Excursion de nuit aux quais

Alors que Leah attendait et se promenait sans trop de destination, sur les quais, elle fut abordé par un jeune garçon


"Salut... T'es toute seule ?"

Il ne semblait pas beaucoup plus vieux qu'elle, et sa voix au fort accent, ainsi que son uniforme, trahissaient une origine étrangère et lointaine, vers l'est.

Le marin regarda le petit manège de Leah d'un air interdit. Qu'est-ce que c'était que ces salades là encore. Il écarta la question d'un revers de main, et se fit un poil plus pressant.

"L'heure ? Rien à foutre de l'heure, on est pas pressé, j'ai tout mon temps. T'as l'air un peu jeune, mais bon... Plus rien ne m'étonne. Tu prends combien ?"

Visiblement, il y avait comme un petit malentendu...

Le marin n'avait pas vraiment l'air motivé pour attendre la prochaine inscription de Leah, et lui donna une claque sur la main, lui faisant lâcher son carnet et son stylo qui tombèrent par terre, avant de lui attraper violemment le poignet en lui disant.

"Tu causes pas hein ? Tant mieux, tu me casseras pas les oreilles comme ça. Voilà ce qu'on va faire... On va aller dans un coin, et je vais me charger de te faire un peu crier. Et si ça me plaît, je te filerai ce que je pense que tu vaux."

Il regarda rapidement autour de lui, et commença à l'entraîner dans un coin plus tranquille, à l'ombre de bâtiments qui semblaient être des entrepôts.

Si elle avait déjà commencé à ressentir de l'angoisse, cela devint rapidement de la terreur lorsqu'il lui attrapa violemment le poignet. De la douleur aussi, sans compter qu'elle aurait surement les marques de la poigne de ce dernier qui resteront incrusté sur sa peau pour un moment. Avec ce qu'il venait de dire, avant de l'entrainer avec lui vers elle ne savait où, il était évident que ce n'était pas bon du tout pour elle.

Se débattant du mieux qu'elle le pouvait, du moins de sa frêle personne absolument pas musclée, elle poussa alors un cri particulièrement aigu, avant de rajouter, sur le même registre d'aigu ;

"LACHE-MOI ! LACHE-MOI !"


Timidité ? Oui, mais même la plus timide des jeunes filles pouvait passer par-dessus ça si elle se retrouvait dans une situation critique.

Le marin l'entraînait avec force vers un entrepôt à l'écart puis, entendant ses cris, émit un petit grognement de satisfaction.

"Génial ! Tu vois que tu peux quand tu veux, et j'ai même pas encore commencé à m'occuper de toi."

Il la jeta alors contre un mur, et porta sa main à sa ceinture. En était-ce fini pour Leah ? Allait-elle passer un mauvais quart d'heure ? En fait non. Quelque chose bougea derrière le marin, qui eut un léger hoquet de surprise, et s'effondra sur le carreau, révélant... une personne inattendue.


La personne tenait un de ces appareils de self-défense qui produisait des décharges électriques, et regardait le jeune marin lubrique d'un air satisfait, tout en disant d'une voix sirupeuse, à l'intention de Leah :

"Voilà qui devrait calmer ses ardeurs !"

Elle lui tendit alors la main pour la relever.

"Je m'appelle Gina. Viens ma poulette... Faut pas rester ici, tu vas prendre froid."

Et elle l'emmena à travers la zone portuaire, jusqu'à un hangar de briques qu'elle ouvrit à l'aide d'un subtil coup d'épaule dans la porte. L'intérieur n'était pas aménagé comme une maison, mais il y avait du confort minimal : quelques tables, des cafetières et théières, des lits dans un coin, et une salle d'eau derrière une cloison assez fine pour distinguer s'il s'y trouvait quelqu'un ou non.
Leah put voir qu'il y avait d'autres femmes dans l'endroit, mais pas des jeunes filles comme elle plutôt... des dames de peu de vertu.

"C'est pas le Ritz, mais au moins, tu seras à l'abri. Qu'est-ce que tu fous là ma cocotte ?

Demanda-t-elle sans détour, tout en se servant une tasse de thé fumant et odorant.

