[JustiX + LeX : 6.2]Ce n'est qu'un Au Revoir...

[Les funérailles de Martin Marcoux se déroulent pendant que Esther, les JustiX et les LeX visitent Paris, en après-midi.]

Carrie était arrivée dans la salle d’exposition avec un nœud dans le ventre. Elle ne savait pas comment elle allait réagir à tous ces gens qui viendraient la voir pour lui souhaiter leurs condoléances et qui, 10 secondes plus tard, lui demanderaient ce qu’elle était devenue, ce qu’elle faisait aux États-Unis, si elle était mariée, avait des enfants. Des personnes à qui elle devrait mentir, car elle ne dévoilerait pas qu’elle était une mutante. Elle pourrait toujours mentionner qu’elle avait bel et bien des enfants sans ciller. Après tout, n’était-elle pas venue à Paris avec des enfants pleins ses valises?

Et puis, il y avait aussi Sébastien qui déciderait sans doute de pleurer toute la journée sur ses épaules, le pauvre…Sans mentionner que la dernière fois qu’ils s’étaient parlé au téléphone, il avait déjà commencé à fabuler, imaginant des complots, voyant des fantômes. Alors que si elle était certaine d’une chose, c’était bien que les fantômes n’existaient pas. Et encore moins le fantôme d’un meurtrier mort en prison plusieurs mois auparavant. Il ne fallait pas oublier ne mentionner Jonathan, son très ex petit-ami qui allait surement essayer de lui parler. Mais Carrie ne l’entendait pas comme cela. Elle ne le toucherait que pour le faire exploser en gelée de Monsieur.

Elle essaya de passer plutôt inaperçu lorsqu’elle entra dans la salle où se tenait debout des dizaines de personnes qui buvait du vin et papotaient. Elle ne comprenait pas comment les gens pouvaient se sentir à l’aise de refaire connaissance dans un salon funéraire. Elle était horriblement mal à l’aise à la simple idée de parler en présence de la famille de Martin d’autre chose que de Martin. Elle s’approcha lentement d’une silhouette d’homme qu’elle aurait pu reconnaitre à des lieues.

« Sébastien. »

Carrie le vit arriver. Elle le sentit arriver. Et tout son corps se raidit, comme un chat près à sortir les griffes et attaquer. Elle garda la tête droite devant elle, ne lui accordant aucun regard. Elle le laissa faire son rituel de socialisation pendant que Sébastien se laissait tomber sur le banc, à ses côtés, et qu’il s’effondrait à nouveau sur elle. Elle l’entoura d’un de ses bras musclé, pour le consoler. Puis, elle entendit sa voix. Elle se souvenait que trop bien de cette voix…L’avocate leva les yeux vers lui et le regarda avec mépris. Elle ne lui adressa aucune parole, car les paroles étaient inutiles pour ce qu’elle avait à communiquer. Tout son corps exprimait ce qu’elle avait à lui dire : « Va te faire –»

« Nous sommes ici présents pour… » l’interrompit le prêtre dans ses pensées.

Carrie dirigea alors toute son attention sur le petit homme qui dirigeait la cérémonie d’Adieu. Lorsque, tour à tour, les fils et les collègues de Martin Marcoux firent des discours émouvants devant l’assemblée, l’avocate ne put retenir quelques reniflements qui étaient enterrés par les bruits de chien battu que faisais son ami à ses côtés.

Une fois la cérémonie et les prières terminées, tout le monde se dirigea vers la salle de réception pour un buffet et des rafraichissements. Après quelques verres, Sébastien arrêta son pleurnichage et devint beaucoup plus sociable avec les invités. Carrie, comme elle l’avait prévu, rencontra plusieurs anciens collègues à qui elle n’avait pratiquement jamais adressé la parole sauf dans l’obligation de leur parler. Ils lui demandèrent tous, ou presque, ce qu’elle faisait à New York et elle se montra très évasive dans ses réponses, s’excusant à chaque fois de devoir aller surveiller Sébastien. Lorsque pour la 7ème fois, elle accourait dans ses petits talons vers Sébastien, elle arriva en plein milieu d’une conversation assez intéressante.

« Ah si! Je vous le jure! Il l’a vu!» s’écriait Seb de sa grosse voix de Grizzli.

« Allons, mon cher Roy. Vous savez très bien que ce n’est pas possible. Les fantômes n’existent pas! »

« Martin l’a vu! Et il lui disait qu’il était innocent! »

Une voix forte intervint. Jonathan Émond fit son apparition dans le petit cercle. Il avait un visage sévère et dit :

« Sébastien. Tu sais aussi bien que moi qu’il était coupable. Arrêtons les bêtises. Nous avions des preuves solides comme du béton. Et il est mort! Il est mort en prison! Ce n’était qu’un meurtrier mutant, rien de plus! Le premier tuer en série mutant de France et nous l’avons coffré!»

« Martin n’a jamais menti! Il ne m’aurait pas menti sur ce quelque chose d’aussi important, d’aussi grave… »

« Martin était un policier, mais en devenant enquêteur pour le COSEQUEM, il côtoyait des avocats! Bien évidemment qu’il mentait comme eux tous!» s’exclama Jonathan. Ses yeux dévièrent sur Carrie qu’il regarda avec un regard brûlant.

« Je te dis que non! » lui répondit le meilleur ami du défunt.

Comme un ours polaire qui grimpe sur ses deux pattes, Sébastien eut soudainement l’air plus grand que nature, plus menaçant qu’il ne l’avait jamais été. On insultait son ami! Le jour de ses funérailles!

« Martin a vu le fantôme de Murray! Et il lui a dit qu’on l’avait condamné injustement! Il le hantait! »

La foule autour des deux hommes commençait à être de plus en plus dense et les oreilles se faisaient indiscrètes.

"Et moi? Tu as l'intention de me dire au revoir?" dit alors une voix derrière Carrie.

Carrie se retourna et se retrouva face à face avec Jonathan. Toujours impeccable, il la regardait avec un visage impassible, les mains dans ses poches. Comme dans les films...Il avait toujours regardé trop de films. Il regarda Carrie se lever et se mettre devant lui, son visage quelques centimètres plus bas que le sien. Il se souvenait que trop bien de son regard transperçant, brûlant, glacial...mais plus encore, il se souvenait que trop bien ce qui s'était passé entre eux.

"Tu as l'intention de m'ignorer encore longtemps? De faire comme si je n'existais pas? Comme si nous n'avions jamais été des amis?"

L'homme élégant haussa les épaules d'un mouvement décontracté. Il dirigea son regard foncé sur Carrie qui le dévisageait toujours comme si elle réfléchissait à une façon de l'embrocher et le manger pour le dîner. Avec des pommes de terres, peut-être?

"Après tout, n'avons-nous pas été plus que des amis, même? Pendant plusieurs mois. 12 exactement. Le jour de ton anniversaire."