Une visite rapide

[ terrain de sport chambre d'Amy et Fabiola (ellipse)]

En quittant le terrain de sport, Amarenna était allée directement dans sa chambre, le sac sur son épaule afin de prendre une bonne douche et de se changer. Elle y resta un moment d'ailleurs. Sans doute plus longtemps que ce à quoi elle s'était attendue. Mais cela faisait du bien. Un instant, elle se retrouva à nouveau au naturel, vêtue d'une serviette autour de son corps et d'une autre pour retenir ses cheveux trempés. Se regardant machinalement dans la glace, elle grimaça et tourna la tête vers le sac das lequel se trouvait encore la crème d'Ivy. Elle doutait que celle-ci enlève les marques du jour au lendemain. Mais, néanmoins, cela ne pourrait pas lui faire de mal. Elle l'utiliserait le soir même. S'hydrater le visage ne pourrait qu'être bon pour sa peau abîmée par la Méduse folle. Elle secoua la tête et se remaquilla pour dissimuler les traces avant de s'habiller d'un simple petit pull en laine bleu ciel et d'une jupe longue noire. Elle se posa ensuite quelques instants sur son ordinateur pour répondre à ses mails et quitta ensuite le confort tranquille de sa chambre.

En arrivant en haut de l'escalier, elle put se rendre compte qu'il y avait du monde en bas. Décidément, le hall ne faisait pas exception au reste des lieux. Y avait-il un seul endroit, outre les chambres dans ce chateau où l'on pouvait être tranquille? Elle commençait à en douter. Le calme rlatif de la maison parentale lui manquait. C'était le moins que l'on pouvait en dire. Néanmoins, une telle activité pouvait avoir ses avantages. Il y avait toujours quelqu'un si l'on en avait besoin. Elle para son visage d'un sourire simple et descendit l'escalier.

"Bonjour tout le monde." fit-elle à l'ensemble des personnes présenes avant de se tourner plus particulièrement vers Nathan.

"Tiens, Nathan! Ca a été ta première nuit ici? Tu t'habitues bien?"

La jeune femme se tourna ensuite vers la jeune femme quisembait être le centre des attentions cumuées d'Abaigh, Jay et Nathan. Son visage ne disaitrien à la franco-américaine. Sans doute une nouvelle venue.

"Bonjour, je m'appelle Amy. Je vois que tu es déjà en de bonnes mains."

La jeune femme agissait avec son naturel habituel. Difficile de croire que la veille elle avait cru voir sa dernière heure arrivée et qu'elle en portait encore la cicatrice. Cicatrice invisible, ou presque, sous le fond de teint qu'elle portait. En fait, seul un oeil avisé, ayant connaissance de la blessure pourrait le voir. Mais comme ces personnes étaient relativement peu nombreuses, la jeune femme ne s'en faisait pas. Bien entendu, cela la touchait au plus haut point. Elle n'avait pas eu le temps de se défendre et comprenait d'autant mieux le besoin de Hjördis d'apprendre à se battre. Machinalement, elle commença à porter la main à son visage avant de reposer sa main sur la rambarde de l'escalier. Le communicateur de Jay résonna alors, apportant une diversion bienvenue. Amarenna détourna un instant le regard, le reportant sur Nathan. Elle aurait voulu lui parler de ce qu'il avait vu avant d'arriver à New York, mais ça n'était pas le moment. Il y avait trop de monde. Dommage. Elle reporta ensuite son attention sur l'ensemble du groupe.

