Sismo-protection

Le Salon

Prudemment mais sans lambiner, Camille traversait les décombres pour atteindre le sous-sol, comme Georgia le lui avait conseillé. La nouvelle architecture de l'Institut était totalement pop-art. En avançant, un point mine de rien important lui vint à l'esprit : qui pouvait en être responsable ? Il semblait acquis que tous les profs avaient un léger dérèglement mental, tous, sans exception. Bon. Mais qui était capable de jouer les Nobel-le-retour ? Pas Olivier, elle l'avait eu sous les yeux, il avait dit "Bouclier Sonique", pas "Foreuse pneumatique" ou "Attaque Sismique", elle en était certaine. A moins que les serpents aient en réalité été des vipères granitiques qui creusent leur galerie dans les matériaux rocheux ? Peu probable. Sahari non plus n'en aurait pas été capable, ne parlons pas de Cassandre. Richard, même s'il était très nombreux à lui tout seul, demeurait Richard, soit pas Goliath x 40. Peut-être Gabriel, mais il lui semblait que le message de "Au secours maman" concernant le professeur Layne venait de l'extérieur.

Alors qui ? Une attaque extérieure ? Carrie qui serait revenue en douce pour régler le compte d'Alixtide ? Adam qui se serait planté dans la nitrisation de ses benzènes ? Ou pire, un des élèves qui aurait lui aussi pété un câble, genre capable de faire des gros dégâts ? Ken ? Chloé ? Le Semtex que Iacobo vend sous le manteau ? C'était pas le coup de pied de Lyu sur un mur, au moins c'était sûr.

La question restait donc en suspens pendant que la Bretonne se frayait un chemin vers les couloirs inférieurs, qui s'étaient un peu délabrés quand les voisins du dessus leur étaient tombés sur le coin du nez - on le serait à moins. Peu d'endroits spacieux, et pas mieux niveau praticable. Les salles de classe pouvaient servir, mais elles étaient en terrain dangereux, situés en-dessous des lieux les plus sinistrés. Et le labo...vue l'adresse générale des jeunes mutants, mieux valait éviter à tout prix que quiconque y pénètre.

L'heureuse surprise au milieu de la déprime ambiante vint lorsque Camille, en désespoir de cause, se souvint de sa première journée à l'Institut qui lui avait valu de sauver Lyu - pour le résultat qu'on sait désormais, mais décidément, non, elle ne voulait pas y penser avant d'avoir accompli sa tâche - en lavant le X-Jet. Le X-Jet dans le spacieux hangar. Le spacieux hangar sous le terrain de sport, lui-même assez loin de l'épicentre indéterminé mais vers la cuisine ou les chambres, manifestement.

Elle courut et en ouvrit la porte. Rien n'avait bougé, il y'avait de la place. Au moins de quoi faire un abri le temps que...le temps que quoi ? Non, une chose à la fois, l'immédiat seulement, l'avenir, il faudrait s'en occuper plus tard.

Son communicateur se ralluma presque dès son arrivée sur les lieux.

Georgia, si vous voulez un abri, le hangar est nickel, y'a de la place, et l'avion tient debout jusqu'à preuve du contraire. Besoin d'aide pour quoi que ce soit ?

Elle le garda allumé, décidée à ne pas jouer une fois de plus les boulets.

Le dispensaire de la mort

Boitillant de façon un peu gauche, la New Yorkaise après de multiples pérégrinations déboula dans le hangar.

Georgia avait eu sa dose d'action. On l'avait passée à tabac. Elle était tombée par le trou béant du couloir. Nono lui avait filé un mal de gorge. Elle avait pillé et non dévasté les chambres. Puis elle avait installé la dépouille inanimée de son pote le chinois. Et enfin, elle avait massé les pieds de River... ou presque !

Alors, elle pouvait s'accorder le prétexte d'une mission pour aller voir quelques instants sa belle... Elle qui ne l'était plus trop en ce moment !

