[29 septembre] Pause éphémère

(Chambre de Juliette et Jade)

L’esprit légèrement embrumé par la multitude de termes et de définitions inhérentes à son domaine d’étude qui était des plus abstrait pour la grande majorité des gens, Juliette avait décidé de s’octroyer une petite pause avant de reprendre le cours de ses révisions. Voilà pourquoi, elle avait dirigé ses pas en direction du grand escalier menant au rez-de-chaussée afin d’y descendre, avant de se laisser porter tranquillement jusqu’à la cuisine par son envie de détente passagère.

Une fois à l’intérieur de celle-ci, la surprise de la jeune femme fut grande car, chose rare en ce lieu habituellement si plein de vie, il n’y avait pas une seule âme qui vive hormis elle-même. Cela n’arrivait pas très souvent, mais ces moments d’absence dans la cuisine était cependant des plus appréciable. Dans un soupir las, Juliette se dirigea en direction du placard ou se trouvaient les tasses et en prit délicatement une dans la main. Ce fut ensuite au tour d’une cuillère de se voir kidnapper de son tiroir, et elle déposa le tout sur le plan de travail ou se trouvait la machine à expresso. Après une rapide et tour aussi habile manipulation de la part de Juliette qui témoignait ainsi de son aisance et de sa grande habitude à employer ladite machine, elle laissa la tasse se remplir lentement du breuvage autrefois réservé aux seul puissants de ce monde. Une fois que cela fut fait, Juliette reprit la tasse devenue brûlante et aromatisée, ainsi que la cuillère qui était en réalité plus un ornement guidé par l’habitude que par une réelle utilité dans ses mains, et se dirigea vers la table de la cuisine ou elle s’installa finalement après y avoir déposé son fardeau de porcelaine et d’acier.

Après avoir émit un léger souffle sur son expresso afin de l’aider à refroidir un tant soi peux, la jeune femme laissa son regard se perdre quelques instants dans le vide. Elle aperçut alors non loin de sa main droite la télécommande de la télévision installé sur le rebord de l’un des multiples plans de travail de la cuisine et, comme mû par une irrépressible envie d’oublier durant quelques instants ses cours, Juliette s’en empara avant de la pointer en direction du téléviseur qui s’illumina alors dans un bref mais lumineux flash étoilé. La première apparition qui vint envahir l’écran noir fut une publicité… Toute aussi sotte et sans logique, que la plupart dees autres publicités américaine. D’après ce que Juliette en comprenait, en l’ayant prise au vol, elle vantait les mérites d’une espèce de produit pour les voitures… Ou pour les chiens.. ? Allez savoir, ces deux types de publicités employaient bien souvent l’un et l’autre de ces éléments, pour promouvoir leur produits de nettoyage ou d’entretien. Peu désireuse de connaître l’exactitude des faits, la jeune femme changea rapidement de chaîne et se retrouva alors devant un journal télévisé. Voilà qui était nettement plus intéressant !

Satisfaite, Juliette déposa à nouveau la télécommande sur la table et portant une première fois sa tasse à ses lèvres quémandeuse, elle se laissa distraitement porter par l’écoute des nouvelles, qu’elles furent locales, nationales ou bien encore, internationales…

Les information défilaient les unes après les autres, sur le petit écran de la télévision portative placé sur le plan de travail proche de la fenêtre de la cuisine, donnant sur l’arrière de l’institut. Des informations sur le pays, mais aussi sur le monde… Des informations diverses et variées, qui avaient comme dénominateur commun de rappeler aux téléspectateurs combien la société humaine pouvaient parfois être bien cruelle avec ses propres enfants. Alors que passait à l’écran un énième reportage sur Genosha et sa politique de plus en plus embourbée dans ses difficultés internes, une petite chose fit son apparition dans la cuisine. D’un œil distrait, la gothique romantique jeta un regard curieux en direction de ladite petite chose, avant de s’apercevoir qu’il s’agissait de l’adorable petite Kitty. Celle-ci la salua poliment, un salut qui lui fut rendu de façon tout aussi aimable lorsque Juliette lui dit :

‘’Bonjour Chaton…’’