"Du thé ?", proposa-t-elle

Gina tendit sa tasse à Leah, et s'empara d'une autre qui traînait à proximité d'un évier. Tasse qu'elle remplit également, tout en marmonnant, "Une fugue... Ma pauvre chouette...", d'un air désolé.

Elle tira une chaise et s'assit, invitant Leah à faire de même, puis expliqua.

"C'est pas un endroit pour les jouvencelles ici... Les filles sont cool tant que je suis là, mais tu ne pourras pas rester. Tu as quelque part où aller ? Ou quelqu'un à prévenir ?"

Après avoir bégayé ce simple mot, elle s'était attendu à ce que la femme lui réclame son adresse, pour la ramener, ou son numéro de téléphone. Elle s'était aussi attendu à ce qu'elle profite de sa situation. Aussi, fit-elle un peu surprise que cette dernière comprenne tout à fait, et qu'elle compatisse à sa situation. Elle écouta en silence les explications de celle qui venait de la recueillir, et, se disant qu'elle pouvait peut-être lui faire confiance, répondit simplement et honnêtement.

"Non... J'ai pas d'endroit où aller..."

Certes, elle était du coup un fardeau sans doute, pour cette femme qui semblait vouloir la laisser dans un endroit sur, mais d'un autre côté, n'étant jamais sortie de chez elle, elle ne connaissait que ses parents. Et encore; puisque ceux-ci étant sur le point de divorcer.

La femme eut, à nouveau, l'air contrariée et ennuyée. Elle marmonna un peu en allant nettoyer sa tasse, puis revint en disant.

"Ma pauvre chouette... Tu peux rester ici un peu au besoin... Histoire de dormir et reprendre du poil de la bête. Mais il faudra payer ton séjour... Ménage, courses... Et je te préviens, les filles ne sont pas forcément toujours très avenantes."

En voyant le visage un peu contrariée de la femme, elle culpabilisa. D'autant plus qu'elle l'avait déjà aidé cette nuit, et ne lui devait rien en réalité... Et puis, même si elle restait ici, que ferait-elle ? Tout au mieux, elle pouvait accepter de passer la nuit ici, mais pourrait repartir ensuite vers le centre-ville.

"Je... je peux juste re-rester dormir ce-cette nuit ?" demanda-t-elle, bégayant un peu, rougissante de timidité. "Je pourrais repartir demain si c-c-c'est mieux comme c-ca."

Gina hocha la tête et conclut. "On y verra plus clair demain quand il fera jour..."

Elle regarda la pièce rapidement, puis se dirigea vers un lit dans un coin qu'elle alla un peu arranger, et devant lequel elle installa de modestes paravents, avant de revenir à Leah.

"Voilà ma chouette. C'est pas vraiment très intime, mais je vais prévenir les filles de te foutre la paix. On rediscutera de tout ça demain. Normalement, je reste là, mais je peux aussi partir en tournée dans les quais, tu as un téléphone si tu veux m'appeler, suffit d'appuyer sur le bouton 1. Et puis sinon, t'as le petit coin là-bas."

Elle désigna un petit couloir au fond du bâtiment, puis accompagna Leah jusqu'à son lit.
Malgré l'épuisement, la nuit ne fut pas forcément facile... L'endroit était éclairé, et il y avait un peu de va et vient qui faisait du bruit.

Mais le lendemain matin, Gina était toujours installée à son office, semblant absorbée dans quelque pensée alors qu'elle rangeait un peu de vaisselle.

Gina sursauta à moitié puis se tourna vers Leah, reprenant son faciès bienveillant.

"Bonjour ma chouette. Pas trop mal dormi ? Tu veux déjeuner quelque chose ? Je dois avoir un peu de pain qui traîne quelque part, ou des céréales...", dit-elle en farfouillant dans les placards.

Leah put constater qu'autour d'elle, quelques filles étaient installées dans d'autres lits, dormant à poings fermés.

