Tente no°2- Georgia, Nora, Yamina, Kitty et Wind

5 Avril

La chaleur lui faisait du bien, et même si deux semaines auparavant elle était au chaud dans son pays, elle ne pouvait que se sentir chez soi dans ce climat. Elle avait installé une chaise au dehors de leur tente, et regardais la jungle, perdue dans ses pensées. Des dizaines de questions lui venaient en tête, et jusqu’à maintenant, elle n’avait pu trouver le temps de parler à son professeur référant sur un sujet qui la tracassait depuis quelques temps, à savoir pourquoi est-ce qu’il était un idole? Et l’idole de qui, mais surtout, pourquoi à l’ascension du mutant-dieu est-ce que les idoles tomberaient.

Elle avait peur pour Vadim, même si c’était un prêtre débile qui avait dit cela. Aussi, la question des cadavres la taraudait. Qui étaient ces cadavres? Des humains, d’autres mutants, eux? Tous ceux qui ne croyaient pas?

Aussi, elle était inquiète d’être séparé du restant de son équipe. En fait, il n’avait pas été formellement informé de ce détail, mais être séparé de ses Kokos ne faisait qu’augmenter ses craintes. Après tout, il commençait tout juste à commencer à bien s’entendre. Et Le petit Kala’ qui avait été blessé.

Pour ce changer les idées, elle avaient indiqué sur le sol ce qu’elle savait sur les récentes missions, c'est-à-dire, très peu de chose dans l’ensemble. Il lui faudrait d’autre info de gens qui étaient sur place.

Ou bien seulement quelques choses pour lui changer les idées.

Elle saisit son communicateur, et envoya un message à l’ogre rouge. Elle l’avait vu se balader dans la journée avec son adorable chapeau jaune. Encore une fois, elle se dit qu’il avait un goût prononcer pour une mode que lui seul suivait, et elle adorait cela.

-Monsieur Vadim, quand vous aurez une minute, vous pourrez venir me voir? J’ai quelques questions. Mais ce n’est pas urgent, prenez votre temps. Je suis prêt de ma tente.

Comme pour retarder encore un peu le temps des questions.

Nora était déboussolée de ce changement. Elle aimait les voyages et cette chaleur lui rappelait un voyage en Amérique du Sud. Elle s'y était rendu peu mais alors quels souvenirs agréable. Nora avait tout de suite été conquis par le Pérou. Ces couleurs, ces odeurs, les habitants et cette nature verdoyante comme montagneuse. Et toutes leurs histoires fantastiques, leurs mythologie. Par contre, Nora se sentait mal à l'aise, timide en fait. Elle ne savait pas comment parler à tous ces mutants Elle préférait capter ici et là une pensée pour se rassurer. Mais pas trop non plus à cause du stress et de la chaleur.

elle portait un chapeau indiana avec tour de cuir, une chemise nouée autour de la poitrine et une courte fendue. Elle détestait s'habiller ainsi et se trouvait moche et grosse. Elle repensa au paroles réconfortantes de Heike. Une bouteille d'eau, un étui pour sa flûte de Pan. Elle reprit son sac à dos et s'avança un peu au hasard. Puis en fixant le paysage et les tentes, Nora s'arrêta de nouveau.

Voyons, où devait-elle dormir. Nora se souvint du numéro de la tente, la 2. Elle observait autour d'elle tout ce déploiement, ces grandes tentes, cette végétation luxuriante, cette terre inconnue. Elle s'approcha de la tente et de la jeune femme qu'elle ne connaissait pas. Nora Winter n'osait pas poser ses affaires. Elle s'arrêta à un mètre cinquante de Yamina Gham et l'aborda par télépathie avant de couper brutalement et de continuer par la voix.

** Bonjou... **

" Hem, je... Je suis Nora... Je dors là... Mais je peux aller ailleurs. Désolée pour... "

* ça * pensa Nora. Elle se mordit la lèvre doutant que sa façon de communiquer soit appréciée.

[Saleté de déco mensuelle Insulte

]

Revenir sur Genosha n'était pas tout à fait du goût de l'anglaise. De la seule fois où elle y avait mis les pieds, le souvenir le moins triste qu'elle gardât était sans doute de s'être retrouvée avec une araignée ayant confondu sa jambe avec l'arbre voisin. Ils avaient traversé un charnier à faire froid dans le dos avant de se retrouver face à un monstre de métal voué à exterminer les mutants, Jen était revenue sévèrement brûlée ce pour quoi elle gardait toujours une certaine culpabilité, et Tim avait rejoint Ganymède, abandonnant son équipe, ce qu'elle avait toujours du mal à encaisser, bien qu'elle n'en parlât guère.

Elle n'aimait pas être là, et elle n'aimait pas cette chaleur étouffante. Sa peau n'était pas vraiment faite pour le soleil, et elle passait le plus clair de son temps isolée dans sa tente. Leur tente en réalité, qu'elles se partageaient à cinq. Elle s'était surprise à penser que Riv' aurait crié au scandale de devoir partager sa tente avec Georgia. A vrai dire, ça ne lui faisait pas plus d'effet que ça, pour ce qui la concernait. Tout comme elle n'avait rien à redire, ni en bien, ni en mal, de se retrouver avec Yamina ou Nora. Elle était cependant plutôt contente de pouvoir être avec Kitty. Pour le reste, la seule avec qui elle eût pu regretter de ne pas être eût été Jen, mais à tout bien y réfléchir, qu'est-ce que ça aurait bien pu changer ? Si Nova avait été sa coéquipière et confidente, l'inverse n'était pas tout à fait vrai. Et Jen n'avait pas vraiment besoin d'elle, n'est-ce pas ?

Elle n'aimait pas non plus laisser Kitty se débrouiller, mais ils étaient tous là, et elle savait que la fillette se débrouillerait bien sans elle, tant qu'il n'était pas question de... de quoi en fait ? Kit' se débrouillait bien mieux qu'elle pour encaisser tout ce qui s'était déroulé ces derniers mois, à vrai dire. Elle avait surmonté les morts et les départs mieux que sa grande soeur de coeur, et la londonienne avait toutes les peines du monde à ne pas montrer ses doutes chaque jour. Elle dormait toujours peu, et les cernes semblaient se creuser davantage chaque jour sur son visage, mais lorsqu'on essayait de le lui demander, elle répondait toujours que tout allait bien. Qu'aurait-elle pu répondre d'autre, de toute manière ? Des morts, ils en avaient tous pleurés, et tout le monde continuait à vivre, tout au moins le lui semblait-il. Ou peut-être était-elle trop centrée sur ses propres souffrances pour ne plus voir celles des autres, elle qui avait pourtant toujours fait passer le bien d'autrui avant le sien ? Ou peut-être que ne plus pouvoir s’occuper des autres, puisqu’ils n’avaient plus besoin d’elle, lui laissait trop de temps pour réfléchir à ce qui n’allait pas, et lui laissait de surcroît un sentiment amer d’inutilité qu’elle avait bien du mal à surmonter.

Chaque nuit, elle se réveillait les yeux embués et rougis, le coeur battant, et ne parvenait pas à trouver de nouveau le sommeil jusqu’au lever du jour. Alors elle se levait, et suivait les conseils de Miss Marcin pour améliorer son endurance. Le reste du temps, elle tâchait d’améliorer le contrôle de son pouvoir, seule sous la toile de tente. Elle était justement en train de cibler un point invisible de leur bivouac, espérant que personne, de l’autre côté, n’entrât dans sa ligne de mire quand des voix retentirent juste au dehors. Celle de Yamina, tout d’abord, qu’elle devina à ses propos mettant en cause son professeur référent, puis celle de Nora, qu’elle avait déjà croisée quelques fois et qu’elle associait toujours à l’homme-félin, Heike. Après un bref instant d’hésitation, elle se décida à prendre la parole. Après tout, la KozaX eût certainement choisi un autre endroit si elle eût souhaité converser avec Mr Vollkov en privé, ou ils partiraient sans doute bientôt de leur côté. Et puis Nora avait tout à fait le droit de réintégrer sa propre tente. Même si, tout au fond, elle eût préféré rester seule .

- Tu peux entrer, Nora, je suis là aussi, et c’est ta tente aussi après tout.

Rien dans sa voix maîtrisée ne laissait trahir sa déception, et elle inspira profondément avant de tourner son regard vers l’entrée, guettant l’arrivée de l’ancienne CeresiX.

La confirmation lui vint quelques secondes après, et il ne lui restait plus qu’à attendre l’ogre rouge. Une voix la tira de ses sombres pensées. Enfin, une voix dans ses pensées même. Une télépathe.

Elle leva la tête vers Nora, qu’elle n’avait que rarement croisé. Elle savait qu’elle avait été dans les Ceresix avant que Richard ne décide de retourner à ses anciennes amours. Elle lui tendit une main amicale, ne s’étant jamais présenté officiellement.

- Yamina, je crois qu’on s’est croisé l’autre jour dans le salon.

Avec son accident qui l’avait cloué au lit durant plus d’une semaine, et les préparatifs des derniers jours, elle n’avait pas eu le temps de bien connaître les nouveaux et si elle reconnaissait la plupart par leur visage, et était au courant du pouvoir de chacun, il y en avait beaucoup dont elle ne savait rien de plus, et Nora était de ce nombre.

- Voyons, tu es la bienvenue. Et puis, on a une tente de rêve. Un membre de chaque équipe, et même Wind qui a fait parti des X-Ray.

Une tente qui semblait avoir été créer exprès afin d’avoir le plus d’info possible sur toute les mission effectué, et ce de gens impliqué directement. En ce qui concernait l’intervention, elle ne pouvait qu’approuver l’usage qu’elle en faisait.

- T’inquiète pas. Il faut que tu développes ton pouvoir, je comprends que tu veuille l’utiliser le plus souvent. Et puis, je suis sur que ce faire parler en pensé est plus agréable que d’avoir quelqu’un qui te traverse, alors t’inquiète!

Elle se demandais souvent qu’est-ce que ressentais les gens dont elle était déjà passé au travers. De son côté, c’était plus comme sensation étrange et loin d’elle. Comme un coup de vent.

La voix de Wind les interrompu. Elle se rappelait bien de cette fois où les deux avait pu sauver des enfants retenus prisonniers, et contribué à sauver un mutant d’une attaque de foules. Elle aimait bien l’anglaise mais elle ne savait jamais vraiment trop quoi dire pour lui changer les idées. Elle avait tant perdu dans cet institut, bien plus que quiconque. Quand il s’agissait d’une mission ou d’un sauvetage, l’indienne était plutôt habile, mais pour réconforter, c’était Rachel la professionnelle. Elle avait été de l’expédition de Genosha avec les X-rays, et les résultats avaient été sanglants.

- Pourquoi tu ne viens pas nous rejoindre dehors Wind? Il fait un temps super, et les moustiques semblent être bien éloigné des tentes. On pourrait se conter des légendes de nos pays? Se changer les idées!

Nora imprima aussitôt le visage de Wind. Elle parlait à peu de monde en dehors des "bonjour" et autres banalité de savoir vivre. Wind, elle essayit de se souvenir où elle l'avait déjà vue. Peut-être avec la petite Kitty auprès des tombes. La frimousse de l'enfant faisait craquer Nora.

" Salut Wind ! " lui répondit-elle d'une voix calme limite froide qui se voulait polie. Nora paniquait un peu. Pourquoi au fait ? Ah oui, elle avait peur d'avoir une attitude déplacée, de dire un mot de trop, bref de faire une bêtise qui mettrait une de ses mutantes en colère. Elle inspira un bon coups en pendant pour elle-même :

* Je suis stupide. Nora, tu es stupide. Elles sont sympa et se moquent bien de toi, tu n'as rien à craindre. *

Elle serra la main de Yamina pas trop fort. Timidement. Nora hocha la tête pour confirmer qu'elle s'était bien rencontrée au salon. Son visage s'assombrit au nom des équipes, elle se rappelait alors être une ombre des CERESIX. Une époque qu'elle connaissait à peine mais qui lui plaisait. Par contre, elle fut intriguée par la remarque de Yamina sur ce que cela faisait d'être traversée. Le fait de ne pas être enguirlandée ni d'avoir peur d'elle fit sourire Nora. Un de ces rares sourire enchanteur, spontané et espiègle.