La New Yorkaise torse nue, sale, boiteuse, soufflant comme une porcasse, s'approcha donc de sa puce adorée. Elle marqua une pause. Et se recoiffant, enleva par la même occasion quelques onces de plâtre de sa chevelure en diable...

Un peu émue, beaucoup débraillée, elle s'approcha à pas de louve et enserra la taille de Camille brusquement.

"Alors je t'ai manquée ?" lança t'elle de sa chaude voix toute saganienne et franchement éraillée à l'oreille de la française.

La gouaille marquée avait pour but de masquer l'émotion. Même si au point où elle en était, Georgia n'en avait cure de pleurer un peu plus un peu moins...

Soulagée d'avoir pu retrouver sa puce, Georgia se laissa aller quelques instants à l'émotion. Si l'heure de la gravitude était largement passée, il ne fallait pas pour autant perdre tout espoir. Quelqu'un, quelque chose les avait enfumés comme des lapins de 6 semaines, mais elles avaient survécus non ?

"C'est gentil, mais là je suis pas sure de pouvoir transférer quoique ce soit... Et bon, je tiens le coup. Après tout je ne suis pas gravement blessée. Et je sers un peu à rien : laissons les soigneurs et les soins aux vrais héros ! Moi je vais aller et si tu vas, c'est l'essentiel".

A la différence de Luna, Alex, Louis, Kieran, David, Lyu et surement quelques autres...

Georgia s'écarta un peu, considérant le lieu.

"Hummm" commença t'elle un doigt interrogateur sur le menton.

"C'est pas mal, pas mal du tout... Faudrait juste ramener des couchettes, des provisions, des vêtements chauds, ce genre de trucs..."

Elle fit quelques pas...

"Sinon, pour information je t'annonce que Lyu n'est pas le seul à être tombé... Y'a aussi Kieran, un garçon qui s'appelle David, Luna, Louis et Alex je pense aussi... En revanche Alix va bien si ça peut te rassurer. T'as des nouvelles d'Abaigh en revanche ? Je ne l'ai pas vu ?"

Elle alla s'asseoir à même le sol. Puis reprit, avec sa belle voix éraillée :

"Ca me soulage de te voir. Honnètement, prise dans le feu de l'action j'ai rien pu voir passer... Richard qui devient fou, l'Institut qui s'écroule. Pis Noémie qui respire plus. Après l'infirmerie, l'expédition avec Rachel... La mort de Lyu... Ca fait beaucoup pour une seule pauvre fille comme moi"

Georgia baissa la tête contemplant le sol sans vraiment d'attention.

"Je me demande bien ce qui va se passer en fait. Et je pense que je serai pas à la hauteur. Je me tirerai bien mais pour aller où ? Et bon, je ne peut pas non plus partir. C'est pas possible. Sans toi..."

Elle se gratta les cheveux et dégagea là encore du plâtre.

"Je me demande aussi comment on va faire sans prof'... Visiblement ils ont tous pêté un cable et sont enfermés quelques part. Enfin de ce que j'ai pu entendre à l'infirmerie... Ca va être le chaos. Déjà tout le monde dit un peu n'importe quoi... Et ça s'échauffe assez rapidement aussi !"

Relevant la tête, l'air toujours perdu.

"Parce que bon, si on s'organise tu crois que ça va être mieux ? On va se retrouver avec un super chef comme Ken ou ses amis cagoulés des Justix ou un truc dans le genre et ça va être galère..."

Puis reprenant son sourire malingre :

"Enfin on va pas se laisser abattre. Tant que t'es là, moi ça me va, je veux voir la suite".

Georgia sourit timidement...

"Tes mignonne... Vraiment. Je me sens un peu nulle là. A trembler comme une gamine. Je croyais être plus forte que ça"

Effectivement elle avait les mains agitées.

"Clair pour Abaigh... J'espère qu'elle n'a rien. Et que tout le monde va à peu près bien"

Le regard perdu au loin, elle se mit à repenser quelques instants à Lyu. Puis se ravisant, elle ajouta :

"En fait ce qui nous faudrait, c'est en débattre une fois que ça sera calmé les urgences tous ensemble, sérieusement ! Il faut réagir. Mais pas faire n'importe quoi. Ne pas confondre empressement et précipitation".