Puis elle se détourna de la fillette afin de se concentrer à nouveau sur les informations télévisés, laissant la préadolescente fouiller dans le réfrigérateur, ainsi que dans le placard ou se trouvait le pain. Visiblement, la fillette avait faim, ce qui pouvait laisser supposer qu’elle avait dû être très occupé une bonne partie de l’après midi. Sans vraiment la regarder, la gothique romantique vit Kitty venir à la table et s’installer juste à côté d’elle afin de se préparer son petit-encas. Celui-ci s’annonçait comme étant des plus frugale et la jeune femme en avalant une gorgé de son café devenu tiède, s’interrogea sur le fait que la fillette ne mangeait finalement que très peu… Prenait-elle soin de sa ligne.. ? Ma foi, c’était là une bien sotte pensée si jamais celle-ci était la sienne, car le chaton de l’institut n’avait apparemment aucune prise de poids à redouter. Un léger sourire vint alors esquisser une ébauche de présence sur les lèvres d’un rose scintillant de la gothique romantique, tandis qu’elle déposait à nouveau sa tasse sur la table de la cuisine… L’amour… Sans doute, faisait-elle attention à sa petite personne afin de toujours plaire à son petit inuit amoureux.. Juliette trouva cela absolument mignon comme tout. Puis, Kitty l’interrogea sur sa propre journée, et la gothique romantique tourna alors son visage en direction de la fillette et lui répondit dans un long et doux soupir dont elle seule avait le secret…

‘’Je vais bien, je te remercie chaton…Pour tout te dire, j’ai passé ma journée à réviser mes cours. La psychologie est un domaine extrêmement passionnant, mais aussi terriblement complexe… Surtout, celle concernant les enfants… C’est pourquoi, je suis venu faire une petite pause dans la cuisine avant de reprendre mes révisions. Mais toi chaton.. ? Que fais tu enfermée ici, alors qu’il fait si beau dehors.. ? Tu devrais en profiter pour t’amuser je pense…’’

Alors que Juliette allait poursuivre, le communicateur de la fillette sonna et la voix du petit inuit retentit au travers de celui-ci. Une voix étonnement dure, aux accents de colère ou de mécontentement… Reprocherait-il quelque chose à sa petite fiancée.. ? Voilà qui serait fort étonnant selon la gothique romantique, qui ne voyait pas ce que la fillette si gentille aurait pu faire au point de contrarier son amoureux au regard en amande. Glissant une main dans la chevelure de Kitty, Juliette la fixa d’un regard tendre avant d’ajouter :

‘’Il semblerait que Kalalli soit quelque peu contrarié, je me demande pour quelle raison…’’

Quelle que fut cette raison, il paraissait évident pour la gothique romantique que la fillette n’avait certainement aucun rôle dans celle-ci.

Pauvre petit chaton, au regard gris devenue aussi triste qu’un ciel d’automne balayé par les nuages grisonnants, annonciateur d’une météo terriblement maussade… Son cœur débordant de joie et de bonheur venait de se voiler d’un avis de tempête tout à fait inattendu, auquel l’innocente n’avait pas prévue de faire face. C’était une tornade toute aussi soudaine que surprenante, qui venait de ravager avec violence l’enthousiasme dont la fillette faisait preuve, depuis qu’elle avait commencé à lui expliquer le déroulement de son après-midi. Cette catastrophe presque naturelle venait des régions du grand nord et portait le joli et peu usuel en ces contrée occidentales, prénom de Kalalli.

En écoutant les explications de Kitty concernant les raisons probables de la colère du petit inuit, Juliette Hocha délicatement la tête de haut en bas d’un air songeur. Pour la gothique romantique, il était clair que tout ceci découlait d’une bonne intention de la part de la jeune mutante, et qu’aucun mal malicieux et sournois, n’était venu envahir son acte qui déplaisait visiblement à son petit fiancé…. Mais en même temps, elle comprenait la réaction de ce dernier. C’était presque un homme après tout, un petit bout de masculinité encore bien maladroite et mal maîtrisé, mais qui affichait déjà bien des caractéristiques typique d’une certaine forme de machisme auquel n’échappait malheureusement aucun membre du dit sexe fort. C’était dommage, la gothique romantique comprenait que son adorable petit inuit commençait à s’éloigner de sa nature si innocente, à son grand regret et, par-là même, de ce côté naïf qui le rendait en fin de compte si attachant.