" Merci de votre accueil à toute les deux. Tu peux me traverser si tu veux... Pour la télépathie... J'aime ça, et la transmission de pensées, l'exploration de l'esprit est une vraie aventure avec des sensations très... Comment dire... ? Je me sens à la fois proche tout en étant en lieu inconnu... "

Nora sourit, rêveuse. Puis elle revient à la réalité et reprend une moue un peu plus réservée, presqu'inquiète. Elle est seule en territoire étranger. Aussi bien dans la tente que sur Genosha. Elle approcha de Wind avec une expression désolée sur le "salut" froid. Elle déposa son sac dans un coin et le ton qu'elle employa fut plus gentil. Plus agréable avec une pincée de peur. A peine discernable. Sauf pour Wind.

" J'espère que ça va aller. Je reste dehors mais tu peux juste te rapprocher en restant à l'ombre. "

Elle revint sans gestes brusques auprès de Yamina. Elle sortit sa flûte de Pan et souffla quelques notes avant de la ranger comme si elle avait fauté. Elle passa sa main dans les cheveux et but gorgée d'eau.

" Je connais des légendes d'Amérique du Sud. Plus du Pérou, avec Quezaltcoatl le serpent à plume par exemple... "

En attendant d’avoir la réponse de Wind, elle se mit en tête de rendre Nora le plus l’aise possible. Après tout, même s’il était en mission en ce moment, que les noms de codes étaient de mises (d’ailleurs, c’est un point qu’elle ne devrait plus oublier) et que la mort les guettaient à chaque coin de rue, cette soirée était plutôt pour relaxer, de connaître mieux ceux avec qui elle pourrait être en équipe, et d’un autre côté, se casser la tête pour faire des liens entre les différentes missions.

Et puis, elles seraient peut-être ensemble lors de la mission sur Genosha, et c’était le temps d’approfondir ses propres connaissances sur Nora. Comment réagissait-elle par rapport au danger? Et le développement de son pouvoir?

Malgré le fait qu’elle ne serait sûrement pas chef avant un bail, et c’était sans doute mieux ainsi, elle ne pouvait s’empêcher de penser comme telle. Après tout, elle était habituée, même lorsqu’elle n’était pas au commande, d’analyser la situation sous toutes ses coutures et de conseiller les autres. On ne pouvait changer un comportement aussi ancrer. Et puis , avec un grand chef comme Vadim, qui misait sur une stratégie toute militaire, elle ne pouvait faire autrement que de suivre sa nature.

- Non, je ne préfère pas. Ça doit être sympa de pouvoir ainsi communiquer. C’est un peu ce que je ressens aussi lorsque je traverse quelque chose. Cette sensation étrange d’être vraiment très près, mais aussi très éloigné de la personne.

Il n’y avait pas si longtemps que Nora était arrivé à l’institut, et elle se demandait comment elle trouvait son expérience.

- Tu étais dans les Ceresix non? C’était bien? Pas trop de peine et de misère?

Elle regarda la jeune fille sorti sa flûte et entamé un morceau, puis la resserrer dans son étui sans que L’indienne n’ait plus pleinement apprécier la musique. Dans cette jungle hostile et dans ce climat de tension, la musique avait quelque chose de magique, et elle fut déçue qu’elle la range. C’était en fait, beaucoup plus beau que le son de ces machins électroniques qui crachaient des sons. C’était plus pures.

- Pourquoi est-ce que tu arrêtes? C’est vraiment apaisant tu sais? Et puis, ça irait bien avec nos histoires, et la tienne surtout. J’en ai jamais entendue parlé.

Pour sa part, elle ne connaissait que quelques histoires toutes indiennes que sa mère lui chantaient lorsqu’elle était plus jeune et qui mettaient en scène des princesses et des princes indiens, ainsi que certaines créatures mythiques.

- Un serpent à plume… c’est plutôt inhabituel… Tu veux bien la raconter ?

Elle s’installa confortement, prête à se pendre à ses lèvres pour écouter son histoire.

Nora avait chaud et but de nouveau une gorgée. Elle ne voyait pas son rôle sur cette île. Génosha, le tombeau des mutants. Elle était novice et pas très utile. Et elle se sentait mal à l'aise ici. Un institut qui envoie ses élèves sur un charnier, original et morbide. Elle essaya de répondre naturellement en regardant Yamina.

- Désolée. Tu sais, avoir un pouvoir ce n'est pas juste quelque chose d'utilitaire. C'est une extension de soi, une partie de soi. Moi ça ne me gênerais pas que tu me traverses.

Nora était même excitée par cela. Qu'est ce qu'elle ressentirait, un frisson, une sensation de froid, rien... ?

- J'aimerais à l'occasion être dans ta tête lorsque tu traverses quelque chose...

Les mots étaient murmurés mais Yamina pouvait l'entendre et les joues de Nora s'empourprèrent. Yamina fut indulgente à cette remarque ? Toujours est-il qu'elle n'en fut rien et lui parla des CERESIX. Nora devint pensive quelques secondes avant de répondre nostalgique.

- Non pas trop de peine. La misère c'était d'avoir Alix hi hi Je plaisante. J'aurais aimé que les CERESIX survivent. J'ai bien aimé cette courte époque. J'avais l'impression d'avoir une famille.

Puis Nora joua quelques notes de sa flûte de Pan. Elle fut surprise et heureuse que le peu joué avait plu à Yamina. En général, ce genre d'instrument intéressait quelques minutes puis ensuite on préférait de la musique plus moderne. Elle ne répondit pas à Yamina sur la flûte.

Nora se déchaussa et s'assit en tailleur à l'entrée de la tente.

" Je vais vous raconter la légende du Serpent à plumes.

Au Mexique, au Xe siècle, autour du village de Tolla, s’étendait un jardin merveilleux, où “le coton poussait déjà teint” et où les épis de maïs étaient si “gros qu’on ne pouvait en faire le tour avec les deux bras”.

Dans cette antique cité toltèque régnait Quetzacoatl, le dieu barbu au visage laid et à la tête longue. On disait qu'il possédait toutes les richesses du monde, en or, en argent et en pierres précieuses, et aussi un grand nombre d'arbres de cacao dont il avait appris, à ses vassaux, la culture.

Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes, mais vint le temps où s'acheva la fortune de Quetzacoatl. Trois sorciers, envieux de leur bonheur et de leur richesse, vinrent à la rencontre de Quetzacoatl. L'un d'eux, le magicien Titlacauan prit la forme d'un vieillard chenu et lui dit :

" Seigneur, je t'apporte un breuvage qui est bon et qui enivre celui qui le boit; il t'attendrira le cœur, te guérira et te fera connaître la route de ton prochain voyage au pays où tu retrouveras la jeunesse".

Quetzacoatl bût, s'enivra et perdit la tête. Il fit brûler toutes ses maisons d'argent et de coquillages, et enterrer ses trésors dans la montagne et dans les lits des rivières. Il transforma les arbres de cacao en une autre espèce qui ne donnait pas de fruits.

Il partit pour le pays où il pensait retrouver la jeunesse, en direction du soleil levant, vers l'est. Il embarqua, paré de plumes, sur un radeau fait de serpents entrelacés, en promettant de revenir un jour, lors d'une année placée sous le signe du roseau. Il rapporterait à son peuple tous les trésors du Paradis.

Je pourrais en parler des heures, mais il y' a beaucoup de termes à retenir. En quelques phrases je peux te dire que son nom signifie littéralement « quetzal-serpent », soit serpent à plumes de quetzal » en nahuatl. Les Mayas l'appellent Kukulkán, et son nom quiché est Gukumatz.

En fait, on ne sait d'où vienne les Aztèques. Pour tout chercheur de l'Atlantide, ce lieu d'origine a une saveur particulière puisque nommée : Aztlan...

L'aspect civilisateur de Quetzalcoatl, il est le dieux des arts et des prêtres, donne à penser selon certain qu'il serait venu de l'Atlantide. Il est venu vers l'Est, vers les Caraïbes. Bien sûr, cela dépend des chercheurs.

Séduit par Tezcalipoca le dieu de la souffrance et le pire ennemi du Serpent à plumes, Quetzalcoatl finit par résister à la corruption et s'enfuit vers l'Est promettant de revenir à la tête d'hommes pâles et barbus, ce qui servit bien Cortez.

Mais j'aime aussi les légendes nordiques plus proches des hommes. Ils sont mortels et les histoires avec Thor sont drôles et satyriques. Ces dieux là ont de l'humour comparés aux dieux Grecs par exemple qui sont selon moi capricieux et assez misogynes vu le nombre de demoiselles violées. Par contre, je connais très peu les légendes indiennes. "

Puis elle sortit de nouveau sa flûte et la porta à ses lèvres en regardant tour à tour Yamina et Wind. Les notes jaillirent et une mélodie nostalgique emplie le cœur des rêveurs de couleurs et d'aventures.

Yamina et Nora se présentaient officiellement, et l’anglaise les laissa faire, silencieuse et immobile à l’intérieur de la tente. Un sourire amer effleura ses lèvres quand l’indienne la cita : qui a fait partie des X-Rays. Le passé était de mise, mais cette page-là aussi, elle avait bien du mal à la tourner. Au fond, quelque part, Nan et Jen étaient toujours ses coéquipiers, même si Gael, et Tim, et Iacobo étaient partis, même si Enzo était mort, même s’ils avaient été séparés. Elle donnerait sa vie pour les X-Plorer, si ça pouvait les protéger, mais elle le ferait tout autant pour les autres membres de l’institut... et plus encore pour les deux derniers Ex-Rays présents, et pour Kitty.

Contrairement à Yamina, cependant, Wind était bien mal à l’aise face au pouvoir de Nora, dont elle comprit l’utilisation toute récente au discours de la KozaX, et même la pointe d’humour que celle-ci ajouta à ses commentaires ne fut pas pour rassurer la londonienne, inconsciente de la compassion qu’elle suscitait sur sa camarade de chambrée temporaire.

- Ce ne sont pas les moustiques que je crains le plus, souffla-t-elle en réponse quand Maaddi l’invita à les rejoindre, mais le soleil... je n’ai malheureusement pas ton teint de peau Yamina...

Elle hésita. Se changer les idées, c’était sans doute une bonne idée, mais elle n’était vraiment pas certaine d’y parvenir. Se raconter des légendes de chez soi ? Elle ne savait pas trop ce qu’elle pourrait réellement raconter à vrai dire, et resta en retrait quelques instants encore, après un vague "Salut" en réponse à Nora, mais le fait que la télépathe ‘aime explorer les esprits’ n’était pas vraiment pour la rassurer. Peut-être qu’elle n’avait pas réussi à masquer suffisamment son trouble à ce sujet ? En tout cas Soulrider semblait-elle peu à l’aise, son ton de voix quelque peu vacillant, presque imperceptiblement pourtant. Son attention toucha la blonde, qui hocha seulement la tête et se rapprocha finalement de l’ouverture.

- Merci, murmura-t-elle à l’ancienne CeresiX avant que celle-ci ne ressortît et que quelques notes d’un instrument à vent ne retentissent.

*Musicienne ?* songea la cantatrice en herbe qu’elle était, tandis que Miss Winter énumérait les légendes qu’elle pouvait conter.

Yamina invitait leur camarade à poursuivre, et elle joignit sa voix à la sienne.

- La musique adoucit les moeurs... Je crois bien qu’ici on en aurait tous besoin. Continue, Nora, s’il te plaît...