Une lueur venait d'apparaître dans son regard vide. Signe précoce d'espoir ? Elle se calma.

"Moi j'ai pas envie d'être énorme. J'ai pas envie de faire quoique ce soit d'extraordinaire. Si je peut aider, ça sera mieux... Mais si je demeure inutile, bah, ça fait que 18 ans que ça dure..."

Claquant sa langue, elle revint à des considérations plus pratiques.

"Mais pour cette nuit, on peut emménager le hangar. Pour ça, je te conseille de finir de piller des trucs dans les chambres... C'est pas forcément très stable tout ça, mais si tu peut courir tu devais t'en sortir. Sinon avec Rachel on avait récupéré deux trois trucs. En fait faudrait surtout transbahuter les trucs du sous sol et de l'infirmerie ici. Enfin, je crois..."

Elle baissa les yeux. Elle était trop claquée pour se reposer ou se détendre. Le sommeil serait un oubli salutaire mais ce ne serait pas pour tout de suite...

Infirmerie

"Ken et ses JustiX cagoulés ne devraient pas déranger pour quelque temps! En tout cas, pas Ken. J'ai l'impression de sortir avec le Président: "Duty Calls" et je n'existe plus...Il est mieux de se surveiller au cours des prochains jours parce que sinon je le téléporte au dessus du Grand Canyon...

Rachel était restée à l'entrée du Hangar quelques secondes pour ne pas déranger les retrouvailles de Georgia et Camille. Elle avanca en balayant ses dernières parole d'un mouvement de la main et de la tête. Elle n'avait pas voulut ajouter autant de détails à son commentaire, mais c'était souvent plus fort qu'elle. Elle avait toujours une tonne de choses à ajouter à ses conversations, même si c'était inutile et un peu déplacé... Elle traina avec elle les couvertures qu'ils n'avaient pas pris à l'Infirmerie...Ou peut-être ne les avaient-ils pas prises parce qu'elle s'était sauvé avant!

"J'ai amené de l'aide! S'il m'a suivit..."

Elle se tourna pour voir si Ephram l'avait suivit. Elle avait lâché sa main à la moitié du trajet. Rachel se doutait bien qu'il ne l'écoutait probablement pas. Elle avait la fâcheuse tendance à parler pour ne rien dire lorsqu'elle s'ennuyait...Et le trajet jusqu'au Hangar était long et ennuyant: Elle avait du embêté Emphram de récits de vie peu interessants (selon l'opinion) sur la vie à la campagne et la guitare jazz.

"J'ai des couvertures...on prend quoi pour faire des matelas? Ca me dit vraiment pas d'aller fouiller dans les débris des chambres des garcons...Ca doit être l'enfer."

Le demi-sourire de Camille revint illico en écoutant Rachel parler de son keum. Guidé par un devoir divin. Il aurait du s'appeler Jésus O'Connell, ou Moïse O'Connell.

C'est cool que le devoir l'appelle, mais il pourrait prêter le téléphone aussi de temps en temps, histoire qu'on ait l'air de servir à quelque chose...enfin...

C'était bien beau d'avoir des responsabilités, mais inutile de s'en créer. Le but, dans cette situation, c'était d'émuler assez efficacement pour que tout le monde se sente investi. Pas qu'un sauveur surgisse des décombres pour mener les mutants vers un nouvel Eden.

Pour les couvertures, ça sera juste pour quarante, mais c'est un bon début. Justement, je pensais qu'elles seraient utilisées comme matelas...on va devoir vivre à la dure, ça m'étonnerait qu'on trouve suffisamment d'édredons. Et inutile de créer des différences de confort, n'est-ce pas ?

Une querelle parce que machin est mieux installé que chose, rien de plus stérile ni de plus tenace. Elle s'accroupit une dernière fois derrière Georgia.