Alors qu'elle bégayait son petit bonjour avec timidité, elle remarqua néanmoins qu'elles n'étaient pas seules, et que d'autres filles dormaient à poing fermés dans d'autres lits. Étaient-elles dont habitués à dormir ainsi ? Une fois de plus, elle s'interrogea sur la nature de cet endroit. Avant de se dire qu'il ne vaux mieux pas se poser trop de questions.

"O-o-oui... des céréales, si... si ça dérange pas", répondit-elle, rougissante et regardant ses pieds. Ah tiens, elle avait donc mis ces chaussures-là ?

Gina sortit des céréales -de simples pétales de maïs- d'un placard, ainsi qu'un bol et du lait qu'elle posa sur la table, laissant Leah se servir, avant de s'installer à son tour à table. Après un bref instant de silence, elle répondit d'une voix éteinte à la question muette que la jeune fille se posait.

"Tu dois te demander où tu as atterri, ma pauvre chouette... Toutes ces filles ici ne connaissent pour ainsi dire que le monde de la rue, le trottoir, et le tapin. Elles n'ont nulle part où aller à part ici... C'est juste une petite mission. Ne va pas croire que je suis une maquerelle ou un truc du genre. Je leur file juste un toit, un peu à manger, et un peu de réconfort parfois. Et j'élimine les gars trop entreprenants comme celui d'hier soir qui t'es tombé dessus. Enfin bon... Quand je suis là... Je ne peux pas être partout."

Cela sonnait vaguement comme un regret...

"La plupart sont de braves filles qui ont fait de mauvais choix, et qui n'ont plus que ça pour vivre."

À cette conclusion, elle posa un regard que le poids des ans avait rendu plus perçant sur Leah, ce qui avait un petit quelque chose de déplaisant, au vu de la comparaison entre la situation actuelle de Leah, et l'avenir que Gina lui exposait.

Alors que la dame lui expliquait enfin l'utilité de l'endroit où elle s'était retrouvée, elle frissonna. Tout cela lui avait coupé l'appétit, et avait cessé de manger. Certes, il était vrai qu'elle lui avait été d'une très grande aide hier, alors que ce marin avait failli... A bien y repenser, elle avait vraiment eu peur quand il avait commencé à l'entrainer. Mais quelle idée elle avait eu aussi de venir par ici à cette heure-là de la nuit. Pourquoi donc voir les quai au lieu de se trouver un hôtel ?

Elle frissonna de plus belle lorsque cette dernière lui jeta un regard, laissant entrevoir une comparaison entre la situation de ces filles et celle de Leah.

"Quelles... sortes de mauvais choix ?" se hasarda-t-elle à demander, toujours aussi rougissante et en détournant le regard sur ses cérales, mais sans bégayer cette fois.

Gina regarda un instant une jeune fille qui dormait dans un coin, et marmonna.

"Elle, elle s'est entichée d'un gars, et l'aurait suivi jusqu'au bout du monde s'il avait fallu. Ils ont passé quelques années ensemble, elle a coupé les ponts avec sa famille, ses amis... Et quand le gars la plaqué, elle s'est retrouvée à la rue."

Une autre fille qui semblait émerger.

"Celle-ci a décidé de plaquer ses études et la vie qui l'attendait pour vivre une sorte de grande aventure artistique. Sauf qu'elle ne devait pas avoir assez de talent, ou assez de chance. Et les années blanches font toujours tache sur les CV. Surtout quand on a plus de toit."

Elle haussa les épaules, embrassant d'un regard circulaire les filles présentes, puis se reporta sur Leah.

"La plupart ont des histoires dans ce genre là... Mais mange donc !"

Leah écouta en silence ce que lui raconta la dame, et ne put que faire le rapprochement avec elle-même. Après tout, elle, elle n'avait que quinze ans et venait de décider à peu près sur un coup de tête de fuir de chez elle. A cet instant, elle aurait pu en déduire qu'elle devrait sans doute retourner chez elle, bien sagement, et jouer aux petites filles modèles. Car, que ferait-elle maintenant, toute seule ? Elle n'avait même pas l'âge de travailler, songea-t-elle, avalant une bouchée de céréales. Toutefois, elle ne voulais pas y retourner. Pas maintenant, pas tout de suite. Et s'il elle faisait un tour en ville ? Dans tout les cas, ne pas abuser de l'hospitalité de sa sauveuse était une évidence.