Elle avait relevé un pan de la tente pour pouvoir croiser le regard de la jeune femme qu’elle associait au mutant félin. Il n’y avait nulle ordre dans sa voix, bien au contraire. Il s’agissait là plus d’une demande, presque une supplique. L’indienne demandait aussi qu’elle conte son histoire de serpent à plumes, et la londonienne, en bonne littéraire, se demanda où elle en avait jamais entendu parler. Ses connaissances tournaient plutôt autour de Shakespeare, de l’opéra italien et de ceux de Mozart, des mythes celtes, greco-latins et un peu de ceux nordiques, plus accessibles à l’anglaise qu’elle était.

La conversation restait pourtant encore tournée vers les pouvoirs mutants, leur utilisation, et la condition mutante par extension. Sans tout à fait s’en rendre compte, elle s’entendit renchérir.

- Ca n’est pas seulement un outil, c’est surtout une partie de soi, comme toutes nos aptitudes, notre langage, notre couleur de cheveux ou n’importe quel membre de notre corps. Ca n’est pas bien ou mal, en soi, d’avoir un pouvoir, c’est l’utilisation qu’on en fait qui peut l’être. Je pourrais tuer des gens avec le mien, si je le voulais... Je détestais ça, tant que je ne pouvais pas le contrôler, j’avais peur que ça arrive sans que je ne puisse rien y faire. Maintenant, j’espère juste que j’arriverai à nous protéger...

Sa voix n’était qu’un souffle et pourtant, elle ne doutait pas que les autres l’eussent entendue. Mais il y avait d’autres sujets de conversation sur le tapis, et celui des équipes n’était pas moins douloureux. Elle laissa Nora évoquer avec nostalgie les CeresiX, se gardant pour cette fois d’ouvrir la bouche. Elle eût sans doute donné l’impression de ne pas aimer sa nouvelle équipe, alors que ça n’était pas le cas. Simplement, elle ne pouvait pas tout à fait oublier les anciens, qu’ils fussent X-Rays ou X-Plorer d’ailleurs.

Quelques notes de flûte retentirent finalement avant que Soulrider ne raconte son histoire, et Wind ferma les yeux, pour écouter et la musique, et la légende. La musique la toucha davantage cependant et elle secoua légèrement la tête quant aux propos de sa camarade sur les mythes grecs.

- Les Dieux grecs sont très humains à leur manière. Ils sont seulement tout-puissants et n’ont donc pas de garde-fou. Zeus est un coureur de jupon invétéré comme il en existe bon nombre parmi les hommes, Héra une jalouse – à raison il faut bien l’avouer – colérique qui se venge sur les mortelles à défaut de pouvoir le faire sur son mari des infidélités de celui-ci, Aphrodite est vaniteuse dès qu’il s’agit de sa beauté, et ne supporte pas la comparaison... Leurs défauts sont humains, ils sont seulement plus exacerbés. Et malheureusement, les jeunes filles violées, ça n’existe pas que dans les mythes. Les hommes sont tout aussi doués pour ça...

Elle haussa les épaules, écoutant les quelques notes que la jeune femme égrenait encore à travers son instrument, fredonnant quelques notes à son tour, en harmonie avec celles de la télépathe. La musique adoucit les moeurs, disait-on, mais si elle l’avait souhaité fût un temps, elle doutait depuis qu’elle pût parvenir à panser ses blessures.

Aux paroles de la télépathe concernant son équipe, elle ne put s’empêcher de penser à ses Kokos. Ils ne s’entendaient pas très bien, et la plupart du temps, ils s’arrangeaient pour tout foutre en l’air dans des tentatives désespérées. La plupart avait soit déjà tué plein de gens, s’étaient fait tirer dessus, ou bien même attaqué par une mutante hybride. Il avait presque tous hérité d’un surnom ridicule, que ce soit Kalalinutile, ou bien même Vachmina, et ce par son chéri secret.

Néanmoins, elle n’aurait changé sa place avec personne d’autre. C’était sa seule famille, et des gens avec qui elle avait partagé tant de beaux moments malgré tout, en qui elle avait une confiance absolue. Des personnes de qui elle se rapprochait de jour en jour, de danger en danger, pour qui elle aurait donné sa vie.

Elle comprenait donc le chagrin de Nora, qui avait perdu sa petite famille à elle.

- Tu sais, je sais que ça ne seras pas pareil, mais tu trouveras bien une autre place avec d’autre gens super. Et puis, Alix est pas si terrible que ça. Imagine si toi aussi tu faisais fuir la moitié des gens avec ton odeur, tu serais sans doute moins sympa que lui.

Alors, c’était à cause du soleil que Wind restait caché sous sa tente. C’était sans doute un bon plan, pour éviter les coups de soleil paralysant, même si l’indienne n’avait jamais été concernée par ceux-ci. Après tout, une vie entière passée sous le soleil d’Inde lui avait fait une protection incroyable au rayon.

- J’ai un chapeau dans mon sac si tu veux, et je crois que Monsieur Vadim à de la crème solaire dans sa trousse. Tu pourrais toujours lui en demandé. Et puis, si tu te fais un fond, tu ne craindra plus le soleil pour le jour J.

Valait mieux changer de sujet que d’enchaîner avec la journée d’attaque/sauvetage/infiltration prévue dont il ne savait rien encore. Dans la soirée, un feu avait été prévu, et il saurait bien assez tôt ce qu’il aurait à faire.

- J’aime bien mon pouvoir. Il me rend plus confiante dans un sens, de savoir que rien ou presque ne peut me faire du mal.

Excepté lorsqu’elle s’était fait tirer dessus par les militaires, alors qu’elle s’était avancé trop vite. Mais ce n’était pas son pouvoir qui lui avait fait défaut, mais son manque d’utilisation.

-Je ne savais pas que tu pouvais tuer les gens Wind. Enfin, je ne suis pas certaine de savoir comment tu y parviendrais. Je me considère chanceuse d’avoir un pouvoir qui est plus défensif. Un pouvoir qui n’est pas accompagné d’une malédiction.

Puis, elle écarta le sujet de la main. Même si elle n’avait tuer personne, alors qu’elle était leader beaucoup de gens sont morts, dont récemment un jeune garçon qui n’avait été que possédé et qui n’aurait sans doute jamais voulut leur faire de mal.

Puis, elle écouta la jeune fille jouer et raconter l’histoire du serpent, fascinée. Et les explications de Wind sur les Dieux Grecques dont elle ne savait pratiquement rien. Elle n’avait jamais eu la chance d’apprendre beaucoup de chose sur la culture des autres pays que le sien, et c’était dans ces moments qu’elle s’en rendait compte.

-C’est pas tous les gars qui sont comme ça… mais oui… j’ai rencontré un gars comme ça en m’en venant à l’institut… mais je ne crois pas qu’il sera en mesure de violer personne avant un moment…

Elle repensait à celui en qui elle avait eu confiance, et qui s’était retrouvé sur le sol alors qu’elle avait envoyé son pied valsé directement là où ça faisait mal. Et c’était tant mieux ainsi.

- Héra la Cruelle, Aphrodite la Volage, Apollon le Vaniteux, Zeux le tyran... la liste est longue et je m'arrête là mais ils représentent bien une société patriarcale intolérante. Je préfère encore la religion Nordique où il faut assumer ses choix et se battre quoiqu'il arrive. Accepter de vivre ce qui est dans la vie, un vrai défi. Merci de votre indulgence pour la musique.

Sans être une joueuse exceptionnelle, Nora connaissait son morceau et avait de bonnes bases. Nora s'était presque enflammée de passion en parlant des dieux et elle baissa la voix pour la dernière phrase. Elle se sentit mal soudainement et eut un haut le cœur. Le stress. Mais du à quoi ? Être sur une terre mutante morbide et en être entourée ? Non, enfin peu-être que la guerre qui arrivait lui faisait un peu peur. Elle commençait à s'habituer à tous ces mutants et le fait d'en être une lui procurait une sensation d'être entre deux mondes et de peut-être à réaliser celui pour lequel elle pencherait. Elle but une gorgée d'eau et inspira doucement, se concentrant sur un rapide exercice de respiration. Puis, écoutant ses "amies" car Nora n'avait pour l'instant que des connaissances en dehors de Heike, elle tendit sa crème solaire à Wind doucement.

- Enfin, j'aime bien les mythes et légendes, rêver tout ça... L'aventure.

Nora sourit naturellement, elle était déjà partie l'espace de quelques secondes juste en observant les motifs des vêtements que portaient les deux filles. Elles y vit une créatures fabuleuse ou un visage. Au propos de Yamina sur l'équipe, elle revient à la réalité en rougissant.

- Je.. Je crois que je suis orpheline. Une ombre observant les lumières passantes. J'y ai cru un instant. Instant trop éphémère comme tous les instants des vivants. Je ne crois pas être si sociale.

Elle les dévisagea une à une, l'expression froide et perdue. Les yeux marqués par une peur indicible. Elle reprit sa contenance, adoptant partiellement une neutralité. Une partie d'elle, réservée et craintive usant d'une voix plus calme. Nora se justifiait pour que Yamina et Wind ne la jugent pas mauvaise.

- Je ne déteste pas Alix. C'est juste dommage qu'il soit désagréable. J'ai déjà vu des handicapés au physique ingrat et tous n'en voulaient pas à la terre entière... Cela dis, j'essaie de le comprendre. J'ai moi-même du mal avec mes soucis. Je... Oubliez mes propos. La chaleur et la fatigue me font dire n'importe quoi. Pardonnez-moi.

Les paroles des deux mutantes sur le viol et le pouvoir de donner la mort ne laissèrent pas Nora indifférente.

- Violer ? Oh... Tuer ? Ho...

Nora se sentait stupide en étant si horrifiée et si intriguée. Horrifiée parce que le viol et le meurtre étaient abominables à ses yeux. Elle se sentait capable de rendre mal à l'aise avec son pouvoir mais tuer, elle s'en sentait capable en visualisant les assassins de Greg. Quand à violer les intimités des gens, leur pensées, oui elle aimait ça. Elle ne désirait pas faire du mal, juste connaître la vérité sur telle ou telle personne. Elle voulait savoir si les personnes "vraies" existaient. Si elles assumaient ce qu'elles étaient réellement sans hypocrisie. Nora essayait de se connaître et elle chercher à connaître ce qui la terrifiait.

- Vous savez, Wind, Yamina, je sais que les gens qui savent que je suis télépathe ont peur de moi et à raison. Je n'ai pas toujours contrôlé mon don. Et je pense comme toi Wind, un pouvoir est une extension de soi. Je pense qu'il ne faut pas avoir peur d'utiliser ses capacités. Le monde change et il doit compter avec les mutants. Et tout cela me fait peur. Nous n'avons pas besoin des humains pour nous faire du mal, les mutants s'en chargent. Nous sommes tous pareil. Et la loi du plus fort a toujours été dans les gènes humains. Ce que nous sommes tous au final. Juste différents. Et j'ai si peur de ne pas être à la hauteur de ce qui va se passer, d'être dépassée... Je... Je devrais me taire peut-être... Pardon.

De nouveau la dernière phrase était dite à voix basse. La flûte dans ses mains, sous son nez en fait, l'esprit de Nora se focalisa sur les pensées de ces deux camarades. Une brève connexion pour avoir une idée de l'état de "santé mentale" de Yamina et de Wind. Avait-elles aussi une appréhension sur le futur à venir ? Yamina semblait plus sûre d'elle alors que Wind préférait rester l'écart. Et que pensait-elle de Nora ? Une gourde, une lâche psychotique.
Soulrider s'insinua doucement dans l'esprit de chacune, nageant entre les pensées superficielles pour s'arrêter devant un "panneau d'affichage", une image, un mot qui résonnerait trop fort pour déterminer qui elles étaient vraiment et amener la télépathe vers une strate déjà bien ancrée sur la personnalité de chacune. Nora s'en voudrait d'agir ainsi mais il faisait chaud. Ce n'était pas une excuse, Nora les voyait en surface, et cela ne lui suffisait pas.

Elle aperçu plus loin, Kallali qui sortait de sa tente. Il n'avait vraiment pas l'air d'aller bien. Après son "passage" chez les deux mutantes, une "connexion" avec l'esprit de l'Inuit permettrait de savoir si son mal était lié à la chaleur ou si un problème plus grave le concernait.