Evidemment que je suis mignonne. Et la prochaine fois que tu te dis inutile, je mords. Bref, si je croise Ken-va-t'en-guerre, je lui susurrerai ton idée de réunion. De toute façon, pour sauver le monde, il faudra bien qu'il emprunte le Jet, histoire que la photo dans les journaux soit classe. Je l'alpaguerai en chemin.

Elle se releva et regarda Rachel et son camarade.

Je retourne vers les chambres trouver du tissu. Plus on en aura, mieux ce sera. Je vais un peu faire les fonds de tiroir, commencez déjà à installer en m'attendant ! J'essaierai de faire vite.

Puis elle partit en courant vers un des couloirs.

Vers un des couloirs, donc.

Infirmerie

Ephram sourit à nouveau à la remarque Rachel au moment où ils débarquaient dans le Hangar surprenant Georgia et Camille. Rachel s’était lancé dans une diatribe contre Ken, son petit-copain d’après ce qu’il avait pu comprendre durant le trajet. Malgré ce qu’elle pensait, Ephram était du genre très attentif. Bah de toute façon il n’avait pas d’autres choix, il ne pouvait pas parler, juste écrire ou parler en langue des signes, et ça, la plupart des gens ne savaient pas faire … Certaines personnes ne s’étaient pas cachés de dire qu’elles avaient l’impression de parler à un mur, de ne pas avoir de réponse. Bah que pouvait-il y faire ? Le jeune homme mettait déjà toute sa bonne volonté » à répondre au mieux qu’il pouvait, et tout son optimisme pour ne pas sombrer dans une dépression et se renfermer. Bref …

Hochant la tête il débarqua dans le hangar avec les rideaux qu’il avait ramené des classes auparavant. Il observa Rachel en fronçant les sourcils puis souriant à nouveau. Ben oui qu’il l’avait suivit, d’ailleurs préférait être là plutôt qu’à l’infirmerie où trop de tension s’était accumulée d’un coup. Il posa les rideaux contre un mur, et l’australien se mit à écrire.

Ephram Paye a écrit:« Les rideaux, serviront de couvertures aussi, ou à défaut : on dormira dessus. »

Bah en situation de crise, comme c’était le cas, il ne fallait pas chipoter sur les moyens. On faisait avec ce qu’on avait, ou plutôt ce qu’on avait pas. Il était vrai que d’après ce qu’il avait entendu l’étage des gars était dévasté, ce n’était pas la peine d’aller encore risquer des vies là-bas dedans juste pour un ou deux matelas encore saufs, qu’on se bataillerait plus tard.

Ephram Paye a écrit:« Peu de matelas = conflit ; pourquoi pas coussins du salon ? »

proposa une nouvelle fois par écrit. Son raisonnement ne devait pas totalement être faux, puisque déjà on se battait à l’infirmerie sur les morts, sur une cigarette où il ne savait qu’elle autre rancune que gardaient au fond d’eux certains étudiants de l’Institut. Camille pensait sans doute la même chose en parlant, cela ne servait à rien d’aller voir des matelas, ils devraient dormir presqu’à même le sol pour cette nuit en tout cas.

Puis il entendit le message de Niko dans le communicateur et Rachel y répondre. Il la regarda et pointa son doigt vers elle puis vers lui et haussa les mains et les épaules. Il voulait dire par là si elle voulait qu’il les accompagne, ou du moins pouvait les accompagner au sujet de la nourriture. Ephram espérait juste qu’elle comprenait.

=> Jardin

Dirigé au radar, réagissant plutot qu'agissant, Bart avait déambulé parmi les débris du batiment pendant quelques temps, sans savoir vraiment ce qu'il cherchait. Il en avait profité pour refaire le point. Ou se trouvait il ? Qui était il ? Ou allait il ? Ce genre de question existentielle lui avaient permis de prendre du recul sur ce qu'il venait de vivre. Il avait croisé plusieurs autres étudiants _ que des étudiants _ dont certains étaient blessés, et beaucoup parlaient de morts. Il allait y avoir des corps a enterrer, des messes a dire. Il allait y avoir des mémoires a honorer. En traversant les décombres, Bart pensait a tout cela, mettant en relation les données, analysant, comparant, expérimentant, il essayait de réduire une équation qui lui donnerait le chemin, la voie a suivre.