Ainsi, après avoir fini, elle se leva, et déclara juste ;

"M... Merci de m'avoir sauvé et de v-vous êtres occupée de moi... Mais je vais partir, je ne ve-veux pas abuser...."

Gina la suivit du regard, mais ne fit pas de geste pour la retenir.

"Tu pars si tu veux ma chouette. J'espère juste que tu sais où tu vas... En tout cas, garde mon adresse dans un coin de ta mémoire, tu pourras aussi revenir quand tu auras besoin. Et puis évite juste de traîner dans les coins glauques à des heures pas possibles, ce n'est plus de l'âge de la vieille Gina !", dit-elle pour finir sur une note plus drôle, avant de se lever à son tour, pour débarrasser la table.

"M-merci", bégaya-t-elle en prenant le chemin de la porte.

Bien qu'elle nota intérieurement l'emplacement de l'endroit, elle ne savait effectivement pas où aller. Bon, à défaut d'avoir encore son cahier pour écrire, elle avait au moins encore son argent. Aussi, prit-elle enfin le bus avec l'occasion de pouvoir enfin quitter cet endroit. Mais pour quelle destination cette fois ? Chez elle ? Aucune envie. Elle devrait sans doute. Devrait. Mais pour voir de nouveau ses parents s'engueuler ? Certes, à son sujet la majeure partie du temps. Mais ce n'était qu'un prétexte. Ils avaient toujours eu un peu de mal à communiquer entre eux, se rappela-t-elle, en pinçant les lèvres et posant sa tête contre la vitre du bus.

Après plusieurs arrêts, elle se décida à descendre près d'une librairie-papeterie. Ce qui pourrait l'arranger, après tout, elle avait besoin d'un autre cahier. Besoin ? En fait non. Elle savait parfaitement parler, et elle l'avait très bien fait avec sa sauveuse. En examinant les différents petits cahiers, elle se rappela aussi du moment où ce marin lubrique lui avait fait tomber le sien. Si elle n'avait pas finalement usé de sa voix, qui sait... Hésitante, elle se dirigea plutôt vers les rayonnages de livres, se dirigeant directement vers romans. Elle qui est particulièrement solitaire, la lecture reste une de ses plus grandes occupations après tout. Laissant son regard balayer les rangées de livres, elle jeta finalement son dévolu sur l'un d'entre eux.... A quelques rangées au-dessus d'elle, hors de portée à première vue. N'osant pas tellement aller chercher un vendeur qui aurait pourtant pu lui attraper le précieux bouquin, elle se hissa d'abord sur la pointe des pieds, et, tenta de le saisir du bout des doigts. Si bien qu'il fini par, non pas aller docilement dans sa main, mais tomber sur sa tête.

(HJ : Normalement, tu n'es pas censée décider que ton pouvoir s'active, ou que personne ne t'a vue. C'est au MJ qu'il appartient de déterminer ce genre de choses. J'ai barré la partie correspondante de ton post, et je me permets de reprendre le cours des choses à partir de là. Je te demanderai d'être plus vigilante sur ce point à l'avenir )

Après avoir rebondi sur sa tête, le livre s'échoua par terre, mais, alors que Leah s'apprêtait à le ramasser, quelqu'un le fit, et lui tendit.


"N'y a-t-il point là quelque chose de fascinant ?", demanda-t-il tout en se reportant sur les rayonnages, et effleurant les reliures du bout des doigts.

"Ce n'est après tout que du papier et de l'encre, mais au final, ce sont des rires, des larmes, des peurs, des voyages, de l'amour... Toutes les choses les plus incroyables et indescriptibles de la vie qui se retrouvent concentrées dans un objet d'apparence si simple."

Cette personne avait un petit quelque chose de rassurant, et adressa un léger sourire à Leah.

"C'est bien que des jeunes s'intéressent à la lecture. Il y en a tellement qui se contentent de ces livres numériques, ou de bouts de phrases sans le moindre sens trouvés sur le net..."