Nora se détestait parfois et une partie d'elle aimait totalement cela.

Wind écoutait les jeunes filles, la tête légèrement penchée, comme si elle réfléchissait à quelque chose en particulier. Elle avait déjà pu noter la réserver de Nora, et la jeune femme avait l'air assez mal à l'aise à cet instant. Elle ignorait pourquoi, et garda le silence, ne voulant pas accentuer le trouble de l'ancienne CeresiX bien qu'elle eût aimé pouvoir la soulager. La respiration un peu trop profonde de la télépathe attestait de ses efforts pour tenter de se calmer, et une fois encore, la londonienne garda le silence, mais le brisa lorsque celle-ci finit par lui tendre une crème solaire. Un léger sourire sur les lèvres, elle repoussa cette main tendue - un geste anodin et pourtant si éloquent - et secoua légèrement la tête à l'attention des deux jeunes femmes.

- J'en ai, de la crème, et je m'en suis déjà badigeonnée vous savez, et puis le chapeau ne fera pas grand chose pour mes bras et mes jambes, malheureusement, je ne bronze pas, je brûle, quoi que je fasse... Mais c'est gentil...

Ce qui était tout à fait vrai. Mais malgré toutes les protections possibles et imaginables - ses cheveux étaient d'ailleurs toujours serrés dans une espèce de turban de tissu qui protégeait son crâne - elle craignait toujours le soleil, et redoutait de finir écrevisse, ce qui, à ses yeux, arriverait tôt ou tard. Ne serait-ce que le jour J, et si elle ne se préoccuperait sans doute pas de la morsure du soleil sur sa peau ce jour-là, elle restait inquiète quant à l'issue de leur mission de choc ici. Revenir avec des coups de soleil, ça n'était rien comparé à tout ce qui pouvait arriver, si toutefois ils revenaient. Un frisson la parcourut malgré la chaleur et elle garda une fois de plus le silence, comme la discussion revenait sur le sujet de leurs pouvoirs. Effectivement, le pouvoir de Maaddi semblait bien plus bénéfique que nombre de ceux représentés chez les membres de l'Institut. Un soupir passa ses lèvres comme l'indienne lui demandait en quelque sorte de quelle manière son pouvoir pouvait lui permettre de tuer des gens, et elle inspira profondément avant de répondre.

- Si tu savais tout ce qui peut arriver... Je peux concentrer les sons que j'émets de sorte à créer comme une lance, me demandez pas trop de détails techniques, c'est de la physique, j'y connais pas grand chose, mais en gros, ça peut me permettre de frapper assez fort quelqu'un, et au niveau des tempes par exemple, ça peut être fatal, je sais pas trop, mais je suppose que le coup porté peut être plus violent encore, jusqu'à quel point par contre, je l'ignore. Il y a des effets plus fortuits : si j'émets des ultrasons, par exemple, et qu'un troupeau de chevaux est en train de paître à proximité, les ultrasons les affolent, et ils chargent... mon frère a été blessé comme ça quand j'ai découvert mon pouvoir... et puis surtout, les infrasons sont très mauvais pour les êtres vivants. Ils sont inaudibles, mais génèrent des malaises, des convulsions, des pertes de conscience. Et tuent s'ils sont émis à une fréquence trop basse...

A chaque exemple qu'elle donnait, elle visualisait la scène. Et si elle n'avait encore pas utilisé la lance en mission, elle ne pouvait oublier la terreur qui s'était emparée d'elle lorsque Troy avait foncé sur Cloud et Rain, ou le dégoût qu'elle avait ressenti lorsqu'elle avait dû mettre hors d'état de nuire deux gardes lors d'un entraînement en salle des dangers.

- Une malédiction... souffla-t-elle en écho à la KozaX et elle détourna le regard un instant, avant de reprendre d'un ton las.

- C'est plus difficile d'accepter son pouvoir quand il y a ces côtés sombres... mais j'essaie de me focaliser sur ce qui est positif : je peux entendre beaucoup de chance, et prévenir d'éventuelles intrusions, et je commence à pouvoir créer une espèce de bouclier avec le son. Ca au moins, c'est inoffensif, et utile... De toute façon, il faut bien finir par l'accepter.

Elle hocha la tête quand Nora expliqua à son tour ce qu'elle pensait de son don, songeant qu'elle faisait elle-même partie de ceux que les télépathes mettaient mal à l'aise, de par l'aspect violeur de leur pouvoir. Si la mentaliste aimait utiliser le sien, la blonde espérait seulement qu'elle ne l'essayât pas sur elle. Nouveau hochement de tête quant à la capacités des mutants à se faire du mal entre eux : les mutants, ça n'était que des humains avec une capacité en plus, un petit truc qui les rendait capables de certaines choses plus ou moins spectaculaires, mais pour le reste, ils fonctionnaient tous de la même manière.

- Tu n'as pas à t'excuser Nora, c'est normal d'avoir peur. C'est humain. Tout change, et l'être humain n'aime pas le changement. Je crois pas qu'un seul d'entre nous puisse dire qu'il n'a pas ne serait-ce qu'un tout petit peu d'appréhension face à ce qui arrive.

Elle haussa les épaules, au moment où Yamina écartait le sujet de leurs pouvoirs d'un geste vague de la main. Oui, mieux valait passer à autre chose, et les légendes de Nora étaient tout à fait indiquées. La mentaliste aimait l'aventure et les légendes et sembla se perdre dans la contemplation de leurs vêtements un instant avant de revenir à la réalité, ses joues s'empourprant. Ce qu'elle ajouta fit détourner le regard de la blonde. Il y avait trop d'écho à ce qu'elle eût elle-même pu penser pour qu'elle n'en fût pas quelque peu embarrassée. Orpheline. Parce qu'elle n'avait plus son équipe, parce que les siens étaient partis, restés en Angleterre, ou morts. Elle aussi y avait cru. Elle n'avait pas voulu rester, à l'origine, et avait fini par se dire que c'était ce qu'il y avait de mieux à faire. Elle avait perdu sa famille humaine d'une certaine manière, en venant ici. Elle avait perdu son frère mutant fugueur, ignorant sans doute à jamais ce qu'il avait pu devenir depuis tout ce temps. Elle avait perdu sa soeur, morte non pas sous ses yeux, mais dans l'enceinte même de l'institut.

Elle avait eu une équipe, et là encore, ils étaient morts, ou partis, chez Ganymède, chez eux, ailleurs. Et ceux qui restaient avaient été séparés. Jen et Nan lui manquaient, d'une certaine manière, même s'ils se voyaient tous les jours, et elle se demanda un instant si elle n'irait pas trouver la brunette, certainement déjà sur le pied de guerre, ou l'indien, peut-être au coeur d'un de ses rites qui lui restaient obscurs. Une nouvelle pointe de remords l'étreignit comme elle pensait qu'elle était bien ingrate envers ses nouveaux coéquipiers et envers la confiance de son nouveau professeur référent, un sentiment que les propos de Yamina qui se voulaient rassurant pour l'ancienne CeresiX ne rendaient que plus vif encore. Devrait-elle retourner le voir, tenter de lui parler ? Mais pour lui dire quoi ? Elle lui en avait déjà trop dit le jour où il lui avait assigné le poste de leader de l'équipe. Si Nora n'était pas très sociale, que devait-elle dire, elle qui faisait toujours semblant que tout allait bien, ou au moins pas si mal ? Elle qui faisait son possible pour ne rien dévoiler à personne ?

Elle secoua légèrement la tête aux commentaires sur Alixtide. Elle plaignait le mutant du pouvoir dont il avait hérité, et se doutait bien que ça ne devait pas être facile tous les jours pour lui, mais elle ne pouvait s'empêcher de le trouver bizarre, et d'avoir toujours une pointe de crainte quand il s'approchait trop de Kitty.

- Je te comprends Nora, j'ai toujours un peu peur de ce qu'il va faire tant il est imprévisible... je ne crois pas non plus qu'il soit foncièrement méchant, mais il est... particulier. Et c'est difficile de rester sereine face à quelqu'un dont on ne peut jamais envisager les prochains gestes, qui sont parfois complètement incohérents pour nous, et dont il ne mesure sans doute pas toujours les conséquences...

Elle haussa une nouvelle fois les épaules, inconsciente de la connexion que la mentaliste essayait d'établir. Elle lirait sans doute en surface un panel assez triste des pensées et sentiments de l'anglaise, qui n'espérait plus vraiment grand chose hormis peut-être de pouvoir protéger les autres, à défaut d'avoir pu sauver sa propre soeur, autres qu'elle estimait bien plus qu'elle ne s'estimait elle-même. C'était peut-être tout ce qui la faisait encore tenir, de songer qu'elle pouvait peut-être encore au moins servir à protéger quelqu'un. Il y avait de la souffrance, bien plus qu'elle n'en laissait paraître, issue des abandons auxquels elle avait dû faire face, et des regrets. Un profond sentiment d'inutilité totale, et de culpabilité aussi, pour des événements qu'on pouvait pourtant considérer comme révolus après les mois qui s'étaient écoulés. La londonienne ne parvenait pourtant pas à les oublier, tout comme elle ne pouvait pas oublier ceux qu'elle avait aimés, famille, amis, ou autres, plus ou moins passionnément, et dont l'absence lui donnait toujours l'impression d'être complètement vide.

Pour l’une des premières fois depuis qu’elle était à l’institut, elle appréciait pleinement sa provenance Indienne. Après tout, cela faisait des mois qu’elle gelait comme un glaçon dans les températures de Salem, alors que les autres semblaient bien s’en tirer, mais sous le soleil ardent, c’est elle maintenant qui se sentait bien. Elle plaignait l’anglaise et sa peau fragile, mais elle comprit qu’avoir un coup de soleil avant la mission n’était peut-être pas la meilleure des idées.

Le pouvoir de Wind n’était pas ce que l’Indienne avait pensé, et si il comportait un aspect plutôt surprenant. Lors de leur cours avec madame Esther, ensemble il avait fait une équipe du tonnerre pour délivrer les enfants prisonniers, avec Wind qui avait pu les localiser même avec la foule en colère. Dans une situation réelle, elle aurait empêché à un mutant de se faire lyncher. Ce n’était pas seulement une ouie exceptionnelle, mais un moyen de sauver des vies, de trouver des prisonniers, prévenir les dangers. De les sauver eux aussi. De les éviter de tomber dans les pièges des gens sans morales.

- Tu as un très beau don Wind. Ton pouvoir est un pouvoir de groupe. Il ne t’est pas seulement destiné, comme peu l’être le mien. Tu peux le partager avec les autres, alors peu importe son côté sombre, son bon côté est extra!

Il n’y avait pas d’amertume alors qu’elle citait son propre don. Après tout, elle l’adorait. C’était plutôt un énoncé de fait. Puis, elle rajouta :

- En plus, si tu peux occasionner des pertes de conscience, c’est mieux que la plupart des pouvoirs des gens de l’institut, pour qui la seule attaque sont parfois la mort ou de terribles blessures, ou bien, pas d’attaque du tout… mais un jour je crois que j’aurai un moyen de me défendre.

Elle avait lu dans les rapports du passé l’histoire d’un phaseur qui entrait les gens dans la terre, mais elle ne pouvait pas encore y parvenir, mais peut-être qu’un jour elle en aurait la capacité. Surtout que depuis quelques temps, elle était parvenue à maîtriser un autre aspect de son don, et elle pouvait contrôler les parties du corps qui devenait intangibles. Puis, elle se tourna vers la télépathe, qui parlait de son pouvoir qu’elle aimait, et du viol d’esprit qui y était associé.

- Je n’ai pas grand-chose à cacher pour ma part, et je suis plutôt un livre grand ouvert. Et puis, je dis souvent ce que je pense, alors un don de télépathie sur moi, ce n’est pas très utile.

