X-Rays : Le crime de l'orient express : Salon 2

Le second salon était une pièce aux confortables et moelleux fauteuils



Se trouve actuellement dans la pièce :

Hope Anderson-Hunter. L'héritière d'une famille de riches propriétaires miniers du nord de l'Angleterre.	Le personnel de service

[ Salon 1]

Interroger les suspects... C'était vite dit. Il n'avait jamais fait ça de sa vie. Enfin, il y avait un début à tout. L'ennui c'était que leur présence n'était pas officielle, il allait falloir se montrer un peu plus subtil qu'un flic de base, et il n'était pas sûr de savoir faire ça non plus. La vie de geek était de plus en plus dure ._..

Jetant un coup d'œil par dessus son épaule pour voir ce que faisait Rachel et Yamina, Jeremiah observa ensuite le salon cossu devant lui, cherchant des yeux les occupants qui pouvaient s'y trouver pour s'en faire une rapide idée.

Seule la charmante Hope Anderson-Hunter se trouvait dans ce wagon, installée dans un des confortables fauteuils, elle regardait pensivement le paysage qui défilait, en buvant ce qui semblait être un cognac.

Voyant Jérémiah entrer, elle se tourna un instant vers lui : "Bonjour...", dit-elle tout d'abord, avant de murmurer. "Quelle tragédie... Finir ainsi, lors d'un voyage aussi merveilleux." Un soupçon d'amertume pointait dans sa voix. Elle descendit le reste de son verre cul-sec.

"Bonjour."

Sans trop montrer son soulagement -ouf, elle entamait la conversation toute seule comme une grande-, le mutant adressa un léger sourire de circonstance à la jeune femme, choisissant de la rejoindre en s'installant dans un fauteuil proche du sien. C'est vrai qu'en général, un meurtre force un peu des gens qui ne se connaissaient pas à se rapprocher. Même si on n'envisage pas forcément que le meurtrier fasse parti du groupe, l'esprit grégaire se réveille. Faire front commun, tout ça tout ça. En tout ça, ça arrangeait plutôt ses affaires. Hochant gravement la tête, il tourna légèrement la tête pour regarder le paysage défiler puis revint à elle :

"Ne m'en parlez pas, j'ai du mal à y croire encore. Je dors dans le compartiment voisin du sien vous savez..."

Maintenant qu'il en parlait, heureusement qu'il s'agissait d'une simulation, il n'aurait pas franchement adoré dans la réalité ne partageait même qu'un mur avec un cadavre.

"Je n'avais jamais eu l'occasion de parler avec lui, pourtant il semblait très sympathique. Vous-même, vous le connaissiez un peu ?"

Suivant des yeux le cognac qui remplissait à nouveau le verre de la jeune femme, Jeremiah se mordilla la lèvre, adoptant un air pensif. Il adressa un sourire distrait à son interlocutrice et haussa les épaules :

"Il n'y a pas de problèmes, vous avez raison, nous sommes tous à cran en ce moment. Je crois qu'il n'était pas seul quand il est rentré hier soir, mais je me fais peut-être des films après toute cette histoire..."

Ne pas se mouiller... Une philosophie de vie chez Jeremiah. Appuyant le menton dans sa paume, le geek haussa un sourcil en apprenant plus sur la victime :

"Le social, vraiment ?? Il participait à des actions caritatives, ce genre de chose ?"

Commander un truc ? Ne rien commander ? Qu'est-ce qu'on devait boire, dans un train de luxe ? Ça lui aurait occupé les mains et donné un peu d'aplomb, mais il ne se sentait pas franchement de s'enfiler des cognacs à la chaîne comme Hope Anderson et s'abstient donc, même si ça aurait été carrément plus classe de jouer au détective en faisant tourner un peu d'alcool dans un verre.

"C'est vraiment triste. Vous pensez qu'il a été tué pour de l'argent ? S'il était en voyage d'affaire, il avait peut-être sur lui... De quoi motiver un assassin."

Écoutant attentivement les explications de la jeune femme, Jeremiah hocha la tête, comme s'il se souciait beaucoup de ces problèmes entre la vieille aristocratie et la nouvelle bourgeoisie.