Au moment même où l'ouvrage rebondi sur sa tête, elle aurait souhaité de toutes ses forces que son bouclier se déclenche, comme ce jour-là. Cette fois-ci où seule dans sa chambre, et qu'elle avait pris peu à peu conscience d'un truc, de quelque chose. Si seulement cette chose, quelqu'elle soit, pouvait lui donner confiance en elle, avait-elle fini par songer. Car, une des principales raisons du fait qu'elle parlait ô combien si peu, venait bien de sa grande timidité et d'un manque de confiance en elle. Mais à réfléchir, elle aurait été sans doute plus curieuse de savoir pourquoi elle avait ça. Pourquoi elle était capable de faire un bouclier, pouvoir le maitriser, peut-être que ce serait cela qui pourrait lui redonner un peu de confiance. Et cela ne lui ferait pas de mal, sans aucun doute....

Tout en se massant l'arrière du crane où elle avait reçu le livre, elle songea qu'elle aurait sans nul doute une bien jolie bosse et réprima une petite grimace. Ce livre n'était pas léger et ne l'avait pas loupé, c'était certain. Si elle rentrait chez elle..... elle pourrait soigner sa bosse. Mais elle n'en avait pas envie. Pas encore. Pour revoir ses parents se disputer ? Car même si elle se mettait à parler, ils trouveraient un autre sujet. Pour preuve, l'autre jour le soucis n'était autre qu'une salière vide. La séparation entre eux étaient inévitable, mais elle aurait souhaité ne jamais être témoin de ça. Peut-être un peu rêveuse pour le coup, mais elle aurait voulu avoir pour toujours le souvenir de ses deux parents ensemble. Ou peut-être un peu gamine trop gâté. Au choix.

C'est alors que, se retournant dans le but de ramasser le bouquin, elle tomba nez à nez avec un jeune homme qui le fit pour elle et le lui tendit. Aussitôt, elle détourna légèrement la tête, un peu gênée. Il l'avait sans doute vu, dans sa grande maladresse, se prendre un livre sur le crane. Maladroitement, tremblant sans doute un peu, elle prit l'ouvrage qu'il lui tendait. Mais pourquoi était-elle venue ici aussi ? Ce n'était pourtant pas dans ses habitudes de venir trainer ici toute seule... Cependant, lorsqu'il lui fit remarquer qu'il y avait peut-être quelque chose de fascinant en laissant ses doigts effleurer le contenu des étagères, elle songea d'abord que c'était douloureux à se prendre sur la tête. Mais il continua à parler sans se soucier d'une quelconque réponse de Leah, et le rouge monta quelque peu à ses joues.

Effectivement, il aimait sans doute lire autant qu'elle. Elle, qui ne faisait presque que cela dans sa chambre, puisqu'elle n'avait jamais aimé sortir dehors. Et qui adorait la lecture. Cela la détendait, calmait, la faisait un peu rêver. Il était sans doute un peu différent des gens qu'elle avait pu voir lors de ses cours de japonais, qui la forçait à sortir. Peut-être qu'il inspirait d'avantage confiance. Mais ce n'était malgré tout pas suffisant pour qu'elle se mette à lui répondre de vive voix. Bon d'accord, elle avait parlé hier et ce matin, mais la situation avait été différente. Elle avait failli se faire abuser par un marin avant que sa sauveuse n'intervienne. Il n'était donc sans doute pas très étonnant qu'elle lui ait parlé, sous le coup de l'émotion.

Enfin, il finit de parler, achevant par un "c'est bien que les jeunes s'intéressent à la lecture...". Les jeunes ?, s'interrogea-t-elle en lui jetant un regard en biais et les joues toujours rosies. Il ne semblait pas si vieux pourtant.... Mais elle n'avait jamais été douée pour deviner l'âge des autres, et rien d'étonnant pour une jeune fille qui avait vécu jusqu'ici presque comme un moine. En guise de réponse, elle se contenta d'acquiescer de la tête. A cet instant précis, elle aurait donné cher pour avoir un cahier et un stylo et pouvoir lui répondre par écris. Elle regretta vivement de ne pas avoir commencé par la papeterie pour acheter tout ça...