Elle lui fit un clin d’œil alors qu’elle pensait au deux seules choses qu’elle gardait pour elle. Dans un premier temps son amours secret pour son coéquipiers, qui n’avait rien de très conventionnel. Après tout, l’amour était la chose la moins contrôlable sur la terre, et elle était plutôt certaines que ce n’était pas le fruit d’un empathe. Dans un deuxième temps, elle était terriblement inquiète à propos de son professeur référent avec lequel elle aurait bien aimé s’entretenir avant le début de cette mission. Tout les propos que le prêtre avait dit, ses yeux qui semblaient s’être allumés lorsqu’il avait vu Vadim pour la première fois.

Et maintenant, elle commençait à devenir aussi paranoïaque que Rob, ce qui n’était pas peu dire. Quelques semaines auparavant, il avait faillit la surprendre avec Niko alors qu’il était entré dans la chambre de Nan’ et Jay en essayant de combattre les agents de ganymèdes qui n’était pas là. Enfin…

- Je ne sais pas… j’aime bien Alix, il me fait rire. Il a un esprit un peu tordu, mais je crois qu’il est foncièrement bon. Je n’aurais aucun mal à lui faire confiance si je devais être en équipe avec lui. Et pour ce qui est de la prochaine mission, c’est certain qu’il reste de l’appréhension. On est tellement peu comparé à ceux qui nous font fasse, mais on a des gens puissants dans nos rangs aussi.

Elle pensa à ces gens qui avaient tant vécu, qui avaient acquis une expérience hors du commun. Anna, Rachel, Ken, Camille, Georgia… et Wind bien entendu. Qui avait vécu tant de perte aussi. Pour l’indienne qui en avait vécu aucune, elle ne pouvait même imaginer ce que ressentait l’anglaise, elle qui avait vu sa sœur compté dans le nombre des victimes.

Wind la Triste, Nora la timide et l'énergique Yamina conversaient sur les mythes, Alixtide et leurs pouvoirs mutants. Chacune donnant son avis et s'efforçant de sourire. Nora voulait mieux les connaître, les comprendre. Aussi son esprit pénétra la surface des deux mutantes.

Sentiments de tristesse venant de la "La Douloureuse" alors que l'amitié de la "Chaleureuse" se propageait vers beaucoup de monde. Elle était soucieuse. Pour une personne. Des sentiments forts pour cette personne. Pour qui ? La télépathe ne cherchait pas particulièrement à savoir.
Nora fit quelques pas, la main gauche tenant sa tête avant de se poser sur l'étui de sa flûte accrochée à sa ceinture. " La chaleur... " murmura t-elle. Elle ne fuyait pas, elle avait besoin d'air frais. Elle fit donc quelques pas, s'aspergea la tête d'un peu d'eau et se mit à l'ombre à l'entrée de la tente, près de la Douloureuse. Elle donnait des surnoms comme ça pour essayer de déterminer une émotions ou un sentiment. Elle percevait Wind comme une personne ayant une profonde détresse et Yamina, un brasier écartant les ténèbres.

- Je... Il fait chaud... Vous avez un p'tit ami ?...

Nora se moquait bien des réponses. C'était juste un subterfuge pour qu'elles ne remarquent pas son léger malaise. Elle cacha son visage entre ses genoux pour cacher une larme. Nora aussi les aimait toutes les deux. Existait-il un pouvoir pour rendre heureux. Pour Nora, être heureux, cela se fabriquait. Et la psy ne cherchait pas à être heureuse. Elle ne l'était pas là. C'était arrivé avec Heike lorsqu'ils avaient passé une nuit à admirer les étoiles. Et là, elle était triste et heureuse, d'une certaine manière. Elle prenait part à quelque chose d'important même si cela restait abstrait pour la jeune femme avec toutes ces histoires de mutants voulant tuer des mutants.

- Je... suis là au cas où " souffla t-elle.

Nora se remit en tailleur, respirant calmement pour estomper son stress. Elle était sincère dans son offre même si elles ne le feraient pas elle car elles avaient peu d'affinités. Elle se sentait stupide de leur dire ça avec son attitude décalée.
Nora Winter encouragea du regard Wind et remercia d'un sourire la réconfortante Yamina avant de sangloter doucement. La peur...

Un léger sourire effleura les lèvres de l'anglaise lorsque Yamina donna son point de vue sur son propre pouvoir.

- Il est ce qu'il est, avec ses avantages et ses inconvénients... On a des tous des côtés positifs et négatifs, il faut savoir faire avec... Et puis ils évoluent, qui sait ce qu'on découvrira avec le temps ?

Ca n'était pas toujours très facile, mais s'il y avait bien une chose qu'elle avait appris à l'institut, c'était à ne pas rejeter complètement son... don ? Ce pouvoir qu'elle avait considéré comme une malédiction à l'origine, mais qui faisait partie d'elle. Un frisson la parcourut pourtant à l'évocation que l'indienne faisait du pouvoir de Nora, qui n'aurait aucune conséquence pour elle. La londonienne ne partageait pas son point de vue, mais ne voulait pas brusquer la télépathe, aussi garda-t-elle le silence.

- On peut compter les uns sur les autres, ça, c'est certain.

Et joignant le geste à la parole, elle se rapprocha de Nora, manifestement en proie à un malaise. La main sur la tête, la recherche d'ombre et de fraîcheur... la chaleur... ou autre chose ? Un nouveau frisson l'étreignit, accentué par la question de l'Ex-CeresiX. Pourquoi parlait-elle de ça ?

- Je...

Que devait-elle répondre à ça ? Elle ne s'était pas cachée d'être avec Iacobo, quoi que pussent en penser les autres, et tout le monde savait qu'il était parti sans rien dire. La réponse était donc évidente. Et le "Je suis là au cas où" de Nora était sans équivoque, le regard encourageant plus parlant encore.

- Tout le monde sait que le mien est parti comme un voleur...

Un souffle, voilà tout ce qui avait passé ses lèvres. Qui avait bien pu être chagriné, à part elle, du fait que le serbe sulfureux eût quitté les rangs de l'Institut ?
La blonde ne comprit cependant pas tout de suite ce qui avait provoqué les sanglots de la télépathe, mais ça n'avait pas d'importance. Elle vint la prendre dans ses bras, délicatement, fredonnant une mélodie - celle qu'elle réservait à Wood enfant, comme elle en avait une pour chacun de ses cadets - qui se voulait apaisante.

- On peut compter les uns sur les autres... répéta-t-elle dans un murmure après quelques instants. Nous aussi, on est là... au cas où.

Heureusement, malgré l’expression quasi constante qu’elle affichait, la Kozax savait cacher les sentiments profonds qui l’habitaient. Sous son air joyeux, elle cachait une peur, non pas pour elle-même, mais pour ceux qu’elle aimait. Vadim n’était toujours pas venu la voir, alors qu’elle aurait tellement eu besoin de lui parler. Elle savait que son chef saurait la réconforter sur son propre rôle.

Par contre, excepté pour ses amis, elle ressentait comme à chaque fois des papillons dans son ventre, signe d’une excitation grandissante pour cette nouvelle mission. La plus dure, la plus ardu, mais dans son éternel optimiste, elle ne considérait aucune autre option qu’une réussite totale.

La télépathe avait-elle lu dans sa tête, lorsqu’elle mentionna les petits amis, ou bien la question n’avait été lancée que par une étrange coïncidence alors que son cœur débordait d’amour? Elle ne le savait pas, mais elle avait confiance en Nora, cette sœur qu’elle ne connaissait que depuis peu de temps. Si c’était le cas, elle garderait son secret. Elle ne voulait pas en parler, non pas qu’elle avait honte de son petit ami comme certaines mauvaises langues pouvaient le dire, mais de par son éducation, ce n’était pas le genre de chose qu’elle aimait étaler sur la place public.

Et pour tout dire, ce sentiment d’être les seuls au monde a partager leur secret rendait l’expérience encore plus amusante. Elle se demanda par la même occasion ce que faisait son coureur préféré quand l’ancienne ceresix fondit en larme, la prenant complètement au dépourvus.

- Nora… pourquoi

Elle était forte dans plusieurs choses, mais consoler les gens était le talent de Rachel, et non le sien. Qu’est-ce que sa coéquipière aurait fait dans une telle situation? Et c’est Wind qui apporta la solution. D’un même élan, l’indienne se rapprocha de Nora, la prenant par la taille, lui caressant les cheveux pour la réconforter.

- Tout va bien aller Nora. Nous sommes plus forts qu’eux, nous avons l’expérience, et nous nous avons, nous, pour survivre. Il ne faut avoir peur. En tant que famille, nous allons nous protéger.

Ses paroles étaient douces, et animés d’une profonde conviction. Elle croyait en ses paroles, et la sincérité de ses mots la surprenait elle-même. Il allait survivre. Mais Nora n’était pas la seule en détresse en avant de cette petite tente. Son regard se tourna vers l’exploreur, qui pour la première fois lui parla du départ du Serbe. Elle comprenait sa peine, alors qu’elle avait tenté des semaines avant de retenir Niko de partir.

Pour la première fois, Yamina réalisa les pertes qu’avaient subit Wind, comme si le malheur s’était acharné sur elle. Elle était si forte, dans sa détresse, dans son malheur, que l’indienne ne pouvait que l’admirer.

Elle regarda Nora, et lui fit un sourire, alors que la figure triste de l’anglaise occupait ses pensées.

-Et puis, tu as un pouvoir assez défensif, tu n’as rien à craindre. Tu seras forte et j’ai confiance en les leaders que choisiront les professeurs.

Sa main glissa dans son dos, qu’elle frotta, comme sa mère faisait lorsqu’elle était petite. Elle aurait aimé être avec la télépathe pour la mission, mais les équipes ne seraient pas fait avant des jours. Elle aurait aimé lui dire qu’elle serait la pour elle. Mais Wind avait dit le principal : il pourrait compté les uns sur les autres.

Nora se laissait bercer dans les bras de Wind. La mélodie l'apaisait et la main de Yamina sur son dos la rassurait.

Elle ne se voyait pas sangloter et ne pas répondre à leurs questions. Pourquoi, demandait Yamina.

" Détestez-moi... Je suis égoïste parce que je suis seule. Greg mon ex, ne me voyait pas. Il m'emmenait pour ses magouilles. Et il est mort par un gars qui voulait un PC détecteur de Mutants. Greg me déposait des baisers sans convictions. Ma famille ne m'a jamais accordé de l'attention. Je sais, je suis égoïste. J'ai peur des mutants, de ces gens capables de tuer comme ça. Sans armes. A moins que... C'est peut-être de moi que j'ai peur. Avec les CERESIX, j'y ai cru... "

Sa voix était lointaine, froide, honteuse. Nora pensait dire la vérité. C'était bien, mal, immature ? Elle ne savait pas comment se comporter. Elle avait conseillé à Heike Newton de s'assumer, d'être lui-même. Devait-elle suivre ce conseil ?

" J'ai pénétré votre esprit alors que vous me rassuriez. Je voulais voir qui vous étiez vraiment. Déchirer le voile de l'illusion pour la vérité. Je suis mauvaise... Je crois. Pourtant, je vous aime. Je veux vraiment vous aider... Sincèrement. "

Nora le pensait de toute son âme. Elle s'en voulait d'agir ainsi et de les ennuyer. De leur faire perdre du temps et de leur faire croire que Nora était gentille. Nora était juste une ombre.

" Je le ferais en vous évitant. M'accrocher aux esprits, sentir les pensées sans forcément les lire me fait du bien. Je veux apprendre pour décérébrer, rendre fou ou faire des assassins de Mutants ou non des légumes. La vengeance m'aide à tenir. Mais je suis plus sûre de rien depuis mon arrivée sur Génosha. Je comprend votre mépris, et vous ne me verrez plus. "

Nora ne bougeait pas. Elle avait révélé une part d'elle sachant qu'ainsi, Wind et Yamina auraient le sentiment de la connaître. La curiosité assouvie, Nora rejoindrait la foule des élèves hors du clan. La fouineuse de pensées leur devait bien ça. Elle leur avait manqué de respect. Et si envers certaines personnes, elle n'avait pas de remords, ce n'était pas le cas avec Wind et Yamina.
Côtoyer Nora n'était pas bon pour qui voulait garder un peu de son intimité.