"Ce doit être d'autant plus pénible pour vous que vous commenciez à le côtoyer un peu. Difficile de se dire que quelqu'un avec qui on parlait la veille n'est plus là..."

Le garçon tourna la tête vers la fenêtre, pensif, faisant mine de s'intéresser de nouveau au paysage. Il observa ce dernier un instant, cherchant ses mots avant de revenir à Hope.

"Vous l'aviez vu un peu, hier soir ? Il était différent de d'habitude ? Peut-être qu'il sentait que quelque chose aller arriver..."

Pas très réactif le pauvre homme, s'il avait su...

Le geek eut une moue déçue à la réponse de la jeune femme. Prenant appui sur sa paume, il croisa les jambes, réfléchit un instant et reprit :

"Oh... Et sinon, rien de particulier pendant votre soirée ? J'imagine que vous l'avez passé avec votre mari... Mais vous avez peut-être remarqué quelque chose sans savoir que c'était important..."

Se mordillant la lèvre, le garçon eut un sourire gêné pour son interlocutrice :

"Je suis désolé, je suis trop curieux, mais depuis ce matin tout ça me tourne dans la tête. J'ai lu trop de romans sans doute, mais je ne peux pas m'empêcher de penser que l'un d'entre nous a peut-être vu quelque chose d'important sans le savoir."

Jeremiah haussa un sourcil devant la réflexion aux airs quasi philosophiques de Hope Hunter-Anderson. Enfin. Philosophie de la vodka quoi. En attendant, il pataugeait tellement que la moindre information lui semblait d'une importance capitale, quand bien même il ne sache pas encore l'interpréter, et il cala donc les paroles de la jeune femme dans un coin de sa tête. Au pire, ça ferait toujours classe à ressortir un de ces jours. Quand il serait devenu multimilliardaire et qu'il voguerait lui-même dans les eaux du luxe. Aheum.

Sans questions plus définies en tête, il n'avait plus grand chose à faire là. Espérons que les filles avaient pêché des choses intéressantes pour compléter ce qu'il avait, histoire de brosser un tableau plus précis de la situation. Prenant poliment congé de la jeune femme et de son verre de vodka, le garçon se dirigea vers la sortie du salon. Tout le monde avait l'air au courant pour cette histoire de diamants... Hope avait raison, ce n'était pas particulièrement malin de la part de Beckers. La fortune existait-elle vraiment ? Il n'arrivait pour le moment pas à imaginer de raisons poussant quelqu'un à brailler sur tous les toits : "je suis riche, détroussez moi !". Et si elle était bien réelle, savoir où elle se trouvait actuellement les ferait sans doute avancer, c'est donc d'un pas résolu que le geek se dirigea vers le wagon-lit.

Le train avait finalement fait son entrée en gare. Et il ne fallut pas bien longtemps pour que des policiers investissent les wagons dans lesquels ils se trouvaient. Rachel, Yamina et Jeremiah, ainsi que les autres passagers, Hope, Chris, Renaud et Gaël, furent regroupés dans l'un des salons.

L'inspecteur se tourna alors vers les X-Rays.

"Alors. Vous avez normalement eu le temps de faire votre petite enquête. Qui devons nous arrêter ?"

Rentré dans le petit salon à la suite de ses coéquipières, Jeremiah avala sa salive. Il avait une boule dans l'estomac et se sentait curieusement stressé. Quelle idée d'avoir le trac, tout ça, au fond, ce n'était qu'un jeu. Un jeu sérieux certes, voué à les entraîner, mais un jeu quand même. Personne ne dépendait pour de vrai de ce qu'il dirait. C'était juste... que tous ses gens avaient l'air très réel. Rapidement, plus rapidement qu'il ne l'aurait voulu, l'inspecteur se tourna vers eux. Du regard, le jeune homme consulta les deux autres X-Rays : ils avaient eu le temps de confronter leurs recherches et leurs idées, mais la partie n'en était pas finie pour autant.

"Comme nous nous en doutions, M. Beckers est mort empoisonné, apparemment, par de la mort au rat dans son thé. Thé qu’il a prit hier soir… en votre compagnie."

Peu doué pour les effets dramatiques, le garçon avait énoncé les faits simplement avant de se tourner vers Chris Anderson.