Devant la tête basse et la mine assurément déconfite de Kitty, Juliette décida de glisser avec une grande délicatesse ses mains sur le visage de la fillette, après quoi elle la força avec douceur à tourner son visage de petit chaton attristée dans sa direction, tout en redressa ce dernier afin de leurs regards se croisent. La gothique romantique lui sourit alors tout simplement et, rapprochant son visage pâle de celui de Kitty, elle arrêta ce rapprochement lorsque leurs visages furent à deux doigts de se toucher.

‘’Je vais te dire un grand secret de fille, concernant les garçons chaton…’’

lui dit alors Juliette, toujours souriante, en caressant les joue de la fillette de ses pouces qui effectuèrent des allers et venues lascive…

‘’Ils sont tous idiots, peu importe leur âge…’’

Un clin d’œil complice vint ponctuer cet affirmation certainement plusieurs fois millénaire, tandis que la gothique romantique continuait de prodiguer ses attentions tendres au petit chaton de l’institut. Puis, ell reprit la parole afin de rassurer la fillette qui s’interrogeait ur sa résponsabilité dans cette colère qui venait de lui éclater, littéralement, au visage…

‘’Tu n’a absolument rien fait de mal chaton, rassures toi. Bien au contraire, je pense que tu as eu raison d’agir ainsi… C’était peut-être un peu maladroit, mais tu as agis ainsi parce que tu voulais que Kalalli soit en mesure de se débrouiller tout seul, si jamais il devait à nouveau se retrouver dans la situation qui l’avait amené à l’infirmerie… Et cela, c’est un geste très noble, n’en doute jamais. Mais comme tu l’avais si justement deviné, c’est un garçon, et les garçons n’aiment pas que les filles les aident… Ils considèrent, bien souvent à tort, que c’est un acte de pitié à leur égard, plus qu’un acte d’attachement, il pensent, à tort, que cela les diminuent, eux qui élèvent au nues leur force et leur nature de mâles viril… En vérité, je ne pense pas qu’il soit réellement en colère contre toi, je crois plutôt que son petit égo naissant en à pris un vilain coup.’’

La gothique romantique se détacha ensuite de son étreinte sur le visage de la fillette et, se redressant, la jeune femme poussa un soupir las avant d’écarter de ses doigts chaleureux les quelques mèches venus glisser sur le visage de Kitty. Tout en effectuant ce geste typiquement maternel avec une attention certaine, Juliette poursuivi son propos…

‘’Tu sais chaton, il ne faut pas lui en vouloir, les garçons ne fonctionnent pas comme nous. Même s’ils te disent qu’il n’en est rien, les hommes sont des dominants, il en est ainsi de leur nature profonde. Ils doivent, à tort ou à raison, s’affirmer face aux autres garçons qui sont plus grand, plus fort… Et se croire être pris en pitié par une fille, même si cela est erroné, les ridiculisent aux yeux des autres garçons, mais aussi, sans doute plus encore, aux regards des autres filles… Je sais chaton, c’est affreusement stupide comme réaction mais… C’est ainsi que fonctionnent les garçons et même si cela à tendance à diminuer un peu avec les années, c’est un raisonnement qui ne disparaît jamais entièrement. Ainsi, sont fait les hommes, terriblement plus compliqués que les femmes.’’

Juliette délaissa ensuite les envahisseurs capillaires et le visage de la fillette, pour glisser une des mains de Kitty entre les siennes avant de continuer à lui parler d’une voix toujours aussi douce…

‘’Mais notre petit inuit n’est pas un mauvais garçon, et nous, les femmes, sommes heureusement douée d’un plus grande sagesse que celle des hommes, il nous reviens donc de faire le premier pas dans ce genre de situation… Il faut panser la légère meurtrissure de cet égo encore fragile, afin de le rassurer. C’est pourquoi, je te conseille d’aller le voir des qu’il rentrera et de lui présenter tes excuses pour tout ceci… Mais attention chaton, explique lui clairement les raisons pour lesquelles tu a agis de la sorte, autrement tu le confortera dans son idée que tu es coupable de quelque chose, et il pensera alors avoir une réelle raison pour t’en vouloir…’’

Juliette leva alors la main de la fillette au niveau de ses lèvres et, écartant une de ses propres mains, la gothique romantique déposa un délicat bisou sur celle-ci avant de revenir, toujours habité de ce sourire apaisant, sur le visage de la fillette…

‘’Courage chaton… Si Kalalli est un garçon aussi intelligent que je le pense, il comprendras certainement que tu a fait cela pour lui…’’

Conclu finalement Juliette, dans un ultime clin d’œil de connivence tendre.

