parler. Était-il sérieux ? Un établissement pour les mutants ? Une école pour les mutants ? Elle n'avait jamais pensé que ça pouvait être possible. Si oui, c'était comme un rêve devenu réalité...

- Une... une institut... pour les mutants ?!

[Même si nous n'avons pas imposé un nombre de ligne minimal, j'aimerais que tu étoffes tes messages. Pour te rendre jusqu’à l’Institut il sera important que tu atteignes un niveau de rp plus important, sinon tu auras un peu de mal avec les missions.]

Le danseur était agité, mais avait remarqué l'hésitation de la jeune femme. Elle ne connaissait pas l'Institut Xavier?! Tout le monde connaissait l'Institut pour mutos. Ils faisaient la manchettes des...Si Carmen habitait près de Vegas, elle n'avait surement pas les mêmes nouvelles que lui à la télévision. Le jeune homme haussa les épaules et secoua la tête, en signe de découragement. Elle ne téléphonait toujours pas à la police! Qu'est-ce qu'elle attendait?!

"Oui oui...Institut Xaviers pour les cu-culs mutés. Tu ne connais pas ca? C'est une secte de mutants à New York. Une école, d'après ce qu'ils disent..."

Il s'arrêta et lanca:

"Hey! Qu'est-ce que tu attends pour téléphoner à la police? Tu veux qu'ils nous retrouvent?! T'es capable de parler et marcher en même temps? Bah viens..."

Nunuche...L'homme soupira et marcha rapidement à travers le parc industriel. Plus ils avancaient, plus des blocs appartements devenaient visibles. Il se dirigea droit vers une voiture hybride qui devait avoir une 20 aine d'années et sortit ses clés. Il déverrouilla les portes et ouvrit celle du côté du chauffeur. Il regarda Carmen un moment, attendant patiemment.

Lorsqu'il se mit à avancer dans le parc industriel, la jeune femme composa rapidement le numéro de la police sur son portable. Bien qu'elle était éloignée du danger, il restait quand même une bonne part de panique dans sa voix lorsqu'elle s'adressa à l'homme qui répondit:

- Allô ?? Oui !!! Je sors du club Fiesta por la vida, il y a deux mutants complètement dingues qui ont failli tuer un type !!! On s'est enfuit mais je crois qu'ils sont toujours là et il y a plein de monde !!

Après avoir été assurée par le policier qu'ils partaient immédiatement pour le club, Carmen referma son portable, qu'elle remit dans son sac à main. L'homme qu'elle avait rescapé plus ou moins volontairement venait d'ouvrir la portière de sa voiture.

- Attendez... si vous me parliez un peu plus de cette institut ?? J'en avais jamais entendu parler... comment ça se fait qu'un truc pareil existe ? Qu'est-ce qu'ils font, là-bas ??

La latina tentait de ne pas se montrer trop intéressée par ladite institut, ce qui était plus ou moins concluant.

Un peu craintive lorsque le danseur prit cette posture mystérieuse,Carmen fut visiblement rassurée de le voir reprendre rapidement une attitude plus neutre et moins effrayante. Surtout pour une jeune femme qui avait eu son lot d'émotions fortes pour la soirée.

- Mais comment ils peuvent leur apprendre ça ?

La jeune latina prit place dans la voiture lorsqu'il lui ouvrit la portière. C'était vrai, comment pouvaient-ils ? Avec des professeurs ? Il faudrait alors un professeur ayant chaque pouvoir, puisqu'elle imaginait mal un hydrokinésiste lui enseigner comment maîtriser son empathie. Et vice-versa d'ailleurs. Elle se figea dans son mouvement pour attacher sa ceinture lorsqu'il lui demanda pourquoi elle était intéressée. Mais, fort heureusement, il lui tendit une perche que la mutante s'empressa d'attraper.

- Voilà, c'est ça. Je veux comprendre d'ou sortait cette femme. Cette emprise sur les gens... c'était trop bizsrre.