"Vous avez essayé de détruire des preuves... Mais pas très discrètement, dommage. Il y a d'autres fenêtres que la votre dans ce train vous savez."

Son regard passa ensuite sur Hope et il haussa les épaules :

"C'est vrai qu'à deux, c'est plus facile, on s'offre mutuellement un alibi... Évidemment, mieux vaut pouvoir être sûr de faire confiance à l'autre."

Aucune certitude quant à l'implication de la jeune femme, sauf si une consommation excessive d'alcool suffisait comme preuve de culpabilité. Il espérait surtout déstabiliser un peu le couple, particulièrement le notaire. Furtivement, Miah jeta un coup d'œil à Rachel. C'était à elle d'en remettre une couche.

Les révélations de Rachel et Jeremiah avaient fait leur petit effet, bien que la plupart des convives se contentèrent de garder le silence, y compris Hope Hunter, qui semblait pourtant accusée de complicité.

Chris, visiblement le principal accusé, prit la parole.

"Absurde et grotesque.", dit-il d'un ton calme et mesuré, comme seuls les notaires en étaient capables. "L'état des finances de la famille Hunter, quoique pas aussi florissant qu'auparavant, ne nécessite pas non plus d'aller jusque là. D'autant que... Si j'avais vraiment eu besoin de ces diamants, quel intérêt aurais-je à tuer la vache à lait, je vous le demande ?". Les policiers se regardèrent les uns les autres en hochant la tête. "De la même manière, je ne vois absolument pas en quoi le fait que j'ai quitté la table tout à l'heure peut trahir une quelconque culpabilité, c'est parfaitement grotesque. À moins bien sûr qu'avoir besoin de s'allonger et d'être un peu au calme quand partout ça ne parle que d'un meurtre d'une personne estimable soit un délit ?". Il restait toujours tout à fait calme. "Vous oubliez une hypothèse quant à ce soi-disant message : que quelqu'un d'autre l'ait écrit. Après tout, vous affirmez bien être entrée -sans autorisation, par ailleurs- dans ma suite. Pourquoi pas quelqu'un d'autre ? De même, ce n'est sans doute pas M. Le Brehan qui contestera le fait qu'on puisse avoir besoin de se relever la nuit après un repas bien arrosé. Il en va de même pour cette soi-disant tasse : il y a d'autres fenêtres que la mienne... Qu'est-ce qui vous dit qu'elle serait passée par une des miennes ? Ça ne tient pas debout." Il haussa les épaules, et afficha un petit sourire triomphal, puis s'adressa aux policiers. "Si vous n'avez pas mieux que ça, j'ai bien peur que vous repartiez bredouilles, messieurs les policiers. Ce serait là une grande déception..."

Empreint d'une certaine perplexité, les policiers finirent par désigner du doigt Hope et Chris.

"Vous deux, vous venez avec nous au poste, on va tirer tout ça au clair.", puis ils se tournèrent vers les enquêteurs : "Merci pour votre aide."

La simulation s'arrêta sur ces entrefaites, et Adam arriva dans la salle des dangers les mains dans les poches, un petit air satisfait sur le visage.

"Et bien, ça n'a pas été de tout repos, n'est-ce pas ? Leur tirer les vers du nez... En tout cas, vous avez trouvé le bon coupable. Mais pas le bon mobile... Réfléchissez-y encore un peu, et revenez me voir à l'occasion, si vous voulez faire la lumière sur toute cette terrible affaire du meurtre de l'Orient Express."

Rachel rougit et fit une moue. C'était pas facile toute cette histoire d'enquête! Et pis, il faisait suer le Anderson! Elle enleva sa veste qu'elle trouvait trop chaude, surtout devant des accusations qui avaient toutes été niées. C'était décourageant pas à peu près! Elle croisa les bras et s'approcha de Adam et lui demanda d'une voix de confidence:

"Est-ce qu'ils étaient amants, M'sieur Adam? Le petit message était pour Beckers?"

Face à la question de Rachel, Adam s'arrêta et répondit d'un air connaisseur.

"Aaah... l'amour... Les plus grandes tragédies n'ont pas pour origine l'argent ou la richesse, mais un cœur brisé ou à reconquérir..."

Il conclut cette mystérieuse confirmation par un petit clin d'œil.