En fait de voix, ce fut celle de Rachel qui le guida. Elle s'exprima apres le message de Niko via le communicateur. Elle invitait ceux qui le pouvaient a venir aider aux hangars. Bart n'avait rien d'autre a faire et manquait cruellement d'occupation, d'auto satisfaction, du simple sentiment d'etre utile, de servir a quelque chose. Aussi se dirigea t il vers le hangar. Il apercu Camille qui en sortait, mais celle ci ne le vit pas.

Dans le hangar, il y avait Rachel, Georgia et un jeune homme qu'il n'était pas sur d'avoir croisé souvent, d'ailleurs son nom lui échappait. Il ne savait pas vraiment comment réagir. Rachel lui avait paru la plus dynamique, aussi est ce a elle qu'il s'adressa :

"Salut. Je viens du jardin. Gabriel Layne, le professeur, il a attaqué des éleves, il y a eut un mort. J'ai cru comprendre que c'était la meme chose ailleurs. Vous avez une idée de ce qui se passe ?

Et sinon, vous organisez la survie ici ? Vous avez besoin de quoi ?"

Georgia regarda Camille s'éloigner avec regrets... Ainsi, elle ne pourrait pas profiter de quelques instants de repos et de tranquillité ! Elle se mordit la lèvre, il y'avait plus urgent que la tendresse, l'affection pour l'heure...

Ce qui n'empêcha pas Georgia de lancer un regard noir à Rachel qui venait de débarquer et qui visiblement avait écouté une partie de leur conversation sans se manifester...

Il y'avait certes plus urgent qu'une mise au point stérile, mais la New Yorkaise n'en avait cure.

"Faire attention à quoi, Rachel ? Tu as surpris une conversation privée et ça me navre et ça me vexe"

Elle avala sa salive. La haine était mauvaise conseillère aussi elle essaya de se détendre.

"Je ne vais pas faire attention à mes propos. Je ne vais pas me mettre à apprécier Ken parce que tu l'aimes. Et je ne vais pas le trouver extraordinaire pour te faire plaisir. Je suis franche, tu devrais au moins me reconnaître ça".

Georgia fit quelques pas, hésitants, boitillante...

"Et si je dénigre Ken, c'est aussi pour certains propos que je n'ai pas forcément digérés... Tu vas me dire : il y a prescription au vu de tout ce qui s'est passé, certes... Et ça ne changera rien au fait que si Ken est blessé ou en difficulté, je l'aiderai. Je ne pense pas qu'on puisse m'accuser de ça, tu vois, je ne suis pas en très bon état".

Elle s'appuya contre le mur.

"Et t'as raison. Il ne faut pas regarder que la surface. Et c'est bien que tu le défendes aussi. Et c'est super. J'aurai aimé qu'on me défende un peu dès fois aussi : comme la fois où River m'a crachée dessus au cours d'Adam. Ou à chaque fois qu'elle me menace ou m'insulte. Ou pour toutes les fois, où je passe pour une pauvre folle, j'aurai aimé qu'on cherche en dessous pour voir ce qu'il y avait".

Georgia redressa ses yeux fatigués.

"Mais bon, c'est plus simple de me prendre pour une irresponsable tout juste bonne à être sermonnée ou enfermée, non ?"

Elle attrapa une couverture et commença à réfléchir à où la mettre.

"Histoire de ma vie quoi. Personne ne me connaît. Et c'est pas plus mal. On a du boulot après tout"

Georgia déplia la couverture et les yeux un peu embués regarda les papiers du jeune muet.

"Ouais les coussins du salon, c'est une bonne idée. T'es un bon gars toi. Si t'y vas, prends bien ton bipper et fais moi sonner si il y'a un problème. Moi je vais essayer d'aménager le hangar".

Elle se sentait encore plus minable qu'auparavant. Autant s'abrutir de boulot et ne plus penser...