En entendant la réponse de Kitty, la gothique romantique ne pu retenir un discret soupir de résignation tandis que sa main caressa à nouveau la chevelure de la fillette d’un geste fluide et toujours aussi attentionnée… Haaa… L’amour… C’était une bien jolie chose que celui-ci, mais il avait toutefois la fâcheuse habitude d’aveugler ceux qui se voyaient touché par sa grâce au délicieux parfum de divin. Bien entendu, Juliette ne doutait pas un seul instant de la grande gentillesse et de la sensibilité certaine du petit inuit, mais la nature humaine était ce qu’elle était depuis bien des millénaires maintenant. C’était un bien étrange héritage psychologique, aussi bien pour les hommes que pour les femmes. Toutefois, elle eu la sagesse de ne pas tenter de faire comprendre cela à Kitty qui, comme toute les filles aveuglées par ce sentiment à la fois si doux et pourtant si cruel, surtout chez les jeunes filles aussi juvénile qu’elle, ne serait sans doute pas en mesure d’accepter cette réalité… Mais après tout… N’était-ce pas cela que la merveilleuse magie de ce sentiment, qui hissait ce dernier au panthéon des émotions humaines.. ?

‘’Kallali est en effet un bien charmant jeune homme chaton, je pense aussi qu’il comprendra ton point de vue lorsque tu lui expliquera pourquoi tu as agi de la sorte. Tu as fait tout cela uniquement pour lui après tout, c’est une preuve indéniable de l’attachement que tu lui portes.’’

Lui répondit lascivement la gothique romantique, tandis que la fillette terminait son en-cas dans un silence entrecoupé par les paroles émanant de la télévision ou passait un reportage sur un quelconque homme politique, bien évidemment empêtré dans une affaire de malversation et de magouille politique…Voilà encore un domaine ou les choses ne changeait guère non plus, en dépit du temps qui passait… Dans un sourire, Juliette regarda Kitty d’un aire attendri. Elle se dit, en son for intérieur, qu’elle aimerait encore être aussi naïve et innocente que son petit chaton. Aux innocents les mains pleines, disait le dicton… Tout ce que la gothique romantique souhaitait, fut que celles de la fillette ne se vident pas trop vite.

Lorsque Kitty avala la dernière bouchée de son sandwich, elle quitta presque instantanément sa chaise telle un petit lutin empressée, sans prendre le temps d’une digestion sommaire. Juliette la regarda ranger tout ce qu’elle avait sorti pour se sustenter, avant de ramasser d’un revers de la main les quelques miettes de pain venu s’écraser en un silence discret sur la table de la cuisine. Avant de quitter la pièce, Kitty la salua et la remercia pour ses conseils et Juliette lui répondit dans un sourire accompagnant un geste gracile de la main :

‘’Ce fut un véritable plaisir chaton, tu peux revenir me voir toutes les fois que tu auras envie de parler… A plus tard…’’

Conclu finalement la gothique romantique, tandis que Kitty s’enfuyait déjà dans le couloir tel un petit elfe insaisissable. Se détournant définitivement de la fillette, Juliette soupira doucement… Kitty était vraiment une adorable petite fille et elle se dit, dans une pensée aussi éphémère que distraite, qu’elle aurait aimé avoir une petite sœur comme elle. Mais le départ de Kitty rappela cruellement à le gothique romantique que elle aussi avait à faire… Sa petite pause avait duré bien assez longtemps et ses cours l’attendaient les bras grand ouvert, sagement et patiemment installé sur son bureau… Il n’y aurait pas de miracle pour la jeune femme, aussi gothique romantique qu’elle soit. Dieu… Quelle cruelle destinée, que celle de ne plus être une enfant, songea alors Juliette tandis qu’elle vidait sa tasse de café tout en s’emparant de la télécommande afin d’éteindre le téléviseur qui sombra à nouveau dans le mutisme audiovisuel. A son tour, Juliette se leva, se dirigea vers l’évier ou elle nettoya sa tasse ainsi que sa petite cuillère, puis elle rangea le tout après l’avoir précautionneusement essuyé, chaque objet retrouvant sa place d’origine.

Voilà… C’était une pause très appréciable, mais comme tout adulte, la réalité se rappelait à son bon souvenir et la pressait de laisser ses pas fantomatique le diriger à nouveau en direction de sa chambre…

(Chambre de Juliette et saut temporel)