L'odeur pestilentielle parvint aux narines de la franco-américaine en même temps qu'à celles des autres. La jeune femme fronça le nez, se retenant de se le boucher. Un peu de savoir vivre ne faisait pas de mal, même dans les pires situations. Elle se demanda, pour la énième fois au moins depuis son arrivée comment il faisait pour se supporter. La réponse était simple, pourtant. Il ne se rendait compte de rien. Ne se rendait-il pas compte, pourtant, qu’il avait un problème d’odeur corporelle et de goût vestimentaire ? Personne d’autre ici n’agissait comme lui. Amarenna se prit à songer une fois de plus que la place du breton était dans un asile de fou et non pas ici. Mais bon. Elle n’y pouvait rien s’il était là et s’il les empuantissait tous. Enfin. Ce n’était qu’un mauvais moment à passer, de toute façon. Elle se retourna donc vers ses camarades et vers Jay qui demandait si Abaigh ou elle-même pourrait conduire Charis à sa chambre. Amarenna regarda l’Oryx, attendant de voir ce qu’elle en pensait pour répondre. Celle-ci proposa à la place d’aller dans la cuisine. La jeune femme se prit à songer après un nouveau regard en biais à Alixtilde que toutes les places valaient mieux que celle où ils se trouvaient pour l’instant. Plus loin serait le mutant odorant, mieux elle se porterait. Elle se garda, cependant, de justifier sa réflexion à voix haute.

« Oui, pourquoi pas… Et je crois le souvenir que Hjördis a fait à manger. Je ne sais pas ce qu’elle a préparé, par contre. Moi, je me contenterai d’une pomme, je pense. »

Une pomme. Un jour, ils finiraient par s’étonner de la voir si peu manger, et principalement des fruits ou des légumes. En même temps, elle était presque végétarienne depuis son retour aux Etats-Unis. Il n’y avait guère qu’avec la nourriture chinoise qu’elle ne faisait pas attention. Mais les portions américaines, et tout ce qui était hamburgers, l’avaient dégoûtée presque complètement de la nourriture. Les américains avaient tendances à s’empiffrer de choses infectes. Elle coula un nouveau regard en biais à Alixtilde. Bien qu’il ne soit pas américain, il se goinfrait de tout et n’importe quoi. D’ordures, principalement. La jeune femme frémit et reporta son attention sur Charis qui enchaînait et se présentait. Elle hocha la tête à son attention. La jeune femme, visiblement, semblait emballée par la proposition de la cuisine. Adjugé vendu donc, pour la cuisine.

La jeune femme tourna alors la tête vers Nathan alors qu’il répondait à ses questions. Elle sourit lorsqu’il parla de Math dans les termes d’un idéaliste. Elle ne connaissait pas très bien son coéquipier, mais imaginait sans mal que ce devait être difficile de partager la chambre d’un adolescent américain de base lorsqu’on venait d’un univers totalement différent.

« J’imagine que ça doit te changer… » répondit-elle sans préciser s’il s’agissait de la compagnie ou du calme ambiant.

Nathan, en tout cas, était quelqu’un d’intrigant. Entre ça et ce qu’il avait évoqué la veille, la jeune femme avait plus encore envie de parler avec lui pour comprendre mieux les choses. Visiblement, il avait remarqué son regard insistant puisqu’il resta légèrement en arrière, comme s’il attendait de savoir pourquoi elle l’avait regardé avec insistance. La jeune femme commença par se tourner vers les autres.

« On vous rejoint. »

Enfin, elle se retourna vers Nathan et baissa la voix, comme pour s’assurer que personne d’autre ne les entendrait.

« Ce ne sont peut-être, sans doute même, pas mes affaires, mais tu sembles connaître quelques trucs sur la chose qui m’a fait ça… » dit-elle en désignant d’un geste son visage avant d’enchaîner comme si de rien n’était : « Je me demandais comment tu en étais venu à enquêter sur cette chose. Et qu’as-tu pensé de ces phrases ? Comment savais-tu quoi dire à cette fille pour la faire parler ? Je…

Excuse-moi. Je sais que ça fait beaucoup de questions d’un coup, mais depuis hier, je ne cesse de m’interroger sur ce qu’il s’est passé. On était attendus. Comment ? Par qui ? Pour quoi ? J’aimerais bien trouver une réponse à toutes ces questions. Et peut-être pourrais-tu m’aider, vu que, que tu le veuilles ou non tu as été mêlé à ça. Bien sûr, si tu n’avais pas envie d’en parler, je comprendrais. »

La jeune femme se tut. La balle était dans le camp de Nathan. Accepterait-il d’échanger ses impressions avec elle ? En même temps, le hall n’était pas l’endroit le plus approprié pour ça. Mais à l’Institut, à part les chambres, il n’y avait nul endroit où l’on était à l’abris des oreilles indiscrètes.