Barth venait de débarquer. Pour aider. Elle le toisa.

"De couvertures, de rideaux, de coussins, de trucs pour s'allonger ou pas avoir froid, enfin ce genre de choses...." lança t'elle d'une voix fatiguée et rapeuse...

Bart ne s'était pas rendu compte immédiatement que les affrontements n'avaient pas fini partout. De toute évidence, Georgia et Rachel étaient en train de se prendre le bec, sur des sujets auxquels Bart ne comprenait pas grand chose et qui, de toute facon, ne l'intéressaient qu'a peine. Georgia toujours rebelle, éternellement fidèle a elle meme. Il ne la connaissait pas, comme elle se plaisait a le rappeler, mais il connaissait le personnage, celui qui criait, qui revendiquait toute sorte de combats, qui se baladait toujours a poil ... il pensait alors cette jolie phrase qui n'était pas de lui : voila une femme touchée d'un curieux sens de la pudeur, qui veut qu'elle montre son cul pour mieux cacher son coeur. Et qui serre le poing en recherche d'une cible a rouer de coups et d'insultes. Face a cette tempete en puissance, Rachel eut sans doute la meilleure attitude, celle qui consistait a adopter profil bas, a laisser la violence ruisseler sur une armure d'intégrité. Bart copia cette attitude au cil pres.

Il lui répondit d'un drole de soupir lorsqu'elle lui fit la liste des professeurs et de leurs (mé)faits, accompagnant cela d'un "Ils étaient partout" fatigué. Entendant qu'elle parlait de se téléporter avec le jeune homme muet, il comprit qu'il s'agissait d'aller au ravitaillement, comme le proposait plus tot Niko. Il n'avait lui meme aucune envie de rester ici. Mais il y avait probablement plus a faire ici. Il remit donc a plus tard ses envies de respirer. Mais il y avait une autre chose qu'il faudrait mettre au point.

"Il y a un autre problème que la bouffe ou les couchettes. Ca part en sucette un peu partout, la moitié son en train de pleurer et l'autre en train de ruminer des envies noires, et si personne ne s'en occupe ca va pas tarder a exploser. On n'a plus personne a qui se réferer, si tous les profs sont en salle de danger."

Le bout du rouleau. C'était le bout du rouleau, mon ami. Mon seul ami. Et bientôt ils ne t'entendront plus, ni ne te verront...

Georgia écouta, amorphe, anesthésiée les bondieuseries de Rachel... Elle avait raison la canadienne. Mais la vérité de Georgia, toute personnelle et subjective qu'elle était, ne connaissait ce genre de raison que son coeur ignorait.

Elle se contenta donc d'écouter. Et puis ce fut tout. Tout le monde était passé à autre chose. Les atermoiements de la New Yorkaise qui craquait et qui s'enfonçait chaque minute un peu plus n'intéressait personne. Martyrosaure va !

Elle regarda Rachel. Elle la fixa au fond des yeux. Du moins, essaya, les siens étaient humides. Trop humides. Et son coeur battait trop vite. Et au fond, à quoi bon réparer des mutants que le lendemain s'empresserait de réduire en miettes ? Et à quoi bon faire un naufrage cérébral en direct live si c'était pour que personne n'y assiste ? Georgia se dit qu'elle allait faire plus que sombrer. Plus radical. Plus personnel. Plus intime.

"Amuse toi bien Rachel" lança t'elle en claquant des talons. Au passage elle récupéra un manteau qu'elle enfila et quitta le hangar sans se retourner...

Jardins

Georgia s’en alla, Alec avec qui il avait vécu l’attaque de Sahari débarqua dans le Hangar, proposant sac de couchage, vêtements chauds et nourriture. L’australien lui sourit, il n’vaait pour le moment besoin de rien, sa veste lui suffisait pour l’instant et la faim ne se faisait pas ressentir outre mesure.
Il ne le connaissait pas, mais les récents évènements avaient deux tendances : rapprocher ou opposer les étudiants de l’Institut. Pour lui c’était surtout rapprocher, ainsi il se sentit proche d’Alec qui d’ailleurs n’avait pas été épargné par le professeur Fouba. De plus il avait envers le jeune homme un élan de compassion : il n’était pas arrivé à l’Institut au meilleur moment, mais au moins il savait maintenant que cet endroit révélait autant de merveilleuses choses, que de funestes destins.