Être dans les bras de Wind et sentir la main de Yamina lui faisaient du bien. Même si frisson la parcourut. Pour la première fois, elle avait le sentiment d'appartenir à une entité, de ne pas être seule. Le mot famille prenait un sens et les câlins de Wind et Yamina l'apaisaient.

Elle profitait de ce moment qu'elle savait court.

Si Wind avait été télépathe, elle aurait sans doute songé que Yamina et elle avaient les mêmes craintes : non pas pour leur propre sauvegarde, mais pour ceux qu'elles aimaient. Cependant, contrairement à la KozaX, l'anglaise ne ressentait pas cette excitation particulière à l'approche de leurs prochaines missions. Elle participait parce que c'était ce qu'il fallait faire, pour la communauté mutante autant que pour les humains, pour eux tous en somme, qui voulaient seulement aboutir à un monde en paix, mais elle n'aimait pas ça, et n'était jamais particulièrement enthousiaste. Elle n'avait jamais été particulièrement belligérante, mais elle avait trop perdu pour ne pas vouloir protéger ce qu'il lui restait. Ceux qu'il lui restait, surtout, même si leur nombre ne cessait de diminuer. Et tandis qu'elle berçait Nora et fredonnait sa douce mélopée, Yamina avait pris le parti de lui répondre, en des termes que la londonienne n'aurait sans doute pas pu prononcer. Non, elle ne pensait pas qu'ils étaient les plus forts, ni qu'ils avaient suffisamment d'expérience : les gars de Ganymède maîtrisaient sans doute davantage leurs pouvoirs qu'eux-mêmes, adolescents ou jeunes adultes ayant plus ou moins d'ancienneté dans la communauté mutante. Mais ils ne pouvaient pas perdre espoir, ils n'en avaient pas le droit. Aussi ténu soit-il, et aux yeux de la blonde, il fallait bien avouer qu'il restait minime.

Le regard de Yamina posé sur elle lui fit tourner légèrement la tête, et elle esquissa un sourire peu convainquant, continuant toujours à murmurer la mélodie qu'elle voulait apaisante. Ce que pensait l'indienne lui était inconnu, mais il y avait quelque chose dans son regard qui la mit mal à l'aise et l'intrigua à la fois, sans qu'elle pût expliquer pourquoi. Elle hocha simplement la tête aux propos suivants de Maadi : ils n'avaient guère d'autre choix, de toute façon, que de faire en sorte de garder confiance. Et confiance en eux tous, pour commencer.

Nora délivrait des bribes de son passé à travers ses larmes, des morceaux de douleurs enfouies dont elle ne parlait peut-être jamais, elle non plus, pêle-mêle. Wind l'écouta, égrenant toujours les notes douces de sa berceuse, la détresse de la jeune femme lui déchirant pourtant le coeur bien qu'elle n'en montrât rien. Jusqu'à ce qu'elle avoue avoir pénétré leurs esprits. Un frisson la parcourut, et elle se tut. "Déchirer le voile de l'illusion pour la vérité." Ce voile illusoire qu'elle s'était efforcé de maintenir si longtemps, et qui ne trompait plus vraiment personne en définitive à présent, malgré ses efforts. Etait-ce à ce point un drame, en définitive, que la télépathe eût visualisé sans doute sa détresse ? Tout le monde savait, ici, n'est-ce pas ? "Je suis mauvaise..." Vraiment ? Le dire ainsi, ces larmes, n'étaient-ils pas la preuve du contraire, justement.

- Nous éviter ? répondit finalement l'X-Plorer, gardant toujours l'ancienne CeresiX dans ses bras. Pourquoi ? Tu apprécies ton pouvoir, ce n'est pas donné à tout le monde, tu sais. Et...

Elle hésita. Elle n'en avait pas vraiment parlé à grand monde, à part à Chris, qui était parti, et peut-être l'idée, à mots couverts, avait-elle été comprise par ses coéquipiers de l'époque, mais elle comprenait parfaitement le besoin de vengeance que ressentait la jeune femme dans ses bras.

- La vengeance... murmura-t-elle, le regard perdu sur un point inexistant de la toile de tente, animé soudain d'une flamme nouvelle. C'est une motivation comme une autre, et je ne crois pas être bien placée pour porter un jugement à ce sujet, alors encore moins pour te mépriser.

Etait-ce dû à cette mission, à cette île, à l'impression que l'espoir s'amenuisait de jour en jour, de minute en minute, même, bien qu'elle se refusât à l'abandonner totalement ? Les masques qu'elle avait toujours pris soin de porter ne sembler plus revêtir la même importance. Ou était-ce parce que face à Nora, ils ne servaient à rien ? Elle était bien incapable de le dire... Et elle était tout aussi incapable d'expliquer pourquoi les mots se formèrent encore, et encore sur ses lèvres, sa voix pourtant d'habitude si maîtrisée vacillant quelque peu.

- Je n'aime pas ton pouvoir, Nora. Parce que je n'aime pas l'idée qu'on puisse venir fouiller dans mes pensées, mes souvenirs, et y lire comme dans un livre ouvert. Je n'aime pas l'empathie, non plus, ou tout ce qui ressemble à une intrusion dans les songes, les émotions des gens. J'ai peur, aussi, qu'on s'en serve contre les miens, comme on s'est servi de Chris pour tuer River. Mais j'ai surtout peur qu'on découvre ce que je ne souhaite pas révéler. J'ai peur que les masques ne se brisent et qu'on découvre vraiment qui je suis. Je ne suis pas un ange, et je ne suis pas si forte. Je voudrais pouvoir dire que tout va bien, et faire en sorte que personne ne s'inquiète pour moi, parce qu'on a tous assez à faire avec... tout ça, et que je ne veux pas qu'on s'apitoie sur mon sort, mais je n'arrive même plus à sourire. Et je ne veux pas être charitable envers ceux qui ont tué ma soeur et détruit la vie de Chris, je veux leur faire payer, et faire en sorte qu'ils ne prennent plus la vie d'autrui. Et si mon pouvoir m'insupporte parfois, je sais qu'il peut me servir d'arme contre eux, et je ne crois pas que j'hésiterai. Personne n'est parfait, et tu n'es pas mauvaise parce que tu aimes ce que tu es capable de faire dans l'absolu. Seul l'usage que tu pourrais faire des informations que tu récoltes peut déterminer si tu es bonne ou mauvaise, ce que tu comptes réellement faire de tes capacités. Et si tu es mauvaise, je le suis certainement davantage.

Au fur et à mesure qu'elle parlait, ses bras s'étaient dénoués des épaules de la télépathe, et un poing fragile s'était refermé sur sa propre cuisse. Elle avait détourné son regard à présent embué des deux jeunes femmes, refusant de lire dans leurs yeux ce qu'elles pouvaient penser d'elle à présent. Mépris, colère, dégoût, c'était à la fois ce qu'elle ressentait pour elle-même et craignait de lire sur leurs visages.

Bercé par la berceuse de l’anglaise, la sérénité s’était réinstallée dans le corps de l’indienne, la projetant quelques mois auparavant, lors du concours de talent. À ce moment, Wind les avait bien gratifié de son talent, et cette joie qui l’avait alors submerger la submergea a nouveau, malgré le fait que des milliers de kilomètre les séparaient de l’institut. Suite au propos de Nora, Yamina repensa à sa propre famille. Une famille qui avait beaucoup fait pour elle, et qui avait accepté son pouvoir malgré le comportement des gens de son village natale. Qui lui avait écrit et qui avait même recueillis un mutant pendant un moment. L’indienne était fille unique, elle avait toujours eu beaucoup d’attention, et bien qu’elle ne pouvait pas réellement comprendre le mal de Nora, elle compatit à sa souffrance.

- Ne crois pas que c’est de ta faute Nora, si tes parents n’ont pas été assez intelligents pour voir et apprécier la belle jeune fille que tu es. Et ton copain, il a été bien con de ne pas t’aimer pour toi. Tu trouveras bien la personne qui te feras sentir belle et apprécier, c’est seulement un manque de chance, tu n’y est pour rien.

Elle la gratifia d’un sourire sincère, alors que la jolie mélodie résonnait toujours. Elle ne tenait pas rigueur à l’ancienne Ceresix pour avoir fouiller son esprit, et même si elle considérait qu’il y avait bien une partie d’intrusion dans la vie privé, elle comprenait qu’elle puisse en arrivé là. Ça expliquait aussi son étrange question, mais elle avait confiance en Nora, et elle sentait que son amie ne dévoilerait pas son secret.

- Je ne veux plus t’entendre dire que tu es méchante Nora. Parce que tu as ce pouvoir, ou parce que tu veux la vengeance? Je ne peux pas te croire, mais je sens que tu ne t’en prendrais jamais à un innocent, et que tu es foncièrement bonne. Et toi aussi Wind. Tu t’es tellement sacrifié, tu as toujours été la pour tout le monde. Ce n’est pas quelqu’un de méchant que je regarde, mais quelqu’un de fort, que j’admire. Tu es courageuse Wind.

Peut-être en avait-elle trop dit, elle qui ne pouvait pas comprendre toutes ces récriminations. Après tout, elle n’avait a se venger de personne, et elle avait confiance en tous. Elle n’avait jamais pu avoir peur des professeurs, malgré l’attaque. Le professeur qui l’avaient attaqué était maintenant mort, et elle avait confiance en Vadim. Avait-elle seulement peur de mourir? Non. Et elle n’avait jamais perdue personne. Dans ce cas, comment comprendre ces deux âmes ésseulé? La compassion, et non la pitié, c’était la seule chose qu’elle pouvait faire. Partager son courage et sa confiance, partagé sa joie de vivre, avec ceux qui en avait le plus besoin.

Donner un peu d’amour à l’anglaise et la télépathe.

Elle ne put que ce taire et écouter les paroles remplits de ressentiment de Wind. Elle craquait, et c’était peut-être mieux ainsi. Elle avait tant retenu de larme et de cris, elle ne devait pas déborder. Elle était importante.

Nora écoutait sa sœur du moment. Son amie du moment. La Douloureuse et triste Wind. Nora était d’ailleurs surprise de ne pas être haïe et elle comprenait mieux la jeune mutante qui se dévoilait un peu. Nora n’était pas jugée pour son envie d’user de son don ni son désir de vengeance. Elle était surprise de cela et ne s’attendait pas à cette réaction. Wind n’aimat pas les télépathes et empathes et cela Nora le comprenait. Indirectement, elle se méfierait donc toujours de Nora la Fouineuse de Tête et c’est pour cette raison que Nora décidait de s’éloigner de leur chemin dès leur retour de l’île.

Elle trouvait Heike étonnant. Celui-ci laissait Nora accéder à son esprit. C’était génial ! Hum… Pour Nora, c’était là une preuve de confiance aveugle vis à vis d’elle et aussi une occasion d’étancher sa soif de découvrir le shema psychique, le réseau neural, le « vrai moi ». Elle appréciait beaucoup le mutant félin pour ce cadeau, pour cette sincérité. Bien sûr, elle avait vite compris, et sans avoir à utiliser son don, que Heike en pinçait pour elle. Elle se sentait flatté et n’était pas insensible aux charmes du « fauvhomme » même si un malaise la perturbait encore. Elle n’avait parlé à personne de Heike et n’avait aucune raison d’en parler. Il était celui dont parlait Yamina. Celui qui s’efforçait de la rendre belle. Nora trouvait qu’il exagérait, en faisait trop mais Heike était sincère et amoureux. Nora avait gardé la fleur offerte lors d’une ballade et le soir, elle regardait les étoiles, rêveuse.