Ephram eut un rictus silencieux après avoir écouté Rachel. Il s’était un peu emporté avec cette histoire de téléportation et il était vrai qu’ils n’avaient plus eut pour le moment de message de Niko. Il devait sûrement être occupé à rassembler des provisions … ou à les manger. En attendant comme l’avait dit la jeune femme, il fallait se rendre utile et essayer de monter des lits ou d’aller chercher du matériel pour pouvoir dormir. L’australien prit donc les couvertures qu’ils avaient réussis à rassembler et commença à les étaler le long des murs. Puis en prenant un des grands rideaux qu’il avait tiré d’une des salles de classe il releva la tête. Tassant le rideau il montra du doigt le plafond et s’en alla du Hangar. Direction le salon.


Salon

-Je ne suis pas certain que ça ne peut plus recommencer, qu'ils ne se feront pas posséder leur esprit une nouvelle fois? Il faudrait...

Le message coupa. Les piles du communicateurs de Nan' étaient mortes et ça risquait de ne pas tarder pour les autres aussi...

Quelques minutes plus tard, Nan' arriva, au pas de course, suivi de ceux qui avaient bien voulus le suivre, évidemment. Dehors, le temps était capricieux, la neige faisait des siennes. Il alla directement à Rachel.

-Tu as eu mon message? J'ai un mauvais pressentiment! Si ils ont pu se faire contrôler une fois par des gens, pourquoi pas une deuxième fois? Ils pourraient nous attaquer encore et...

Nan' ne termina pas sa pensée : nous tuer tous cette fois. Il relança un coup d'oeil autour de lui. Il s'y trouvait de nombreuses couvertures, coussins, draps, nourriture et autre. C'était donc cela que les gens faisaient alors qu'il socialisait. Il s'en voulu l'espace d'un instant, mais son impression subsistait. Ils avaient ramassé tout cela pour leur confort de la nuit prochaine. Mais, ne connaissant pas Maslow, Nan' plaçait sa sécurité bien avant son confort. Aussi préférait-il dormir sur le béton dur et froid (et sur ses deux oreilles), mais vivant, que sur un matelas, au chaud, l'esprit tourmenté.

-Je ne me sens pas en sécurité...

Il parlais d'attaque... Alec préferais ne pas y pensé,machinalement ça main tomba sur son couteau,ça lui servais de fourchette parfois,il regarda celui ci un instant et le rangea dans ça poche,puis il regarda l'indien et la jeune téléporteuse,avant de dire avec ce qui pouvais resemblé un a sourire.

-Et puis vue que l'on est au courrant on pourra plus rapidement stoppé les...prof! on pourra surment une fois bien préparé commençé une offensive! histoire que ça n'arrive jamais plus!

il avais employé un ton assuré! il ce voulais rassurant,pas sur que ça marche,il avais aussi peur que les autres,il regarda les couvertures avant de lancer.

-Bon il vas falloir pensé a dormir! ou du moins ce reposé! sur la route pour évité le froid et de ne pas avoir pas mal partout! je mettais des affaires sous mon sac de couchage ou j'allais dans les zones très herbeuses! la si on a assez de couverture on peu en plié en deux ce qui fera office de matelat! ça évitera de dormir a meme le sol! car je doute qu'il y'est assez de matelat pour tout le monde sinon!

Il cherchais partout histoire de trouvé une solution,pour rendre l'endroit agréable enfin a dormir.

-Si il y'avais des barres ou des Arbres on aurai pu dressé des Hamac de fortune!

Il regarda le X Jet.

-Y'a pas des Parachutes la dedant ? on pourrais s'en servir aussi!

ça y'est il était lancer.