Quand à la vengeance, Nora avait peur de ne plus être elle-même le jour ou elle l’accomplirait. Serait-elle encore humaine ? Y prendrait-elle plaisir ou serait-elle un instrument de violence. La mort de Greg l’avait bouleversé. D’une part, parce qu’elle le connaissait, et même si elle avait décidé de ne pas continuer sa relation avec un homme prenant peu soin d’elle, il était mort devant elle. Il était mort tout simplement. Et même pour un inconnu, Nora aurait eu une réaction similaire. La vie était trop précieuse et la Rôdeuse (mort) venait toujours assez tôt. Et malgré ses pensées sur la vengeance, elle savait qu’aujourd’hui elle n’hésiterait pas à faire du mal aux assassins. Donc, elle devait s’entraîner pour être capable du pire.

Yamina avait sûrement raison. Nora se servait de la vengeance parce qu’elle n’avait pas fait son deuil et voir un ami mourir devant soi par le tir d’un fusil à pompe etait plutôt traumatisant. Oui, Nora avait du chagrin et malgré sa colère intérieure, elle ne s’en prendrait pas à un innocent. Elle n’était paas aussi mauvaise qu’elle le croyait.

Nora ne put s’empêcher de verser une larme en apprenant que Wind ne parvenait plus à sourire et pour sa sœur et ce Chris inconnus. Nora pleurait non pas par pitié, mais par compassion, par solidarité avec celle qui la berçait et lui apportait un peu de soleil. Nora posa donc ses mains sur les épaules de Wind et déposa un baiser avec tendresse sur sa joue avant de la serrer dans ses bras. Elle voulait la rassurer par des mots et éviter la télépathie. Mais les mots étaient si grossiers, si imparfaits, si incomplets. Les mots étaient détestables. Elle s'adressa donc à ses deux amies (?)

« Ça va aller. Je… J’aimerais t’apporter des sourires, de la chaleur… Je n’ai pas pitié de toi, ne crois pas ça, tu n’es pas méprisable… Je partage ta tristesse et je voudrais te faire découvrir le plaisir de vivre… Merci de ne pas me détester…
Yamina, je… Tu es si brillante. N’oublie pas de penser à toi aussi. Je... Je t'aime aussi et merci pour cette vitalité, cette chaleur. Je vais faire de mon mieux pour écouter tes conseils. Merci à vous deux.»

Et voilà, une Nora maladroite qui pensait vraiment chacun de ses mots. Une caresse mentale accompagnait le message de gentillesse et d’amour pour chasser les ténèbres de la tristesse et pour remercier. Le plaisir de vivre pour Nora s’était sentir le vent sur sa peau, regarder un paysage, des nuages ou même des enfants jouer. Evoluer dans l’eau ou dans la musique. Oui, partager une glace ou un sujet de conversation étaient aussi un plaisir de vivre. Vivre tout simplement en prenant conscience de soi dans l’univers. Compliqué et incomplet tout cela et Nora y parvenait rarement… Et en ce moment, Yamina contribuait à ce désir.

Si Nora était moins sensible, elle laisserait les autres en paix avec leur détresse et elle s’occuperait de la sienne. Les Humains comme les Mutants n’avaient pas besoin de cette parasite psychique.

Wind admirait le positivisme de Yamina. Elle l’avait prôné, elle-même, fût un temps, qu’elle y croie ou non. Elle n’était plus très sûre d’y croire du tout à présent, et encore moins de pouvoir faire semblant. Pourtant, elle hocha la tête quand l’indienne expliqua à la télépathe que son ex-petit-ami avait été bien idiot de ne pas l’aimer pour ce qu’elle était, et qu’elle trouverait bien quelqu’un un jour, de plus intelligent que lui. Chacun avait droit à sa part de bonheur un jour, n’est-ce pas ? N’est-ce pas ? Elle y avait cru, elle aussi... et à présent ? Des propos et des songes qui ramenaient l’image du serbe au coeur de ses pensées et rouvraient une plaie loin d’être refermée – y en avait-il seulement qu’elle avait réussi à panser, réellement ?

Son nom prononcé par la KozaX la fit sursauter, et son discours provoqua un nouveau frisson chez l’anglaise. « Sacrifié », « fort », « que j’admire », « courageuse ». Des mots trop forts à ses yeux, qu’elle n’était pas en état d’accepter, ou difficilement. Aussi difficilement que le baiser que Nora déposa sur sa joue et les remerciements qu’elle lui adressait. Etait-ce cette étreinte amicale, ou la caresse mentale qui l’effleura sans qu’elle le réalisât réellement ? Ce fut comme si le mur qu’elle avait dressé, brique par brique, depuis des années, et qui avait commencé à se fissurer à la mort de River – ou peut-être à la découverte de ses pouvoirs ? – venait de se rompre, la vague déferlante emportant la digue trop fragile.

Et ce fut son tour de s’accrocher aux bras de Nora, non pour la rassurer, elle, mais parce qu’il lui fallait un point d’ancrage, quelqu’un à qui se raccrocher. Elle ne pouvait pas retenir davantage ses larmes et des sanglots presque hystériques secouaient ses épaules. Elle baissa le visage aussitôt le dissimulant au creux de l’épaule de la télépathe. Elle avait déjà pleuré pourtant, beaucoup. Seule dans la salle de bains ou dans son lit, quand personne ne pouvait la voir. Elle n’aurait pas pensé pouvoir encore verser autant de larmes. Et manifestement, elle n’était pas si forte. Elle n’en pouvait plus, tout simplement.

Combien de temps resta-t-elle là, laissant libre cours à ses pleurs comme elle ne se l’était jamais autorisé qu’en présence de son jumeau jusque-là – une époque qui lui semblait si lointaine ! – dans les bras de l’ancienne CeresiX ? Elle était bien incapable de le dire. « Merci de ne pas me détester », lui avait dit cette dernière. Elle lui aurait bien retourné cette affirmation si les mots ne semblaient pas s’être définitivement bloqués dans sa gorge. Alors elle finit par se redresser et sécher ses larmes avant de plonger ses yeux vert pâle, trop brillants, dans ceux de la télépathe, incapable de savoir si elle lirait ce qui lui passait par l’esprit.

*Je n’aime pas ton pouvoir, mais ça ne veut pas dire que je ne t’aime pas toi. Je ne te déteste pas, non, parce que tu n’es pas que ça, tu n’es pas que ta télépathie, tu es Nora, avec tes qualités et tes défauts... et ta compassion. Merci d’être là...*

Une nouvelle fois, ses mains essuyèrent les larmes qui perlaient encore sur ses joues et elle se recula légèrement, finissant par se réinstaller, les genoux relevés sur sa poitrine, ses bras les enserrant bientôt. Sa tête vint bientôt se poser sur ses genoux, son regard se portant sur la phaser, et elle murmura :

- Je suis désolée...

...d’avoir perdu le contrôle, de ne pas être aussi forte, aussi courageuse que Maaddi semblait le penser, de ne pas s’être tournée vers elle, mais de s’être accrochée à la télépathe qui n’avait pourtant pas besoin d’un poids supplémentaire, de ne pas avoir répondu à la KozaX, de ne pas avoir pu prononcer ses dernières pensées à l’attention de l’ancienne CeresiX, de tout, de rien... de quoi au juste ? Son regard s’éloigna de nouveau, reprenant la contemplation futile de la toile de tente. Elle ne savait pas. Elle ne savait plus. Elle était juste fatiguée de tout ça, terriblement fatiguée. De ne pas savoir ce qui allait leur arriver demain, de perdre sans cesse ses repères et ses proches, de ne plus avoir de certitude sur quoi que ce soit. C’était tellement plus simple, avant... Mais il n’y avait plus d’avant, et les larmes perlaient encore aux coins de ses yeux, plus calmes pourtant cette fois-ci.

Toute cette tristesse et ce désespoir, cette haine et ce besoin de vengeance, cette insécurité et cette douleur, comme elle en était éloigné. Comme elle se sentait inutile, et presque de trop dans cette ambiance pesante, avec ses bons sentiments et son enthousiasme débordant, sa joie de vive et son courage constant. Elle se sentait comme un chien dans un jeu de quille, comme si elle devrait être n’importe où sauf à cette endroit précis. Qui était-elle pour les réconforter, et leur dire que tout allait bien?

La culpabilité, de ne pas pouvoir supporter avec elles le poids qui pesaient sur leur frêles épaules. La honte de ne pas savoir comment réagir, et qu’est-ce qu’il fallait dire à ces âmes esseulés. La crainte de les voir se retourner contre elle et lui dire qu’elle, elle pouvait se permettre d’être heureuse. Après tout elle n’avait rien vécu de semblable. Personne qu’elle ne connaissait n’avait péri dans une mission. Toute son équipe se portait à merveille. Tout allait bien dans sa petite bulle. Comment pouvait-elle les comprendre?

Elle assista impuissante au flot de larmes de Wind, voyant que le mince barrage venait de céder, et qu’elle en était l’une des causes. Elle se consola en ce disant qu’elle se sentirait surement mieux, et qu’au moins, elle n’était pas seule, et qu’elle et Nora était présente, pour lui montrer qu’elle n’était pas dans une solitude parfaite, et qu’elle avait des amies encore, qui était la pour la soutenir. Elle aimait bien Wind, et chaque mot qu’elle avait dit, elle le pensait. Avait-elle changer d’avis après cette démonstration de faiblesse? Aucunement. Elle était humaine, et elle comprenait que parfois, on ressentait le besoin d’évacuer un trop plein d’émotions.

La Kozax resta la, un long moment, silencieuse, et repensant au parole de Nora. Sa chaleur et sa vitalité… est-ce qu’elle les faisait souffrir, ou bien au contraire réussissait-elle a partager avec eux l’amour qu’elle avait au fond du cœur? Elle espérait pouvoir le faire, leur apporter un peu de positivisme.

C’est ce qui la poussa à rester, à les entourer d’un peu de sa chaleur, et surtout de compassion. Elle ne pouvait pas les comprendre, mais elle pouvais partager un peu plus d’elle-même avec eux.

les abords du camp

Ayant laissé Joachim et Nathan à leurs exercices de self-défense, Vadim se dirigea sans se presser vers les tentes, regardant autour de lui derrière ses lunettes de soleil. Yamina n'était pas dans les parages, et le camp était finalement assez calme. Si on exceptait une agitation toute adolescente qu'il perçut en provenance d'une tente sans étiquette.

Il tapota machinalement le flacon de crème solaire qui dépassait de sa poche de short bleu foncé. L'Ogre rouge souhaitait régler le problème de Yamina avant de retourner vers le feu de camp, où il pourrait donner un coup de main à Pulse en cuisine. Il avait vu l'avocate en compagnie de Kalalli autour d'une marmite.

Au détour d'une autre toile il aperçut Nora et Yamina justement, dans l'ombre de leur tente. Il souleva de l'index la visière de son bob et fit signe. Arrivé devant la tente il aperçut aussi Wind.

"Mesdemoiselles..."

Il se demanda furtivement de quoi elles pouvaient bien parler. Ça n'avait pas l'air d'être un sujet amusant vu leurs mines déconfites. Il enchaîna de sa voix caverneuse et gaillarde à leur adresse.

"Allons ne soyez pas inquiètes ! Je n'ai pas l'intention de laisser Pulse et Razgriz aux commandes du repas de ce soir..."

Il fit un clin d'œil et un sourire à toutes, puis se tourna vers Yamina d'un air interrogateur.

"Tu voulais me parler Maaddi ?"

Tente d'Alixtide

Tenant le bout de tissu à bout de bras, l'air à l'ouest, entièrement nue, Georgia entra dans la tente qui lui avait été affectée, sans volonté ni envie, hormis celle tout à fait lancinante de se jeter sur son lit pour chouiner un peu plus encore...

Elle n'avait pas prévu qu'il y aurait autant de monde. Yamina, celle qui avait brisé le cœur du gentil Alixtide, Nora, Wind - le breton lui avait dit de lui parler - et le Grand Vadim.

S'arrêtant un instant, elle réfléchit à l'inadaptation de sa tenue. Un peu plus et elle serait ressortie pour aller récupérer ses vêtements souillés par le cochon en chef. Puis, comme pour elle même, elle haussa les épaules. Après tout, ce qui était bien avec ses bizarreries, c'étaient qu'elles avaient fini par lasser un peu tout le monde. Même les professeurs... Et puis si Vadim ne voulait pas mater les minettes nues, il n'avait qu'à pas roder dans les tentes de ces dernières !

Se passant rapidement la main sur les coins des yeux, pour vérifier qu'aucune larmichette ne trahissait son état de décomposition mentale avancé, elle leva le menton et regarda la petite assemblée.

Un petit et rapide "Hello les filles, ça roule ?", un peu hésitant et timide sur le ton, servit d'introduction à son arrivée. Puis elle traça sa route jusque vers un lit inoccupé et se jeta sans ménagement dessus. Telle une baleine échouée en mer. Elle joua un instant avec le bout de tissu avant de se le coller, allongée qu'elle était, sur les yeux. Puis dans le vide, à personne en particulier, elle ajouta :

"Ca se passe pour tout le monde ? Moi, ça gaze..."

Inutile de faire sa pleureuse. Inutile de se montrer telle qu'elle était. Il y avait un temps pour pleurer. Et un temps pour fourber.

Nora méditait sur les propos de Wind. Elle était triste pour elle. Empathique, sensible, Nora n’était pas indifférente et son manque de contacts avec les gens en général ne l’aidait guère à avoir du tact. Plutôt maladroite et sincère, Nora ne renonçait pas à apporter une once de lumière pour estomper l’espace d’un instant les ténèbres de l’âme.

« Tu as raison, Wind. Je ne suis pas que télépathe. Mon petit-ami… Enfin, ce n’est pas vraiment le mot, est mort devant moi. Tué par un fusil à pompe à bout portant par des anti-mutants. Je ne suis même pas sûr qu’il en était un. J’en suis encore traumatisée et je n’ai pas fais le deuil. Je m’en suis sortie en fuyant… »

Nora Winter resta rêveuse l’espace de quelques secondes, les yeux perdus dans les souvenirs de sang. Elle revint à Wind.

« J’ai peur des mutants, dangereux sans l’être… Je ne veux pas de pitié. Je dois m’en sortir seule. Merci de votre amitié du moment. Je suis touchée… »

Nora porta sa main à son cœur, émue de nouveau par tant de gentillesse. Elle se sentit bête, à l’instar d’une enfant leur souriant à toutes les deux de façon maladroite d’une caresse télépathique. Maladroite jusqu’au bout et si troublée. Cela la soulageait d’en parler.

« Ne sois pas désolée Wind Smith. Tu es courageuse. Plus que tu ne veuilles l’accepter. Je te remercie de ta confiance. De me… De nous confier ta détresse… »

Nora secoua la tête, grimaçante, mal à l’aise. C’était tellement plus simple avec une pensée. Elle ne les reverrait sûrement plus. C’était mieux ainsi. Elle faisait trop cruche. Nora prie les mains de Wind et de Yamina et son expression devint plus sérieuse.

« Je me rend compte de mon égoïsme. De ma bulle dans laquelle je me suis enfermée. Je vous demande pardon. Et merci de votre aide à toutes deux. Wind parce que tu partages tes larmes avec nous. Je viens de me rendre compte à quel point ne pas être seule pour les moments difficiles, est important. Alors, merci de nouveau. Yamina, tu irradies de force. Et je te remercie d’être rester. Ta joie de vivre, ta présence me réchauffe l’âme. Vraiment, ne vous moquez-pas, je dis ce que je pense. »

La télépathe baissa la tête, perdant un peu de confiance. Elle n’aimait pas tant parler. Surtout pour dire « je vous aime et je veux vous aider ». A part des moqueries ou passer pour une « gnangnan », elle ne gagnerait pas grand-chose de positif. Mais là, Wind et Yamina venaient de la ressourcer, de lui montrer par leur soutien que la vie avait de bons cotés. Aussi, Nora parlait plus qu’à son habitude avec franchise.

« Je ne sais pas si je reviendrais de mission mais je me battrais pour revenir. Pour vous revoir. Vous et Heike. Il m’idéalise, mais c’est si mignon. Mais par respect envers vous, je vous éviterais. Je risquerais d’être trop « nature ». Vous sautez au cou ou pleurez sur votre épaule en cas de grande joie ou de tristesse. D’être trop franche et gauche. Merci de me redonnez goût. Se battre comme vous le faites toutes les deux. Apprendre à se dépasser. Avancer toujours… »

Murmurant, elle rougit leur déposant un baiser sur la main parce que sur la joue, elle pensait trop en faire. Se mordillant la lèvre Un tantinet honteuse.

« Jem’comprend… Merci… »

Elle se demandait si finalement, Wind et Yamina ne regrettaient pas leur paroles envers Nora. Que c’était laborieux d’exprimer ses émotions. Elle se promit de veiller sur ses sœurs de cœur.

* Mon dieu, suis une vraie gosse… Et c’est si bon ! * pensa t-elle. Elle venait de grandir un peu malgré tout.

Et soudain, cette confiance, cet univers se brisa et elle se paralysa quelques instant en voyant un autre de ces monstres. Euh, non, un mutant. Un de ces mutants qu'elle essayait d'éviter. De ne pas connaître comme la majorité des autres.

* Mon dieu, il me fait peur... *

Et il enlevait Yamina. Instant de délices, de paix évanoui en une seconde. Voire deux. Que lui voulait-elle d'abord. Se concentrant un peu, elle serra les mains de ses deux amies (?) pour trouver la force de lancer le grappin psychique pour une fois ancrée absorber les données. L'espace d'une seconde, elle le haïssait de toute ses forces. Avant de s'en vouloir, malheureuse.

Et arriva ensuite, là, dans l'Univers fissuré de Nora, Georgia. Elle était nue et ce n'était pas la première fois. Nora était pudique et n'aimait pas se montrer. Etre en maillot de bain parmi d'autres élèves, ça passait et ça restait de l'ordre de l'exception. Mais parfois, elle faisait une exception pour se fondre dans la masse. Elle ne la connaissait pas plus que ça et son comportement était... Bizarre. le son de sa voix, sa façon d'éviter de regarder les autres, "Je suis là sans être là". Nora utilisait cette technique pour appeler à l'aide sans le demander. Elle recommencerait peut-être demain. Mais là, Yamina lui donnait de la force et elle désirait aider Wind et Georgia. Pour Vadim, heu, là c'était autre chose. Il était encore différent de Heike et sa différence physique était inhumaine. Elle remercia Georgia par la pensée pour ne pas le regarder plus longtemps et éviter que cela se voit. Raté ?

* Je m'en veux tant... Je voudrais tant changer... *

Nora la rouge, de colère et de honte, s'adressa à Georgia pour vaincre ses préjugés, ne desserrant pas machinalement Wind et Yamina de peur de se retrouver seule. Elle transpirait soudainement. Allait-on l'abandonner ?

" Tu veux de l'aide Georgia ? "

Quoi qu’elle en pensât, Yamina n’était pas inutile. Tout au moins était-ce le point de vue que l’anglaise eût évoqué, si la question lui avait été posée. Elle avait ce petit quelque chose de lumineux, qui parvenait à égayer les ténèbres dont on pouvait parfois s’entourer, ce petit quelque chose qu’elle avait eu, jadis, pour les membres de sa famille, et qui lui semblait éteint à présent, comme si il s’agissait d’une autre vie, maintenant révolue. Et sans que les mots ne l’affirment – elle n’était pas capable de parler à cet instant – elle était reconnaissante envers la KozaX d’être restée avec elles.

Les drames de Nora la touchaient et la laissaient indifférente à la fois. Une part d’elle voulait apporter son soutien à la télépathe, la contredire lorsqu’elle affirmait devoir s’en sortir seule, lui assurer qu’elle n’avait pas à s’excuser pour quoi que ce soit. Une autre ne souhaitait que le silence, lasse de se montrer forte, lasse de se battre, lasse de tout. Une part d’elle qui ne voulait pas, tout comme venait de l’énoncer l’ancienne CeresiX pour elle-même, de la pitié des autres, qui voulait seulement s’enfermer dans la solitude, comme si ça avait pu lui permettre d’oublier.

La suite de ses propos lui reviendraient peut-être plus tard, à cet instant, elle les entendait comme s’ils venaient de très loin, à travers un brouillard les étouffant et semblait ne pas pouvoir les enregistrer. Elle eût été au moins d’accord sur son point de vue concernant Maaddi, à défaut d’accepter que sa propre faiblesse eût pu être d’un quelconque secours à quiconque. Elle lui eût sans doute affirmé, et sincèrement, qu’elle n’avait pas besoin de les éviter... Le contact des lèvres de la mentaliste la tira finalement de sa bulle.

Les larmes avaient fini par se tarir, laissant place à une profonde lassitude. La londonienne restait recroquevillée à l’abri de la tente, le regard perdu sur un point invisible quand l’intrusion du professeur Volkov la tira d’un des rares moments où elle avait finalement laissé libre cours à ses émotions. Tant bien que mal, elle s’efforça de se recomposer un masque neutre, bien qu’il fût sans doute évident qu’elle avait pleuré, ses yeux sans doute rougis et gonflé par ses pleurs, ses joues encore humides qu’elle renonça à parfaitement essuyer d’un geste qui serait trop évocateur. Un simple hochement de tête accueillit son salut, et elle esquissa un sourire à l’évocation de la cuisine. Elle ne se sentait pas la force d’aller rejoindre les cuisiniers en herbe, pas maintenant, bien qu’elle eût sans doute pu leur apporter son aide. Elle n’avait qu’envie de rester là, à l’abri de sa tente, loin des autres regards, bien que l’espace lui semblât un peu trop peuplée à présent que Georgia venait s’ajouter à leur nombre.

Voir la « mitalienne » nue ne choquait plus vraiment l’X-plorer, bien qu’elle se demandât parfois comment elle y parvenait, elle-même se sentant bien incapable de dévoiler ses membres par trop fins, sa silhouette filiforme, aux yeux de tous. La main de Nora toujours serrée dans la sienne, elle sembla enfin décidée à bouger un peu, pour se rapprocher de la NeXus, accompagnant le geste de l’ancienne CeresiX. Un moyen comme un autre de laisser le champ libre à Yamina pour la discussion qu’elle attendait avec son professeur référent.

- Merci d’avoir été là, lui murmura-t-elle avait de se tourner vers une Georgia nue, donc, allongée sur un des lits, un bandana plaqué sur le visage. Nora lui proposait de l’aide, et l’anglaise garda ses yeux clairs posés sur l’autre blonde. Utiliser les mêmes mots n’était pas utile, aussi garda-t-elle tout d’abord le silence, observant la jeune fille visiblement mal en point.

Visiblement ? C’était sans doute le ton de sa voix qui l’avait le plus intriguée, la NeXus étant à ses yeux suffisamment bonne comédienne pour assurer sa posture, sa gestuelle. Mais son timbre avait été trop hésitant, trop timide pour une Georgia en pleine forme. Il y avait quelque chose, bien qu’elle fût incapable de dire quoi. Et après avoir été celle qui avait été réconfortée, celle qui avait été faible eût-elle sans doute plutôt affirmé, elle ressentait le besoin d’être utile à quelque chose, à quelqu’un. De ne pas être que la jeune fille blessée qui venait de déverser son flot de larmes sur deux jeunes filles presque inconnues finalement, bien qu’elle les croisât tous les jours. De retrouver un peu de la grande soeur qu’elle avait été, de celle qu’elle voulait être encore, bien que ses frères et soeurs de sang ne fussent plus à ses côtés. Une de ses mains enserrait toujours celle de Nora, incapable de la repousser. L’autre vint se poser sur l’épaule de Georgia, comme si le contact avait pu remplacer les mots qu’elle ne voulait pas prononcer, refusant de répéter platement ceux de la mentaliste ; une légère caresse sur la peau de la « mitalienne », comme pour l’assurer de sa présence, si elle en avait besoin.

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